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Le défi du samedi

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1 février 2014

Participation de Venise

Le train s’arrêtait et Lewis Carroll m’invitait à monter avec lui dans le wagon.

Alice  se penchait à la fenêtre et me faisait signe comme si mon visage lui était familier..

Le lapin toujours en retard arrivait  par la voie ferrée  tout essoufflé  en me criant de monter immédiatement.

J’expliquais alors à tous que mon travail me retenait  sur le quai de la gare parce que j’étais un magistrat important et que  les hommes avaient besoin de lois pour vivre ensemble.

Lewis haussait les épaules et me murmurait à l’oreille tu ferais mieux de grimper à un châtaigner avant l’arrivée de l’’ogre.

Les jours passaient jusqu’à ce qu’un  matin à l’occasion d’un voyage professionnel je pris le train.

Tout allait bien jusqu’à ce que le contrôleur vienne me réclamer mon ticket.J’avais perdu celui-ci et pris de panique je commençais à négocier avec lui le billet de train en lui proposant des fourmis pour son déjeuner .

Des fourmis qui sautent   sur nos têtes et nos bras lui dis-je en riant .Le voyage était long et la voie ferrée   allait rarement dans la direction indiquée.

Par la fenêtre je vis un mammouth entre lyon et st Étienne  ça m’a flanqué la frousse

Je pensais à ma journée de travail qui m’attendait et les valises serrées contre moi je regardais la voie qui défilait.

Qui m’attendrait à l’autre bout de la gare ? Le substitut du procureur comme à son habitude ou le juge d’instruction qui m’avait fait  venir jusqu’à lui pour une sombre affaire de crime. ?

Je descendais du train quand sur la voie ferrée des enfants cagoulés nous jetaient des cailloux C’est le petit poucet cria Lewis Carroll à l’autre bout de la voie ferrée .

Il en veut à la terre entière Ses parents l’ont abandonné pour une fois qu’il peut se payer un juge il ne va pas se gêner !!

Ve1

Je pris deux  galets en pleine poire C’est fou le nombre de petit poucets qui trainent dans nos villes, vous ne pouvez pas vous imaginer !

Pour le retour instinctivement mon nez flaira le danger .Je pris donc l’avion jusqu’à ce qu’un méchant volcan ouvre sa gueule en plein  vol.Volcan sur ma droite  dit le pilote.

A ce moment là des dizaines de choses défilèrent dans mon esprit

Je n’étais pas du genre à me jeter à l’eau et à devoir étrangler des requins Je pris conscience de mon erreur j’aurai du prendre le bateau

Allez  voir le pilote et lui dire que l’avion c’est démodé c’est une aberration sociale et en soi carrément dangereuse pour le pilote Quand l’avion se posa miraculeusement au sol la vie me parut raisonnable et acceptable, dans tous ses aspects.Les crimes, les assassinats, les séismes, les cambriolages, les crises de foie et mon mal de dos s’inscrivirent dans une progression d’une logique cosmique Un cheval m’attendait sur la piste d’envol pour rentrer chez moi .Je regardais le cheval et je restais étrangement calme et confiant

 

Cela a commencé  à se gâter quand le cheval s’est cabré en plein milieu de la voie ferrée

Toutes mes craintes innées et parfaitement légitimes s’abattirent sur moi en une bouffée d’effroi.

En quelques minutes sans que je pige quelque chose à la situation j’étais dans une chambre d’hôpital qui donnait sur le chemin de fer .Ces conteurs dit le médecin tous des mauviettes !!

 

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1 février 2014

Petit conte pour ne pas dormir debout (Électre)

Pourquoi dit-on que mes histoires sont à dormir debout, alors que je les rêve éveillée ? Si je dors debout, je préfère aller me coucher, pas d'histoires, au lit ! Si je rêve éveillée je ne sais plus bien si je rêve, ou si je suis éveillée... quelle histoire !  Parfois je rêve au lit, et parfois même que je lis en rêve, et quand je m'en aperçois, dans un demi-sommeil je me raconte des histoires...

Est-ce ma faute s'ils ne voient pas
la marmotte géante qui glisse dans les nuages
les boules de gui comme les lampions d'un sabbat
et les enseignes s'animer au-dessus de la boulangerie ?

Il était un conte.

C'était un vieux comte, avec un M tout ce qu'il y a de plus aristocratique, une barbe en pointe et une fraise apprivoisée. Il aimait parler à sa fraise des heures durant en lissant sa barbe, ce qui ennuyait, à la longue, sa femme, qui lui disait souvent "ramène pas ta fraise !". Il lui donnait généreusement à manger (à sa fraise) car elle récupérait tout ce que la barbe avait laissé échapper. Celle-là aussi était bien nourrie, une barbe rousse du plus bel effet. Parfois elle entrait en guerre contre la fraise, surtout lorsqu'il y avait de la crème en jeu : la barbe et la fraise adoraient la crème. Le fils du comte aussi, mais il préférait la barbe à papa à la fraise, car elle lui était plus sympathique (et même si son précepteur lui répétait jusqu'à la nausée "la barbe DE papa !"). Il n'y avait pas souvent droit (à la barbe en question) : c'était surtout lorsque le comte le faisait sauter sur ses genoux (et là il pouvait en attraper un peu).

Le reste du temps le comte aimait beaucoup l'emmener se promener dans sa papamobile. C'était une sorte de voiture à pédales entièrement vitrée, qui permettait de se promener sous la pluie sans perdre de vue le paysage. Il y avait même un essuie-glace sur le toit pour y voir un peu mieux en cas d'eau. Il fallait juste faire attention aux flaques, sinon ça devenait vite du pédalo : mais dans ces cas-là le comte devenait grand capitaine, et l'emmenait faire des voyages le long du cours. Mais même s'ils étaient sur le cours, son fils trouvait ces voyages plutôt longs, car malheureusement, quand il pleut jusqu'au coude, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent -- même pas un bout de fromage ! -- et le fils du comte était gourmand.

Le comte, outre sa fraise, sa barbe et sa papamobile, avait aussi deux maux ; le principal était ses gros maux de tête, qui lui faisaient dire des mots grossiers, que depuis on a appelés simplement "gros". Son fils les écoutait avec attention et apprenait les plus rigolos, comme "anacoluthe" et "analphabète", qu'il s'amusait ensuite à répéter à sa nourrice qui n'avait pas la moindre idée de ce que pût être une anacoluthe et qui, même si elle essayait de lui raconter des histoires, était effectivement analphabète.

Son second mâle était un jeune chien, qui n'en faisait qu'à sa tête, surtout depuis que le vieux chien s'était résolu à le laisser agir à sa guise, sous la surveillance du grand duc qui nichait dans l'arbre au-dessus d'eux. Il tentait de rappeler le chien à l'ordre par des "hou hou" qu'il croyait effrayants, mais le jeune chien qui était un peu dur d'oreille croyait qu'il devait faire attention à ne pas aller se fourrer dans le houx, ou qu'on lui demandait où il était, et comme l'oiseau ne comprenait pas ce qu'il disait, cela ne faisait pas beaucoup avancer leur histoire.

Et le troisième (car il y en avait trois) était sa lavandière, qui était chargée de faire respecter l'étiquette. Le comte avait horreur de l'étiquette, qui le grattait affreusement, et lui faisait dire des mots comme "barbiturique" ou "archiduchesse". En plus il n'avait pas la patience de trier, et se serait toujours retrouvé, si sa lavandière n'y eût pris garde, avec des chemises roses et des pantalons rouge pâle. "L'étiquette, Monsieur le comte, l'étiquette ! Est-ce vous qui faites les comptes dans cette maison ? Savez-vous combien de chemises vous avez déjà rosi ?" lui reprochait la lavandière, qui sentait la lavande un peu défraîchie. Le comte, lui, rougissait, s'excusait et retournait à ses anémones.

Car il avait un jardin de fleurs, qu'il aimait entretenir (il y cultivait aussi les fraises, car il fallait les changer de temps en temps quand elles étaient délavées). Il appelait les fleurs par leur petit nom, même les fleurs sauvages, qui ne le restaient pas longtemps tant il leur parlait avec douceur. Sa fraise d'élection, dans ces moments-là, était un peu jalouse, car elle n'aimait pas partager celui autour du cou duquel elle s'était une fois enroulée, d'un seul coup d'un seul. C'est à la suite d'une longue bataille entre les fraises et les hommes que, par la suite, ce furent les fraises que l'on mit en roulés. Mais en ce temps-là hommes et fraises vivaient en harmonie, sauf lorsque la fraise piquait une crise de jalousie, ce qu'elle faisait spécialement lorsqu'elle était derrière la fenêtre de l'appartement du comte. Dans ces cas-là elle devenait aussi fermée qu'un volet, ébouriffait ses fronces, et le comte avait bien de la peine à respirer, ce qui l'éloignait de la fenêtre à la plus grande satisfaction de la fraise. Par mimétisme sans doute, le comte prit l'habitude lui aussi, lorsqu'il était en colère, de froncer les sourcils, et depuis, beaucoup de gens ont suivi son exemple.

Le comte, au moment où nous le rencontrons, était malheureusement sur sa faim, car il était devenu très gourmand avec l'âge. Nous espérons cependant que ce ne sera pas le cas du lecteur,  et quant à nous nous ne mangerons pas notre chapeau, mais entonnerons pour la fin cette comptine que nous empruntons pour l'occasion à notre conteur préféré :

Autrefois je rêvais, veillé
par une lavandière qui se méfiait
du rouge et des fraises,
et qu'il ne fallait pas faire rosir.

Il faut dire pour être exacts que la lavandière ne se méfiait pas tant que ça du rouge, à part celui qu'on trouvait sur les pantalons de soldat du comte. Si elle avait été au cinéma, elle aurait su que ce rouge ne s'appelait pas rouge mais Garance, mais ça, c'est une autre histoire.

1 février 2014

A qui faut-il s'adresser pour devenir Belge d'honneur ? (Joe Krapov)

La pire chose qui puisse arriver à un libraire est survenue. C’est une histoire qu’on pourrait mettre dans nos tablettes si les tablettes n’étaient pas elles-mêmes entrées dans l’histoire et n’avaient pas absorbé tout le contenu de l’échoppe tenue par ce couple de libraires suisses si bien apparié.

Sans que nul ne pipe mot, le monde du numérique s’est abattu sur eux à la vitesse de la vérole sur le Bas-Empire romain. Fin du papier, fini de ramer, les clients se sont fait la paire et, sans rime ni raison, se sont mis à aimer cette vamp avariée au sein refait à neuf : Miss Amazon, déesse impérieuse et impérialiste, parée des attributs de la modernité, des pantoufles de vair de Cendrillon au bal, fournisseuse officielle de bonheur dans le pré connecté du village mondial.

Habiter la Suisse ne préserve pas du malheur d’être chocolat. On a donc prié Rémi et Marie, nos libraires, de mettre la clé sous la porte, de plier boutique. Ils ont dû quitter leur repaire d’amoureux des livres, ont été virés comme des malpropres par le pape du mercantilisme qui, en prime, a transformé leur local dédié à la culture livresque en boutique de vente de smartphones. Mon Dieu ! Comme ce monde est âpre, qui vous prive d’un seul coup de ce qui vous rendait si humain, ivre de contacts, de partages, de repères communs avec tous ces clients devenus des amis.

Heureusement le maire de Bâle s’est ému de leur sort. Ila bien vu à la tête de la mariée et à la tronche d’intello binoclard du marchand de livres que toute reconversion était râpée d’avance pour eux, qu’il ne fallait pas penser les faire riper sur quoi que ce soit d’autre dans un monde où Nabila est une star et les Stentors disques de platine.

Dans sa ligne de mire, il y avait justement le « Zoo du dessous du réel » qu’il avait récemment inauguré.

- Vous y serez nourris, logés, blanchis, vous n’aurez rien à faire qu’être là tout le jour. Vous pourrez jouer au rami ou lire vos satanés bouquins ».

Il y a pire dans le genre : périr en mer, commettre un impair et se retrouver les quatre fers en l’air dans la prairie avec un troupeau de bisons qui vous passe dessus (ces bestiaux ne sont pas très futés). Alors Rémi et Marie ont accepté cette situation de pensionnaires du zoo de Bâle. Ils y ont pris leurs habitudes.

plonk-libraire réduit
(Cette illustration est signée Plonk et Replonk)

Quelquefois, pour se changer de la lecture et de la conversation à travers les barreaux avec les visiteurs en troupeau, Rémi va s’asseoir sur son pneu-rocking-chair avec une grille de mots croisés. C’est le cas aujourd’hui et bien qu’il ne pleuve pas, qu’il n’ait pas eu à mettre son imper, il sèche sur le 3 vertical.
- En six lettres, Marie ? « Bandard fou d’avant Moebius » ?
Marie vient se pencher derrière lui et elle lui répond :
- PRIAPE !
- Ah mais oui, bien sûr ! Comment ai-je pu ne pas y penser ? Est-ce que tu peux m’aider aussi pour le VI horizontal ? « Comte à dormir debout » ? J’ai pensé à « somnambule » mais ça ne rentre pas : il n’y a que sept lettres.
- Je ne vois pas pour l’instant. Mais tu ne la trouves pas bizarre, la solution de la grille de la semaine dernière ?
- Qu’est-ce qu’elle a ?
- Tous les mots ont l’air d’être composés avec les lettres d’un seul mot plus long.

Rémi observe la liste :
VAMP PIRE  EMPIRE VRAI VIRER VAIR VARIER PRIE PRIME MARIE APRE RAPE RIME RAME MARIEE REPAIRE REPERE PRE PIPE PAPE PARE MIRE IMPER PAIRE MAIRE PRIAPE PRAIRIE APPARIE PIPER RIPER RAMI ARRIVER MEME IMPAIR PAPIER AIMER PERIR AVARIEE AIME IVRE PRIVE AMI MER
- C’est quoi, ce truc ?
- Ce sont des dérivations de VAMPIRE et du coup j’ai trouvé ton VI horizontal. « Comte à dormir debout », c’est DRACULA !
- T’es trop forte, Marie !

Et, bien que Suisse, en remerciement, il lui chante une chanson belge du groupe Sttellla.

1 février 2014

raconte (titisoorts)

Tout jeune déjà, il se réveillait au milieu d'un champs, en plein milieu d'une pièce, alors qu'il se croyait au fond de son lit, en train de rêver. Des rêves, si intenses, qu'il avait la sensation de les vivre réellement. Alors, ses parents inquiets, sont allés voir des docteurs, des scientifiques, des sorciers, des charlatans. Tout y était passé, que leur fils était dérangé, envoûté. Subissant cette médecine, au gré des années, il se sentait fatigué, bien plus par ses traitements qui d'ailleurs ne donnaient rien que par ses nuits éreintantes. C'est bien plus tard, qu'il arrêta tout. Triste de la disparition de ses parents, il avait besoin de se poser, de se libérer, de briser ses chaînes. Après avoir congédié tous ses médecins qui ne lui avaient apporté que souffrance et désespoir. Il ne garda que ses plus fidèles serviteurs. C'est  mon histoire ensuite qui  n'est pas banale !  J'ai des terres à perte de vue, j'habite un grand château. J'ai des domestiques pour le ménage, la cuisine, et surtout Georges. Un des plus fidèle, qui à la particularité de ne travailler que la nuit. J'ai été obligé, une nuit, je me suis réveillé tout près d'une falaise, le bruit de la mer en furie m'avait heureusement ouvert les yeux. Donc, Georges, me suit, comme un bon samaritain, me surveille, et ne me réveille que lorsque je suis en danger. Mais le mieux, c'est qu'il me raconte mes escapades. Une des plus folles qu'il m'ait raconté  est celle où, dès le saut du lit, je partis dans l'atelier prendre une pelle. Après quelques kilomètres dans la forêt, dos à un grand arbre, je me mis à compter les pas, puis j'y plantai la pelle. Ensuite, dos à un rocher, je me remis à compter mes pas. Au croisement des deux lignes imaginaires , je me mis à creuser. Un trou, puis plus loin un autre, jusqu'à heurter ma pelle sur un objet. Un coffre enchaîné, encadenassé. Mes escapades nocturnes, ont commencé à faire du bruit au village d'en bas. Les surnoms que l'on m'a infligé: le monstre du château, le vampire du manoir, une légende commençait à se construire autour de moi. Au fil de l'histoire et du temps, certains de mes ancêtres étaient respectés dans la région et d'autres craints. Je repense notamment à un qui fit la richesse de la famille.
Georges, m'expliqua qu'une fois avoir découvert le coffre, je suis reparti au château. Dans l'entrée, il y avait au pieds de l'escalier, un immense portrait de cette ancêtre, avec à son cou une chaîne, la même que sur le coffre. Je pris un couteau, pour inciser la toile à la base de la chaîne et derrière celle ci, il y avait une clé. Retour vers le coffre, et tout le long du voyage, je répétais continuellement "Aron ha'Edout, Aron ha'Edout ", je compris bien plus tard le sens de ses mots. Le coffre était en or, le propitiatoire surmonté de deux chérubins en or massif, leurs ailes se rejoignaient. J'ai introduis la clé, le cadenas s'ouvrit. A l'intérieur, il y avait les tables de la loi, j'avais dans les mains l'oeuvre de dieu, les dix commandements.
Quelle découverte.
Je ne suis pas un Dieu. Ce n'est pas un exploit, ceci n'est que le résultat de mes nuits agitées. Au bout du conte, je ne suis qu'un comte. Un comte à dormir debout.

1 février 2014

Un haïku à dormir debout (Sebarjo)

 

 

Une voix si douce

Lit : il était une fois

Bercé, je m'endors.

 

 

 

 

 

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1 février 2014

On ne dit pas l'âne de Buridan mais le chien d'Aristote (Sandrine)

Le conte le plus à dormir debout que je connaisse est sans doute l'histoire de l'âne de Buridan...
Il paraitrait que ce fameux âne (mais quel âne ne l'est pas, fameux, j'entends) tiraillé entre un seau d'avoine et un seau d'eau était en réalité un chien ! Vous imaginez deux secondes, un chien, tiraillé entre flotte et picotin, vous ? C'est si incroyable que ça n'en est pas du tout crédible !
Et encore ce n'est qu'un début... Ce chien, incapable de choisir entre deux possibles n’appartenait pas même à Buridan mais à Aristote ! Eh oui, c'est lui le premier (parmi ces êtres à se poser des questions inutiles, euh pardon on dit philosophiques, j'oublie toujours) à s'être demandé quel serait le choix de l'animal face à deux mets délicieux équidistants de lui... mettons entre une femelle en rut et un os à moelle... Si les philosophes se pillent entre eux sans se soucier de la véracité des propos d'origine, je peux bien à mon tour ne pas trop me soucier de savoir entre quoi et qu'est-ce le chien primordial avait hésité et l'inventer en tenant compte néanmoins de mes propres observations. S'il eut été question d'une poule, j'aurais choisi un ver de terre et un asticot, pour une vache un bouton d'or et une pâquerette... Bref et ainsi donc, l'âne de Buridan était un chien et n'était pas tant à Buridan que ça puisque c'est Spinoza qui raconte l'histoire qu'on connait !
Histoire à laquelle je n'ai JA-MAIS cru, car un âne face à deux options ne tergiverse pas (et se laisse encore moins mourir de faim), non, il en invente une troisième et c'est une mule qui vous l'affirme !!
Alors vous, je ne sais pas, mais moi, entre une mule et un philosophe, ce n'est pas ce dernier que je préfère croire !
De toute façon ce qu'il aurait été VRAIMENT utile de chercher à savoir, c'est bien : entre le chien et l'âne lequel est sorti de l’œuf en premier ? Parce que j'ai peine à imaginer que ce soit une poule comme on essaye de nous le faire croire... Et pourquoi pas une autruche, tant qu'on y est ? D'un œuf, enfin, voyons !

1 février 2014

Arthur Mac Bride (Pascal)


C’est un conte, une histoire, un bout d’aventure racontée autour du feu.

Personne ne sait rien en fait. Et comme personne ne sait vraiment, c’est devenu une légende, bien sûr. Chacun en rajoute un peu, pour mettre ses propres couleurs, pour enjoliver ou noircir, selon son humeur, ce feuilleton interminable. La réalité et la fiction se confondent pour faire ce que vous lisez…
Alors, accordez un simple sourire, un rictus à l’endroit, dans le sens qu’il vous plaira le mieux, une pensée amicale, un brin de mansuétude, pour ce Pauvre Arthur Mac Bride, si loin, si profondément enfoui…

Tout a commencé dans son jardin, tout au fond du jardin…
Les fleurs du pauvre Arthur dépérissaient lamentablement en manque cruel d’eau du ciel. Elles courbaient la tête en pleine soif et le soleil s’acharnait avec ses rayons ardents pour en faire des buissons ou de la paille à grenier…

Et notre jardinier malheureux se lamentait, se lamentait…
Il tentait même de pleurer sur les plus belles, pour leur faire un brin de fraîcheur. Il les caressait tendrement mais elles mouraient au bout de ses doigts avec leurs pétales encore enfermés.
Le ruisseau tari laissait les crapauds et les têtards sur le ventre et la sècheresse était le souffle du diable dans ce jardin stérile et austère.

Il priait le Ciel pour faire une petite pluie, une ondée bienfaitrice, un arrosage de fin de printemps, mais à en croire les nuages pressés, les orages se *dépressaient plus loin, dans la vallée vallonnée voisine.
Le pauvre Arthur regardait les éclairs déchirant le ciel et le tonnerre s’amusait aux dépends de ses oreilles attentives. Il ressentait pourtant sur les joues, les effluves de la pluie passée dans les violents courants d’air du soir comme des camouflets hypocrites et malsains.

Le Ciel le mettait à contribution pour mesurer le niveau de sa dévotion.

Et les fleurs se pliaient sur leurs tiges en révérences flétries sans un suave parfum précieux. Même les insectes désertaient sa propriété sans pollen. Tout était silence sauf quand le pauvre Arthur invectivait le Ciel, à court de prières inutiles.

Alors il maudissait ce en quoi, il croyait et se mettait à croire en ce qu’il maudissait.

Je crois que le pauvre homme était  devenu fou.
Mais il faudrait le meilleur docteur du comté, pour ce diagnostic si important et cela ne court pas les rues…

Un soir, sans pluie fraîche, une pelle est tombée d’un camion de forçats qui rentraient au bagne après une journée de labeur, le long de nos routes désertes, juste devant, chez notre Arthur.

Il prit l’objet dans ses mains comme un cadeau Divin ou un sortilège Malin. Il avait pactisé avec les deux, pour être sûr de ses prières et de ses incantations… Et soudain, il a compris ce message cabalistique. Si l’eau du Ciel lui était  interdite, il irait chercher celle de la terre et de ses ténèbres.

Le pauvre Arthur a fait ses plans et ses trépans.
Il s’est organisé une potence et un mécanisme pour travailler sans l’aide de personne.
Il a inspecté son derrick à pierres remontantes…

Il a craché dans ses mains, une salive bien collante pour ne plus jamais lacher son outil de forage. Il a poussé soigneusement les quelques fleurs en boutons fermés de l’autre côté du jardin et il a entamé son trou.

Si vous aviez pu voir le courage dont il faisait preuve, une vraie pelle mécanique en action ! Il était mû par un sortilège infernal et une passion divine. Il a soulevé quelques pierres solides pour faire un bon périmètre de creusement.

Quel cœur à l’ouvrage et quelle force décuplée !

Et nous voici partis dans les profondeurs de la terre.
On dit que c’est la dernière fois qu’il vit le jour quand il a pu sauter dans son trou commencé.

Les avis diffèrent d’une frontière à une autre, d’un accent à un autre, mais vous ferez votre propre analyse, au fil du percement.

Arthur s’est enfoncé doucement dans sa pénétration terreuse et fiévreuse.
Quand on pouvait voir encore sa tête et son chapeau de paille trempée de sueur avec son auréole salée, il a exhumé un tas d’os d’humain ou de chien, de quatre planches vermoulues. On a revisité le cadastre pour chercher quelques traces de cimetière dans cette contrée sans eau mais rien n’était écrit. Et rien ne pouvait l’arrêter…

On ne sait plus s’il remontait pour manger ou pour dormir un peu, pour boire jusqu’à se saouler ou caresser sa femme délaissée. Là, n’est pas l’histoire…

Puis son chapeau a disparu.
La pelle manipulée avec la force des ténèbres et le courage céleste nettoyait la terre et la renvoyait aveugle à la surface.

Il a croisé quelques racines profondes emmêlées pour faire une toile, un filet protecteur devant ce trou en construction de vide. Mais Arthur, acharné, s’activait, arrachait et découpait ces intruses pour son avancement impérieux.

Le jour, la nuit, on entendait des coups de pelle avec l’écho sonore en vibrations s’amplifiant et la terre et les pierres s’amoncelaient autour du trou.
Ses machines préparées, encore à la lumière, organisaient des monticules de plus en plus hauts.
On l’entendait chanter des psaumes ou des cantiques, des chansons de comptoirs et des jurons de foire…

Les habitants du comté, alertés et curieux de cette folie perforante ont commencé à venir voir cette attraction profonde. D’en haut, ils jetaient quelques quolibets et quelques vérités.

« Hé Arthur, tu fais ton trou ? »

« Hé Arthur, tu ferais mieux de chercher ta femme… »

« Hé Arthur, tu as fait une montagne à notre nouveau décor de paysage… »

« Hé Arthur, ta terre si enfouie, elle a une drôle d’odeur… »  

Les avis diffèrent mais on dit qu’Arthur est remonté un peu plus tard, dans la nuit.
Il ne supportait plus la lumière du jour. Il avait bandé ses yeux avec un bout de sa chemise déchirée et jouait à Colin Maillart, tout seul, au fond de son jardin.
Il a récupéré un autre manche de pelle et une pioche pointue. On aurait dit un pirate, sans trésor, avec sa pelle de bois et sa terminaison nerveuse tellement tranchante.
Il a regardé sa maison vide en plissant un œil sous ce bandeau improvisé.

Personne ne sait vraiment ce qu’il pensait à ce moment, sur les femmes en général et sur la sienne, en particulier… Puis il est retombé dans son puits, tout au fond, en sécurité du monde égoïste, volage et pervers…

Il avait une ardeur sans commune mesure. Oui, de l’acharnement…

Quand la pioche a rencontré un grand roc solidement incrusté dans ces ténèbres, on dit qu’il frappait si fort que les étincelles  sortaient en trombes d’étoiles et se mélangeaient au ciel, comme s’il les avait libérées.

Quand un homme s’entête comme ça jusqu’à devenir lui-même instrument de percement, rien ne peut le ralentir dans ses Oeuvres, dans sa Quête aquatique.

Et la terre et les pierres s’entassaient comme un terril géant et sa maison s’est retrouvée ensevelie par tant de gravats et de décombres souterrains. On a dû faire une déviation à la route pour que les forçats puissent encore travailler sur les talus environnants.

Faut dire que les journalistes sont arrivés avec leurs flashs et leurs questions, leurs stylos aiguisés et leurs supputations de première page.

Le maire de la ville est venu en personne voir ces travaux et en ajustant ses lunettes d’élu local, il a fait un discours trop long sur le courage borné, sans limites, de cet administré ancien cartésien devenu mystique ; on l’a applaudi, je crois. Et le pauvre Arthur Mac Bride eut sa stèle de son vivant, au pied de son trou béant.

Un jour ou une nuit, il s’en foutait, il rencontra sa chance.
Quelque chose brillait tout au fond en veine serpentant à l’horizontal.
De l’or, des tonnes d’or en barres, en lingots à portée de sa pelle et de sa pioche.

Dérangé par ce métal jaune, si loin de ses préoccupations aqueuses, il jeta au dehors l’espace de son passage pour continuer sa course vers les profondeurs.

Et en haut, on criait, on hurlait, on se battait, on se tuait même pour récupérer ces pépites si lourdes. Le maire encore, fit venir les forces de l’ordre et on laissa les forçats au bagne pour ne pas leur donner des idées aurifères de liberté…

Le maire élu, se remplit les poches avec quelques complices et il coule toujours des jours heureux au bord de la mer.

Et la montagne, surgie des profondeurs, a pris des couleurs.

On dit qu’à son sommet, la neige s’est installée, éternelle mais ce sont des mensonges pour touristes qui viennent depuis, par cars entiers de tous les coins du pays. On a fait des magasins de souvenirs et on vend un peu de terre profonde du comté pour les souvenirs.

On dit encore que sa femme est revenue quand les pépites entassées tombaient en pluie d’or sur la montagne. Elle a même laissé quelques larmes de crocodile en dessus du trou béant pour faire croire à Arthur sa faute repentante, pour lui faire croire à son ondée.

Le riche Arthur découpe les entrailles de la terre avec une force toujours nouvelle.

Il ne connaît pas l’épuisement.
Son mécanisme, huilé à la perfection, remonte la terre abattue sans relâche et il bâtit maintenant une chaîne de montagnes ou il a rejoint les montagnes avoisinantes, on ne sait plus. Les avis diffèrent encore sur ce sujet de réflexion.

Les géologues, les cartographes et les géographes se perdent en conjectures dans leurs conférences de scientifiques hermétiques.

La nuit, dans le silence de tous les endormis ronflants du riche comté, on peut entendre sa chanson cadencée par les coups de pioche acérés en métronome symphonique et les grincements de la machinerie remontante lui fait son refrain.

Un jour, quelques nuages se sont accrochés contre la montagne toute neuve.
Ils se sont alourdis de pleurs en suspension et un orage les a fait éclater.

Si le pauvre Arthur le savait…

La pluie s’est engouffrée dans le trou mais elle a dû s’évaporer en cours de cataractes, tant la température est devenue élevée tout au fond, mais ce sont encore des supputations de voyantes aveugles...

Vous savez sans doute, parce que tous les journaux du monde en parlaient, Arthur a crevé une poche énorme de pétrole, noire comme cette terre profonde et on a rempli des millions de barils, tant la récolte était bonne.
On a organisé des terminaux pétroliers pour acheminer cette ressource inépuisable et la revendre au monde entier.

Certains avis sont contraires encore mais on a vu voler le chapeau d’Arthur avec le premier jet puissant d’encre noire.

On dit que son corps projeté dans les airs s’est ensuite enfoncé dans sa montagne et qu’il repose avec les fleurs naissantes sur le plus beau versant, quand les premiers orages de printemps viennent arroser maintenant le comté.

On a même recruté de nouveaux forçats tant l’herbe pousse bien grasse, dans les talus…

Mais je crois moi, que le pauvre Arthur Mac Bride creuse encore…

Ne le dites à personne. C’est mon secret. C’est ma pierre, de plus ou de moins, à cette histoire de puisatier.

A la raffinerie si moderne, ils ne le disent pas mais ils ont installé un grand tamis.
Dans une cadence régulière, ils trouvent des pelletées de terre et de pierre parce qu’il y est encore, au fond de ses abysses, à creuser avec sa vigueur reconnue.

On a même étalonné des appareils de mesure très sophistiqués à sa cadence, tant elle est précise.

S’il continue encore, il va trouver la mer, l’eau salée, le pauvre Arthur Mac Bride.
Mais je le sais, il saura la contourner pour creuser avec sa force diablement divine.

Les avis diffèrent encore à ce jour mais la nouvelle m’est arrivée, chuchotée en catimini  aux oreilles, que très récemment, on dit que notre brave Arthur mac Bride cultive son trou avec toujours autant de vigueur et qu’en Chine, si loin, ils entendent des bruits sourds réguliers, venus des profondeurs de la terre…

1 février 2014

CONTE A DORMIR DEBOUT (Lorraine)

Je ne sais pas où je suis, personne ne m’a appelée et pourtant, j’y vais. Un sentiment m’oppresse, j’ai peur mais personne n’en saura rien, Je suis de celles qui crânent, quitte à s’effondrer ensuite. Un homme tient une pomme dans ce vieux jardin dont je viens de pousser la grille rouillée. C’est qui ? Adam ? Il me regarde, perplexe, nous nous regardons tous les deux, nous ne sourions pas, nous ne voyons pas Eve qui a déjà mangé son quartier et s’en moque. A tout hasard, je dis : « Bonjour » puis je vois ce serpent vert qui ondoie à mes pieds et je hurle.

-  Pourquoi ? dit Eve, il est joli, ce serpent. Vert. Du vert comme j’en mets à mes yeux quand je vais séduire les messieurs de l’autre côté du parc. Là d’où vous venez, d’ailleurs.

Je ne viens de nulle part, je me suis éveillée ce matin dans la prairie comme si j’y avais toujours vécu, et j’ai fait quelques pas juste assez pour arriver ici.  Je ne savais pas qu’il y avait des hommes qui aiment les yeux verts. Eve me tend son poudrier et je vois que mes yeux à moi sont aussi verts, mais d’un vert naturel, sans maquillage.

-  Venez, dit-elle, je vais vous farder. Nous irons ensemble. Voulez-vous un morceau de pomme ?

Je me tourne vers Adam et je m’aperçois qu’il est nu.  Il est en train de croquer l’autre moitié de pomme tandis qu’Eve enfile des  petits souliers à talons pointus tout à fait à la mode.  Elle porte une robe rose à volants et ressemble à une fée. Le serpent batifole à mes pieds , tourne, roule, s’enroule autour d’un baton, se dresse, mais non, mais non, il ne va pas monter jusqu’à moi, jusqu’à ma bouche, jusqu’à mes yeux, redescendre,  devenir un bracelet, ramper le long de mon bras, m’entourer la jambe, siffler de colère, m’insuffler son venin…  Au secours ! …Non !  Non !...

     Ouf, ce n’était qu’un conte à dormir debout et s’il faut tout vous dire, je l’ai écrit en écriture automatique, ne sachant ni ce que j’écrivais, ni où j’allais, sans m’inquiéter du sens, afin qu’il soit vraiment,  mais là vraiment, un conte à dormir debout…

 

1 février 2014

Enarcholalie (EVP)

C’était il y a très très longtemps dans un pays loin loin d’ici.
Un méchant roi avait décidé d’interdire les contes, les poèmes, les chansons, les histoires imaginaires.
Seule était autorisée l’Enarcholalie et ses langues dérivées : Le chêne, le platane, le tilleul et jusqu’à l’acacia pourtant réputé si dur.
Du coup, c’était partout et en tous lieux la même histoire ; piapiapia…Démocratie, piapiapia…Libéralisme, piapiapia…Economie, piapiapia…Sacrifices, piapiapia…Lendemains radieux, piapiapia…Promis la Lune !!

Mais les pauvres habitants du royaume, lassés d’entendre toujours la même antienne s’endormaient debout, dès qu’ils écoutaient un discours officiel.
Du coup, la production avait terriblement chutée et surtout, surtout on ne faisait plus rien de neuf, on n’inventait plus, on ne créait plus.
Le jour où l’on vint dire au roi qu’il n’y avait plus une seule richesse à s’approprier et qu’il n’y avait plus rien non plus à s’acheter avec sa fortune il fit un A.V.C. (Arrêt Verbal Carabiné) de plus, cela contamina toute sa cour aussitôt. Ce fut un grand silence

Dans ce silence, les gens s’éveillèrent en souriant.
Bientôt on entendit la voix cristalline d’un enfant qui chantait :

 « Espoir,  espoir, il n’est pas trop tard.
Donnez-nous du rêve et de belles histoires,
Enchanter le monde n’est pas le compter
C’est s’émerveiller et puis raconter. »

 

Espoir, espoir, il n’est pas trop tard,
abracadabra, voilà mon histoire !

1 février 2014

Quèsaco? (Vegas sur sarthe)

Une fois il était une mioche qu'on appelait Cappuccetto Rosso et guère plus simplement en vieux françois la Petite Cape Rouge, alors appelons-la Blanche comme qui dirait de la neige.
Sa marâtre possédait un de ces miroirs magiques et tactiles qui parlent et qu'on appelle aujourd'hui un smartfaune.
Chaque matin le smartfaune lui donnait des nouvelles fraîches du royaume, des nouvelles fraîches de la météo et des recettes de beauté pour rester fraîche jour après jour (il y a une application pour tout ça).
Un beau matin - toujours d'après la météo - la recette proposa un masque de beauté de Cesare Frangipani à base de frangipane et de beurre en pot.
Comme son frigo Indesit n'avait plus grand chose à ventiler, la marâtre envoya Blanche se faire voir chez sa great-mother-fucker pour rapporter ingrédient ou deux.
En chemin - puisqu'il y a toujours un chemin pour aller d'un endroit à l'autre du conte - elle rencontre trois petits cochons, Three, Little et Pigs pour ne pas les nommer même si on doit les nommer par souci du détail (on détaille toujours le cochon).
“Où cours-tu ainsi, petite?” grognonnent-ils comme des gorets, c'est à dire en grognonnant.
D”une voix blanche bien sûr, Blanche leur répond:”Je cours chercher ingrédient ou deux chez ma great-mother-fucker pour le ravalement de ma marâtre”.
“Fais bien gaffe au loup, petite!” rétorquent les gorets en grognonnant et en rétorquant.
Blanche rosit: “Y a pas d'loup, les gorets! C'est que dans les contes...”
Alors d'un seul groin les gorets insistent:”Si fait! Le loup nous a déjà cramé deux baraques et on va chez le roi Merlin chercher de quoi ignifuger notre dernière baraque!”
“Le roi Merlin le chanteur?” demande Blanche.
“Non, pas le chanteur... celui où les envies prennent vie” répondent les porcs un peu caramélisés.
Pas la peine d'en faire un fromage, Blanche prend congé:”Porcs, salut! Je file...”
Three et Little la retiennent à nouveau:”Surtout évite de filer! Une meuf au bois dormant s'est faite planter avec une saloperie de quenouille pas plus tard qu'hier!”
Et Pigs d'ajouter:”Elle en a pour cent ans à pioncer, peut-être même un siècle!”
Blanche s'échappe, insouciante du danger. Même si leur nez ne s'est pas allongé, si c'était vrai, la marâtre l'aurait vu dans son miroir magique (il y a une application pour ça).
Plus loin elle croise deux frères jumeaux, Petit-Jean-comme-derrière et Gros-Jean-comme-devant.
“Où allez-vous de concert?” leur demande t elle.
“Quel concert? On s'en va voir pousser la forêt de haricots magiques, ma belle” répond Petit-Jean-comme-derrière.
“Ne m'appelle pas ma belle, s'il te plait” réplique Blanche qui ne s'en laisse pas conter.
“Et toi où cours-tu?” questionne Gros-Jean-comme-devant.
Blanche n'aime pas répéter, même pour ceux qui n'ont pas suivi le conte, alors elle invente:”Si on te le demande tu diras que je vais raser Barbe Bleue”
“Quoi? Tu vas raser Barbe Bleue avec ton chaperon rouge?” s'offusquent les frères Jean comme devant et derrière.
C'est bien connu, Blanche n'aime pas Paul et Mickey, ni polémiquer et laisse les jumeaux à leur coloriage.
Enfin - car il est tard et il va falloir aller dormir - la maisonnette de great-mother-fucker est en vue mais un drôle d'engin barre la porte.
“Great-mother-fucker? Qu'y a t il devant ta lourde?” s'écrie Blanche.
Derrière la lourde lourde répond une voix chevrotante :”“Tire donc cette foutue chevillette, la mobylette cherra”.
Blanche tire la petite cheville, faisant tomber la mobylette comme c'était prévu.
Et la mobylette chut sur Blanche!
“Si j'aurais chu, j'aurais pas venu sans gibus” pleurniche Blanche.
Sa great-mother-fucker sort pour la consoler, on n'a pas fait mieux qu'une great-mother-fucker pour consoler dans les contes.
“Regarde ce que j'ai trouvé spécialement pour toi” dit-elle à Blanche en lui tendant une paire en grandes pompes.
“Quèsaco?” questionne Blanche en essorant ses larmes, car on dit essorer lorsqu'il y a très beaucoup de larmes.
“Ce sont des pantoufles de verre, ma belle que j'ai eues pas cher sur le bon coin. Elles t'iront comme un gant. De toute façon c'était ça ou des bottes de sept lieues”
Blanche s'étonne: “Elles sont pas pareilles... c'est normal?”
“C'est surement pour distinguer la droite de la gauche... la droite est en verre et l'autre est en vair, ma belle” explique la great-mother-fucker.
“Qui pouvait bien porter ça, great-mother-fucker?” s'étonne Blanche.
“Je les ai achetées à une petite sirène qui voulait échanger ses jambes à une sorcière contre une voix mélodieuse et une peau d'âne” répond fièrement la great-mother-fucker.
Blanche fait le tour de la pièce en clopinant:” C'est pas le tout, je viens chercher ingrédient ou deux pour la marâtre. Elle a besoin de frangipane et de beurre pour ravaler la façade”.
“Si c'est pour la façade, sers-toi ma belle, fais comme chez moi” répond espièglement la great-mother-fucker.
Un vrombissement soudain se fait entendre au dehors, un bruit comme il n'en existe pas dans les contes car il obligerait le conteur à imiter le démarrage d'une vieille mob.
“Qu'est ce que c'est?” s'inquiète Blanche.
“Oh ce n'est rien” répond la great-mother-fucker en riant de presque toutes ses dents “c'est le loup qui part faire un tour de mob! Ca l'amuse et ça me fait des vacances... pourvu qu'il fasse le plein avant de la rapporter et qu'il dérange pas les petits cailloux blancs que j'ai semés dans le potager!”
“Bon, je vais y aller avec mes pantoufles great-mother-fucker... je crois que nos lecteurs ont leur compte, et moi je vais pas tarder à pioncer debout”.
“C'est comme ça de nos jours, ma belle” répond la great-mother-fucker “tout se perd! C'est pas comme au temps de Perrault ou des frères Grimm”.
“C'était qui ces mecs-là, great-mother-fucker? Des potes à toi?” demande Blanche d'une voix endormie.
“Oui ma belle, les seuls hommes qui aient conté dans ma vie...” soupire great-mother-fucker de presque tous ses poumons.
“Bon j'me casse, great-mother-fucker” dit Blanche en l'embrassant.
“C'est balot, le loup aurait pu t'emmener, ma belle” répond la great-mother-fucker.
“Une autre fois, great-mother-fucker... j'ai promis aux sept nabots de passer les voir”
Blanche prend le chemin de la chaumière des nains, un peu inquiète.
L'autre jour ils n'avaient pas bonne mine, une indigestion de sésame avec une quarantaine de voleurs... mais c'est une autre histoire.
1 février 2014

La valise (Stella No.)

Il était une fois une jeune femme très banale qui rêvait d’un peu d’aventure. Elle se nommait Stella et ne faisait rien qui ne sorte de l’ordinaire. L’adage « métro – boulot – dodo » lui convenait tout à fait, bien qu’en réalité, elle prenait le bus, était étudiante et dormait très tard car passait ses soirées à réviser.

Quoi qu’il en soit, Stella était une grande rêveuse. Elle croyait au prince charmant, aux sorciers et aux vampires. Elle lisait Harry Potter en retenant les formules magiques et connaissait toutes les répliques de Twilight. Chaque nuit, elle s’imaginait princesse, guerrière ou espionne. Chaque nuit, elle sauvait des gens et se battait contre les méchants. Le matin venu, Stella s’éveillait avec la désagréable sensation que les rêves étaient bien plus satisfaisants que la réalité.

C’est ainsi que chaque soir en attendant le bus, elle s’amusait à imaginer l’aventure qu’elle vivrait avant de s’endormir. Stella était persuadée qu’en construisant une histoire, elle avait des chances d’en imprégner ses rêves.

Ce jour-là, elle patientait près de l’arrêt de bus en créant un monde fabuleux peuplé de métamorphes et d’elfes quand un jeune homme en costume l’interrompit :

-          Veuillez m’excuser, mademoiselle.

-          Oui ?

-          Pourriez-vous garder un œil sur ma valise s’il vous plait ? Je dois faire un saut au distributeur automatique et j’irai plus vite si je ne suis pas encombré. Ça vous ennuie ?

-          Heu… oui, non, pas du tout. Je jetterai un œil.

-          Merci, j’en ai pour cinq minutes.

Stella avait été un peu interloqué par cette demande et n’avait pas vraiment réfléchi avant d’accepter. Sur le coup de la surprise, elle avait accepté de veiller sur la valise d’un inconnu. Tandis qu’il s’éloignait d’une démarche étrangement sautillante, elle prenait conscience de ce que cela représentait comme risque. Son esprit fantasque commençait à échafauder différentes théories : et si il était un terroriste et qu’une bombe se cachait dans la valise ?

« Voyons, Stella, se morigéna-t-elle, comme si des terroristes allaient faire exploser une bombe dans une petite ville lambda ! ».

Et si en fait, il y avait de la drogue dans cette valise ?

« Un trafiquant ne laisserait pas sa marchandise comme ça à une inconnue ! »

Et si, il y avait un trésor dans cette valise ?

« Et alors quoi ? Tu deviendrais gardienne d’un trésor, c’est ça ? Pauvre fille, si c’était le cas, tu serais accusée de recèle et tu serais dans de beaux draps ! ».

Agacée contre elle-même, Stella secoua légèrement la tête et scruta la direction vers laquelle l’homme était parti. Personne. Haussant légèrement les épaules, elle regarda l’heure : le bus n’allait plus tarder à présent. Si l’homme ne revenait pas, elle monterait dans le bus. Tant pis pour sa valise !

Mais lorsque le bus passa, Stella ne put se résoudre à laisser la valise ainsi. L’homme lui avait confié et lui avait promis de revenir vite. Il le fallait. Ou alors… c’est que quelque chose d’inhabituel était en train de se passer dans la vie si ordinaire de Stella.

Trois bus eurent le temps de s’arrêter près d’elle avant qu’elle n’empoigne la valise et la ramène chez elle. Stella savait qu’elle prenait des risques mais elle était persuadée qu’elle ne devait pas s’en séparer.

Elle tira le lourd bagage jusqu’à son immeuble et gravit péniblement les quatre étages. Une fois entrée dans son appartement, Stella accomplit un rituel quotidien : les clés dans la coupe à fruits, le manteau sur la patère, les ballerines jetées sur le sol, le sac à main sur le canapé et enfin, pour la première fois de sa vie, elle se trouva face à un objet étranger sans savoir qu’en faire.

Stella tourna autour de la valise, scrutant ses moindres recoins. Il n’y avait pas de cadenas. Un simple fermoir classique. Et si elle n’était pas fermée ? Peut-être trouverait-elle les coordonnées de l’homme en costume ? Peut-être comprendrait-elle pourquoi elle ne parvenait pas à se détacher de l’objet ?

S’agenouillant sur le sol, Stella posa doucement la main sur le bagage. Une petite secousse la traversa de part en part, tandis qu’une douce chaleur irradiait ses doigts. Un observateur extérieur se serait surement interrogé face à l’état quasi hypnotique dans lequel semblait se trouver la jeune femme.

Stella finit par se sortir de cet état cathartique et ouvrit la valise. Cette dernière n’était pas verrouillée et malgré sa lourdeur, elle ne contenait qu’un petit globe en verre. Stella saisit délicatement le précieux objet et le porta à la hauteur de ses yeux. Elle l’approcha très près afin de pouvoir distinguer ce qu’elle contenait.

En plissant légèrement les yeux, elle put apercevoir la réplique d’un village moyenâgeux, avec son château, ses villageois et un dragon. Stella était presque sûre de le voir bouger tellement la miniature était réaliste. Elle pouvait deviner la fumée des cheminées et entendre les murmures du peuple se pressant sur la place du marché. Elle pouvait sentir l’odeur de viande rôtie mêlée au crottin des chevaux. Elle pouvait souffrir du froid de la neige qui recouvrait le village. Une lueur la fit porter son regard sur la plus haute de tour du château. Sur un balcon de pierre, un homme en robe noire tenait entre ses mains un grand parchemin. En plissant plus encore les yeux, Stella put déchiffrer une inscription étonnante : « Bienvenue dans ton nouveau monde, Enchanteresse ». C’est alors que la lueur grossit tant et si bien que Stella se sentit absorber dans sa puissance et sa chaleur.

Le lendemain matin, la jeune femme s’éveilla sur le sol de son appartement. Ouvrant péniblement les yeux, elle se souvint du rêve étrange qu’elle avait fait cette nuit-là. Elle s’était transportée par magie dans un royaume médiéval où un vieux sorcier avait tenté de lui faire croire qu’elle était l’enchanteresse dont une oracle avait prédit l’arrivée pour sauver le royaume de l’empereur noir, un mage sombre et puissant qui semait la destruction sur son passage. Stella avait tenté de convaincre le sorcier de son erreur, sans résultat. Elle s’était alors décider à fuir courant  dans la neige sans jamais trouver son chemin.

Elle se sentait épuisée : c’était bien la première fois que son rêve lui avait semblé si réel. Stella voulut prendre appui sur ses mains pour se relever lorsqu’elle se rendit compte de deux choses. La première, c’est qu’elle tenait toujours la boule en verre dans la main. Et la seconde, c’est que ses chaussettes et son pantalon étaient recouverts de neige. Alors, elle porta de nouveau la boule à son visage et son regard s’accrocha aussitôt à l’homme sur le balcon de la tour. Cette fois, sur son parchemin était inscrit : « Nous t’attendons, Enchanteresse ».

 

1 février 2014

SISSI (par joye)

J’adorais mon oncle Walter. C’était un homme rond et confortable, avec d’énormes favoris et de belles moustaches grises qui cachaient ses dents de bonheur quand il parlait. Oncle Walter sentait vaguement le tabac et le soleil, il riait beaucoup, il me permettait de m’asseoir à ses genoux et fouiller dans les poches de sa veste tweed pour des chewing-gums ou parfois des bonbons. Je savais que j’en retrouverais toujours dans la poche sur son cœur.

Sa femme, tante Lorette, était morte. Il disait parfois qu’elle était morte parce qu’elle ne voulait plus vivre. Comme je ne doutais jamais de sa parole, je croyais que tante Lorette ne voulait vraiment plus vivre. J’étais toujours un peu triste pour elle pendant un instant ou deux, avant de me jeter sur les genoux de mon oncle afin de pouvoir fouiller dans ses poches.

Tonton et moi étions donc de grands amis, et dans la plus grande complicité, jusqu’au jour de mes six ans. Tonton arriva à la maison, rasé, peigné et ne sentant plus le tabac. Je pus remarquer ses dents de bonheur. La veste tweed avait été remplacée par une veste de laine noire. Je me disais que cela allait me gratter à chaque fois que je me mettais à la recherche des bonbons égarés dans ses poches, mais cela ne m’inquiétait pas plus que ça.

Quand Tonton avait fini de causer avec maman et papa, il s’assit devant la cheminée. Je reconnus mon moment, et je m’approchais de lui en courant.

-          Stop ! dit mon oncle, mettant sa paume ouverte devant moi.

Je heurtai contre sa main avec ma poitrine.

-          Hein ? Tonton, je ne peux pas m’asseoir sur tes genoux ?

-          Non.

-          Mais, comment vais-je pouvoir chercher mes bonbons ?

-          Je n’ai pas de bonbons.

Je le regardais bien, comme maman me regardait quand j’avais de la fièvre. Mais il n’avait pas l’air malade.

-          Tu dis ça pour rigoler ! dis-je, mais ma voix tremblait un peu.

Je contemplais un monde sans ses bonbons. D’un coup, je pensai à ma tante Lorette qui n’avait plus voulu vivre.

-          Non, non, je suis sérieux. Tu ne peux plus fouiller dans mes poches.

-          Et pourquoi pas ? demandai-je.

-          Parce que j’ai acheté une vipère et à partir de désormais, je la garderai dans cette poche sur mon cœur. Tu ne pourras plus jamais y mettre les mains, parce que Sissi te mordra, et sa morsure est mortelle.

Je lui fis des yeux très ronds.

-          Une vipère, mais tu plaisantes, tu n’as pas de vip…

Sans attendre que je termine ma phrase, Oncle Walter produit de la poche sur son cœur une petite vipère verte. Si je n’avais pas été si déçue, si je n’avais pas compris qu’elle prenait ma place dans le cœur de mon oncle, j’aurais volontiers admis qu’elle était belle, et que c’était chouette de voir une vipère de si près.

-          Nièce, je te présente Sissi von Proutbottle.  Sissi, voici ma nièce.

Sissi sortit rapidement sa petite langue fourchue pour me saluer. Il y avait comme une lueur maligne dans son œil jaunâtre. Elle me souriait, mais son sourire me fit froid dans le dos. Mon oncle la remit dans sa poche et nous passâmes encore une demi-heure ensemble, moi, mon oncle, et Sissi, mais c’était très étrange, je me sentais tout drôle, exilée de ses genoux et de son cœur.

Deux ou trois semaines plus tard, mon oncle passa à la maison. C’était moi qui ouvris la porte parce que maman pétrissait le pain et papa était au boulot.

-          Tonton ! criai-je.

J’étais tellement ravie de le voir que je lui sautai au cou avant qu’il puisse m’arrêter.

-          Tsss !  Idiote !  Il t'avait prévenue, me siffla Sissi.

Et puis je sentis la piqûre fatale de ses crochets sur le lobe de mon oreille droite.

25 janvier 2014

Défi #283

Et si vous nous écriviez un

CONTE à DORMIR DEBOUT ?

Conte à dormir debout

à adresser à samedidefi@gmail.com

A vos plumes !

Et à tout bientôt !

 

25 janvier 2014

Ont établi la communication

25 janvier 2014

De l'art d'être ubique* (Epamine)

 

ep01

 

- Allo! T'es où ?

- À Y !

- C'est où Y ?

- Hihihi ! C'est dans la Somme ! Salut à vous, Ypsiloniens !

 

 

Allo! T'es où ?

Là!

C'est où là ?

C'est là où je t'ai rencontré, un soir d'avril et c'était bien!

 

 

Allo! T'es où ?

Ici!

C'est où ici ?

C'est ici que l'on s'est parlé la première fois, tu t'en souviens ?

 

 

Allo! T'es où ?

Loin!

C'est où loin ?

C'est loin, trop loin pour te faire un signe de la main.

 

 

Allo! T'es où ?

Céans!

C'est où céans ?

Oh ! Céans, tu le sais bien, c'est où sied mon séant pas loin de ton popotin!

 

 

Allo! T'es où ?

Dehors!

C'est où dehors ?

Dehors, c'est une zone à l'air où les phylactères s'envolent en nuages de fumée d'Indiens.

 

 

Allo! T'es où ?

Dedans!

C'est où dedans ?

Dans notre petite cabane, tout près des étoiles, au bout du chemin.

 

 

Allo! T'es où ?

Là-bas!

C'est où là-bas ?

C'est là où tu dois aller pour voir si j'y suis bien.

 

Allo! T'es où ?

Là-haut!

C'est où là-haut ?

C'est là-haut sur la colline, avec un petit bouquet d'églantines, que sifflait Joe Dassin.

 

 

Allo! T'es où ?

Ailleurs!

C'est où ailleurs ?

Ailleurs, c'est l'odeur du pain frais, le soleil du matin et des rires de gamins. Viens!  

 

 

Allo! T'es où ?

Partout!

C'est où partout ?

Partout, c'est nulle part quand on est loin des siens.

 

 

Allo! T'es où ?

Au-delà !

C'est où au-delà ?

C'est plus loin que l'horizon et quand tu arriveras, je te tendrai la main…


* ne pas confondre avec "une bique"

 

 

ep02

 

25 janvier 2014

Participation de Célestine

Drrring

Le téléphone a retenti. C’était Walrus.

"-Allo ? Eh ben, Célestine, mon p’tit chat, t’es où ? On t’attend sur le défi !

-Oh, boss, c’est gentil de m’appeler en personne.

-Je m’inquiétais…il est vraiment tard ! je sais que tu publies toujours à une heure indue, mais quand même, là, il est vraiment tard!  Tu viens ?

-Je ne sais pas…

-Que se passe-t-il ?

-Rien. Un peu de vague-à-l’âme, un blues passager…Une impression de lassitude.

-Ah bon ? Toi qui es si optimiste d’habitude…

-Optimiste ? Idéaliste, plutôt, presque un peu naïve. A l’image de mes petits personnages que je dessine pour passer le temps. Des princesses solaires et utopiques qui vivent dans un monde de lapins blancs et de roses apprivoisées. Et cueillent au creux de leurs mains des fragments d’étoiles. De douces et  claires âmes qui aimeraient que tout le monde s’aime … (enfin, qui croient à la poupée qui tousse, en fait) Qui ça peut intéresser, franchement…

-Dis donc, tu ne chercherais pas à m’apitoyer, par hasard ?

-Si, si,  j’avoue, je fais un peu de chleuasme. Tu connais ? C’est un mot grec.

-Bien sûr ! Tu sais bien que j’ai une culture encyclopédique ! Mais c’est un mot peu employé…j’aime bien. C’est ton côté instit, hein, faut que tu nous apprennes des mots, tu peux pas t’en empêcher…Alors, tu viens ?

-Euh…Bon, ok, je viens…tu sais bien que je ne peux pas me passer de vous!

-Tiens, tu me vouvoies, maintenant ?

-Rhôô ! Boss ! "

Il a raccroché le combiné. Moi c’est la plume que je voulais raccrocher ! J’étais en train d’écrire un billet d’adieu aux Défiants.  Et  je me suis fait retourner comme une crêpe. Il est trop fort ce boss ! Du coup, vous allez devoir me supporter encore un peu…

***

Merci à Walrus pour son infinie patience.

Cé

25 janvier 2014

En rébus (MAP)

 

Il faut bien se dire que l'amateur de rébus n'entend pas comme nous

cet "Allo t'es où" ! Instinctivement il va le traduire visuellement

ce qui donnera ceci  :  

                

Halle Eau

Alors selon l'heure et le lieu où il se trouvera il répondra :

                                            

 

Jeux Suie

 

Suite LEU

 

Pour celles et ceux qui ne sont pas "rébusiens" la solution est en bas

de la page mais à "l'AN VERT" pour jouer encore un petit peu ! :-)

 

 

 ǝɹʇ∀   ǝɥ⊥   ∩3⅂   ⊥ᴎ3ᴧ   2   3I∩S   X∩3ſ

 

 

 

25 janvier 2014

Participation de Prudence Petitpas

Comment tu vas faire pour gérer tout ce petit monde féminin qui du coup, gravite autour de toi ?
Comment tu vas faire pour démêler les problèmes que ne vont pas manquer de t’apporter toutes ces jambes à jupon dont tu veux tant connaitre les secrets… comment vas-tu faire pour ne pas sombrer dans la folie en donnant ton corps à droite et ton cœur à gauche ?… Comment t’y retrouver dans toutes ces couleurs qui rallument ta vie ? Comment te repérer dans ce nouveau monde qui autour de toi ne va pas manquer de bien t’empêtrer ?  Rien qu’au téléphone ça va être compliqué… un numéro peut en cacher un autre, comment reconnaitre les appels entrants, les appels sortants sous des noms compliqués pour t’y retrouver ? Je te souhaite de ne pas trop te mélanger les pinceaux, de ne pas laisser ta langue se fourcher quand tu répondras à toutes ces beautés. De ne pas avoir le tournis quand tu en auras une dans ton lit et l’autre dans ton esprit… Comment ne pas te perdre dans ces nouveaux paramètres dont tu viens de  jalonner ta vie ? Je te souhaite de ne pas te tromper quand tu en tromperas une avec l’autre et de te rappeler laquelle est dans tes bras, laquelle est dans ton cœur, laquelle est dans ta vie, laquelle est entrain de criser parce que le facteur s’est lui aussi trompé d’adresse et que ton téléphone lui fait croire, à cette régulière que tu es dans l’épicerie dans face alors que très nettement, ce sont les voix de l’aéroport qu’elle entend dans le combiné… « Attention embarquement immédiat pour Nouméa, les passagers sont priés de se rendre à la porte G » et cette même femme d’un coup criera de tout son être tout au creux de ton oreille et t’arrachera ton dernier tympan : MAIS TU ES OU ?

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25 janvier 2014

Allo! T'es où? (JAK)

jak1

25 janvier 2014

Allo !!! T’es où ?? (Mamido)

Mam01


Question entendue, il y a quelques années, sur une plage de Vendée.
D’un temps que les moins de vingt-cinq ans ont certes connu mais gardé peu de souvenirs. Un temps où le mobile était encore une denrée rare et chère, seulement utilisée par une élite de gens qui nous semblaient alors bien snobs (on ne disait pas encore « bling-bling »).

La dame est allongée sur le sable, plus exactement sur une serviette marquée en gros caractères GUCCI. Il faut dire que l’ensemble de ses vêtements et des accessoires qui l’accompagnent est dédié à cette marque. Du sac de plage au maillot de bain, en passant par les lunettes de soleil. Celles-ci, pour l’instant  servent de serre-tête à sa blonde chevelure au brushing impeccable dont, malgré la brise marine, pas un poil (pardon, un cheveu) ne bouge. La peau est douce et satinée, le bronzage uniforme, l’épilation et la manucure  soignées.
Rien ne semble laissé au hasard. Pas un seul grain de sable pour venir déranger l’image qu’elle nous offre sauf peut-être ce mobile qu’elle tient près de l’oreille dont elle a soigneusement décroché le pendentif  doré. Elle parle fort, comme si elle était seule sur la plage…

« - Allo !!! T’es où ??? »
Comme si sa conversation ne nous suffisait pas, elle nous fait partager les réponses de son interlocuteur en les répétant.
« - Sur une plage… En Vendée… Quelle coïncidence extraordinaire ! Moi aussi ! Mais où exactement ? »

« - A La Tranche sur mer ? Ah ça, c’est rigolo !  Moi aussi… Sur quelle plage, tu dis ? »

« - La plage du phare ! Tu viens surfer à la plage du phare ? Mais je suis sur la plage du phare !!! »

Là, affolement de la dame qui se redresse et commence à regarder autour d’elle.
Son regard nous traverse. Nous n’existons pas, nous somme transparents.
« - Tu dis que tu es sur la dune… Derrière le poste de secours ? Mais je suis juste au pied du poste de secours, légèrement à gauche ! »
La voix est montée d’un cran dans les aigus. Maintenant la dame est debout, dos à la mer. Elle scrute la dune comme si sa vie en dépendait.
« -Tu portes ta combi et ta planche est bleu nuit ?! Non, je ne te vois pas !... Et toi, est-ce que tu me vois ? Je suis debout, avec un maillot une pièce léopard… Toujours pas ?! Et si j’agite les bras ??? »

La voilà qui se transforme en sémaphore. Ses bras s’agitent dans tous les sens. Elle saute sur sa serviette, envahie maintenant par le sable. Adieu brushing impeccable. Une boucle blonde s’échappe de l’édifice savamment composé ce matin même par Michaël, le coiffeur en vogue, sur l’avenue de la plage. Elle se pose devant les yeux de la dame, pénètre dans sa bouche.
La dame la recrache en postillonnant :
« - Mais si, à gauche du poste de secours… Enfin, à droite pour toi… Juste à côté d’un groupe de personnes… Très nombreux… Avec un parasol multicolore, façon « gay pride»… »
Tiens, on n’est pas si invisible que ça, finalement. Voilà qu’on lui sert de balise !
Elle baisse la voix maintenant, elle nous jette un petit sourire gêné.
« - Oui ! C’est ça… Le troupeau bariolé, avec plein d’enfants et d’ados… »

Elle ne répète plus ce que dit son interlocuteur, se contente de deux ou trois « Mmm » puis d’un « A tout de suite ». Elle raccroche et range le mobile dans son sac.
Elle secoue sa serviette, rajuste son brushing, lisse son maillot autour de son corps parfait et se rassoit. Son visage a repris son masque d’impassibilité. Masque avec lequel elle accueille quelques minutes plus tard son ami. Le haut de la combi de celui-ci est baissé sur ses hanches et permet d’admirer un torse glabre et bodybuildé. La brillance laquée de sa planche, sans une éraflure,  pourrait faire croire que celle-ci n’a jamais servi.

Dès son arrivée le bellâtre plante sa planche devant ma serviette, me cachant le paysage de l’océan et m’empêchant de surveiller les plus petits dans l’eau. Ma contestation se perd dans le vent. Pour ces deux-là qui papotent, nous sommes redevenus transparents, inexistants… L’homme évacue mes protestations d’un signe agacé de la main comme s’il chassait une mouche importune.

Mais c’est compter sans la force de notre groupe qui, l’air de rien déplace les sacs, les serviettes, les parasols et peu à peu annexe la planche, la faisant sienne, s’en servant comme bannière pour notre linge qui sèche.
… Et obligeant notre surfeur à venir quémander son bien quelques temps plus tard.
« Ah, c’est à vous cet engin ! » proclame mon mari d’une voix de stentor qui fait relever toutes les têtes sur la plage et descendre le maître nageur de son perchoir. « Comme elle était plantée devant la serviette de mon épouse lorsque je suis rentré de la baignade, j’ai cru qu’elle appartenait à l’un des freluquets que mon fils fréquente. J’attendais de pied ferme le goujat qui l’avait si mal posé, pour le sermonner, dès sa sortie de l’eau. Mais bon, j’aurais du le savoir, les copains de Lulu n’agissent pas ainsi, ils savent se conduire, eux !!! »

L’autre, qui s’apprêtait à crier haut et fort « au voleur », reprend son engin en s’excusant et s’en va le familiariser avec l’élément marin sous l’œil amusé de notre smala hétéroclite et goguenarde, assise sur le sable en rang d’oignon comme au spectacle, histoire de ne pas en perdre une miette.

 

Mami

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