Ont découvert l'ombre parlante
Venise ; Lise ; Vegas sur sarthe ; Walrus ; EVP ; Lorraine ; KatyL ;
MAP ; Anémone ; Vanina ; Joye ; Rsylvie ; titisoorts ; Sebarjo ;
Joe Krapov ; Caro_Carito ; Poupoune ; Célestine ; SklabeZ ;
Y a toujours un côté du mur à l'ombre (Walrus)
Masqué, tapi dans la pénombre,
Le concombre est d'humeur sombre.
Et il murmure à son ombre :.
“Je les compte, les dénombre
Et les découvre en surnombre
Car ils sont venus en nombre
Ceux qui trouvent que j’encombre
Et voudraient sous des décombres
Me renvoyer chez les ombres “
Le premier qui me fait le coup du sombre héro s'en prend une !
Travail à mi-temps (MAP)
« Dialogue avec mon OMBRE » (Rsylvie)
« Dialogue avec mon OMBRE »
Ou mieux encore, parle moi de toi.
…Mais non, de toit !
(Tu seras toujours aussi nul en orthographe ma pauvre toi !)
Ha ! Tu trouves … oui c’est vrai, peut-être un peu.
Mais bon, c’est encore acceptable, non ?
… mais je blague,,, Juste que j’étais entrain de me rappeler cette histoire
de Brenda qui rencontre JFK au détour d’un couloir, et celui-ci de lui dire :
-« Tu ne me croiras pas, mais ce matin j’ai rencontré un couvreur qui m’a parlé de toit » !
-« De moi, mais qui cela peut-il donc être « ?
-« Mouarffff, elle est bien bonne non » ?
.. Hé tu m’égares. Je n’y comprends rien. Mais c’est pas bien grave,
J’avais justement envie de parler, de moi à toi.
WouhaOU, tu me fais peur.
Tu es si sérieuse soudain.
Tout va bien ?
Oui ça va…. Enfin… si on peut dire.
J’ai le moral à zéro.
Comme une épaisse grisaillerie qui m’enserre. Se love en moi.
Et m’habille d’amertume. Je voudrais sortir la tête hors de l’eau,
Mais petit à petit, la rive s’éloigne et mon regard ne sait plus où s’amarrer.
Je m’enlise tout doucement. Mes doigts s’accrochent à quelques espoirs amers,
Que déjà je touche le fond.
Mes épaules sont si lourdes de cette vie qui me pèse tant,
Des efforts pour paraitre belle, souriante, heureuse, alors qu’au-dedans
Je suis si lasse de toutes ces tromperies.
….. Ha !
Je crois que je ne vais plus résister.
Oui, je vais délaisser les sunlights pour me mettre à l’ombre.
Retrouver la quiétude de ma vie de petite fille. Ma vie d’avant lui … eux et tous les autres.
D’avant toutes ces femmes qui me haïssent d’exister par delà les miroirs de la mode et d’en être l’ambassadrice, de toutes ces créatures qui me détestent et que je maudis d’être devenue ce que je suis. Oui c’est ça… m’abandonner au soleil couchant et ombrer dans la nuit.
… ho Norma, pourquoi ?
Parce que je n’ai jamais aimé que toi….mais il est trop tard pour nous deux.
Je détruis tout ce que je touche. Fuis-moi, toi !
Extrait d’une fiction jamais organisée
Entre Marilyn et Joe DiMaggio
Par Rsylvie
L'ombre de lui-même (Célestine)
Le petit homme était seul. Très seul. Il arpentait les allées vertes du grand parc en regardant tristement le bout de sa chaussure vernie. Cette solitude, il en avait accepté l'augure avec sa charge. Mais là, c'en était trop. Le blues s'installait en lui. Il s'assit sur un banc.
Ses amis - mais en avait-il vraiment eu?- le quittaient les uns après les autres...les traîtres.
Je vais disparaître, dit-il à mi-voix. On n'entendra plus parler de moi...
-Eh, mais moi je serai là ! Je reste avec toi !
L'homme se figea.
-Qui est là ?
-Mais c'est moi, ton ombre, voyons !
-Casse-toi, pauvre idiote, j'ai pas envie de parler.
-Mais je ne peux pas, je suis attachée à toi !
-Eh ben, ça en fait au moins une ! C'est que ça se bouscule pas en ce moment !
Quelle dérision ... Il ne lui restait plus que son ombre. Lui dont les rêves de gloire éclaboussaient le monde.
-J'comprends pas, chuis pas l'meilleur ?
-Oh mais si, bien sûr ! Les gens sont ingrats. J'en sais quelque chose, moi qui me fait marcher dessus tout le temps sans ménagement...
-Dis moi , franchement, j'ai pas fait tout c'que j'pouvais ?
-Bien sûr !
-Je me suis pas assez agité dans tous les sens ?
-Ça oui, j'en ai encore le tournis !
-Quand j'pense à tous ces voyages en jet privé, moi qui ai horreur de l'avion, à tous ces repas trop copieux, dans des hôtels de luxe, des repas avec des tas de couverts qu'j'ai jamais su à quoi ils servent...Tout ça, c'était pour eux ! Tous ces discours, ces inaugurations, ces visites, ces Chinois, ces Irakiens, ces Rastaquouères à qui il a fallu faire des courbettes. C'est pas admirable, ça, quand on y pense?
-Génial tu veux dire !
-Et ma femme, elle est pas sublime, ma femme ?
-Euh...si si, magnifique !
-Et puis, bon d'accord, j'ai eu des paroles un peu vives au début, mais après? j'ai pas toujours été sympa avec tout l'monde ? A toujours poser des questions, à faire semblant de m'intéresser, à goûter des trucs infâmes, et à sourire, partout où j'allais. Et j'peux t'dire que souvent, je m'emmerdais ferme!
Et puis, y'a le grand noir, là, le yankee dont j'ai dû supporter l'humour à deux dollars ...Bon sang, c'qu'il a pu m'énerver, clui là! Et je ne te parle pas des Guignols qui se sont payé ma tête, et de...mes amis dont j'ai dû refuser les invitations à m'dorer la pilule sur leurs yachts ou dans leurs châteaux, tout ça pour être "politiquement correct" ! J'aurais bien aimé un peu d'vacances, moi, c'était mon droit, non ? Honnêt'ment, tu crois qu' c'était une vie ?
-Tu as raison..Tu es un vrai philanthrope ! Je dirais même plus, tu es un saint !
-J'ai essayé de vivre comme eux, faire du jogging, divorcer, dire des gros mots...
-Je sais, ça...
-Ben alors, à la fin, qu'est-ce qu'ils m' reprochent ? J'comprends vraiment pas...
-Ils disent ...euh...que tu n'as pas tenu tes promesses.
-Hein ? Et c'est tout? Juste ça? Tout d' même, tu m' diras pas le contraire, les Français s'attachent à des détails bien mesquins...J'vais te dire: chuis déçu.
Il commençait à faire frisquet. Le petit homme regarda sa Rolex qui lança un éclair dans l'or du crépuscule. Il se décida à rentrer, le cœur serré dans son costume Armani. Il s'éloigna, les épaules agitées de soubresauts nerveux.
-J'comprends pas, j'comprends pas...
Pour la première fois de sa vie, il ne se sentait plus que l'ombre de lui-même.
L'ombre (Venise)
L’ombre : « Alors, comme ça tu ne veux plus de moi ? »
L’homme : »je te demande pardon ? »
L’ombre : »c’est pourtant simple comme bonjour !dis-moi de partir !!! »
L’homme : »allez !!je sais que tu es fauchée où veux tu aller ?
L’ombre : »c’est exact je suis fauchée, mais j’ai une âme ! »
L’homme (tire une bouffée sur son cigare avant de répondre ): »tu n’as aucun brin de romantisme tout de suite tu prends un ton radical ! »
L’ombre : »je sais que tu es un chaud lapin et qu’un peu d’intimité t’irait mieux ! »
Mais elle n’est pas née l’ombre qui te reprochera de faire l’amour sous des lampions !!
L’homme : »je suis désolé ,je suis sûr que tu as raison ,mais tu vois ma chambre c’est sacré pour moi et ta présence sa frise la profanation dit il presque saoul !
: »je te filerai deux cents dollars pour faire l’amour dans le noir !!
L’ombre : c’est vraiment tout ce qu’il ya de plus simple il suffit de s’armer de courage et de se jeter sur elle les yeux fermés.
L’homme : » et les préliminaires alors « ?
L’ombre : »facile ! »!
Tu lui jettes un filet dessus les yeux fermés !
L’homme : »bon d’accord comment je fais après ?
L’ombre : tu lui fais une piqûre dans l’arrière train
L’homme : je crois qu’il te reste beaucoup à apprendre pour finir en ombre chinoise pauvre âme !!!
A mi- chemin (Lise)
C’est en me retournant par un jour de grand vent que tout a commencé.
A mon étonnement, juste derrièremoi,quelque chose a bougé.
Mon cœur n’y tenant plus s’est mis à questionner :
Lorsque je te regarde nous sommes deux, pourtant je sais que je suis seule,
Qui es-tu ?
Sans pouvoir te toucher, je te porte avec moi,
Où vas-tu ?
A vouloir t‘oublier, j’ai failli tout quitter,
Que veux-tu ?
Les questions sont montées, en suspens sont restées,
L’ombre s’est étirée et a tout emporté.
Puis elle est revenue à la nuit tombée
Chuchoter son secret au creux de mes idées :
Je suis celle qui luit à la lumière de ta nuit,
Nulle destination à qui n’a point d’attache
Et pour m’apprivoiser un sourire suffit.
Depuis, le jour elle me suit, la nuit elle me guide
Ensemble nous glissons vers ce point
A mi-chemin, où tout revient au Même.
Lucky Luke (Vegas sur sarthe)
Alors qu'il la crée, c'est sans l'ombre d'un doute
que jamais, non jamais le soleil ne la voit
Comme j'allais poursuivre mon quatrain il me sembla que la lumière baissait mais je mis cela sur le compte de ma sieste manquée et surtout d'un repas trop arrosé de Jasnières.
Le bout du quatrain me démangeait les doigts et je m'exécutai en écarquillant les yeux sur ma page moins blanche.
un hypocondriaque Michel Blanc y marcha
la guitare à la main, baroudeur en déroute
La page était redevenue blanche comme si une ombre était passée l'espace de deux (verres) vers. Rien dans le ciel d'un bleu éclatant ne justifiait cette obscurité aussi subite que fugitive, pas plus d'avion furtif que de vol d'étourneaux, mais l'illusion d'un Clong de guitare désaccordée et une voix qui me sembla dire "J'ai du mal à parler parce que j'ai les dents qui poussent".
Apprenez que lorsque j'écris je m'attends à tout - même à des facéties de mes personnages - et il en faut bien plus que ça pour m'impressionner aussi attaquai-je le second quatrain, Jasnières ou pas.
Quand Proust y dépeignait de jeunes filles en fleurs
Cette fois le doute n'était plus permis et des silhouettes sombres envahirent ma page au point que je n'y distinguais plus mes écrits.
Je levai la tête à nouveau vers le ciel éclatant de soleil où rien n'expliquait ce phénomène! Une ombre venue de nulle part s'invitait au gré de l'écriture et troublait ma rime en fleurs.
Je décidai d'attendre qu'elle disparaisse - ce qu'elle fit après quelques minutes - le temps pour moi d'imaginer autre chose qui finissait en... l'armée des résistants.
J'avais même la rime pour le vers suivant... noires tractions-avant
mais je n'eus pas le temps de démarrer car une sinistre croix des plus opaques s'invitait sur ma feuille! Cette fois-ci elle avait la voix de Ventura ou peut-être celle de Meurisse, je ne saurais dire tant j'étais ébahi. En tout cas ça disait "Au revoir camarade".
J'hésitai à répondre mais l'ombre mourrait déjà en pétaradant.
Je suis d'un naturel optimiste et si d'autres nuages devaient continuer à assombrir mon oeuvre, je préférais traiter des sujets plus légers.
J'hésitai entre les Pi ying du théâtre chinois et un brave cadran solaire provençal et comme je n'arrivais pas à me décider il ne se passa rien, tellement rien que je constatai avec effarement que mon Waterman posé verticalement sur la page blanche ne créait aucune ombre portée.
Autant je pouvais imaginer une vie sans soleil mais une vie sans ombre m'était insupportable au point que je n'osai regarder derrière moi. Il m'en fallait une, et vite! Peu importait à quoi elle ressemblerait.
Au diable les Pi ying et les maîtres cadraniers il me fallait trouver une idée dans la seconde, plus vite que... oui, c'est ça, Lucky Luke!
Sans prendre le temps de compter les pieds et sans même m'avoir consulté, mon Waterman avait craché cette célèbre salve
J'allais devoir supporter l'ombre d'un tueur jusqu'à ce que j'aie trouvé une rime en "boy"! Damned!
Une détonation m'explosa les oreilles et je basculai en arrière tandis qu'un immense nuage noir obscurcissait ma vue...
Avec mon ombre chemin faisant: suivre, être suivie... ou être! (Anémone)
La clarté me devance.
Si j’étais une ombre… (Vanina)
Je me souviens d'une belle journée d'été, où mon ombre me faisant face, je l'ai explorée.
Elle me fit alors remarquer que pour la voir, dialoguer avec elle, il me fallait être dans la lumière... J’observais que l'ombre, au-delà d’un manque d’intensité lumineuse, est moi et pourtant ne me ressemble pas tout à fait. Je remarquais aussi que l’ombre est une projection de moi… mouvante. Une sorte du jeu du portrait chinois ?!
J’analysais qu’elle est aussi une figure imaginaire qui hante le sujet comme son autre. Sombre, elle me suit, me précède parfois, comme la camarde subtile mais jusque-là conjurée.
Cette ombre sombre révèlerait-elle ma lumière intérieure ?
Depuis toujours l’ombre, et plus encore le double sous toutes ses formes, peuple mon imaginaire. Je me remémorais alors : les marionnettes du théâtre d’ombre ; Peter Pan qui cherche à récupérer son ombre, etc. Mais aussi la Bête, cette part d’ombre bestiale en l’homme face à la Belle, ou encore M. Hyde l’ombre du Dr Jekyll, j’en passe tant il m’est impossible de vous faire part de tout ce qui me passa dans la tête, tant notre culture et nos mythes sont pleins de ces personnifications de l’ombre.
Mon ombre me faisait ainsi comprendre que sa richesse se joue entre étrangeté et intimité, sa puissance repose sur son immatérialité.
Lorsque j’achevais cette rêverie, ce monologue -avouons-le-, le soleil avait tourné. J’avais l’impression d’être à l’ombre de mon ombre… protégée !
Entre chien et loup, je levais le visage au ciel et constatais que la reine des ombres venait de faire son apparition dans un ciel encore clair.
C’était peut-être une journée parfaite (Joye)
C’était peut-être une journée parfaite : soleil, ciel bleu, chaleureux, un jour de printemps embaumé, un de ces jours où il fait bon vivre, je ne sais pas, je ne m’en souviens pas.
Et pourtant, je me souviens très bien du film que monsieur Kunzman allait passer au cours de physique. Il nous a dit que le film venait d’être déclassifié par le gouvernement et que nous n’allions pas croire ce que nous y voyions.
Il a baissé les stores, descendu l’écran qui pendait du plafond, et puis il a éteint la lumière, et il a mis le projecteur en marche.
Film en noir et blanc.
Cela ne risquait pas d’être très intéressant.
En fait, c’était d’une banalité extrême : des tas de pierre, des ruines, des cendres, de la fumée, un gros champignon, oui, tout ça, on connaissait la chanson, des photos d’après-guerre, oui, on les avait toutes vues.
Jusqu’à la partie où l’on voyait passer devant nos yeux des gens, des fantômes vivants, brûlés comme des rôtis mal cuits ; une dame qui porterait pour toujours les carreaux de son kimono gravés sur sa peau nue ; un enfant méconnaissable, comme une poupée géante de chiffon sali. Des images tellement choquantes qu’on ne devait pas les montrer au public qui les avait subventionnées, un public qui avait vivement approuvé cette action.
Et puis, une dernière image. Une tâche noire, fixée sur la pierre blanche comme des os. Une tâche noire qui avait – si l’on regardait assez bien – la forme d’un être humain, sans doute une dame habillée en noir, vaporisé dans un éclair si fort, si aveuglant que rien n’a pu y survivre, à part son ombre.
C’était peut-être une journée parfaite : soleil, ciel bleu, chaleureux, un jour de printemps embaumé, où il fait bon vivre, je ne sais pas, je ne m’en souviens pas, ce jour où monsieur Kunzman a trouvé bon de lâcher une bombe sur un groupe d’adolescents qui ne se doutaient de rien.
Merci à http://www.gensuikin.org pour l'image.
sous ton ombre (titisoorts)
la première fois tu m'as pris pour un chameau
alors que moi je te voyais petit oiseau
lorsque je te voyais tu me rendais chèvre
j'étais sans défense suspendu à tes lèvres
Maintenant je suis bien
sous l'aile de ton ombre
dès que j'en suis loin
les maux reviennent en nombre
toujours la première fois tu m'as pris pour un ours
alors que pour moi t'étais mon petit canard
et quand je rêve je vois je te cerf dans mes bras
mais quelle vie de chien dans mes bras rien of course
Maintenant je suis bien
sous l'aile de ton ombre
dès que j'en suis loin
les maux reviennent en nombre
Mon ombre (Sebarjo)
(improvisation blues)
Elle colle à mes pas
Du matin jusqu'au soir,
Elle ne me quitte pas
Sur le granit des trottoirs
Qui bordent les grands boulevards,
Sur les chemins qui fleurent bon
La noisette ou le champignon,
Selon la saison.
Ma jolie tache sombre
Mon unique nombre, mon ombre
Tu te caches dans la pénombre
De Stockholm à Tombouctou,
Tu me suis partout,
Des Feroe jusqu'aux Seychelles,
Tu m'es toujours fidèle.
Car même dans les îles
Elle ne me quitte pas.
A la campagne comme à la ville,
Elle colle à mes pas,
Sur les pavés des ruelles,
Les escaliers de la Tour Eiffel,
Au pied de ces échelles
Qui gravissent les arcs-en-ciel.
Ma jolie tache sombre
Mon unique nombre, mon ombre
Tu te caches dans la pénombre
De Stockholm à Tombouctou,
tu me suis partout,
Des Feroe jusqu'aux Seychelles,
Tu m'es toujours fidèle.
Et même si c'est un problème
Quand hélas je ne suis
Que l'ombre de moi-même
Un peu plus noir que gris,
Elle ne me quitte pas,
Elle colle à mes pas
Sur le parvis des églises
Entre les étals du marché,
Quand souffre la bise,
Quand la pluie vient d etomber.
Ma jolie tache sombre
Mon unique nombre, mon ombre
Tu te caches dans la pénombre
De Stockholm à Tombouctou,
tu me suis partout,
Des Feroe jusqu'aux Seychelles,
Tu m'es toujours fidèle.
Et pour écouter ce blues :
37°2 le matin à l'ombre de moi-même (Joe Krapov)
Voici qui va plaire aux amoureuses de Moustaki, à celles qui préfèrent rouler dans l’herbe plutôt que de ne jouer les pachas qu’au hamac : mon ombre adore s’allonger !
Voici qui devrait plaire aux marionnettistes qui passent par ici : plus j’expose mon ombre, mes reflets, ma binette et moins j’en sais moi-même sur celui qui, derrière, tire les ficelles de Joe Krapov.
Voici qui devrait plaire au pondeur d’haïku qui joue de la guitare et suit le tour de France avec un braquet de 5-7-5 :
Mon ombre est fortiche :
Elle est la seule à pouvoir
Sucer mes deux roues
Voici qui devrait plaire aux amoureux et amoureuses de la Bretagne qui sont aussi fans d’Edith Piaf : « Je ne suis qu’une fille du port, une ombre de la rue ».
Par contre, si je tombe, je ne sais pas si un ami sort de l’ombre à ma place. Mais je fais tout pour ne pas tomber et je ne me mets pas en travers de la loi de peur de finir ma vie à l’ombre.
Je ne suis pas comme Lucky Luke, non plus : quand il y a du danger je me tire plus vite que mon ombre.
Enfin voici qui devrait plaire à ma fan d’Iowa (dont je suis fan en retour) : mon ombre joue de la guitare !
Pour illustrer ce dernier point j’aurais pu chanter "L’aventurier" d’Indochine pour évoquer Bob Morane et l’Ombre jaune. J’ai préféré massacrer fort Apache parce que c’est un morceau des... Shadows.
Parfois, n'être que l'ombre de soi... (Caro_Carito)
Cri
L'hiver vit et meurt
Même l'ombre de ton corps
me manque. J'ai mal.
Lâcher la proie pour l'ombre (Poupoune)
Lâcher la proie pour l'ombre
Je suis trouillarde. Depuis toujours. J’entends encore ma mère dire à qui voulait l’entendre, d’aussi loin que je me souvienne, que j’avais même peur de mon ombre. Et tout le monde riait. Mais tout le monde n’avait pas à vivre avec mon ombre.
On n’imagine pas ce que c’est que vivre sous la menace permanente d’une présence trouble à ses côtés, en sachant qu’on ne peut rien y faire, qu’il est inutile de lutter, que la fin est inéluctable. Non, on n’imagine pas.
Moi je sais. Et j’ai tout tenté. En vain. J’ai même fini par admettre qu’il est impossible de se débarrasser de son ombre, sauf à vivre dans une ombre plus grande encore, mais autant s’enfermer avec ses pires cauchemars et se laisser mourir de peur.
Alors j’ai décidé de mettre un terme à cette existence de terreur sans nom.
Dans l’obscurité de ma chambre aux volets clos, où ne filtrait aucune lumière, temporairement débarrassée de mon double ombrageux et de l’épouvante qu’il m’inspirait, je me suis passée une corde au cou avec pour seule consolation de pouvoir mourir comme je n’avais jamais su vivre : sereine.
Mais c’est à ce moment-là que ma mère, alertée par le bruit, est entrée dans ma chambre en allumant la lumière, si bien que la dernière image que j’emporte dans la tombe est mon ombre gigantesque et gesticulante sur le mur, effrayante pour l’éternité.
Le gang des ombres (SklabeZ)
Pour les djeun’s de cette cité d’une ville bourgeoise de province, il n’y a pas grand-chose à faire et les distractions sont rares. Comme tous les soirs, Lola après avoir expédié son frugal dîner embrasse sa petite sœur et, sans un mot pour ses parents enfile son blouson et sort de l’appartement. Ses parents, rivés sur la télé ne lèvent même pas les yeux. Ils s’en foutent de leur aînée, leur « petite pute » comme l’appelle son géniteur. L’habitude !
Freddy l’attend en bas de la tour. Ils iront ensuite rejoindre le reste de la bande dans leur repère favori, une cave qu’ils se sont appropriés et qui leur sert de lieu de vie.
Après avoir explosé ce qui tenait lieu de serrure, ils l’ont meublée de bric et de broc, des vieux matelas, un divan éventré, trois chaises bancales et quelques caisses renversées en guise de table de salon.
Tout au fond du couloir du sous-sol, ils ne dérangent personne. Ils peuvent écouter, à donf, leurs musiques préférées, danser le hip hop, boire leurs bibines trafiquées et fumer quelques pétards. Ils sont bien ainsi et c’est comme ça qu’ils tuent le temps.
Cette cave se trouve dans la tour la plus ancienne de leur cité à cinq minutes de marche de chez elle. Lola ne peut s’y rendre seule. Bien qu’elle n’ait que quinze ans, elle serait, paraît-il, une fille de mœurs légères et dans les autres bandes du quartier, nombreux sont ceux qui aimeraient lui donner une correction. C’est pour ça qu’elle se fait accompagner de Freddy. Tout le monde le respecte, lui. Il est grand et il est fort, dix-sept ans bien tassés. C’est le chef de la bande ! C’est le chef de la bande et il a des vues sur Lola qui est la seule fille du groupe.
Lola éprouve un peu de tendresse pour Freddy, mais sans plus. Et puis avec lui elle se sent en sécurité et elle ne risque rien.
Aujourd’hui, Freddy n’est pas comme d’habitude. Il ne lui raconte pas ses embrouilles de la journée. Il ne dit rien, il n’a pas l’air dans son assiette. Lola se dit qu’il est peut-être encore vexé de ce qu’elle lui a fait la veille. Un peu trop shooté et trop entreprenant, elle l’avait repoussé sans ménagement, et devant les copains en plus !
Lola est la mascotte du groupe et elle aime bien voir les gars lui tourner autour, la draguer, elle n’hésite pas à les allumer, ça lui plait. Mais quand ça va trop loin, stop ! Elle n’est pas prête à franchir le rubicond.
Ils arrivent maintenant dans le passage du sous sol. Il n’y a plus de lumière depuis longtemps. Ils se dirigent à la lumière de leurs portables. Le couloir sent la pisse, ça ne dérange pas Lola. En marchant elle aime, comme à chaque fois, regarder la danse de son ombre sur les murs taggués et bombés. Son ombre légère projetée par la lueur de son portable. C’est d’ailleurs ce jeu d’ombres qui a donné son nom à la bande, « Le Gang des Ombres ». Ce jeu d’ombres c’est aussi le signe qu’elle va bientôt retrouver le reste du groupe.
Quand Freddy et Lola arrivent, les copains sont là. Ils ont déjà commencé à picoler et à fumer. Le radio CD portable, posé à même le sol braille un rap saccadé, rythmé de beats et de scratchs. La pièce est éclairée par quatre à cinq bougies posées ça et là et diffusant une lumière vacillante.
Lola s’installe à sa place, à l’extrémité du divan. Freddy ne la rejoint pas. Il a le regard livide.
Elle ne l’a jamais vu comme ça. D’un simple signe de tête, il donne comme un signal. Tout le groupe se précipite sur elle. Elle est violemment agrippée et tirée en arrière, une main ferme se plaque sur sa bouche pour l’empêcher de crier. Mais dans un sursaut elle se met à hurler à s’en déchirer les poumons. Elle n’a pas vu le coup venir mais elle comprend très bien ce qui lui arrive. Elle a osé résister à Freddy, voilà la punition, il la jette en pâture à sa bande, à son gang des ombres.
Totalement immobilisée, elle n’a plus de larmes, elle subit. La lumière des bougies projette les ombres de ses bourreaux sur les murs et le plafond. Ces ombres qui virevoltent et qui lui donnent le tournis. Elle s’évanouit.
Quand elle revient à elle, Lola ne s’attarde pas sur sa douleur, la douleur déchirante qu’elle ressent au plus profond d’elle-même. Tout est calme, il n’y a plus personne. Il fait sombre il ne reste plus qu’une seule bougie à la lumière chancelante. Lola, privée de son honneur et de sa virginité, se rajuste machinalement, avec le désespoir et ces ombres dansantes, comme seules compagnes.
Quand sa « petite pute » rentrera, son père lui balancera une paire de claques. L’habitude !
Dialogue avec mon ombre… (EVP)
Ah ! Mon ombre, tu n’es vraiment pas une lumière !
Tu restes derrière moi à broyer du noir de fumée.
Et quand tu veux grimper sur moi toute entière,
Parce que tu te prends pour une ombre portée !
Va donc plus loin, seule ombre à mon tableau,
Je te chasse sans l’ombre d’un regret ni d’un remord.
A l’ombre des jeunes filles en fleurs, il fait beau,
Lâcher quelque Proust discret ou bien sonore.
Parfois tu m’allonges fine et mince sur l’asphalte,
Croyant ainsi m’amadouer, tu me flattes,
Mais sitôt le soleil couché, tu te carapates.
Arrête, je te prie, de médire dans mon dos,
De porter ombrage à mon volume en trop.
Je l’assume, enfin, surtout les yeux bien clos.
Savez-vous ce que répond la triste péronnelle ?
Je ne suis, après tout, que l’ombre de toi-même,
Si je te fais peur au coin du bois, ma belle,
C’est que tu es aussi trouillarde que moi-même.
Quant à assumer tes formes trop girondes,
Il fait beau voir avec les yeux fermés !
Va donc, femmelette, à la langue si féconde,
Regarder le miroir tes lunettes sur le nez !
Dans la lumière crue de la salle de bains,
Là où, pour de bon je n’apparaîtrai point,
Tu pleureras misère et tout le vieux tintouin !
Tu me chercheras sous ta main, sous ton chien,
« Ne me quittes pas » chanteras-tu sans fin,
Bonne fille, je serai là, apaisant ton chagrin.