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Le défi du samedi
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29 juin 2019

Défi #566

Un petit truc couleur ciel de vacances...

Morbleu !

 

5661

 

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29 juin 2019

Ont fait jaillir la lumière

29 juin 2019

celle qui fait déborder le vase (Emma)

29 juin 2019

La fête au village (maryline18)

 

-" Tu danses ?"

Tu étais beau dans ton habit de fête, l'invitation était plaisante. L'orchestre attaquait par une valse lente, comme intimidé par nos pas hésitants. Tu voulais te distraire et moi je savais valser, l'occasion rêvée pour improviser... Tu m'as enlacée, bien décidé à mener la danse, mais te souvenais-tu des pas à compter ? " Un, deux, trois ; Un, deux, trois..." Je comptais tout bas. Je fermais les yeux sur tes mauvais pas.

Dans tes bras, la place du village semblait si belle, les lampadaires, tels des projecteurs, sublimaient notre aisance. J'étais en confiance et toi, tu souriais. " Un, deux, trois..." Ma jupe évasée tournait et je riais ; qui emportait l'autre dans ce tourbillon de bonheur partagé ? Il me semblait qu'on aurait pû tout danser : tango, lambada..., jusqu'à ce que tu regardes, hélas, ta montre !

D'un simple claquement de doigts, tu arrêtas la musique et s'éteignirent les lumières incandescentes de la " fête au village". Même les étoiles disparurent à cet instant précis. Les danseurs, tout autour de nous, se séparèrent, presque génés de s'être laissés emporter par cette musique entraînante. Il se faisait tard, bien trop tard...

L'heure n'était plus à la frivolité, il fallait rentrer. Retrouver ses habitudes rassurantes. Chacun rangeait ses éblouissements, ses pas de côté, ses rêves. Sans protestation, aucune, la nuit prit son poste et la lune, son tour de garde. Tout était en ordre.

Le jour se leva et m'offrit sa beauté triste. Les coquelicots étaient toujours aussi rouges, le ciel aussi bleu, les nuages aussi blancs. Privée de sommeil, je comptais encore : " Un, deux, trois ; Un, deux, trois..." Je saisis un abricot dans la coupe à fruits et le mangeai. Il n'avait aucun goût. Je m'entendis demander tout haut : " Mais quand les abricots retrouveront-ils leur goût ?"

 

29 juin 2019

Paysages aux lampadaires (Laura)

 

Les paysages aux lampadaires sentent  la Belle époque comme le "Boulevard Montmartre[1]."
Avec la prospérité de la ville, viennent les voitures, le progrès, la modernité selon Baudelaire.
Murmurer des poèmes de cette époque, Georges Rodenbach, ses "Réverbères[2]."
Plus expressionnistes sont les lampadaires du même quartier de Van Gogh[3], personnages
Au premier plan d'un paysages, les lampadaires éclipsent les promeneurs derrière.
"Des trottoirs de Broadway[4]" , le réverbère éclaire le monde comme les poètes.
Avec des mots ou des images, l'artiste même ténébreux comme Caravage est lumière;
Il représente  le monde comme nous le voyons ou pas, ou comme on l'espère
Représenter le paysage tel que nous le craignions est aussi son rôle non grégaire.
En découvrant de nouvelles œuvres écrites ou picturales, le lampadaire[5]
Signé Giacomo Ballà avec son arc, l'industrie, les phares et les gares. 

 


 

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29 juin 2019

Ombres et lumière (Lecrilibriste)

 

C'était la nuit de Noël. Louisette avait voulu aller à tout prix à la messe de minuit avec sa Mère et sa Grand-Mère , malgré leurs essais de dissuasions car ce soir là, elles avaient droit aux « trois messes basses » comme dans le conte d'Alphonse Daudet que la Maman de Louisette lui avait lu .

C'était une histoire de diable qui faisait un peu peur et Louisette n'aimait pas le diable. Elle avait bien déjà cru remarquer ses oreilles en haut de la grande armoire de la cuisine, dans le bouquet de la mariée qui ornait le fronton sculpté  et elle en détournait les yeux croyant qu'il la regardait. Et sur le livre de « La Miche de Pain », elle avait tellement gratté l'image du diable à côté de l'ange gardien qu'elle avait fait un trou dans la page... Mais là, aux trois messes basses, protégée par sa Mère et sa Grand-Mère, elle voulait en avoir le cœur net et voir ce qui allait se passer avec cette histoire de diable qui tentait Dom Balaguère parce qu'il était trop gourmand.

Elle avait lutté contre le sommeil pour guetter avec beaucoup d'inquiétude et une grande curiosité l'enfant de choeur qui était Garrigou, sans aucun doute, ainsi que le curé qui officiait pour voir s'il n'allait pas trop vite pour dire la messe. Du coup, elle avait été sage pendant les trois messes trop occupée à remarquer toute marque de précipitation de la part du curé ou de tentative de corruption de la part de Garrigou . Sûr que le diable était encore dans l'air ce soir là ! Louisette en frissonnait, dans un mélange de désir et d'effroi, imaginant qu'il allait apparaître d'un moment à l'autre.

Pourtant rien ne se passa comme elle l'avait prévu...

Mais quand elles furent toutes trois dans la rue Florent, où Louisette, selon sa chère habitude sautait sur les bordures du trottoir sans mettre le pied sur les séparations de la bordure- c'était un rituel dont il ne fallait pas déroger - si elle voulait par exemple - avoir une tasse de chocolat en rentrant - ou que son frère lui prête ses billes – ou qu'on ne l'envoie pas ramasser les doryphores dans une bouteille d'eau – ou que son escargot allait gagner la course - Bref ! Toutes ces petites choses qui devaient marcher, à condition qu' elle ne pose pas les pieds sur les rainures des bordures du trottoir.

C'était la nuit de Noël, donc, ce soir là, sa demande expresse aux bordures du trottoir était - si je ne marche pas sur les séparations, le Père Noël aura déjà posé les cadeaux -

Mais en passant sous un réverbère, alors qu'il n'y avait pas d'ombre, son ombre apparut soudain devant elle, puis alors qu' elle avançait, se mit à rétrécir, rétrécir , rétrécir et plouf, elle disparut. Elle se retourna, l'ombre était derrière. Elle continua à marcher, cette fois sans faire attention aux bordures et incroyable, l'ombre réapparut devant, se mit à rétrécir, rétrécir, rétrécir et plouf, repassa derrière. Alors là, c'était Sûr ! le diable lui faisait une farce , il était là.

Délaissant la bordure, elle vint se réfugier entre Mère et Grand-Mère et leur prit la main, mais elle vit le phénomène se répéter avec cette fois, trois ombres qui apparaissaient, diminuaient et plouf, passaient derrière et revenaient. Et Maman lui dit, « Regarde Louisette comme c'est drôle, nos ombres qui dansent et qui passent tout d'un coup derrière quand on passe devant la lumière d'un réverbère ! »

C'était donc ça ? C'était seulement la lumière du réverbère qui faisait ça ? quand on passait dessous ?… Et pas le diable ?

Rassérénée, Louisette lâcha les mains et repartit sauter sur les bordures du trottoir en regardant fascinée son ombre danser devant puis disparaître et revenir soudain chaque fois qu'elle passait sous un réverbère dans cette belle nuit de Noël.

 

29 juin 2019

La jarretière (Vegas sur sarthe)

 

Mais qu'est-ce qui m'a pris d'accepter la clope de ce gros endimanché?

Suite à une sérieuse baisse de mes revenus j'avais depuis trente ans tiré un trait et un dernier cigarillo sur vingt ans de cotisation assidue à la Seita.


Je viens de rendre avec ma bile toute cette bouffe qui a dû leur coûter un bras, un vrai gâchis sur cette plage de sable immaculée ; ça doit se voir du ciel pour un oeil exercé et surtout pour les mouettes!

Oui sur les îles désertes les mouettes ricanent et voient clair, sur les îles désertes le sable est toujours immaculé, les cocotiers toujours penchés du même côté sous le vent  et parfois même sur l'horizon un paquebot vient droit vers toi au cas où t'en aurais marre de jouer les Robinson.

Ici y'a rien que moi, du sable souillé et un seul cocotier raide et dur comme du métal qu'on croirait un lampadaire.

Y a que moi pour tomber sur une île déserte avec un lampadaire !
Qu'est-ce qui m'a pris de fumer cette daube ?

A ma place, un vrai Robinson aurait déjà fait l'inventaire de ses poches, fait douze fois le tour de l'île à cloche-pied et construit un casino avec hammam et tout le toutim.
Dans une de mes poches j'ai la note du loueur de costume, enfin ... du déguisement de pingouin, un pingouin sur une île déserte c'est plausible.
Dans l'autre poche il y a une sorte de dentelle élastique que je tripatouille depuis un moment – ça y est, ça me revient – c'est la jarretière que cette vicelarde avait remontée en haut de sa cuisse.
Ah ça la faisait marrer que je la pelote sous le fatras de ses jupons et lui aussi ricanait, son gros endimanché de mari qui savait bien qu'elle avait été ma meuf et que c'était la toute toute dernière fois que je la tripotais.

J'ai l'estomac – du moins ce qu'il en reste – qui refait des siennes rien que d'y repenser; on devrait obliger les mariées à porter une culotte.
Les mouettes reviennent comme au self. Allez-y les filles, c'est gratos, c'est l'endimanché qui régale.
D'abord qu'est-ce qu'il a de mieux que moi ce bâtard? Une très grosse 'situation' comme disent ses vieux? Comme si on mesurait les sentiments à la taille de son job! (Voilà que je zozote maintenant)

Mais qu'est-ce qui m'avait pris de la tirer? On vous l'offre sournoisement avec un petit sourire complice, qu'elle soit brune ou blonde – on n'est jamais vraiment sûr de la teinte sous l'emballage – en vous affirmant qu'une petite ça compte pour du beurre, alors vous la tétez, vous la cramez jusqu'au bout entre deux choux à la crème, dans la moiteur d'un costume de pingouin, les tristes bulles d'un mousseux pas frais et les canards de 'Riquita' que l'oncle Alfred fait jaillir de son piano à bretelles... et pour finir en apothéose vous voilà à cracher vos tripes sur une île déserte.
Avec le pot que j'ai toujours eu, cette île est foutue d'abriter un Vendredi; j'imagine qu'il sera collant et du genre phoque mais je n'ose imaginer le fruit d'un croisement avec un pingouin!
J'avais rêvé ça autrement... j'me dis que j'aurais pu avoir le dessus sur le gros endimanché, j'aurais esquivé sa méchante droite à la Cassius Clay, j'aurais récupéré ma Fiat Panda qui aurait peut-être tenu le coup jusqu'à mon mobile-home, j'aurai enlevé la mariée vicelarde et on aurait fini le mousseux pas frais, elle et moi tranquilos loin des convives.
Des convives... Mort aux cons et aux convives!!

Le lampadaire a perdu de sa raideur, celui-là a comme deux bras musclés qui me remettent sur mes guiboles et il me dit en langage lampadaire :"ça va mieux?"
Des réverbères qui parlent, j'en avais pas vu depuis ma mémorable cuite de France-Brésil en 98 et c'est marrant parce que cette nuit-là on s'était juré de plus s'quitter elle et moi.

Y'a bien longtemps que j'm'étais pas entendu rigoler comme ça, j'entends plus les vagues ni les mouettes, juste mon estomac.
Le lampadaire insiste : "Vous avez pas l'air dans votre assiette. Y'a un hosto pas très loin"
Il aurait jamais dû parler d'assiette avec des chaussures de location à ce prix-là! C'est fou c'que ça peut contenir un estomac.
Dégoûté, mon lampadaire s'est tiré et je reste comme un con de pingouin qui aurait trouvé une jarretière et qui ne sait pas d'où ça vient ni à quoi ça peut servir.
Maintenant que j'y pense, à quoi ça sert une jarretière à part foutre la merde ?
Un hosto sur une île déserte? Y s'est bien foutu d'ma gueule, ce lampadaire.
 

29 juin 2019

La fille du bar (Pascal)


Tous les matins, quand elle se gare devant la vitrine du bar-presse-tabac, sa grosse bagnole frotte contre une haie d’épineux et cela ne semble pas la déranger. Pourtant, la carrosserie morfle ; de ma place, j’entends distinctement les griffures geindre et s’allonger sur la peinture de l’aile…  

La quarantaine ? Sans doute. Le dos voûté, sa démarche est usée, ses traits sont tirés comme si elle était déjà fatiguée de sa journée qui n’a pas encore commencé. Quand elle rentre, un instant, c’est un peu la vedette du spectacle, la diva.
Ici, comme dans un théâtre, chacun est à sa place. Le pochtron tient son pilier, le livreur de bière recompte ses fûts, la tenancière ses sous, et des retraités à vélo parlent toujours de leur itinéraire montagneux sans jamais s’en aller. Italiens, turcs, maghrébins, arméniens, il y a aussi les gratteurs de Millionnaire ; à la place de leurs cartons, si on leur mettait des instruments de musique sous les doigts, ce serait un grand orchestre international révisant la symphonie de la Française des Jeux…   
Elle bise les habitués, serre quelques mains et jette négligemment son sac à ses pieds. Sans le montrer, elle cherche sa silhouette dans les reflets des glaces du bar et elle y arrange sa chevelure d’un geste machinal. Parce qu’elle n’a pas encore bu son café, je la sens plutôt prête à rentrer dans le lard à quiconque pourrait la contrarier ; elle n’est pas le genre de personnage qu’on a envie d’approcher.
Un peu voyeur, un peu moqueur, je la regarde plutôt comme un animal de foire ; on dirait qu’elle porte son sac d’emmerdes comme un fardeau quotidien ; aller au boulot, ce n’est pas son truc…

Il y a des femmes qui s’assument en tant que femmes ; féminité, charme, séduction, c’est dans la panoplie naturelle de leur condition. Vêtements, coiffure, parfum, maquillage, talons, etc., en sont les atours, les outils d’ensorcellement qu’elles portent au quotidien. La mienne (celle qui vient d’entrer dans le bar) a de la peine à s’assumer en tant que femme. Sans être hommasse, elle a quelques difficultés avec son arsenal vestimentaire. Un peu ronde, elle n’a pas la taille pour être à la mode, alors elle a adapté son style à sa convenance et le goût n’est pas au rendez-vous.
Comme il est malséant à un ouvrier d’entrer dans un lieu public avec sa combinaison de travail toute dégueulasse, je lui trouve l’inconvenance de ne pas être à la hauteur de sa qualité de femme. Mais elle s’en fout ; la considération des autres, c’est un sujet qui ne l’effleure pas. La femme libérée a le laisser-aller des hommes.
Après tout, peut-être que les mâles, ce n’est pas son truc ; peut-être que les canons de la séduction actuelle ne sont plus ce qu’ils étaient hier ; peut-être qu’elle ne cherche pas à séduire. Pourtant, elle porte quelques affiquets multicolores qui brillent, qui brinquebalent ou pendent comme des trophées de bazar, autour de son cou et de ses poignets.   
Un instant, elle attire l’œil, elle soulève l’intérêt mais il est de courte durée. Quand elle fait des efforts de déguisement, c’est d’une élégance plus que relative ; le haut et le bas sont dépareillés, le ventre dépasse, les chaussures sont inadaptées. Je me dis qu’elle n’a peut-être pas eu le temps de choisir dans sa garde-robe le vêtement le plus approprié à sa journée ; je crois plutôt qu’elle attrape ce qui lui tombe sous la main pour s’habiller en vitesse…  

Récemment, elle avait endossé un chemisier avec un décolleté largement échancré ; le soutien-gorge trop petit qu’elle portait faisait déborder sa poitrine dans une ampleur grassouillette et moche, à mille lieues de ce qu’il aurait dû laisser entrevoir.
Un jour, elle avait enfilé un jean tellement serré qu’on voyait l’empreinte de son sexe saucissonné entre les coutures du tissu. Une autre fois encore, la robe blanche et vaporeuse qu’elle portait laissait facilement entrevoir un minuscule string noir, perdu dans le mouvement ondulatoire des fesses de sa détentrice. Non, elle, ce n’est pas le charme qui l’enveloppe ; si elle crée le silence sur son passage, ce n’est qu’au prix de la vulgarité et elle en détient la palme du bar.
Aussi, en mode licencieux, les hommes la regardent, non pas pour ce qu’elle de beau mais plutôt comme une suggestion équivoque, un interlude à fantasmes lubriques, dans l’environnement matinal.
Sur la scène, le teint couperosé, malgré son blanc, le pochtron vire au rouge, le livreur de bière a les yeux qui piquent, la patronne intègre recompte encore ses sous, et les cyclistes parlent de montagnes et de vallées en enroulant, du bout de leurs doigts, une moustache en guidon de vélo qu’ils n’ont plus. Il y a même des soupirs sur la partition des joueurs invétérés…  
 
Elle prend ses jeux à gratter, son paquet de clopes au tabac et, plan-plan, elle file s’installer à une table, à l’extérieur ; quelques minutes plus tard, le serveur lui apporte sa tasse. Ce matin, un bandeau en faux léopard ceignait de guingois son front, en retenant ses cheveux dans un ordre imaginaire ; son tee-shirt, abandonnant les impressions racoleuses du fabricant, avait imprimé toutes les formes de sa maîtresse ; boudinée dans un pantalon trop serré, elle arrivait pourtant à marcher en se déhanchant sur la pointe de ses souliers à fines semelles. Dans son safari matinal, était-elle le tendre gibier ou la terrible chasseresse ?...  
Et si son charme, c’était justement de ne pas en avoir ! Les femmes ont tellement de sortilèges pour arriver à leurs fins ! Sans avoir l’air d’y toucher, elles nous jettent leur poudre aux yeux ! Un jour de faiblesse, sans avoir rien compris, on se retrouve au pilori, piégés, attachés par leurs tentacules ! Brûlés par leurs yeux de braise ! Hypnotisés par leurs formes captivantes ! Bagués comme des vulgaires oiseaux sans envergure ! Et un soir, un soir, entre le froid et les courants d’air, la crève qui couve et les pieds glacés, tu te retrouves comme un c… à attendre que son petit chien pisse contre un lampadaire de la rue !... Moi, je ne supporterais pas de voir les estafilades sur les ailes de la bagnole ! Parce que du consommable à trente-cinq mille euros, je n’en ai pas les moyens !...

Quand elle a rejoint la terrasse, il ne reste derrière elle qu’une vague odeur de sueur mélangée à un parfum qui devait être délicat… avant de rencontrer sa peau…  

29 juin 2019

Conseil d'amie (Joe Krapov)

L’amiral ou l’adjoint au maire
Si jamais tu voulais leur plaire… ;

Si tu rêves de les emplir,
L’un ou l’autre de ces malades,
L’un aride et l’autre impala,
Du désir d’être ton mari ;

Si tu souhaites qu’on t’admire,
Si tu désires te faire aimer
Si tu veux te pâmer en prime
- Pardi, c’est humain après tout
Et tout le monde est bien pareil ! -
Change d’allure sans délai !

 

2019 06 28 - Isaure en robe à damier pour DDS 565

Quitte l’ample robe à damier,
Ton plaid à l’allure mariale
De paria de la séduction
Et cette armada de bijoux,
- Palme d’or, violettes de Parme -
Sous lesquels, oiseau de parade,
Prima donna de mardi gras,
Tu sembles un palmier du Mali
Atteint d’une maladie rare !

De ce look « trop » on médira,
Sois en sûre, et rira aux larmes
Et toi cela te déplaira
Tu t’en feras un nouveau drame.

Ton naturel parle pour toi.
Nul besoin d’un cœur en alarme.
Sans ces drapés tu n’es pas laide
Et si tu permets que je t’aide
L’idéal serait que tu sois
Simplement nue sous un imper !

Madre mia ! Qu’on t’aimera !
Comme ton corps seul plaidera
Pour que sur le dernier palier,
Je le parie, rapide raide,
L’élu de ton cœur, en péril,
Accroché la main à la rampe,
Derrière ton look à pâlir
Soit proche de l’apoplexie !

Sûr, la simplicité paiera
Ta beauté seule gagnera
Pour ton triomphe sans péril
En toute gloire.

Et surtout, surtout, c’est plié,
Pas de maquillage outrancier !
C’est la plaie : ça t’ fait ressembler
A un lampadaire de Noël !

 

29 juin 2019

Lampadaire, l'autre pas (joye)

Un dromadaire

dromedary

Milliardaire

Tomba amoureux de

Son frigidaire.

fridgidaire

Luminaire,

Le frigo aimait sa bosse

Colosse

hump

Et lui aimait son ampoule

Cool.

ampoule 

Ils s’épousèrent,

Et, tant qu’à faire,

 hearts

Leur enfant naquit

Lampadaire.

lampadaire rouge

29 juin 2019

Les lampadaires par bongopinot


Le long de mes parcours
Ils accompagnent mes pas
Avec lui moins de peur de tracas
Et ça jusqu’au lever du jour

Un autre est là dans ma maison
Auprès de nous il éclaire nos vies
Et diffuse une lumière de génie
Pour être tous à l’unisson

Il enveloppait aussi ma mère
Dans son halo elle tricotait
Cette image me restera à jamais
Comme tous ces moments ordinaires

Il a vu aussi grandir mes enfants
Allongées près de lui elles dessinaient
Elles jouaient ou bien lisaient
Et aujourd’hui il est toujours présent

29 juin 2019

Je ne m'y retrouve plus (Walrus)


J'ai toujours eu tendance à me laisser porter par mes impulsions, aussi ai-je lâché "Lampadaire" sur le blog sans trop y réfléchir.

Et là, subitement, je me demande si le sujet n'a pas déjà été traité.

Comme vous le savez, ou pas, nous disposons sur ce blog d'un lien pointant vers la liste des sujets déjà proposés aux participants.

w565

(Ouais, depuis que j'ai des problèmes articulaires à la main droite, j'utilise la souris de la main gauche, comme le yoga du même nom)

J'ai donc consulté la liste et... je n'ai rien trouvé !

Pourtant, j'avais le souvenir vague d'une photo où la lanterne d'un lampadaire émergeait de la ramure aux branches retombantes d'un arbre. Je me suis donc mis à descendre le fil monotone de mes participations.

Lorsque vous n'avez plus la moindre idée de quand vous pouvez bien avoir pondu le texte que vous pensez, peut-être à tort, avoir commis, un angoissant dilemme se pose à vous : arriverez-vous à le retrouver plus rapidement en remontant ou descendant le flux de vos billets ?

Comme je l'ai signalé, j'ai choisi de procéder en descendant depuis la source et j'ai fini par mettre les yeux dessus (il s'agissait d'un sujet où l'on devait se transformer en un objet) :

Pour un simple regard (Walrus)

Sachant :

  • que cette connerie concernait le défi 188
  • que je n'ai commencé à participer, poussé dans le dos par la bande à Val, qu'à partir du 24ème défi
  • que le nombre total de mes participations est actuellement de 430
  • que quand j'ai omis de jouer c'était surtout lorsque je n'étais pas responsable du blog
  • que nous en sommes au 565ème sujet

Pouvez-vous éclairer ma lanterne et confirmer, chiffres à l'appui, que j'ai choisi la bonne option de recherche ?

Merci beaucoup !

29 juin 2019

Le LAMPADAIRE (Venise)


Au pied du lampadaire je n’avais pas trouvé une Licorne, pas de pomme d’or non plus.
Mais j’ai ramassé un étrange billet de train.

PARIS VALPARAISO en première classe/ départ immédiat.
 J’étais amusée car une gare au pied de ce lampadaire était une aberration ..
Un train pouvant faire un trajet Paris Valparaiso était si improbable que j’ai souri, amusée.
Une blague sans doute de la SNCF ou d’un cercle de poètes disparus sans doute.

Le lendemain sous ce même lampadaire un autre billet de train était vaguement éclairé.
Celui-ci affichait   Paris Moscou arrêt 10mn à Mexico .
Cette fois-ci le destin insiste me suis-je dit.
Ce questionnement déplaça sans doute mon centre de gravité car je perçus vaguement dans la brume un train qui arrivait et qui effectuait un arrêt sous le lampadaire.
Puis ma raison ayant pris le dessus le train s’évapora comme par magie et le lampadaire imperturbable s’éteignit
Je vous passe le remue-ménage dans ma tête qu’avait provoqué cette apparition.
Ce matin je saisis le billet de train qui était à nouveau sous le lampadaire.Le train apparut aussitôt et une allée de lampadaires accueillaient celui-ci dès son entrée en gare.

v

Des passagers souriants disparurent dans la brume et je fus emportée par une nuée d’ados tous inquiets de rater le départ du train.
Assises avec eux je tendis le billet de train trouvé sous le lampadaire et je lus tout étonnée la destination.
‘Vers les étoiles ‘ tiens dit le contrôleur en se saisissant du billet Madame a de la chance s’est -elle qui décide de notre direction aujourd’hui.
Les enfants impatients de connaitre le voyage tournèrent leur regard vers moi.
 La lune dis- je en riant.
J’ai alors vu le train se soulever dans l’air alors que la Lune nous souriait impatiente de notre visite.

v2

 

22 juin 2019

Défi #565


Penchons-nous sur le

Lampadaire

 

5651

 

22 juin 2019

Sont quittes de leur kit

22 juin 2019

Kit (Laura)

 

Pour certains,  les meubles à monter sont des épreuves entraînant des colères sans limites;

Pour d'autres, c'est juste une tâche de la vie, voire un jeu, ils méritent  bien un accessit.

Pour ma part, je n'ai pas besoin de kit de survie si je t'ai toi et un livre  qui m'agite.

Si notre rencontre fut fortuite, notre couple s'est construite comme un vrai kit:

De la souffrance, des colères, de la patience, des déménagements et des coïts.

Tu sais(presque) tout faire et dans les situations critiques, mon admiration, tu mérites.

Moi, j'ai dans la tête des prétérits,  des préraphaélites, des choses qui se récitent.

Tu m'as donné du sens pratique et je t'ai donné le goût des musées qui m'habite.

Parfois, on s'irrite, on évite, on essaie au moins mais jamais on se quitte vraiment.

Car tu es mon mari, mon amant, mon ami, mon compagnon, mon satellite.

Et autour de toi, j'oublie d'être une ermite et comme une lune, je gravite.

Tu m 'habites, m'invites, tu es mon kif, mon tout, mon toi, mon kit

Même quand on n'avait plus rien, tu étais là et même notre vie en kit

N'était rien dés que je t'avais, toi et un livre car sans vous, je suis en kit.

 

22 juin 2019

Kit (Vegas sur sarthe)

 

Procrastiner je crois que c'est remettre à deux mains ce qu'on peut faire avec une seule

J'en étais là de ma masturbation intellectuelle quand Germaine a déboulé sous l'appentis où je poursuivais le montage de ma tondeuse à gazon en kit.
Tu sortiras les poubelles, chou” m'a t-elle susurré de cette voix de crécelle dont raffolent les voisins à l'heure de la sieste alors que je cherchais bêtement la mèche de la bougie.
Je n'ai jamais compris pourquoi la délicate opération de transport des poubelles est le propre de l'homme alors que la vue de mains féminines cramponnant les anses et celle d'une croupe vacillante au bord du trottoir sont un ravissement pour les yeux... bref je venais d'écoper de cette corvée rébarbative et dégradante pour un mâle normalement constitué.

Tu sortiras les poubelles, mon petit chou” répéta t-elle en écho tandis que l'homme au sommet de son art s'essuyait le front d'un ample revers de main crasseuse, soulignant ses rides viriles d'un sillon de cambouis qu'aurait envié Jean Gabin dans la Bête humaine.
J'eus alors droit à un baiser fougueux doublé d'un balayage de cheveux embroussaillés aux fragrances head&shoulder Air fresh car ma Germaine le vaut bien.
Je compris que pour elle la coupe était pleine et sans doute aussi les poubelles.

J'ai marmonné un “J'le f'rai demain” auquel a répondu un “Demain, ça s'ra trop tard” et j'ai repris mon autopsie: chant stérile, clés à haleine, compresses ou plutôt sparadrap, Chatterton ; Germaine m'observait, admirative mais surtout impatiente.
Depuis le premier jour j'avais aimé cette ténacité chez Germaine, cette manière de camper sur sa ligne de front avec ses yeux revolver prêts à défourailler, sa choucroute blonde à la Pamela Anderson et ce tremblement de la lèvre inférieure qui ôte toute envie de quémander un baiser.
C'est ainsi que je l'aime... rebelle, belle et rebelle – c'est marrant, ça rime avec poubelle – indomptable!
C'est le mot qu'elle emploierait mais je préfère têtue.
Têtue c'est moins blessant qu'incurable et je n'ai pas envie de la blesser à cet instant crucial où je sens que cette foutue tondeuse à gazon va finir au fond du garage avec l'aspirateur en kit, le banc de musculation en kit et tous ces objets qui se ressemblent mais ne s'assemblent pas.
Rien ne ressemble plus à un kit qu'un autre kit, un ensemble de pièces détachées destinées à être attachées au moyen d'une notice alambiquée, bref c'est l'instant que Germaine choisit pour entamer les négociations à coups d'arguments crescendo:
et que les éboueurs passent demain matin à cinq heures pétantes
et que si on manque l'heure pétante il faudra se farcir dix bornes jusqu'à la déchetterie qui sera fermée
et que tous nos voisins eux ont déjà sorti leurs poubelles
et que si la tondeuse finit par démarrer il y aura de l'herbe coupée à jeter dans une poubelle pleine

et pour finir, l'argument qui tue: sa mère arrive ce soir et elle ne supportera pas une odeur de rat crevé!

J'évacue son sarcasme sur mes capacités à monter un kit car j'ai une bonne raison de m'étrangler: “Ta mère débarque ce soir?”
Les yeux revolver crachent le feu façon Kalachnikov :”Ma mère ne débarque pas... elle nous rend visite”
Je ne me risquerai pas à faire une comparaison entre un débarquement et l'arrivage de trois grosses valises et deux labradors séniles.

La prochaine fois, si j'ai le choix je choisirai une auto-portée”
Germaine explose :”En vingt ans t'avais jamais parlé comme ça d'ma mère!”
Le tournevis m'échappe des mains :”Euh... j'parlais d'la tondeuse, poussin”
Poussin ravale un sanglot, remet de l'ordre dans sa choucroute et resussure :”Alors tu vas me les sortir ces poubelles, hein chou?”

Le marteau est parti tout seul. Je le jure

 

22 juin 2019

J'aime les kits ... (Lecrilibriste)


Au milieu de tous les kits
j'aime les kits insolites
dont la notice explicite
ne pose aucune limite
et montent grâce au mérite

Quitte à me répéter
j'adore  les kits à monter

J'ai trouvé un kit
d'un beau site poétique
qui proposait  une suite
de petit's phrases inédites
présentant des rimes en ite

Quitte à me répéter
j'adore  les kits à monter

J'ai foncé sur la pépite
fortuite et cosmopolite
de cette aubaine émérite
d'un bon père archimandrite
et aujourd'hui j'en profite

Quitte à me répéter
j'adore  les kits à monter

J'ai enfin monté le kit
d'une  guérite composite
pour un ami annamite
qui voulait mettre en orbite
un kilo de dynamite

Désolée de vous quitter
la guérite a explosé ...

22 juin 2019

Tempête de grêle (Pascal)


Ce matin, les visages sont tendus, les traits sont tirés, les yeux sont cernés ; la nuit a été courte et pleine de réflexions sur la relativité de l’existence. On était riches de tout ce qu’on possédait, de tout ce qu’on avait entassé, à force de crédits et de privations et, tout à coup, on apprend à faire sans. On prend connaissance du vide, on philosophe, on se dit qu’on est survivants, et n’est-ce pas le plus important ?...  

On va chercher dans la mémoire des plus anciens le même chambardement mais on ne trouve pas l’inconscient réconfort du déjà vu. On se croirait l’an zéro, à l’aube d’une nouvelle ère où tout est à reconstruire, où tout est à refaire. Tout à coup, nous sommes les précurseurs de cette catastrophe surnaturelle ; nous ferons date, on fera appel à notre mémoire pour justifier, à l’avenir, pareille calamité. On prend la mesure du pouvoir de la nature et, inversement, celle de notre insignifiance terrestre. C’était une bourrasque chargée de haine et de grêlons épais, d’injures et de tourbillons venteux, remplie d’une indicible noirceur effarante, plus sombre que la nuit la plus épaisse…  

Hier, l’enfer avait entrouvert ses portes ; son pouvoir dévastateur est bien plus fort que toutes les prières réunies ; le Mal a encore de beaux jours devant lui pour nous les rendre plus funestes.
En ville, les voitures sont martelées d’impacts, les pare-brise, les lunettes arrière et les fenêtres des portières n’existent plus. Les platanes de l’avenue Jean Jaurès sont tous mâchurés ; les vitraux de Saint Barnard ont été mitraillés par une inquisition aveugle et revancharde. À l’intérieur du monument, les débris de verre en couleur sont comme des étincelles de procession sans flamme. Les gouttières des toitures sont agonisantes, les vitrines des magasins ont volé en éclats, les bâches se sont envolées, les oiseaux se taisent et cherchent leurs nids et leurs petits…

Partout, il règne une atmosphère de désolation. C’est un cauchemar grandeur nature ; on voudrait se réveiller, remonter le film à l’envers et reprendre le tournage, ou bien couper la pellicule, enlever ce terrible fait divers. On voudrait sauter cette journée, revivre le mois sans ce quinze juin assassin.
Égarés, les gens errent dans les rues ; personne n’arrive à réaliser l’ampleur du fléau qu’ils viennent de subir. Ils cherchent dans le malheur des autres à atténuer le leur, ils se regroupent pour partager des mots simples de réconfort.
Abrutis d’épouvante, ils regardent le ciel, inquiets de ce petit nuage ; ils sursautent à la porte qui claque dans un courant d’air ; ils rentrent la tête au moindre coup de vent. Le traumatisme court dans les veines de tous ; il faudra des années pour soigner nos plaies…

À la campagne, au jeu du massacre, dans les traces de la tourmente assidue à la destruction, les paysages sont apocalyptiques. Des tonnes d’abricots jonchent les rangées d’arbres ; des noyers sont déracinés, des champs de maïs sont hachés ; il y a même des cultures dont on ne pourrait plus dire ce que c’était. D’innombrables floquets d’arbustes jonchent la route ; elle en devient un chemin aux contours approximatifs. Il y a des villages alentour où toutes les maisons sont bâchées. Des poteaux électriques sont renversés ; ils ont emporté avec eux leurs fils et c’est un enchevêtrement inextricable qui pendouille dans leurs armatures ; on voit des camions de pompiers qui sillonnent la campagne…  

Dans le petit bar, rescapés du bombardement, les gens sont hagards ; zombis, encore terrorisés, ils sont les tristes héros d’un mauvais scénario et ils se regardent comme des survivants. Tous les sinistrés se resserrent ; chacun voudrait puiser un peu de compassion dans le regard de l’autre mais il ne lui amène que ses propres misères, comme un écho plus puissant de détresse. Ici, on recherche le pansement des mots consolateurs ; là, on retient ses larmes parce qu’il nous reste des bribes de pudeur, pas encore arrachées par cette maudite tempête.
Les uns quantifient le drame, ils parlent d’assurance, du nombre de tuiles cassées et des vitres des vérandas explosées ; parce qu’il faut rapporter son malheur sur quelqu’un d’autre, ils en veulent même au maire comme s’il était le responsable de cet holocauste. Les autres se taisent parce qu’il n’y a rien à dire, parce qu’ils ont trouvé ici plus sacrifié qu’eux ; on garde son affliction comme une maladie intérieure et on va se la soigner en solitaire, avec les onguents des pertes et des profits…  
Et moi, qui me plains parce que j’ai seulement deux vitres pétées à la maison ; j’aurais l’air malin si moi aussi j’argumentais mon malheur, au milieu des vrais sans-abri. Aussi, je me tais ; je compatis, je hoche la tête, je partage la douleur, mais je me sens plus inutile qu’un toréador, un jour d’arène sans taureau…  

Mais les habitants de la Drôme sont des durs au mal ; ils courbent l’échine, ils râlent, ils plient mais ils ne rompent pas. Écoutez ! Il revient déjà, le rire innocent des enfants ! Regardez ! Les hirondelles sont revenues ! L’espoir renaît ! N’est-ce pas la preuve d’un futur meilleur ? On va reconstruire, en kit, s’il le faut ; on va panser les plaies, ranger ces mauvais souvenirs et recommencer à sourire. De toute façon, le soleil est revenu ; celui-là, il revient toujours après la tempête. Le ciel est si bleu, si candide, si lumineux, on ne pourrait pas dire, en le regardant, qu’hier après-midi, il transportait tout un cortège d’acharnement, de malheur et de destruction…

22 juin 2019

Une si belle journée ! (maryline18)

 

Calée sur le siège de ma voiture refuge, j'appuie un peu plus sur l'accélérateur.

La radio passe une chanson nostalgique de Maurane, j'augmente le son et ses regrets s'insinuent jusque dans mes entrailles, à me faire mal. Il faut souffrir pour tuer, peu à peu, la douleur cachée. La journée est si belle, est-il inconvenant d'être triste alors qu' il fait si beau ?

Je manque d'air, j'étouffe. J'ouvre ma vitre. Un courant d'air fou s'engouffre et me gifle la face sans ménagement. J'accuse le coup et monte le son encore un peu plus. La départementale se déroule devant moi comme un jeu de piste à travers la campagne vallonnée. J'accélère encore, la vitesse me grise. Mes mains serrent un peu plus le volant.

Il suffirait d'un écart, d'une seconde d'inattention, d'une maladresse pour en finir avec cette tristesse...On incriminerait une fois encore l'imprudence et tout rentrerait dans l'ordre, dans les statistiques. Je leur offrirais ma mort en kit. Il ne leur resterait qu'à rassembler les morceaux, qu'à reconstruire la chronologie d'un accident banal. Tous ces étrangers à mon chagrin, continueraient leur chemin, accusant au passage la fatalité ou bien mon inconscience.

La journée est si belle, serait-il inconvenant de mourir alors   qu'il fait si beau ? Je croise des femmes, des hommes, des familles, des couples...Leurs visages passent trop vite pour pouvoir y lire quelqu' humeur. Sont-ils heureux, malheureux, confiants, inquiets, résignés, amoureux ? La belle voix de Maurane, comme venue de là haut, berce mon coeur et je chante avec elle son amour perdu.

J'avale les kilomètres, je rejoins les nuages qui m'attendent au sommet de chaque côte. Je plane et les platanes accompagnent mes descentes, de plus en plus rapides, de plus en plus risquées. J'aimerais ne plus m'arrêter, rouler, rouler, jusqu'à expulser ma peine.

"TOI, a...ahhhh...,TU ES MON AUTRE, la force de ma foi, ma faiblesse et ma loi.." Je crie ma folie, mon amour, mon désespoir, investie de l'envie d'en finir...Seule Maurane me comprend et m'accompagne à cet instant. Je négocie de plus en plus mal les virages qui semblent me défier mais je suis lancée, déterminée...Je n'ai plus peur de rien, pourvu que ce soit ma destinée.

Elle chante encore avec moi : "ça casse comme un verre en cristal contre le métal, issue fatale, éclat d'étoiles "! Pourquoi es-tu partie Maurane, toi si belle, si vivante dans ton besoin d'aimer et d'être aimée, pourquoi ? ta voix chaude comme une larme qui ne ment pas, se répand et comble le vide, l'espace inutile de ma vie.

Fait-il trop beau pour pleurer, c'est une si belle journée ? Mes larmes dévalent la pente abrupte de mes joues...je laisse couler l'amertume de mes espoirs déçus, de mes joies étouffées de mes projets avortés.

-"J'arrive Maurane...!"

C'est le virage de trop, le plus beau, le dernier peut-être...la voiture qui me fait face ne peut se rabattre. Un tracteur l'en empêche, bien malgré lui. Pourquoi entreprendre ce dépassement sur cette route sinueuse avec une bagnole qui n'a rien sous le capot ? C'est donc la fin ? Il faisait si beau ! Je lui balance une salve d'injures et appuie de toute mes force sur le frein. Me voilà dans le fossé, coincée entre l'airbag et le volant.

Est-ce Maurane qui a braqué ou moi, je ne m'en souviens pas...J'aurai du retard, mais elle m'attendra.

 

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Le défi du samedi
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