Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 050 531
Derniers commentaires
Archives
8 juin 2019

Une sombre histoire de bambou carbonisé (Vegas sur sarthe)


Pour une fois qu'on partait en camping avec Germaine et qu'on venait juste de trouver un camp décent pour y planter notre canadienne, voilà t-y pas qu'Eddy sonne !
Je décroche tandis que Germaine raccroche le dernier tendeur … (« Love me tendeur » fredonne t-elle pour se donner du cœur à l'ouvrage. C'est dans ces moments là que le bonheur est dans l'attente)
Eddy qui se prénomme en fait Thomas m'annonce qu'il vient de damer le pion à Volta – celui sans qui on serait dans le noir pour monter la tente – et il me raconte une histoire à dormir debout, l'histoire d'une lampe à filament de bambou japonais carbonisé qui éclairerait soit disant pendant quarante heures.
J'y connais rien en filaments alors je lui demande d'éclairer ma lanterne, ce qu'il fait de bonne grâce sinon le sujet serait clos.
En 1879 il en faut du culot pour déposer un brevet sur de la vannerie asiatique !
Je ne sais pas s'il se rend bien compte qu'il va foutre au chômage les fabricants de chandelles de suif et les marchands de cierges de cire sans compter les industriels de l'éclairage au gaz ou au pétrole.

Sur ces entrefaites, Germaine vient pleurnicher au prétexte qu'elle vient de se faire une ampoule !
Ça fait marrer Eddy.
J'explique à Eddy qui se prénomme Thomas qu'une durée de vie de quarante heures, ça pue l'obsolescence programmée et que ça ne va pas plaire au consommateur éclairé.
Il me répond que c'est quand même la moins chère du marché et que le client aura deux heures pour se faire rembourser s'il n'est pas satisfait, d'autant plus que sa lampe produit bien plus de chaleur que de lumière.
Je lui suggère de faire breveter sa loupiote dans la catégorie Chauffage électrique.
Il me répond que c'est prévu mais pas avant qu'on ait inventé la seconde guerre mondiale.
Germaine demande ce que c'est qu'une seconde guerre mondiale ce à quoi je lui réponds gentiment qu'elle me gonfle et qu'elle ferait mieux d'aller le faire à notre matelas pneumatique.
Eddy finit par prendre congé car son filament de bambou japonais est presque complètement carbonisé.
Germaine a fini de gonfler tout le monde et notre camp décent commence à s'endormir ; il est temps pour nous d'en faire autant mais ça sonne de nouveau... c'est fou ce que ça peut sonner depuis que Graham Bell a pondu son bigophone !
On n'aurait jamais dû réserver un emplacement connecté, enfin bref.
« Allo... Gênes ? »
Encore une erreur.
Je réponds : « Non... ici on est à Chilleurs-aux-Bois dans le Loiret »
Le gonze insiste... halogène... il parle d'un truc révolutionnaire qui va mettre au chômage les planteurs de bambou japonais !
Je lui propose d'aller se faire voir et de rappeler dans 80 ans quand ça sera au point et je débranche le « télégraphe parlant ». Pas envie d'être emmerdé toute la nuit par les démarcheurs de tout poil !
Germaine m'attend, impatiente sous notre couette en duvet d'oie. Elle vient de finir son livre de chevet... « Cinquante nuances de noir ».
J'éteins la lampe de Volta, un truc qui parait-il ne s'use qu'à Sancerre ou à Pouilly, enfin bref.
« Chéri...  c'est quoi une seconde guerre mondiale ? »
Je sens qu'on ne va pas dormir beaucoup.

Publicité
8 juin 2019

Feu et flamme (Adrienne)

 

- Cette année, dit le père, nous n'irons pas à l'Hôtel de la Plage. Nous allons faire du camping en Ardèche!

Les enfants poussent des cris enthousiastes et la mère prend son air résigné de martyre envoyée au sacrifice. Il est important que chacun sache ce que ça lui coûte, de faire une croix sur sa villégiature à la Côte d'Azur.

Vers la mi-juillet, la tente est plantée sous un jeune arbre auquel le soleil ardent et le manque d'eau ont fait perdre presque toutes ses feuilles. La pelouse du prospectus est une plaine caillouteuse et déshydratée mais l'accueil de Gilbert et de son épouse est cordial, le chant des cigales omniprésent et la lumière incandescente.

Assis en tailleur sur l'herbe sèche, cachés au milieu des taillis, les enfants ont une idée géniale: voilà tous les ingrédients réunis pour réussir une expérience qui leur tient à cœur depuis longtemps et pour laquelle ils ont tout spécialement apporté une loupe.

 

8 juin 2019

Incandescence (Lecrilibriste)


Lumières de la ville
un soir de 8 décembre
où chaque fenêtron
avec ses lumignons
devient incandescent
l'espace d'une nuit
dans ma ville de Lyon

Lumières dans les yeux
autour du feu de joie
dans un foyer de pierres
et chaleur dans les voix
qui montent dans un chant
vers les rayons de lune
qui lorgnent la clairière
et doucement l'éclairent

Lumière du brasero
où les braises rougeoient
pour dorer al dente
sur des pics de bois
courgettes et romarin
un joli soir de juin
bercés par les grillons
grésillant leur refrain

Lumière de l'incendie
tueur de Notre Dame
sa flèche anéantie
et porteuse d'ave
s'écroulant dans l'enfer
d'un brasier rougeoyant
aux flammes invincibles
se moquant de son âge

8 juin 2019

Incandescente, je ne le suis pas. (maryline18)

m18

8 juin 2019

Ma petite sirène (Pascal)


C’était la fin des vacances de Noël ; je devais la ramener le lendemain matin ; je savais qu’elle avait planqué les clés de ma voiture pour retarder cette pénible échéance. Enfant de divorcés, ballottée de l’un à l’autre, nos quelques journées passées ensemble s’enfuyaient trop vite. J’avais toujours un mal fou quand il s’agissait de l’endormir ; ce soir-là, comme à chaque fois, je devais lui raconter une belle histoire, un joli conte avec une morale sur mesure et une fin heureuse.
Me promettant d’aller chercher son endormissement, je commençais à lui proposer ma narration ; en tenue de petite sirène, celle du père Noël, assise contre le rocher de son oreiller, tout ouïe, elle n’en perdait pas une miette…  

« La mer remontait… Ses grandes vagues léchaient la plage comme des insatiables affamées du gâteau de sable. Son obstination forcenée à la voir reprendre ses possessions terrestres et son mouvement perpétuel m’impressionnaient. Avec force élans, écroulements, jaillissements, ressacs, elle jetait toutes ses forces dans son entreprise de sape… En quête d’un beau poisson, j’avais lancé mon leurre dans un rouleau… »

Les mots compliqués n’étaient que pour tenir éveillée son attention…
 
« Éternelles planeuses, un coup d’aile à gauche, un coup d’aile à droite, des mouettes éclaireuses supervisaient la bataille (avec les mains écartées du corps, je mimais la parade). Elles semblaient moucharder à la mer les endroits où elle devait concentrer ses prochains assauts ; sur la plage, leurs ombres fugaces et fantomatiques espionnaient déjà d’autres contrées à reconquérir…
Rameutés par la marée montante, des nuages s’occupaient maintenant du ciel en masquant provisoirement les effets du soleil. L’épaisseur de ces nimbes avait un pouvoir extraordinaire sur les couleurs qu’elle offrait à la mer. Tantôt bleue, tantôt verte, tantôt brune ou noire, plus que tous les trésors de la terre, on pouvait apercevoir des friselis émeraude, des paillettes d’or, des colliers d’écume turquoise, des larmes saphir qui caressaient la surface…  
Reconquis, des paquets de varech repartaient à la mer en flottant péniblement comme des désespérés, arrachés à la tiédeur de la plage ; ici et là, le sable bullait ses animaux partis se cacher dans ses profondeurs ; quelques puces de mer retardataires sautillaient jusqu’aux dunes salvatrices ; comme des petits moutons blancs, les galets roulaient en bêlant ensemble des crépitements apeurés…  
Conquérante, la mer encerclait maintenant les châteaux de sable, elle inondait les douves, elle ravageait les tours puis, sans façon, elle rasait l’édifice d’une seule lame, et c’est comme si jamais rien n’avait existé à cet emplacement…  
Au loin, quittant les écluses, ces caches à crabes et ces flaques à grosses crevettes, le panier dans une main, le grattoir dans l’autre, tels des maraîchers de grandes surfaces, des pêcheurs à pied avaient retrouvé la plage. Face à la mer, ils constataient ses troupes envahisseuses mais ils se juraient d’être là, demain, pour profiter encore de ses fruits.
L’air iodé, les parfums de sable, les odeurs d’algues, les effluves de la dune, saupoudré du sel de la mer, c’était le bouquet ordinaire de ma respiration sensationnelle…  

Je moulinais lentement pour reprendre mon fil ; avec quelques gestes saccadés, j’activais l’appât artificiel dans l’écume et les remous ; inconsciemment, j’avais adopté une forme de cadence, celle que la mer m’imposait avec son flux et son reflux. Plus que par la capture hypothétique d’un poisson, j’étais fasciné par cet événement de marée, celui reprenant ses frontières, sans limite que son coefficient journalier…  

Le bas de mon jean remonté jusqu’aux genoux, je m’avançais dans la vague comme si les quelques mètres gagnés sur cette immensité étaient capables de faire toute la différence. Le long des jambes, je sentais la fraîcheur caressante de l’eau ; quand la vague retournait à la mer, elle semblait vouloir m’emporter avec elle. Mon empreinte s’évasant, je m’enfonçais inexorablement dans le sable ; aussi, je changeais de position.
D’un geste auguste de pêcheur, je relançais mon artifice dans l’amorce d’un nouveau rouleau…  

Brusquement, mon fil se tendit franchement, anormalement, rageusement ; à cause de tous mes retours infructueux depuis plus d’une heure, j’en fus tellement étonné que je ne réagissais même pas à cette formidable touche. Enfin, quand je ripostais, la résistance avait disparu ; j’avais peut-être rêvé, j’avais peut-être accroché des algues flottantes ; mon fil s’était peut-être tendu à cause d’un bout de bois à fleur d’écume.
Pourtant, je relançais au même endroit, derrière la vague un peu plus haute qui arrivait vers moi ; sûr de toutes mes capacités en éveil, cette fois-ci, je ne me laisserais pas avoir…  
À peine avais-je esquissé quelques mouvements convulsifs à mon leurre que quelque chose se piqua de nouveau au bout d’un de mes hameçons ! Je n’eus pas le temps de ferrer car la vague me bouscula à plus de deux mètres en arrière ! Il s’en fallut de peu que je me retrouve emporté sous sa forte intempérance !...
Quelque chose butinait mon appât, s’en amusait comme d’un jeu nautique ; il faut dire qu’il était particulièrement attractif avec ses peintures vives, ses reflets argentés et ses évolutions capricieuses que sa bavette frontale lui autorisait…  

Reprenant mes esprits, je décidai que cette troisième fois serait la bonne. La plage était déserte de tous ses promeneurs et de tous ses flâneurs en quête de sensations extatiques… ».

Ma fille ne m’interrompait pas avec les mots difficiles ; elle comprenait la trame de l’aventure et n’aurait pour rien au monde arrêté mon histoire de pêche, sous peine que je lui donne un autre tournant ou, pire… que j’en perde la trame…

« Cerfs-volants stationnaires, seules, les mouettes me surveillaient comme si j’allais sortir de l’eau un poisson fabuleux. Derrière une autre grosse vague, je m’enfonçai plus avant dans l’eau ; tant pis si j’étais trempé ; parfois, il faut se mouiller pour arriver à ses fins…  
Tel un chasseur sur le point d’une belle capture, je lançais mon appât derrière la vague suivante. Entre mes jambes, le ressac tentait de m’emporter dans ses remous les plus tortueux…  
Encore, le fil se raidit ! Aussitôt, je ferrai, en oubliant les règles élémentaires de ma sécurité ! La vague me submergea ! Mes pieds ne touchèrent plus le sable ! J’en perdis mon bonnet de mer, ma musette de pêche, mes lunettes ! Mes poches s’étaient vidées !... Tant bien que mal, j’arrivai à reprendre contact avec le sol. Pendant ce nouvel assaut de mer, je tenais ma canne à la main comme si je l’avais serrée nerveusement, telle une rampe providentielle !... Instinctivement, j’embobinais une nouvelle fois mon fil…  J’avais quelque chose au bout de ma ligne !... J’avais quelque chose au bout de ma ligne !... »

Ma fille était debout sur son lit ; quand je parlais des mouettes, elle regardait le ciel de sa chambre ; quand la vague de l’histoire me trempa, cela la fit rire ; compatissante, elle chercha même mes lunettes sous son lit ; elle n’était pas encore endormie…

« Pourtant, de faibles reptations en petits plongeons, « ça » bataillait mollement, à l’autre bout du fil ; j’entendais même quelques petits cris comme s’ils étaient de douleur mais je pensais que c’était les mouettes qui piaillaient plus que d’habitude. J’étais un chalutier ramenant son filet à bord, et elles m’accompagnaient, cherchant déjà à se satisfaire avec tout ce qui passerait à travers les mailles…  

Je remis les pieds sur la plage et, avec mille précautions, je ramenai ma capture. Entre le bouillonnement du ressac et l’éclatement des vagues, petit à petit, je distinguais une forme étrange se mouvant dans l’eau ; elle-même scintillait de mille éclats, à la faveur de la lumière. Bien que mon répertoire en matière halieutique soit assez fourni, je n’avais jamais vu pareille bestiole. Aussi, cette chose était-elle vraiment dans le listing d’un dictionnaire spécialisé dans la faune sous-marine ? Ce devait être un animal rare, un de ces poissons mythologiques qui ne fait surface que dans les livres de conte, me dis-je, en souriant…  
En ramenant ma capture, je m’aperçus que c’était elle qui gémissait ! Comme si les poissons avaient le pouvoir de se plaindre, maintenant !...

Elle n’était plus qu’à un mètre de moi ; doucement, je la pris dans mes bras. Enfin récompensé, ce dût être l’ivresse de cette prise qui m’emporta dans ces fabulations extraordinaires. Long d’une centaine de centimètres, d’un côté, indéniablement, avec ses écailles, sa nageoire caudale, cet animal était un poisson ; de l’autre, cette chevelure d’or, ces petits yeux bleus, ses bras si blancs, ses épaules si fragiles, c’était un serpent de mer… »

« Mais non !... C’est une sirène !... Une sirène !... Tu as attrapé une sirène, papa !... »  

« Un de mes hameçons avaient légèrement piqué sa lèvre ; je me doutais bien de toute la douleur que pouvait occasionner ce méchant piercing. Je dus me rendre à l’évidence : oui, c’était une sirène mais une enfant sirène, qui s’était laissé attraper par le jeu de mon appât courant devant ses yeux. Comme j’étais le seul sur la plage, qui aurait pu remettre en doute mes conclusions ?...

Devais-je la garder prisonnière, l’enfermer dans un aquarium, devenir millionnaire, me définir devant l’humanité comme le premier pêcheur de sirène ? Si j’étais un solitaire, avec cette prise, je devenais unique ! À moi les manchettes sur quatre colonnes, les interviews, le Journal Télévisé ! J’avais besoin de notoriété, j’avais besoin de sortir de l’anonymat dans lequel je me morfondais… »

« Non !... », cria ma fille…

« Devais-je la manger ?... Entre bulots et crevettes, tenter une fricassée de sirène arrosée d’Entre-Deux-Mers !... À l’étuvée !... Ça possède des arêtes, ces petites bestioles ?... Au four !... Sur un lit de fenouil !... »

« Non !... », cria-t-elle désespérément…

« Et si je la relâchais ?... De toute façon, c’est mon credo, j’ai toujours remis toutes mes prises à l’eau. Un animal fabuleux est le produit des rêves, de l’imagination, et de tout ce qu’il y a de bien en nous ; pourquoi tuerais-je l’Enchantement, ce petit plus qui donne du baume au cœur à la réalité ?... Cette sirène était l’essence même de mes sens ; si je la tuais, si je la séquestrais, je ne verrais plus les splendeurs de la mer, je n’aurais plus l’occasion de respirer ses effluves capiteux, je n’aurais plus ces frissons de bien-être, ceux qui m’accaparent quand mes empreintes éphémères signent ma trace sur le sable.
Décrocher l’hameçon fut d’une grande facilité, au bout de ma pince experte… »

« Bravo, mon papa !... »

« Confiante, l’enfant-poisson me souriait. Encore essoufflée, elle posa sa tête contre mon épaule, en m’enserrant avec ses petits bras ; sa nageoire caudale battait mon bras au rythme de sa respiration…  
Si tu avais vu toutes les mouettes stationnant à notre verticale ! On aurait dit des  escadrilles de surveillance ! À travers les nuages, le soleil avait pratiqué une belle percée ; son éblouissant halo de lumière nous baignait pour nous réchauffer !...  
Comme une rançon, la mer apportait à mes pieds tous ses trésors les plus inestimables ; dans ses ressacs, il y avait des éphémères ducats d’or, des colliers de perles, des rivières de diamants, des diadèmes éméraldine, des opales multicolores. Non, toute cette fortune, c’était dans ses yeux…

Vint le temps où je dus la remettre à l’eau ; une sirène, c’est fait pour vivre dans la mer, tu comprends ? Délicatement, je la posai entre deux doux ressacs. Dès qu’elle sentit la vague courir sous son ventre, elle partit en plongeant dans l’écume ! Elle bouscula les rouleaux, fendit les vaguelettes et disparut dans une gerbe pétillante d’eau de mer !... »

« Papa, t’es le plus fort !... »

« Moi, je rangeais mon matériel en repliant lentement ma canne ; je n’avais même pas froid. J’étais content d’avoir vécu cette extraordinaire aventure ; ce n’est pas tous les jours qu’on pêche une jolie sirène. Tout à coup, je me suis aperçu que j’avais perdu les clés de ma voiture !... J’allais rester coincé là, sans la possibilité de rentrer chez moi !...  
Quand j’essayais de parler avec mon portable, je lui disais « Allo ?... », il me répondait : « Glouglou !... ». J’avais de la peine !... J’étais mal récompensé pour toute mon œuvre charitable…
Tout à coup, j’ai vu la tête de la petite sirène qui émergeait de la mer !... Elle me souriait comme pour me faire oublier mes déboires !... Elle vint jusqu’au bord de la plage !... Elle me fit signe de m’approcher !... Elle avait mes clés de voiture dans le creux de sa main !... C’était sa façon de me remercier de l’avoir relâchée !... »

Soudain, ma fille se leva de son lit et fonça dans l’appartement avant que je comprenne sa précipitation ; quand elle revint, elle tenait les clés de ma voiture dans sa menotte. Ma petite sirène, me serrant fort dans ses petits bras, avec deux grosses larmes sous les yeux, me confessa : « Mon papa chéri, pour ne pas que tu me ramènes, c’est moi qui avais caché les clés de ta voiture… »  

Enfant sirène

Publicité
8 juin 2019

Incandescent (Venise)


Je pense à mon visage quand j’avais vingt ans.

Lui n’a rien oublié de mon cœur fruit d’orange incandescent.

De mes yeux grands ouverts sur des instants uniques.

Le bonheur tranquille sans rides au front.

Ce visage savait tout ce que vous saviez , mais il en ignorait les méandres.

Il raconte encore sa façon qu’il avait d’aimer, mais ne sait plus en rendre compte .

Il s’oblige encore à braver la lumière et à jouer comme Anouk aimé

Le temps d’une ballade au bord de la mer.

Ce visage a gagné en liberté, pulpe de l’orange suffisamment préservée.

Il s’est affranchi des convenances, il se maquille s’il le veut

Il pleure s’il le ressent il n’a plus de compte à donner à personne.

v

Ce qui se voit c’est l’émancipation incandescente des femmes de ce siècle.

8 juin 2019

Lumière (Emma)

em

L'homme dit :
Je sais, je peux.
Je suis Dieu.

Je sais créer le feu, la lumière, l'énergie.
Je peux plonger dans les abysses.
Les atomes, je les fuse et je les fisse
dans d'admirables pyrotechnies.
Je peux voler
plus haut que les oiseaux,
plus vite que l'éclair,
plus loin que la lune.
Je vois ce qu'on ne peut pas voir,
et même ce qui n'existe plus.
Je peux, d'un claquement de doigt,
ou un clic,
mobiliser des foules,
les faire danser,
ou marcher comme de braves petits soldats.
Je peux ôter la vie à tout être,
et fabriquer de beaux massacres sur écrans géants.
Je peux semer la vie dans des ventres séniles,
Je peux la créer sans parents.
Je sais transmuter en or
des cartes, des bourrins,
de la poudre, ou des filles.

Il répète :
je suis Dieu.

Puis il crie : "où t'as encore foutu mes lunettes ?"
Alors elle dit : "dans le tiroir, chéri, comme d'hab"
et grommelle in petto:
"Commence à me gaver celui-là !
Deux millions d'années
qu'il se croit sorti de la cuisse de Jupiter
…"

 

8 juin 2019

Fumer nuit (Walrus)


Eh oui, fumer nuit à votre santé. Tout particulièrement la nuit en cas de guerre de tranchées où le bout incandescent de votre cigarette aide le sniper d'en face à vous loger un projectile dans la cafetière !

CQFD !

(Ouf ! J'ai bien cru que je n'y arriverais jamais et que j'allais devoir vous parler de mon enfance...)

8 juin 2019

sp34 (joye)

l'incandescence

8 juin 2019

Des amours qui ne durent pas (Joe Krapov)

Mon tout beau, mon tout léger, mon volage, mon papillon,

Je brûle d’amour pour toi et je t’attendrai cette nuit encore.

Dès que je suis allumée je me tiens droite, je t’attends, je suis prête.

Je suis dressée par le désir de te séduire et de te plaire et même si parfois, au souffle du vent, mon bout vacille je te le promets : je saurai être ton indécente, ton incandescente, le phare lumineux qui guidera ta descente.

Dépêche-toi, mon tout beau, mon tout léger, mon volage, mon papillon, de venir combler ma flamme. J’ai d’avance la tête en feu rien que d'y penser.

Je te promets la plus superbe des étreintes, un embrasement de tous nos sens. Dépêche-toi de me rejoindre avant que je ne sois devenue un tas de cire molle où flotte un étendard éteint, un amour consumé avant d’être consommé.



DDS 563 bougie 83183725_o

8 juin 2019

Blog d’un psy (Val)

 

J’y suis allée encore aujourd’hui. Je clique sur le lien une fois par an, environ. Comme si j’espérais, contre toute rationalité, y trouver un nouveau billet. 

Que me reste-t-il à part ce blog, que ses héritiers n’entretiennent guère (peut-être n’ont-ils pas les codes d’accès, mais des messages de publicité apparaissent, restent, et ça me fait l’effet d’une souillure)? 

Que me reste-t-il ? Ses deux livres évidemment. 

« Blocs-notes d’un psy de campagne », que j’ai aimé infiniment. Et cette « Lettre à Marie », ou l’histoire d’un amour raté, racontée sans fierté aucune, avec une véracité implacable. 

Que me reste-t-il ? Le souvenir d’un week-end qu’il a passé à la maison, en 2011 je crois. C’est toujours une sorte d’achèvement, quand on reçoit chez soi un ami de blog que l’on apprécie. 

Un jour, le psy en a eu marre. Il avait fait le tour. Il est mort, voilà. Il s’est tué. 

C’est assez ironique, un psy qui se flingue. 

Il avait de l’humour. Ça lui correspondait bien. 

Psyblog n’aura jamais été incandescent. 

Ni un con, ni décent.

8 juin 2019

Main dans la main par bongopinot

 

Mon cœur incandescent

A la chaleur de tes bras

Notre amour si brillant

A chacun de nos pas

 

L’étincelle dans tes yeux

Me fait la vie plus belle

Intense comme le feu

De nos premiers noël

 

Ensemble depuis trente cinq ans

Et aucune ombre au tableau

Seul la lumière accumulée au fil des ans

Éclaire et soulage tous nos maux

 

Pourvu que dure encore

Ces bonheurs tendre et simple

Où peu importe le décors

Du moment que l’on est ensemble

 

Même si on a eu des coups dur

On les a affronté à deux

Et pour notre futur

N’espérons que le radieux

 

1 juin 2019

Défi #562


Une occasion de briller ?

 

Incandescent

 

5621

 

1 juin 2019

En ont pris une bonne coupe

1 juin 2019

Parlons chiffons (Vegas sur sarthe)


Au début j'avais mis ce coup de foudre sur le compte d'une belle osmose épidermique mais au fil des jours j'ai constaté qu'elle s'intéressait de trop près à mon derme et à ces follicules pileux qui nourrissaient ma barbe et mon torse …
J'allais comprendre plus tard qu'elle kiffait moins mes attributs pileux que mes glandes et ce microscope qu'elle m'avait offert pour Noël soi-disant pour booster mon matériel de philatélie lui était en fait destiné !

S'il est vrai qu'elle avait un passé de chercheuse en sécrétion glandulaire chez les abeilles, elle travaillait aujourd'hui à l'observation des cellules en culture mais de là à faire de moi son cobaye, sa souris …
Moi qui imaginais que l'observation des cellules n'était qu'un job de maton à Fleury-Mérogis, je tombais de haut.
J'étais devenu sa souris - son souris sot - un banal sujet d'expérience et quand dans nos moments d'intimité je lui parlais extase et transpiration elle trouvait mes glandes exocrines « un peu pelotonnées » et son regard sévère d'observatrice de cellules en culture me coupait tous mes moyens.

C'est quand elle me proposa un frottis urétral que le vase déborda …
Je la revois encore le coton tige en main et cette image me poursuivra longtemps.
Au prochain speed dating, je me méfierai.
Je veux bien parler chiffons mais pas tissus !
 

1 juin 2019

Première nouvelle (Adrienne)

 

- Cette année, dit la mère de l'Adrienne, on ne pourra pas fêter ton anniversaire.

Première nouvelle! Le fêtent-elles ensemble, habituellement? Mais l'Adrienne préfère ne pas polémiquer:

- Ah? Pourquoi? qu'est-ce qu'il y a?

- Et bien, depuis deux ou trois semaines, j'ai parfois du mal à déglutir, alors je suis allée chez Christian - la mère de l'Adrienne appelle son médecin, son dentiste... par leur petit nom - et mercredi après-midi j'ai un rendez-vous à la radiologie. Je dois y être à 14.30 h.

- Si tu veux, je t'y accompagne, propose l'Adrienne.

- Oui, ce serait bien... J'ai sûrement un cancer de la gorge... Ça ne peut être que ça!

- Mais non! c'est quasiment impossible! tu n'as jamais fumé ni vécu avec des fumeurs!

- Oui, mais ces dernières années, je vis en ville, et avec tous ces gaz d'échappement...

L'Adrienne s'est tue. Ah quoi bon argumenter avec quelqu'un pour qui chaque petite tache brune sur la main est un mélanome, chaque battement de cœur un peu accéléré le signe imminent d'un infarctus. Elle est la meilleure cliente des spécialistes de la ville.

- C'est la fin, conclut la mère d'un ton dramatique. Il fallait bien que je meure de quelque chose...

***

Le mercredi suivant, elles sont toutes les deux à la radiologie. Même l'Adrienne est stressée :-)

La gorge de la mère est examinée à fond par deux spécialistes. Quand elle réapparaît, elle ne dit rien.

- Tu sais déjà quelque chose, demande l'Adrienne, ou il faut attendre qu'ils envoient les résultats à Christian?

- Je le sais déjà, dit la mère.

Silence. L'anxiété de l'Adrienne monte de trois crans.

- Et ils t'ont dit quoi?

- Que c'est un cadeau de l'âge.

Et elle sort de la clinique en regardant bien droit devant elle.

 

1 juin 2019

Logique biologique (Walrus)


Histologie : "Étude de la structure microscopique des tissus animaux et végétaux et des cellules qui les composent" me dit mon dictionnaire favori.

Il fait bien d'être précis. Moi j'aurais dit bêtement : "Étude des tissus" et je me serais retrouvé noyé sous le flot des Tweed, Tartan, Kelsch, Organdi, Chintz, Madras, Percale, Batiste, Vichy, Zibeline, Mohair, Popeline, Calicot...

Je m'arrête là, je ne suis pas payé à la page comme certains auteurs célèbres le furent (n'en profitez pas pour croire que Marcel devrait son style ampoulé à cette particularité, chez lui, c'est naturel).

Je suis toujours épaté par la luxuriance du vocabulaire des sciences de la vie (biologie) et par les imbrications et ramifications que ses termes autorisent ou suggèrent si bien que parfois (et je me vante un peu) j'ai du mal à m'y retrouver.

Exemple : si l'histologie est ce que nous dit la définition ci-dessus où se situe donc la cytologie ? Ah ! Vous en êtes comme deux ronds de flan hein ?

Bon, on va considérer que la cytologie est un sous-compartiment de l'histologie, qui est elle-même une subdivision de l'anatomie.

Encore que, stricto sensu, l'anatomie soit la dissection d'un corps en vue de l'étude de sa structure et que ce n'est que par métonymie qu'elle peut désigner cette étude elle-même.

Métonymie ! Eh bien dites-moi, y a pas qu'en biologie que le vocabulaire est particulier, on en reparle à la lettre M ?

 

1 juin 2019

Histologie, une histoire sans coeur... (maryline 18)


Entre deux sommeils, les bruits lui parvenaient sans qu'elle puisse les identifier, comme filtrés par une épaisse couche de coton hydrophile.

En effet, à l'étage du dessus, des verres se cognaient, des pas résonnaient, des voix se répondaient. Des "toc toc toc" précipités et des bonjours, prononcés avec un tel automatisme qu'ils ne semblaient pas attendre de retour, la sortaient peu à peu de sa torpeur.

Ses paupières étaient encore closes, son corps inerte. Une odeur connue de sa mémoire olfactive flottait dans la pièce. Déjà, le dégoût transformait son visage en une moue qui lui rapprochait les yeux et qui lui remontait le nez. Elle aurait voulu la chasser en plaquant promptement l'une de ses mains sur ce dernier, mais n'en avait pas le courage.

Les bruits, semblaient se rapprocher. Ses doigts frolèrent, dans un geste involontaire, le drap qui lui parut rugeux et lourd. Alors qu'elle ouvrait les yeux, un réflexe de rejet, la fit se redresser. Sa couleur grise était répugnante et de nombreuses tâches y étaient vilainement incrustées.

Bêtement, il lui vint à l'idée que ces salissures ne partiraient pas au premier lavage et qu'il faudrait le faire tremper dans un bain additionné de javel. C'est en le repoussant qu'elle constata que son corps n'avait plus de peau, plus de frontière bactérienne, plus d'enveloppe ! A moitié endormie ( elle n'avait pas encore bu de café !), ce détail la contrariait . Il devait y avoir une explication rationnelle à toute cette nouveauté. Elle faisait toute fois preuve d'un calme surprenant.

(Un corps sans enveloppe...de quoi devenir timbrée non ?)

Elle fut distraite un instant par le cri d'une souris qui traversa la pièce, en diagonale. Dans un coin, trainaient des bidons, des cartons avachis, du linge sale. Dans l'autre, des vieux balais remplis de toiles d'araignées, une casserole sans manche et un charriot de cantine rouillé.

Elle était donc dans une cave... Elle reconnaissait maintenant cette odeur désagréable d'humidité. Assise sur le lit de fer, elle regardait ses organes, lesquels, semblaient fonctionner à priori normalement, mais ils ne tenaient en place que grâce à une sorte de gélatine transparente. Elle ne ressentait bizarrement aucune douleur mis-à-part une migraine lancinante.

- Ses lunettes, où étaient ses lunettes ?

Ah oui, elle se souvint, elles les avait oublié dans le hall de gare, posés sur son dernier roman  : "Les six reines savaient-elles nager ?", une reconstitution historique de ce curieux massacre de l'Epiphanie 1793 attribué aux "sans culottes". Un partage de galette qui avait mal tourné, sans doute...La fête s'était terminée dans la Seine. 

"Bonjour, combien de tartines ? Du lait? Du café ?" La voix du dessus lui arrivait plus distinctement..."

C'était donc le matin. Elle avait faim. Elle devait se trouver au sous- sol d'un hôpital. Oui, elle revit les brancardiers qui l'avaient ramassé sur le trottoir, leur précipitation, leurs chuchotements, le grand ascenseur de l'entrée et l'inscription sur la porte battante du long couloir sombre : HISTOLOGIE, EXTRACTIONS, interdit au public. 

Une femme en blouse blanche entra, accompagnée d'un jeune chirurgien, Docteur Boucher,( bel homme ), c'était écrit sur la poche de sa blouse, son nom bien sûr !

-" Cette femme est sous anesthésie de synthèse, poursuivez le travail commencé !"
...

(Dans un réflexe enfantin, elle faisait semblant de dormir)...
...

La supposée Chef de service poursuivit d'une voix adoucie et avec un sourire qu'elle détesta aussitôt :

- "Tous ses organes sont en exellent état, ils  partiront pour l'Asie en fin de journée, par avion. On nous en offre un bon prix ! Suivez la procédure habituelle de prélèvement, la famille ne s'est pas manifestée !"

Etant sûre maintenant qu'elle rêvait, elle fit un clin d'oeil au Médecin et lui dit :

- Vous pouvez emballer mon coeur ? c'est pour offrir !

( Boucher, c'est pas un nom de chirurgien, sauf dans les mauvais rêve ! )

1 juin 2019

Histologie? (Laura)

 

A première vue, ce mot pour le défi n'est pas facile
Car ça ramène à la médecine, aux analyses et à la maladie
Potentiellement; histologie rime donc biologie ou chirurgie.
Mais histologie rime avec anthologie, déjà plus littéraire.

Alors je sors mon dictionnaire (en ligne) et par métaphore,
Paul Valéry avait envie de faire de  "l'histologie ethnique ,"
"Avec les procédés à vif", "l'histoire d'un bonhomme qui pense"
Plus ragoûtant quand même que l'histologie pathologique[1].

Comme je l'ai fait dans mes lectures, je passerais de la littérature
A l'art pour parler des curieuses abstraites que donnent ces histologies[2]
De la peau: poésie, rêve, paysage onirique et couleurs agréables
Faites avec des analyses qui peuvent virer  au cauchemar et la tragédie

 


 

1 juin 2019

Miss Togo git (Lecrilibriste)


Miss Togo git
dans un buisson d'orties
arrosée d'hémoglobine
Mais son cœur bat, elle vit
en ambulance est partie
au CHU d' histologie
analyser son anatomie
Aura-t-elle vendredi
son diplôme d'histologie
car être en ce service précis
lui donne un sérieux appui
Tansis qu'au cou veille son grigri
que le marabout a mis
et qui soutient son défi
Elle aura donc  vendredi
son diplôme d'histologie
et les félicitations du jury
à cause du grigri
puissant et aguerri
envers et contre tous les ennuis

Publicité
<< < 1 2 3 4 > >>
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité