Défi #152
Et si vous pouviez remonter le temps ?
Quelle époque choisiriez-vous ?
Contez-nous votre aventure !
Envoyez vos récits à
Ne vous perdez pas en chemin !
à tout bientôt !!!
Et si vous pouviez remonter le temps ?
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Ne vous perdez pas en chemin !
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1996/ Luoyang : premier voyage en Chine avec un groupe d'amis.
Nous avons décidé de manger dans la rue avec les chinois plutôt que dans les restaurants chics pour étrangers.
Nous avons l'embarras du choix : les petites gargotes sont nombreuses dans les ruelles. Pour départager les restaurants, nous regardons la gestion de la vaisselle : mieux vaut éviter ceux qui passent les bols rapidement dans deux bassines remplies d'eau : d'abord une eau noirâtre vaguement savonneuse, puis une eau de rinçage grise moins sale, mais nous ignorons ce que font les autres. Partout, sur des réchauds cuisent des brochettes de viande. Nous voici donc assis quasi par terre, dans les vapeurs grasses, nos papilles ne résistent pas à ces nouvelles saveurs (* /**). Et là, Jean (intendant dans un collège quand il ne visite pas la Chine avec nous) s'exclame, un peu désolé : "quand je pense que juste avant de partir, j'ai eu droit à un contrôle serré sur l'hygiène dans les cuisines du collège, qu'ils ont traqué la moindre erreur, et que là, je suis assis par terre dans la poussière, à manger des trucs non identifiés(mais délicieux) dans une vaisselle peut être contaminée !... C'est pas tout ça, je reprendrais bien une petite brochette..."
1999 : Chengde (nord de la Chine) quelques années plus tard ce sont mes fils qui voyagent avec moi, et nous fuyons toujours les luxueux restaurants pour "longs-nez" ou "lao wai". ***
Dans une petite rue, nous avons choisi un petit boui-boui d'allure accueillante : quelques tables basses à même le trottoir, un patron débonnaire et souriant qui est tout fier de trouver une ressemblance à mon fils ainé avec Zinedine Zidane(nous avons mis du temps à comprendre car la prononciation est assez étonnante ).
Tout en dégustant nos brochettes de viande, nous goûtons la fraîcheur du soir. Le patron s'est assis non loin de nous pour être sûr que nous ne manquons de rien.
Nous avons commandé une deuxième tournée de brochettes et de petits pains qu'il s'est empressé de nous apporter.
Nous avions presque terminé notre festin, quand mon jeune fils a trouvé la fève : une dent minuscule est tombée de son sandwich sur la table. Renseignements pris, cette dent n'était à personne, j'ai donc supposé qu'il pouvait s'agir d'une dent de rongeur. Ça y ressemblait bien .
Mon fils ainé a alors lâché à son frère d'un ton méprisant : "moi aussi, j'ai trouvé une dent tout à l'heure, mais moi, je n'ai rien dit, je suis discrêt ,et poli moi, et surtout, je ne voulais pas vexer le patron ! "
moralité : où il y a de l'hygiène il y a pas de plaisir !
* le calembour : "papille fait de la résistance " était trop tentant (même pas honte !)
** manque d'hygiène peut être, mais c'est super bon, personne n'a été malade, et ce qu'on mange là bas n'a rien à voir avec ce qu'on trouve en Occident dans les restaurants chinois
*** longs nez : il parait qu'ils appellent comme ça les Occidentaux mais en fait ils utilisent plutôt : "lao wai" 老外 qui signifie mot à mot " vieux étrangers" (terme familier où wai =extérieur/ lao = vieux )
C’est une vieille photo en noir et blanc, une petite photo de l’après-guerre. Elle a de larges bords blancs et dentelés.
Ma mère est une toute jeune fille. Elle est à Knokke-le-Zoute avec ses parents. La famille endimanchée se promène sur la digue. Ma mère sourit entre ses deux parents et on voit qu’ils marchent d’un bon pas.
Un peu en retrait, on aperçoit une haute silhouette masculine, un homme en costume sombre, et qui ne sourit pas pour la photo. C’est mon arrière-grand-père.
C’est la première fois qu’il voit la mer.
Mais quel voyage invoquer ?
Celui que l’on vient de faire,
Celui que l’on fera demain ou après-demain,
Celui dont on rêve,
Celui qui, si enfoui au fond de la mémoire, fait mal rien que d’y penser.
Mais quel souvenir aller chercher ?
Celui qui ressurgit de l’enfance, sans qu’on y prenne garde,
Celui qui rappelle une personne chère trop tôt disparue,
Celui qui donne des boutons tellement il a été horrible,
Celui que, pour rien au monde, la mémoire ne doit effacer.
Voyage(s) en souvenir(s)
Par quel bout prendre ce défi ?
En regardant par le petit bout de la lorgnette,
En empruntant un scalpel capable d’extraire un moment précieux
En se plongeant dans l’album photo
En se noyant dans un air de musique
Capitulation.
Impossible.
La case SOUVENIR – VOYAGE est cadenassée.
La clé a disparu.
Rideau.
... et je rappelle que je ne suis pour rien dans le choix des consignes. Pour les réclamations à ce sujet, adressez-vous à MAP.
Ça tombe bien, disais-je donc, car je rentre justement de vacances.
Soyons précis : je rentre justement d'avoir accompagné mon épouse en vacances. Car pour ma part, je n'éprouve aucunement cette étrange nécessité de décompresser, me déconnecter, me dépayser et autres verbes en "dé" généralement utilisés pour justifier l'irrépressible besoin de vacances que semblent partager la majorité de mes contemporains, faut pas déconner.
Pour rester honnête, en plus d'être précis, je dois avouer qu'une fois que j'y suis, je m'y fais très bien : je bénéficie d'étonnantes facultés d'adaptation.
Mais je m'écarte du sujet (tu m'étonnes !) puisqu'au bout de quatre paragraphes je n'ai toujours pas évoqué le moindre souvenir.
Allons-y ! Je ne vais pas vous parler de ma destination, ce serait une redite. Je vais donc vous relater un fait survenu lors d'une étape intermédaire :
Alors que j'achevais de ranger ma voiture dans l'un des emplacements exigus du garage au sous-sol d'un hôtel de Salamanque (que diable allait-il faire dans cette galère, vous interrogez-vous. Et vous n'êtes pas le seul, je puis vous l'assurer), surgit de la rampe d'accès un véhicule que son conducteur s'efforce de ranger à côté du mien, avec encore plus de difficultés car si son somptueux 4x4 est plus large que ma voiture, l'emplacement où il l'insinue n'est pas plus large que le mien.
Quelques instants plus tard, m'étant enregistré à la réception, je redescends dans le garage récupérer l'appareil photo qui m'attendait sagement sous mon siège. Je jette en passant un œil distrait sur le mastodonte cachant ma modeste tire et c'est là que j'ai vu !
Le machin est immatriculé au Royaume-Uni (donc pas en Belgique : le royaume désuni) et porte la plaquette publicitaire d'un garage du Devonshire.
C'est alors que me sont revenus les souvenirs des plus merveilleuses vacances où m'ait entraîné ma tendre épouse : ce petit vent du large vous soufflant au visage un crachin tonique et vivifiant sur les collines du Devon... que du bonheur !
Je ne vois qu'une explication à la présence incongrue de ces Anglais à Salamanque : ils viennent s'y convaincre, par contraste, de l'inestimable, l'inégalable bonheur qu'ils ont de vivre toute l'année dans la plus saine région du monde.
Calme-toi, me raisonnai-je ce type sait ce qu’il fait.
Il a l’habitude de naviguer en haute mer .D’ailleurs tout ce qu’il peut se passer c’est qu’un requin (pas trop gros avec un peu de chance) passe par dessus bord et nous chavire tous !!
En quelques minutes la surface de l’eau fut striée de motifs réguliers signe extérieur qu’une créature et la plus redoutable au monde nous avait repérés.
Avec mon petit maillot deux pièces vichy je n’étais pas prête ni à l’insolation redoutable de ce coté de l’hémisphère ni à être reliée par un cordon ombilical d’un câble métallique à une baleine et encore moins à un requin.
Qu’est ce qui va se passer couinai-je ?
J’ai tendance à couiner dans les moments de grand effroi et cet été là il fallait reconnaitre que ça m’arrivait assez souvent.
Ce qui me fut d’une grande utilité moi qui était venu bronzer dans l’insouciance de vacances soit disant organisées.
Le bateau partit soudain à reculons en direction du pôle sud ce qui nous éloignait étrangement de la cote et de mon hôtel.
Ce requin devrait être aussi grand qu’un sous marin.
T’inquiètes pas dit le gars on va le choper ce salopard !!
J’ai plutôt l’impression que c’est ce salopard qui nous tient hurlai-je au milieu du fracas des vagues.
Il faudrait plus de poids pour le ralentir dit-il.
C’était trop tard pensais –je tout bas j’avais perdu 20 kg dans des séances d’amaigrissement qui m’avaient couté une fortune et voilà que mon poids devenait ma perte.
Je me tapis au fond de la coque et me mis à prier Mais parfois il est tout aussi inutile de s’adresser à un dieu qui s’arrange pour me plonger dans une telle situation pour mon seul mois de vacance
Le bateau se mit soudain à mugir en se déformant et nous furent projeter dans l’eau chaude.
Nous sommes revenus à la nage sur la cote bondée de touristes.
Un peu mieux que tes histoires habituelles me dit le gars tout essoufflé !!
C’est un point de vue dis je des algues plein la bouche.
On ne s’est pas rendu compte tout de suite que le disque était rayé. C’est parce qu’on était occupé à tirer sur le joint et à faire mine de planer. Et puis aussi, c’est parce que Jeanjean écrivait et que moi j’étais occupé à lire les élucubrations incompréhensibles de William Burroughs. Cette littérature-ci était à la mode, mais ça ne me plaisait pas trop. Je préférais m’en tenir à Kerouac. Ça me plaisait bien d’être sur la route, je m’y sentais bien.
Pour en revenir à la galette de vinyle rayée, c’était un disque de Ravi Shankar, une musique assez lancinante pour donner le change quand la tête de lecture de l’électrophone se prend les pieds dans le tapis. Jeanjean a quand même fini par se rendre compte que son disque était bousillé alors il a relevé le bras du tourne disque assez brutalement, ce qui fait qu’on a entendu une espèce de raclement fatal, et ceci explique cela, n’est-ce pas. Quand on n’est pas soigneux, voilà ce qui arrive. Personnellement, je n’étais pas trop désolé pour Ravi Shankar, mais Jeanjean était dans une période baba, envisageant vaguement d’aller faire un tour du côté du Népal, et moi je lui souhaitais bon vent, si on peut dire, n’ayant que peu de goût pour l’exotisme bariolé. Je lui avais quand même fait remarquer que Shankar n’était pas népalais.
Après avoir remisé le roi du sitar dans sa pochette, il a ajouté quelques mots à sa prose avant de me dire, écoute ça, et il s’est mis à me lire sa production, qui n’était pas mal ficelée, même si ça n’était qu’un début et qu’on restait sur sa faim. Il y avait là l’histoire assez banale et naturelle d’un garçon qui s’immisce dans une fille, et Jeanjean y avait ajouté une trouvaille assez saugrenue quant au vacarme produit par les poils des protagonistes qui s’entrechoquent. J’étais bizarrement émerveillé par ce trait d’esprit, quoi qu’un peu jaloux aussi, parce que c’était moi l’écrivain, là-dedans, bon sang de bonsoir.
Jeanjean a fait mine de vouloir mettre un autre disque, c’était Bob Marley, alors je me suis écrié qu’on n’allait pas faire le tour du monde, merde, même si comme dit le poète, « qu’est-ce qu’on peut voyager, dans une petite carrée », tsoin, tsoin, tsoin.
J’ai dit, et si on faisait un voyage, plutôt ? Un vrai voyage ?
Jeanjean m’a pris au mot, il a entassé des trucs dans une sacoche de l’armée, on est passé chez moi pour prendre la tente et les duvets, et mes trucs à moi dans une autre sacoche de l’armée (décorée d’une croix languedocienne au feutre indélébile, j’étais dans ma période occitane). On a dit au revoir à nos mères respectives. J’ai pris place au volant de ma vieille 4L à trois vitesses, et nous avons mis le cap sur l’ouest. Tu parles d’un voyage, disait Jeanjean, la mer est à même pas deux cent bornes, et après, y a rien (il faisait abstraction de l’Amérique et même de l’Angleterre).
On a planté la guitoune à côté d’une chapelle, face à la mer. Et puis on est allé faire un tour sur la falaise. J’ai toujours été fasciné par les falaises d’Etretat, elles sont vachement impressionnantes. Evidemment, pour être fasciné, il faut les avoir vues de ses yeux vu au moins une fois.
Jeanjean a fouillé dans sa sacoche et en a sorti une boîte d’allumettes, et dans la boîte je voyais des petits grains noirâtres qui ressemblaient à des cachous. C’est de l’acide, a dit Jeanjean. Et sans se poser trop de questions, on a gobé les cachous.
Du haut des falaises, nous nous abîmions dans un paysage irréel, je voyais jaillir des rayons d'un vert cru à l'horizon, les rayons du soleil à travers de gros nuages annonciateurs de pluie, mais qui s'en souciait, lentement du rouge puis du pourpre ensanglantaient l'espace, on se serait cru dans un tableau expressionniste, sauf qu'à ce moment là, je n’avais encore jamais entendu parler d'expressionnisme ni même d'impressionnisme, j’étais encore en friche de ce côté, je voyais le paysage vibrer comme s’il avait été peint sur de la tôle, kitsch en diable, et il y avait plein de goélands qui planaient autour de nous et qui venaient nous narguer tout près.
Alors Jeanjean s’approchait du bord, il me flanquait les flubes, mon ami, il disait regarde, je suis une mouette je suis un goéland je vais voler planer sur l'eau rejoindre l'horizon
cet horizon que je voyais métallique clinquant pas vrai merdique
kitsch
fais pas le con mon ami, t'es pas un GOELAND
reste avec nous
me laisse pas tout seul
(me débarrasser de ces miasmes acides ces rideaux artificiels et multicolores dans lesquels je m’étais empêtré, je sentais bien confusément que ce voyage était un bad trip)
longtemps après, ou pas longtemps après, je ne savais plus, difficile de savoir, je m’étais absenté, j’avais un trou noir en moi, après toutes ces couleurs, tous ces flashes,
j’entendais un cri bizarre, un long hurlement ou ululement, un cri qui me terrifiait en tous cas
j’étais planté là au bord de cette falaise, Jeanjean n’était plus là, j’étais seul sur la falaise, assis dans l’herbe rase, et un goéland était tout près, qui me regardait de son petit œil cruel,
j’étais seul,
j’étais seul,
j’étais seul,
j’étais terrifié,
et putain, j’ai toujours détesté les goélands.
Enfin, pas tout à fait. En fait, nous étions nombreux, très nombreux à vouloir aller au même endroit. Mais les autres je ne les connaissais pas ou très vaguement aperçus lors de divers préparatifs. C'était pas facile ce voyage, vraiment pas facile. Il fallait faire vite, très vite, pour ne pas se perdre en route. Le chemin était sombre et glissant, les pièges nombreux et fatals *. Mais je m'en suis bien sorti, puisque j'y suis entré... dans l'ovule.
Oh! ensuite je suis ressorti, j'ai grandi avec parfois l'envie d'y retourner. Je suis parti avec des gens que j'ai aimé et revenu souvent seul . J'ai à mon tour donner le départ de la même course, souvent. Ça m'a rapporté deux trophées, qui à leur tour on grandi, etc... Puis ensuite je me suis reposé, et j'ai vieilli. Voilà.
Sacré voyage quand même que celui de la vie, non?
Et vous c'était comment?
*(j'ai essayé avec fataux, je trouvais que ça faisait bien, que ça faisait riche pour le pluriel de fatal... Mais le correcteur d'orthographe n'a pas voulu, dommage...)
Le préposé m'avait tendu la liasse de tickets avec une moue sarcastique en marmonnant dans sa barbe un "C'est vous qui voyez" qui me disait quelque chose.
D'ailleurs son visage me rappelait quelqu'un à mesure qu'il insistait " Y en a qu'ont essayé, y z'ont eu des problèmes..."
Celà dit, il confirmait que le train pour Pau était très rapide et c'est ce qui comptait attendu que mon patron ne m'avait accordé que trois ans de congés.
Quand on annonça que le train de quinze heures soixante douze entrait en gare de Paris, je ressortis vivement mon billet pour vérifier l'horaire mais tout semblait normal et sur le quai désert, personne ne manifestait le moindre étonnement, non personne. J'en conclus que ma montre était obsolète et qu'elle serait tout aussi bien dans la cage à oiseaux avec l'entonnoir et la brosse à chaussures qui ne me quittaient jamais.
Elle semblait nerveuse et je caressai doucement ses poils soyeux sous l'oeil attendri de ma voisine; elle aussi devait aimer les brosses.
La mienne n'avait pas véritablement de sens et j'avais pris l'habitude de la caresser d'un côté puis de l'autre pour éviter qu'elle ne perde ses poils.
Comme par enchantement le train s'arrêta pile au niveau de la voiture numéro quarante cinq. J'avais insisté pour avoir le même numéro que celui inscrit sous ma semelle droite, c'est tellement pratique pour ne pas se perdre à condition de voyager en chaussures.
Ma couchette était très petite, sans lit mais avec un toilette et même du papier en rouleau que je mis facilement dans ma cage à oiseaux, contrairement au toilette qui semblait rudement bien fixé au plancher. Je décidai d'en faire mon lit d'autant que j'ai toujours dormi roulé en boule à cause des courants d'air.
La fenêtre en verre dépoli allait me cacher l'horizon mais, prévoyant j'avais acheté un livre au kiosque à journaux - un roman chinois dont le titre m'amusait - Sudoku.
Comme j'en cherchais la préface, l'ordre du départ résonna distinctement dans le wagon; cette fois je n'aurais pas besoin de l'entonnoir pour entendre l'annonce des gares. Je ne voulais pas risquer de manquer l'arrêt car le train était direct jusqu'à Irun comme avait cru bon d'ajouter le préposé aux liasses de tickets.
Un terrible grincement sous mes pieds suivi d'un clapotis dans le lit m'annonçait qu'on venait de larguer les amarres, des effluves iodées montaient déjà du wc et je dû rassurer ma brosse d'une nouvelle caresse dans l'autre sens cette fois-ci... le voyage commençait bien malgré un léger roulis que j'attribuai à la marée.
On frappait à la porte mais je me gardai bien de dire "Entrez" car ma brosse venait de s'endormir. Je décidai d'en faire de même et repris mon rêve de vacances là où je l'avais laissé la veille, bien à l'abri sous l'entonnoir.
Tout à fait impossible !
Car ils s’envolent…
Au gré du vent…
Sur la route
Autant vous le dire, nous partons rarement en voyage. Et quand il nous arrive de rouler vers une destination inconnue, il n'est pas rare que nous nous perdions. Ce n'est pas grave, on a des cartes. Et beaucoup de mauvaise foi.
Quand on s'étonne que nous n'ayions pas encore investi dans un GPS, nous répondons en choeur et avec un grand sourire : " Un GPS ? Ah non ! On préfère s'engueuler! "
Tout chez elle m’invite au voyage.
Lorsque je caresse sa peau chaude et dorée de méditerranéenne, je ressens la douceur du soleil de Toscane sur la mienne.
Sa bouche pulpeuse d’actrice de cinéma des années cinquante m’attire régulièrement dans un baiser à la fois langoureux et fougueux extrait d’un film hollywoodien dont nous serions les stars.
Je plonge alors mon regard dans ses yeux d’un vert profond comme dans un lac aux eaux mystérieuses et insondables et mes mains dans la cascade de sa longue chevelure bouclée. Et tel Jason, jadis, j’y puise toute ma force et toute mon énergie.
Depuis des années, mes mains se perdent en suivant les courbes harmonieuses de son corps gracieux. Pourtant, je ne me lasse jamais de ce voyage à la fois toujours semblable et sans cesse renouvelé.
Je suis en terrain certes connu mais jamais conquis. J’explore donc, encore et toujours et je découvre à chaque fois, sur elle, en elle, de nouvelles plages où je me repose, de nouveaux dédales pleins de douceur et de senteurs enivrantes où je m’égare, encore et encore, voyageur insatiable.
Dix ans déjà que je suis arrivé chez elle, par hasard, juste pour une étape et que je m’y suis arrêté, explorateur infatigable de notre amour intense.
Tout le monde sait qu’on peut très bien communiquer sans mots, mais la Chine fut le premier pays que j’ai visité où je me sentais vraiment à l’étranger. À part « Ni hao », « Bu hao » et « Xie-xie », je ne savais absolument rien de la langue, et jusqu’aujourd’hui, c’est encore le cas. Qui plus est, mon mari se moque de moi lorsque nous regardons un film chinois et je lui demande de hausser le son afin que j’entende, sans piger un seul mot.
Mais pour le voyage, je n’étais pas inquiète, je faisais partie d’un groupe d’Américains, je savais que je n’avais qu’à suivre le guide, que tout se passerait bien, et que j’apprendrais beaucoup. En partant de Détroit, j’ai eu ma première leçon de culture : quand on a annoncé l’intention de commencer l’embarquement, trois cents personnes dans la salle d’attente se sont levés en même temps, et tout le monde se bousculait pour entrer par la petite porte. C’était un peu comme un vieux film des frères Marx : quatre et cinq personnes s’entassaient coude-à-coude à l’enceinte et alors, personne ne pouvait y entrer jusqu’à ce que quelqu’un décidât de céder sa place. Plus tard, à l’aéroport de Pékin et puis à celui de Xi’an, même histoire. À chaque annonce, bong ! tout le monde se levait en masse et bagarrait pour être le premier à embarquer, comme si l’avion allait repartir avec des passagers encore sur les ailes ou accrochés à la dérive de l’avion.
Tout le voyage était un exercice de culture et de communication. On « parlait » aux chauffeurs de taxi avec des livres multilingues, trouvant la phrase nécessaire en anglais qui était traduite vers le chinois que le chauffeur lisait pour comprendre notre demande. J’ai eu une longue « conversation » avec une cordonnière au marché de Xi’an pour lui demander si je pouvais la photographier. Sa réponse était un « non » très clair. Au Square Tianmen, les deux blondes aux yeux bleus d’Amérique ont compris les demandes polies et se sont laissé photographier avec des soldats chinois, qui allaient sans doute envoyer les photos chez eux comme preuve de leurs « conquêtes » à la capitale. À la Grand Muraille, les vendeurs en bas parlaient toutes les langues, et ils ne se trompaient jamais : « One dollah » criaient-ils quand passaient les Américains ; « Ein Mark » pour les Allemands ; « Cinq francs » pour les Français. Et ils ne se trompaient jamais.
Le Jour de l’An, après avoir dansé toute la nuit à la discothèque de l’hôtel avec des représentants coréens – « On danse ? » étant une invitation qui se comprend universellement, ainsi que le sourire qui dit « Oui » – ma copine et moi nous promenions dans la rue. Croisant un jeune couple et leur gamin qui savait à peine marcher, nous avons dit « Ni hao ». Les parents ont répondu « Ni hao ». L’enfant, nous regardant et comprenant tout de suite, a répondu « Hello ».
Mais le meilleur exemple était lors de la visite au village hutong à Pékin. Notre groupe a eu le privilège d’entrer dans une maison et de serrer la main aux habitants : le Papy, la Mamy, le fils et la belle-fille, les petits enfants, et même les poules de la basse-cour au milieu.
Dans notre groupe, il y avait une famille de cinq New Yorkais, un couple et leurs trois grands fils.
Papy Hutong était impressionné.
- Trois fils ! s’est-il exclamé avec ses yeux et ses mains.
- Oui, a dit leur père, hochant la tête, tout fier.
- Vous êtes d’une virilité ! a crié Papy, tapant le monsieur sur l’épaule.
- Eh oui ! souriait le papa.
Puis Papy s’est retourné aux deux blondes derrière le papa qui rougissait du compliment. Le regard du vieillard était limpide. Il nous a dit, avec un haussement d’épaules et une moue dédaigneuse :
- Lui ?!? Ben, qui l’eût cru ?
Ma copine et moi étions mortes de rire.
Heureux de son succès auprès des Américaines, Papy Hutong s’est proposé pour une photo.
J’ai fait la photo de lui et ma copine, clic-clac, pas de problème.
Mais elle ne savait pas faire avec mon appareil, cela lui a pris un long moment.
Jusqu’aujourd’hui, on voit sur le diapo que je souriais très, très grand.
C’est parce que ce grand fourbe de Papy, avec les doigts de sa main gauche, me faisait comprendre que lui, c'était un homme universellement compréhensif !
停止發痒我 = Arrêtez de me faire des chatouilles !
Malgré un début de lumbago assez douloureux, signe plus qu'évident que je commence à en avoir plein le dos du boulot de fou qui est le mien, je suis allé à Paris le 20 mai dernier. L'objectif était d'assister à une présentation de produits d'un fournisseur de mon entreprise. Dit comme ça, ça en jette un peu plus.
« Ah que bien m'en a pris ! » comme dirait Johnny H. J'avais demandé à Marina B. de mettre le réveil à sonner à 4 h 30, le train démarrant à 6 h 05 et en fait je me suis réveillé de moi-même à 4 h 22. Preuve que je ne voulais pas rater ça !
Je suis sorti de la maison à 5 h 05 et j'ai traversé à pied Rennes endormie jusqu'à la gare. J'ai même pris quelques photos. J'ai acheté Libé pour avoir de la lecture, même si j'avais emmené Télérama, le Canard enchaîné et « Place au Gang » de Donald Westlake et Brian Garfield.
C'était la première fois que je voyageais avec un e-billet et je peux vous rassurer, ça s'est bien passé. On est tellement conditionnés qu'on a l'impression de brûler le dur quand on n'a pas un vrai billet de carton à composter et qu'on a juste une photocopie pourrie d'un fichier PdF reçu par courriel la veille. En fait, non, le contrôleur regarde votre carte d'identité et passe un coup de douchette sur le petit carré du e-billet et c'est réglo !
C'est comme quand on peut verser un million de dollars de caution pour sortir de prison aux USA. Ah oui, j'ai oublié de vous dire que le titre de Libé ce matin-là était « inculpé libéré ». « Vous êtes libéré de prison », comme on dit chez les monos malpolis ! J'ai lu tout ce qui concernait cette affaire DSK, les conneries du Festival de Cannes et ça m'a énervé de retrouver Libé tel qu'en lui-même il ne change jamais. Je l'ai refermé et j'ai sorti mon Canard enchaîné.
Tout ce que je n'ai pas gagné aujourd'hui ! Déjà, au départ, une journée à l'hôtel Intercontinental grand Paris. Je vous donne l'adresse, pour le cas où vous auriez plus de sous que « los indignados » de la Puerta del Sol. C'est 6, rue Scribe, à côté de l'Opéra. Oui, je confirme, le vrai nom de Scribe, c'était Eugène Numérobis ! Tout au long de mon séjour dans ce palace, j'ai bien pris soin d'éviter la chambre 2806, nombre avec lequel j'ai, personnellement, un lien assez fort. Je ne veux pas d'histoire avec quiconque ni même avec mon épouse qui, j'en suis certain, ne dispose pas d'un million de dollars par-devers elle – ou alors elle le cache bien !
A l'arrivée à l'hôtel, j'ai fait la queue comme tout le monde et on m'a donné un badge à mon nom avec un sac de bienvenue. Le sac servira sans doute à Marina pour aller rendre ses livres à la bibliothèque des Champs libres. Dedans il y avait le programme de la journée, un cahier à carreaux, un stylo et un mug
Ensuite on m'a conseillé d'aller chercher mon ticket pour la visite de l'après-midi. Je vous dirai tout à l'heure à quoi il donnait droit.
Ce matin déjà on me permet d'accéder à la salle de bal de l'hôtel, le salon Opéra. Au centre on y sert du café, du thé, du jus d'orange ou de pamplemousse et des viennoiseries en pagaille. J'ai pris jus de pamplemousse et beaucoup de pagaille! Hého ! Il était 9 heures 15 et j'étais debout depuis 4 h 22, si vous avez bonne mémoire ! Et puis un petit déj' gratuit à l'hôtel, il faudrait être drôlement bégueule pour refuser !
A 9 heure et demie je suis descendu aux conférences plénières. Avant d'entrer là, il y avait une longue table avec plein de revues dessus. J'ai fait comme tout le monde : j'ai regardé ce que c'était et j'ai embarqué deux numéros anciens de la revue « Virgule »: un sur Cyrano de Bergerac et un autre sur les Fourberies de Scapin le chaud lapin.
Je suis allé ensuite m'asseoir dans le salon Bizet et j'ai pris des notes tandis que M. Rodolphe, M. Guillaume et M. Matthieu causaient de la société Sco, des Sconettes, des Scohostes, des zoutils de découverte, des zibouks et des choses diverses qu'ils avaient à vendre.
A 10 h 50 on a eu le droit de retourner au buffet reprendre de la pagaille et du café. J'ai ajouté un autre numéro de Virgule et un Vocable english dans mon sac à trésors et j'ai reposé mon lumbago en écoutant des sociologues parler de poissons et de Facebook jusqu'à 12 h 50. Là on nous a nourris, au même endroit et aux frais de la princesse, de champagne, de petits fours salés et sucrés et de boissons diverses. Je retiens surtout une certaine pâtisserie au chocolat et à la crème de menthe dont je suis sûr d'avoir repris cinq fois, et je minore sûrement ! Je me souviens aussi qu'avant le café je suis revenu au salé : c'est qu'on venait de ramener des tartelettes aux olives et des beignets de crevettes !
L'après-midi, Mme Sandrine nous a gratifiés d'un cours sur les zeuhèrémesses et Monsieur Jérôme, un spécialiste de Couperin qui était justement assis sous un tableau représentant Lulli – auquel il ressemble ! - est beaucoup intervenu comme à son habitude !
A 15 h 30, c'était fini. Ne restait plus qu'à attendre la visite promise en lisant un Monde du jour qui était en distribution gratuite dans la boutique.
Pour la suite, je vous laisse avec le diaporama et avec vos interrogations.
Juste un dernier gag : dans le train du retour j'ai regardé les définitions des mots croisés du « Monde » et pour une fois, malgré l'erreur manifeste de disposition des cases noires dans la grille, j'ai tout trouvé. Je n'invente rien :
Horizontalement I. Devrait suivre de plus près sa consommation. II. Sombres et belles Africaines. S'épanouit dans les lieux humides. III. Aide à boucher les trous dans les caisses. Alimente le bétail. Lieu de grève. IV. Mise sous pression. Jeune envie. V. Faire grand tort. Quand le coup fait du bruit. VI. Ouvertes au sommet. Assure la liaison. VII. Liaisons rapides. Légère et sexy. VIII. Le temps de faire relâche. Affluent du Rhin. IX. Stratégie en noir et blanc. Bâtisseur de pyramides. Se redresse au sommet. X. Donne du volume à la suspension.
Verticalement 1. Permet de revenir à l'essentiel. 2. Pas facile à comprendre. Dans l'opposition. 3. Condamne le personnel aux travaux forcés. 4. Dans les dents. Sculpteur et poète. Gonflé en pleine mer. 5. Deux points. Projections en salle. 6. Bien fatiguée. Colorais en douceur. 7. Ouverture matinale. 8. Bien fatigué. Frappées dans leurs intérêts. 9. Pourra être approuvé. Attention quand elle est vide. Martine et ses éléphants. 10. Autrefois. Enveloppe. 11. Opposé à toute évolution. Grecque. 12. Alimenter la descente.
La réponse à toutes ces définitions est : DSK !
Souvenirs de VOYAGE(S)
Bons ou moins bons, amusants, déconcertants, étonnants ....
Racontez ... nous sommes toute ouïe ...
Venise; Joye ; Vegas sur sarthe ; Mamido ; MAP ; Berthoise ; KatyL ; EVP ; Titisoorts ; rsylvie ; Joe Krapov ; Jo Centrifuge ; Sebarjo ; Teb ; Droufn ; 32Octobre ; Célestine ;
Alors que dehors le vent fouettait les fenêtres, enveloppées dans mon peignoir de bain
Je ne compris pas tout de suite cette panne de l’écriture.
La vraie couleur de mon encre n’était pas bleue, mais invisible à l »œil nu.
Rien n’écrivait en moi !!
Maintenant dit soudain une voix : elle a besoin de moi !!
Pour faire quelque chose que j’ignore
Mais tu sais reprit la voix je souhaite te servir enfin à quelque chose !!
Je sursautai sur ma chaise allons reprit la voix
Il fallait se rendre à l’évidence cette voix sortait de mon ordinateur
Je ne comprenais pas ce qu’il était entrain d’arriver, dehors le vent détachait le blanc de la mer et le rependait sur la terre ;
Tu as faim me demanda l’ordinateur
Car j’ai remarqué que tu accompagnes l’écriture de biscuits ?
Comment ça dis je étonnée en mesurant que cet appareil entendait mes pensée sur les nuages.
Bon je me mets un chiffon sur la bouche et je t’écoute !
Qu’as-tu à dire au défi samedi ?
La conséquence ridicule d’avoir un ordinateur qui vous parle c’est de ne plus pouvoir s’en passer
Même quand je me bouche les oreilles je l’entends
Mon ordinateur encaissait les coups sans pleurer, quelque fois il rajoutait à mon écriture un déclic nerveux qui m’incitait à poursuivre.
Il tremblait souvent dans son inutile héroïsme à corriger mes fautes.
Ce soir me dit il faut m’excuser je dois m’absenter !
Comment je ne peux plus écrire sans toi je sais dit il tu n’es qu’un médiocre écrivain
Mais il te faut savoir que le talent arrive à l’improviste
On ne l’attend pas et on ne sait pas l’expliquer, un jour ton écriture produira quelque chose chez les autres
Une sensation de vide me traversa le corps et réclamait le sommeil
Quand je me suis réveillée ce texte était là sur mon écran sans que j’y sois pour quelque chose.
Une dernière phrase avait retenue mon attention :’ je suis le même ordinateur que tous les autres
C’est toi qui as changée et tu ne t’en rends pas compte.
C’est la photo sur l’écran que j’ai encore du mal à identifier !!!!
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