Défi #588
J'avais pensé vous proposer "Amnésie",
mais c'était déjà l'objet du Défi #11.
Mais si, je m'en souviens !
Alors un petit truc de nature à ravir mon neveu :
Anamnèse
J'avais pensé vous proposer "Amnésie",
mais c'était déjà l'objet du Défi #11.
Mais si, je m'en souviens !
Alors un petit truc de nature à ravir mon neveu :
Anamnèse
joye ; Laura ; Vegas sur sarthe ; TOKYO ;
Lecrilibriste ; Kate ; Walrus ; maryline18 ;
Pascal ; petitmoulin ; Yvanne ; bongopinot ;
Nous n’en sommes qu’au stade du projet, disait le Maire au préfet, mais je vous avoue toute ma satisfaction
Notre vieux cimetière va enfin faire peau neuve. C’est-à-dire dit le préfet qu’avez-vous en tête Monsieur le maire. ?
Nos chers administrés veulent rentrer de plain-pied dans la modernité.
De quelle modernité vous parlez ? Dit le préfet agacé
Pensez-vous que les morts ont à se soucier de leur avenir ?
Je ne vous suis pas Monsieur Le maire que va devenir votre cimetière.
Il sortit quelques croquis et losanges pour répondre aux questions fondamentales du préfet.
Ce n’est pas génial dit Monsieur le Maire en arborant fièrement ses croquis.
Ces petits dessins paraissaient superficiels voire illisibles pour Monsieur le préfet.
Nous ne sommes qu’au stage de la recherche renchérit Monsieur le Maire nous devons encore peaufiner le projet. Il est d’ampleur aucun cimetière n’existe à ce jour comme celui que nous allons faire surgir de terre. Notre équipe commence à se dire que tous les problèmes de la vie auront une réponse ici dans ce cimetière.
Les propos du maire commençaient sérieusement à agacer le préfet.
Le Maire poursuivait, nous avons commencé des tests nous sommes loin du résultat escompté mais nous poursuivons.
Quel test dit Monsieur le préfet qui ressemblait de plus en plus à un pitbull.
Nous allons servir une bonne cause disait le maire aveuglé par son enthousiasme.
Les morts pourront enfin dialoguer avec les vivants Monsieur le préfet
Sur chaque tombe la réplique de la main du défunt nous fera signe. En somme un geste pour l’éternité.
Le cimetière sera une collision de mains qui rappellera les vivants à eux.
Une grande fresque de main ornera l’entrée du cimetière. Un cimetière miroir dont les connexions avec les morts n’échapperont plus au cerveau humain.
Le préfet se précipita alors vers son véhicule sorti son fusil tira à bout portant dans la tête de Monsieur le maire qui maintenant gisait comme une pastèque éclatée au sol .Ca faisait vraiment désordre.
Je t’en foutrai moi des connexions dit-il en reprenant le volant de sa Scénic ..
Oui se dit le préfet ce Maire était du mauvais coté du fleuve la vie est parfois bien étrange.
Transformer un sujet en zombie a toujours été très délicat, même pour un bokor haïtien.
C'est qu'il faut maîtriser le dosage de la tétrodotoxine, le temps d'ensevelissement, l'administration d'atropine et je ne parle pas de l'hypnotique qu'il faut sélectionner soigneusement et administrer au bon moment en quantité idoine, faute de quoi, votre mort le sera vraiment !
Aujourd'hui, la recette est beaucoup plus simple : suffit de lui filer un smartphone et vous obtenez un parfait smombie !
« Un zombie (emprunt à l'anglais bien que plus usité en français ou zombi (terme utilisé à l'origine en français, dérivé de zonbi en créole haïtien ; nzumbe ou nzambé en kimbundu/kikongo) est une personne ayant perdu toute forme de conscience et d'humanité,au comportement violent envers les êtres humains et dont le mal est terriblement contagieux. » -Wikipedia
La chanson des Cranberries
Toi qui reviens à la vie
Moi qui écris
Sans me soucier de la pluie
Rien ne sera jamais aussi
Grave que ton absence de vie
Elle est aussi frisée que mon vieux crâne est glabre
et je ne sais répondre à sa nymphomanie
de ses gémissements je n'entends que nenni
et mes déhanchements sont des danses macabres
Que peut-elle trouver à mes yeux larmoyants
à ma frêle carcasse, à mes inondations
je boite d'une jambe empêchée d'érection
je risque à chaque assaut l'AVC foudroyant
Dans ses bras je me sens partir les pieds devant
je pousse un dernier râle à l'entrée de sa grotte
mon cerveau est tari d'idées qui ravigotent
Car elle a gaspillé mon ultime liqueur
me voilà desséché, vidé bien avant l'heure
à quoi bon tâtonner, je suis un mort-vivant
Avait-t-il seulement vu qu'elle était déjà morte ?
Non, bien sûr, occupé comme il l'était à se remémorer les meilleurs moments de sa vie, il ne pouvait s'en rendre compte. Ses pensées remontaient le temps constamment, jusqu'au grenier de ses années perdues. Entre regrets et illusions, bonheurs poussiéreux et déceptions, il voyageait en solitaire.
Parfois, entre deux visages retrouvés, deux émotions ressuscitées, il faisait une pause. Il reprenait sa place parmi les vivants. Ces moments ne duraient pas, très vite il repartait, laissant Amélie à sa réalité. Il ne remarquait pas son habileté à servir les clients, son parfum fleuri, sa robe dessinant ses hanches, son regard gourmand...
Il fouillait inlassablement ses vieux cartons comme un enfant qui s'ennuierait, à la recherche d'un trésor. Les heures s'écoulaient lentement mais, malgré ce calme apparent, des courants contraires lui faisaient pourtant boire régulièrement la tasse. Il avait beau s'accrocher aux berges de cette rivière faussement paisible, vider ses poches pleines de billes, avaler les sucreries qu'il y avait cachées jadis, le poids des remords, dont il ne pouvait se délester, l'immergeait dans des profondeurs glacées. il finissait ses journées souvent désabusé, comme un pêcheur qui rentrerait bredouille d'une pêche qu'il avait imaginé miraculeuse.
Toujours à la recherche d'une nouvelle idée, son esprit errait, se forçant un chemin au milieu du brouhaha régnant dans le café. Amélie virevoletait autour de sa bulle sans qu'il ne la remarque jamais. Il lui semblait qu'elle se trouvait à sa gauche alors qu'elle essuyait une table à sa droite, il la croyait proche alors qu'il ne voyait déjà plus que son reflet dans le miroir, derrière le comptoir. Il ne savait rien de la froideur de sa peau, de la faim qui grognait au creu de son être, qui l'implorait, juste au dessus de son ventre vide.
Comment aurait-il donc pu prévoir l'imprévisible et deviner toute la brutalité cachée dans son désir de le goûter, de poser sa bouche sur sa tête douce et lisse comme une pomme d'amour !? Comment aurait-il pu deviner de quelle façon elle lui volerait tout ce qu'il lui refusait : la clé de ses songes, le berceau de ses sentiments, la totalité de ses rêves cachés, enfin toute son intimité, la plus belle, et qui représentait l'objet de tous ses fantasmes...Savait-il seulement qu'une partie molle de son être allait bientôt se révéler comestible et qu'elle s'en délecterait avec une avidité sans nom ?
Non tout ceci ne figurait pas dans ses représentations mentales tellement sages et prévisibles, à la veille de l'irréparable. Elle allait bientôt savoir le goût de son brillant cerveau, allait en aspirer les recoins, en lécher les lacunes, se servant de sa salive comme d'un révélateur au service de sa curiosité exacerbée.
Personne ne pu lui venir en aide, le matin du drame. Un rayon de lumière étrange éclaira le visage de la jeune femme et elle se jeta sur lui comme une lionne sur une gazelle. La matière grise et blanche sanguinolente dégoulina de ses commissures jusque dans son cou trop blanc. Des râles inhumains rendaient la scène encore plus insupportable. En quelques secondes, ses joies, ses peines, ses envies, ses amours, tous ces souvenirs qui le retenaient loin, trop loin d'elle, tout volait en éclats, tout s'émiettait sous ses dents destructrices.
Les clients restèrent pétrifiés devant autant de cruauté. Personne ne semblait capable d'arrêter ce carnage, personne, sauf l'illusionniste, le magicien en ces lieux, l'écrivain lui même.
Amélie lui apporta un deuxième café et... inspiré, il remarqua que ses lèvres étaient rouges...
-"Quelle histoire écrivez-vous en ce moment Monsieur Cervelet ?"
-"Une histoire d'amour qui finit mal... J'aime bien votre nouveau rouge à lèvres !"
Sorti des corridors sans portes
Du néant
Son cri n'en finit pas
De secouer la montagne
Ses mots désappris
S'entassent dans la bouche sèche
De muettes empreintes
Son corps sans forme
Divague sur le champ
Peuplé de chimères
Ses mains déchirent en lambeaux
La peau bleuie de la peur
Il disparaît
Entre terre et ciel
Et laisse derrière lui
L'éclair d'un d'orage
— Té, Paulo ! Ça va ?
— Adi Jacky ! Non, ça va pas p'tain !
— T'es malade ? Tu es blanc comme un cabécou.
— Eh non, je suis pas malade. Quoique, si. Malade de rage tiens.
— Oh ! Qu'est-ce qui t'arrive ?
— Ma truffière p'tain. Elle a été visitée encore une fois cette nuit. Et drôlement cavée.
Les deux copains se dirigent d'un bon pas vers la Vigne Haute pour constater les dégâts. Ils suivent sur le causse, un chemin encore bordé de murailles en pierres sèches à demi-écroulées. Personne n'a songé à changer le nom de la parcelle. Autrefois, avant que le phylloxéra ne fasse des ravages, cette terre produisait un vin réputé dans toute la région. Aujourd'hui, son exposition, son sol caillouteux, « brûlé » dit-on parce que pas un seul brin d'herbe n'y pousse, favorisent le développement du célèbre tubercule que l'on appelle « le diamant noir. »
La truffière de Paulo s'étend sur une bonne trentaine d'ares, plantée de chênes rabougris, branchus depuis le pied, qu'il faut élaguer souvent pour laisser de la lumière aux tubercules. Une belle truffière. Qui « donne bien. »
— Regarde Jackie. Il n'a même pas pris la peine de reboucher les trous ce salaud. Je comptais sur la vente pour me fournir en nouveaux plants et cultiver la terre de Peyrefiche. C'est foutu. Bordel de bordel.
— Il n'a pas eu le temps d'aller jusqu'au bout du champ. La mouche se promène. T'en fais pas mon Paulo, il en reste encore, va !
— Je suis à peu près certain que le Louis de Cantegril a fait le coup. Il paraît que son chien a un nez formidable. Pourquoi l'a-t-il dressé : il ne possède pas le moindre petit bout de truffière ? Il chaparde. Il paraît qu'il fournit certains restaus de Sarlat en douce. Je vais le tuer ce con. Cette nuit, je viens avec le 16. Je te jure Jacky : s'il se ramène, je le descends.
— T'es fou ? Je vais t'accompagner ce soir. J'ai une bien meilleure idée. Je le connais le Louis : une paille en croix, il rentrerait sous terre. On va lui foutre la trouille...
En fin d'après midi, Jacky arrête son 4/4 devant chez Paulo. Tout fier de sa trouvaille, il brandit sous le nez de son pote un bras terminé par une main, le tout plus vrai que nature.
— Hein ? Qu'est-ce que tu veux faire de ce truc ? T'as trouvé ça où ?
— T'occupe ! J'ai déniché l'affaire chez mon voisin, le sculpteur parisien. On va rigoler.
La nuit venue, juste assez claire pour encourager le malfrat, les deux comparses se rendent à la truffière. Ils n'attendent pas longtemps. A peine Jacky caché derrière la grosse pierre servant au bornage et Paulo à l'affût dans le bois qui jouxte la parcelle, un bruit de pas sur le chemin les alerte.
Un homme, grand et sec, coiffé d'un chapeau lui couvrant presque tout le visage s'avance prudemment. A son épaule pend une musette. Son corniaud lui emboîte le pas. Il s'agit bien du Louis. Le chien, subitement, s'écarte et fonce sur le gros os de bœuf que Paulo a pris soin de poser en bordure du champ. Louis l'appelle doucement mais la bête se régale et feint de ne pas entendre.
En grommelant, le voleur se dirige droit vers la partie qu'il n'a pas explorée la veille. Comme l'avaient prévu les deux amis, il commence à creuser en reniflant chaque poignée de terre, juste sous le chêne, à côté du bornage. Soudainement, il se redresse, recule, tombe, hurle pendant que le membre en plâtre que Jacky brandit au bout d'un bâton s'agite sous son nez. Il bondit dans les broussailles comme s'il avait le diable aux trousses oubliant son couvre-chef, son sac et son chien.
— Il va avoir une attaque plaisante Paulo.
— Ça l'apprendra à nous prendre pour des truffes ce cochon !
Zoo humain plus qu'incertain
Oublie ma présence jouis de mon absence
Maudits sont les uns vernis certains
Briller en silence fuir tout arrogance
Imiter la cruauté du petit matin rêver aux soirées diaprées de juin
Eclipse Soleil par ta présence des mauvaises pensées les nuisances
Thriller
Pour conjurer la peur
Danser
Jusqu'au bout de la nuit
Comme un zombie
S'endormir crevé
De drôles de zombies
errent sur la planète
violant les femmes, volant enfants
pour qu'ils aillent exterminer
en première ligne, des gens
ou bien pour les soumettre
et leur faire mordre la poussière
sans tambours, ni trompettes allègrement
De drôles de zombies
trônent sur la planètes
dans leurs fauteuils de cuir
calés par des coussins de soie
les pontifes vendent les armes
sans états d'âme et sans émoi
sans se soucier des larmes
que font couler leurs fiers exploits
De drôles de zombies
siègent sur la planète
se noient dans leurs ponts d'ors
armés de dents d'alligators
qui rayent les planchers des rois
pour se la couler douce,
tandis que d' autres se trémoussent
pour boucler leurs fins de mois
De drôles de zombies
sillonnent la planète
sans honte et sans scrupule
abusent et volent les harragas
qui bravent la mer et les tempêtes
rêvant de découvrir la lune
esperant faire fortune
dans un pays de libertés
De drôles de zombies
gangrènent la planète
vendant des doses à la sauvette
flocons de joie, marijuana
qui défonceront des jeunesses
les rendant accros et zombies
sans aucun regret ni souci
de ce qu'il en adviendra
Heureusement, sur la planète
y a de drôles d'anti zombies
des généreux et des rebelles
des gens qui te font la vie belle
qui savent sourire et puis aider
qui rêvent et font une société
ou figure fraternité
où prime le mot d'humanité ... Mais ...
Chaque matin, avec mon frère et mes sœurs, c’était toujours un peu la cohue dans la maison. Après un rapide coup de gant de toilette sur le nez, un bol de café au lait, un autre coup de peigne, c’était parti pour la journée, et l’école. Au joyeux brouhaha de la jeunesse insouciante, dans le hall, on ajustait les capuches, les bonnets et les moufles en laine. Ma mère s’activait en serrant le cache-nez de l’un, en fermant les boutons du manteau de l’autre, jusqu’en haut…
Ce jour-là, bizarrement, la porte de la salle à manger était au trois quarts fermée. Malgré mon empressement, toujours aussi curieux, il fallait que je passe mon museau pour savoir ce qu’il se tramait derrière cette porte. En général, quand mon père changeait de pantalon, il poussait la porte, et on savait qu’on ne devait pas rentrer ; cela durait quelques instants et tout retrouvait la normale…
M’man faisait des allers-retours entre nous, la cuisine et la salle à manger, en prenant soin de bien repousser la porte. Sur son visage fatigué, elle avait l’air soucieuse, plus que d’habitude. Moi, qui l’observais tout le temps, je savais tout de son humeur ; quand elle souriait, il faisait beau, quand elle chantait, c’était une fée dansant sur la marelle de sa cuisine ; quand elle pleurait, je le voyais, même si elle se cachait, et j’étais triste de ne pas pouvoir la consoler avec mon réconfort, et le temps était à la pluie… M’man, c’était le baromètre de mon entrain…
Et puis, à cette heure, normalement, mon père était déjà au boulot ; pourtant, il y avait encore sa voiture au garage, sa mobylette aussi !... Je ne comprenais rien à tous ces mystères !... J’étais comme un chaton coincé devant une porte fermée ; pourtant, elles devaient être toutes ouvertes pour satisfaire mon imagination d’insatiable aventurier !
En respirant la maison, je tenais son pouls, je connaissais ses craquements de plancher, le bruit intime des interrupteurs de chaque pièce, l’odeur du feu dans la cuisinière qui montait jusqu’aux chambres, les pas des uns et des autres sur les planchers ; à leur démarche, je savais qui et qui escaladait ou dégringolait les escaliers ! Je connaissais mon nid et ses occupants par cœur !...
Les autres, ils étaient partis à l’école en laissant derrière eux tout ce qu’ils n’avaient pas cherché à comprendre. Il était hors de question que je m’en aille sans savoir ; le terrible point d’interrogation que j’aurais traîné toute la matinée aurait ralenti mon instruction tant il m’aurait occupé l’esprit…
La maison était redevenue silencieuse ; j’entendais le tic-tac de l’horloge de la cuisine comme le métronome d’un temps de maison où je n’aurais jamais dû me trouver. Tout à coup, j’entendis éructer puissamment mon père ! C’était bruyant, inattendu, surprenant ! J’ai sursauté !... Mais que se passait-il derrière cette porte ?... J’ai reconnu le pas empressé de ma mère !... Elle allait ressortir de la pièce !... Vite, je me planquai dans la montée des escaliers en me couvrant le visage des plis d’un long manteau pendu à une patère…
M’man est passée avec un linge rouge de sang dans les mains !... Mais que se passait-il ?... Mon père était-il blessé ?... S’était-il coupé la gorge en se rasant ?... Notre chien de chasse l’avait-il mordu ?... Était-il tombé sur du verre ?... Je n’avais jamais vu autant de sang !... Ce que j’en connaissais, c’était les écorchures aux genoux, aux coudes, juste de quoi teinter un coton !... La télé ?... Depuis notre petite télé noir et blanc, ça ne risquait pas qu’on s’éclabousse l’esprit avec de l’hémoglobine cathodique !...
Avec tout ce qu’il y avait sur le linge, il ne pouvait plus être vivant, mon papa !... Je tremblais sur mes gambettes !... Tout à coup, j’eus l’impression sidérale de l’effroi majuscule, du désert aride et des profondeurs insondables !...
J’avais la tête qui tournait !...Un linceul de plomb m’enveloppa !... Glacé d’effroi, je ne pouvais plus respirer comme si j’étais pris dans le carcan d’un étau assassin !... Même mes pires cauchemars ne m’avaient jamais rapporté pareille frayeur !... J’ai pris conscience de la fin de monde, et je me suis senti encore plus petit, si péniblement accroupi, sur ma marche d’escalier. Je n’arrivais plus à réfléchir comme si un avenir brouillon, irrémédiablement tâché de sang, se mêlait intensément à mes fabulations, en rougissant toutes mes pensées les plus secrètes…
M’man est repassée avec une grande serviette propre. Pensant être seule, elle ne prit pas la peine de refermer complètement la porte ; alors, j’approchai. J’étais pantelant, un peu comme un zombi à qui on a pris tout le sang, mais je voulais savoir ; j’avais des larmes plein la figure mais je n’arrivais pas à pleurer avec des sanglots. Je passai la tête à travers l’ouverture…
Mon père, assis sur une chaise, la tête en arrière, tentait de juguler un important saignement de nez. Avec une main, il appuyait la serviette sur son visage ; je sentais toute son impuissance à endiguer cette terrible hémorragie. Il se raclait la gorge et il crachait encore, et cela faisait un bruit infernal entre mes oreilles. Je savais que toutes ces terribles émotions s’inscrivaient à jamais dans les petites cases toutes neuves de ma mémoire.
Ma mère aperçut le bout de mon nez qui dépassait de la porte ; elle voulut me chasser, m’envoyer à l’école, mais mon père m’appela sur son genou. Si près, avec toutes mes prières, et en le serrant fort dans mes bras, il allait guérir. Il me dit qu’il s’était mouché trop fort puis il me pressa d’aller à l’école. À midi, quand je suis rentré, j’ai foncé jusqu’à la salle à manger ; il n’était plus là, c’était la preuve qu’il était sauvé…
Dans ces nuits sans sommeil
Il avance comme un zombie
Amorphe et sans énergie
Il déambule même les jours de soleil
Tout son être est estourbi
Toute sa vie part à la dérive
Rien de bon ne lui arrive
Toute son existence il a subi
Il espère voir très vite la lumière
Dans cette drôle d’atmosphère
Percevoir enfin une belle lueur
De ces journées vagabondes
Il titube dans ce monde
Attendant un avenir meilleur
J’aime pas du tout les yaourts
Qu’ils soient aux fruits ou nature
Ni même avec de la confiture
Non je n’aime pas du tout les yaourts
Mais j’aime bien les charlottes aux fraises
J’aime bien les salades de fruits
Je peux même me lever la nuit
Et tout finir car cela m’apaise
J’aime bien les mousses au chocolat
J’aime bien la compote de pommes
Sentez donc tous ces arômes
Je les mange même pour un encas
J’aime bien la tarte Normande
J’aime bien le far Breton
Et même la tarte aux citrons
Oui je sais je suis gourmande
J’aime aussi les éclairs au café
J’aime bien les crêpes au sucre
Pas même besoin de me convaincre
J’adore tous les dévorer
Mais j’aime pas du tout les yaourts
Qu’ils soient aux fruits ou nature
Encore moins à la confiture
Non j’aime vraiment pas les yaourts
Il est passé tout droit, fier, hautain, imprévisible mais bien fermenté... tout comme Germaine sa lanceuse.
Germaine avait très vite été douée au lancer d'objets en tous genres et le message «Yaourt ou yogourt... prends-ça dans ta tronche !» m'est parvenu bien après le crash du produit concerné dans la soupière rose en porcelaine de Gien, cadeau de mariage de tante Anastasia qui trône sur le buffet depuis... depuis ce lointain événement.
En vingt ans de mariage j'étais devenu expert en balistique et en dépit de la masse du projectile, de ses frottements dans l'air et de l'arthrose du poignet de Germaine, je peux affirmer que la trajectoire de cette voie lactée était rectiligne et qu'elle allait manquer sa cible.
Autrefois on n'était pas riches alors on le dégustait à deux, les yeux dans les yeux et cette petite cuillère qui allait et venait alternativement dans nos bouches gourmandes était un merveilleux excitant.
On terminait alors notre délicieux dessert en s'en tartinant sous la couette avec... non, vous n'en saurez pas plus.
Et le temps a passé, on est devenus moins pauvres – chacun sa petite cuillère – et on est passés aux fruités sauf qu'on n'était déjà plus d'accord sur le fruit ni sur la nature ni sur le nom lui-même.
Il faut dire que Germaine s'était mise à parler le yaourt, des phrases floues ponctuées d'onomatopées, un jargon incompréhensible qui n'arrangeait pas cette situation conflictuelle.
De biquet, je suis devenu vieille carne alors elle est passée de chaton à grosse vache car même en terme d'affections on n'était plus d'accord ; mon cholestérol et son ostéoporose faisaient mauvais ménage.
C'est alors que le sujet sur l'orthographe du yaourt est venu sur le tapis si j'ose dire, tout comme le projectile qui – dégoûtant de la soupière rose de notre beau mariage – s'était répandu piteusement à mes pieds en une petite flaque laiteuse.
« Raté ! » ai-je crié, triomphant et sûr de mon fait « Va t'en donc voir Erdogan chez les turcs et demande lui s'il y a un 'h' à yogurt ! »
« Et toi chez les grecs ! » m'a t-elle rétorqué en référence à un séjour au pays hédoniste qui ne m'enchantait pas plus que ça .
« Le grec c'est du brebis, Madame... pas d'la vache » ai-je rectifié savamment.
« D'abord on dit Erdoan... pas Erdogan ! » m'a t-elle asséné, forte de tant de soirées passées à regarder BFM TV.
Voilà qu'on en était arrivés à s'écharper sur l'alphabet, mon 'h' contre son 'g'.
« Après on s'étonnera que les pays se fassent la guerre » ai-je voulu conclure en élevant le débat.
« Va plutôt chercher la wassingue pour nettoyer ce gâchis» a t-elle lancé, à bout d'arguments pour ramener le débat au ras du sol.
Depuis huit jours qu'elle avait découvert ce mot, elle me le servait à chaque occasion c'est à dire deux fois par jour et je maudissais le type qui avait lancé ce défi un samedi matin, à l'heure où les gens normaux font la grasse mat ou leur tiercé !
Alors je suis allé chercher une serpillière – sans commentaire – pour nettoyer le gâchis d'un yogourt nature qui n'avait rien demandé à personne.
Pour l'heure Germaine s'était privée de dessert et comme il ne lui restait qu'une banane ou des kumquats – par prudence et par respect pour le 'k' et le 'q' – je lui ai suggéré la banane, fruit de forme ambiguë certes et qu'un farfelu nommé Rocco Polo ou Marco Polo avait osé baptiser « pomme du Paradis »... tu parles !
En la regardant engloutir sa banane aux multiples bienfaits, j'imaginais tous les combats qu'elle menait : dépression, stress, gueule de bois, nausées matinales ; Ah ça ! elle m'en servait des nausées matinales, bref... non, vous n'en saurez pas plus.
POT de yaourt ABANDONNE
Ne guérit point
Crème de châtaigne
Mêlée au lait chaud de la chèvre
Monsieur SEGUIN et sa cuillère à pot
PEAU DE CHAGRIN MIETTE DE PAIN
BEGAIEMENT de l’enfant qui sur son pot
Comme un idiot joue à POT perché.
Et regarde le papillon.
Le printemps dépote les fleurs, et fait les cerises en pot puis tu titubes comme un ivrogne
Alcool fort raisins en pot gorgés de soleil
POET POET POET j’entends vos voix et j’ouvre le port de miel et s’écoule tout RONSARD et sa rose
Jeanne ne cours point si vite ton pot au lait va vaciller
ALLONS TOUS PLEIN POT VERS LA GRANDE VIE.
Yaourt en pot
Pot de bebe
Bebe en pot
Peau de bébé
Peau d’âne
Oui, yaourt, disons-le tout net (sur le net) plus simple que yogourt, yoghourt... et toutes orthographes plus ou moins exotiques (et peu pratiques).
Même s'il est vrai que la première apparition du mot "yogourt" dans un texte français, "Le voyage d'outremer" de Bertrandon de la Broquière remonterait à 1455-57, que la première mention en turc médiéval de "yoğurt" date de 1070 et que la recette millénaire remonte à la Préhistoire...
Même si j'ai vu apparaître les yaourts à l'épicerie du coin dans des pots en verre et qu'ils s'appelaient bien des "yoghourts" et se vendaient un par un comme des trésors...
Même si je passe sur les mêmes mais en pots en carton, l'achat de la yaourtière orange de chez S. ("c'est mieux !") qui impliquait que ma mère se mette le soir en rentrant du bureau à préparer les yaourts pour la famille... je passe sur l'engouement délirant des débuts et la lassitude qui s'en est forcément ensuivie...
Même si Mammouth s'est mis à vendre ces articles mais il fallait se rendre en périphérie de la ville, une vraie expé... générant lassitude après engouement...
Même si j'ai cru halluciné quand on a commercialisé il y a une petite dizaine d'années le yaourt à la confiture, restait à venir le yaourt à la tarte tatin... et tant d'autres...
Mais, d'après le 20 heures de France 2 du 17 novembre, les ventes de ces produits dont la diversification est devenue extrême seraient en baisse, hormis sur les yaourts "bio" et yaourts au lait de brebis, chèvre...
Oui, il y a bien longtemps lors d'un voyage en Angleterre, trois camarades, plus à l'aise en français qu'en anglais (et fiers de l'être) et plutôt en mal de rigolade, avaient tenté le langage "yaourt" : fruits confits, oeuf corse (j'en passe...) pour "three coffees", "of course", etc. et s'amusaient à confirmer l'opinion bien-fondée des Anglais sur notre magnifique accent...
Marchons donc sur des oeufs et Paul Mac Cartney a fredonné longtemps sur une musique qu'il avait composée les paroles "scrambled eggs" avant de finalement trouver "Yesterday", of course !
Jean Schultheis, chanteur des années 70-80, (le Fouquier-Tinville de l'opéra-rock "La révolution française" (1973)), a chanté en 1978 "Quand je chante en yaourt" pour danser et sourire, c'est déjà pas mal...
Dans la comédie d'Olivier Nakache et Éric Toledano, "Le sens de la fête" (2017), Gilles Lellouche anime un (grand) mariage et il doit chanter une chanson italienne, "Se bastasse una canzone " d'Eros Ramazzotti...
Ecco l'originale :
Pour sourire... et danser !