Ce matin je suis guillerette, comme si… tout allait bien. Je suis zen…
Je prends le chemin de Saint Georges des Groseillers. Oui, j’ai changé de salon de coiffure.
L’autre était trop bruyant, et puis nouvelle tête, nouvelles têtes !
Je franchis le seuil du salon de coiffure de la place rose. Un p’tit tintement de carillon m’accueille.
-« Bonjour madame….venez prendre place au bac ».
Une
jeune apprentie (si si, apprentie cela se voit, se ressent, tant elle
est hésitante. Mais il faut bien commencer. Et de toute façon
aujourd’hui je me sens l’âme à tout excuser). Je
m’installe. Le fauteuil n’est pas très confortable mais ce n’est pas
grave, car j’ai à peine le temps d’y penser qu’il faut enlever les
lunettes. (Tiens je les avais oubliées celles-là !)
Le
visage légèrement incliné, je m’abandonne aux deux mains qui s’emparent
de ma tête avec grande délicatesse. L’une passe sur la nuque et rabat
les quelques petits cheveux rebelles. L’autre emprisonne habilement les
derniers récalcitrants et me voilà prête pour recevoir l’eau que j’ai
entendu couler de la pomme de douche. La température ni trop chaude ni
trop froide, est tout de suite agréable, ce qui amplifie mon sentiment
de bien être. Un parfum de pomme verte s’évapore d’une bouteille de
shampoing, pour venir avec gourmandise se déposer sur ma chevelure. Je
ressens la douce pénétration du produit, subtilement guidé, par les
doigts habiles de la coiffeuses. Et commence la ronde des petites mains
sur ma tête. Doucement, puis avec une fermeté tonique, que seule
possèdent ces mains là. Je me laisse envahir par la délectation du
moment.
Quand
soudain, la douceur fait place à une danse endiablée, où courent une
dizaine de petits doigts, gesticulant dans tous les sens. Et je monte
et je descends, et je remonte, et je redescends… pendant 2, 3 minutes
qui me semblent une éternité tant je suis si bien.
Je
plane, je flotte, le bruissement d’un ruisseau m’inonde de bonheur,
quand un nouveau coup de vent balaie tout sur son passage. Senteur de
printemps, je suis dans le verger du voisin. Je cours entre les
pommiers. Je me cache. Ils me cherchent. J’ai 1O ans, et des rires
d’enfants m’accompagnent. C’est à peine l’automne. Il fait encore beau,
mais déjà novembre approche, et nos jeux interdits fâchent nos mères
qui n’aiment pas savoir leurs petits dehors à la nuit tombée. Je
rentre, ils ne m’ont pas trouvée. Dedans, il fait bon. Le fourneau
inonde la pièce d’une douce chaleur. Maman m’accueille d’un sourire. Sa
main posée sur ma joue. Douce caresse de l’enfance. Tendre complicité
maternelle.
-« Madame Roulleaux, nous allons passer au salon. »
Bienheureuse, j’ouvre doucement les yeux,
et suis mon interlocutrice.
-« Voyez
vous, mesdames Djanezcka et Val, voici les raisons qui m’ont fait
mettre au point cette machine, qui en quelques coups de tourne visse,
va s’adapter à votre robinetterie et faire que chez vous, il vous sera possible à tout moment de la journée de vous procurer, les bienfaits d’une shampouineuse à domicile » !
Bien que dubitatif, Papistache tourne et retourne l’offre publicitaire.
-« C’est vrai que pour 25 Euros » dit-il
-« ce qui n’est même pas le prix d’une coupe+brushing » s’exclame Val
-« Allé
adjugé, vous m’en installé 3….et, nous vous donnerons notre jugement
définitif d’ici quelques jours, quand à notre décision de vous soutenir
dans la commercialisation de votre invention ».
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