Nous ont distillé un nectar
Les reclus volontaires - tiniak
(à l'ami qui se reconnaîtra)
Réclusion volontaire...
Il me semble, à présent, que la lumière est forte
au-delà de la porte où patiente l'hiver
Assis sur ma colère, il faudrait que j'en sorte
mais je croupis aux fers d'un tas de lettres mortes
Encore un air de cure à fondre un Baudelaire
et l'attaque est massive !
Les yeux dans la solive et le grin à l'envers
retenant ma salive au bord du prochain vers
je m'en procure un autre, au divin élixir
C'est la curée, pour sûr !
La tournée du Par Don...
Quelqu'un parlant ma langue (avec le dos au mur)
a rangé sa voiture auprès du guéridon
où me suis résigné à prendre un Aqua-Bon
Lui, va prendre une prune à tant boire de quetsche !
mais nous sommes raccords, sur le mode revêche
Alors, il fait bon vivre et railler ce beau monde
quand un regard ami déclasse brune ou blonde
au fût des mis-en-bière
Une prune à London, ça vaut combien à Stras' ?
Le délire est lancé - un palet sur la place !
Un duo de froggies devant Trafalgar Square
n'en a plus rien à s'couer des Bobbies à visière
et font rimer "doot-doot"
avec "La Marischen, un rabiot de choucroute !"
Sur ce banc, délacés, lâches du pantalon
on n'en a pas fini... : "Ils ont des chapeaux ronds,
mais portent le paaaagneuh !
Ils ont des chapeaux ronds, mais portent cal'çon !"
(l'était pêchue, la quetsche !)
Bon appétit ! (Walrus)
Des quetsches, qu'est-ce que j'ai pu en manger dans ma jeunesse !
Et de toutes les façons :
- fraîches
- en compote
- en confiture
- au vinaigre
- en garniture de tartes*
... mais je ne le savais pas!
Je suis le Monsieur Jourdain de la quetsche, le Richard Virenque du pruneau : dans ma région natale, on les appelait des prunes d'altesse. C'est quand je suis passé aux eaux de vie alsaciennes que j'ai eu l'illumination !
* la fameuse "tarte à prones pou t'chire à s'maronne"
Le paradis des quetsches enfantines (Laura)
Le paradis des quetsches enfantines 1
Les tartes sucrées aux jus acides.
Les quetsches de mon producteur
Aussi bonnes que celles d'Alsace.
Depuis mon deuil et mon rééquilibrage
Alimentaire, je ne fais plus de tartes
Car il était le bec sucré du couple.
Autrefois, je prenais une petite part
Et lui mangeait le reste en quelques
Jours. Les quetsches au présent
Ont de jolis noms comme Bonjour.
Ses cousines sont plus rondes:
Petites perles d'or ou vertes.
Les grosses prunes, surtout
Au supermarché sont assez fades.
Le plaisir du producteur au marché,
Pas bio mais certainement plus naturel.
Les quetsches annoncent la fin de l'été.
Le paradis des saisons présentes: poires
Aujourd'hui, pommes de toutes couleurs
Longtemps: idared, Canada; même la Golden
Que je n'aime pas, les siennes me plaisent.
J'attends avec anxiété de savoir comment
Sera la saison des cerises: un temps clément
Ferait une cueillette abondante et mon producteur
Reviendrait dans mon quartier.
Le paradis des quetsches enfantines
Se poursuit si on y veille en variétés
De prunes , de poires, de pommes,
De cerises sur les étals, taches de couleur
Dans la grisaille de janvier ou coups
De soleil sur nos tables et paradis
Des sens: le petit Jésus dans une culotte de velours.
Le paradis des quetsches enfantines
1 Mais le vert paradis des amours enfantines,
L' innocent paradis, plein de plaisirs furtifs.
Est-il déjà plus loin que l' Inde et que la Chine[1]? Charles Baudelaire, Moesta et errabunda in Les fleurs du Mal
EXCÈS EXCESSIF (Jean-Patrick)
La route est bien droite, ce qui se fait de mieux pour rouler à l’aise. Les voitures modernes avec régulateur et limitateur s’en donnent à cœur joie. Le conducteur lambda passe le secteur sans angoisse particulière, ni crainte pour ses points au permis. Les derniers arbres de campagne laissent place aux premières maisons qui bordent la chaussée, sitôt les panneaux publicitaires franchis. La forme rectiligne, répartie en deux vitesses autorisées, provoque le même comportement des chauffeurs : ils lèvent le pied du champignon, sans l’enfoncer sur le frein. En un instant, le bon citoyen de la départementale devient un chauffard criminel en agglomération. Les gendarmes le savent, ils se cachent de temps à autre en bordure de route et la transforme en tirelire juteuse pour le Trésor public. Les habitués s’en méfient, les distraits s’y laissent attraper.
— Chef, on doit être rentrés dans un quart d’heure.
— Prévenez Kevin de ranger le matériel.
Les phrases sont courtes et précises. Au même instant, un message déchire la radio posée sur le tableau de bord :
— Véhicule rouge, marque… (information censurée), immatriculée… (idem), 112, 112.
Syntaxe brève, style sibyllin, mais efficace.
— Oh, le con !
Conclusion abrupte, sans appel. Une dernière interception, au dernier moment, avec un gros poisson en plus, un sacré client. Ça risque de consommer le quart d’heure qui reste à assumer, voire provoquer du service supplémentaire !
Le gendarme de faction en bordure de route se déplace sur la chaussée, lève le bras gauche et tend le droit vers le côté, indiquant au chauffeur en infraction, largement chauffard, de ranger, sur injonction des forces de l’ordre, son véhicule automobile dans une position immobile, sur le bas côté latéral de l’axe routier départemental où la sus-dite infraction au code de la route a été constatée. Bref, il lui ordonne de se garer parce qu’il l’a gaulé.
Veillant au respect du protocole réglementaire, le gendarme salue et s’annonce au contrevenant, lui demande de descendre de la voiture et de le suivre dans la fourgonnette bleue, en possession de ses papiers et ceux du véhicule.
— Qu’est-ce que j’ai fait ? interroge l’interpelé avec un fort accent de victime qui ne comprend pas ce qui lui arrive. J’ai rien fait ! ajoute-t-il en réponse à sa propre question.
— Contrôle pour infraction d’excès de vitesse, tance l’agent au vocabulaire réduit aux seuls noms communs.
Les yeux du conducteur reflètent le vide qui lui traverse la tête.
— Oh, pour dix ou quinze en trop… avoue-t-il dans ce langage que les verbes ont déserté, imaginant que l’emploi de la même grammaire rapproche les avis.
Les formalités ordinaires se déroulent sans difficulté : le permis de conduire et la quittance d’assurance sont en règles ; en quelques instants, les contrôles sont opérés.
— Vous habitez toujours à la même adresse ?
— Oui, ça fait quinze ans, presque seize.
Avec application, le gendarme recopie : Jean R…, 3 rue de la N…, 99210 Rigolobourg.
— Vous avez été contrôlé à 112 km/h, au lieu des 50 autorisés en agglomération ?
— Possible, mais c’est pas de ma faute !
L’argument est connu, entendu cent fois, usé jusqu’à la corde : quand un fautif n’invoque pas la ligne droite et trompeuse, il prétend avoir levé le pied et surveiller le ralentissement. Mais l’explication tient d’autant moins que la vitesse constatée est déjà fautive dans la partie précédente.
— Avant le panneau de Gendarmesnil, vous deviez être à 80.
— Oui, je sais… mais c’est pas de ma faute !
Insister avec la même phrase indique que le contrevenant tient à exposer son excuse et la soutenir avec véhémence, même si elle est irrecevable.
— Vous êtes pressé de rentrer. On vous attend chez vous.
Le chef assis à la place du mort connaît le catalogue de fausses excuses par cœur.
— Non, non, c’est pas ça… Mais c’est pas ma faute !
Le chef, fatigué d’entendre la même ritournelle à longueur de patrouille, lâche d’un ton excédé :
— C’est pas de votre faute, vous avez que ce mot-là à la bouche. Vous êtes tout seul dans le véhicule, c’est qui le coupable ? Expliquez-vous.
Crescendo, il est passé du constat objectif à la constatation des faits, avant d’aboutir à un ordre brusque. Jean R baisse les yeux, en phase d’introspection intense. Ce genre d’individus est simple à repérer, mais leur évolution est toujours redoutable : va-t-il pleurer comme un enfant pris en flagrant délit ? Va-t-il exploser et entraîner une interpellation pour insoumission à l’autorité, ou se lancer dans une diatribe sans fin ? Qu’importe, à cause de lui, la patrouille voit les minutes passer en coup de vent, le quart d’heure fondre comme neige au soleil et le temps supplémentaire offert à la mission et fichu pour tous.
— Je vous somme de nous fournir les raisons sensées qui vous ont amené à circuler en excès de vitesse ?
Jean R reste indifférent à l’exploit d’une si longue interrogation avec sujet, verbe et même une proposition subordonnée. Tout plongé dans sa pensée, il tente de s’exprimer le plus clairement possible :
— Quand je suis au volant, c’est plus fort que moi. Y a comme une force qui me pousse. Un truc qui m’oblige…
— Qui vous oblige à quoi ? tempête le chef. À rouler en dehors des limites autorisées ?
— Non, pas toujours. Des fois, ça se passe bien. Ça dépend du plafond.
— Vous avez une minute pour vous expliquer, sinon on vous embarque à la brigade et j’appelle un médecin pour vous expertiser.
Le chef pense à ses hommes, lui ne compte pas son temps.
— Oh, si vous voulez. De toute façon, on arrivera au même résultat. Alors je vais vous dire…
Glissant sur la banquette de la fourgonnette, Jean R commence à parler en gesticulant ses mains et mimer ses paroles :
— C’est plus fort que moi. Quand je me mets au volant, je peux pas faire autrement que regarder le tableau de bord. Vous allez me dire que c’est normal, et peut-être même vous me féliciterez, car c’est ce qu’il est conseillé de faire.
Les gendarmes rejoints par Kevin ne comprennent rien au galimatias qu’ils entendent.
— Mais quand je regarde le compteur, je me sens obligé de dresser l’aiguille pour qu’elle soit droite, à la verticale.
Tout le monde cherche à visualiser la scène, le pilote de la fourgonnette tourne la tête pour observer son cadran.
— Et quand l’aiguille penche à droite ou à gauche, je peux pas faire autrement que de corriger pour la redresser, juste au milieu, bien droite. C’est sa place.
Un silence interrogatif envahit la camionnette bleue ; les jeunes recrues découvrent un phénomène dont l’école ne leur a jamais parlé ; le chef, plus expérimenté, s’interroge entre le cas unique et imprévu dans le règlement ou le fanfaron qui se ficherait de sa goule.
— Vous voulez dire ? risque-t-il avec hésitation.
— Quand je change de voiture, je change de vitesse. Vous voyez que c’est pas de ma faute !
— Oui, peut-être, mais… vous me dites que vous subissez un trouble, une obsession, un… il cherche le mot de circonstance, la formule appropriée.
— C’est ça, tout à fait, confesse le conducteur.
— Un TOC, clame le verbalisateur satisfait de montrer ses connaissances en onomatopées.
— Ah non, implore Jean R, je ne suis pas toqué. Seulement troublé, comme a dit monsieur.
Le chef prend illico la seule décision qui lui semble nécessaire :
— Vous allez nous accompagner jusqu’à la brigade.
Et face au regard inquiet du chauffeur abasourdi, il ajoute en guise de consolation :
— Faut vérifier si c’est une circonstance atténuante.
Depuis ce jour, les contrôles sont plus fréquents à l’entrée de Gendarmesnil, le capitaine a demandé de traquer les troublés, les obsédés et surtout d’arrêter les toqués au volant.
La tarte aux quetsches (Lecrilibriste)
La tarte aux quetsches de mémé
Les dimanches de fin d’été
C’est une médecine suprême
Un vrai tonus pour les cœurs
Un réveil tout en douceur
Une sonate de saveurs
Qui vous entraine dans le pré
cueillir les prunes sur le prunier
au passage, en croquer quelques-unes
Elle sont là , c’est pas pour des prunes
C’est un bouclier contre la morosité
C’est l’atout qu’elle a su trouver
contre le stress de la rentrée
Certes, elle possède la recette
Mais son inspiration fait le reste
Elle sait le pouvoir des fleurs et des fruits
Du bon vin rouge, de la cannelle et du coulis
De framboise, de fraise ou de myrtille
Ou d’un beau bâton de vanille
Pour tout vous dire, en vérité
c’est la reine des pâtissière, Mémé !
Avec moi, soyez donc de mèche
Pour célébrer sa tarte aux quetsches !
Salade de fruits et légumes (Vegas sur sarthe)
On poireautait en rangs d'oignons depuis deux heures pour assister à une projection de « Pas de marche arrière pour les polochons », un navet que Germaine avec son cœur d'artichaut m'avait supplié d'aller voir, le genre de nanar à la noix qu'on produit en escomptant mettre un peu de beurre dans les épinards.
Un mioche poil-de-carotte et haut comme trois pommes qui nous précédait se fendit la poire à la vue d'un vieillard en chapeau melon qui sucrait les fraises dans la file d'attente.
« Les carottes sont cuites » me souffla Germaine à qui les moqueries du rouquin commençaient à courir sur le haricot.
Mi-figue mi-raisin, je prenais mon mal en patience tandis que derrière nous – pressés comme des citrons – les candidats au navet poussaient comme des champignons !
Germaine voulait absolument voir ce chef-d'oeuvre quand moi je voulais juste aller folâtrer sous la couette. Le gamin qui espionnait notre discussion en pouffant est allé s'occuper de ses oignons avant qu'il se prenne un marron.
Alors on a coupé la poire en deux histoire de ne pas se prendre le chou plus longtemps: on irait prendre un pot chez Gégène et – cerise sur le gâteau – une banana split à l'encre de seiche !
De retour à la voiture un papillon virevoltait sur le pare-brise … on s'était pris une quetsche.
C'est un sketch ? (Kate)
- Vincent ?
- Articule.
- Vin-cent !
- Oui, Jean-Mi. Ça va ?
- Non, j'ai un problème.
- Écoute, on est vendredi matin, j'ai fini la semaine, je bois un café et je pars au ski.
- Oui, je sais.
- Bon week-end ! Tout est bouclé, non ?
- Problème de dernière minute.
- Non !
- Il me manque l'article sur l'abécédaire des fruits. La stagiaire qui devait le faire est malade et je n'ai que le titre...
- L'abécédaire des fruits ? Mais, dis, Jean-Mi, c'est pas mon rayon, ça...
- Vincent, j'ai personne.
- C'est pour quand ?
- Ce soir.
- C'est sur quoi ?
- Quetsche.
- Articule.
- "Cou -ette -che" : Q U E T S C H E, c'est une prune.
- Tu plaisantes, c'est un sketch ? En plein mois de janvier je vais écrire un truc sur une prune au nom pas possible (mais il fallait bien trouver un fruit dont le nom commence par la lettre Q, hein) et je pars ce soir en montagne...
- Tu m'en fais quelques lignes, ce que tu veux...
- Il faut mettre une recette ?
- Non, t'inquiète...
- Pour quelle heure tu veux ce truc ?
- Seize heures.
- Non !
- Seize heures trente dernier délai.
- Bon, il est onze heures, je m'y colle mais c'est bien pour te dépanner...
Peinard j'étais venu prendre un café, l'esprit tranquille et je dois me recoller au boulot. Sur quoi, déjà ? Ah oui, le fruit de saison : la quetsche...
- Didier, un autre café, s'te plaît !
- Tiens. Tu as vu que samedi en huit on fait une matinée spéciale ?
- Oui, super. T'es complet, bien sûr ?
- Oui, mais j'ai encore une place.
- Y aura d'la zik ?
- Surprise...
- Alors c'est oui.
- C'est noté.
- Pour ce midi, plus d'os à moelle ?
- Non, et j'arrive plus à en ravoir...
- Alors un steack frites mais pas avant 14 heures. J'ai un truc à écrire avant...
- Mets-toi au fond si tu veux, c'est plus tranquille.
Allons-z-y, pas mal la banquette et en plus c'est loin des toilettes et du bar.
J'ai rangé le livre que je venais de finir (pas mal, entre parenthèses) et allumé l'ordi.
Questche : prune magnifique et délicieuse.
Non, mais, n'importe quoi.
Voyons l'étymologie. Du latin transformé : les quetsches ont beaucoup voyagé depuis Damas et ont été ballotées dans tous les sens !
Donc la questche est une prune qu'on déguste au coeur de l'été. C'est un sketch ou quoi ?
- Didier, tu connais la quetsche ?
- J'ai ça : eau de vie de prune.
- Non merci, plus tard, peut-être...
- Mais Nina a reçu une Qwetch à Noël.
- Hein ? Une Swatch tu veux dire ?
- Non, tiens, regarde, c'est pour aller en rando avec des copines...
- Qwetch ? Une bouteille thermos ?
Mort de rire ! Je note, merci !
Une gourde qui s'appelle "Qwetch", ça alors... Comme "quench" en anglais alors : étancher (la soif) ? Pas bête, ce nom !
Je regarde sur internet et il y en a de toutes les couleurs, des vertes et des pas mûres et même une couleur prune...
- Et un steak frites !
- Hum ! Merci Didier.
- Et après tu veux une tarte aux prunes ?
- Tu en as ?
- En cette saison, tu rigoles ? Tarte au citron, tiramisù, crème brûlée...
- Non, ça ira.
- Une eau de vie de prune ?
- Non, juste un café et l'addition, je récupère mon fils et en route pour la montagne.
- Bon week end ! À samedi, Vince !
Vite, juste le temps de passer chez moi et de mettre en forme tout ça pour envoyer quelque chose pour l'abécédaire des fruits : un sketch !
Enfin, ça me rassure, je sais déjà quelle sera la fin de la pige :
Meilleur moment pour déguster la quetsche : l'été donc patience, en attendant profitons des joies de l'hiver.
Comment le consommer ? Le fruit, rien que le fruit, sa couleur, sa texture, son parfum et son suc, telle sa substantifique moelle.
La semaine prochaine, la lettre R comme ... "ramboutan". Oui, vous avez bien lu ! J'articule : "ram- bou- tan" !
... Aux quetsches ! (Joe Krapov)
Tout reste encore à inventer :
Une réfutation de la Nimzovitch et de la Robatsch (ce sont des ouvertures du jeu des échecs) ;
Un placard qui fait « splash » en s’étalant dans l’eau ;
Le match de squash dans lequel on a remplacé la balle par une tarte aux quetsches ;
Le César et l’Oscar du meilleur sketch intello ;
Le concours du vieux tableau le plus kitsch ;
La kitchenette en caoutchouc ;
Le collier anti-putsch pour monarque africain ;
Un guide du Saskatchewan à trottinette électrique par temps neigeux ;
Le concours du plus gros mangeur de borchtch ;
Des couettes chouettes et chaudes pour celles des esquimaudes qui se prénomment Sheila et pour les autres aussi ;
Le brunch au cours duquel on ne mange que du Crunch ;
Une version de « Besame mucho » en jazz manouche ;
Un recueil des œuvres complètes de Mikhaïl Zochtchenko ;
Un film sans pitch qui raconte une journée du tovaritch Leonid Plioutch à Palm Beach ;
Une injure cinéphilique : « Son of Ernst Lubitsch ! » ;
Une quiche qui joue à cache-cache avec un welsh dans un goulash ;
L’expression « Wesh, Raquel ! » uniquement compréhensible par des « Boomers » ;
Une thèse intitulée « L’Influence de Walter Scotch sur Bertolt Brecht » ;
Le patch anti-connerie (on l’attend depuis longtemps, celui-là !) ;
L’onomatopée « Splotch ! Splotch ! » pour exprimer qu’on marche de plus en plus dans la boue à chaque campagne présidentielle ;
Un match de catch pour opposer au deuxième tour les candidats de ladite élection ;
Une brouette pleine de disques de Bratsch ;
Un coach adéquat qui vous apprenne à monter une tente Quechua en moins de quinze minutes du côté de Latche par grand vent ;
Le slogan « Ecce omo est là, la saleté s’en va ! » ;
Une méthode pratique de bouche-à-bouche écrite à la lueur d’une bougie par un Gilles de Binche nommé Jérôme Bosch ;
Un speech d’orateur tchoutchke aux îles Sandwich, la bouche pleine ;
Des bintjes en trench (Ben quoi ? On a bien des pommes de terre en robe des champs que tout le monde ou presque y disent « robe de chambre »?) ;
Une cuite au guignolet kitsch pour oublier le retour de Kirche Küche Kinder dans les projets des intégristes ;
Un moyen pas trop brutal de mettre un terme à ma tchatche.
Oui, tout reste à inventer mais en matière de surréalisme, il faut bien admettre ceci : fût-il mallarméen, aucun coup de dés jamais n’abolira la force du hasard. Et c’est sur cette oeuvre d’art incroyable, fixée sur la pellicule numérique par ma pomme et intitulée « Beloved witch » (Ma sorcière bien aimée), que je clos ce billet… un peu tarte *, je vous le concède.
* aux quetsches, la tarte ! Les brunes ne comptent pas pour des prunes !
Participation de TOKYO
Bonne fille la quetsche se laisse cueillir.
Au petit matin ces frileuses commencent à se gonfler.
Certaines craignent le gel, mais elles sont têtues et finissent par l’emporter.
Elles chantent et s’exposent aux abeilles avec ses pointes mauves de couleur.
L’été elle, est à son affaire, toute gorgée de sucre elle sait se faire valoir ave son désir de rondeur.
Quand elle s’invite dans un gâteau, c’est comme une meneuse de gang, elle se mêle de tout avec sa candeur acidulée.
Elle suscite toutes les convoitises des confiseurs, sa déclinaison parfaite des mauves rappelle le sang neuf des jeunes vierges.
Avec elle tout est possible, pourtant on ne lui a jamais dit qu’elle était conçue pour des pâtisseries rustiques.
C’est un peu terrible de si peu se connaitre soit même, mais avec elle même si elle ne fera jamais le trottoir, cette buveuse de soleil s’offre sans protocole trempée dans un alcool fort.
Surtout n’allez pas la vexer e lui disant qu’elle est un peu démodée. Laissez-la vivre avec son temps d’avant.
Aux prunes. (Yvanne)
Louise confectionnait des tartes savoureuses. Et toujours avec des fruits de saison, des fruits frais.
Tous les 15 jours Léon allumait son four à pain pour cuire les grosses tourtes. Louise, sa femme en profitait pour y glisser un pâté de pommes de terre, une flognarde ou l'une de ses fameuses tartes.
Léon et Louise, nos voisins, possédaient quelques fruitiers dans leur couderc. Et parmi les pommiers, pêchers, poiriers et cerisiers il y avait deux petits pruniers qui ne payaient pas de mine mais qui donnaient chaque année ou presque beaucoup de prunes. C'était des prunes bleues, de forme allongée et à la couleur violacée. Nous ne nous préoccupions pas du nom des arbres et des espèces de fruits qu'ils portaient, nous les enfants du village. Je ne pense pas cependant qu'il s'agissait de la quetsche, plutôt de la prune dite d'Agen, variété plus commune chez nous dans le Sud Ouest. L'important était que les fruits soient d'un accès facile – et ça l'était – Léon laissant toujours ses barrières ouvertes.
Ces prunes bleues étaient à point juste après la rentrée des classes et nous attiraient en revenant de l'école le soir. Impossible de résister. Nous allions nous gorger de fruits mûrs ou quelquefois encore verts ce qui occasionnait bien sûr de sévères coliques aux gourmands imprudents.
Ces fruits étaient quand même assez acidulés et nous les préférions cuits bien saupoudrés de sucre comme Louise savait le faire. Les jours du pain chez Léon et Louise nous étions alertés par les odeurs suaves qui envahissaient tout le village : odeur de pain doré et croustillant à laquelle se mêlait le parfum du pâté de pommes et terre surtout celui de la tarte, quelle qu'elle soit.
Nous allions, attirés comme des mouches, nous poster devant le four. Nous posions nos cartables sur l'herbe et attendions. Léon n'était pas un causeux. Il faisait son travail sans paraître nous remarquer. Louise, un peu agacée essayait bien de nous chasser : » allons, les enfants, rentrez chez vous. Vos parents vont s'inquiéter. « Peine perdue. Nous ne bougions pas, espérant une suite qui allait arriver indubitablement.
Déjà, les tourtes de pain toutes chaudes avaient regagné leurs corbeilles de paille alignées sur la murette devant le four. Nous nous empressions de proposer notre aide pour les transporter dans la maison des voisins sachant que Léon nous ferait cadeau du « pompichou » - petit reste de pâte roulée en boule que tout le monde désignait comme étant « le pain du chien ». Nous nous disputions pour l'obtenir et nous brûlions les doigts et la langue dans notre précipitation pour le manger.
Léon sortait en dernier du fournil ce que nous guettions : la tarte. Puis le voisin allait s'occuper des tisons de la fournaise qu'il entreposait dans le bac en pierre situé juste en dessous. Si Louise était occupée au transport du pain nous nous approchions pour voler un petit bout du fruit cuit. Ce jour-là il s'agissait d'une belle tarte aux prunes bleues caramélisées à point. De trop nombreux doigts s'aventurèrent dans la pâtisserie. Léon nous surprit, se fâcha pour de bon et nous menaça avec la pelle à enfourner.
Les deux ou trois voleurs que nous étions s'éclipsèrent en vitesse. Mais la vengeance de l'un d'entre nous ne se fit pas attendre. Léon avait l'habitude de poser ses sabots de bois à l'entrée du four et de travailler en pantoufles de feutre à l'intérieur du petit bâtiment. L'un des garçons profita du dos tourné du vieil homme pour se saisir d'une grosse braise incandescente à l'aide de pincettes et la placer dans une des galoches. Sitôt dehors il se mit à crier au feu. Léon se précipita et ce qui devait arriver arriva : Léon envoya promener sabot et chausson fumant en hurlant et maudissant la bande de petits polissons que nous étions.
Je me souviens bien de ce jour de septembre : j'avais justement ce jour là 8 ans aux prunes !
Défi #700
Ont ronflé de bon cœur
Laura ; Jean-Patrick ; Walrus ; TOKYO ; JAK ;
Vegas sur sarthe ; Kate ; Lecrilibriste ; Yvanne ;
Joe Krapov ; joye ;
En ordre de bataille ( Walrus)
Dans mon enfance, pour désigner cette sorte d'oreiller multiplaces occupant toute la largeur d'un lit, mes parents utilisaient le mot "traversin".
Aussi, lorsque pour la première fois j'entendis parler de "bataille de Polochon" entrepris-je de localiser l'endroit pour le classer dans ma liste des batailles des glorieuses armées françaises quelque part entre les bien connues Marignan et Reichoffen..
Et vous savez quoi ?
J'ai rien trouvé !
Je me suis consolé en imaginant qu'il ne s'agissait en fait sans doute que d'une toute petite escarmouche que l'on passe sous silence, les Français y ayant probablement pris la pâtée.
Polochons (TOKYO)
Sagement je choisis, de rester au lit la tête douillettement enfoncée dans mon polochon.
Je pense à ce que je dois au fisc, , je suis presque assurée de devenir sous peu une exilée fiscale, ou de me faire condamnée pour mauvaise conduite.
Je vois d’un coup bref notre famille, papa mendiant, maman mendiant fiston mendiant bébé mendiant parés de leurs plus beaux haillons.
Pour l’essentiel, c’est un léger’ je m’enfoutisme ‘qui l’emporte.
J’entends la voix de l’inspecteur des impôts/ mais où est donc passé tout votre argent ?
Au Bahamas mon bon ami. Je n’ai aucune vulgaire cupidité en moi juste un gout prononcé pour le confort et les polochons.
Cher inspecteur, c’est un besoin biologique comprenez-moi. Mon polochon maintenant prend la silhouette de l’inspecteur des impôts. A L’approche de la quarantaine j’entends le tictac de l’horloge et de son cortège de désagréments. Ma jeunesse me quitte, il me faut du pognon pour les liftings, les liposucions, les micros opérations chirurgicales du vagin et des lèvres. Je sais ça vous fend le cœur et bébé mendiant peut toujours courir après ses couches. J’écris sur mon polochon au feutre noir. Beaucoup de choses m’anéantissent.
Puis je me lève brusquement, j’enfile une petite culotte j’attrape mon parapluie de secours et les clés du porche et me voilà repartie.
Polochon ( JAK)
Chez Mémène et Jojo ça ne va plus !
Le torchon brule.
Il lui reproche de ne pas savoir cuisiner.
Elle lui reproche de ne pas pouvoir fixer une pointe pour poser le dernier canevas qu’elle a acheté chez Emmaüs
C’est infernal.
On est en direct et en boucle, sur un remake de
Gabin & Signoret dans Le Chat
Sauf qu’ils n’ont pas de chat, mais un seul traversin !
Et croyez-moi c’est difficile de tenir à deux sur un tel oreiller !
Elle voudrait le mettre en boule, lui aimerait l’aplatir,
et chacun tire vers lui ce respectable repose tête.
Mais justement, cela leur la casse la tête, de se chamailler chaque soir à ce sujet.
Pourtant il y a des années que cela dure, ils ont de l’endurance, un psy dirait une vraie résilience.
Mais ce mercredi, de janvier, le remue-ménage, n’est plus le même. Ils se contiennent, cachent leur mésentente
Leurs petits enfants sont venus pour deux jours, car demain pas d’école, par cause de grand méchant loup virulent .
Mémène, décide de leur laisser la chambre, qui est chauffée.
Avec Jojo, ils iront pieuter dans la mansarde du grenier
- c’est-ça-les-vrais-grands-parents-qui-savent-se -sacrifier-
Après une séance télé obligatoirement ennuyeuse, zapping à tout va, c’est le repli, chacun dans « ses appartements ».
Mémère et Jojo, se retrouvent dans ce petit coin rustique qu’ils ont aménagés sous les combles.
La journée a été rude, les voici aussitôt dans les bras…
…de morphée.
Jeudi matin, encore cotonneux, ils descendent à l’étage. En faisant trainer leurs savates.
Les rejetons sont déjà debout.
Par l’entrebâillement de la porte, Ho ! stupéfaction,
Mémène et Jojo surprennent les deux galapiats en train de se bagarrer.
Ils s’en donnent à cœur joie, dansant sur le matelas à ressorts grinçants, en se disputant le fameux polochon.
Celui-ci usé de vieillesse laisse échapper de son flanc gauche des plumes et des plumes, qui volètent dans toute la pièce.
C’est fou ce qu’il peut y avoir comme plumes dans un oreiller, et comme c’est du duvet d’oie, telle la plume au vent, par myriades, elles deviennent volages !
Je vous passe les semonces, et les punitions qui s’ensuivent
- c’est-ça-les-vrais-grands-parents-qui-savent-éduquer-- !
Un jeudi fait de pages d’écriture et de ramassage de feuilles mortes se passe.
Vendredi, Mémène, enfin seule à ses casseroles, bougonne.
On devine qu’elle rumine.
Soudain, elle pose son tablier, fonce chez Chanteclair au coin de la rue, et là, vous devinez, quoi ?
Elle y achète enfin deux oreillers, en ouate synthétique siouplait !
Par-dessus le marché, comme c’est le mois du blanc, ils sont en solde !
Moralité : il n’y en a pas !
J'ai dû ronfler trop fort (Vegas sur sarthe)
Il y a des lustres que Germaine et moi possédons chacun notre oreiller, c'est plus commode quand on fait chambre à part (je parle d'oreiller et non pas de lustre ni de commode).
Si je me contente d'un oreiller basique – 9.70€ chez Amazon – Germaine a eu l'idée saugrenue d'investir dans un oreiller ergonomique, microfibre anti-acariens et à mémoire de forme !
Ça me fait marrer cette expression « Mémoire de forme », comme s'il existait des oreillers pour Alzheimer ...
Si Germaine en a besoin pour se souvenir de ses formes, en tant que conjoint je m'en souviens très bien après toutes ces années.
Anatole France disait qu'une femme sans poitrine est un lit sans oreiller … je peux dire qu'avec Germaine je n'avais nullement besoin d'oreiller.
Ah ses formes ! Je me souviens de l'époque où – jeunes mariés – on faisait traversin commun, c'était un grand polochon en duvet de canard eider comme on n'en fait plus guère.
Je reste persuadé que c'est le duvet de canard eider prélevé quand la femelle incube qui lui flanquait des fantasmes libidineux dans le cervelet.
Faute de rideaux pour y grimper lors de nos ébats effrénés, elle en a mangé du polochon ma Germaine.
Plus tard on a été assez riches pour s'acheter des rideaux et on a remisé le polochon à la cave avec son bouquet de mariée desséché et mon costume trois pièces.
Bien plus tard elle a eu encore des formes et des migraines aussi, alors que moi je n 'ai pas changé d'un poil.
A ce tournant de notre vie de couple – à ce virage à 180° qu'elle m'imposait – je pensais qu'on se comprendrait car on dit que sur l'oreiller on se comprend mais quand chacun possède le sien c'est plus compliqué.
« J'ai dû ronfler trop fort » comme chantait Bashung.
J'ai fait des pieds et des mains pour lui trouver un oreiller anti-migraines mais je n'en ai trouvé nulle part; alors en guise de clin d'oeil à nos jeunes années, comme un appel du pied (alors que le pied n'a rien à faire là-dedans) j'ai remonté notre polochon de la cave comme on remonterait un vieux cru poussiéreux et millésimé.
Il avait une forte odeur de moisi qui n'incitait pas à la bagatelle – comme bouchonné, tire-bouchonné – mais je l'ai quand même déposé religieusement sur le lit de Germaine.
Le lendemain je l'ai retrouvé dans la poubelle du jardin. J'ai donc compris le message : il n'y a pas de marche arrière sur un polochon et toutes nos belles années sont rangées dans la naphtaline au rayon Souvenirs.
J'ai bien envie de lancer un #balance-ton-polochon sur les réseaux.
Le passé c'est le passé et j'en ai la preuve depuis que j'ai tenté l'ultime expérience : un soir j'ai mis mon dentier sous l'oreiller pour attirer la petite souris.
Le lendemain matin la petite souris avait bouffé l'oreiller et c'est Amazon qui a eu l'argent.
Je t'en foutrais des mémoires de forme, moi !
Alain, Bernard, Paul... et les autres (Kate)
Ma mère voulait
Du saucisson
Des cornichons
Un polochon
Ma soeur cherchait
Une polaire
Moi un polar
Et mon père partir quelque part
Au Pôle Nord
Ma mère avait acheté
Un traversin
Ma soeur trouvé
Un medecin
Moi une guitare
Et mon père pris
La poudre d'escampette
Pour éviter perpet'
À tout prix
Polochon
Ou traversin
Dans les bouchons
Ou en train
Au cinéma
Moi non plus
Alain
Souchon
Est venu
Je l'ai entendu
Je me croyais sentimentale
Tout simplement banale...