Se sont laissé emporter par le vent du puffball
Le roi Lycoperdon (Lecrilibriste)
Il trouva un trèfle à quatre feuilles, le p'tit Jean
dans un beau carré de cerfeuil
trônant près d'un lycoperdon géant
Pour faire une omelette magique
il n'en fallait pas tant
Mais le lycoperdon était roi
doté d'un ego surpuissant
qui lui faisait gonfler les pectoraux
et se croire le plus beau, le plus grand
le pluss intelligent
Près d'un trèfle à quatre feuilles
ce n'était guère étonnant
Mais quand il fut dans la poêle
sous un feu crepitant
comme un pet, il explosa le pauvre …
il ne fut plus du tout ragoutant
et dégouta carrément le p'tit Jean
Le lacyderon (Venise)
Je parle 7 langues mais celle que j’affectionne en ces temps agités c’est le lacyderon langue des sous- bois qui garde un caractére explosif et très imagée pour dire sa relation au monde .
Elle est si riche et si inventive que je ne me lasse pas de la découvrir et d’exercer toute sa puissance dans les diners parisiens.
Je pourrai vous en parler en long et en large et en traviole car elle a quelque chose de commun avec la langue des sans dent , les invisibles.
Il m’arrive dans les diners du 4 /40 de plisser de la truffe quand j’entends leur estomac qui gargouille .
Depuis quelques mois ils se sont tous mis à parler le lacyderon histoire de refaire monter leur taux d’humilité. Ils se cachent même pour manger du foie gras ..
Il n’y a en a que pour ces champignons parisiens élevés dans l’obscurité humide des caves , ces laissés pour compte qui sont à la manœuvre .
Incroyable pataques que l’année qui vient . Tous ceux qui arriveront jusqu’à l’année qui vient parleront la langue chatoyante du lacyderon. Les bois , les étangs , le ciel , les mobylettes et l’eau de vie n’auront plus de secrets pour eux.
Il tenait haut (petitmoulin)
Il tenait haut
La terre entière
Ronde comme un rêve
Qui roule sur la nuit
Gorgée de poudre d'or
Qui sème des étoiles
Dans les yeux des enfants
Blanche comme la neige
D'avant le pas terreux
D'avant la nuit
D'avant la cendre
Il tenait haut
La terre entière
On pouvait croire
Qu'il arborait un champignon
Au pied de six troènes (Joe Krapov)
Ne lycoperdons pas de temps
Appuyons sur le champignon !
Allumons tous nos lumignons
Suivons la route en cahotant
Amis 6 basidiomycètes !
Champions de spore automobile
Au bruit des vesses de loup qui pètent
Affrontons l’énorme tempête
Du futur qui nous obnubile
En passant gaiement nos vitesses !
Il n’y a d’amanite qu’amère
Et le bolet rote au ravin
Avec des bruits de chanterelles !
Entends ces chants de collybie
Et ces concertos de Coprin !
Le clitocybe nébuleux,
Prends donc pied velouté, voisine,
Lorsque l’entolome est brillant
Et le gymnopile pénétrant !
O le délicieux lactaire !
L’inocybe de patouillard
Lorsque la nonnette est voilée
Russule émétique et fétide
Et pleurote du panicaut
Sur la xylaire polymorphe.
Ne lycoperdons pas de temps
Appuyons sur le champignon !
Fuyons le vain haineux !
De ce rallye nocturne
Devenons les champions !
Giro Girock’n’roll !
Le lycoperdon par bongopinot
On le nomme lycoperdon
Il aime les régions chaudes
Il est vraiment trognon
Dans certain coin il abonde
Un champignon des bois
Sans beaucoup d’odeur
Un et deux et trois
Il ne fait pas peur
Un chapeau et un pied
Une couleur blanchâtre
Trois et quatre
Il vaut mieux le lier
Avec quelques œufs
Ce sera bien meilleur
À la une à la deux
Tous dans ma demeure
Bal aux pouffes (joye)
- Tu bois quoi, toi, une Suze ? me lança Tiffani, même sans me saluer d’abord.
Oui, bon, Tiffani, c’est une pouffe, tout le monde le sait, m’enfin, qui suis-je moi pour la juger ?
- Yep, t’en veux une ? C'est ma semaine rétro...
J’avalai ma première bouchée (c’est toujours la plus difficile).
- Nan, chuis au régime, Liam me dit que je grossis !
- L’est complètement glauque, çui-là ! gloussai-je, en solidarité.
C'est vrai que ma Tiffani est ronde de chez ronde, admettons, mais une copine, c'est une copine, il faut se soutenir !
- Chais pas, il pète des thunes, c’est déjà ça.
- Mouais bof, et au lit ?
Parfois il vaut mieux aller directement à l'essentiel, quoi.
- Pas mal.
- Comment ça, pas mal ? Mimi nous a bien dit que c’était un mauvais coup !
- Eh ben, Mimi, c’est une pouffe.
- ‘Tet ben, mais je la crois.
- Tu la crois, mais tu ne me crois pas ?
Je sentis la note limite d’exaspération dans sa voix, je changeai alors de sujet.
- Z’avez un mot de code, vous deux, entre vous ?
- Mot de code ? Quoi t’est-ce ?
- Bah, tu sais, un sèf-ouèrde ?
- Ahhhhhhhhhhhh, un sèf-ouèrde ! Bah oui, hein ? Comme tout le monde…
- C’est quoi le sien ?
- Je ne vais pas te le dire.
- Pourquoi pas ? C’est crade ?
- Nooooooooooooon, c’est pas crade !
- Meuh si, c’est crade ! Sinon, tu me le dirais !
- Ben, d’accord…mais ne ris pas, hein ?
- Nan, je ris pas, promis, juré, craché dans l’air…
- OK, c’est…c’est…
Tiffani rougit un max.
- Ouais, ziva, Tif, c’est…
- Lycoperdon !
- Hein ?
- Lycoperdon !
- Tu te fous de ma gueule, maboule ?
- Nan, nan, je te le jure !
- Et cela veut dire quoi, lycoperdon ?
- Bin, chais pas.
- Comment ça, tu sais pas ?
- Chais pas, c’est son mot, il l'a choisi, c’est tout.
Je suis rarement interlocutée, tout le monde le sait, mais là, je ne savais pas quoi dire. Alors, je lui fis ma meilleure gueule de désapprobation, les yeux ronds, la bouche crispée, le look universellement reconnu par toutes les copines du monde, et qui dit « Nénette, t’es une sacrée pouffe ! »
Elle comprit et blanchit juste assez. Alors, on se leva, s'embrassa, et je lui gloussai à l'oreille :
- L'est pas gonflé, l'mec.
« J'ai vos dents ! » (Vegas sur sarthe)
« Grand-mère, que tu as de grandes dents » dit la fillette en retirant son gilet jaune.
« Je te reconnais maintenant» répondit le loup « tu es le chaperon rouge du conte »
« Tu débloques mémé, je ne suis pas du comte » reprit la fillette « mais de ma mère qui elle-même est de toi mère-grand ! »
« En tout cas j'ai les crocs» répondit le loup.
« Grand-mère, que tu as de grandes dents » insista la fillette.
« J'ai vos dents, j'ai vos dents » précisa le loup natif de Marvejols et fier de l'être.
« Grand-mère, que tu as un gros cul» reprit la fillette.
« C'est pour mieux lâcher des pets de loup ! » ironisa le loup.
« Je préfère tes pets de nonne » répliqua la fillette «justement je t'apporte ici un petit pot de beurre pour ... »
« Ton beurre ne vaut pas un pet de lapin» interrompit le loup « tout le monde sait comment ça finit en fin de conte »
« C'était bien la peine que je me décarcasse » pleurnicha la fillette en remettant son gilet jaune.
Le loup tenait à son chaperon rouge et, sentant son repas et la fin du conte lui échapper il sauta du lit.
« Attends » cria t-il au chaperon jaune « j'ai ici quelques vesses pour ta mère »
« Des sacs à poussière ? » répondit le chaperon jaune « tu peux te les garder »
« Alors emporte au moins ces pets d'âne » insista le loup en saisissant une brassée de grands chardons piquants.
« Tous ces pets m'ont incommodée» répliqua le chaperon jaune en se dirigeant vers la porte pour aérer la masure « et puis... que tu as de longs poils ! »
« Je ne m'épile jamais en hiver » répondit le loup en récupérant la chevillette mais la fillette tenait serrée la bobinette dans son chaperon et la porte s'ouvrit sans peine.
« Tu devrais songer à t'équiper d'un digicode, great-mother» lança la fillette en détalant.
« Un digicode ? » s'interrogea le loup « encore une invention à filer des boutons » ...
Conte de nöel : une histoire de pets et de loups (Nana Fafo)
En ce 25 décembre, à pas de loup, Ronchonchon se baladait tranquillement
dans la célèbre forêt Bretonne de Brocéliande,
en quête du graal, de Merlin et de toutes ces créatures fabuleuses et magiques.
Le vieux loup de mer qu’il était, savait exactement quels chemins sombres et tortueux emprunter
pour ne croiser personne; il savait sortir des sentiers battus et se laisser surprendre par la nature.
Au détour d’une clairière, il croisa toutes sortes de pattes de loup.
Allait-il en cueillir ? Pour un programme compote et tisane euphorisante ?
Une faim de loup commençait à le tirailler.
Et quand on parle du loup ...
Il stoppa net, quand il se trouva truffe à truffe avec une champi-gnome gigantesque.
Intrigué, il alla regarder sous sa jupe,
pour voir si il avait des Lamelles (avec un M, ça marche aussi).
Il faut bien inspecter l’engin avant de décider si il est comestible et de s’en payer une tranche,
même au risque de voir le loup…
et comme tout le monde le sait, dans la forêt il y a des loups,
Ronchonchon ne voudrait pas se faire brebis, même si il a pour habitude d’être un mouton noir (euh... rose en fait !).
Une sorte poule, nommée “piquette”, était pendue par les pattes, sous le chapeau du champi.
Elle se prenait pour une chauve-souris ou quoi ?
Va savoir si ce n’est pas la même sale bestiole que Vegas a croisé dans son bar !
Ronchonchon lui lança :
“Fais Gaffe poulpée, la calvatia te guette, tu vas perdre tes cheveux à rester la tête en bas”.
(note à tous ceux qui ont de la calvitie…
vous êtes peut-être atteint de somnambulisme chauve- souriesque .
Consultez de toute urgence le laboratoire du sommeil le plus proche,
ils ne pourront rien pour vos cheveux,
mais au moins vous saurez si vous avez des activités nocturnes à votre insu!)
Les yeux rougis de colère, d’avoir été dérangée, la “nainaine petite petite” sortit de sa tanière.
C’est quand même, il faut le savoir, la traduction littérale de “Korrigan” en breton.
Non mais ça... fallait pas le dire... ils passent pour quoi, maintenant les bretons !
C’est comme le chienchien à sa mémère, le mot Korrigan utilise un suffixe "hypocoristique" (alors moi non plus, je ne connaissais pas ce mot) mais on peut dire pour résumer, tout simplement "hypocrite" afin de caresser tout ce petit monde dans le sens du poil. Il aurait été tellement plus simple de parler de contraction entre coriandre et origan, c’est sûr que ça n’a rien à voir, mais au moins ça peut passer pour mystérieux.
Ronchonchon venait de se jeter dans la gueule du loup.
Le mufle, en lui, n’avait qu’une seule envie, continuer son chemin.
Mais, il se heurta à un mur… un mur invisible que ce cercle de pierres semblait délimiter.
Impossible de poursuivre.
Etait-il tombé dans un piège ?
Cette espèce de korrigane, ne semblait pas décider à déroger à la tradition du défi.
Ronchonchon tenta une esquive en hurlant avec les loups.
"Quelle est donc cette variété de champi ? "demanda-t-il.
"De la fesse de loup !" lui répondit la farfadette, avec un rire de folle dinguette !
Quand on sait l’affection nécessaire pour les matières fécales fraîches
que demande ce gros “hagard” moisi, très peu avare,
on fait vite le lien avec la nain de Walrus qui semble ne pas laisser s’échapper que des vents
pour promouvoir de tels bovistes géants.
Fesse de loup ! Ah ces grecs, ils ont quand même réussi à imaginer un loup qui pète
pour définir une variété de champignon !
On est loin de ce qu’on se représente quand on pense aux philosophes grecs et à Socrate…
Sa phrase “ Le bonheur, c'est le plaisir sans remords. “ prend tout son sens, dans ce contexte.
La poule Piquette proposa donc un défi à Ronchonchon pour sortir du Cercle (vertueux ?)
.
Ronchonchon avait une dragonnite aiguë qui commençait à lui parasiter les naseaux :
quand ça chauffe pour ses fesses, il crache du feu
(oui, non, mais là, c’est juste pour rester sur le thème des animaux merveilleux
et vous montrer, plus bas, mon dernier gros tout vert)
.
Malheureusement pour vous, chers lecteurs,
Ronchonchon est tenu au secret sur la résolution de cette énigme.
.
Certes, la faim fait sortir le loup du bois, mais vu qu'il ne veut pas être connu comme le loup blanc, il va devoir être un loup pour les cochons. Il ne fallait pas faire entrer le “lou-tin” dans la bergerie.
Après ce défi réussi, Ronchonchon réalisa avec stupeur qu’il faisait parti des gentils !!!
Il est clair qu’il va prendre un bon antifongique et devenir sur le champ “sporo-phobe”.
Lui, gentil ! n’importe quoi.
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Vous ne trouvez pas que dans toute cette histoire, il y a un loup et un pet foireux ?
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Belle lecture créative à toutes et à tous.
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Pour les 538 : Korrigan et 539 Lycoperdon (of course !)
http://samedidefi.canalblog.com
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Ont pris contact avec le petit peuple
Laura ; Venise ; Vegas sur sarthe ; Lecrilibriste ;
bongopinot ; petitmoulin ; Walrus ; Joe Krapov ;
joye ;
Carillon (Walrus)
C'est le matin, tout est calme dans la cuisine tandis que je prépare le petit-déjeuner.
Soudain, dans mon dos, un son léger se produit, comme le chant d'une harpe éolienne.
Toutes les portes sont pourtant closes.
Plaisanterie de Korrigan ?
Nous ne sommes pas en Bretagne mais les filles auraient pu en ramener un de leurs dernières vacances.
Bien sûr, en Belgique nous avons des lutins, des gnomes, des farfadets, des nutons, des sottais, des kabouters et même des kobolds.
Ils partagent tous le fait d'avoir l'esprit farceur et d'être petits (faut bien qu'on explique que, si on en parle souvent, on ne les voit jamais).
Bon, j'ai beau ne pas y croire, je me retourne quand même brusquement, qui sait ?
Qui donc joue du vibraphone sur mes couvercles de casserole ?
Ah, c'est l'air chaud qui monte du grille-pain !
Un petit toast en l'honneur des nains (de jardin) ?
Eux aussi font du vent...
Participation de Venise
Depuis la fenêtre de ma chambre, j’ai entendu quelqu’un frapper l’une contre l’autre deux cymbales.
Un petit être tirait un cheval à la robe alezane et sa belle tête rousse s’éclairait par de jeunes traits
Lumineux de la lune .
Écoute les arbres galoper me dit le KORRIGAN ils viennent te chercher .
Toujours est-il que j’ai sauté de ma fenêtre, enjambé la clôture et j’ai fini au milieu d’eux et ils m’ont entrainé chez eux vers les montagnes qui ne finissent jamais.
Quand je me suis réveillé, je grelotais. La neige avait pris le pouvoir . La chouette s’est arrachée de l’arbre et j’ai crié/ est-ce possible qu’on me laisse tranquille !!Devant un attroupement de KORRIGANS qui riaient aux éclats ? j’avais mal au dos il n’était pas impossible que je me sois cassé quelque chose.
Je me suis redressé brutalement et les arbres ont vacillé dans des couleurs pâles
Un fil d’or voguait dans l’air blanc je l’ai tiré vers moi et toute la Voie lactée a été entrainée dans un manège fou .
LES KORRIGANS me dévoilaient un secret bien gardé pendant qu’ils buvaient l’eau scintillante du ciel .
Mon cœur s’est alors ouvert à l’autre monde la forêt des contes a soulevé les dalles du mensonge et nous nous sommes vus nous les hommes dans notre scintillante humanité et j’ai accepté de tout perdre sauf mon joint de cannabis . Ma mère en me réveillant m’a murmuré/ arrête les amphétamines tu rugis comme un taureau la nuit .
Par réflexe j’ai vérifié si j’avais toujours sur moi mon téléphone portable .
Poche extérieure du manteau rien
Poches intérieures rien de plus j’étais accablé j’avais perdu mon téléphone portable .
Je ne me souvenais de rien
Je plaçais mon espérance d’y comprendre quelque chose dans le silence .
Depuis combien de temps il ne m’était arrivé d’espérer dans notre humanité ?
Je souriais en pensant aux K .
Puis mon téléphone s’est mis à sonner et tout a été plongé dans le noir.
Des ombres couraient le long des murs un petit être volé au-dessus de ma tête.*j’ai alors largué les amarres à l’heure où je vous parle si vous vous penchez pour regarder la lune vous m’apercevrez le soir de Noël
avec les ours blancs et les rennes
Feu follet (Vegas sur sarthe)
Elle est arrivée un soir sans lune sur la Korrigane, un ancien brick-goélette qui s'empala à grand bruit sur la jetée, ameutant la maréchaussée et toute la bourgade.
Mon estaminet s'était vidé d'un coup de tous ces curieux avides de faits divers et je m'apprêtais à fermer boutique quand une petite fée malfaisante est entrée en ruinant mon parquet, ruisselante d'embruns.
Je l'ai aussitôt reconnue à son regard espiègle et à ses oreilles pointues qui saillaient de sa chevelure hirsute parsemée de varech; les anciens m'en avaient souvent parlé aux veillées mais j'en voyais une pour la première fois... c'était ma première.
D'une seule main j'aurais fait le tour de sa taille tant elle était fine mais comme je m'approchais un peu trop elle se mit à siffler comme font les hommes en haut du nid-de-pie si bien que je restai planté derrière mon bar.
Comme elle ouvrait la bouche, sa voix se mit à couler telle une source d'eau claire, pourtant elle n'avait demandé qu'une bière mais d'une façon si charmante... le charme, c'était ça le piège retors, le traquenard et j'y étais tombé à la seconde où elle était entrée ici.
Mary Morgan, Feu follet, Croquemitaine, je récitai ma carte en bredouillant, évitant de citer la Korrigane, une Red ale aux saveurs terreuses et maltées dont le seul nom risquait de la mettre en colère si ce n'était déjà fait.
Au nom de Feu follet, ses yeux d'un rouge lumineux s'étaient éclairés plus encore, aussi lui servis-je en tremblant un grand bock de cette bière épicée et ambrée comme sa peau.
Elle vola jusqu'au le bar pour se poser sur un de mes grands tabourets, découvrant deux ravissants pieds de bouc que je lorgnais dans le miroir située derrière elle.
Par quel sortilège pouvait-elle à la fois être si petite et si bien proportionnée ?
J'aurais lutiné ses petits seins sur le champ tandis qu'elle décorait sa bouche d'une épaisse mousse blanche qu'on eut dit la mère Noël...
Elle devait savoir lire dans mes pensées lubriques car ma jolie korrigane se mit à se trémousser langoureusement tout en descendant sa bière à grandes gorgées bruyantes.
J'avais si chaud que je m'en servis une mais elle me la subtilisa avant que j'aie pu y tremper mes lèvres.
Ses doigts aux ongles noirs et crochus s'accordaient si bien avec ses petits pieds de bouc que je n'y pris pas garde.
Ses yeux rouges avaient viré au sombre et la voix de source claire se fit plus rauque.
Je ne parlais pas un mot de breton, pourtant je comprenais sa langue... elle était née en 1915 – le même âge que le vieux brick – commerçait des potions de ronds de sorcière, des élixirs de jouvence et des philtres d'amour mais vivait avant tout des largesses des hommes qu'elle envoûtait.
Je n'en retins pas plus car ayant posé sa menotte aux doigts crochus sur mes mains tremblantes, je vis le plancher monter vers ma tête à toute vitesse.
Autour de moi je reconnus Gwenael et Kilian ainsi que la mère Guézennec qui m'appliquait des sels sous le nez.
« Tu r'viens de loin » dit-elle alors que j'ouvrais les yeux tout à fait.
« Sers-lui une Korrigan ! Il a les yeux tout rouges» lança Gwenael à Kilian.
« Y'en a plus » hurla Kilian, horrifié... de mémoire on n'avait jamais manqué de Korrigan un seul jour au village.
La bombarde de Lann Bihoué (Lecrilibriste)
Gaël, le barde korrigan a embouché sa bombarde en bois de gaïac subtilisée discrètement à un musicien du bagad de Lann Bihoué qui lui a fait une crasse impardonnable que je n'ose même pas vous révéler !
Vengeance, Vengeance ! Vengeance ! Vengeance !!! (car, c'est bien connu, il vaut mieux ne pas faire de crasses aux korrigans car ils se vengent ) .
Que vais-je bien faire pour me venger, ?
J'ai une idée, je vais lui piquer sa bombarde ! Na !
C'est qu'il la convoite depuis un bon moment cette bombarde magnifique en bois de gaïac avec une sonorité à nulle autre pareille.
L'occasion rêvée s'est présentée lors d'une répétition du bagad et d'une pause de "crêpe partie" pour fêter l' anniverssaire du chef d'orchestre. Le bombardier se goinfrait de sa sixième crêpe croustillante au sarrasin fourrée d'une saucisse, tandis que sa bombarde trônait sur le piano.
Entré à pas de loup, Gaël s'en empara discrètement en ricanant dans sa barbe pointue et se sauva serrant son larcin sur le coeur.
Les autres musiciens ont bien senti soudain un courant d'air parcourir la pièce et ont regardé de tout côté, car à Lann Bihoué, on se méfie des courants d'air provoqués dit-on par l'intrusion subite d'un korrigan, mais le bombardier n'a rien senti car notre notre korrigann'a pas oublié auparavant de lui jeter un sort.
Conquérant, voilà donc Gaël sur une écorce moussue, qui s'époumonne dans sa bombarde en bois de gaïac. Il gonfle les joues comme s'il avait un noyau de pêche dans chaque joue, redresse le torse et se campe bien sur ses pieds, pour annoncer à la bombarde, aux korrigans et korriganes des grottes et des dolmens autour de la Mer d'Irlande le grand rassemblement autour d'un feu de bois pour la fête de Samain.
Mais que se passe-t-il, aucun son ne sort ? Il en crache ses poumons, reprend son souffle et recommence, toujours rien ! Vingt fois, il s'y reprend et vingt fois la bombarde refuse d'émettre un son.
C'est vrai qu'il faut savoir souffler dans une bombarde ! On n'apprend jamais ça chez les korrigans, mais quand même ! Foi de korrigan, elle a un sort, cette bombarde !
De rage, il se l'arrache de la bouche, exécute un shoot digne de Mbappé (car c'est bien connu que les korrigans sont dotés d'une force herculéenne ) et la bombarde se retrouve accrochée à la plus haute branche d'un chêne des oripeaux où elle n'a désormais à sonner que les jours de très grand vent, ce dont elle rêvait depuis toujours.
Sous le ciel de Bretagne par bongopinot
Sous le ciel de Bretagne
S’envole une créature
Avec une drôle de trogne
Qui part pour l’aventure
N’ayez surtout pas peur
C’est un jeune korrigan
Un peu agitateur
Mais je le sais bienveillant
Il sort dès la nuit tombée
Avec l’apparence d’un lutin
Ce génie vient vous rencontrer
C’est un vrai petit plaisantin
Il chuchote dans l’obscurité
Effrayant les passants
Il court rit dans les allées
À la recherche d’enfants
Non pas pour les manger
Mais pour faire des bisous
Et pour les chatouiller
Il est plus agneau que loup
Il entre dans vos maisons
Comme un courant d’air
Vous donne des frissons
Il a du savoir-faire
À l'orée du couchant (petitmoulin)
À l'orée du couchant
Quand la brune
Tient la lande au secret
Du fond de la peur ancestrale
Surgit le korrigan
Capable d'infinies métamorphoses
De l'immobile au chaos
Du chaos au silence
Du murmure à l'ouragan
Du gouffre à la haute cime
De la crainte au désir
Tout peut advenir