Le lien pour accéder au blog nuptial sera publié à 13 h 59
juste au-dessus du présent message.
En revanche, les défis n'apparaitront qu'à 14 h 00*
* Aux bons soins de canalblog !
PS : La factrice, ce matin :
— "Dites, Madame Papistache, il se trame quelque chose chez vous. C'est Monsieur Papistache qui prend sa retraite ? On se demandait avec ma collègue. En tout cas, ça nous change des colis de La Redoute et des relevés bancaires."
Ce qui prouve, Chers compagnons de jeu, que si une lettre venait à musarder dans les couloirs de la Poste, une fois arrivée ici, elle serait conduite avec tous les égards jusqu'au numéro 3. Même avec une adresse approximativement libellée !
Bon, c'est pas tout ça, j'ai une cravate à repasser, moi !
Un mot pour vous signaler que j'ai ajouté aujourd'hui même la participation d'Armelle pour l'avant dernière consigne, à savoir la boite à bonheur. Elle avait envoyé son texte dans les temps et le courrier s'était perdu. L'erreur est réparée.
Val, l’administratrice des “Défis du Samedi” préférée de Papistache et Janeczka,
Défi : Oserez-vous lui écrire une lettre ( conseils, philosophie de vie, expérience personnelle, recette de cuisine, anecdotes coquines ...) ?
Mettez-y ce que vous voudrez !
Les lettres seront publiées le 26 juillet, à l’heure où elle dira “OUI” (14 heures, heure de Paris)
MAIS... attention !
Vous serez, en plus, obligé(e) de la lui recopier à la main sur un beau papier puis de l'adresser, avec de jolis timbres, par voie postale, à Papistache (Janeczka ou lui-même donneront l’adresse postale par courriel) et ...
...l'ensemble des lettres majestueusement décorées (non décachetées) lui sera remis le jour de son mariage par le dit co-administrateur qui aura l‘honneur de représenter les jouteurs à la cérémonie, laquelle, incommensurable privilège, se déroule à portée de voix de son domicile (en criant fort toutefois).
Le monde est petit, faisons en sorte de le rétrécir encore un peu ce jour-là.
Ne postez pas votre mail à l’adresse habituelle. Val ne pourrait s’empêcher d’y jeter un œil. Mais envoyez vos participations courrielles à :
janeczka@hotmail.co.uk ou papistache@laposte.net
Pour le courrier papier, songez aux délais de la poste ( Je pense aux jouteurs et jouteuses d’Outre-Atlantique) et réclamez l’adresse sans tarder.
Qu’on se le dise !
Pour ce défi spécial double effet, (qu’est-ce c’est cool), nous disposons de deux semaines entières et inaliénables.
Certes, Val est désormais au courant de ce qui se trame, à nous de faire en sorte que la réalité dépasse son imagination.
Ça ne va pas être facile, mais bon, c’est un défi aussi !
En 2108, les carottes sont cuites.
Mais qu’est-ce que c’était déjà les carottes ? … cuire ? … manger ? En 2108, c’est mange ou soit mangé. Mais que reste-t-il encore à manger ? Rien
ni personne ! En 2108, je suis seule, j’ai chaud et je meurs
de faim Mais qu’est-ce que ça peut faire ? C’est
bientôt la fin En 2108, je vais bientôt m’écrouler et fermer
les yeux une dernière fois Mais qui se repaitra de mes chairs
maigres ? Même les charognards ne sont plus là En 2108, je serre cette photo contre moi,
vestige des jours heureux passés Mais à quoi peut-elle me servir ?
L’inéluctable est en marche En 2108, je ne peux m’empêcher de penser encore
à ces temps jadis Mais ces temps, je ne les ai même pas connus, j’en
ai juste entendu parler En 2108, mes doigts caressent une dernière
fois la photo jaunie Mais pourquoi ne suis-je pas née en 2008 ?
Les arbres étaient verts, que les anciens disaient. En 2108, je n’ai plus assez de force pour
déchirer ce bout de papier Mais cette dernière trace d’un passé pas encore tourmenté disparaitra bientôt elle-aussi
En 2108, nous aimerons toujours autant les
romans d’anticipation désespérés Mais ces scénarios catastrophes resteront-ils
toujours de la science-fiction ? En 2108, les z’humains, qui sait, seront
encore là ? Mais plutôt, je crois, ils auront fini par se
détruire eux-mêmes, et la Terre avec En 2108, on ne sait pas comment le monde sera Car nous en tout cas, c’est sûr, on ne sera
plus là
En 2008, pour les défis du samedi je fais un
bond de 100 ans en avant Et je ne parviens pas à trouver de l’espoir,
imaginer un monde heureux En 2008, je pense à cette chanson, Plus rien
des Cowboys fringants Et j’ai peur que cette vision triste ne soit
la future réalité En 2008, j’écris un texte désespéré comme
l’avenir me paraît Et
je vous invite à lire & écouter les paroles de leur chanson
En 2008, je relis la consigne et je pousse un
juron
« Mais m…. ! J’étais sûre d’avoir lu 2108 et pas 2018… »
L’éclipse solaire du 1er août sera
une éclipse solaire totale. Celle du 11août 2018 sera une éclipse
partielle. Il y aura deux autres éclipses partielles en
2018. (le 15 février 2018 et le 13 juillet 2018) Une vingtaine d’éclipses sont attendues d’ici
l’an 2018.
En 2018, j’avais tout juste vingt ans. Vingt ans, il paraît que c’est le bel âge…
En 2018, il avait lui aussi vingt ans. Vingt ans que nous vivions côte à côte.
Vingt ans sans pouvoir se toucher, vingt ans à se regarder, vingt ans à s’aimer en silence, vingt ans à espérer…
En 2018, ils sont arrivés par surprise avec des tronçonneuses.
En 2018, ils ont coupé les arbres, pour commencer.
Vingt ans à accueillir les soupirs des amants, vingt ans à entendre les confidences, vingt ans à dérouler la vie des anciens, vingt ans à se faire chatouiller par les petites mains des enfants…
En 2018, ils ont décidé que tout ce qui était inutile devait être jeté.
En 2018, ils ont fermé le parc.
Vingt ans, il paraît que c’est le bel âge, est-ce le bel âge pour mourir ?
En 2018, ils nous ont posés sans ménagement l’un sur l’autre et ils nous ont abandonnés.
En 2018, nous nous sommes enfin retrouvés.
Vingt ans que nous attendions ce moment-là.
En 2018, nous avons fait l’amour au milieu d’un terrain vague.
J’ai rendez vous dans 10 minutes par liaison satellite avec le journaliste de « page à la une » pour présenter mon dernier roman : Jardins publics. Une commande du comité national de la culture. Les ordres sont les ordres ! Je me doutais bien que cette histoire de plantes carnivores dévorant les nouveau-nés aurait du succès.
En 2018 les gens lisent n’importe quoi ! D’ailleurs ils ne lisent même plus. Ils payent des nègres lecteurs qui dévorent des centaines de livres numériques à leur place et leur préparent une analyse judicieuse. Avec ça ils peuvent épater la galerie dans les soirées mondaines virtuelles qui font fureur sur la méga toile.
En 1998, quand j’ai commencé à écrire il fallait faire attention à ne pas écrire n’importe quoi. Les gens allaient encore à l’école, ils avaient un minimum de connaissances et de sens critique.
En 2018, tout ça est terminé. On les élève comme des poulets, dans ces tours vertigineuses. Des milliers de personnes, nourries à heure fixe par des milliers de repas synthétiques, matérialisés au même instant dans chaque cuisine. Impossible de sortir à l’extérieur vu le niveau de pollution.
En 1998, on pouvait encore écouter le chant d’un oiseau, froisser une feuille dans sa main, sentir la mousse au pied d’un arbre.
En 2018, les seuls arbres que l’on peut voir sont virtuels, images holographiques sagement alignées au bord des routes. Aucun risque d’accident, qu’ils disent !
Toute notre vie est devenue virtuelle, nourriture, travail, amour.
Mes livres sont virtuels, mes lecteurs sont virtuels, seuls les mots ont gardé pour moi leur réalité. Surtout lorsque je les pose en secret sur le papier.
En 2018, justement, le papier devient un problème. Au moment des grandes émeutes de la faim, quand les gens se jetaient sur n’importe quoi pour se nourrir, j’avais réussi à dissimulé un grand stock de papier. C’était en 2008. Aujourd’hui il ne reste plus que quelques feuilles. Une misère ! Je ne me suis pas rendu compte que le temps filait si vite. J’ai noirci, noirci, noirci tant et tant de feuilles ! Plus le monde devenait virtuel et plus il me fallait palper la réalité des mots. Ecrire vraiment, lettre après lettre, pour lutter contre ces pixels qui nous dévorent inexorablement.
Bientôt j’aurai noirci ma dernière feuille…
J’ai rendez vous dans dix minutes avec le journaliste de « Page à la une » par liaison satellite, ça évitera un déplacement inutile en avion. Je vais présenter mon nouveau roman : Jardins publics. Je savais bien que cette histoire de nouveau-nés sauvés par la fabrication d’un sérum issu de plantes carnivores aurait du succès.
En 2018 les gens ont besoin de lecture. Grâce aux nouveaux programmes d’éducation élaborés dans les années 2010, ils sont curieux et n’hésitent pas à s’équiper de livres numériques, légers et maniables. On peut au choix les utiliser en vidéo ou en audio.
En 1998, quand j’ai commencé à écrire, les gens se détournaient des livres pour s’intéresser aux loisirs virtuels. Heureusement ils ont vite compris les dangers de ces activités abrutissantes. Surtout quand le nombre de suicides a fortement augmenté. Les gouvernements se sont mobilisés pour lutter contre ce fléau, ils ont compris qu’il fallait offrir à toutes les populations des conditions de vie décentes, de la nourriture saine et des loisirs épanouissants. Le programme « un jardin pour tous » a été en particulier un grand succès.
En 2008, il devenait difficile de trouver des coins de nature sauvage et non pollués.
De façon inexplicable les oiseaux cessaient de chanter et les feuilles des arbres se décoloraient. Heureusement les associations écologiques ont réussi à se faire entendre et le processus de destruction des ressources naturelles a été enrayé.
En 2018, toutes les forêts sont protégées et chaque activité industrielle est réglementée pour favoriser la protection de l’environnement. De plus le recyclage est devenu une activité à part entière et je participe au mouvement international d’économie du papier en publiant mes romans sur papier recyclé. Mes lecteurs sont très attentifs à ce genre de détail, et nous échangeons souvent des astuces écologiques lors des séances de signatures dans les salons littéraires.
…Une
ritournelle (obligatoire), en 2018…. Moi qui suis en froid avec les chiffres,
ça ne va pas être simple ! Je la sens mal cette consigne. Je ne la
sens même pas du tout ! Elle nous
aurait demander de chanter les louanges d’une demoiselle sur une
balançoire, Cela n’aurait
posé aucune difficulté. Mais là, une ritournelle
en 2018… c’est impossible
et dépourvu de sens. D’autant que nous ne sommes encore
qu’en 2008. Imaginez 10 ans plus tard, 10 années de plus
sur le sablier du temps. Moi qui n’en ai pas
assez, pour accomplir tout ce qu’une journée me réserve de
surprises, comment voulez vous se faire à l’idée
qu’...
en 2018, j’aurais ?
j’aurais encore plus de cheveux blancs. Déjà qu’ils n’ont pas
attendu qu’on les sifflent pour se manifester. Oui c’est cela, je serais
sûrement toute blanche. C’est étrange… autant le nombre des
années me bouleverse l’âme. Que l’idée de me savoir coiffée d’un manteau blanc
ne m’effraie nullement. Mais vraiment pas du tout. Comme si, cette
capeline du temps apaisait mes craintes d’avancer dans l’âge. Parce
qu’il faut bien l’avouer mais...
En 2018, dans quel état seront mes pauvres articulations,
rafistolées depuis tant d’années. Jeune fille, j’avais déjà bon
nombres de visses pour maintenir mes jointures.
Alors avec les jours qui passent, les courbatures vont apparaître
certainement. Mais cela n’a
pas d’importance… tout ceci n’est que mécanique, suffit que je l’entretienne un
peu et
...En 2018, je serais comme neuve. Avec un moral d’acier,
je vaincrai toutes les difficultés qui se mettront en travers de ma
route. Car à cette époque j’aurais passé le cap de la cinquantaine et
goutterais aux joies d’être grand mère. Ne sont-elles pas
de plus en plus rayonnantes nos super-mamies ? Loin des mémères
d’antan, accrochées à leur canne. Ne pouvant plus mettre un pied
devant l’autre tant les sillons du temps sont marqués sur leur pauvre
carcasse. Elles sont belles et radieuses nos retraitées aujourd’hui,
qu’elles n’ont même plus loisirs à venir se délasser à l’ombre du
tilleul centenaire.
Celui qui trône au centre de la place du village,
protégeant de son ramage le souvenir des anciens
se reposant, Une photo (de Tilu)
: assis par groupe de 3… 4, en fonction de la
largeur des sièges. Elles dansent, bricolent.
Elles surfent sur le net.
Elles
s’amusent, chantent
En 2018 les enfants courront-ils encore à travers bois, rieurs, effrayés, goguenards, s’assurer que le loup n’y est pas ?
En 2018, y aura-t’il encore au détour d’un chemin de ces recoins ombragés où des amoureux se tiennent la main ?
En 2018, le rêveur solitaire pourra-t’il s’inventer des histoires de vents traversant le temps pour rafraîchir ses pensées ?
En
2018, cet homme d’affaires et cette femme affairée, pressés,
sauront-ils seulement s’asseoir dans ce parc, se parler, s’écouter ?
En
2018, l’herbe sera-t’elle toujours verte et l’ombre encore fraîche pour
un déjeuner sur l’herbe en famille, poulet froid et tarte aux pêches ?
En 2018, qu’en sera-t’il de ces promeneurs britanniques traçant, d’un « bench » épitaphe à l’autre, des itinéraires oniriques ?
En 2018, les vieilles personnes voudront-elles se reposer, fourbues mais sereines, au bord des fleuves et mirer leur éternité ?
En 2018, les Hommes sauront-ils enfin accueillir leurs frères sur un « bangku », un « azika », un « zaseki » de bois ou de fer ?
J’ai
utilisé le mot « banc » habillé à l’anglaise (bench), à la malaise
(bangku), en arabe (azika ; probablement littéraire car mon ami
marocain ne l’a pas reconnu) et en japonais (zaseki, sachant qu’il
existe aussi le mot koshikake). Enfin, pour le titre, il s'agit à la
fois de l'espagnol et du portugais.
J’ai trouvé certains de ces mots sur le Net, en espérant qu’ils soient tous valables !
Quand j’ai compris ce que contenait l’enveloppe, j’ai couru
vers cet endroit qui m’est si cher : le coin de paradis de mon jardin.
A l’abris des regards, seule avec l’enveloppe, je l’ai
ouverte en tremblant.
Mon anglais est bon. Je n’ai pas fait de contre sens. Et
puis, 2018 était écrit en chiffres. Pas d’erreur possible !
En 2018… purée ! Je n’aurais certainement pas dû…
Pourquoi ai-je voulu savoir ? Quelle idiote !
Peut-être aurait-il mieux valu que j’aie la
« surprise »… en 2018…justement. Je ne sais pas. Je m’embrouille.
Remarques, tu parles d’une surprise !
De toute manière c’est trop tard. Maintenant, je sais !
C’est irrémédiable. Va falloir faire avec…
En 2018…
Ce nombre fait écho dans ma tête depuis des heures. Je ne
sais même pas depuis combien de temps je suis assise là à me le répéter
mentalement.
En 2018 … quand je ferme les yeux pour retenir mes
larmes, je vois ces quatre chiffres couchés sur ce maudit courrier.
Bon sang ! C’est dans trois ans !
Quel âge auront les enfants, en 2018 ?
La maison ne sera même pas payée…
J’ai envie de hurler, de me révolter. J’ai la nausée rien
que d’y penser.
A quoi bon y penser ?
Merde ! Pourquoi moi ? Pourquoi si tôt ?
En 2018… merde ! Plus que trois ans…
J’ai même pas vu l’Afrique.
J’ai même pas encore transmis le gout de la lecture et de
l’écriture aux petits. C’est à peine si je leur ai parlé de mon amour pour la
nature. Et pour ce bout de jardin…
Va falloir que je leur dise à quel point je les aime.
En 2018… quelle poisse, bordel !
Est-ce que je vais leur dire ? Non ! Je ne veux
pas paniquer les enfants. Et puis lui, il n’y croira même pas… Pourtant, c’est
fiable à 99, 9 %, qu’ils disent…
En 2018… je suis complètement abattue à l’idée de…
Mieux vaut que je garde ça pour moi.
Oh ! Je sais !
Voyons… en 2018… trois ans… ça me laisse largement le temps
d’accomplir le principal.
C’est décidé ! Je vais leur consacrer ces trois
prochaines années. Oui ! Je vais tenter de tout leur transmettre. Le temps
presse…
Je vais regrouper tous mes journaux, tous mes écrits, et
leur en faire une copie à chacun. Ils les liront plus tard et sauront qui
j’étais…
Je ne rédigerai pas de testament. Tout est pour eux !
En 2018… Putain ! C’est effrayant !
Ah ! En revanche, si ! Je ferai une lettre !
Non ! Plusieurs lettres ! Je vais faire l’inventaire de tout ce que
j’aimerais leur dire…
Et j’ai envie de pleurer rien que d’y songer… Comment
feront-ils, en 2018, si je ne suis plus là ?
Et surtout, va falloir que je prévoies… pour 2018. J’ai
trois ans devant moi pour que ça leur rentre dans leur petites têtes :
Je veux être incinérée, et que mes cendres soient enterrées
ici même, là ou nous aimons nous retrouver tous aux beaux jours, là ou j’aime à
me réfugier pour me retrouver seule.
Il faut que je leur dise que je veux qu’ils gardent la
maison, et qu’ils continuent à se réunir au jardin, que j’ai voulu à l’image de
notre famille.
Je suppose que.. enfin j’en sais rien, mais… j’aime croire
que … je serai avec eux, dans ces moments là…
En 2018… et s’ils s’étaient trompés ? Et puis qu’est ce
qui me prouve que… ? Quelle conne ! Mais qu’est ce qui m’a pris de
vouloir savoir ?
Andouille ! Tu vas devoir vivre avec ça, à
présent !
Je ne sais pas si je suis plus angoissée qu’en colère..
contre moi-même. J’ai envie de hurler et de m’en prendre à la terre entière. Et
de pleurer. C’est vraiment injuste.
En 2018… la vie est injuste, quand on y pense. Bordel,
quelle cruauté ! J’suis pas pire qu’une autre ! J’suis pas la plus méchante !
Alors pourquoi ? Pourquoi si tôt ?
Maintenant, je comprends pourquoi chez nous le test est
interdit à la vente. Sur le coup, scandalisée, j’ai pesté : « On a
bien le droit de savoir, quand même ! » .
Quelle idiote ! Il n’y a rien de pire que de savoir…
En 2018, que c’est écrit ! C’est bien ma veine,
tiens !
Pourquoi j’ai fait ça ? Putain, pourquoi ?
Ça avait l’air si simple :
« Prélevez un échantillon de votre salive et
envoyez-le au laboratoire californien accompagné d’un chèque de milles euros,
et vous connaitrez l’année de votre mort sous quinze jours ».
En 2018, qu’ils ont dit… Fiable à 99,9% …
Bon, ben, maintenant que j’ai la réponse, même si elle me
répugne au plus haut point, je n’ai pas vraiment le choix : Je vais leur
envoyer sa brosse à dents avec un autre chèque, histoire de m’assurer que les
enfants ne se retrouveront pas tout seuls trop tôt…
Pfft ! En 2018…
La vie est dégueulasse…
Si je l’avais su plus tôt, je n’aurais jamais eu Pierre. Il
est si petit…
Tuite, tuite, zuite, zuite, uite, uite, suite, suite !
En 2018, tuite, tuite... Nous occuperons la Terre
En 2018, zuite, zuite ... Nous réduirons à néant l’espèce homo sapiens sapiens.
En 2018, uite, uite ... Nous sortirons de nos véhicules spatiaux.
En 2018, suite, suite ... Commencera l’ère des petits hommes verts...
Nous avons conquis tous les parcs publics du monde civilisé. Nos engins se sont posés au cœur des villes. Nous avons appris les langues, saisi des secrets d’état. Nous avons tout su de l’âme humaine (elle est laide !) Toutes ces confidences chuchotées, assis sur les carlingues de nos véhicules à l’arrêt...
Tuite, tuite, zuite, zuite, uite, uite, suite, suite !
En 2018, tuite, tuite ... En 2018, zuite, zuite ... En 2018, uite, uite ... En 2018, suite, suite ...
Les humains sont grands, nous sommes petits... Les humains sont nombreux, nous aussi... Chacun de nos véhicules abrite cent mille milliards de nos compatriotes... Nous envahirons la Terre et nous réduirons à néant les homo sapiens sapiens...
En 2018... parce que pour l’instant, vu qu’on est allergiques à l’oxygène, on reste à l’abri de nos engins spatiaux... En 2018 ... parce que d’après nos calculs le gaz carbonique aura atteint le seuil où l’atmosphère de la Terre sera enfin respirable... En 2018 ... encore que... cette petite géante d’un mètre cinquante qui nous mitraille aurait peut-être deviné quelque chose... On envoie un rapport au chef suprême de la ceinture d’astéroïdes :
Tuite, tuite, zuite, zuite, uite, uite, suite, suite !
Et s’il le faut, on la fera disparaître*, ce ne serait pas la première ! Ni la dernière !
Tuite, tuite, zuite, zuite, uite, uite, suite, suite !
* Eh ! Les homo sapiens sapiens, vous avez des nouvelles de Tilu ?
En
2018, enfin à la retraite je profite(rai) d'un moment de soleil pour
m'installer sur ce long siège avec ou sans dossier (mais avec c'est
mieux) où peuvent s'asseoir plusieurs personnes, pour bouquiner et
profiter de la vie. Que c'est bon d'être enfin libre de faire ce qui
plait et uniquement ce qui plait, même si parfois quelques obligations
viennent s'immiscer, mais bon, il faut se dire que d'autres aussi
s'installent sur des sièges réservés à certaines personnes dans une
assemblée, un tribunal, une école et ce n'est pas toujours rigolo non
plus.
Tiens
d'ailleurs, en 2018, lorsque je rédigerai ce petit texte j'en
profiterai pour apprendre que mon siège était à l'église autrefois
réservé aux marguilliers, tant mieux pour eux.
En
2018, mon fils d'ailleurs devrait être en mesure de mettre au point ce
bâti en bois ou en métal, utilisé par de nombreux corps de métiers et
autre installation permettant de déterminer les caractéristiques d'un
moteur, d'une machine.
En
2018, je suis toujours aussi fière de lui, mais j'aimerais bien qu'il
se consacre un peu moins à son boulot et qu'il me fasse avec sa
compagne un ou deux petits enfants.
En
2018, s'ils avaient déjà été là ces bambins (s'ils étaient déjà là),
j'aurais pu (je pourrais, ouille je m'emmêle dans les temps là) les
emmener au bord de la mer admirer les amas de matière formant un dépôt
ou constituant un obstacle, notamment par élévation du fond de la mer
ou d'un cours d'eau, amas sur lesquels batifoleront encore je l'espère
des réunions en nombre de poissons d'une même espèce. Nous pourrions
aussi jouer à nous perdre au milieu des concentrations de brouillard,
je suis sûre qu'en 2018 (s'il n'est pas trop pollué) ce sera toujours
un jeu amusant.
Bon,
pour le moment nous ne sommes pas encore en 2018, alors je réintègre
mon époque, j'abandonne mon long siège je remercie vivement Larousse
pour son petit coup de main, et je retourne au boulot.
Cela fait un mois que je marche. J’ai tout quitté. Je
cherche fortune. La tâche est difficile. Pas de plan, pas de guide ni de
panneau indicateur. Je suis mon instinct, mes envies, mes désirs. Je me suis
donné dix ans : en 2018, j’aurai trouvé la fortune.
15 mars 2011.
Elle me semblait toute proche, au bout des doigts. Gagnée à
la sueur de mon front. Il y a deux mois, un entrefilet dans un journal
local : on cherche des bras pour une mine d’or. Je me voyais déjà
propriétaire d’un trésor. Mais non, rien de tel. Le minerai qui s’échappe de
vos mains pour alimenter la richesse d’un autre. Et l’on se déchire pour
quelques pépites. Alors je suis reparti. La fortune ne peut habiter dans des
cailloux jaunâtres ternis par le sang d’hommes qui ont perdu la tête. J’ai
repris la route. Mais en 2018, c’est promis, je serai riche.
25 septembre 2014.
Encore un espoir avorté. Il y a quelques jours, je longeais
des champs de blé. Ondulations dorées dans la brise du soir. Quiétude. Pourquoi
ne pas rester et vivre les émotions de cette terre ? Mais soudain, le
zéphyr a laissé place à un vent violent, puis à une tornade qui, en quelques
instants, a tout ravagé. Plus rien de l’élégante blondeur des épis. Désolation.
Je me suis senti trahi et j’ai passé mon chemin. Il me reste quatre ans. En
2018, la tiendrai-je, ma fortune ?
3 février 2017.
Catastrophe et nouvel échec. Le hasard de mes pérégrinations
m’a mené le mois dernier sur un îlot perdu au milieu de l’océan. Ce n’était
peut être pas la fortune mais ça ressemblait fort au paradis. Cocotiers, sable
blanc, délices d’une eau sans ride…croyais-je. Bien plutôt raz de marée dévastateur. La mer aussi m’a
trompée : je la croyais porteuse de vie mais elle est mortifère. Tant pis.
Un peu lourd, un peu triste, je me suis relevé et je poursuis mon errance. Encore
un an de recherche. En 2018, serai-je fortuné ?
31 décembre 2018.
C’était hier à peine. Je n’y croyais plus. En 2018 ?
Autant dire aux calendes grecques ! A l’orée d’un bois, une clairière
baignée de soleil.Il y régnait une
paix infinie, extraordinaire, inexplicable. Et c’est alors que je les ai
vus : dans un rayon de lumière, un homme, une femme, un tout petit enfant.
Je me suis approché, l’enfant m’a regardé et j’ai compris. Ma quête était
finie. Je cherchais la fortune et j’ai trouvé : l’éternité.