Ont consommé (ou pas)
TOKYO ; Laura ; Vegas sur sarthe ; Lecrilibriste ;
Walrus ; Kate ; petitmoulin ; joye ; bongopinot ;
Un gros cierge (Vegas sur sarthe)
Elle rêvait d'un gros bien dur et turgescent
De ceux qu'on dresse aux cieux le lundi des Rameaux
J'osai lui suggérer le mien à demi mots
Mais il était ce jour aux abonnés absents
Je la croyais gaillarde et elle était dévote
Elle avait revêtu sa belle robe blanche
Me força d'endosser mes habits du dimanche
Alors que je rêvais d'investir sa culotte
À Saint Vincent de Paul je me vis entraîné
Germaine avait besoin d'un cierge en toute hâte
Je glissai à regret quelques sous dans la boîte
Au pied d'une statue je dus m'agenouiller
J'ai lu dans son regard qu'elle allait m'embrouiller
Il me fallut alors prier Saint Hyménée
Hymne nuptial (Lecrilibriste)
Autour du feu de camp, le groupe d'Eclaireurs gloussait de rire en se faisant passer de main en mains le faire-part de mariage de Cloclo, un des leurs, qui les invitait à son hyménée – un terme on ne peut plus ringard - et ça n'étonnait personne venant de Cloclo - mais il les invitait aussi à apporter leurs duvets et leurs tentes pour finir la soirée dans le pré d'à côté .... Pour jouer les prolongations, disait-il ! Quelles prolongations ?.... Une soirée éclés en guise de nuit de noces ?
Sûr, il avait fumé du kif avant d'envoyer son faire-part, Cloclo ! mais tous le connaissaient … Et finalement le re-connaissaient bien, là, avec cet envoi étrange, lui qui employait toujours des mots d'outre temps !
Depuis qu'il avait lu le faire-part, le « Xou » à l'instar d'Assurancetourix , le barde, déclamait à qui voulait l'entendre le poème d'André Chénier : « Elle a vécu Myrto, la jeune tarentine, un vaisseau, la portait au bords de Camarine, la l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement Devaient la reconduire au seuil de son amant.... Après, il ne s'en souvenait plus …. Ou plutôt quelqu'un lui coupait la chique, car il n'en finissait plus !
Malabar, toujours sérieux déclara au groupe qu'il fallait trouver quelque chose d'original à faire pour cette « hyménée » exceptionnelle d'un chef éclé avec une prof de philo du CNRS. Quel couple !
Gaston, toujours dans la lune, plongé dans une BD de Franquin, bien sûr , sortit soudain de sa revue et avec l'air de se réveiller « m 'enfin c'est quoi cette histoire, quel hymne est née?
Malabar un instant interloqué, lui dit « répète, répète ce que tu viens de dire »
Gaston : .Pourquoi ? j'ai demandé quel hymne était née.. C'est celui du groupe ?
Non ! T'as pas dit comme ça !
Mais si ! - Mais non ! - J'ai dit comment alors ?
Il a dit quel hymne est née a crié le « Xou »
Malabar s'est passé les mains dans les cheveux, s'est tiré l'oreille, gestes on ne peut plus significatifs d'une grande réflexion que tout le monde connaissait bien. Il a tapé sur son smartphone... Tout le monde s'est tu et il a dit :
Ben, elle est là notre idée , l'hymen, c'est aussi un chant nuptial ! Bien joué Gaston ! Allez ! on s'y colle les potes, et on lui fait un hymne à Cloclo pour son hyménée. Et croyez moi, il s'en souviendra
Et depuis cette étrange soirée, pour tous les mariages d'un membre du groupe, un hymne est composé et chanté en chœur aux nouveaux mariés par tous les éclés présents à la soirée.
Éh men ! (Walrus)
Malgré l'avertissement affiché dans certains trains de mon enfance "è pericoloso sporgersi", je me suis penché sur les origines et significations du mot de la semaine.
Donc, en dehors de l'usage "Proust ma chère" de ce vocable pour désigner le mariage lui-même en plus d'un chant antique destiné à le célébrer, le fameux Hyménée serait également un dieu grec ou romain présidant à cette union.
Si l'on creuse un peu, on s'aperçoit que les représentations de cette divinité varient avec leurs sources.
Ce qui semble néanmoins constant, en plus de son charme célébré par toutes (les sources), c'est qu'il est représenté armé d'une torche ou mieux d'un flambeau, vaut mieux être précis, y a des coupeurs de cheveux en quatre qui rodent par ici.
L'utilisation que fait l'individu de cet accessoire n'est par contre pas clairement établie et donne lieu à de multiples interprétations.
Normal, à l'époque, ils ne connaissaient pas Johnny, mais nous , grâce à lui, nous savons :
Comment ça, quel feu ?
Hyménée (petitmoulin)
De noce en noce
De lit en lit
Haut le flambeau
( Le reste aussi )
Battement d'ailes
Sur le silence
Les mots s’emmêlent
( Les corps aussi )
D'hésitations en ouragan
De maladresses en volcan
Le feu au lac
( Ailleurs aussi )
Au septième ciel
Bouquet d'étoiles
Cueillir la lune
( La fleur aussi )
Hyménée (TOKYO)
Aujourd’hui on célèbre l’hyménée de
La grande Reine de la vallée du NIL.
Tout arrive des quatre coins du monde
Paprika de Jordanie, coriandre d’Arménie, mouton du Soudan , sans compter le basilic acheminé par la Rome antique .
On a fondu des pièces de Monnaie d’or pour parer la reine du plus beau collier jamais vu dans toute la haute Egypte.
Mais voilà l’improbable se produisit.
Contrairement à toute attente AKIRA ABE Le fiançé se fit trucider sur le chemin entre les rives du NIL par un crocodile.
C’est donc un maigrichon en survêt avec des dents de lapin tout juste sorti de l’adolescence qui fit office de prétendant à la dernière minute.
On raconte depuis la nuit de noces de la Reine dans toute l’Afrique. La legende se rependit comme une nuée de sauterelles.
Elle attendait l’explosion atomique et que l’étoffe légère de son hymen fut déchirée sans ménagement par ce fauve.
A l’époque on ignorait encore Hiroshima et Nagasaki/ là je crois que je m’égare.
Reprenons /
La reine n’était pas d’humeur à apprécier les calembours de dents de lapin. Elle enfourcha le gamin. Subitement réduit au statut de gadget dents de lapin se rebiffa et montra ses dents.
En guise de consolation elle eut droit à un baiser sur le front.
Elle avait rêvé d’un avion de chasse elle se prenait en pleine figure une tapette que dis-je un fleuriste de la bourgade voisine.
Puis elle partit d’un grand éclat de rire et elle manqua de s’étouffer devant le visage ahuri de dents de lapin.
Tu as mal au crâne lui demanda – t-elle gentiment.
Non . Sommeil ?
Non . Hypertension Non .
Tel un ballon de baudruche dont on avait défait le nœud la nuit de noces partait en sucette.
La reine a rêvé toute la nuit de garçons roux, ténébreux et, au petit matin elle tenta une dernière stratégie. Elle prépara une mixture à base de galantamine, d’acide folique et de sperme de serpent. Elle glissa cela sur la langue de ‘dents de lapin’ endormi et attendit les effets secondaires.
Ils ne se firent pas attendre longtemps croyez-moi.
Au petit matin ‘dents de lapin’ attaqua la grotte, d’une vigueur excessive l’hymen explosa en un seul tir. Tous les ponts ont sauté même celui de la rivière kwai. Bon là je m’égare.
Alors et seulement à cet instant un chant sacré se leva dans toute la haute Égypte. L’HYMÉNÉE était célébré. Nul ne sait ce qu’est devenu dents de lapin tout le mon de s’en fout.
Non on ne peut pas dire ça. Je reprends.
La légende ne dit rien sur Dents de Lapin. Ce n’est guère mieux, bon je sors ! Putain qu’est-ce qu’il est encombrant ce mec .Q quelqu’un a une idée au boulot les défiants .
Télégramme par bongopinot
Avant… (Laura)
Avant de connaître Daniel, Cannelle n’avait jamais rêvé d’hyménée, de prince charmant (depuis le dessin animé Candy quand elle était en primaire et le conte de fée s’est mal terminé pour son amie de l’époque et pour elle par ricochet). Peut-être quand même, l’idée de mettre une robe qu’elle ne portrait jamais dans d’autres circonstances, lui plaisait mais elle a quand même répondu non deux fois aux demandes de Daniel car son fils était un fauteur de troubles et elle ne se voyait pas s’engager dans ces conditions… mais elle est restée, a gagné contre ce petit… sauvageon. Avant son mariage, elle n’aurait pas cru que ce serait le plus beau jour de sa vie, un jour où elle verrait tout en rose, ne laisserait personne lui gâcher sa journée de princesse, danser et pétiller. Avant de vivre 25 ans avec Daniel (dont 17 de mariage), Cannelle n’aurait jamais cru qu’être veuve serrait aussi… terrible, comme perdre un membre comme elle l’avait entendu dire. Avant, elle n’était jamais resté 10 mois sans faire l’amour avec un homme et la Cannelle d’avant qu’elle était tout de même encore ne voyait pas finir sa vie sans sexualité
Mais elle ne se voyait pas non plus partager l’intimité d’un homme d’autant que les hommes qui la draguaient étaient moches, gros, pas sexy, vieux (même s’ils avaient 20 ans de moins que Daniel et son âge), idiots (pour être polie), bref pas lui : pas son homme qu’elle parait de toutes les qualités d’un prince charmant de midinette qu’elle n’était pas avant…l’hyménée avec lui.
Toi hyménée moi (Kate)
Puisqu'elle court, qu'elle court,
La maladie... d'amour !
Et que la vie "c'est beaucoup plus marrant
En chantant"...
Bercée par cette comptine
Enfin, d'après vous ?
Elevée au tourne-disque familial
De "La marche nuptiale"
Et de "La non-demande en mariage"
Au milieu des scènes de ménage
Pas trop tentée
D'être la mariée...
Mais puisqu'avec toi
C'est "L'avventura"
Que tu fais tourner "Les moulins de mon coeur"
Et qu'on est partis avant la fin
Du "Monologue shakespearien"
Qu'en nous résonnent
Toi hyménée moi
Moi hyménée toi
L'hymne mené (joye)
Paroles – Annie Lennox/ David Stewart
Traduction – joye (l’aimable épouse chanceuse de Mr Fifi)
How many sorrows
Do you try to hide
In a world of illusion
That's covering your mind?
Combien de chagrins
Essayez-vous de cacher
Dans un monde d’illusions
Qui recouvre votre esprit
I'll show you something good
Oh I'll show you something good.
When you open your mind
You'll discover the sign
That there's something
You're longing to find
Je vous montrerai quelque chose de bon
Oh, je vous montrerai quelque chose de bon
Quand vous ouvrirez l’esprit
Vous découvrirez le signe
Qu’il y a quelque chose
Que vous avez envie de trouver
The miracle of love
Will take away your pain
When the miracle of love
Comes your way again.
Le miracle de l’amour
Enlèvera votre peine
Quand le miracle de l’amour
Vous reviendra encore
Cruel is the night
That covers up your fears.
Tender is the one
That wipes away your tears.
La nuit qui dissimule vos peurs
Est cruelle
Celle qui essuie vos larmes
Est tendre
There must be a bitter breeze
To make you sting so viciously
They say the greatest power
Can hurt the most ferociously.
Il doit y avoir une brise amère
Qui vous cingle si brutalement
On dit que le plus grand pouvoir
Peut vous blesser le plus férocément
But I'll show you something good.
Oh I'll show you something good.
When you open your heart
You can make a new start
When your crumbling world falls apart.
Mais je vous montrerai quelque chose de bon
Oh, je vous montrerai quelque chose de bon
Quand vous ouvrez le cœur
Vous pouvez commencer de nouveau
Quand votre monde croulant s’effondre
The miracle of love
Will take away your pain
When the miracle of love
Comes your way again.
Le miracle de l’amour
Enlèvera votre peine
Quand le miracle de l’amour
Vous reviendra encore.
L'Hyménée de Joseph et Marie (Joe Krapov)
La mémoire, c’est comme une maison. On court de la cave au grenier, ou plutôt du grenier à la cave, oui, c’est plutôt ça. On descend des photos du grenier, on écrit des textes à partir d’elles et les textes finissent à la cave. Ou parfois on retrouve un texte à la cave et on le modifie un peu pour qu’il colle avec une photo du grenier.
C’est le cas ici. La semaine dernière je retrouve mes vieilles amies de la chorale «La Ritournelle» et je leur fredonne «Obladi Oblada» des Beatles, histoire de moderniser un peu ( ?) leur répertoire qui va de «Froufrou» à «La Bonne du curé» en passant par «Ca vaut mieux que d'attraper la scarlatine». Je me souviens que j’ai commencé à écrire une version française de cette Liverpoolienne rengaine pour la leur faire chanter car ces dames détestent utiliser la langue de la perfide Albion.
Une fois rentré à la maison, je retrouve la traduction-trahison-adaptation dans mon ordi (qui est ma cave à moi !). En fait la chanson est déjà complètement écrite, il n’y manque que les accords pour pouvoir être chantée. Je la fredonne pour vérifier que tout coule bien et je bute, dès le deuxième vers, sur la prononciation de « Jean-Jean joue» :
« Marie vend des œufs sur le marché d’Vill’jean
Jean-Jean joue dans un groupe de rock’n’roll ».
Et c’est là que j’ai l’idée du siècle (mwarf !). Pourquoi ne pas l’appeler plutôt Joseph, le gars ? Un couple Joseph et Marie, ça sonne bien, non ? Joseph et Marie. Joseph et Marie !
Joseph et Marie ? C’est bizarre, ça me rappelle quelque chose. Jésus ce que c’était mais je ne me souviens plus bien où j’ai entendu ça.
Ah mais si, bien sûr ! Mon oncle Joseph et ma tante Marie ! J’ai récupéré cette année la photo de leur mariage. Mon cousin Pascal avec qui nous avons beaucoup parlé de la famille m’a remis aussi en mémoire l’histoire de leurs deux enfants, un couple de jumeaux, un garçon et une fille, né·e·s à cheval sur deux années la nuit de la Saint-Sylvestre, le 31 décembre et le 1er janvier ! Comment se choper un an d’écart en moins d’une heure !
Mais bon, je ne suis pas là pour raconter ma vie ni celle des autres alors, musique, maestro !
OBLADI-OBLADA
(Lennon-MacCartney ; traduction-trahison-adaptation par Joe Krapov)
1
Marie vend des œufs sur le marché d’ Vill’jean
Joseph chante dans un groupe de rock’n’roll
(comme une casserole)
Joseph dit à Marie : «Qu’est-ce que tu es jolie !
Est-ce que ça t’dit de v’nir danser au bal sam’di ?"
"Oui ça me dit"
Refrain
Obladi ! Oblada ! C’est la vie ! Oui !
La la ! C’est la vie qui va !
Obladi ! Oblada ! C’est la vie ! Oui !
La la ! C’est la vie qui va !
2
Marie joue maint’nant du piano dans le groupe
Sur la moto d’ Zèph elle monte en croupe
On n’sait pas comment ça s’est fait les amis
Voilà que le ventre de Marie s’arrondit
(Au refrain)
Pont 1
Pas plus tard que sam’di place de la mairie de Rennes
Lalala Lalala Lalala
La-a
Devant tous les amis ils se sont dit oui Amen
Mari-és par Nathali-ie
3
Joseph est dev’nu le mari de Marie
Ils ne dansent plus le boogie-woogie
Ils ont raccroché la guitare à son clou
Et le groupe de rockabilly lui est dissous
(Au refrain)
Pont 2
Dans une couple d’années ils auront un « home sweet home »
Lalala Lalala Merci Giboire !
Avec un bout d’pelouse et une balançoire
Pour leurs deux jolis petits mômes
4
Marie vend des œufs sur le marché du Blosne
Joseph fait des autos à La Janais (des SUV !)
Le dimanche midi ils déjeunent chez Mamy
Et puis ils vont au CGR à La Mézière
(Au refrain)
5
Cette histoire d’amour est vraiment bien partie
Elle va leur durer toute une vie
Et lorsque Joseph aura 64 ans
Marie l’aim’ra peut-être encore plus que maint’nant
(Au refrain)
P.S. 1 Désolé, mais à force de courir de la cave au grenier, je n’ai pas eu le temps encore de mettre les accords ni de l’enregistrer ! A vous de la chanter sous la douche, l’air est connu !
P.S. 2 Ah et puis si, j'ai trouvé le temps, finalement !
Ont mis un peu de couleur dans nos vies si ternes
Laura ; Lecrilibriste ; Walrus ; TOKYO ; Pascal ;
maryline18 ; Kate ; joye ; petitmoulin ; Joe Krapov ;
À l'école (Laura)
A l'école, Cannelle avait des cours d'éducation artistique (je ne sais plus comment on appelait ça à l'époque) qui la terrorisaient comme l'éducation musicale et le sport. Sa mère qui dessinait et peignait, lui faisait souvent ses devoirs d'art. Elle ne savait pas si les professeurs étaient dupes devant ses prouesses à la gouache. Elle ne se souvient pas non plus quelles notes avait sa mère.
Le plus surprenant est que sa mère ne dessine et peint plus beaucoup alors qu'elle qui a deux mains gauches adore l'art et pense à se mettre à la gouache... pour le plaisir.
La peintresse (Lecrilibriste)
Elle rêvait d' une boite en noyer
de tons dérivés d'arc en ciel
d'une palette toute chargée
de plein de couleurs de la vie
avec des brosses en poils de soie
et des pinceaux en petit gris
Tous les jours elle les regardait
dans la vitrine du papetier
sortant de l'école, s'arrêtait
pour un moment les contempler
accrochées au lourd chevalet
installé sur un drapé vert
Elle aurait voulu savoir faire
avant d'avoir commencé
mais surtout avoir dans la main
cette palette colorée
pour peinturer des lendemains
qui seraient tous ensoleillés
Oui, le défi était de taille
mais elle allait bien le gagner
pour peindre il faut être un peu fou
mais pour ça, elle aurait la clé
depuis le temps qu'elle bataille
avec sa gouache à barbouiller
Elle épousa le papetier
qui lui offrit toutes ces merveilles
huile de lin et thérébentine
couteaux, palette et petit gris
et tubes à donner le tournis
avec les couleurs de la vie
Et depuis ce jour ultime
Elle peignit du pire au meilleur
mais parfois du meilleur au pire
en musique et au métronome
pour bousculer les habitudes
et rien que pour se faire plaisir
Vous prendrez bien une pastille ? (Walrus)
Quand je suis entré en humanités (Ne me demandez pas si avant je faisais partie des chimpanzés, vous n'avez pas vu le "s" final ? Humanités, dans mon pays, c'est - ou c'était, les choses changent tellement vite - l'enseignement secondaire général) la liste du matériel à se procurer comportait une boîte de douze pastilles de gouache.
C'est marrant, mes enfants au même niveau utilisaient de la gouache en pots.
Dès le premier cours de dessin, le prof, un certain Monsieur Lenoir, nous a fait enlever de notre boîte toute neuve la pastille de couleur noire en affirmant avec conviction "Je n'aime pas le noir !". Années cinquante, premier cours, première année obligent, il ne s'est pas trouvé le moindre potache pour susurrer "Moi non plus !".
L'horreur du noir n'était pas la seule fixation de l'individu : il voulait nous voir exécuter des à-plats entourés de sertis. Il espérait peut-être faire de nous tous des Rouault (je vous dis pas la gueule de mon premier travail : un nounours, si, si!).
Pour ces fameux sertis, comme nous n'avions plus de noir, nous devions constituer une couleur sombre en mélangeant plusieurs des tons disponibles résiduels de notre boîte. Paraît que ça donnait de la profondeur...
C'est à peu près tout ce dont je me souviens de son enseignement, contrairement à celui de mon instituteur de primaire qui nous avait fait réaliser une vue de la chapelle Notre-Dame de Bon-vouloir à l'aquarelle en nous expliquant bien la perspective, les points de fuite et tout le bazar, un peintre du dimanche sans doute, pas un agrégé en arts plastiques.
Alexandre et Céleste par bongopinot
Alexandre et Céleste
Aiment la nature
La musique la peinture
Ils sont tous deux artistes
Elle, peint de belles choses
Sur des tableaux des feuilles à dessin
Avec ses brosses ses pinceaux fins
De la gouache de l’eau à petite dose
Elle peint les histoires qui l’entourent
Les gens les champs les animaux
Les arbres la mer et les bateaux
Installé près d’elle tous les jours
Lui, son amoureux qui manie les mots
Souvent il lui joue de belles mélodies
A la guitare en chantant de la poésie
Des phrases tendres qui donnent chaud
Lui avant comique conteur de fariboles
Aimant tourner et détourner les mots
Maniant la vérité la bêtise le vrai le faux
A ses cotés il est devenu plus sage mais reste drôle
Je les croise souvent quand je vais en balade
On échange des paroles sympathiques
Des moments de partages magiques
Au rythme d’une belle et douce ballade
La gouache (TOKYO)
En fait tout commença avec Anibal le facteur lorsqu’il passa en me souhaitant Joyeuses Pâques et me remit par erreur une boite de gouache.
On était en avril, Anibal mon facteur n’avait pas songé à mal .D’abord c’était le facteur le plus désastreux du bureau de poste de ma commune.
Il confondait toutes les maisons, donnant à Paul ce qui était destiné à Pierre, à la pharmacie du soleil ce qui était attendu chez Sam .
J’ai souvent vu comment en attendant la signature d’un accusé de réception, la moitié du courrier tombait dans une flaque d’eau. .
Il distribuait à tort et à travers courriers, factures et lettres d’amour à qui voulait bien les recevoir.
Je me souviens encore de cette déclaration d’amour ouverte indument et que je n’ai jamais restituée ; J’ai honte de dire que de temps en temps je la déplie et je la lis. J’en ai le palpitant qui chavire.
Certaines lettres passaient entre les mains de tout le quartier sauf de ceux ou celles qui auraient dû les recevoir.
J’ai reçu une facture d’électricité qui datait de 1997 !!
C’est vous dire. !!
Alors pour la boite de gouache j’avais de la marge !!!
J’ai écrit au destinataire de la boite de gouache nouant une correspondance sincère et il faut le reconnaitre attachante. Il avait 98 ans.
Nous ne parlions jamais de cette boite de gouache, mais des infinités de nuances qu’offrait l’arc-en-ciel de nos vies.
Il ne pouvait se déplacer et voulait que je garde cette boite de gouache. J’ai avec le temps appris grâce avec lui les déclinaisons du bleu magenta.
Je commençais à travailler le bleu outre-mer si cher aux arables quand mon Viel ami de 98 ans m’appela au téléphone.
Aujourd’hui cherche la couleur cendre. Vous voulez dire Aristide le gris ?
Non non la couleur cendre je t’ai déjà expliqué le chemin.
Je préférai travailler sur le bleu outre-mer que j’affectionnais particulièrement. Aristide m’avait tout expliqué de lui , il s’agit d’un bleu chaud, intense et profond tirant sur le violet, dont l’ancêtre est le lapis-lazuli, une pierre semi-précieuse que l’on broyait pour obtenir un pigment extrêmement onéreux.
Puis est arrivé le facteur intérimaire pendant les vacances du cher ANIBAL.
Celui-là il n’aurait jamais laissé se mouiller un magazine télé !!Il n’était guère bavard, il portait d’horribles lunettes double foyer. Une vraie tête de cul.
Anibal avait au moins une utilité il créait des liens sociaux lui. C’était notre site de rencontre à nous.
Un matin je reçus une lettre qui était pour moi à mon grand étonnement. Elle m’annonçait la mort d’Aristide qui m’avait désignée héritière de sa collection de tableaux.
Je lisais un livre quand la lettre du notaire m’est parvenue j’étais à Paris pour un vernissage. J’attends avec impatience le retour de vacances
Le mélange des couleurs (maryline18)
Il y a bien longtemps, vivait une famille comme tant d'autres, dans... "le grand Nord". Des cinq enfants qui la constituaient, l'une des filles, souffrait d'une maladie orpheline. Elle était "Bicolère"...heu...non, plutôt "Bicouleur"; pour faire simple, elle ne percevait le monde qu'en noir et en blanc.
Cette maladie si mal connue l'attristait beaucoup. Chaque jour, elle scrutait l'horizon en espérant y déceler un début de couleur mais la lumière blanche du soleil se mêlait à la poussière de charbon pour ne lui donner à voir qu'un ciel toujours gris. Tout espoir de guérison tombait donc, non pas à l'eau, non, mais au sol, écrasé par l'ombre noire des terrils.
Une pseudo sorcière qui soufflait les brûlures et scandait des prédications, lui ramena un matin, contre les trois chats bien nourris, qui lui avaient été promis, des tubes de gouache qu'elle avait trifouillés ou...disons plutôt, ensorcelés.
_"Tu feras douze dessins ma belle, en utilisant bien chaque couleur, mais hélas tu ne pourras les admirer, que lorsque tu auras englouti les trois foies prélevés sur les trois chats, que je m'en vais te cuisiner! hi hi hi hi !!!"
_"Beurk ! Quelle horreur !", s'écria Blanche, épouvantée...Elle s'élança dans les escaliers qui menaient à sa chambre, la mine toute dégoûtée, serrant contre sa poitrine, les tubes de couleur. C'est alors que le rose lui glissa des mains et dévala les marches sous l'œil mauvais de la Noiraude. Celle-ci lui fit cracher son contenu en l'écrasant de sa savate puante.
_"Rends les moi !" Aboya la vieille.
_"Plutôt mourir !" , lui rétorqua l'enfant qui lui balança, d'un coup de pied, le vase de nuit pas encore vidé . La sorcière qui n'aimait pas l'eau, en général, n'apprécia pas plus celle-ci et s'enfuit, laissant dans sa course, s'échapper les chats de son panier d'osier.
Blanche perdait peu à peu goût à la vie ainsi que tout espoir de guérison. Un matin, ayant même perdu l'envie de dessiner, elle mélangea, entre deux sanglots, la totalité des tubes de gouache à sa grosse boule de pâte à modeler. Sa perception de la Terre resterait donc identique à cette boule, pensa t-elle, laide et grise à tout jamais.
Pourquoi était-elle ainsi ? (Blanche, pas la terre...ça serait trop long pour un seul défi !)
Aux jours, elle en vînt à préférer les nuits. Dans ses rêves, toutes les couleurs l'entouraient. Les orangers prenaient des odeurs d'abricots, les roses sentaient la douce odeur des bébés repus , les verts lui donnaient l'envie de courir dans la campagne et de se laisser rouler, du haut de collines d'herbes tendres où paissent des moutons blancs .
...( Et bien oui, les moutons restaient blancs et les vaches blanches et noires...)
Pourtant, c'est un soir entre chien et loup, que se produisit le miracle : Alors que la boule grise commençait à se dessécher sur sa table de nuit, une étrange lumière l'atteignit. Était-ce un éclat d'étoile filante ou un rayon de soleil fugueur, qui refusait de se coucher ?...On ne le saura jamais. Toujours est-il que la pâte s'éclaira de belles nuances multicolores, projetant sur les murs de la chambre un sublime arc-en-ciel !
Depuis, elle sait que la beauté ne peut naître qu'en mélangeant les couleurs.