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Le défi du samedi
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12 juillet 2008

Miroir a venir (Fabeli)

J’ai rendez vous dans 10 minutes par liaison satellite avec le journaliste de « page à la une » pour présenter mon dernier roman : Jardins publics. Une commande du comité national de la culture. Les ordres sont les ordres ! Je me doutais bien que cette histoire de plantes carnivores  dévorant les nouveau-nés aurait du succès.

En 2018 les gens lisent n’importe quoi ! D’ailleurs ils ne lisent même plus. Ils payent des nègres lecteurs qui dévorent des centaines de livres numériques à leur place et leur préparent une analyse judicieuse. Avec ça ils peuvent épater la galerie dans les soirées mondaines virtuelles qui font fureur sur la méga toile.

En 1998, quand j’ai commencé à écrire il fallait faire attention à ne pas écrire n’importe quoi. Les gens allaient encore à l’école, ils avaient un minimum de connaissances et de sens critique.

En 2018, tout ça est terminé. On les élève comme des poulets, dans ces tours vertigineuses. Des milliers de personnes, nourries à heure fixe par des milliers de repas synthétiques, matérialisés au même instant dans chaque cuisine. Impossible de sortir à l’extérieur vu le niveau de pollution.

En 1998, on pouvait encore écouter le chant d’un oiseau, froisser une feuille dans sa main, sentir la mousse au pied d’un arbre. En 2018, les seuls arbres que l’on peut voir sont virtuels, images holographiques sagement alignées au bord des routes. Aucun risque d’accident, qu’ils disent !

Toute notre vie est devenue virtuelle, nourriture, travail, amour.

Mes livres sont virtuels, mes lecteurs sont virtuels, seuls les mots ont gardé pour moi leur réalité. Surtout lorsque je les pose en secret sur le papier.

En 2018, justement, le papier devient un problème. Au moment des grandes émeutes de la faim, quand les gens se jetaient sur n’importe quoi pour se nourrir, j’avais réussi à dissimulé un grand stock de papier. C’était en 2008. Aujourd’hui il ne reste plus que quelques feuilles. Une misère ! Je ne me suis pas rendu compte que le temps filait si vite. J’ai noirci, noirci, noirci tant et tant de feuilles ! Plus le monde devenait virtuel et plus il me fallait palper la réalité des mots. Ecrire vraiment, lettre après lettre, pour lutter contre ces pixels qui nous dévorent inexorablement.

Bientôt j’aurai noirci ma dernière feuille…


J’ai rendez vous dans dix minutes avec le journaliste de « Page à la une » par liaison satellite, ça évitera un déplacement inutile en avion. Je vais présenter mon nouveau roman : Jardins publics. Je savais bien que cette histoire de nouveau-nés sauvés par la fabrication d’un sérum issu de plantes carnivores aurait du succès.

En 2018 les gens ont besoin de lecture. Grâce aux nouveaux programmes d’éducation élaborés dans les années 2010, ils sont curieux et n’hésitent pas à s’équiper de livres numériques, légers et maniables. On peut au choix les utiliser en vidéo ou en audio.

En 1998, quand j’ai commencé à écrire, les gens se détournaient des livres pour s’intéresser aux loisirs virtuels. Heureusement ils ont vite compris les dangers de ces activités abrutissantes. Surtout quand le nombre de suicides a fortement augmenté. Les gouvernements se sont mobilisés pour lutter contre ce fléau, ils ont compris qu’il fallait offrir à toutes les populations des conditions de vie décentes, de la nourriture saine et des loisirs épanouissants. Le programme « un jardin pour tous » a été en particulier un grand succès.

En 2008, il devenait difficile de trouver des coins de nature sauvage et non pollués.

De façon inexplicable les oiseaux cessaient de chanter et les feuilles des arbres se décoloraient. Heureusement les associations écologiques ont réussi à se faire entendre et le processus de destruction des ressources naturelles a été enrayé.

En 2018, toutes les forêts sont protégées et chaque activité industrielle est réglementée pour favoriser la protection de l’environnement. De plus le recyclage est devenu une activité à part entière et je participe au mouvement international d’économie du papier en publiant mes romans sur papier recyclé. Mes lecteurs sont très attentifs à ce genre de détail, et nous échangeons souvent des astuces écologiques lors des séances de signatures dans les salons littéraires.

Bientôt je vais commencer un nouveau roman…

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Commentaires
J
Ou bien... Ou bien... Smoking... No smoking...<br /> <br /> Bien sûr qu'on choisira le deux. mais alors, pourquoi ce texte en faveur du papier est il publié dans un atelier virtuel ? !!!!<br /> <br /> On fait un mix des deux ? On met la cigarette à la bouche et on ne l'allume pas ? <br /> <br /> La juxtaposition des deux scénarios est très riche !
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M
C'est fourmillant d'idées. Bravo pour l'effet miroir.
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R
il me fait un peu peur, ton auteur !<br /> si tout ce qu'il écrit se réalise !<br /> heureusement dans le monde de fabeli,,,, il n'y a que poésie !<br /> <br /> bravo, ton histoire est prenante. j'aime beaucoup le jeu de rôle que jouent les années.<br /> <br /> j'irai voir ton autre mise en forme.
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J
J'aime beaucoup la juxtaposition entre les deux textes, je la trouve bien innovatrice.
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F
Merci, merci pour la promptitude de la correction!<br /> Quelle réactivité ;))<br /> Et puis je suis contente que vous appréciez ce texte.<br /> si je veux être honnête, c'est le premier texte qui m'est venu en 1er. Puis je me suis dit:<br /> "c'est trop noir pour les défis, je vais passée pour la pessimiste de service, les autres font tout le temps des choses gaies et colorées"<br /> Alors j'ai fait le 2ème!!!
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C
Sympa cette idée de miroir. Deux avenirs possibles.
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K
Pile ou face ?
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J
C'est corrige, les filles! ;)
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V
Fabeli, je suis désolée pour la mise en page. Je ne sais pas ce qu'il s'est produit...<br /> Je te corrige ça ce soir.<br /> <br /> Moi aussi j'ai choisi :D . <br /> <br /> J'aime bien ce texte "double version". <br /> Bravo!
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P
Lecteurs, c'est vous qui détenez le pouvoir de faire pencher la balance. <br /> C'est ça ?<br /> Le vôtre semble fait, Fabeli !<br /> Où se trouve l'urne que j'y glisse mon bulletin ?
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T
optimiste et pessimiste à la fois.<br /> Très humain, finalement !
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J
Merci Fabeli!<br /> J'irai voir sur ton blog la presentation et tacherai de reproduire ici.<br /> Ce ne vient pas forcement de toi, je suspecte Cacanalblog de faire des siennes...
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F
Non janeczka, la mise en page n'était pas celle-ci!<br /> J'avais séparé les 2 textes, l'un négatif et l'autre, écrit sur le même canevas mais positif, un peu comme un effet miroir.<br /> J'ai peut-être un peu trop compliqué la tâche de l'administrateur (C'est toi, Val?)<br /> je ferai plus simple la prochaine fois :))<br /> Je vais publié l'original sur mon blog.
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P
La fin est très déroutante avec presque deux histoires en une, avec une fin triste et une fin pleine d'espoir
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J
La fin laisse a penser que l'auteur est devenu un peu fou... ou parle-t-il au journaliste? est-il meme en 2018? J'aime ce doute.<br /> La mise en page etait-elle ainsi?
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