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Le défi du samedi
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31 janvier 2015

Défi #336

Tradition

 

Vraie ou inventée

selon votre humeur ou votre fantaisie !

Nous attendons vos trouvailles

à samedidefi@gmail.com

Bonne recherche

et à tout bientôt !

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31 janvier 2015

Ont rencontré le troisième type (ouais, je sais, je suis con! Vous auriez préféré le quatrième homme ?)

31 janvier 2015

L'arbre (Fairywen)

 

L’Arbre.

 

Aujourd’hui je vais vous raconter une histoire vraie. Une histoire que j’ai vécue quand j’étais une petite fille. Pas avec mon langage de petite fille, certes, mais en retrouvant les sentiments que j’avais éprouvés à l’époque.

Je venais de traverser le petit pont de bois pour aller lire perchée dans mon arbre préféré lorsque, par un caprice qu’aujourd’hui encore je ne saurais expliquer, j’ai décidé de changer d’endroit et d’aller vers la clairière, pour y lire au pied d’un chêne où venaient souvent marauder des écureuils. Dans le secret de mon cœur, je me disais que, si je ne faisais pas de bruit, ils viendraient peut-être jouer autour de moi. J‘avançais sur le chemin au rythme de la chanson que je fredonnais dans ma tête, et ne tardais pas à arriver à destination.

Et c’est alors que je vis la chose la plus extraordinaire qui soit… Devant moi, le tronc d’un arbre était ouvert en deux. Un immense espace séparait les deux moitiés du tronc, et dans cet espace brillaient toutes sortes de couleurs de bleus. Je me suis approchée avec un frisson, en prenant garde à ne pas déchirer ma robe sur les ronces.

Le spectacle était tout simplement magnifique… Des poissons nageaient dans l’eau claire entre les deux morceaux du tronc de l’arbre, allant et venant au-dessus d’un paysage sous-marin d’une rare beauté. Parfois la nageoire de l’un d’eux crevait la surface liquide en suspension, et quelques gouttes salées m’éclaboussaient. Je n’ai jamais su combien de temps j’étais restée là, à regarder le merveilleux spectacle. Et puis, tout doucement, le tronc s’est refermé et je suis allée m’asseoir sous mon chêne.

Je n’ai pas lu, ce jour-là, mais j’ai rêvé. Et comme je ne bougeais pas du tout, les écureuils sont venus.

 

Improbable, mon histoire ? Vous en êtes sûr, jeune homme ? Regardez donc là-bas, sur mon étagère… Oui, là-bas ! Vous voyez ce coquillage ? Je l’ai ramassé ce jour-là dans la forêt, au pied de l’arbre magique. Et ne me regardez pas avec cet air indulgent, je vous prie. Je suis peut-être une vieille dame, mais j’ai encore toute ma tête, et je sais bien ce que j’ai vu ce jour-là dans la forêt.

 

Pensif, le jeune homme sortit de la chambre de la vieille dame. Bien sûr, il ne croyait pas un mot de son histoire, bien qu’elle soit très jolie. Il ne remarqua pas qu’à son tour il traversait le petit pont de bois et suivait le chemin vers la clairière. Ce ne fut que lorsqu’il arriva devant l’Arbre qu’il se demanda quel caprice du destin l’avait conduit là, au moment précis où le tronc s’ouvrait devant lui.

Ce qu’il vit ? Nul ne le sut jamais, sauf peut-être les écureuils, qui confièrent au vent qu’il était entré dans l’espace entre les deux moitiés du tronc et n’en était jamais ressorti. Le vent, à son tour, rapporta l’histoire à la vieille dame, qui sourit en silence et reprit son livre.

 

Improbable, mon histoire ? Vous êtes sûrs… ?Auriez-vous le courage de franchir le petit pont de bois et d’aller jusqu’à la clairière où se trouve l’Arbre… ?

Défi 335 du samedi 24 janvier 2015

31 janvier 2015

Mignonne, allons voir si la rose (Vegas sur sarthe)

Cette chansonnette entêtante me revenait parfois, une de ces choses qu'on écrivait jadis avec mes potes sur un coin de table et qu'on fredonnait aux filles, à la récré?
Quand on allait chez Natacha
on séchait le cours de géo
pour folâtrer avec son chat,
on découvrait la spéléo”.
Nos après-cours de géo étaient si loin et bien loin les frissons avec cette Natacha.
.
Marguerite n'est pas du matin et comme elle lit tous les soirs au lit, je reconnais que ça laisse peu d'espace pour la bagatelle.
Je ne sais pas ce qu'elle trouve de particulier à ce Ronsard mais elle en a plein la bouche, alors forcément elle n'a plus faim. De plus c'est un langage d'un autre âge: “Mignonne, allons voir si la rose... bla bla bla... A point perdu ceste vesprée!”.
Pas facile de lutter contre un poète qui cause pas comme vous et moi.
J'ai quand même cherché 'vesprée' dans un dico et ça disait: “Nom désuet signifiant la fin de la journée lorsqu'il subsiste encore un peu de lumière, entre le coucher du soleil et la tombée de la nuit”.
Personnellement, entre le coucher du soleil et la tombée de la nuit je trouve qu'il y a assez de place pour la bagatelle.
.
S'il lui vient parfois comme un caprice, c'est en catimini qu'elle consent au grand frisson et en prenant bien soin de ne pas déchirer son ouvrage (je parle du bouquin).
Elle ne s'effeuille pas Marguerite, elle se découvre. Elle ne gémit pas Marguerite, non, elle déclame!
Je me suis longtemps posé la question de l'utilité d'un marque-page jusqu'à ce que je me mette en ménage avec Marguerite, même si les risques de perdre la page sont rarissimes...
Faut dire que je suis également du matin.
Ce n'est pas une question de rythme biologique, c'est comme ça depuis ma naissance: le matin j'ai besoin de lumière, de m'étirer, de siroter ou de téter quelque chose, j'ai envie de manger mais j'ai d'abord envie d'un ventre chaud. Alors je hisse les couleurs à la gloire d'une journée qui pourrait éventuellement s'annoncer belle.
.
Ce matin - tout comme ce jour triste embarrassé derrière les persiennes - j'étais en berne... alors je me suis habillé sans bruit et je suis sorti.
Sans calcul j'ai marché vers la rivière qu'une crue soudaine avait la veille transformée en torrent impétueux. Comme j'atteignais le petit pont de pierre, je l'ai reconnue - silhouette improbable - penchée au dessus de l'eau, celle qui m'avait éduqué à la spéléo, celle que je chantais en rigolant à la récré... Natacha!
Elle s'est redressée un peu et m'a souri d'un sourire las que je ne lui connaissais pas. A quoi bon parler, le tumulte était à la fois sous nos pieds et dans cette rencontre impromptue, dans ce contact furtif de deux mains oubliées et dans son étrange regard aux prunelles délavées.
J'ai cru entendre Marguerite: ”Elle a dessus la place Las ! Las ses beautez laissé cheoir !”
On se foutait bien de Ronsard. Elle et moi, on a passé le pont...
31 janvier 2015

L’IMPROBABLE RENCONTRE (Lorraine)

Ma sœur et moi visitions le Kenya par désoeuvrement de femmes riches qui s’ennuient. Un goût un peu morbide pour les animaux sauvages et l’amour du soleil nous y avaient certes, aussi incitées.

Les espaces immenses, le langage inconnu faisaient partie de notre caprice, mais j’avoue que seule, je n’aurais pas entrepris ce voyage préférant lire à l’ombre et admirer les couleurs changeantes d’un lointain horizon.

Bref, nous y étions. Et si depuis le pont j’avais admiré les immenses plaines qui se rapprochaient, le rythme des pagayeurs balancés par les flots,  je fus néanmoins contente de trouver dans le palais qui nous accueillait le silence si doux après les bruits divers de la traversée.  Ma sœur, plus intrépide, était déjà partie dans les fastueux jardins. Je ne la revis que le lendemain matin, après une nuit sereine.

Mais, dès que je la vis, quelque chose se déchira en moi : elle me réservait une de ces surprises dont elle était coutumière. Je sentis mon cœur se serrer : elle rayonnait !...

« Je l’ai trouvé », murmura-t-elle dans un frisson » c’es lui, rien ne me fera jamais changer d’avis…

Rien, en effet, je la connaissais trop. Elle eut un geste mutin, et soulevant la portière fit entrer le plus bel homme qu’aucune rencontre improbable ne m’avait permis d’espérer. Le teint brun, les yeux vert Nil, le corps athlétique et bronzé, un tout petit pagne…Il inclina le buste en un salut gracieux, et se tourna amoureusement vers ma sœur.

Voilà pourquoi je continue à voyager, mais seule.  Ma sœur est restée au Kenya. Elle est heureuse. Elle s’est initiée à l’élevage du gnou bleu. Elle a épousé le gardien du troupeau. L’élevage est très prospère.

 

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31 janvier 2015

Sur le pont (Krystel)

Une brume hivernale épaisse, flotte sur la forêt tourangelle.

Tout l’espace semble engloutit dans une masse cotonneuse et froide.

Les premières lueurs du jour tentent une percée timide, mais les caprices de Dame Nature ne permettent pas aux rayons du soleil de

déchirer son dense manteau.

Cela n’empêche pas les hôtes de ce bois, de poursuivre paisiblement le cours de leur existence.

Au détour d’un chemin, à l’abri des regards, une laie étendue sur la mousse allaite ses petits.

Ils mettent du coeur à l’ouvrage, manifestant leur plaisir par des grognements rythmés par les gorgées de lait chaud.

La tête massive de la mère se redressa, un bruit venait de l’alerter, rapidement elle se remit sur ses pattes, sur le qui-vive!

Les marcassins devenus silencieux, se rapprochèrent de leur mère en tremblant.

Trouant le mur brumeux, un jeune fox-terrier surgit aboyant furieusement, sur sa proie énorme prête à en découdre.

Les soies hérissées, sa queue pinceau dressée, on pouvait lire dans son regard noir la colère.

Elle chargea son agresseur d’un pas lourd, le piétina, lui assenant un coup mortel.

La bataille fût brève, la robe blanche mouchetée de tâches de sang, le chien s’écroula sur le sol, un frisson parcourait son échine, le

souffle coupé, il agonisait.

Le danger n’était pas pour autant complètement écarté, la laie savait par expérience que la meute devait être sur ses traces, il fallait fuir!

Nul besoin de langage , pour faire comprendre aux marcassins la nécessité de jeter toutes leurs forces dans une course effrénée, traverser

des cours d’eau, enjamber des fossés, galoper dans des champs encore et encore.

Complètement désorientée la laie et ses petits s’approchèrent de la civilisation, d’habitations, d’un village, l’écho de leurs sabots jusque là

sourd, résonnait sur l’asphalte.

Deux faisceaux lumineux couleur blanc froid, transpercèrent le rideau opaque, éclairant faiblement le pont et ses occupants!

En l’espace d’une seconde, par les caprices de la destinée, dans un bruit monstrueux de tôles déchirées, telle une poupée de chiffon, la

conductrice fût secouée aux rythmes des soubresauts du véhicule, qui s’immobilisa dans un parapet luisant du pont.

Un long frisson traversa son corps, langage probable de l’onde de choc, dans ses yeux immenses on pouvait lire la stupeur!

31 janvier 2015

Barbe et pinceau (EnlumériA)


Psychiquement parlant, Jules Baudouin ne s’en était pas trop mal sorti, de la Grande Guerre. Mais physiquement, c’était une autre paire de manches. En fait, comme il aimait à le répéter, il était « revenu de la guerre avec une jambe qu’il avait perdue. »
Jules usait de l’autodérision avec bonheur et se montrait friand de ces absurdités stylistiques qui font le charme de notre belle langue. Grâce à son humour un peu décalé et sa finesse d’esprit, Jules avait su se préserver d’affres belliqueuses propres à déchirer l’âme des plus coriaces.
C’est à l’hôpital de campagne qu’il avait commencé à dessiner quelques croquis par-ci, par-là ; pour s’occuper l’esprit et tenter d’oublier la douleur lancinante qui le harcelait nuit et jour. Petit à petit, son crayon timide s’était enhardi. De retour dans ses foyers, il décida de tâter de la couleur. Cédant à son caprice malgré la précarité de ses finances, et au grand dam de son entourage, il utilisa les quatre sous qui lui restaient pour s’équiper de l’attirail complet du peintre du dimanche. Puis, trouvant l’atmosphère de Rouen étouffante, il exila son désœuvrement et sa jambe de bois aux portes du Vexin, chez l’oncle Eugène ; un veuf néophyte et sexagénaire, qu’un peu de réconfort sauverait momentanément d’une soudaine appétence pour le calva local.
Cet après-midi-là, Jules avait installé son chevalet sur la berge de l’Epte, tout près du petit pont de bois. Il n’y avait pas un bruit. Juste le chant des insectes dans les hautes herbes et le frisson de l’eau rafraîchissant la bouteille de blanc qu’il avait mise au frais dans un trou d’écrevisses.
Son tableau et la journée s’avançaient de conserve vers leur conclusion rougeoyante lorsque Jules vit arriver un étrange bonhomme à la démarche sénatoriale. Avec sa longue barbe de patriarche biblique, sa veste de drap sombre et son drôle de petit chapeau blanc, le promeneur semblait tout droit sorti d’un conte de Maupassant.
Lorsqu’il fut à quelques pas, l’inconnu s’arrêta pour bourrer une longue pipe de bruyère avec minutie. Lorsqu’il en eut tiré quelques bouffées, il se décida enfin à saluer Jules avec un je-ne-sais-quoi de malice sous le chapeau. Jules lui rendit son salut d’un bref signe de tête et se remit à l’ouvrage. La lumière changeait vite à cette heure et il ne laisserait pas cet importun lui gâcher son paysage.
— Vous vous débrouillez pas mal, l’ami.
— Je me débrouille, répondit Jules en songeant que le fâcheux était… « bien parti pour rester ». Assez satisfait de cette amusante répartie mentale, il décida qu’après tout, un peu d’amabilité ne lui coûterait pas plus cher qu’un coup de Muscadet.
— Un petit verre de vin blanc, l’ami, fit-il en attrapant la bouteille avec une aisance assez surprenante pour un unijambiste.
L’autre accepta l’invitation avec un hochement de tête entendu. Il but son verre cul-sec en ponctuant la dernière gorgée par un petit claquement de langue agaçant. Puis, pris d’une soudaine inspiration, il leva l’index à la manière de celui qui va dévoiler un secret sans précédent et dit :
— Regardez, là – Du bout de sa canne, il pointa la toile – Ici ! Je serais vous, j’y ajouterais une ou deux touches de jaune de cadmium et là… voyez, juste sous de cette branche, un léger glacis de vermillon. Pour le contraste. Le contraste, c’est le rythme d’un tableau. Et surtout, n’oubliez jamais que la peinture est un langage à lire avec le cœur, l’ami. Pas seulement avec les yeux.
Jules s’efforça de ne pas montrer l’agacement qui le gagnait. De quoi se mêlait-il, ce vieux fou ?
— Vous croyez ? répondit-il assez fraîchement.
— Oui, l’ami, j’en suis même certain. Attendez ! Vous permettez ?
Et sans attendre une quelconque permission, le bonhomme s’empara d’une brosse et asséna quelques touches nerveuses sur la toile de Jules.
— Vous voyez ? Regardez l’espace qui apparait maintenant, comme par magie.
De mauvaise grâce, Jules dut bien reconnaître que les conseils du bonhomme s’avéraient judicieux.
Il allait dire quelque chose, lorsque la voix de rogomme de l’oncle Eugène se fit entendre.
— Heu là ! M’sieur Claude. Vous voilà comme qui dirait à donner des leçons au n’veu.
Monsieur Claude s’esclaffa du rire jovial de celui que le doute n’habite pas.
— Ce n’est rien, l’Eugène. Juste un petit coup de main en passant. Il se débrouille très bien votre neveu. Bon, allez. Ce n’est pas que je m’ennuie, mais on m’attend. Bien le bonsoir. Et merci encore pour le verre.
Sur ce, le vénérable barbu reprit son chemin en sifflotant une rengaine de monsieur Chevalier.
Jules haussa les épaules.
— Non mais, tu l’as vu celui-là ? Comme si j’avais besoin de ses conseils. Franchement ! Pour qui il se prend, ton monsieur Claude ? Il ferait mieux d’en faire des pinceaux, de sa barbe !
L’oncle Eugène but une rasade de Muscadet à même le goulot, se torcha les lèvres d’un revers de manche et dit :
— Ben ! Y s’prend pour ce qu’il est et y pourrait t’en remontrer bien davantage, m’sieur Claude. Il habite de l’autre côté de l’eau, la grande maison, un peu plus haut. – L’oncle Eugène dévisagea un instant son neveu d’un air matois – Nom ded’zo ! Tu l’as pas reconnu ?
— Non. J’aurais dû ?
L’oncle Eugène se fendit d’un sourire large comme un cul d’âne.
— Bah dis ! T’es rien nigaud, toi. C’est Claude Monet !

Évreux, 28 janvier 2015

31 janvier 2015

Rencontre inquiétante (JAK)

Tard après une dernière partie de tarot, je rentrais chez moi en longeant  la rue de l’Eternité. L’hiver sinistre n’en finissait plus et plombait  le coté funèbre du lieu

Près du pont,  je le  vis.  Les socques usés,   il glissait sans bruit  sur les pavés, il semblait être gouverné par son  caprice de l’instant, avançant au rythme  d’  un bâton noueux  pointé d’une ferraille à trois dents, avec lequel il faisait des pirouettes qui déchiraient son ombre.

Sa tignasse couverte d’une toque aux couleurs zinzolin (violet tirant sur le pourpre)   était illuminée  par les éclairs qui venaient lacérer  l’espace d’un instant, son visage inquiétant

 

J’avais des frissons en l’entendant  prononcer  un langage inconnu, avec des mots martelés  qui décuplaient  mon effroi et mon angoisse.

Il approchait promptement de moi et je pouvais  lire dans ses yeux phosphorescents, une  convoitise, qui n’avait rien de romantique !

 Ce soir aux cartes, j’avais trop souvent sorti l’arcane XV,

 

Maintenant, me faisant face, était le diable en personne.

 

31 janvier 2015

Participation de Nhand

Ô STUPEUR !

 

 

Je le croise au détour d'un pont,
Un de ces ponts que, par caprice,
Le destin vous fait emprunter
À l'heure qu'il juge propice.

Son saisissement me répond ;
Sur sa grimace, je peux lire
Qu'un frisson vient de l'affecter,
Qu'il se demande s'il délire...

J'en suis moi-même tout hagard,
À m'en déchirer le regard !

Plus un bruit ne rythme la ville,
Hormis celui des mots manquants ;
Nous ne parlons que le langage
De nos silences éloquents.

J'avais l'espace de mon île,
Ses couleurs, son unicité...
Il n'était qu'à moi, ce visage,
Mais ce n'est plus la vérité.

Non, mon sens de la fantaisie
N'aurait pas conçu ce sosie !

 

 

LOGO NH-PF

31 janvier 2015

22, rue Huyghens (par joye)

Le frisson du bruit d’un rythme allait lire - puis déchirer - l’espace entre les couleurs du caprice de mon langage et le pont que je traversai pour aller à ma rencontre improbable avec la mystérieuse Fabienne-Claire...

-          Chapeau, me fit-elle, enfin.

31 janvier 2015

Les beaux dégâts (Pascal)

Moi, je connais une sirène, une belle-de-jour, qui n’a jamais écouté une seule de mes chansons de troubadour !... Pourtant, je me suis appliqué ! Je lui ai lancé mes meilleures trames énamourées, en bouquets de fleurs, en symphonies forcément inachevées, en mille tableaux bariolés et insensés !... J’avais, préparés dans ma manche, des cargaisons de compliments, des enfilades de galanteries, des trains d’enguirlandements pour le seul maquillage de son ego.

Jamais elle n’a voulu s’échouer un moment sur mon avenant rocher, cette insaisissable sirène !... Pourtant, j’avais commandé au soleilses meilleurs rayons réchauffants, ses guirlandes de miroitements, ses myriades de scintillements, là, tout autour sur la mer de mes embrasements !... Dans son espace, tout était en place !... Jamais la magie de l’Amour n’a opéré,  jamais elle n’a succombé à mes pièges, à mes arpèges, à mon siège. Je me suis ajusté à son diapason !... J’ai renié mes amis, mes enfants, ma santé, mes parents, mes vérités, mes fondements !... J’étais hypocrite, menteur, fabulateur !... J’étais un zombi au service de ses maigres sourires moqueurs !...

Pour mes desseins d’écolier amoureux, je voulais être un arlequin, une marionnette en couleur, un pantin ; je voulais satisfaire le moindre de ses besoins !... Je pouvais lui décrocher toutes les lunes passantes, j’aurais semé des étoiles nouvelles pour égayer ses nuits de dentelle, j’aurais créé d’autres figures astrales, beaucoup plus partiales, pour aiguiser nos ailes !...

Jamais elle ne m’a regardé, cette sorcière. Pourtant, sans être beau, je nesuispas laid. Tel un Don Quichotte, je pouvaistout aussi bien être le fou de cette reine, son poétereau attitré, le chevalier de ses joutes, le gardien de son mouchoir, le déboucheur de ses chiottes !... Je voulais être le blé de sa prairie, le vent de son moulin, la farine de son futur, le pain de sa faim !... Jamais elle ne m’a écouté. J’ai cru qu’elle était sourde !... Jamais elle ne m’a parlé ; elle a perdu sa langue… Jamais elle ne m’a lu, elle ne sait pas lire. Sans doute, je ne voulais pas l’ouïr… J’ai présumé qu’elle était définitivement sourde, muette, aveugle !... J’avais de la peine de la savoir si handicapée...

Quand je crois l’avoir oubliée, quand elle s’est diluée dans le Temps guérisseur, elle me saute à la figure avec des souvenirs extraordinaires qui n’ont jamais eu lieu !... Cette réalité chimérique m’occupe plus que de raison. C’est inéluctable : je deviens fou. Je sais tout d’elle, même le pire, et cela m’est égal !... Je la prends comme elle est !... J’apprendrai son langage, j’embellirai ses qualités, ses défauts seront mes flambeaux, je ne cueillerai que ses meilleurs fruits, j’avalerais ses noyaux !...

Le matin, c’était la bête accolade, ces bises de mascarade pour des retrouvailles de camarades !... Jamais je n’ai pu la charmer. Elle est hermétique aux sensations. C’est une pierre sans ricochet dans la rivière de sa vie. Son électro-cardiogramme est affreusement plat !... D’elle, je ne subodore pas la plus petite réactionau moindre coucher de soleil, à l’arc-en-ciel, à la perle de rosée, à la chrysalide des bourgeons printaniers !... Quand elle a des frissons : c’est qu’elle a froid !... Quand elle pleure : c’est qu’elle est contrariée d’un caprice !... Quand elle rit : c’est qu’elle se moque !... Quand la mer se déchire, elle n’entend que le bruit. Cette sirène amorphe ignore tout du rythme effréné des plaintes de mes vagues à l’âme !... Du soleil, elle n’espère que le bronzage ; de l’encre, elle ne voit que des tatouages ; de l’argent, elle ne voit que les avantages !...

Tout mon or ne pourrait la combler. Si elle aimel’apparat, les fastes, les habits de luxe, les parfums onéreux, elle ne sait rien de la vraie Lumière. Elle est vraiment aveugle. Elle est insensible ! Pire : je ne lui plais pas !... Je n’ai pas la clé de son cœur et cela me désole d’une grandeur de camisole. Pendant des siècles, je pourrai me taper la tête contre ses barricades : jamais elle n’entrouvrira une fenêtre de sa palissade.

Un jour, je voudrais être un serrurier pour forcer son cadenas ; un autre, je voudrais être le dompteur des planètes pour subjuguer son signe du zodiaque ; le suivant, un preux chevalier montant à son créneau et le suivant : le patineur forcené de ses bottines dorées !... Je voudrais trouver le magasin de poudre aux yeux !... Je lui en jetterais plein la figure !... Je voudrais être un soleil pour l’éblouir, une pluie pour la faire grandir, un champ de fleurs pour l’enivrer, une musique pour la bercer, une caresse pour la faire vibrer !... Je voudrais être un grand sommelier pour faire pétiller la Lumière dans ses regards ! Je crierais : champagne ! à chaque repas en sa compagnie !... J’aurais des audaces de courtisan et des prières de manant ; j’aurais des prévenances d’amant et des requêtes d’assiégeant !...  

Mais imprenable, elle est invertébrée !... C’est un serpent qui siffle ses silences sur un pommier sans pommes !... J’ai faim d’elle !... Je veux ses pépins, ceux semés en force dans mes pensées insatiables, je veux son goût pour seule source véritable, sa chair comme seule nourriture désirable, ses bras emprisonnants comme des branches toujours en fleurs impérissables !... Cette diablesse, elle est l’oiseau rare, l’immaculée conception de mes hardiesses…  

J’ai usé toutes mes forces, je suis fané. Aujourd’hui, je suis exsangue, je suis déjà mort ; je suis comme une statue de square qui ne voit jamais le soleil et mon ombre s’ennuie dans cet immobilisme de carte vermeil. Les bras ballants, l’âme en perdition, l’avenir en désespoir, j’erre dans cette vie morose. Au fond de mon cachot, je cris encore que je l’aime. Aujourd’hui, à l’exécution capitale, je dis feu ; à sa féroce foudre, je dis : tout m’est égal. A la guillotine, j’aiguise la lame ; à la branche du seringat, j’espère le bon nœud. Du pont des Désespérés, je languis la noyade ; de la balle, j’estime… les beaux dégâts…

 

Moi, je connais une belle sirène…

 

31 janvier 2015

Participation de Venise

 

Il fallait bien que je m'y attende

le taux d’échec des kangourous  au saut de clôture est extrêmement élevé et les espaces australiens fourmillent de clôtures meurtrières.

Ce kangourou là était particulièrement incompétent car dans sa chute en avant il s'était emmêle ses pattes arrière dans les fils de fer .

Sous son poids les fils remontèrent encore plus haut et l'animal se retrouvait  pied et poing liés .

 

Quand je le vis je roulais à folle allure en direction de Sydney Un frisson me parcouru le dos .

En m'approchant je sentis que son rythme cardiaque  s'accélérait. Il avait l'air franchement ridicule avec ses jambes en l'air et la tête pleine de bruit.

Je m'approchai de lui pour réfléchir au problème . Il n’avait qu’une façon de le soulager sans que les fils déchirent  sa peau .J'exerçais une pression sur les fils de fer pour soulever le kangourou.  Mais il pesait une tonne . Il me fixait d'un regard totalement inexpressif comme pour me dire “désolé-je ne parle pas ta langue” . Faut dire qu'ils ressemblent aux moutons car ils ont comme eux une gamme très restreinte d' expressions significatives .

Gardez à l'esprit que je n'avais jamais vu la couleur d'un kangourou dans mon pays natal  .je décidais de trancher  le câble avec mon coupe à boulon ramassé sur le pont de bois

Allez mon vieux  c'est pas le moment de faire des caprices lui dis-je énergiquement . A ma grande surprise il passa ses deux bras autour de mon coup . Puis il sauta sur le pont et j'ai pu lire furtivement dans ses yeux noisettes son étonnement .

 

 

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31 janvier 2015

Une rencontre improbable par bongopinot

bo01


Comme un caprice une lubie
Je prends des cours de guitare
Et je traverse la forêt endormie
Pour me rendre à ma leçon rue de la gare
 
Et l’espace d’un instant
Je crus soudain la voir
Et ce fut déroutant
J’étais sur un pont, il faisait noir
 
J’entendis d’abord un bruit
Comme un rythme régulier
Et des frissons je ressentis
C'était la peur qui fait plier

 Puis je vis des étoiles de lumière
Devant mes yeux apeurés
Elles ont fait déchirer sur l’heure
Toutes les images du passé
 
D’un coup je hurle mais plus de son
Arrive à moi une intempérie de langage  
Et sans réfléchir je me mis à lire ma partition
Pour contrôler ma terreur et trouver du courage

En une fraction de seconde mon calme est revenu
Elle était là devant moi de couleurs sel et poivre
je l'ai admirée et tout de suite reconnue
C'était elle... la licorne comme dans mes livres    

31 janvier 2015

Improbable rencontre (Emma)

Je le reconnais, c'est un caprice, une folie, (tout mon livret A y est passé), mais aussitôt que je l'ai vue enfin en vente sur le site Ming-geek, j'ai illico, pour pouvoir l'acquérir, renoncé sans barguigner à l'imprimante 3 D que je convoitais depuis 2 ans.
Enfin ! Enfin la machine à écrire ! à écrire toute seule veux-je dire ! Une aubaine pour qui commence à avoir du mal à se renouveler sur les sites d'écriture !
Un principe tout simple ! Basé sur 2 constats :

1 plus personne n'a le temps de lire, vive le simple et le concis.
2 le langage courant n'utilise qu'environ 600 mots, fastoche à enrouler dans un algorithme, à ce qu'il paraît. Lequel se déroule pour générer des textes.

Je l'ai reçu hier, mon robot écrivain*, et j'ai déchiré les cartons avec fébrilité.

La machine elle-même est un peu voyante, avec une notice en 122 langues volumineuse bien qu’écrite en police 5 sur papier bible.

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Design un peu vintage, je trouve, avec sur le ventre une petite gueule plate d'imprimante A5, et au dos un écran tactile offrant des options genre machine à café (long, court…) et synthé (rythme, ambiances, violons, romance, gore…).
D'autres plus techniques : nombre (de mots, signes, espaces), et genre (météo -météo ?-, sonnet, nouvelle, pub… Et 48 sortes de haïkus).

Il y a aussi, et c'est ce qui m'a séduite, une fonction joker dans laquelle on peut taper les mots qu'on veut, carrément.
J'ai choisi mon titre : "Improbable rencontre", et dans la catégorie "romance courte ", (moins de 150 mots), j'ai choisi au pif les options

Couleur : gris ardoise
Bruit : cornemuse
Décor : pont
Ambiance : frisson

Go !
10 secondes plus tard, voilà ce que la machine m'a recraché par sa petite gueule ventrale :


Terre brûlée au vent des landes de pierre, devant le loch couleur de schiste tendre et feuilleté, gris ou noir, utilisé pour les toits, gisait (gisait.?) un château délabré où, tandis qu'en contre-bas, sur le pont-levis, la cornemuse d'un jardinier mélancolique déchirait le soir et nos tympans sur un rythme obsédant, je me pelotonnais sous un rêche tartan - faute de chauffage moderne - contre Lord Angus Mc Donald, 12e du nom, propriétaire du lieu et guide bilingue en haute saison, tarifs sur demande.
Un frisson me parcourut, que je reliai tout d'abord à des tentatives de digestion de la panse de brebis farcie à peine décongelée que nous avions eue au dîner, mais Angus me rassura :
"Ce n'est que le fantôme de mon oncle Archibald qui effectue sa ronde".

Je restai perplexe.

Ce n'est pas avec ça, pensai-je amèrement, que je vais gagner le remboursement de mes frais d'inscription au concours de nouvelles de l'écho du Bas Poitou.

Dire qu'avec l'imprimante 3D j'aurais pu reproduire à l'infini mon porte-clés Schrek !!!!

De toute évidence la machine algorithmique communiquait sournoisement avec YouTube et Google, ce que j'aurais pu faire toute seule sans écluser mon livret A…
C'est décidé, demain je mets la machine-à-écrire-toute-seule sur le bon coin.
Mais avant je vais lui proposer des jokers bien pourris "samovar, gourgandine, limule, et…ectropion".


Non mais !
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 *http://www.leblogducommunicant2-0.com/2014/07/26/journalisme-algorithme-laurent-delahousse-est-il-condamne-a-etre-remplace-par-un-robot/

31 janvier 2015

Rencontre improbable ( petitmoulin )

pi01p02p03

24 janvier 2015

Défi #335

Pour ce nouveau défi

 dix mots vous sont proposés :

Espace - Bruit - Frisson - Rythme

- Couleurs- Langage- Caprice - Lire -

Déchirer - Pont

à utiliser dans l'ordre que vous désirez

pour nous raconter une

rencontre improbable!

 

MOTS

A vos plumes !!!

Nous attendons vos trouvailles à

samedidefi@gmail.com 

A tout bientôt !

 

 

24 janvier 2015

Ont tout oublié

24 janvier 2015

ne pas oublier (Fairywen)

Défi 334 du samedi 17 janvier 2015

24 janvier 2015

Participation de Lorraine

 

OUBLIS

 

(Aphorismes)

 

        

-      Comme un tintement de cristal, un oiseau chante. Il a oublié que c’est l’hiver.

-       

-      Dans son fauteuil, la vieille dame seule sourit. Elle revoit un visage d’amour. Elle oublie son âge.

-       

-      On n’oublie rien. Il suffit de fermer les yeux.

-       

-      Quelquefois, les menus oublis de la mémoire gomment un regret ou un léger remords.

-       

-      Ne nous retournons pas sur les oublis du cœur. Ils permettent de vivre.

-       

-      Il est des visages qu’on oublie. D’autres, jamais.

 

24 janvier 2015

Mille millions de mille milliards de neurones (Vegas sur sarthe)

J'ai la mémoire courte et même si les plus courtes sont les meilleures je me souviens avoir oublié en quelle version je suis... 1.2 ou peut-être 2.1
On dit que c'est stocké quelque part dans l'hippocampe.
Comment?
Ça prête à sourire? Oui je sais, ça fait ça la première fois mais les plus grands professeurs sont formels: on a tous un hippocampe dans le bocal.
Moi j'en ai un gros parait-il et ça m'arrange vu que les schizophrènes en ont un petit et que je n'ai pas l'intention d'être schizophrène en plus d'avoir la mémoire courte.
C'est marrant mais l'hippocampe - ce cheval de mer qui ressemble beaucoup à ce qu'on a dans le bocal - a lui aussi la mémoire courte car c'est le mâle qui porte les oeufs alors qu'on sait parfaitement que c'est le job de la femelle, bref.
Qu'est-ce que je disais déjà?
Sans doute un truc que j'avais sur le bout de la langue.
C'est fou ce que je peux avoir comme choses sur le bout de la langue, mais quand ça ne sort pas, ça ne sort pas...
Les mots de passe, par exemple.
Qui m'expliquera pourquoi je me souviens du passage de la petite souris pour la chute de ma première dent de lait au siècle dernier alors que j'oublie les mots de passe que j'ai choisis hier?
J'en avais un chouette - Alzheimer - mais je l'oubliais trop souvent ou bien je ne savais plus où placer le 'h' alors j'ai choisi Azerty... ou Qwerty, je ne sais plus mais je me souviens que ça finit par 'erty'.
Heureusement il y a peu de mots qui finissent en 'erty'... enfin je crois.
Parait qu'on a fait une découverte d'importance - la PP1 - une protéine responsable de ça: une véritable gomme à effacer ce qui n'est pas important!
On dit aussi que si on n'avait pas cette gomme, on aurait le bocal qui exploserait de trucs pas importants qu'on accumule dans le bocal.
Des chercheurs français auraient trouvé ça en bricolant des souris et ça m'arrange... j'aime pas les mulots à cause des tendinites au poignet.
Pour tout le reste, j'ai trouvé une application pour ça: je m'invente des souvenirs.
Fini le bourrage de crâne et puis j'en avais marre d'être obligé de réparer mes oublis.
Y a pas plus chiant que devoir réparer un oubli.
Vous en avez déjà réparé vous, des oublis? Vider l'eau du bocal, restaurer la version précédente, nourrir l'hippocampe avec les bons algoritmes... algorytmes... algorithmes... enfin, bref.
Alors que s'inventer des souvenirs, c'est génial. Vous devriez essayer.
Mon psy qui ne jure que par Nietzsche - un nom à vous dégoûter des mots de passe - dit que ça n'est pas grave tant que personne s'en aperçoit.
J'aime bien écrire des trucs qui commencent par 'je me souviens'... ça me rassure.
Je me souviens du goût de l'encre violette...
Ah non! Ça c'était mon défi du 3 janvier 2015, je m'en souviens.
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Le défi du samedi
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