Défi #166
C'est par la fenêtre que l'on sort ...
(extrait d'un poème de Paul Eluard)
Nous attendons vos "sorties"
A tout bientôt !
C'est par la fenêtre que l'on sort ...
(extrait d'un poème de Paul Eluard)
Nous attendons vos "sorties"
A tout bientôt !
Ont déjà émis leurs bons voeux :
Lorraine ; Venise ; Zigmund ; MAP ; Joye ; Célestine ;
Droufn ; Berthoise ; Trainmusical ; Joe Krapov ;
D'après l'air de « Perfidia » par Xavier Cugat (1941)
Septante
Un mot qui se prononce très bien
On peut le dire mine de rien
Un mot qui a bien du chien
Septante
Un chiffre qui est réservé
Aux belgophones, mais pas aux Français
Qui font semblant d’ ignorer…
Que « septante » est le produit
De sept fois dix
Ou de cinq fois quatorze,
Et non pas de soixante fois dix !
Septante
Un mot qui est bien plus facile
Que « soixante-dix » imbécile
Qui me paraît très débile
Septante
Dites-le,
C’est cool,
Ça roule…
Septante
C’est maintenant l’âge de notre Walrus
Alors, rangez vos abacus
On va tous changer de cursus
Pour lui faire plaisir
C’est la moindre chose qu’on puisse faire
Pour ce noble sire
Que nous adorons sans pouvoir nous taire
Septante
Un mot qui se prononce très bien
On peut le dire mine de rien
Comme Walrus, il a du chien
Ce matin, je me suis réveillé en me disant : « Bon sang, c'est l'anniversaire de Denise ! » Denise, c'est ma femme. Je me suis dit que j'allais rendre cette journée parfaite.
En me levant, dans l'obscurité, je me suis pris les pieds dans le tapis et j'ai terminé ma course contre la porte. J'ai allumé le couloir. Mon arcade sourcilière pissait le sang : un petit jet bien rouge sur la moquette bleue. Je me suis dit : « C'est beau, on dirait du Miro ! »
Je suis descendu à la cuisine lui préparer un bon petit déjeuner. Je me suis brûlé la main avec le grille-pain en essayant de rattraper un toast récalcitrant. Mais j'étais content de lui faire la première surprise de la journée.
Mon plateau à la main, j'ai eu l'air idiot de trouver dans le lit le traversin installé sous la couverture, version mauvaise blague de potache qui fait le mur. « Chéri, je suis partie faire du shopping, poisson d'avril ! » Ça m'a fait rire, vu qu'on était en juin. J'ai trouvé ma femme merveilleuse.
J'ai commandé un repas somptueux chez un traiteur, mais les invités ont commencé à arriver, et je ne voyais toujours rien venir. Alors je me suis rappelé que la livraison étant hors de prix, j'avais choisi la version éco « à aller chercher sur place ». Malheureusement, j'ai oublié de noter les coordonnées du traiteur, que j'avais pioché au hasard dans l'annuaire. J'ai regardé l'annuaire. Il y avais deux cents traiteurs. J'ai commandé des pizzas.
Marie et Lucas, les ados, se sont disputés pour choisir les pizzas, pour changer un peu, et quand Denise est arrivée, ils étaient en train de se battre à coups de cacahuètes dans l’œil. Belle-maman a gueulé que ces gosses étaient vraiment très mal élevés ! Le chien a renversé la table basse en verre en voulant faire des fêtes à Denise, et Beau-Papa est parti s'installer sur le balcon parce qu'il fumait et que Belle-Maman déteste ça. J'ai allumé des bougies pour faire une ambiance zen, mais la nappe en papier s'est enflammée. Denise a voulu balancer le contenu du pot à eau sur la table. Ma belle-mère a tout pris dans la tronche et ça a ruiné son rimmel. Denise était désolée. Belle-maman est partie en gueulant dans la salle de bains, et au passage, elle a écrasé la queue du chat qui a poussé un miaulement de douleur terrible, et du coup, le chien a eu peur et il a essayé d'attraper sa queue comme il fait toujours quand il est stressé. Sa queue a renversé le bocal du poisson rouge qui a rejoint les débris de la table basse. Le chat a bondi sans se couper les pattes sur les morceaux de verre et il a bouffé le poisson.
Lucas a dit « j'ai la dalle, quand est-ce qu'on mange ? »
Marie a dit « t'es qu'une tripe »
Lucas a dit « Pétasse »
Marie a dit « Ta gueule ».
« Taisez-vous ! » j'ai crié.
Denise s'est mise à pleurer, quand on a sonné à la porte. C'était le livreur de pizzas. Pendant que je cherchais en vain de la monnaie dans toute la maison, les ados avaient repris leur rixe, et la basket de Lucas a raté sa cible pour aller se ficher dans la bobine du livreur qui, de surprise, a lâché les pizzas. « Gardez tout ! Il a dit en prenant la fuite comme s'il avait vu des ovnis. Mon beau-frère et ma belle sœur, Gérard et Jeannette, sont arrivés sur ces entrefaites. « On est en retard !... les embouteillages ! » a dit Jeannette en s'étalant de tout son long dans la sauce tomate des pizzas que le chien et le chat avaient commencé à déguster.
Pendant que Jeannette réparait les dégâts collatéraux dans la salle de bains, j'ai dit à Marie de préparer un plat de pâtes. Lucas a rigolé, je lui ai flanqué la serpillère dans les mains. Marie a rigolé. Denise pleurait toujours.
Mes beaux-parents sont partis prétextant qu'ils avaient soi-disant oublié leurs gouttes.
Marie a dit « Papa, il n'y a plus de pâtes, et plus rien dans le frigo ». Du coup, Gérard et Jeannette ont proposé d'emmener les ados au fast-food.
"C'est pas de refus" j'ai dit.
Denise a essuyé ses yeux. J'ai essuyé partout, le chat et le chien repus (les veinards) se sont endormis dans leur panier. Avec Denise, on s'est assis sur le canapé. On s'est ouvert une boîte de tripes.
Elle a souri. « Tu as de la sauce tomate sur l'arcade » elle a dit.
« C'est pas de la sauce tomate » j'ai dit.
Je lui ai offert sa bague. Elle lui allait comme un gant.
« Bon anniversaire, mon amour » j'ai dit.
Elle a souri.
La journée n'avait pas été parfaite.
Je me suis dit que ma femme, elle, était parfaite.
(enfin moi je dis ça, c'est pour aider.. hein? sinon ça risque de se casser la gueule...)
Guillaume Apollinaire a dit : "Nous portons deux ou trois chants, que notre vie se passe à exprimer".
En voici un, de circonstance, je pense, mais...
j'ai comme l'impression de m'être trompé quelque part :
- de date ?
- d'âge ?
- d'atelier de couture ?
- d'autre chose ?
;-))))) (private joke for my American sister !)
Merci en tout cas à MAP et Joye d'avoir bien voulu enjoliver avec leurs superbes voix la petite vidéo ci-dessous et à KatyL d'avoir participé sans qu'on le lui demande à l'illustration de la fête virtuelle !
Et, bien sûr,
Bon anniversaire, Onc' Walrus !
Que peut on offrir à un ami inconnu, belge de surcroit, qui souffle ses septante bougies ?
Handicapé des fêtes et des anniversaires, je m'interroge depuis que j'ai eu vent de cette consigne.
Déjà Vegas le fourbe sarthois m'a chipé le chat de Gelluck que j'avais l'intention d'utiliser .
Et puis Joye , probablement renseignée par les services secrets iowahiens nous a fait une belle rétrospective sur l'ami en question.
J'ai vécu entouré de gens pour qui l'anniversaire avait quelque chose de tabou, il fallait passer vite fait sur ce rappel désagréable du viellissement de tout être... je manque donc d'anecdotes sur les anniversaires autour de moi et comment voulez vous que je sois capable de souhaiter un bon anniversaire à un ami inconnu ?
En fait ,Walrus n'est pas un inconnu, et je ne sais pas si on peut dire ami. Il est l'un des piliers des défiants du samedi, c'est lui qui règle ou répare nos bugs . Au fil des ans, en le lisant, on se fait une idée de sa vie et de ses centres d'intérêt.
Et Walrus est il un ami ? sur internet, même hors réseaux sociaux, tout le monde devient ami avec beaucoup de monde, il suffit de se sentir "en phase" avec un ou deux écrits et l'auteur prend une place dans votre imaginaire.
Ca va plus vite qu'avec votre auteur préféré, dont vous dévorez les livres, tout simplement parce que vous savez que le "blogami" vous ressemble un peu, qu'il écrit sans prétention de célébrité, qu'en dehors de son blog ou de ses commentaires il vit une vraie vie matérielle dont vous assemblez les morceaux comme un puzzle mais il vous manquera forcément des pièces maîtresses réservées à ses proches.
J'ai tenté de construire une fausse biographie de notre admin, mais je me suis heurté à mon manque criant d'imagination ou à ma crainte de blesser involontairement.
Puis je me suis promené sur Wiki histoire de voir les significations de septante, puis la signification mathématique du nombre 70. J'ai appris plein de choses passionnantes ... voilà que l'anniversé s'offre le luxe de me faire un cadeau !
Puis je me suis intéressé à l'année 1941 en Belgique et dans le monde...
Je manque de temps pour réunir 70 défiants sur une photo pour lui souhaiter cet anniversaire...
Alors me voilà pas très avancé avec quelques pièces du puzzle Walrus dans une main et 70 bougies dans l'autre, à poser sur un gâteau virtuel.
D'ailleurs Walrus est il gourmand ? aime t'il le champagne ? mystère ...et au moment où ce texte paraîtra, les bougies auront été soufflées.
Alors même si ce puzzle d'environ 70 pixels semble complet*, il manque des pièces, et c'est bien ainsi.--
Et donc ami, blog ami, walrus, bon anniversaire ...
*je regrette de n'avoir pas trouvé le logiciel qui permet de mélanger les pièces , et d'en enlever quelques unes
Voici un petit cadeau un peu hors sujet qui évoque le temps qui passe
Cher ami,
Enfin, vous voici à l’âge de raison! 70 ans, quel bel âge! Derrière vous, toutes ces années gambadent comme des chevreaux. Vous leur avez laissé la bride sur le cou, et si vous étiez un adolescent un peu raide, vous devîntes un jeune homme alerte, le verbe fleuri, le sourire irrésistible. Ah! Chenapan, vous saviez manier la parole, lancer le mot qui fuse, dire en une courte phrase ce que d’autres peinaient à expliquer en trois pages! Votre talent devint légendaire. Et l’est encore!
Car 70 ans est l’âge de la séduction. Ne riez pas. Certes, à 20 ans un seul regard suffisait; à 30 ans, vous y ajoutiez le demi-sourire qui en dit long; ensuite vous fûtes un heureux époux, père et enfin grand’père. Et vous voici aujourd’hui, un peu encombré par cet anniversaire qui ouvre une nouvelle porte: comment passerez-vous les années qui viennent?
Eh bien, pas tout à fait comme avant. L’âge de raison vous conseille de vérifier votre état général. La sagessse vous conseille par ma voix ce “Petit agenda de santé”. Je vous l”offre. Lisez-le attentivement et sutout suivez-le.
- deux verres de vin par jour, pas plus, jamais plus, vous auriez le sang à la tête, de la couperose, et je vous vois mal maquiller vos veinules sous un léger fond de teint;
- Au lit à 10 heures: tatata, tant pis pour “Le Mentalist”, vous inventerez la suite, ce qui vous endormira aussitôt;
- La sieste: indispensable pour rafraîchir les idées, recommencer une journée alerte, avoir à nouveau vingt ans (enfin, presque..)
- De l’exercice. ,Faire les courses avec Madame ne suffit pas. Faites du jogging, coudes au corps, tête droite, respirez à fond, n’essayez pas de dépasser votre petit-fils, restez en arrière, trottinnez même sur place, mais bougez. Oui, vous pourrez boire un verre d’eau en rentrant. Non, vous ne pourrez pas boire un verre de bière. Ni de vin. Vous prendez une bonne douche, et ferez un peu de jardinage. Suffit pour aujourd’hui.
- Essayez vos costumes d’hiver; c’est le moment, on vérifie sa garde-robe. Eh oui, le veston, là, tire un peu sur l’estomac. Non, il ne suffira pas de changer le bouton. Un peu de régime vous aidera à conserver cette silhouette de rêve qu’on admirait autrefois. Euh!..encore maintenant, rassurez-vous, mais à condition de surveiller la table: pas d’apéritif, pas de beurre, pas de crème fraîche, pas de sauce, pas de dessert, pas de gibier pendant la saison, beaucoup de légumes, beaucoup de fruits,non, non, pas de chocolat. Vous voulez que j’arrête? C’est quoi, ce verre de porto dont vous vous servez une large rasade? Pour faire passer mon verdict? Le porto, interdit! Je répète: INTERDIT.
- Et puis, un bon conseil ecore. Jadis, vous pouviez festoyer sans consulter votre montre. On dansait, on chantait, on faisait des farandoles, il vous est arrivé de monter sur la table pour haranguer vos amis, c’était gai, c’était l’époque...Tout ça, c’est fini. A 7O ans, on prend des bonnes résolutions et on s’y tient. Donc, retenez mon dernier conseil: plus de réunions festives, de bals musette, de cotillons. Un petit whist amical l’après-midi, un repas léger à 19 heures. Un peu de TV...
Bon, je vois que vous avez compris. Que vous approuvez. Du moins je suppose que vous approuvez. Vous avez une drôle de tête.
Enfin, cher Walrus, souriez! Vous avez 70 ans, l’âge heureux.
Allez, je vous embrasse: Bon anniversaire!
LORRAINE
Un vent glacial,
Souffle dans la salle
Des pas perdus.
Edouardo vient d’être condamné,
À deux mois d’emprisonnement
Pour avoir vu un ange ;
Il traîne ses chaines
Et refuse toujours qu’un juge lui dicte le réel.
Il sourit à Alice qu’il peut encore
Tenir dans ses bras.
Elle s’est évanouie d’émotion, et sa carte de crédit imaginaire
S’est recouverte d’une fine pellicule de larmes.
Ils se sont rencontrés tous deux
Via Internet
À l’occasion d’un non anniversaire.
Alice et Edouardo aux visages d’adolescent ont découvert ce matin
Le monde et l’amour dans un grain de sable
Posé sur les frêles épaules d’un ange.
« Âge dur, siècle sec
Temps de pierres » a murmuré l’avocat.
Ils s’étaient retrouvés à cette soirée festive,
Quand un éclat de rire les a attirés sur la terrasse.
Un ange venait de s’inviter.
Un ange rieur taquin qui se jouait des nuages.
Tourbillon, tourbillonus, queue de cerise
Vasques, vascus, agneau de lait
Les mots colimaçonnaient et se figeaient dans le ciel.
Les deux enfants rirent d’étonnement.
Cette symphonie, partition d’un alphabet universel.
Alice se précipita sur son clavier pour répondre à l’ange messager.
Edouardo était maintenant enfermé dans une cellule de quatre mètres carré.
Cette atmosphère d’orphelinat le projetait
Loin derrière lui, vers de tristes contrées.
Ses poumons se transformaient au fur et à mesure en cristaux de glace.
On pouvait voir un peu d’eau couler sur le bord de ses cils.
Alice buvait ses larmes salées.
Edouardo dort maintenant sur le dos invisible de l’ange.
Il y a bien quelque chose qui ne va pas dans ce monde.
Entre ce que l’on voit et ce que l’on ne peut pas voir, chavirent toutes les murailles.
L’ange court devant insaisissable.
On n’efface pas de nos mémoires ce qu’on ne veut pas voir.
TV 5 canal plus
Onde hertzienne
Rayon laser radiographie
Échographie
Pouls et battements d’ailes
Vielles copies de nos ombres
Maladroites traductions pour dire nos espaces intermédiaires, nos hologrammes.
Cette vacuité là ne se voit pas !!!!
Mon "petit doigt" vient de me parler !!!
Visiblement il a une idée derrière la tête
car il nous propose aujourd'hui 22 Octobre 2011 :
70
Préparez vos bougies ...
Si vous voyez ce que je veux dire !
Envoyez vos bons voeux à
et à cette occasion faites nous part de vos souvenirs d'anniversaire ...
Soufflez-nous !!!
Venise ; Joye ; MAP ; Vegas sur sarthe ; EVP ; PHIL ;
KatyL ; Berthoise ; Célestine ; Zigmund ; Titisoorts ; Mamido ;
Sebarjo ; trainmusical ; Joe Krapov ;
Elle m’a dit : Rendez-vous devant l’horloge à Midi.
11h32, suis en avance, assez de temps pour un demi.
D’ici je vois toute l’horloge, il n’y a pas de souci,
Elle est belle. Je regarde encore sa photo et je souris.
12h47, elle est en retard, allez garçon, la même !
Doit se faire belle encore, pourvu qu’elle m’aime.
Nous sommes faits l’un pour l’autre quand même.
C’est Meetic qu’il l’a dit, alors, tout de même !
14h02, J’ai faim, un sandwich et deux bières
2h de retard, elle abuse, ferait-elle sa fière ?
Allez une grosse glace avec deux cuillères.
Un café, un cognac et la note tavernière !
16h38, ah ! La morue, la catin, elle est pas si jolie.
L’avait dit le 22 Octobre, à midi, l’abrutie !
Les femmes sont menteuses, encore un Whiskies !
J’vais pleurer ou vomir, je suis complètement cuit !
19h52. Monsieur, faudrait rentrer chez vous.
Ouaip, attendre tout un samedi, c’est beaucoup !
Mais on est vendredi, monsieur, une erreur, c’est tout !
Zut flûte et parachute ! J’vais vous dire : J’m’en fous !!
Pour peu qu’on y regarde, je suis sûr que chaque jour que tu vis, je dis bien chaque jour, et quelle qu’en soit la noirceur, t’apportera ta part de sourire.
Je ne te crois pas.
Vraiment ?
Regarde : aujourd’hui, par exemple, j’ai souri. Chaque jour t’apporte au moins une anecdote qui éclaircira ton ciel un instant. Parfois même, ce jour là t’apportera une joie immense qui te fera suffoquer.
Le dialogue avait fusé ainsi, et poursuivait son existence de dialogue tandis qu’elle finissait son bol de soupe, et que lui ôtait son manteau.
L’anecdote était à portée de main, elle le savait. Il n’aurait pas dû être là, à cet instant, en train d’ôter son manteau et à faire entrer du froid dans la cuisine tandis qu’elle lapait sa soupe.
C’est déjà fini ? Avait-elle crié depuis la cuisine. Bien à la légère, il lui semblait. Il avait haussé les épaules et refermé la porte qui laissait entrer le froid.
La vérité, c’est que ça faisait pile une heure qu’il était parti. A peu près dix minutes plus tôt, alors qu’il avalait sa deuxième tasse de café, il s’était aperçu qu’il n’avait rien écrit de la journée. Sa discipline en prenait un vieux coup, on aurait dit. Alors il avait griffonné (taponné, ça se dit ça ? ou clavioté ? tapoté ?), bref, il avait écrit vite fait quelques lignes à propos de la discipline, justement, qu’il avait posté tout aussi vite fait sur la prochaine page de son carnet intersidéral. Alors seulement, soulagé, il s’était fait la réflexion qu’il était prêt à partir. Remarque, même s’il n’avait rien écrit, il serait parti. Mais là, en plus, il avait la satisfaction du devoir accompli.
Il a laissé l’ordinateur allumé, pour elle. Il a mis un bout de bois dans la cheminée. Il a fermé la lumière et la porte. Il s’est installé au volant de la Golf et il est parti. Il était moins le quart. De vingt heures. Il s’était dit, il faut une demi-heure, plus le temps de me garer, plus le temps d’aller au théâtre, plus… ne pas arriver trop tard, ne pas avoir à faire la queue pour entrer, horreur de faire la queue, pour quoi que ce soit, pouvoir choisir sa place, même, pourquoi pas, soyons fou, une place bien située dans le milieu de l’auditorium, pas trop devant, dans le milieu d’un rang, ou alors un peu sur la gauche, c’est son oreille droite la plus défaillante, il se dit que c’est ce genre de défaillance qui lui rappelle qu’il n’a plus vingt ans, il trouve ça étonnant, mais trouver de la joie dans chaque jour, ça fait aussi qu’il ne se sent pas vieillir
cette idée lui est venue samedi dernier, ils ont été voir un film qui les a transportés d’émotion, transfigurés pour ainsi dire, il a déjà écrit cela, ça partira un jour prochain dans le carnet intersidéral, sur la porte du cinoche, il y avait une affiche comme quoi ce qu’on entendait en attendant le début du film, la musique, c’était celle d’un orchestre qui donnait un concert le mardi, il a fait la réflexion que s’ils mettaient cette affiche c’est qu’il restait des places pour le concert. Tu aimes cette musique ? Oui mais mardi. Pourtant c’est du jazz. Vas-y, toi, disait-elle, achète-toi une place. Le lundi midi il est monté au théâtre, il restait des places, il était tout heureux, parce que le jazz, et puis il tâtait tout content le contenu de sa poche intérieure, le billet était là, jaune, un laisser passer pour le bonheur, un bonheur éphémère de deux heures environ, certes, mais du bonheur quand même, il avait senti la pulsation dans la salle de cinéma, tandis qu’ils attendaient le début du film, et il avait accepté d’aller seul au concert.
Il est arrivé en ville, ce soir de mars. Un soir de froid. Il a eu un peu de mal à trouver une place de stationnement. Il a râlé un peu, bon sang, ils sont déjà tous arrivés, le concert ne commence pourtant que dans vingt minutes. Il a trouvé une place. Il est descendu jusqu’au théâtre. Tout en marchant, il tâtait le contenu de sa poche intérieure, le billet jaune, le précieux sésame pour le bonheur, était là, ouf le soulagement, encore une fois, et encore une autre. Il a monté les marches quatre à quatre, à la Chaban. Le hall du théâtre était allumé mais étrangement vide. Il s’est dit merde, je dois être en retard, ce devait être vingt heures, et moi j’ai enregistré vingt heures trente. Il a tâté sa poche. Le billet. Il s’est dit j’espère que ce n’était pas dix-neuf heures trente, ce serait trop bête. Il se dit vingt heures, ça peut encore aller, ce ne serait commencé que depuis dix minutes, il regarde sa montre, il a confirmation qu’il est dix, j’aurais une mauvaise place mais tant pis, je ne louperais pas grand-chose.
Il est encore sur le parvis désert, face au hall vitré du théâtre tout éclairé de jaune, désert lui aussi, il ressent une espèce de petite boule d’angoisse, de désappointement, il faut vérifier l’heure, bon sang ce n’est pas possible, je me suis trompé d’heure, il n’y a pas d’autre explication, il regarde le billet, pourtant si, c’est bien écrit vingt heures trente, il ne comprend pas, il regarde encore, il compare le billet et le hall désert du théâtre
putain !
mardi 16 mars 20h30. On est le neuf, je me suis gouré de mardi. Et il éclate de rire, tout seul qu’il est sur le parvis du théâtre, et il redescend les marches quatre à quatre, au risque de se casser la margoulette (il faisait ça aussi, Chaban ?), il regagne l’habitacle de la Golf, il refait le chemin
la voilà, l’anecdote
le froid rentre avec lui dans la cuisine, il s’exclame, je ne l’avais encore jamais faite, celle là, je me suis trompé de jour, et elle le regarde, surprise, tout en finissant son bol de soupe, oui, en entrant, il a bien remarqué que la maison sentait la soupe, c’est qu’il a l’odorat sensible, il y a des trucs qui vieillissent moins vite que les autres
il rit, elle rit aussi, elle dit, et bien tant mieux, tu vas pouvoir m’aider, et là il déchante un tantinet, parce qu’il perçoit déjà il ne sait pas encore quel problème avec l’imprimante, elle a toujours des problèmes avec l’imprimante, et lui il est allergique aux problèmes d’imprimantes, c’est comme ça.
N’empêche que là, tu as ri. Dit-il. A cause de l’anecdote.
Tu vois bien que chaque jour.
Se tromper de date ??? De jour de soir ???
Eva avait rencontré une voisine il y a quelques temps dans le courant de l’après- midi, et après maintes discussions à bâtons rompus, elle dit à celle-ci :
-« tu viens quand tu veux, un petit coup de fil avant, je suis libre en principe le samedi, ok ? Surtout tu m’appelles avant »
L’autre de dire
-« oui, oui à bientôt »
Une ou deux bonnes semaines s’écoulèrent et un samedi alors qu’EVA se promettait un instant tranquille aux petits oignons devant un western mythique, avec la chaleur de la cheminée prometteuse de tendresse, la petite soupe qui chauffait sur le poêle (car nous étions en hiver), et qu’elle savourait d’avance sa soirée !
Elle entendit sonner à sa porte, elle se dit :
-« zut alors ! J’espère que ce n’est pas un vendeur quelconque je n’ai pas de temps à perdre ! »
Elle ouvrit la porte à demi … et stupéfaction sa charmante voisine tenant dans ses mains un bouquet de fleurs un peu défraichies, accompagnée de son mari et de leur gamin déjà prêt à entrer chez elle, lui dit :
-« bonsoir, nous voilà » !
EVA interdite pensa faire un cauchemar, et murmura :
-« mais que faites vous là ? Vous vous êtes trompés de maison ? »
-« non dit l’autre tu m’avais dit de passer à cette date pour un repas chez toi » !
-« un repas !! EVA s’étrangla et compris qu’il devait y avoir une erreur quelque part ! Serait-elle devenue folle ?
Le gosse la bouscula et entra tout de go dans son salon, se planta devant le téléviseur, se saisit de la télécommande comme s’il était chez lui, et changea de programme, pour mettre un dessin aminé extra bruyant !!Elle ne dit rien, car elle avait les parents sous les yeux interloqués par la tenue d’EVA, qui portait un pantalon molleton, pantoufles bien chaudes, chaussettes par-dessus le pantalon, un vieux pull et surtout les bigoudis !!
-« c’est bien ce soir qu’on vient dit la voisine, en lui mettant le bouquet de fleurs en mains de manière un peu autoritaire » ?
-« non franchement non, je ne vous attendais pas, d’ailleurs je m’apprêtais si vous n’étiez venus à une soirée télé au chaud, je suis désolée ! Au fait merci pour les fleurs ! »
EVA ne savait quelle contenance prendre, et sentant la déception de cette voisine dont elle voulait garder l’amitié, elle dit :
-« bon entrez au chaud, on va manger ensemble puisque vous êtes là, ne vous inquiétez pas j’ai ce qu’il faut, mettez vos manteaux par ici et entrez au salon, je reviens de suite »
Elle alla s’habiller plus « féminin » enleva ses bigoudis (ce qui eut pour effet de laisser tomber sa cascade de cheveux blonds sur ses épaules, réfléchit quelques instants à ce qu’elle allait leur faire à manger et revient vers eux épanouie avec un grand sourire.
-« je suis certaine de mon jour dit la voisine, tu as du oublier la date ??Tu t’es trompée de jours et nous voilà gênés d’être ici »
-« sans doute dit EVA (en sachant qu’elle n’avait non seulement pas pu se tromper de jour, mais que l’autre ne l’avait pas du tout appelée) cela m’arrive de me tromper dit-elle, ne m’en veuillez pas, et installez vous, tout va bien, on va passer une bonne soirée »
Elle partagea sa soupe de potiron en ajoutant un peu de crème, y mit quelques croutons, ouvrit une super bouteille de derrière les fagots !! leur fit des blancs de poulet coupés en morceaux et sautés au lardons, avec quelques patates, une salade, un fromage et une glace pour finir le tout..
Le repas se termina dans la bonne humeur et on en oublia les premiers instants de stupéfaction.
Le gamin lui cassa les oreilles toute la soirée et zappa sans cesse !! Les fleurs tournaient déjà la tête vers la poubelle, mais EVA reçut ses voisins avec amitié.
Quelques temps plus tard, elle revit sa voisine qui vint vers elle gauchement et dit ceci :
-« j’ai regardé mon calendrier en rentrant chez moi, et en réalité je devais bien penser à toi et à notre rencontre, j’avais mis deux choses sur la date, la première téléphoner à EVA, la deuxième aller chez GERMAINE , ce n’est pas chez toi que nous devions aller ce soir là mais chez Germaine, elle m’attendait elle, elle avait tout préparé et toi tu ne m’attendait pas bien sur , j’ai du m’excuser auprès d’elle et je le fais avec toi ! J’ai cru t’avoir téléphoné, je deviens maboule»
EVA prit sa voisine dans les bras et lui dit :
-« je suis soulagée car franchement cette histoire m’ennuyait moi qui aime recevoir les gens dignement, mais on a passé une bonne soirée, par contre Germaine ne doit pas être ravie ! »
-« arrête elle me bat froid et dit à tout le monde que j’ai perdu la tête ! »
-« allez ! Ne t’en fait pas, on ira ensemble lui expliquer et on boira un café toutes les trois ce n’est pas grave ! Alors, elles partirent d’un fou-rire, en pensant à cette pauvre Germaine, et à la tête que faisait EVA lorsqu’ils sonnèrent à sa porte »
Ben voilà ! J'ai encore oublié ! Tu ne m'en veux pas, dis, tu sais bien que j'ai jamais la tête à ça. Pourtant, je note, je fais des croix sur le calendrier, je me promets que cette année, je ferai gaffe, craché-juré et puis non, le jour J, c'est comme l'année d'avant, je n'y pense pas. Va pas croire que c'est parce que je ne t'aime pas, non, non. C'est pareil avec tout le monde. Avec Pierre, avec Jean, avec Marc, avec Luc,je ne connais pas de Matthieu, y'a qu'avec Noël que j'oublie pas. Faut dire que ses parents manquaient un peu d'imagination : appeler son moufflet Noël parce qu'il est né le 25 décembre. Il a toujours tout en même temps, pas moyen de le rater : la fête, l'anniversaire, Noël. Pauvre Noël ! Ils devaient pas aimer faire la fête, ces gens-là.
Mais bientôt, quand tu viendras à Paris, nous irons tous les deux, rien que tous les deux " Au loir dans la théière" pour fêter ton non-anniversaire. J'ai plus de chance de ne pas me tromper.
La Maîtresse : " Toto, que s'est-il passé en 1111 ? "
Toto : " Euh...L'invasion des Uns ? "