Montego Bay (Joye)
D'abord, mettez fort la musique : http://listen. Montego_Bay
et puis mettez votre maillot,
préparez-vous un joli rum drink
et puis...dégustez !
I. DEVANT MOI, LA MER
Devant moi, la mer
l'horizon gris foncé
Et puis vert, vert, vert
des trous de
verdure là
en pleine mer
parmi les bleus
Et les vagues qui s'enroulent
qui se
précipitent vers moi
dans leur hâte de me connaître
Et juste avant d'arriver
elles sursautent
en crachant leur surprise
des bulles toutes blanches
Qui moussent et qui disent,
qui bourdonnent
et qui crient
Bienvenue,
la jolie
Comme nous sommes contents
de te
connaître
II. HILTON HIGH
Là, au bon bout de ce Paradis verdoyant
Au
bout du chemin, là, où le shandy t'accueille
Là, au bon bout du monde
Yé monne, iré
Le colibri à deux queues faufile de rouge en
or-
Ange parmi les taches de bleu et d'amour
Tu goûtes le cacao blanchement de sa coquille
Yé monne, iré
Les petits bouts pas blonds te chantent dans
leur école
Talé mi bananeux
L'accueil te réchauffe mieux que le rum punch
Yé monne, ya monne, yesse monne
Au bout du chemin où no woman no cry
Là au
bon bout de ce Paradis
Yé monne, iré
Talé mon bonheur
III. CLICHÉS DE MA PLAGE
Frotte-frotte, frotte-frotte
Le mec à côté
Est maintenant
Bien huilé
--
Ta verte transparence
Me coupe le souffle,
Puis être vague
N'est pas toujours un crime.
--
A faire :
Commander de la dorade
Pour ce lys
--
L'homme Très Important
Parle au GSM
Une
jolie fille le suit
A cinq pas derrière
--
Oui, et donc
Ce corps lisse
Ça te sert à
quoi ?
--
Papa à la grosse bédaine
Avec la fillette
aux genoux
Hou hou
--
Bonjour les doigts de pieds
Vernis dans
votre meilleur rouge
Vous me faites signe
Sur l'arrière-plan vert-bleu
Consigne #63
Cette semaine, nous partirons en vacances avant l'heure.
Nous vous invitons à nous offrir une page de votre carnet de voyage.
Partagez avec nous le récit de votre tour du monde en stop, les images de votre traversée sur désert, ou vos déboires au camping des flots bleus à Royan.
Parlez-nous donc de votre périple dans la foret amazonienne, de votre tour de la Creuse en solex, de la grande muraille de Chine ou encore de la cathédrale de Chartres ou de votre croisière à bord d'un vaisseau spatial.
Vous l'avez compris, vous êtes tout à fait libres d'inventer (ou pas!) tant que vous nous donnez à lire une ou plusieurs pages de votre carnet de voyage.
La mélodie du bonheur (Pandora)
Des regards qui s’échangent
Des sourires qui se croisent
Les timides s’apprivoisent
Avant de faire connaissance
La rencontre est magique
C’est comme une évidence
Ils se prennent par la main
A deux on est plus fort
Il aime son rire
De fée, clochette
Lumineux et sonore
Qui tinte pour lui
Elle aime son rire
D’enfant, joyeux
Léger et contagieux
Qui chante pour elle
Mais à la nuit tombée
C’est en silence qu’ils s’aiment
Pour guetter les doux battements
De leur amour. De leur enfant
Petite musique dans la tête... (Stipe)
J'ai toujours une petite musique dans la tête.
Ma vie est comme une comédie musicale. Quand je parle, avec la musique ça fait comme si je chantais. Je dis "quand je parle" mais je devrais dire "quand je me parle". Je me parle qu'à moi, que dans ma tête.
Ma tête c'est là que je vis.
Maman a passé ma jeunesse à me bringuebaler chez des docteurs puis chez des spécialistes. Au début ils pensaient que j'étais muet. Mais je ne le suis pas, puisque je me parle.
Et j''ai toujours une petite musique dans la tête.
On m'a fait des tas de tests. Pour les gens j'étais débile. Puis un jour le professeur Moiron a dit que j'étais différent. Maman a bien aimé ça. Depuis elle a toujours dit "il est différent" ou "il est rêveur", "il est dans son monde". Du moment où j'ai été diagnostiqué différent, ma débilité était pas grave.
J'ai eu une scolarité normale. La seule chose qui me différenciait, mais c'est normal puisque je suis différent, c'est que parfois je loupais l'école pour aller voir le professeur Moiron.
Maman aimait bien le professeur Moiron, elle disait qu'il est sérieux. Moi je le savais con comme une barrique percée. Et j'hésitais pas à lui dire, à maman. Dans ma tête.
Il parlait gravement à maman, me tournant le dos comme unique paravent à ses inepties. Puis il se retournait vers moi avec un grand sourire et me parlait très fort, comme si j'étais débile, pour me dire que j'étais pas débile.
Mais c'est lui le débile, je suis sûr qu'il a même pas de musique dans la tête.
Moi, j'ai toujours une petite musique dans la tête.
Un jour que j'étais plus grand, ils m'ont mis en traitement. Ceux qui étaient différents c'était les infirmières vu qu'on ne se retrouve qu'entre gens différents pareil. Maman disait que j'étais mieux en traitement. Elle disait ça parce que je souriais.
Faut dire qu'on me gavait de pilules : des anti-déprimants, des euphorisants, des calmants, des dopants, des lobotomisants, des stimulants. Tous ces substituts de santé qui servaient sûrement à donner du crédit au débit du compte en banque de maman, mais qui pour de vrai s'avéraient aussi pertinents qu'un anneau gastrique chez l'anorexique.
Sauf que moi, l'anneau gastrique on me l'a posé dans la tête Du coup je vivais dans un endroit encore plus restreint, oui mais je souriais. Alors maman souriait aussi et le professeur Moiron était plus sérieux que jamais.
Mais, j'ai toujours une petite musique dans la tête.
Un jour, un professeur de la ville s'est occupé de moi. Il me parlait comme si j'étais seulement différent. Il m'a dit que j'étais comme les autres mais que je vivais dans un autre endroit. Que ma cabane était perchée hyper haut et qu'elle était pas très grande mais que le principal c'était que je sois heureux d'être dans ma cabane, même si des fois j'avais le vertige, même si des fois les murs étaient trop proches. Ce professeur là, il devait être sérieux.
Alors il a dit qu'on allait un peu arrêter les médicaments, pour voir.
Mais moi je souriais toujours.
En plus, j'ai toujours une petite musique dans la tête.
En plus, maintenant c'est toujours la même. Elle tourne en boucle.
Et en plus je l'aime pas, elle est moche. C'est un violon qui geint, un violon qui pleure parce qu'il se fait découper par l'archer.
Le violon, je trouve que c'est un instrument triste et maltraité. Un violoniste, on dirait qu'il découpe une mortadelle avec un grand couteau. Alors la mortadelle crie.
Et ma musique, elle joue de la mortadelle toujours.
C'est à cause de l'anneau dans ma tête et de mon sourire. Le violon découpe ses tranches, ma tête pleure dans sa tête mais mon visage sourit.
Le professeur sérieux a dit que j'allais mieux, même si je souriais toujours.
J'ai toujours une petite musique dans la tête.
Je suis sorti du traitement depuis quelques jours. Je souris alors la dame m'a souri.
Elle m'a dit que j'avais l'air heureux, j'ai répondu non sale poufiasse dans ma tête. Elle m'a dit oui ça se voit que je suis heureux.
Le violon crie, la mortadelle est ritournelle, le couteau découpe fort. La dame crie, la mortadelle est éternelle, le couteau découpe très fort. Maman crie, les gens crient, la mortadelle est désaccordée, l'anneau gastrique a fermé tous les volets.
J'ai toujours une petite musique dans la tête.
Les médecins ont dit débile alors le juge a dit débile.
On a posé des électrodes sur ma tête, maman m'a regardé en pleurant, pourtant je souriais.
Un grand larsen a crié chez moi, toutes les fenêtres ont volé en éclat, la porte a explosé et ma vie est sortie par le sang de mon nez.
La petite musique dans la tête s'est arrêtée.
Notes de poussière (Vegas sur sarthe)
C'est quoi ce tempo d'enfer? rien à voir avec l'intro, et puis on n'est pas tous en place! Ah c'est mon coeur qui fait ça...
J'ose
un coup d'oeil par un des trous de l'épais rideau de scène en tentant
de maitriser le tamtam qui martèle mes tempes; Ouf! ma guitare basse
est là, ridicule et coincée entre les énormes baffles blancs et
derrière le matos un monde de ténèbres respire d'une clameur étrange.
Je transpire comme au sauna et une odeur de poussière ancestrale et
omniprésente me donne la nausée.
Une odeur de coulisses, de décors,
de tentures, de loges exigües, de planchers trop cirés... combien l'ont
respirée avant nous dans ce mythique Olympia?
Pourtant la répète s'est bien passée il y a deux heures, malgré
Mickey qui peinait à poser sa voix, les retours mal placés qui jouent
du Larsen et cette impression insupportable qu'on ne va jamais
m'entendre.
Sur le vieil orgue Hammond qu'on croirait né avec la
scène, l'organiste prend son pied comme un fou et me noie dans des
basses terrifiantes.
"Filez moi plus de retour, merde!".
Les
techniciens invisibles derrière leurs consoles doivent bien rigoler;
leur job c'est de régler la balance des têtes d'affiche, pas celle de
'Mickey and friends'.
Qu'est ce qu'on fout là? On était si bien dans
notre ferme retapée de l'Aube, à s'éclater...musique de jour, musique
de nuit, crinières au vent, patchouly et filles pas farouches. Et puis
la nouvelle est tombée comme l'enfer d'Hendrix sur Woodstock "Vous
faites la première partie de Slade dans quatre jours à Paris".
Le
temps de charger le fourgon jusqu'à la gueule et on file sur Paname, le
coeur au bord des lèvres pour rencontrer Mickey, celui qu'on va
accompagner. Pour lui, Mickey Bronx c'est un single chez Polydor qui
passe sur les platines du Gibus et pour nous, trois morceaux à
apprendre vite fait! Tiens, la brune là, on dirait Nana Mouskouri...
"T'occupes ! Oui, c'est elle".
Un
vieux studio de répète dans Paris, une forte odeur d'avant-guerre qui
me prend au nez et me file des frissons. Le
gardien-concierge-ex-preneur-de-son est aussi d'avant-guerre et bavard
comme un gardien-concierge-ex-preneur-de-son... "O.K. papy, on jure de
pas toucher au matos de Johnny! Qu'est ce qu'on ferait d'un saxo dans
le groupe? Oui, Noir c'est Noir...on a entendu parler, laisse nous
bosser!". Si on l'écoute, on va bientôt évoquer Mistinguett. C'est fou
ce qu'on peut faire comme bruit en plein milieu de la capitale sans que
ça ait l'air de déranger; le faubourg Poissonnière en a vu d'autres!
"Ca va
être à vous les gars!"
"Merde!
Déjà!" Enfin c'est pas trop tôt et je voudrais aussi ne pas y aller,
rester l'oeil collé au rideau, en spectateur et me nourrir encore de
cette poussière de stars. Dire qu'ici j'ai vu les Beatles depuis le
haut des gradins... Arrêter de penser pour calmer ce tamtam dans mon
crâne ! La tunique mauve frangée à la Roger Daltrey me fait l'effet
d'une seconde peau et j'aurais pas dû mettre des escarpins aussi
hauts... trop tard, et puis je n'avais rien d'autre à mettre.
Un
coup d'oeil à Bobock qui me parait détendu même s'il sait que sa
capricieuse Flying V va se désaccorder dans une minute; moi je sais
qu'il va assurer comme une bête juste à côté de moi et ça me porte.
Les
autres m'entourent, on est combien déjà? avec l'organiste recruté il y
a trois jours et les deux batteurs... pourquoi deux batteurs? Qui a eu
cette idée de génie? On ne m'entendra pas, c'est certain.
Le rideau dérape lentement sur ses rails dans un bruit de
machinerie couvert par la clameur montante. Qu'est ce qu'ils crient?
"Slade! Slade!". Heureusement je ne vois pas plus loin que le premier
rang tellement ce soleil nous aveugle.
Désolé c'est pas Slade, c'est nous "Mickey... Bronx!" et ça n'a pas l'air de leur faire plaisir.
On
m'a poussé ou bien je suis arrivé là tout seul? En tout cas mon cher
manche est bien là, mes doigts retrouvent les cordes rondes et lisses
prêtes à vibrer comme moi. Le tamtam a cessé dans ma tête ou bien je
n'entends plus rien, mais si, je reconnais l'intro et les effluves
tourbillonnantes de l'orgue Hammond. Respire, mec, à pleins poumons!
T'es bien vivant!
Quoi qu'il en soit ces instants resteront gravés à
jamais, je le sais, tout comme l'antique plancher poussiéreux, et si
j'ai oublié chaque note de cette soirée magique, l'odeur de l'olympe
est toujours là pour me le rappeler.
Pivoine
Quintettes aigus
Sang sous les doigts humains
Quintettes roides
Tempête blanche
Entends ces brillances et
Ces trains tibétains
PEPE ATHANASE RACONTE (Martine27)
Pépé Athanase (NDLR : pour ceux qui ne seraient pas au courant il s’agit de l’époux de Mémé Célestine et de l’arrière-grand-père de Mimi) s’installe près du feu dans son grand fauteuil. Ce soir, c’est veillée conte pour ses arrières-petits-enfants. Ils sont tous assis sur le tapis près de lui. Mémé Célestine observe tout ce petit monde du coin de l’œil en souriant et se plonge dans son sudoku.
« Aujourd’hui les petits » commence Pépé Athanase de sa belle voix profonde « je vais vous raconter une histoire triste ».
Il se penche et attrape sur une petite table près de lui une curieuse cassette ouvragée.
Il l’ouvre et une musique poignante s’en échappe.
Les enfants l’écoutent religieusement, ils savent bien qu’il ne sert à rien de presser Pépé Athanase qui racontera son histoire quand il le voudra.
La boîte passe de main en main pour finir entre celles de Mimi, qui la détaille de plus près pendant que Tom son chat bleu renifle la chose avec intérêt.
Il s’agit d’une sorte de boîte à bijoux, mais au lieu de la traditionnelle petite danseuse, Mimi découvre deux petits personnages, un jeune homme et une jeune femme habillés à la mode d’autrefois, chacun évolue d’un côté de la piste de danse et ne se frôlent qu’au milieu du bout des doigts. Une grande tristesse se lit sur leurs minuscules visages, Mimi en a le cœur serré.
« Il était une fois » reprend Pépé Athanase « une sorcière, belle comme une fée, intelligente et riche, mais c’était, hélas, une sorcière noire qui ne savait faire que le mal ».
« Il existe d’autres sorcières » interrompt Mimi.
« Oui, ma chérie, il existe de gentilles sorcières, mais laisse moi continuer. Donc cette sorcière était méchante et avait le cœur noir. Un jour, elle croisa au village qui dépendait de son château, un jeune homme qui venait d’arriver pour s’installer comme tailleur. Elle lui trouva belle allure et lui commanda aussitôt des robes. Il avait des doigts d’or et il lui amena des robes merveilleuses de légèreté et de couleur. La sorcière en les revêtant senti son cœur battre un peu plus fort. Elle décida donc de faire plus ample connaissance avec lui et l’invita à souper avec elle. »
« Il n’a pas accepté dis ? » coupe à nouveau Mimi.
« Mais si, il a accepté ma poupée, arrivé depuis peu il ne savait pas encore qu’il avait affaire à une sorcière. Il se rendit donc au château un soir de pleine lune, un peu emprunté dans son beau costume du dimanche, il tendit à la sorcière un modeste bouquet de fleurs en remerciement de son invitation. Le dîner fut somptueux, la sorcière était parée d’une des plus belles robes de notre jeune tailleur, les mets étaient divins, mais hélas, ils furent servis par une petite soubrette souffreteuse, mal fagotée et d’un physique assez banal. »
« Pourquoi hélas » intervient à nouveau Mimi.
« Veux-tu bien me laisser poursuivre ma toute belle et tu le sauras. Pourquoi hélas, mais parce que bien qu’elle fut peut attrayante, notre jeune tailleur tomba tout de suite éperdument amoureux de la délicate enfant, au grand dam de la sorcière qui s’en aperçut aussitôt. Elle décida quand même de séduire le jeune homme. Au fil des jours elle le tenta avec ses richesses, avec sa beauté, avec l’étendue de ses pouvoirs. Mais lui n’avait d’yeux que pour la jeune servante. Et un jour, croyant que la sorcière était son amie, il lui confia qui souhaitait épouser sa suivante. La sorcière en fut folle furieuse, mais elle fit bonne figure et lui annonça dans un beau sourire qu’elle leur offrirait un beau cadeau pour leurs épousailles, un cadeau qui leur permettrait de vivre longtemps côte à côte. »
« Aïe, aïe, aïe » s’écrient ensemble tous les enfants suspendus aux lèvres de Pépé Athanase.
« Oui, comme vous dîtes, aïe. Le jour du mariage, la sorcière fit venir les fiancés dans son château pour leur offrir son cadeau. Il s’agissait de la boîte que vous avez eue entre les mains. Elle la leur donna en les priant de la tenir chacun d’un côté afin qu’elle puisse les bénir. Naïfs, les deux amoureux obéir. Ils tinrent chacun un côté de la boîte, leurs doigts ne faisant que s’effleurer. Et la sorcière déclama « A jamais vous resterez côté à côte », les jeunes sourirent, heureux, quant elle repris avec un rire odieux « oui côte à côte mais sans jamais pouvoir vous enlacer » un éclair fulgura de ses doigts, la boîte tomba à terre, les fiancés s’étaient transformés en petites poupées qui se mirent à danser chacune de leur côté de la boîte, ne pouvant que s’effleurer les bouts des doigts lorsqu’ils arrivaient au milieu. La sorcière satisfaite de sa vengeance se débarrassa de la boîte qui fut récupérée par un de mes aïeux, celui-ci transmis la boîte et l’histoire à ses descendants comme je le fais aujourd’hui »
« Mais et la sorcière ? » s’enquière Mimi « elle n’a pas pu s’en sortir et comment les délivrer les pauvres ? »
« Ca ma toute belle » répond Pépé Athanase « c’est une autre histoire »
« Bof » fait un des enfants « c’est du flan tout ça, ce n’est rien qu’une vieille boîte à musique »
Et tandis que ses cousins et cousines se lèvent pour aller profiter du chocolat chaud que Mémé Célestine leur a préparé, Mimi et Tom regardent la boîte à musique d’un air désolé. Tout à coup Mimi perçoit entre ses mains ce qui ressemble aux battements de deux cœurs qui résonnent à l’unisson. Interloquée, elle lève les yeux et croise le regard bienveillant de son arrière-grand-père. Celui-ci lui sourit « Tu entends n’est-ce pas ? Peut-être trouveras-tu le moyen de les délivrer, prends cette boîte elle est à toi »
Mimi serre la boîte contre son cœur, remercie Pépé Athanase et avec Tom, ils commencent à réfléchir au moyen de libérer les prisonniers. Mais ça chers lecteurs, c’est aussi une autre histoire.
Bis repetita (Caro carito)
C’est
toujours la même chose Depuis
15 ans. Depuis
ce premier jour. J’avais
immédiatement senti l’assaut des odeurs. Je suis comme ça. L’odorat sensible,
les sens à cran. L’éclairage était dense et d’un jaune pisseux. J’ai hésité.
Après tout, seules quelques semaines de mon temps seraient voracement dévorées.
A l’évidence, l’emploi du temps plombait les traits de l’équipe. Leurs voix
monocordes paraissaient venir d’outre-tombe. Au
bout d’un mois, il me suffisait de jeter un regard au miroir de ma chambre
d’étudiant pour voir cette même ombre brouiller mes traits : yeux en creux,
joues hâves. Je me rasais maladroitement. La chaleur intense de ce mois d’août
n’avait pas quitté la nuit. Une sueur sourde collait à chaque centimètre carré
de la ville. J’enfourchais mon vélo, sachant que en quelques coups de pédales,
en dépit de la douche que je venais de prendre, mon T-shirt serait transformé en
un suaire humide. Dans
le hall, je n’eus pas besoin de regarder l’horloge pour savoir, que l’agitation
ambiante était inhabituelle. Mais plus que tout, cette atmosphère métallique me
prenait à la gorge. Un médecin me reconnut. Il me héla. J’entrais dans la ronde.
S’ensuivirent des gestes mécaniques, cette routine à laquelle je m’appliquais
journellement était devenue un fanal. Je surnageais à l’angoisse
ambiante. Soudain
une main me tira. Des ordres brefs. Ascenseur, couloirs. Nous précédions les
brancardiers. Au fur et à mesure, les remontées poisseuses des blessés
s’estompaient, balayés par le désinfectant qui imprégnait les murs et les sols.
L’une des infirmières vérifia ma tenue. Je
l’ai déjà dit, je suis un homme sensible. Pas extra-lucide. Sensible. En
pénétrant dans la salle d’op, je l’ai entendu. Distinctement. Avec cette netteté
un peu affolante des apparitions qui s’invitaient dans ma vie. Je savais cet
homme entre la vie et la mort. Je captais l’écho des sons mats de son corps, ce
tambourinement implacable. Il m’emplissait de sa rage, de cette furieuse envie
de ne pas interrompre la course. Déjà j’emboitais le pas à l’équipe. Juste
derrière le mentor, l’homme en blouse blanche et aux mains qui plongent la lame
à même la chair vive. Ce fut le premier jour, dépucelage au goût âcre qui me
laissa sans forces au bout des quatre heures d’opération. J’en sortis épuisé
mais certain d’y revenir encore. Je ne pouvais laisser échapper l’appel de ce
souffle. Depuis
ce premier jour. Depuis
15 ans. C’est
toujours la même chose. Une
des infirmières vérifie ma tenue et en pénétrant dans la salle d’op, je
l’entends... Un
homme, une femme, un enfant sont étendus là et je sens battre leur vie. Les yeux
ouverts, je plonge à cœur nu.
Musique d’autrefois, musique d’aujourd’hui (Joe Krapov)
A
Tourner
Lentement
La manivelle
Il me revient presque
Un peu de nostalgie
De nos années parisiennes.
Là où Colette avait vécu
Quelque part au-dessus du jardin,
Quand Buren n’avait pas planté colonnes
J’y
Avais
Acheté
Ce mécanisme
De boîte à musique,
Ces cartes et la pince
Pour y poinçonner des notes.
Le Palais-Royal flamboyait,
Comme au temps de Molière et des rois,
De trésors de luxe au fil des arcades.
Il
Chantait,
Higelin,
Avec « La » Fontaine
D’étranges chansons
Que nous aimions entendre
Sortir de nos noirs vinyles :
« Cet enfant que je t’avais fait »
Ou bien « Je suis mort, qui qui dit mieux ? ».
J’ai tout conservé mais plus rien ne marche !
C’est
La crise
Aujourd’hui
Mais je n’en ai cure !
Pour rajeunissement,
Pour planter fanions au vent,
J’ai « ressorti mes vieilleries »,
Je tourne gaiement la manivelle
Et je nous revois, tous deux, à Paris !
Un drame - Janeczka
Ces yeux.
Sombres, brulants, ensorcelants.
Ces yeux qui devoilent son caractere impertinent et passionne.
Ses yeux.
Et puis, cette bouche.
Fiere, feline, feminine.
Elle est la, devant lui, telle une sirene terrestre.
Une apparition, une illusion, une malediction.
* * *
Il etait tombe amoureux de la fille du Roi des Gitans.
musique en couleurs (Rsylvie)
musique en couleurs
1/ Pour commencer.....
2/ Pauvre d'eux à nous !!! elle l'a fait ! attention c'est cruel et sans pitié
MusiqueMSWMM_0001
Vidéo envoyée par rsylvie
quand faut y aller... f0 y'alé !.
Pour le 3ème défi,,,, pas de chichi entre nous,
forte de toute la meilleure volonté du monde ,
après avoir mis l’incontournable piége en place vous prenez l’attirail
de base indispensable pour réaliser une jolie couleur
Munie de nécessaire à peinture, vous commencez délicatement à poser quelques nuances pastelles deci-delà …
et vous ettendez qq secondes que ça séche !
(comme chez le coiffeur ....
faut bien ça, le temps que la couleur prenne !)
une fois la deuxième couche posée, vous obtenez une jolie coloration n’est-ce pas ?
vous voici alors fin prête pour la Dernière énigme….
. qu’elle est ma chanson ??????
pst, entre nous,
rien ne vous interdit d’utiliser le fond de peinture
pour une composition très personnelle !
Traversées de déserts (Zigmund)
On
commence par écouter les trois extraits de musique.
L’un
m’inspire immédiatement, je la tiens
mon histoire…eh non ! c’est raté, j’ai oublié de lire le titre et
l’extrait choisi sera repéré dès les premiers mots.
Un
autre me laisse de glace, et je le regrette, car j’imagine que Janezka qui a
sélectionné ces extraits, aime ces musiques et souhaitait nous les faire
découvrir.
Le
dernier évoque des images contradictoires, et me permet un lien avec le premier
abandonné…pas clair tout çà , et en plus va falloir transcrire…prise de tête
…merci samedi défi !
Bon
vous l’aurez voulu ! Je vous emmène faire un petit tour.
Cà
commence, très loin, au milieu de nulle part, le bout du monde (le mien en tout
cas) est par là. Notre mini bus traverse ce paysage de roches rouges, où les
drapeaux à prières sont les seuls signes de présence humaine. Tout concourt au
calme et à la méditation. (on fera
abstraction du bruit du mini bus ! )
Maintenant
pourquoi mes pensées dévient elles vers Ségolène ? A cause de la traversée
du désert ?
Non
ne croyez pas que je vienne ici politiser le défi (quoique…), qu’allez vous
imaginer ?
Ségolène
est un poisson, plus exactement un
labéo bicolore noire à queue rouge. Ce genre de poisson a la particularité
d’agacer sans méchanceté les autres poissons, mais chez moi, elle évolue dans
un grand aquarium de 400 litres dépeuplé, donc, elle s’ennuie un peu et je ne suis pas sûr qu’elle soit du genre
contemplatif. Nous laisserons de côté les raisons de la solitude de Ségolène, seule survivante de catastrophes
diverses, qui endeuillèrent l’aquarium.
De
la solitude du Qinghai au dépeuplement de mon aquarium j’ai franchi le pas, en
écoutant la musique.
Déconseillée
aux personnes sensibles, la promenade se poursuit dans les salles de soins
intensifs : ici la même solitude,
le même vide, ce faux silence des monitorings, qui réunit soignants et malades.
Tout bruit cardiaque qui se fait remarquer entraine une réaction…Dans les
hôpitaux,( c’est bien connu) ces salles toutes vitrées à surveillance renforcée
s’apellent des aquaruims. Ecoutez cette musique, angoisse de la maladie, et
espoir de survie…
Sortons
d’ici sur la pointe des pieds, un petit remontant ne nous fera pas de mal, il
parait que le café du défi vaut le détour .
.
Au² børd³ † du ¤¤ la¢ ƒƒƒƒ (Pªpißtæche³)
Le chØvalier va m¤urir
Il va m¤urir / le chØvalier
Le {chØvalier} qui s’est trainé
†Au bord du la¢ : beåu le la¢
La dæme n’y est pas
Au bord du la¢ : beåuº
Il va m¤urir † le chØvalier †
La dæme n’y est pas ¡
Il perd son sang † le chØvalier
Il perd... sa \vie/ : [se vide]
Son sang coule ::::::: sa plaie² suinte... ... ...
Il va m¤urir ‡le chØvalier‡
Le chØvalier couché ¦ au bord
Du la¢ : beau chØvalier³ qui mŒurt
Couché >>> en le champ ƒ chØvalier
ChØvalier qui meurt ƒƒ au bord du la¢
Il est mort † le chØvalier : beau chØvalier
ChØvalier ƒƒƒ qui joutait dessus — le pré˜
Il : est : mort : sa : vie : coule
Ses \blessures/ bouillonnent
†Le chØvalier : il est mort†
Ne voyagera plus + + + + + jamais
Mort* mort* mort ††† le chØvalier
Le sang² perle : à son front³
Il est mort†:† le chØvalier
Son armure© tinte et son corps : m†o†r†t
Luit au sŒleil \/\/\/ luit l’armure© du chØvalier
Son sang³ goutte² à goutte² : & s’échappe
Coule hors son [torse], son f†o†i†e : morts
Son @me Ÿ voyage : ¿ froide ¿
La dæme n’y est pas²
Au bord# du la¢ : l i s s e
Blanc le chØvalier mo†††rt
Son épée épée épée ¥ brisée : à terre
Se couvre*** de cro^û^tes³ dures
La dæme n’y est pas ¦¦¦¦ à temps ¦¦¦¦
Le vent sèche± les plaies : froides
Son chØvalier est mort† : cro^û^tes
Son cœur est m†ort : sa dæme n’y est pas
Elle n’a pas su° sa dæme
Qu’il s’est trainé au bord du la¢
pour l’y #attendre# sa viiiie s'écoule
Sa dæme reposait au ¨fond¨ du¨ la¢
Un filet de ˜s†a†n†g˜ trouble l’eau
[La dæme qui ne vient pas]
Dæme du la¢ º dans l’eau trouble
Du sang du chØvalier : MORT†
Il est mort† mon chØvalier : froid
Mort† depuis dix siècles : là
Je plœure mon chØvalier : mo†rt, froid
Ses ©routes sèches tombent
Au ¬fond¬ du la¢ : mon chØvalier
Les \cloches/ tintent ªu fond du la¢
Comme l’eªu de son sang se teinte
Mort † mort † mort † son foie noir
Noirs± son cœur±, ses os ± : ses plaies±
Il est mort † (comme) je dormais²
Cent² années² — 100—que² son² sang² coulait²
M°n chØvalier : mon chØvalier
Aux × mille × plaies × jamais ÷ pansées
Jamais <soignées> mor† mon chØvalier
L’herbe n¯o¯i¯r¯e colle à son corps : mor†
Il est mor† mon chØvªlier : il est moR†
...M ....oº .....R .....T ......º
Job d’été (Val)
Été 1999. Je suis assise, en maillot, sur une serviette étendue sur une plage bretonne. Il fait chaud. J’ai des coups de soleil. Au loin je vois les enfants jouer dans l’eau avec leurs planches. J’en vois un, puis son double, puis une chevelure blonde. J’en vois trois, le compte est bon. Toutes les trois minutes, je vérifie qu’ils sont bien là, qu’ils ne se noient pas, qu’ils ne s’éloignent pas. Cela n’arrive jamais. Ces enfants sont sages au possible.
J’ai bien essayé de lire, mais ma lecture est trop souvent interrompue par ma trouille d’en perdre un. C’est si grand, une plage, et il y a tant de monde…J’ai vu des écouteurs dépasser du sac à dos de Claire. Machinalement, je les ai insérés dans mes oreilles. Qu’écoute-t-on, à onze ans ? Je suis surprise de ce que j’entends. Je me dis que les cassettes appartiennent certainement à sa mère.
Tout à l’heure –ce matin- nous sommes arrivés en bus pour passer la journée à la plage. Je n’ai pas le permis de conduire, mais on s’arrange toujours pour sortir l’après-midi. Hier, nous sommes allés à Dinan en vélo. Aujourd’hui, nous sommes venus à la plage en autocar. Que ferons-nous demain ? Les enfants aimeraient louer un cours pour jouer au tennis. S’il fait beau demain je leur dirai oui.
C’est un super job d’été que j’ai trouvé là. Et dire que je pensais devoir passer l’été enfermée dans une usine… Fin juin, le téléphone a sonné chez ma grand-mère. C’était son fils au bout du fil. On pourrait dire mon oncle, sauf que cet oncle m’était quasi inconnu. Pour d’obscures raisons, il n’appelait ni ne venait jamais. C’était un oncle dont je ne connaissais que l’existence. Pourtant, lorsque j’étais petite, ma maman m’en parlait souvent, de son grand frère…
« C’est pour toi ! » m’a dit ma grand-mère en me tendant le combiné.
« Valérie, ta grand-mère m’a dit que tu aimerais travailler cet été. Si tu n’as pas de projet précis, j’ai une proposition à te faire. Viens passer l’été chez nous, les enfants ont besoin d’une jeune fille pour veiller sur eux à temps plein. Ils nous ont fait cette demande, ils ne veulent plus aller au centre de loisirs. On te paiera la somme qu’on aurait dû verser au centre pour eux trois. Et puis, ça pourrait te dépayser, c’est sympa par chez nous, et nous ne sommes pas des gens méchants, tu sais. »
J’ai dit oui. Mon oncle est venu nous chercher en voiture, ma valise et moi, le lendemain de l’oral du bac de français. J’ai dit oui, et depuis je suis là. Je passe mes journées avec les enfants. Leurs parents travaillent beaucoup. Leur maman est pharmacienne, et le frère de ma mère je ne sais pas trop ce qu’il fait. Il me semble qu’il a un magasin le télévisions, hi fi, informatique… j’suis pas bien sûre. Je ne suis pas très curieuse, ou du moins je n’ai pas osé demander.
Le matin, je leur prépare leur petit déjeuner, et puis je fais un peu de ménage et de rangement –la maison est immense- tandis qu’ils s’habillent et jouent. L’après-midi je dois les occuper. On fait du sport, on va à la pêche et à la plage, les jours de pluie je les emmène au cinéma. Ces enfants-là ont toujours besoin d’être occupés. Je ne savais même pas que ça existait –et encore moins dans ma famille- des parents qui avaient un tel budget pour les loisirs de leurs enfants.
Le soir venu, une fois les enfants couchés, le frère de ma mère m’emmène avec lui au sous sol. Il fait de la radio amateur. Il a tout un attirail…Déjà les prémices de ma future passion pour les contacts virtuels se font sentir : je suis fascinée par son passe-temps.
Le dimanche, les parents sont là, et on sort encore. On part en bateau sur la Rance, on visite des monuments ou des musées.
Quelquefois, on parle vaguement de notre famille. Juste un peu. Je ne sais pas bien pourquoi le frère de ma mère ne voit pas ses parents ni sa sœur. Il parle de rupture obligée pour se protéger. Il évoque une enfance sans amour. Il me raconte leur enfance à deux, à lui et à ma mère. Deux contre un. Alliance fraternelle contre la troisième. C’est un homme qui parle peu, je ne demande pas plus que ce qu’il veut bien me dire de lui-même.
Je suis bien, ici. Les enfants sont sympas. Ils savent tout un tas de choses pour leur âge. Ils m’apprennent beaucoup. Les jumeaux jouent à m’induire en erreur parfois –je ne sais pas les reconnaître- mais leur sœur m’aide.
Je suis bien ici. J’aime voir le frère de ma mère prendre son épouse dans ses bras le soir. Ce sont de gens si sereins…
Je suis bien, ici. J’étais arrivée depuis une petite semaine lorsque, un soir, la femme de mon oncle est venue me border au lit. Vrai !
Depuis, elle vient chaque soir frapper doucement à la porte de ma chambre après que je sois couchée. Elle entre, s’assoit sur le bord de mon lit, me caresse les cheveux et me chuchote :
« Tu es bien, ici ? Je lui avais dit que tu serais bien, chez nous…Tu ne t’ennuies pas ? Les enfants sont sympa avec toi ? Vous ferez quoi, s’il fait beau, demain ? ».
Elle m’embrasse, réajuste ma couette et puis sort en me souhaitant une bonne nuit.
J’ai dix-sept ans, et je me laisse faire.
C’est un bon job !
(Berthoise)
C'est l'histoire d'une attente.
Je t'attends, mon amour.
C'est l'histoire d'une attente qui se termine bien. Une histoire du quotidien. C'est l'histoire d'une angoisse.
Je t'attends, mon amour.
Dans la nuit. L'automne, il fait vite nuit. Tu sais bien que l'automne me pèse. Que la nuit m'est pénible. En automne. C'est la nuit. Je suis dans la cuisine. Je marche dans la cuisine. Je fais les cents pas. J'attends. J'attends ton retour, mon amour. J'ai préparé le dîner. J'ai dressé le couvert. Les enfants ont mangé. Je les ai baignés. Je les ai bercés, embrassés, couchés.
« Papa viendra quand il rentrera. »
J'attends. J'attends dans la cuisine ton retour. Je guette par la fenêtre. J'ai coupé la radio, l'égrènement des heures m'était insupportable. Savoir qu'il est vingt heures et que tu n'es pas là me ronge de l'intérieur. Je vais dans le couloir, je rejoins le bureau, je me plante devant la fenêtre du bureau et je regarde la nuit. Rien. Le passage des phares éclaire succinctement la route. Les arbres à la lumière des réverbères prennent des allures inquiétantes. Leurs branches dénudées agrippent l'obscurité. Je t'attends. J'ai pensé que tu avais du travail, beaucoup de travail. J'ai pensé c'est la pluie, quand il pleut, on va moins vite. Je t'attends. J'ai pensé qu'à cause de la pluie, il y a des accidents. Je t'attends. J'ai pensé...non, je ne l'ai pas pensé. J'attends.
Il est tard maintenant. Je regarde le réveil qui me dit qu'il est tard. Depuis longtemps déjà, j'attends ton retour, mon amour. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas possible, ces idées qui me traversent l'esprit. Des idées tristes et sombres comme la nuit. On ne s'est pas disputés. Tu ne vas pas me quitter. Rien ne laisse présager une rupture soudaine. J'attends.
Je ne veux pas penser à cette idée terrible de grand choc, d'hôpital. Je n'y ai pas pensé.
Il n'y a plus de voitures qui passent maintenant sur la route. Seul le vent anime la nuit. Je guette par la fenêtre en marchant. J'arpente le couloir. Je passe de la cuisine au bureau, je regarde la nuit et repars d'où je viens. Je pense à notre vie. Nos habitudes, nos plaisirs, aux tics qui nous agacent, à cette façon que tu as parfois de ne pas répondre. Je t'attends. J'ai essayé de prendre un livre, de l'ouvrir, de suivre des yeux les mots. Rien. Tout mon corps est tendu vers la nuit où tu es, où tu vas, où tu viendras vers moi. J'attends ton retour mon amour.
Plus tôt, j'ai ouvert le portail. Pour t'accueillir. Pour gagner du temps. Je guette par la fenêtre.
J'entends. J'entends le bruit de ta voiture. Je sais que c'est toi. Je vois les feux qui s'avancent . J'entends le crissement des graviers dans l'allée. Ton pas lourd dans l'escalier. Je suis debout dans la cuisine. Je regarde la porte. Je te vois.
À travers la vitre, tu souffles, tu t'ébroues puis me souris. Tu ouvres la porte et me serres dans tes bras. Je pleure. Tu me serres contre toi. Dans ton vêtement mouillé par la pluie de la nuit, je verse toutes les larmes de mon attente. J'entends ton cœur qui bat. Je me serre contre toi. Après un long moment de silence où tu me caresses les cheveux, tu t'écartes en souriant.
« Bonjour mon amour. »