Quoi de neuf ? Une dentelle de petites choses . Chaque matin, sur le rebord de la fenêtre, le parfum du chèvrefeuille qui monte dans l'air vif et chatouille les narines, enivrant comme une absinthe. Chaque jour, se voir dans le miroir comme si c'était la première fois. Les étoiles au levant pâles et fatiguées après une nuit de fièvre. Une étincelle dans son regard, là, en buvant son café, la mèche qui tombe sur son front, so sexy... et ce battement bizarre de mon cœur que je ne connaissais pas. Quoi de neuf ? Beaucoup de choses, vraiment, quoi qu'en disent les grincheux. Des robes qui virevoltent, des jupes en vichy rose sur l'asphalte bruni par la pluie. Cette odeur de printemps aux terrasses de bar, chargée de phéromones. Les coques des bateaux fraîchement repeintes. Varech et goudron. La marée apportant chaque jour des effluves étranges, des saveurs inconnues, des idées de partir. Quoi de neuf ? Ah mais...oui ! des électriciens qui rétablissent le courant entre les gens, des opticiens qui changent leur regard, des peintres qui leur dessinent des sourires. Tout regarder autrement, tout entendre, tout goûter, tout sentir, avec ce sentiment exaltant et pénétrant que les molécules d'air que l'on respire n'ont jamais encore traversé nos poumons. Se sentir neuf après la lecture d'un poème, devant un bébé qui sourit. Quoi de neuf ? Mais tout, mon ami, vraiment tout quand on sait regarder la vie avec une audace d'enfant.
Rien. Ou si peu. Voyons, que je récapitule: j’ai ouvert les fenêtres toutes grandes parce que le soleil les inondait déjà; on cloue et on maçonne chez le voisin d’en face, qui rénove sa maison; j’hésite entre sortir ce matin ou marcher d’un bon pas cette après-midi; mon chat Milord tente du bout des griffes de déstabiliser ma petite vitrine adossée au mur, détruisant d’un coup mes bibelots conservés amoureusement au cours des années. Oui, je sais, ce n ‘est pas neuf...et pourtant!
Cette potiche chinoise reçue d’une amie me rappelle la couleur du temps en ce jour précis d’été 67; le déjeûner en porcelaine fine comme un pétale, c’est Johnny qui me l’offrit, un ami très cher, en même temps d’ailleurs que la vitrine tapissée de velours grenat, pour inaugurer un appartement (une fois de plus, je suis une grande nomade!..); ce couple de danseuses en porcelaine allemande le bras gracieusement levé en cerceau, le jupon en corolle fut un cadeau de ma soeur qui, sagement, répartissait ses souvenirs entre les membres de sa famille, prévoyant l’avenir. Mes deux petits anges musiciens, l’un jouant du flûteau, l’autre du violon nous vinrent aussi de Jhonny, un jour d’anniversaire. Et je m’aperçois, en vous les citant, qu’un à un ils ont tous quitté cette terre et que je suis là, seule, à énumérer mes souvenirs, parce que vous m’avez demandé: “Quoi de neuf?”...
Parce que le souvenir, pour moi ,est un constant renouveau. Selon l’instant ou l’heure, il surgit au bout de mon regard, au creux de mon âme. Semblable et chaque fois diffférent, il m’habite.
Vous avez dit: “Quoi de neuf?..”. Vous voyez bien: rien. Ou si peu...
Dieu maussade, sur son trône de nuages, s’adresse à Pierre :
- N’aurais-tu pas, très cher Saint Pierre, Quelque histoire drôle et surtout légère, Pour me distraire, je suis grognon. Voilà encore, qu’on tue en mon nom, Dans ce joli pays de France Où je voulais prendre des vacances ?
- Si fait, patron, en cette période d’élection, Il y a fort à rire de ces quelques histrions. Il y a un ex-futur candidat, Dom Juan de pacotille Aux femmes savantes, il préfère soubrettes et mauvaises filles, Un Tartuffe à talonnettes nous rejoue de Scapin, les fourberies. A l’école des femmes il y en a de la marine ou de la jolie. Un François batave en deviendrait bien misanthrope, Tandis qu’un autre resterait droit dans ses bottes. L’autre François, éleveur d’étalon en Béarn, Voudrait être médecin malgré lui pour guérir ces carnes. Un tribun conspue tous les bourgeois gentilshommes Et souhaiterait faire la révolution ad libitum… Des précieuses ridicules, en appellent aux travailleurs, Aux prolétaires ou à l’écologie en fleurs.
- Allons, encore, ne fait point ton avare, Encore des loufoqueries, je me marre !
- Voilà un beau pays, qui a tout du malade imaginaire, Que bien des Diafoirus, voudraient mettre par terre. On y soignait le pauvre aussi bien que le riche, On y éduquait enfant de château ou enfant des friches, On y rendait justice, pot de terre contre pot de fer, On y mangeait grenouille, on y buvait sancerre, On y riait beaucoup, on se moquait de tout, On y créait des pièces qui en disaient beaucoup. Au nom d’un catéchisme libéral avancé, Ils sont bien acharnés à le voir reculer.
- Et quoi ? Tu m’affoles, veux-tu me voir retomber Dans les affres sordides de la morosité ?
- Tu me demandes, Dieu très haut, Dieu d’amour, Ce qu’il y a de neuf, moi je fais au plus court. Des défiants, sur la toile, ferons comme Jouvet, Se délecter du vieux pour en faire du frais ! De tout, ils se fendent, ils se gaussent Et plus le désespoir leur chatouille les chausses, Plus ils sont virulents dans leur ironie sommaire, Car rien ne vaut qu’on soit triste, au pays de Molière !
"Alors quoi de neuf, Jacquouille?" "Messire Godefroy, si je n'craignois pas de me répéter j'vous répondrois trois que multiplie trois..." "Quand on se fait appeler la gazette de Montmirail on devrait avoir de bonnes et fraîches nouvelles à me narrer!" "Messire, j'ai ouï dire que les anglois ne disent pas nouvelle mais niouze!" "Alors dis-moi les niouzes Jacquouille" "Et ben, pour l'an de grâce 1123 notre bon château de Montmirail a reçu son 13 780 000ème visiteur, Messire" "Bien, j'ai grand plaisir à esgourder cette niouze" "Mais la bande des Instouchables en a vu passer 18 389 000" "Mille quenouilles! Comment ont-ils fait ça?" "Messire, on dit qu'ils ont un grand noir, un Sarrasin d'apparence qui se reproduit plus vite que le bouc à la lune montante!" "On ne respecte plus rien, Jacquouille... vivement qu'on lui pèle le jonc comme au bailli du Limousin! Et à part ça, quelle niouze?" "Euh... la tévéa sur les oeufs de caille vient de passer à 21.2%, Messire" "Montjoie! Je veux bien estre transformé en cul de nonne si le petit intendant vote cet impôt avant l'hiver!!" "C'est qu'il est petit mais teigneux, Messire Godefroy..." "Qu’on le pende et qu’on le passe à la questionnette du Frère Ponce! Il n'est point dit que je débourseroi plus pour m'empiffrer plus de ma potion magique préférée" "Oookkkaaayyy, Messire" "Abrège Jacquouze, quelle nouille? Fichus anglois! Je voulois dire Abrège Jacquouille, quelle niouze?" "Messire, au dernier sondage ipsos des douves il semble que le centre s'esfondre" "Le centre s'effondre dis-tu? Et à quelle famille appartiennent les maçons?" "Un nom estrange, Messire... la famille Modème" "Bourses molles! Qu'on change cette merdasse avant que mes fossés ne débordoient! Et pas une seule bonne et fraîche niouze, Jacquouille?" "Messire, aujourd'hui Milady Gaga fêste ses 26 printemps! Je le tiens d'un hérault qui l'a twitté tôt ce matin " "Et de quel blason seroit cette Milady?" "On la dit de souche ritale, descendante des Germanotta" "Morte couille! ça sonne plutôt teuton ce Germanotta... et est-elle de bonne naissance à desfaut d'avoir de beaux teutons? Hahaha" "Elle aurait estudié les bonnes manières en compagnie des Hilton, Messire!" "Les Hilton? Ces marauds qui font réussissement en chambre d'hôte? Et comment est fagotée cette pucelle?" "Pouah! Un laideron en armure de cuir, plumes et quartiers de bidoche, Messire. On ne peut la manquer tant ça puire à trois lieues!" "Humm... J'irois bien trousser cette gueuse et lui donner jouissance, et par Belzébuth Que trépasse si je faiblis!" "Euh... Vous estes Godefroy Amaury De Malfète, comte de Montmirail, d’Apromont et de Papimcourt, fils d’Aldebert de Malfète et de Thibaude de Montfaucon esgalement dit Le Hardi mais si vous ne tenois point à mourir comme un pesteux, je vous conjure d'éviter cette femelle" "Va au diable Jacquouille, de toutes tes niouzes celle-ci me réjouit le fessard et je m'en vais de ce pas faire mon lavement et niquer la gueuse!" "Quel bin's"
Ca se passe dans un paradis sur la terre, une contrée de grands lacs, de forêts profondes. Le gibier abonde, on peut le suivre à la trace dans la neige, poser des collets, tirer le caribou ou, plus original, l'orignal au fusil. On commence à situer ?
On récolte la sève sur le tronc des érables pour en faire du sirop et la feuille de cet arbre a fini, elle aussi, par coller au drapeau. La région est vaste, peu peuplée, sauvage au possible et pourtant, la perfection n'étant pas de ce monde, Georgette Pérec est bien en peine.
A l'inverse du sieur Juvet – rien à voir avec Louis ! -, elle se demande : « Où sont les mecs ? ». Ces pleutres se calfeutrent : ils s'avèrent incapables de remédier à l'état de siège. Il est impossible en effet de sortir de Silène de Mont-Louis, leur village, car un monstre sanguinaire terrorise les passants sur la route menant à la bourgade. Il ne réclame ni brebis ni fille de roi, il dévore tout le monde, ce gros insecte rançonneur, les entrants comme les sortants.
- A grand mal, grand remède ! Prenons notre destin en mains nous-mêmes, les filles ! a déclaré Georgette Pérec. Le moment de mettre fin à la vie de ce tourmenteur sur pattes est arrivé !
L'aimable Canadienne enfile sa canadienne et prend sa canadienne car il lui faudra bien plus d'un jour de route pour atteindre l'ennemi.
- Tu vas camper au bord du lac ? lui demande son amie Madeleine Basdelaine. Caaalice ! J'irais bien avec toi mais j'suis ben trop molle du genou ces temps-ci !
- Crisse de Tabarnac ! Je m'en vas l'assassiner, ce dragon ! J'ai entendu une jolie tune d'un nommé Daniel Lejeune dans mes écouteurs. Ca dit ceci : « Je sais une ville au nord de l'Ontario. J'ai là des souvenirs de jours paisibles et bienfaisants. Si jamais j'ai besoin de me ressourcer, je retourne vers elle de manière à renaître. » Moi aussi, Madeleine, je rêve de voir cette ville et des tas d'autres endroits du monde où l'on s'amuse sûrement beaucoup et pour cela, ben, il faut nous débarrasser de c'tenflure de maringouin géant !
- Je t'admire Georgette, mais comment vas-tu faire pour venir à bout de c't affaire ?
- Je vais d'abord affûter mes outils et je l'amadouerai en lui balançant l'air du gars Daniel. Il m'écoutera et pis au moment où lui aussi se sentira « désemparé et sans aide » je lui collerai un grand coup d'ma cognée en gueulant « Timber » ! D'ordinaire j'sus contre la violence mais là, t'avoueras, elle est nécessaire. Comme le maudit gouvernement ne veut pas s'emparer du problème, c'est à nous de le régler, non ?
Ainsi fit-elle. Elle se mit en route et parvint face au monstre dans le milieu du troisième jour de son périple. Le gros diptère était au milieu du sentier en train de se taper une broue avec une paille.
Georgette posa sa guitoune, entama sa tune, la bête l'écouta puis, comme un ouragan, la routarde lui monta au pif et, vengeresse, lui planta le fer dans l'antepronotum, lui coupa la somite et la culicida du Gregor Samsa du démon clamsa ! Un coup d'aiguille et le dommage était causé, la cause gagnée et morta la vaca !
***
Depuis ce jour, grâce à la courageuse Georgette Pérec, les maringouins de cette partie du Canada où l'on parle encore le français ont tous rapetissé, ne voulant pas connaître le sort réservé au clone de la bestiole pragoise par notre personnage de maîtresse-femme. Ils sont maintenant tout petits et, pour tout dire, inoffensifs. De plus on trouve auprès de tout bon dépanneur de l'endroit de la crème efficace et des voiles de tulle à se mettre par-dessus la tête pour se protéger des bibittes.
En souvenir de Georgette Pérec, de sa force d'âme, de son regard bleu vosgien et de sa victoire sur le maringouin géant, les générations suivantes ont inventé la journée internationale de la femme. Le 8 mars de tous les ans, on a désormais pour coutume là-bas d'offrir à sa porteuse de brassière d'amour, à sa blonde ou à son agace-pissette préférée une brassée de mignonnes fleurs bleues dont j'ai oublié le nom. Je sais, je n'aurais pas dû. Ce sont peut-être des « Forget-me-not » ? Ca justifierait mon trou de mémoire !
Cette jolie légende aurait pu bien se terminer mais c'était sans compter sur Groscouillu Joliesgosses, le dieu des coupeurs de bois du Canada et des porteurs de pourpoints en tissu écossais et bonnets de castor. Pour se venger de l'outrecuidance féministe de Georgette et de ses pareilles, pour réparer l'outrage du ravalement de la gent masculine de la région au rang de lopettes indéfendables, Groscouillu Joliesgosses dota les auteures interprètes féminines de ces coins-là d'un organe vocal à faire trembler les épicéas. Cadeau empoisonné ! Du coup on ne comprend même plus, tant elles gueulent, les paroles de leurs bluettes ! Depuis-ce jour, moi-même, je préfère le maringouin de Silène au baragouin de Céline. Comme je dis à mon épouse dans notre vieille automobile : "C'est Dion, tourne le bouton ".
Pour se souvenir davantage encore de Georgette Pérec, « je me souviens » est devenu la devise de cette partie du monde et Mme Marie Travers, dite la Bolduc, a composé et interprété une gaudriole intitulée « Les maringouins ». Si ça vous dit de la turluter avec moi et d'entendre mon ruine-babines à fausses notes, c'est ici !
P.S. Les lecteurs assidus et les lectrices perspicaces auront deviné qu'il s'agissait ici de « 99 dragons : exercices de style. IX, Lipogramme ». Ce texte a en effet été écrit sans utiliser les lettres H,K,Q,W,X,Y et Z. Quoi de neuf ? Pérec !
P.S. La photo de Georgette et Madeleine a été fournie par Joye qui est un peu leur voisine !
Ici, tout comme chez nos amis américains, les campagnes électorales mobilisent les attentions de chacun. Campagnes éclipsées, non sans répercussions, par deux tragédies, Toulouse chez nous et Trayvon Martin outre-Atlantique. Ces courses à la Présidence et ces deux « faits divers » étant suffisamment relayés par tous les média, je ne m’étendrai pas.
De l’actualité je retiens deux événements qui sont passés presque inaperçus.
Le premier concerne le Salon de l’Industrie, qui comme tous les ans à cette époque, se tient au Parc des Expositions de Paris Nord Villepinte. Contrairement au Salon de l’Agriculture, haut-lieu médiatique s'il en est, aucun des candidats à la présidentielle n’a daigné s’y rendre. Aucun candidat et aucun politique non plus !
J’exagère un peu en disant cela, puisque le ministre de l’Industrie y a certes fait son apparition et fréquenté quelques allées. Ce que je trouve désolant c’est qu’il a passé le plus clair de son temps sur le stand d’un grand constructeur de machines-outils japonais, ignorant du même coup ses concurrents nationaux. Désolant !
France ! Ton industrie et tes emplois foutent le camp ! Et, à droite, comme à gauche, tout le monde s’en fout !!!
Ce jeudi 29 mars, avait lieu au Sénat, sous les ors de la République, la cérémonie de remise des prix aux meilleurs apprentis de France. La médaille d’or de la catégorie « pressing » a été attribuée à une jeune Roumaine de 18 ans, Cristina Dimitru.
Cristina est une sans-papiers. Arrivée à Nantes en 2005 avec sa famille Rom, elle a longtemps vécu dans une caravane, sans eau, ni électricité. Bien que travaillant régulièrement dans des entreprises de maraîchage, ses parents ont vu échouer toutes leurs demandes de régularisation. Ses conditions de vie étant très dures, Cristina a tout misé sur l'école, au lycée professionnel Léonard de Vinci de Nantes, où elle a obtenu, en juin 2011, son CAP. Lycée qui l’a ensuite présentée au concours des meilleurs apprentis de France : « C’était très dur au début, j’ai travaillé deux fois plus que les autres »
Elle peut être fière du travail accompli puisqu’elle est maintenant Meilleure apprentie de France.
Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, Cristina a appris hier jeudi que la préfecture de Loire-Atlantique allait lui remettre un titre de séjour lui permettant de résider et travailler en France. « Je suis vraiment contente ! Mon avenir va être un peu plus rose », se réjouit-elle.
Réconfortant ! Mais tant reste encore à faire, ne perdons pas espoir.
Quoi d'autre ? Rien de spécial ! La routine quoi !
la poésie et la peinture m'accaparent les oiseaux et le soleil m'accompagnent. je vais au gré des chemins à la campagne la lumière dans les yeux pour compagne.
- Des fils de laine qui s'entrecroisent… et vous branchez le truc sur l'éolienne. Vous voyez m'sieur, c'est rudement économique comme procédé ! Et le mouton est beau comme ça !
Le gars s'en va chevauchant son mulet, le bout de pain que je lui ai confectionné en guise de pourboire.
Je pense à ce mot "pourboire", c'est quand même une incitation à devenir alcoolique. Je n'aurais pas du lui en donner un, j'aurais du lui filer un bakchich (non ! pas de ça chez moi), une aumône (ça lui aurait fait de la peine, non !), une largesse (ambigu comme terme), une gratification… oui c'est ça j'aurais du lui donner une gratification, ça aurait montré ma grande satisfaction pour ce travail réalisé, ça aurait valorisé l'intervention…
Du coup, je ferme la porte et je commence à pédaler sur la génératrice à mescluns… Une de mes inventions pour réchauffer le café le matin.
Dans l’invraisemblance profusion de fils qui relient les hommes au monde
Il en est un que je tiendrai secret.
Car il est fait de chair et en son cœur, si dense et si secret se tresse de robe en robe la lumière du jour.
Cela fait bien longtemps qu’il se hâte et se démultiplie dans de grandes vasques de l’oubli.
Ce fil dis je est comme une tache rose qui croît étonnamment comme un liserée et qui s’épanouit gracile balayé par le moindre vent d’avril.
Ce fil cet écheveau de laine vient sans doute d’un ailleurs quand il se prend pour le soleil levant.
Alors dans le grand enchevêtrement des fils qui tissent l’univers, un océan vert pâle ploie et ondoie pour s’effacer sous la voute du ciel.
On croit à un mirage, mais une autre vague impalpable disparait comme un rayon vert.
Je me lancerai bien un défi et prépare déjà mon coup en douce.
Suspendue à une gouttière, j’ai capturé hier soir une adolescente en équilibre sur un fil d’argent.
Embarrassé de sa beauté soudaine et pour qu’elle ne se brise pas au contact du réel
J’ai déployé une passerelle pour qu’elle ne s’éloigne de la courbure du temps.
Son bonheur je le sais est d’être regardée, mais je craignais qu’elle ne s’abandonne à de drôles d’idées.
Elle pleurait dans la transparence du jour. J’ai mis un peu de glu et une gangue caoutchouteuse de fils pour matelasser son gout pour la jungle sombre remplie d’étranges lianes.