Ont sorti leur livre du sommeil
Fairywen ; Marco Québec ; Vegas sur sarthe ; Laura ;
Walrus ; Lorraine ; joye ; bongopinot ; Rêves de
plume ; Clémence ; Alain André ; EnlumériA ;
Dans un petit carton blanc (Laura)
Va donc éh garé ! (Walrus)
- Chérie, t'as pas vu mon Vargas ?
- Lequel ? (à question idiote, réponse idiote, je les possède tous)
- Le petit !
- Ah, y en a un petit ?
- Ouais, y en a un petit, mais c'est bon, je vais continuer à le chercher...
Faut dire que chez moi, retrouver un livre, c'est pas de la tarte ! Et l'inquiétude augmente en proportion inverse de l'épaisseur de l'opuscule. Et celui que je cherchais n'était pas bien épais, vous voyez l'angoisse.
Sans vouloir faire le mauvais esprit, s'il y a bien un adage qui s'applique au livre, c'est celui qu'on utilise en général pour les amours déçus : "Un de perdu, dix de retrouvés". Même qu'à force de contempler ces anciens amis dont on avait oublié jusqu'à l'existence, on en vient vite à oublier celui qu'on cherchait. Mais ça n'empêche pas de continuer.
Vous angoissez pas, j'ai fini par le retrouver. Je l'avais glissé sous l'avant de l'imprimante, ce qui évite qu'elle crache dans l'enthousiasme du travail accompli ses documents sur le sol.
Et pourquoi donc cherchais-je ce livre enfin retrouvé me demanderez-vous ?
Parce que Fred Vargas est une chercheuse (en archéologie de surcroît) et que je savais pouvoir compter sur elle lorsqu'il s'agit d'évoquer le désespoir de la perte et le bonheur des retrouvailles.
Un petit extrait ?
"Critique de l'anxiété pure", ça s'appelle.
Participation de Rêves de plume
La semoule qu'elle avait cherchée en Picardie, se retrouvait dans la maison du Pont.
Même le courrier, de réexpédition en arrêt, semblait se balader sans cesse, désertant la boîte aux lettres.
A chaque arrivée, un ménage à fond s'imposait.
Et là, entre le gros livre rouge, prix scolaire d'une autre époque, " Le roi des montagnes" et le missel débordant d'images pieuses de Grand'mère, il l'attendait.
Sous la couverture cartonnée, craquelées, élimée ( non par le temps , mais par une manipulation répétée ), quelques pages cornées témoignaient d'une jeunesse irrespectueuse.
Puis étaient venues les caresses du doigt tournant délicatement la page, une lente lecture pour profiter du parfum des mots.
Premier livre lu de bout en bout, sans zapper les longues descriptions.
Premier livre où tout fut perçu comme essentiel, où tous les sens bousculés, chahutés prirent leur part.
L'histoire s'était reposée, prête à reprendre son envol, pages de velours, froissements de soie..
"Au bonheur des dames "...
Merci Monsieur Zola !
A quoi bon? (Clémence)
C'était un petit village tout endormi au coeur des Ardennes. Prêt à tomber dans l'oubli. Le glas sonnait plus souvent que le carillon. Et pourtant, un événement allait le sortir de sa torpeur. Le projet d'un amoureux fou de livres.
Le village se réveilla et s'ébroua. Les habitants ouvrirent les portes des granges et des appentis.
Les livres entrèrent dans la danse par milliers, surgissant des cartons et s'étalant sur d'antiques étagères et des tréteaux.
Je me rendis au village et partis à la conquête des librairies. Je fus vite prise d'un étrange tournis littéraire. Tous les genres étaient mêlés ! Je tentai une dernière visite. Quelques panneaux de carton incitaient le visiteur à serpenter d'une pièce à l'autre. J'obtempérai puis regagnai la sortie. Sur le comptoir bancal, un livre attira mon regard.
Couverture beige, titre en lettres rouges, un prix dérisoire sur la première page. Je sortis mon porte-monnaie et fourrai le livre dans mon sac.
Le soir même, je commençai la lecture . Je savourais, je me régalais, je dévorais. A l'instar du héros, parvenu à l'avant dernière ligne, je murmurai : « A quoi bon ? »
Je pris mon crayon et écrivis rapidement sur la première page: « Je le veux au féminin ». Je ponctuai de trois traits horizontaux, sans réplique.
Trois mois plus tard, j'entrai dans la vie active. Une quinzaine d'années de fonctionnariat en province. Et puis, par le plus grand des hasards, je fus prise dans le tourbillon des missions à l'étranger auquel s'ajoutèrent de grands chambardements sentimentaux.
Ce mode de vie m'amena à réduire mon bagage, à ne garder que l'essentiel. Essentiel dont faisait partie ce livre. Il m'accompagna et réalisa l'exploit d'un tour du monde.
Jusqu'au jour où, ayant atteint le seuil de ma retraite, je l'abandonnai lâchement.
Le temps était venu pour moi de faire ce que je voulais, comme je le voulais, si je le voulais. Je me posai dans le Midi et fis quelques brocantes pour meubler sobrement le vieux mas.
Le jardin devint une passion dévorante.
Jusqu'au jour où je répondis à l'invitation d'une ancienne connaissance. Une semaine à Porto.
Mon ultime promenade passa par la Rua das Carmelitas où la Livrario Lello ouvrait ses portes et offrait ses splendeurs et curiosités.
Poussé par la mienne, j'y entrai et pris plaisir à muser dans les allées, à me faufiler d'une salle à l'autre, à plonger dans l'atmosphère du haut de l'escalier majestueux. Dans une encoignure, une table minuscule. En équilibre instable, au sommet d'une tour de livres il attira mon attention. Je m'en saisis : couverture beige, écornée, traversée d'un titre en lettre rouges.
Je l'ouvris et lus sur la première page : « Je le veux au féminin »
Une autre main compléta, d'une écriture hachée : « Une folie »
Clémence.
L'Homme pressé – Paul MORAND – Gallimard 38° édition - 1941.
LE MANUSCRIT PERDU (EnlumériA)
Ce dimanche là, alors que je déambulais aux puces de Saint-Ouen, quelle ne fut pas ma surprise de reconnaitre Lord au détour d’une ruelle encombrée d’antiquités douteuses et de curiosités venues tout droits des trente glorieuses, formica et meubles styles design. Cet affreux ne m’avait pas informé qu’il était à Paris.
Il se tenait à l’entrée d’une échoppe sombre et lugubre et semblait fort intrigué et fort occupé à regarder quelque chose qui semblait lui susciter un vif intérêt. Un gros homme solidement charpenté et à la moustache touffue s’approcha de lui. Le personnage semblait tout droit sorti d’un livre de Lewis Carroll.
Camouflé par la foule dominicale, je m’approchais également. Bientôt, je ne fus plus qu’à quelques mètres. Malgré le brouhaha et les lointains bruits de la circulation, je parvenais à entendre ce que disait le morse à forme humaine.
— N’insistez pas, monsieur. Je vous le dis et je vous le répète, ces broches ne sont pas à vendre.
Lord poussa un profond soupir. Était-ce du dépit ou de l’exaspération ?
Piqué par la curiosité, je fis quelques pas et lui tapai sur l’épaule. Il se retourna et grommela un « ah ! Quand même ! » de mauvais aloi.
Voyant ma surprise, il m’expliqua qu’il m’avait repéré depuis au moins cinq minutes en précisant que j’étais aussi discret qu’un chien fou à la queue casserolée dans une cathédrale.
— Qu’est-ce que tu cherches, exactement ? demandai-je. T’aurais pu me dire que t’étais à Paris.
Le mafflu s’était éclipsé aussi discrètement qu’une ballerine.
Lord me pris par le bras et m’entraina dans son sillage. Il était subitement question d’aller boire un verre. Il avisa un bar d’où s’échapper un swing électro-manouche déjanté. Il dénicha deux places au fond de la salle, juste à côté des trois musiciens. Il commanda deux bières, il fallait beugler pour s’entendre.
— As-tu entendu parler de la Pavane pour une Infante défunte de…
— Ravel.
— Je te parle du roman de Milos Rothman.
Je haussai les épaules, décontenancé. De quel roman parlait-il ? Je connaissais le morceau de Ravel, à part ça, je ne voyais pas.
— La Pavane pour une Infante Défunte* est un roman publié à compte d’auteur à la fin des années 70. L’auteur est mort fou à lier après avoir fichu le feu à sa maison. L’imprimeur s’est suicidé. Le libraire qui avait accepté de prendre le livre en dépôt a tué toute sa famille. Quand à ceux, assez rares, Dieu merci, qui ont lu le bouquin et survécu, ils ont développé une phobie des araignées proche de la panique. Voire du burn-out.
— Et alors ? dis-je après avoir sifflé la moitié de mon verre. Il faisait une chaleur à crever dans ce bouge. Le coup de l’œuvre maudite, c’est un peu éculé, non. Quel rapport avec l’éléphant de mer qui vend sa quincaille. Il a le bouquin ?
— Non, mais il a les broches.
— Je ne comprends rien à ton sabir. Tu cherches un bouquin ou des bijoux ? Ah ! oui. Tu veux t’agrafer un bouquin sur la chemise pour faire style je sais lire.
Je ne pus retenir un ricanement.
— Arrête, s’il te plaît, de te foutre de moi. Je parle sérieux, là. Le bouquin, comme tu dis, n’a jamais été réédité. Pire, il a carrément disparu de la circulation. Dans certains milieux, on raconte que le manuscrit se trouve encore quelque part ; qu’il n’a pas brûlé dans l’incendie. Mais pour ça, il faut d’abord retrouver les broches. C’est sérieux je te dis.
— Sérieux ? Toi ? Mais, t’es le mec le plus déjanté qui ait jamais vécu depuis l’inventeur du moulinet à rondelles. Qu’est-ce que tu veux en faire de ces broches ? Tu collectionnes les bijoux maintenant ?
Lord se gratta un sourcil avec un je-ne-sais-quoi de lassitude. Une sorte de mutisme venait de le frapper. Son regard scrutait quelque chose d’indécelable au commun des mortels. Au bout de quelques secondes interminables, il rompit son silence en commandant une seconde tournée. Le groupe attaquait une chanson de Caravan Palace. Le rire cristallin d’une femme éclata derrière moi. La vie continuait.
— Pour ce que j’en sais, dit enfin Lord, les trois broches renferme chacune un code, ou un message, je ne sais pas trop, permettant de retrouver le manuscrit original.
La serveuse déposa les deux bocks sur la table en m’adressant le plus charmant sourire qu’il m’ait été donné de voir. Mais l’heure n’était pas à faire du zérossisme**. Je me promis de revenir plus tard. Seul.
— Mouais. En attendant Big Moustache veut pas vendre. Il semble avoir été explicite. Peut-être qu’il en sait plus qu’il veut en avoir l’air.
— S’il en savait quoi que ce soit, il ne les exposerait pas dans une vitrine au fond de son boui-boui.
Lord me fixait avec ce regard inquiétant que je n’aimais pas. Un regard qui annonçait assez souvent quelque soudaine catastrophe ou lubie déraisonnable. Au bout de tant d’années, je connaissais le bonhomme. Il se leva, posa un billet sur la table et m’invita à le suivre en m’expliquant d’une voix blanche que tout à un prix. Même un brocanteur. Surtout un brocanteur.
Le morse nous lança un regard mauvais derrière ses petites lunettes. Tapi derrière une sorte de comptoir encombré de revues poussiéreuses, il tapotait sur une tablette. Un anachronisme dans cet univers d’antiquailles et de scories temporelles. Ça sentait le moisi et le tabac froid. Dans la pénombre, derrière le brocanteur, je vis l’objet du litige. Une petite vitrine accrochée au mur entre deux croûtes néo-impressionnistes. À l’intérieur, il y avait trois araignées finement ouvragées. Or, argent et vermeil. Du travail d’orfèvre. Les fameuses broches.
Lord recommença son palabre. L’autre ne bronchait pas, mais je voyais à sa lippe que mon ami commençait sérieusement à l’importuner. Lord énonçait des chiffres. Plus le morse se fermait, plus le chiffre augmentait. Je pris Lord par l’épaule et l’intimai de lâcher l’affaire. Le mafflu ne voulait rien entendre. À quoi bon user sa salive. C’est à ce moment que Lord sortit son arme. Une liasse de billets de 200 euros roulée avec un élastique. Comme dans les films. Une liasse moitié aussi grosse qu’un rouleau de papier toilette. Il la posa sous le nez du type. Stupéfaction. Son mégot lui tomba sur le paletot. Il jeta sa tablette sur les revues et s’empara du rouleau.
— Je connais le truc, marmonna-t-il. Un ou deux billets enroulés sur des morceaux papiers journal. On ne me la fait pas à moi, garçon.
— Comptez ! ordonna Lord.
L’instant d’après, nous sortions de la boutique. Lord tenait son trophée fermement serré dans ses bras croisés, bien emballé et scotché dans un sac en plastique.
Je n’eus des nouvelles de Lord que trois semaines plus tard. Il était de retour à Londres. Il téléphona sur le coup de deux heures du matin. Il tenait des propos incohérents. J’eus toutes les peines du monde à le calmer. Il se tut enfin et je n’entendais plus que sa respiration oppressée. Je m’impatientais.
— Eh ! Lord ! T’as vu l’heure ? Le décalage horaire entre Londres et Paris sans doute ? Tu me la copieras. Bon, alors ?
— J’ai retrouvé le manuscrit.
Sa voix tremblait.
— C’est super ! Et alors ? Ça raconte quoi ?
— C’est terrifiant. Il faut que tu viennes dès demain. Je ne supporterai pas de rester seul une nuit de plus. Demain. Je t’en supplie.
Sa phrase se termina dans un sanglot. C’est à ce moment là que la vie de Lord partit en vrille.
* Pavane pour une infante défunte
** Draguer en demandant le 06 de quelqu’un.
Participation de Fairywen
Le temps de la renaissance
Si j’avais été autre chose qu’un livre, on aurait pu dire que ce jour-là je m’éveillais en sursaut, mais n’étant qu’un livre, je ne peux que dire que, sans savoir pourquoi, je sus que ce jour-là serait différent des autres. Comme un frémissement dans l’air, ou plutôt sous terre, puisque j’étais toujours enterré et protégé par le charme de la dernière magicienne à m’avoir tenu entre ses mains. Le sortilège s’était subtilement modifié autour de moi et je le sentais appeler. Appeler qui, ça, par contre, je n’en avais pas la moindre idée...
Là-haut, en surface, un jeune couple explorait la demeure qu’il venait d’acheter. Une demeure ancienne, avec bien des réparations à faire, mais qui les avait conquis dès le premier regard. Ils avaient déjà exploré le rez-de-chaussée et l’étage, constatant que, moyennant un peu de camping, la maison était habitable de suite, et définissant un ordre dans les travaux. Ils admirèrent longuement la spacieuse chambre de maître, s’extasièrent devant la cuisine et son immense cheminée, puis, comme attirés par un aimant, descendirent dans la cave fraîche. Ils ne parlaient plus. Sans s’en rendre compte, ils avançaient tous les deux dans la même direction, sans prêter attention à ce qu’ils voyaient, vers la plus profonde des caves. Sans un mot, ils se mirent à creuser. Ni l’un ni l’autre ne se rappelaient avoir pris une pelle, et pourtant, tour à tour, ils enfonçaient leur outil dans le sol étrangement meuble. Le charme de la magicienne glissait autour d’eux, complice et protecteur.
Non, je ne rêvais pas, c’était bien des coups de pelle qui retentissaient au-dessus de moi. Par réflexe, je me concentrais sur le sortilège de protection, et je m’aperçus qu’il se modifiait peu à peu. Dans un premier temps, il s’attacha à rendre la terre plus facile à creuser, puis il me protégea du coup de pelle qui faillit me couper en deux. Enfin, pour la première fois depuis des siècles, j’entendis des voix humaines, et des mains me saisirent pour me sortir de ma cache de terre.
— Ça alors ! s’exclama une voix masculine, un livre ?!
— Mais comment peut-il être en aussi bon état alors qu’il était dans la terre ?
— Il a l’air très ancien...
— Il est très beau... On le remonte pour mieux le voir ?
— Dis, tu n’as pas une drôle d’impression ?
— Comment ça ?
— Comme si on n’était pas seul ici.
— Si... Mais c’est une présence rassurante, complice.
— Comme si on nous disait merci ?
— Oui, comme si on nous disait merci... Merci de l’avoir trouvé.
— Nous en prendrons bien soin, c’est promis.
Ni l’un ni l’autre ne semblaient trouver la situation étrange, comme s’ils trouvaient tous les jours des livres anciens parfaitement préservés enterrés dans une cave. En tout cas je me sentais bien avec eux. Ils dégageaient la même aura que ceux qui m’avaient confié leurs secrets au cours des temps.
Nos ennemis avaient échoué. La lignée de ceux qui savaient avait survécu, et aujourd’hui, j’étais à nouveau entre leurs mains.
Ils s’installèrent dans la chambre, côte à côte sur le vieux lit à baldaquin et commencèrent à me feuilleter. Le fait de n’avoir aucune difficulté pour lire ce qui était écrit sur mes pages ne les surprit pas, trop occupés qu’ils étaient à s’extasier sur ce qu’ils découvraient. Les heures passaient sans qu’ils s’en aperçoivent. Ils ne remarquèrent pas non plus que la magie dissimulée dans les pages, les ayant reconnus comme dignes héritiers de ceux qui les avaient noircies au fil du temps, les imprégnait peu à peu et leur rendait ce savoir perdu depuis si longtemps.
Lorsqu’ils atteignirent la dernière page, bien longtemps après la tombée de la nuit, ce fut comme si le fantôme de la jeune fille qui avait sacrifié sa vie pour moi sortait des pages pour leur parler directement et leur expliquer que maintenant, c’était à eux de prendre la suite et de continuer l’œuvre pour laquelle j’avais été créé.
— Tant de savoirs..., soupira-t-elle en caressant tendrement ma couverture.
— Oui, approuva-t-il, des potions, des sortilèges... C’est fascinant...
— Comment allons-nous faire ? Je veux dire... Pour continuer le livre.
— Nous trouverons. Il nous aidera.
Oui, j’allais les aider, et bientôt, d’autres les rejoindraient, et recommenceraient à écrire sur mes pages encore vierges, et à nouveau les connaissances s’accumuleraient, pour le plus grand bien de qui en auraient besoin.
Le temps de la renaissance était arrivé...
Le début de l'histoire est ici
La source retrouvée (Vegas sur sarthe)
Très tôt j'ai pris le chemin de la lecture... oh pas pour de grands voyages d'explorateurs, juste des sauts de puce dans le monde merveilleux des contes, à courir derrière un lapin farceur ou quelque poucet facétieux.
Et puis j'ai découvert Marcel... pas Dassault mais Pagnol.
Pour moi qui ne quittais la banlieue parisienne que pour nos vignes bourguignonnes à l'occasion des grandes vacances, je découvrais soudain qu'Aubagne n'est pas un pénitencier - bien au contraire - et qu'en dessous de mes chères Côtes de Nuit existait une terre promise, un paradis peuplé de cigales “aux rumeurs cuivrées”, planté d'éclatants genêts et de lavandes aux parfums capiteux.
A haute voix je me délectais de tous ces noms aussi étranges que garrigue, bastide ou bartavelle en m'efforçant d'imiter cet accent chantant qu'auraient eu les petits santons de notre crèche familiale s'ils avaient su parler.
Je tentais de poser - heureusement sans succès - ces pièges à oiseaux qui n'avaient aucun secret pour Lili des Bellons.
Je retrouvais en Augustine - timide couturière brune et rougissante - cette mère douce et fragile qui me manque tant aujourd'hui.
Si les interminables joutes politiques de Joseph et de l'oncle Jules m'ennuyaient au plus haut point, je m'échappais bien vite de la Bastide Neuve aux trousses d'un Marcel auquel je ressemblais chaque jour davantage, tant par nos coiffures de plumes comanches que par notre connaissance de la règle de trois et du lac Titicaca.
Aujourd'hui quand le cafard me prend j'ouvre sans bruit ce livre de mon enfance - de peur d'en effrayer les rares biquettes qui broutent encore le Garlaban - et je plonge avec délice en ce lieu plus précieux que bien d'autres.
Je bois à sa source retrouvée...
LE LIVRE RETROUVE (Lorraine)
Il est là, serré entre mes mains, Je l’ai retrouvé, ce livre perdu , ce bonheur palpable égaré lors d’un déménagement. Certes, j’aurais pu le remplacer, aller simplement à la librairie du Midi. Mas je n’ai pas voulu.
Un livre, c’est aussi le premier émoi de la première page. Et toutes les émotions qui se pressent au fil de la lecture, se bousculent un peu, sourient, pleurent quelquefois. Des émotions attachées pour toujours à notre imaginaire, qui complète si bien les non-dits de l’auteur ; on pressent, on devine, on découvre, on aime. Neuf, le livre me semblerait une redite, une copie sur papier glacé.
Je l’ai retrouvé ! Il s’était blotti dans le dossier d’un vieux fauteuil, celui où j’aimais lire, et qui trouva sa place au grenier.
J’y suis montée tantôt et m’y suis assise. Ma main a effleuré les coussins, s’est machinalement glissée sous le dossier…
Je l’ai retrouvé. Edité en 1904 « Le Visage émerveillé » de la comtesse Anna de Noailles fait soudain rejaillir la magie. L’instant est parfait. Et je suis, faut-il le dire, moi aussi, « émerveillée ».
Le petit livre rouge par bongopinot
Tu le gardais toujours près de ton lit,
Ton petit livre à la couverture rouge
Où tu écrivais tes moments de vie
En me disant qu’un jour j’y puiserais mon courage
À l’époque je ne comprenais rien à tes mots
Et la vie passa tranquillement comme le vent
Et un jour tu disparus, tu t’envolas là-bas si haut
Me laissant là avec un vide dans mon cœur d’enfant
Puis mes joies, mes rires, mes jeux reprirent
Et les années passèrent au rythme des secondes
Et je pris gentiment mon envol pour me construire
Un travail, un mariage, des enfants mis au monde
Et un jour froid et humide de janvier
Dans un grenier poussiéreux et glacial
Des objets, des bibelots me semblant familiers
Et là, une malle, je l'ouvre, déballe tout sous la lumière pâle
Et tout à coup, je le vis enveloppé de poussière
En tremblant je le pris pour l’épousseter
C’était bien lui que j’avais vu dans les mains de grand-père
Son âme, toute sa vie, son petit livre rouge de chevet
Et là, je me suis mise à feuilleter les pages
Qu’il avait mis des années à écrire, à noircir
Une larme perla au coin de mon œil et coula sur mon visage
J’étais submergée par l'émotion et par ce que j’allais découvrir
Je l’avais retrouvé à un tournant de ma vie
Je l’ai depuis lu et j’y ai trouvé l’amour et l’espoir
Et j’y ai puisé le courage, et bien sûr j’ai énormément appris :
Sur des moments de partage d’une famille ordinaire sur...
MON HISTOIRE
RETROUVER LE LIVRE EN PAPIER (Alain André)
Il sera une fois, dans un avenir proche, incertain….
Depuis des lustres, le livre en papier a complètement disparu ! Plus de bibliothèque, plus de libraire, plus de Bernard Pivot ! Tout virtuel ! Que c’est triste !
Comme chaque jour au lever, je fais ma prière :
« Mon Dieu, faites qu’on retrouve les livres !
Les vrais, en papier !
J’ai beaucoup de mal avec tous ces E-Books !
Internet, c’est de plus en plus compliqué !
Donnez-moi s’il vous plait mon bouquin quotidien.
Et préservez-moi du mail ! »
Un livre, ça pèse en moyenne une livre, (cinq cent grammes). Mais c’est lourd dans la main comme un concentré de pensées, de savoir, ça pèse une vie et même, parfois, mille rêves, aussi ! C’est lourd, un livre, c’est dense, ça pense !
Et l’odeur, ou plutôt, le parfum ! Le parfum de l’encre, du papier, le toucher, aussi, la rugosité inégale du bois dans la feuille, le grain du vélin velouté, somptueux. Même bas de gamme, le papier est noble ! Fi donc, de ces livres et journaux informatiques, fi de ces tablettes et liseuses pleines de puces, émettant des gloups, des drings et des sifflements intempestifs, qui te donnent des crampes au pouce droit si tu les lis au lit !
Vous me direz, je pense que c’est le contenu qui est important ? Que le fond et la forme de l’écrit valent mieux que le support ? En somme, me direz –vous, « peu importe le flacon, pourvu… »
Et bien, non ! Le papier donne aux mots écrits une chaleur palpable, une dimension tactile, un rassurant contact sensuel que vous ne trouvez pas ici, par exemple !
Ce jour là, sortant de chez moi en pestant de la sorte dans mon for intérieur, je vis un attroupement, une queue humaine plutôt, devant la Fnac , une pancarte annonçait : « Présentation en avant première du nouveau livre d’Alain ANDRE » -Bah ! Me dis-je, encore un e-book de ce crétin sans talent ! Je m’approchais tout de même, vous savez comme nous sommes curieux et badauds à notre âge, n’est-ce pas? Et, la, dans le hall, sur des tables …Une pile de livres ! De bons vieux livres en papier ! Je frémis, les nasaux humides et dilatés… Je me contorsionne, me faufile, j’arrive en tête de gondole, essayant de voir l’ouvrage… Ah ! Voila le titre :
« RETROUVER LE LIVRE EN PAPIER » Alain ANDRE.
Dédicacé par l’auteur en chair et en os !
Les livres retrouvés (Marco Québec)
Retrouvé dans une librairie
Un livre qui nie
Que l’exploration pétrolière
Menace l’avenir planétaire
Cas très clair
D’aveuglement volontaire
Vu dans Internet
La réédition critique
Du livre Mon combat
Écrit par Hitler
Tout ce que je souhaite
C’est que personne n’y pique
Un quelconque mantra
Pour nourrir une guerre
Remis la main
Sur La voleuse de livres
Édition de poche
Œuvre de Zusak
Me revient en mémoire
Tout le plaisir que j’ai trouvé
Dans ce scénario
Fabuleux destin
D’une enfant qui s’accroche
En des temps plus noirs
À la puissance des mots
Et de l’amitié
Qui lui donneront la force de vivre
Dans un pays mis à sac
Cette bande dessinée
Que j’avais égarée
Vient de resurgir
Quel beau souvenir
Paul à Québec
Raconte simplement
La maladie et la mort
De son grand-parent
Histoire d’un départ
Dont on ne sort
Pas les yeux secs
Au fond d’une vieille malle
Le petit prince
De Saint-Éxupéry
Oeuvre essentielle
Sûrement immortelle
Un aviateur et un enfant
Qui deviennent amis
Et parlent de la vie
Propos pas banals
D’une profondeur intense
Défi #387
Nous ont fait part de leur rêve inaccompli
Laura ; Fairywen ; Venise ; Vegas sur sarthe ; Alain
André ; EnlumériA ; Emma ; bongopinot ; Rêves de
plume ; Marco Québec ; joye ; Walrus ; MAP ;
Participation de Laura
J’aurais voulu écrire la vie de mes aïeux
Pour qu’il reste une infime trace d’eux
Dans un siècle que je n’ai pas connu
Pour en faire peut-être d’illustres inconnus
J’aurais voulu écrire comme un hommage
Les souvenirs de mes deux grands-mères
Un hommage aux mille heureux moments
Passés sans ennui à les écouter religieusement
J’aurais voulu écrire leurs batailles et guerres
Leurs défaites, reculs, avancées et victoires
Les horribles tranchées et l’occupation
Leurs armistices signés et leurs libérations
J’aurais voulu écrire les moments historiques
Qui ont bouleversé leurs mondes et leurs époques
Leurs permanences et toutes leurs nouveautés
Leurs vies quotidiennes et leurs intimités
J’aurais voulu écrire le passé
Mais le présent m’a happé
Et aujourd’hui je n’ai plus d’avenir
A écrire, ni à vivre.
Participation de Fairywen
Rêves de vie
J’aurais aimé être
Une aventurière
Une guerrière
Une policière
Une voleuse
Une guérisseuse
Une chercheuse
Une princesse
Une prêtresse
Une déesse
Une fée
Une détective privée
Une créature enchantée
Une championne
Une espionne
Et tant d’autres aussi
De quoi remplir plusieurs vies
Alors pour remplir mon contrat,
J’ai fait ce choix :
Écrire des récits
Pour vivre toutes ces vies
Et faire partager
Avec qui veut rêver.
Mythomane (Vegas sur sarthe)
J'aurais bien voulu être espion
fallait bouffer des microfilms
J'aurais voulu être champion
sortir du lot, des anonymes
J'aurais voulu être gardien
Guantánamo c'est trop cliché
Je rêvais d'être comédien
mais pour ça il fallait coucher
Je voulais être rémouleur
les couteaux sont en céramique
j'ai voulu être footballeur
rejoindre tous ces trisomiques
j'aurais monnayé des sextapes
pécho Zahia et ses amies
mais fallait du punch et du pep
j'avais de l'hypoglycémie
J'ai voulu être pyromane
mais du feu j'ai toujours eu peur
alors j'ai choisi mythomane
je suis boni... bonimenteur
DIEU (Alain André)
Ah ! Si j’étais Dieu !
Je serais infiniment bon, infiniment sage, infiniment, heu…
Pouf, pouf !
Je serais beau, jeune, intelligent, éternel, immuable, éblouissant ! Et riche !
On ne parlerait que de Moi dans tous les ancien et nouveau testaments !
J’aimerais tous les gens, sauf Marcel Dugland, mon voisin, qui fait rien (1) qu’à me turlupiner !
(Mais non, voyons ! Turlupiner n’est pas une agréable pratique désapprouvée par l’église ! )
Il serait permis à tous de vivre libres et heureux…Surtout moi
Tout le monde aurait du travail…Et moi, un bon fauteuil !
J’aurais créé les atomes, les quarks, les gluons, et je vous regarderais pérorer, infimes larves humaines, sur ces particules composant vos protons !
Et le boson ! : De qui ? De Higgs (2) ? Mais, non…De Moi, bâtards incultes! Et tous ces neutrons, ces neutrinos, tous ces photons et électrons qui n’ont ni masse ni forme définie, toutes ces ondes qui vous rendent débiles !
Et je rigolerais de vous voir vous creuser ce qui vous sert à réfléchir, pendant que j’écouterais les sublimes accords de Mark Knopfler ! L’ultime chef d’œuvre des Pink, La guitare de mon homologue, Eric Clapton (3) . Que je me régalerais à contempler Adriana la sublime !
Enfin, Bordel de Moi ! Je supprimerais tous les mecs qui m’énervent : Georges Clooney, Clint Eastwood et Patrick Bruel qui sont trop beaux et savent tout faire…Et mon autre voisin, Paul Dugenoux qui fait rien (1) qu’à m’embêter !
Et puis, tiens, je ferais les femmes exigeantes, intransigeantes, qui ne voudraient qu’un homme beau, jeune, intelligent, éternel, immuable, éblouissant et riche :
Elles ne voudraient plus que Moi, quoi !
Moi !
Nom de Moi !
Enfin, comme vous dites : Que Moi, aie votre âme !
(1) Ne vous offusquez pas, je sais qu’il faut ajouter « ne », c’est fait exprès ! Et puis, on pardonne tout à Dieu, non ?
(2)Le boson de Higgs est surnommé « particule de Dieu » par les scientifiques.
(3)Clapton est surnommé « God » par les spécialistes.