Nous ont fait entendre leurs tubarrissements
Fairywen ; Venise ; Laura ; Marco Québec ; Vegas
sur sarthe ; Pascal ; Walrus ; Vanina ; bongopinot ;
Clémence ; joye ; Rêves de plume ; JAK ; MAP ;
Participation de Fairywen
Un éléphant, ça trompe énormément
Un éléphant
Ça trompe énormément
Dit-on
Dans un dicton.
Mais pourquoi dit-on
Qu’un éléphant
Ça trompe énormément ?
Parce que voyez-vous,
C’est vrai, mais fou…
Un éléphant,
Ça trompe énormément…
Entendez-vous la musique
Dans la p’tite boutique
De porcelaines cubiques ?
C’est l’éléphant
Qui joue d’un instrument
Car il a remplacé
Son nez
Par un saxophone à vent !
Voyez-vous ?
Entendez-vous ?
Pas du tout ?
C’est fou…
Vraiment,
Un éléphant,
Ça trompe énormément…
Participation de Venise
La jungle bourdonnait depuis deux jours. Des gosses allaient venaient , les yeux lumineux et les oreilles grandes ouvertes.
Ils grimpaient au sommet des plus grands baobabs pour accrocher des décorations insolites pendant que d’autres dans des courses frénétiques criaient : les voilà ils arrivent .
Les femmes s’activaient en riant, et les hommes habituellement distants et froids se mêlaient volontiers à cette ambiance festive .
Puis tous devinrent silencieux , bouche bée à suivre des yeux l’immense cortège des animaux .
Les éléphants d’abord avec leur trombone d’or allumant la voute céleste .C’était donc cela le fameux orchestre du rift. Les sons crépitaient hauts et clairs alors que les girafes dans leur somptueuses vestes en pie franchissaient la rivière au son de leur flute .
Le village avait glissé hors du monde emporté par le velours profond des voix des singes qui entonnaient un chant miraculeux . Nul bruit ne venait de la nuit ,sinon les grands accordéons des lionnes alanguies dans la dune .
Comment des bêtes aussi sauvages étaient elles aussi musiciennes au point d’emporter les hommes dans ce navire troublant .
Mystérieusement reliée aux secrets de l’Afrique , la faune sauvage , comme une arche musicale avançait dans le rift.
La tête lourde les rhinocéros prenaient appui sur des claviers et balançaient le haut du corps , ils réussirent à lever leur lourdes paupières pour faire un signe aux zèbres de garder le rythme .
Un jeune homme maigre aussi maigre qu’un clou criait sur la piste :les chasseurs , les chasseurs arrivent ,,,fuyez.
Derrière les hautes herbes sèches prés d’arbres faméliques une trainée de poussières annonçait la chasse des blancs .
Les animaux échangèrent un regard consternés avant que le Viel éléphant prenne une balle en plein front .
On entendit crier un blanc :« ces foutues bestioles s’évanouissent à la vitesse du vent «
Les antilopes furent les premières à riposter .Puis les zèbres , les autruches à coups de sabots attaquèrent le convoi de jeeps.
Les léopards ont fini par avoir le dessus et le dernier chasseur à genoux implorait qu’on l’épargne .
Une corne aigue comme un sabre avait traversé la peau du blanc et un long filet de sang s’écoulait de sa peau blanche .
« Alors comme ça nous bêtes sauvages sommes inutiles « demanda l’ oryx au chasseur blanc .
Vous n’avez qu’une obsession en finir avec le monde sauvage et sa musicalité .
‘On t’épargne à condition que tu intègres à vie l’orchestre du rift.’
Le blanc était un homme pratique , pas excentrique pour un sous !!il se saisit des deux disques d’or’ en forme de timbale que lui donna un buffle et depuis on peut voir et entendre l’orchestre du rift traverser l’Afrique et un homme hurlant à plein poumon la beauté de ce monde sauvage .
Un jour l’orchestre du rift eu une visite d’un imprésario.
Le temps qu’il s’approche de l’orchestre le léopard était sur lui .Déjà l’impresario courait vers la Ford mais le fauve le saisit par la gorge de toutes ses forces pendant un temps interminable.
C’est le chasseur blanc qui intervint avec ses cymbales d’or .
L’impresario épouvanté saisit le bras du chasseur , le malheureux était encore sous le choc.
« Il n’y a que la menace que vous comprenez « dit le léopard .
Nous sommes libres et nous le resterons .
Depuis dans la faune sauvages on entend la nuit le grand orchestre du rift faire trembler l’Afrique . La dernière vision que j’emporte de l’Afrique c’est cet orchestre composé de géants chantant des mélopées lancinantes, d’un point d’eau à un autre .
Ca n'existe pas (Laura)
La zoosique (Marco Québec)
Les carpes
À la harpe
Les léopards
À la guitare
Les hirondelles
Au violoncelle
Les grands hérons
Au violon
Voilà pour les cordes
Qu’elles s’accordent
Les ouaouarons
Au basson
Les rhinos
Au saxo
Les vers à soie
Au hautbois
Les chevaux
Au piccolo
Voilà pour les bois
Que s’amusent vos doigts
Les belettes
À la trompette
Les lamas
Au tuba
Les lionnes
Au trombone
Les castors
Au cor
Voilà pour les cuivres
Vous avez intérêt à suivre
Les gazelles
À la crécelle
Les araignées
Au djembé
Les cacatoès
À la grosse caisse
Les bécasses
Aux maracas
Voilà pour les percussions
Je veux votre attention
Et nous, de quoi jouerons-nous ?
Dirent les zèbres
Avez-vous une idée ?
Demanda le chef d’orchestre
Nous sommes zébrés
Tout comme le clavier
Si on jouait du piano
Ça compléterait le numéro
Ce qu’ils ont joué
Vous vous en doutez
Un carnaval des animaux
Des plus rigolos
L' Eléfantuba pour les Nuls (Vegas sur sarthe)
Si on devait décrire l'éléfantuba par son principal trait de caractère, on dirait qu'il est joueur.
L'éléfantuba est joueur, il joue du proboscis, un appendice tarabiscoté comme celui des papillons et du tapir mais en plus gros et plus long; déroulé, son proboscis mesure plus de cinq mètres. Il est long, long, commence à sa bouche pour s'arrêter au bout d'un moment.
L'éléfantuba est aussi très lourd, si lourd qu'il joue assis.
Il se déplace de concert – on dit aussi de conserve mais c'est plus alimentaire – c'est à dire d'un commun accord, en groupes d'une dizaine d'individus qui vont et viennent du baryton à la contrebasse.
Doué d'une mémoire prodigieuse, l'éléfantuba est capable de barrir par coeur et de tête la “Symphonie fantastique” de Berlioz sans respirer, dont la difficile quatrième partie nommée “Marche au supplice” en raison de la taille imposante du pachyderme.
Les facultés de mimétisme des éléfantubas sont étonnantes, particulièrement leur boléro de Ravel ou leur tutu rose dans “Eine Alpensinfonie” (Une symphonie alpestre) de Richard Strauss.
Parfois presque invisible on retrouve sa trace en Afrique dans le beurre de Karité ou en Asie dans le beurre de Karité importé d'Afrique.
Ses lignes pures et pleines inspireront plus tard le style Du Barrit, précurseur du style Louis XVI (Croix-Vé-Bâton) qui n'a rien à voir.
Si l'éléfantuba commun barrit, on dit de la race à poils longs qu'elle barète à la manière du chameau ou du rhinocéros.
L'éléfantuba adulte est herbivore alors que le novice se nourrit de canards – exclusivement de bar-barrit – avant de devenir tubiste confirmé.
L'éléfantuba produit des sons par l'avant et du biocarburant par l'arrière – cocktail de végétaux putréfiés, enzymes et micro-organismes appelé bouses – mais on s'éloigne largement du sujet.
On dit qu'autrefois l'éléfantuba jouait de la harpe mais comme lui les légendes ont la peau dure; c'est pourquoi on qualifie l'éléfantuba de dur-à-cuivre.
L'éléfantuba blanc a un physique imposant et transpire beaucoup; surnommé le maestro de l'amour son registre plutôt rhythm & blues et soul fait dire de lui qu'il barrit white.
A contrario la race allemande plus svelte possède un tuba wagnérien, le mâle est accordé en Si bémol et la femelle en Fa; on dit alors qu'ils ne sont pas sur la même longueur d'onde.
L'éléfantuba noctambule possède une sourdine de la marque Yamaha reliée à un casque géant qui couvre les deux oreilles et lui permet de barrir la nuit en toute discrétion dans le respect de l'article L.571 du code de l'environnement de la savane et de la jungle.
Le proboscis de l'éléfantuba est très recherché par le braconnier qui multiplie les stratagèmes: fosse d'orchestre, jeu du éléfantuba-y-es-tu, jeu du j'ai-du-bon-tuba-dans-ma-tubatière, etcetera.
Nota: On ne doit pas le confondre avec l'éléphant de mer ou éléfantubademer dont le tuba est en caoutchouc pour la plongée en apnée et que nous étudierons prochainement.
Vladimir le Kushman (Pascal)
« Dis, Sonia, si le crocodile vagit, l’oie criaille et la tourterelle caracoule, qu’en est-il pour le piano, la flûte et l’accordéon ?... Que font les orgues, les cornemuses, les guitares, quand elles délient leur organe à l’unisson ?... Pas un instrument n’a son cri et personne ne s’est jamais penché sur cette abyssale lacune musicale. Les bois, claviers, cordes, cuivres, percussions sont orphelins du moindre verbe de leurs démonstrations harmonieuses. Pourtant, ils ne sont pas aphones ! Ou alors, il faut utiliser des métaphores ; du coup, le violon sanglote, la clarinette murmure, le tambour gronde, le hautbois pavoise… Ils sont pleurs, tumultes, chuchotis, clameurs, protestations…
C’est drôle, on accorde aux instruments des sensations humaines et, aux animaux, des sons musicaux… Ici bas, mon Médor aboie, les fleurs parfument, les oiseaux chantent, les livres passionnent, les femmes séduisent, mais que font donc les instruments de musique ?... Si je pose la question au vieux gardien, tu crois qu’il saura m’expliquer cette incomplétude métaphysique ?... »
« Bernadette, ici, Kush le bushman, comble ce vide avec sa toile… »
« Alors, quand le tuba barrit, c’est la samba dans la savane ?... La saga africa ?... Sortez vos sarbacanes, ça va striduler !... »
« T’es bête ; un instrument de musique, ça n’émet pas de sons !... »
« Ben ça, franchement, c’est la meilleure !... »
« Je veux dire des sons de communications ou de sollicitations amoureuses !... »
« Alors, l’Emotion, l’Extraordinaire, l’Amour, l’Unisson, l’Extase, et j’en passe, ne sont pas des sentiments communicatifs et enflammés ?... »
« Qu’est-ce que tu peux être Kush quand tu t’y mets !... »
« Tous réfugiés dans la même Harmonie, c’est l’ultime Vibration symphonique qui exalte l’Imagination !... Aspirés dans l’Euphorie, c’est cet intense état transitoire qui affole les sens et fait dresser les poils sur les bras !... »
« Tu imagines un bel alto mâle, en quête d’accouplement, au coin d’une forêt propice, en train d’appeler sa femelle altière ?... Un piano à queue, en rut, dans un grand salon de valse viennoise ?... Une paire de castagnettes comac ?... »
« Attention les secousses !... »
« Tu imagines le tintamarre d’une clique en chaleur ?... Le chef d’orchestre à la braguette !… je veux dire : à la baguette... J’entends déjà la symphonie ! Viens ma Mi, allons sous ma Ut, j’ai la Clé, je te jetterai au Sol, Si, Si ! J’ai tant de Soupirs ; sans Bémol nous nous aimerons en Harmonie !...
« C’est la Pastorale !... »
« Tu parles ! Le Vladimir, il a concocté toute une fanfare tropicale pour sa femme !... »
« Elle est fan de tuba, sa miss Enleve-pata ?... »
« ???... »
« C’est son prénom !... »
« Leur famille, c’est une vraie tribu !... »
« Le Kush-Kush clan ?... »
« T’es bête… »
« Il ne manque plus que quelques dindons glouglouteurs, des oiseaux lyre, des serpents à sonnette… »
« Un rossignol anglais !... »
« Des cygnes ‘trompeteurs’ !... »
« Un hibou ‘boubouleur’… »
« J’entends déjà pleupleuter les piverts… »
« Ha, ce Vladimir, c’est un vrai Kush… man… »
Jambo Tembo ! (Clémence)
Les péripéties du voyage pour arriver à ma destination africaine furent épiques ! Retards, changements de cap, escale supplémentaire et bagages livrés quelques jours plus tard, pour faire bref.
La semaine de travail fut dense, extraordinaire et drôle à la fois ! Perturbante pour moi qui n'avais jamais posé un pied en Afrique, et encore moins en Afrique du centre est.
Les derniers jours furent plus calmes.
Samedi, mon amie et collègue (expatriée) me fit visiter la ville, en voiture.
Dimanche, nous partîmes en Range Rover vers la « ferme africaine ». J'étais à mille lieues d'imaginer que, passés les faubourgs, la savane s'étendait à perte de vue.
C'était l'hiver là-bas. La végétation était rabougrie, les pistes étaient en latérite et la terre rouge nimbait l'horizon d'un brouillard ocre. Les volutes de fumée signalaient la présence de villages.
Nous étions attendus à la ferme. Après le repas, mon amie et moi, prîmes la direction du « parc ».
Une volée de singe nous encercla dès l'arrivée. Quelques mètres plus loin, une girafe traversa élégamment le sentier. Je l'admirais. Elle me snoba.
Le chemin au mille nids de poule nous permit d'admirer d'un troupeau zèbres broutant paisiblement, des dromadaires, tout aussi paisibles, des gazelles et des gnous. Nous vîmes quelques serpents s'enrouler autour de branches hautes.
Tout au long de la promenade, s'élevaient des monticules impressionnants par leur structures. Des termitières. Au sommet de certaines, vidées de leurs occupantes, étaient posées de petites cabanes d'où la vue était infinie.
Nous nous fondions dans la nature, le silence était majestueux.
Au loin, un vol de hérons attira notre attention. Le plan d'eau n'était plus très loin. Un homme nous dépassa sur son antique vélo, un immense fagot de bois fixé en équilibre instable sur le porte-bagages.
Le site était d'une beauté époustouflante.
Près d'un minuscule ponton, il y avait une case. Pareille à toutes celles que j'avais vue le long de la piste. Carrée avec un toit de branchages. Une entrée arrondie, un tas de cendres, un fauteuil en plastique blanc et le vélo.
C'est alors que, dans le silence absolu s'élevèrent les notes cuivrées du troisième mouvement du concerto pour trompette de Haydn…
Le concert (Rêves de plume)
Le wombat rigolard évita le renard péteur et se glissa derrière le condor guindé.
La tortue, ballerine incertaine, fit un pas de deux avec la licorne, museau clair, ondulante puis hésita entre le crapaud boiteux et l'orang-outan bourré. Finalement, elle décida d'ennuyer la pie, anormalement calme.
Ne manquaient que les conviviaux lombrics qui arrivèrent avec leur patron bonobo.
Enfin, le concert pouvait commencer !
G-VA-Q (JAK)
Depuis plusieurs jours, Il était semblable à un zombi qui aurait fumé sans fin
Une migraine ophtalmique accentuait le tableau en jetant des dessins, aberrations folliformes, indescriptibles comme des éclairs nés dans son cerveau embrumé.
Il était la anéanti, terrassé, à la merci des flamands roses qui avec leurs becs venaient pomper son sang pour en tester la spécificité.
Un mastodonte à voix de trombone donnait des ordres à deux jeunes sous-fifres trompes en action, les enjoignant de l'empêcher de repartir dans ses hallucinations
A l'affût, sa mère peut-être, gardienne vigilante, psalmodiait des chants gospels, accompagnés de sa lyre pour apaiser sa souffrance
Elle était là, en alerte maximum, aux aguets et on comprenait qu’elle désirait de tout son être le tirer de cette mauvaise passe.
Et la vie était là en suspension, comme ces herbes folles qui essayaient, au hasard, avec leurs tentacules adventives en forme de cornet, d'inhaler tous les éléments bénéfiques nécessaires à sa renaissance.
Et le miracle s'accomplit, le ciel se déchira, les flamands s'envolèrent, la vie, si belle, la vie revint.
Un rêve prometteur par bongopinot
Un cygne avance sur l’eau
Au doux son d’une harpe
Joué par une antilope
Pour un concert tôt
Arrivent les éléphants
Leurs trompes en baryton
Sous un vent de piston
Sortent des notes diamants
Le ciel s’étire, s’éclaircit
Et les fleurs font danser
Leurs cors d’harmonie
Sous un matin d’été
Sur leurs pattes fragiles
De petits oiseaux noirs
Attablés au comptoir
Écoutent, sages et dociles
Un tableau enchanteur
Des animaux musiciens
Nous ouvrent le chemin
D’un rêve prometteur
L'orchestre de la savane (Vanina)
J'habite une ville aux immeubles-baobabs. Dans mon petit appartement, malgré les grésillements de mon vieux 33T, je suis plongée en plein orchestre savanique. La girafe-piano fait son entrée dans un pianissimo des plus doux. Lors d'un crescendo, le lion-symbale émet une note puissante qui résonne longtemps. Peu après le silence, le zèbre-xylophone égraine ses notes cristallines. Il est accompagné dans l'harmonie par l'antilope-lyre dont les cordes vibrent délicatement. Puis, les éléphants-trompettes sonnent en cœur dans la force de leurs cuivres.
Dans ma tête, il y a alors comme une confusion, ce safari devient chasse à courre. J'attrape ma trompe de chasse et souffle à plein poumon.
Tout à coup, les tambours battent. Je tends l'oreille, le roulement est à contretemps : c'est insupportable !
Je sors de ma rêverie musicale, le voisin n'en peut plus de mes couacs éléphantesques et tape comme un sourd sur le mur mitoyen me suppliant d'arrêter mes barrissements...
Ce n'est pas demain que je serai sonneur à la messe de Saint-Hubert.
SUPER ( MAP)
Défi #391
Laissez-vous inspirer
par ce tableau du peintre surréaliste
Vladimir KUSH
Nous attendons
vos trouvailles ani-musicales
A tout bientôt !
Ont ouvert leur porte au sable
Fairywen ; Walrus ; Emma ; Vegas sur sarthe ; Marco
Québec ; Laura ; Clémence ; petitmoulin ; Pascal ;
Électre ; Rêves de plume ; Vanina ; MAP ; Alain
André ; bongopinot ; joye ;
E finita la comedia, on a marché sur la terre… (Emma)
Il est là, collé sur le mur comme un vieux chewing gum, à grésiller doucement dans le grand silence de sable.
Solitude.
C’est sa première mission, à 11001001111 (Bip bip pour les intimes).
Sur les rayons de téléportation, des myriades d’entités pionnières se sont élancées à l’assaut de la terre, toutes frétillantes, comme les vaillants spermatozoïdes s’élançaient à l’assaut de l’ovocyte.
Le grand programme a défini clairement l’objet de la mission : trouver pourquoi, depuis des années-lumière, la terre n’émet plus le moindre signal, le moindre rayonnement, hormis refléter le soleil dans un halo laiteux.
Ils ont atterri un peu brutalement, ce qui explique que Bip bip est aplati sur le mur au-dessus du sable. C’est assez joli ces croupes de sable, cela lui rappelle le pays, à ceci près qu’il n’y a pas de vibrations, et pas de voies lumineuses.
Les autres entités n’arrêtent pas de télépather des infos. Partout sur la planète règne un merveilleux silence, rompu seulement par le bruit de maisons qui s’écroulent du haut des falaises, ou sur elles-mêmes ; dans la pénombre, des fleuves roulent des boues jaunes entre des troncs d’arbres blancs qui s’effritent parfois en poussière argentée.
D’ où il est, Bip bip ne voit que des murs et du sable, une fenêtre ouverte sur du sable encore. Sous le plafond pourtant, une haute étagère porte des objets étranges : des disques plats, un peu brillants, de couleur blanche avec un liseré bleu, et d’autres légèrement plus petits et un peu creux, sont posés debout derrière une petite rampe torsadée ; il y a aussi des cylindres transparents couverts de poussière.
Bip bip ne s’attarde pas, lui et ses collègues ne sont pas programmés pour appréhender le sens des objets matériels. Par contre ils peuvent parfaitement s’imprégner et restituer au grand programme tout ce qui touche à l’esprit et ses manifestations, reconnaître et traduire chiffres et symboles… Ailleurs sur la terre les entités s’affairent à absorber la mémoire des anciens terriens, ces êtres en forme de cubes et parallélépipèdes de plastique gris qui gisent sur des tables dans tous les bâtiments encore debout.
Rien de tel ici, mais l’attention de Bip bip est attirée par un objet plat et rectangulaire posé à côté des disques, un cahier sur lequel court une fine écriture :
Toi qui lis ces lignes, sois béni, car cela veut dire que des humains auront survécu. Le dernier message de la radio disait que les Saoudiens ont des abris antiatomiques où les réserves d’oxygène permettraient à quelques familles dirigeantes de survivre des années. Peut-être es-tu un prince saoudien ?
Qui que tu sois, je te salue et te bénis.
Les pauvres ont disparu en premier, c’est normal, il en a toujours été ainsi. Et les gens des vallées et des plaines.
Pour moi, et ceux qui ont pu se procurer des bouteilles d’air comprimé, c’est une question de jours…
De temps en temps je vois sortir des rats obèses. Les rats nous survivront, ont toujours prédit les scientifiques. Ceux-là sortent parce qu’ils ont épuisé les poches d’oxygène qui doivent rester çà et là dans le sous-sol. J’aime mieux ne pas savoir pourquoi ils sont obèses.
L’air est jaune, l’eau est jaune, le manomètre de ma bouteille est en dessous de 1/10e.
Dans ces agréables conversations spirituelles que les nantis ont parfois, un verre à la main, nous posions ce genre de question gratuite : " qu’aurions- nous le plus de mal à quitter ? ". J’ai souvent dit " Proust" ou " Mozart ", pour frimer, ou " toi ", pour séduire.
Et voilà que je me rends compte que ce qui me manque le plus, c’est Baboum, mon nounours tout pelé.
Je ne sais plus qui a écrit le résumé limpide de cette histoire de bruit et de fureur : Nostradamus ? Paulo Coelho ? …
Le ressac laissa la vie sur le rivage.
L’homme vint, petites histoires et grands massacres.
Puis le silence, minéral.
Le diable en rit encore…
Le diable ? grésille Bipbip aux copains, qui diable a la traduction pour ça ?
Le Cidre (Vegas sur sarthe)
“Sous moi donc cette plage progresse,
et s'insinue partout de nos cous jusqu'aux fesses.
Nous partîmes à trois; mais grâce au trompe-l'oeil
nous nous vîmes trois mille en franchissant le seuil...”
(J'aime bien les paroles de ce chanteur rwandais... Corneille)
“Tant à nous voir ramper ainsi la bouche pleine,
les moins asphyxiés criaient “Sauvons Chimène!”
J'en renvoie les deux tiers (mais on n'était que trois)
dans le coin du préau, compter nonante-trois”
(Pouvez pas comprendre si vous avez pas vu les châsses à Chimène)
“Le reste, ben c'est moi qui scrute le couloir,
La pionne est féroce, mi-panthère mi-couguar,
Je me couche par terre et j'attends cinq minutes
la fin de la récré... tout ce sable au calbut!”
(C'est qui qu'a dit le plaisir est dans la tente ?)
“Par bonheur elle s'en va, Chimène en fait de même,
Me voilà comme un gland avec mon stratagème;
Ce n'est pas aujourd'hui que je l'embrasserai
Le roi du bac à sable est bien désemparé.”
(et le combat cessa faute de combattants... ça c'est de Lui)
“Rodrigo! Sors de ton lit, mon garçon! Tu vas encore être à la bourre à l'école... Et t'as révisé ton Cidre?”