Non ! (Walrus)
Je ne vous donnerai pas, chers participants, de tuyau pour réaliser le devoir de cette semaine !
Je suis moi-même assez contrarié par ce sujet ridicule.
Et non, je ne vous dirai pas où cette photo a été prise. Seulement que c'était à l'occasion d'un barbecue.
Oui, vous avez parfaitement raison : les deux protagonistes de la scène, malgré leur tuyau d'arrosage, auraient intérêt à ne pas trop s'approcher du foyer sous peine de rejouer le martyre de Saint Laurent sur son grill.
Vous auriez peut-être été plus inspirés si je vous avais proposé une scène ultérieure de la performance de ces joyeux drilles, encore que je doute...
Comment ? C'est à vous de juger ?
Bon, vous l'aurez voulu !
J'avertis quand même les âmes sensibles de s'abstenir, même si j'ai pris la précaution d'y flouter ces endroits que, pour citer le bon Georges, rigoureusement ma mère m'a défendu de nommer ici et qui auraient pu blesser la sensibilité facebookienne de certains.
D'ailleurs, vous n'êtes pas obligés d'aller contempler cela, suffit de ne pas cliquer ici.
L'été en poésie : les vers libres (joye)
Des Gémeaux au Verseau (Kate)
Des Gémeaux au Verseau
- Simon !
- Valérie !
- C'est la photo de Cerise,
non ?
- Oui,
c'est elle qui l'a prise.
Elle avait un appareil photo...
- Ah ! En cadeau !
- Elle s'en est servie
chez sa tante Marie.
- Elle a pris ses cousins en photo !
- Il faisait tellement chaud !
- Ah ! ma fille, tu es là ?
- Oui, papa !
- Ils ont grandi les jumeaux...
- Des vrais diables !
- Cerise, pourquoi tu dis ça ?
- Maman, il leur faut toujours
des jeux et de l'eau !
- Ils sont insatiables !
- Des vrais amours !
Cerise, où est Mathieu ?
- À gauche, on l'appelle Malo !
- Ah ? Et Tadeu ?
- On l'appelle Till !
Attention, pas Bill !
- "Ils sont deux frères jumeaux,
nés sous le signe des Gémeaux..."
- Je crois pas, papa !
Ils sont Verseau !
- En tout cas,
ils ont gaspillé l'eau !
- Mais maman, ils ont arrosé la pelouse !
- Et chérie, ils ont visé les pieds !
- Ils ont dû se faire fâcher ?
- En plus, ils avaient marché dans une bouse !
- Cerise ! Ils ont bien ri !
- Ils ont fait d'autres bêtises ?
- Ils m'ont appelée Abricot !
- Tu l'as dit à Tatie ?
- Non, j'ai trouvé ça rigolo,
j'ai rien dit !
- Bravo ! Tu t'es bien amusée ?
- Oui papa, j'ai nagé
du matin au soir,
comme tu peux voir !
- Tu as bien mangé ?
- Mais oui, maman, assez !
- Du poisson frais ?
- Non, pané !
- Bon, assez plaisanté,
on va au marché,
j'ai changé la playlist
et j'ai fait une liste
de légumes et de fruits
c'est tout près d'ici !
Pas encore tout à fait amnésique. 8, Je viens du Sud (Joe Krapov)
Au Sud de la Loire, est-ce déjà l’Afrique ? Ou bien les gens là-bas ne sont-ils tous que des fadas ?
Notre bistrot-mémoire de la semaine sera consacré aux habitants de ces régions où l’eau est si rare que c’est criminel de boucher les sources et que c’est un délit de jouer comme sur cette photo à l’arroseur arrosé (un film des Frères Lumière, natifs de Besançon donc hors sujet !). Amusons-nous avec les gens venus du Sud !
A tout seigneur tout honneur, je viens de rendre hommage sur le site Filigrane à Marcel Pagnol dont j’ai redécouvert « L’Eau des collines » grâce à Jacques Ferrandez, bédéaste bath. Je connaissais les deux films de Claude Berri et surtout la trilogie « Marius » « Fanny » « César » avec son « Tu me fends le coeur ! » de la célèbre partie de cartes. Je peux ajouter les célèbres "moutonsses" de Louis Jouvet dans « Topaze » mais je ne sais pas trop ce que c’est que le « Schpountz » ni qui est « Merlusse ».
Un autre zélateur de la Provence, Monsieur Alphonse Daudet, est né à Nîmes. On connaît bien les lettres de son moulin, sa chèvre de Monsieur Seguin, son curé de Cucugnan, bien plus que le hussard sur le toit – quelle idée de monter là-haut par 38° ! - de M. Giono dont je n’ai rien lu. Je zapperai également M. René Char de L’Isle-sur-la-Sorgue dont les oeuvres poétiques ne figurent pas sur ma table de chevet.
Mais je n’oublierai pas en chemin Alibert et Darcelys, leur Petit cabanon et leur Partie de pétanque ni Fernandel avec son répertoire plus parisien et plus coquin : Félicie aussi, L’Ami Bidasse, La Caissière du grand café, Barnabé, Ignace, La Bouillabaisse.
Parmi les figures marseillaises plus récentes que Marius et Olive et que la sardine qui bouche l’entrée du port et fait jaser sur la Cane Cane Canebière, il y a bien sûr Robert Guédiguian et sa bande, Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan (Marius et Jeannette) et aussi Emmanuel Mouret (Caprice, L’Art d’aimer, Changement d’adresse) qui prolonge au cinéma l’art de Marivaux et la veine d’Eric Rohmer.
Décalons-nous un peu à l’Ouest. Arrêtons-nous à Sète et avouons que nous connaissons plus de chansons de Georges Brassens que de poèmes de Paul Valéry. Rappelons-nous le séjour que nous y fîmes, la visite du cimetière marin, de Bouzigues et le vent qui aurait emporté le chapeau de Mireille (Mathieu?) le dernier jour. Tramontane et Mistral ne tournent pas la tête aux gens au nord de la Loire : ici les vents n’ont pas de nom.
A Narbonne est né le fou chantant, Charles Trénet. « Douce France », « Boum », « L’Âme des poètes », « Le Jardin extraordinaire », « Le soleil qui a rendez-vous avec la lune » et la bonne qui se donne du plaisir avec une passoire. Encore un joli fada, dites donc !
Castelnaudary nous a donné Pierre Perret qui ne nous fait plus vraiment rire avec ses dernières provocations mais dont nous avons aimé « Lily », « Le Café du canal », « Blanche », « Le Facteur », « Quand le soleil entre dans ma maison » et « Donnez-nous des jardins ». Toutes ses gauloiseries, « Estelle », « C’est le printemps » ou « Le Zizi » furent bien nécessaires et appréciées à l’époque opaque où elles sortirent mais sont redevenues taboues aujourd’hui où le monde l’est (à bout, le monde est à bout).
Chez les Piscénois, à Pézenas nous avons hérité de Boby Lapointe, sa Maman des poissons, ses avanies, ses framboises, ses virées en Aragon et en Castille avec un sentimental bourreau, son père et ses verres, sa méli-mélodie. Un personnage unique en son genre, admirable en tout.
A Lagrasse est né Charles Cros, auteur du "Hareng saur" et des délicieux poèmes du "Collier de griffes" et du "Coffret de santal" ainsi que du « Sidonie a plus d’un amant » de Brigitte Bardot.
Montpellier nous a donné Léo Malet, le créateur de Nestor Burma. Toulouse a vu naître et chanter Claude Nougaro ("Je suis sous sous sous sous ton balcon", « Cécile ma fille », « Ô Toulouse », « Le Coq et la pendule », « Le Jazz et la java », « Armstrong »)
Montcuq fut le dernier refuge de Nino Ferrer et de sa Mirza. Il y habitait la maison près de la fontaine, dans le Sud de la ville et oublia toujours – quel cornichon ! - son parapluie quand il partait en pique-nique.
Bergerac nous a donné Cyrano mais la célébrité de ce Savinien lunatique est surtout due à la plume d’Edmond Rostand, autre Marseillais notoire.
L’Auvergne nous a donné Fernand Raynaud sans lequel la blogosphère belge ne serait pas ce qu’elle est !
Le Limousin nous a fait cadeau de Raymond Poulidor, la Vendée de Yannick Jaulin et Saint-Etienne a sorti de son chaudron magique un Bernard Lavilliers aux mains d’or.
Tchic a tchic a tchic aïe aïe aïe ! J’ai failli oublier le pays basque et Luis Mariano, sa Belle de Cadix, son Mexico et son Rossignol de ses amours !
De même que Tino Rossi (Catarinetta bella tchi tchi !), i Muvrini et « L’Affaire corse », une enquête de Jack Palmer par René Pétillon.
Je sais que François Mauriac est associé à Bordeaux mais je m’en fiche ! Sa littérature n’est pas ma tasse de thé et Thérèse Desqueyroux, si elle ne me sert pas des grands crus qui font des petites cuites ou même le petit Bordeaux clairet de la supérette voisine, elle ne m’intéresse pas !
Je ne franchirai pas les Pyrénées d’où j’aurais pu ramener Salvador Dali et Carlos Nunez. Je ferai l’impasse sur l’Italie qui mérite un chapitre à part ! Des Grecs et des Pieds-noirs, je sauve pour terminer Angélique Ionatos et Georges Moustaki, Guy Bedos, Jean-Pierre Bacri, Georges Wolinski et surtout Enrico Macias qui a si bien chanté… les gens du Nord … de la Loire !
Participation de TOKYO
N’oublie d’où nous venons mon fils .
De la planète arakis père ?
Oui mon fils alors cette photo brule la.
Mais père comment est ce possible que des enfants est pu jouer avec l’eau ?
Les prophéties de Muad’Dib sont claires ceux qui ont joué avec l’eau périrons sur arakis.
Si ton distille recouvre ton corps c’est pour te permettre de vivre car les générations qui nous précèdent ont tuer notre avenir.
Faire de l’eau un loisir fut un temps la pire preuve de la dégénérescence de cette espèce.
Ils sont identiques aux Harkonnens.
Eau (tiniak)
(chansonge)
Elle aura passé sous les ponts
tous les siècles des siècles
écoulés guerres et flonflons
reflétés maints et maints couvercles
traversé villes et cantons
sans trop faire d’histoires
bien qu’il fût si loin, l’horizon
elle voulut toujours y croire
L'été en poésie : le haiku (joye)
Bien que très court, le haïku doit se conformer à des règles strictes. Dans sa forme classique, il est composé de 17 syllabes réparties de la façon suivante : 5 syllabes dans le premier vers, 7 syllabes dans le deuxième et 5 syllabes dans le troisième. Il doit avoir comme thème principal une saison dont il évoque la présence de façon implicite (c'est-à-dire qu'on doit déduire la présence du thème à travers les images employées) ou explicite (c'est-à-dire que le thème est clairement présenté). Le poète, à travers ce court texte poétique, tente de saisir un moment du quotidien. Il ne donne pas libre expression à ses sentiments, mais cherche à éveiller une sensibilité à l'aide d'une réalité (souvent associée au monde naturel) qui peut paraître banale aux yeux du lecteur. La syntaxe d'un haïku doit être simple.
VII.
l'oeil de dieu se voit
dans le lierre grimpant
vers son ciel d'été
Vestiges (Lecrilibriste)
« Le ciel est par-dessus le toit
Dans cette église en ruines
Où vestige, le chœur est resté
et le lierre a grimpé
mémoire vivante attachée au passé
à l’assaut de la coupole
vers les arcatures en clairevoies
passeports grands ouverts sur le ciel
pour laisser religieusement monter
sans se cogner contre le toit
contre les vitraux mandala
les échos des suppliques étouffées
exhalées là pendant des siècles
qui font naître l’espoir
et exister les jours
De la cuisine à la piscine (Kate)
De la cuisine à la piscine
- Simon !
- Oui, bon !
- C'est Hector !
- Encore !
Allô ?
- Tu as reçu ma photo ?
- Ah, les plantes ?
- Plutôt l'église...
- Mais là,
je travaille pas...
Enfin, je m'occupe de Cerise.
- Elle est plus chez sa tante ?
- Non, Hector,
elle est revenue de Nantes.
- Bon, d'accord !
- Tu veux quoi ?
- Des photos comme ça...
- Du végétal ?
Du minéral ?
- Oui, ici ou là...
- Allez, Hec,
dis-moi pour quand, mec,
j'ai pas trop le temps.
- Mais immédiatement !
- Comment ?
- Simon, dans toutes tes clés
et tes fichiers,
tu dois bien avoir ça dans tes malles...
- ...
- C'est bien payé,
Donne-toi un peu de mal !
- Mais c'est pour quoi faire ?
- Tu sais le calendrier
ils m'ont enfin contacté !
- Ah ! Super !
- Et regarde, tu signeras ton nom...
- @ValSimon, c'est bon ?
- Ça va l'faire !
- Je t'envoie une sélection :
- Billom
- Clermont
- Muguet
pour le 1er mai
- C'est bon, Simon !
Et une autre, tu aurais ?
- Tu veux le pont de Céret ?
- Le pont du Diable,
Formidable !
- Papa !
- Oui mon chat !
- On va toujours à la piscine ?
- Prépare tes affaires
Je te retrouve à la cuisine
J'ai deux trois choses à faire.
- Allô chéri ?
- Oui, Valérie !
- Je vous rejoins,
je ne suis pas loin,
je faisais une visite
avec des touristes,
allez, en piste,
j'ai changé la playlist !
Valeureux Liégeois (Walrus)
Avec la photo sujet, vous avez sous les yeux une (infime) partie des ruines de l'abbaye de Villers-la-Ville, en l'occurrence l'abside de son église abbatiale.
Voyez-vous, parmi les nombreuses nationalités qu'a revêtues l'actuel territoire de mon pays (fort justement nommé "Champ de bataille de l'Europe", voyez Waterloo ou Louis XIV qui a détruit la grand'place de Bruxelles à coups de canons) il y a eu la française : au moment où la France menait sa révolution.
Cela nous a valu le pillage et la destruction de nombreux édifices religieux censés être les symboles de l'oppression religieuse et monarchique.
L'abbaye de Villers, on ne l'a ni pillée ni incendiée, on l'a utilisée comme carrière. Faut admettre qu'il y en avait de la pierre quand on voit ce qu'il reste :
Et encore, on voit pas tout...
Une par contre qui l'a été, pillée et incendiée, c'est celle d'Aulne, j'y allais souvent lors de mon enfance carolorégienne :
Étonnamment aujourd'hui, la République Française, héritière de la révolution, retape Notre-Dame de Paris pour plus de 800 Meuros...
Mais ce n'est pas là où je voulais en venir.
Quand la révolution française a débuté, Liège était la capitale d'une principauté épiscopale, état du Saint Empire Romain Germanique.
Inspirés sans doute par les sans culottes, les Liégeois y sont allés eux aussi de leur petite révolution contre leur prince-évêque et ont dans la foulée établi une convention nationale élue au suffrage universel, laquelle a voté le rattachement à la France. Ça ne s'est pas passé tout seul et le rattachement à la France n'a été effectif qu'en 1801.
Pour faire bonne mesure, ces "valeureux Liégeois" (c'est le titre de leur hymne révolutionnaire) pris d'un zèle révolutionnaire total ont eux-même démoli leur cathédrale gothique. Mais eux, ils n'ont pas fait les choses à moitié : ils n'en ont rien laissé du tout. L'endroit s'appelle aujourd'hui la place Saint Lambert. On y a même récemment édifié quelques colonnes montrant l'emplacement du monument détruit.
Pour la (toute) petite histoire, dans l'ultime année du siècle passé, un parti politique s'est fondé qui prônait à nouveau le rattachement de la Wallonie à la France. Leur score aux élections n'a pas été terrible terrible...
Et pour la plus petite histoire encore, je vous ai dégoté le fameux hymne liégeois interprété par des ... Français (entre autres)
Pas encore tout à fait amnésique. 7, Abbayes, cathédrales, chapelles, églises, mosquées, synagogues et temples (Joe Krapov)
Longtemps je me suis abstenu d'entrer dans ces édifices religieux que l'on trouve un peu partout en France et en Europe. Il y a, paraît-il, deux églises à Colombey et bien d'autres lieux de culte ailleurs mais ailleurs, je n'y vais pas !
Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais si mon grand-père maternel a été enfant de choeur et si je possède une photographie de mon père et de son frère en premiers communiants, pour ma part je n'ai reçu aucune éducation religieuse.
Je suis ce qu'on pourrait appeler un "self-made croyant" !
J'ai passé dix ans à Paris sans mettre les pieds une seule fois à Notre-Dame ; je ne sais donc pas derrière quel pilier Paul Claudel a éprouvé une crise de foi ou eu révélation d'un partage d'apéro à midi au café "Le Soulier de satin". Je suis allé trois fois à Venise mais je n'ai pas pénétré dans la basilique Saint-Marc. Je le regrette bien car les sols de mosaïque sont, paraît-il, magnifiques. Moi aussi, comme Damien Saez, j'ai été jeune et con !
Depuis quelques années pourtant j'ai évolué et je rattrape mon retard. Je me suis aperçu qu'on ne se précipitait pas sur les athées pour les brûler tout vifs au sommet d'un bûcher quand ils entrent dans la cathédrale de Rouen et qu'il suffisait d'ôter son chapeau lors du passage sous le porche des lieux de culte pour être confondu avec un pratiquant - ou pas -. De toute façon il n'y a pratiquement plus personne pour faire la police dans ces grandes bâtisses souvent sombres.
J'ai commencé par flasher pas mal de temps sur l'architecture insolite de l'abbaye de Solesmes, plantée sur les bords de la rivière Sarthe dans un silence quasi religieux et un cadre bucolique autant que paradisiaque. On a dû mal à imaginer, en contemplant cet édifice, que des voyous comme Joe Krapov et Vegas-sur-Sarthe ont traîné leurs guêtres par là !
L'année où nous avons agrémenté notre visite annuelle dans le Nord d'un séjour "campingueux" à Jumièges nous avons visité l'abbaye mais un vandale appelé Temps qui passe avait tout délabré. Il n'y avait plus là que ruines, désolation et un jeu d'échecs géant.
Je me souviens de la chapelle de Vraž près de Pisek en Bohème, encore en Tchécoslovaquie en 1980. Elle contenait un piano sur lequel mon frère, qui avait alors la dégaine de Jésus-Christ en jeans, a joué quelques morceaux de notre répertoire de rock progres-pous-sif.
Je me souviens des églises en mauvais état de Coutances mais bien plus de la brasserie de la place de la Mairie et du beau jardin public de cette ville normande.
Cette année nous avons rendu visite à l'ange au sourire de la cathédrale de Reims et nous avons adoré le musée du Cloître de Notre-Dame-en-Vaux de Châlons-en-Champagne. Les chanoines de l'endroit avaient détruit le cloître vers 1760 pour y construire des nouveaux logements. Les colonnes sculptées qu'ils ont jugées peu dignes d'intérêt ont été enfouies à proximité. Elles ont été déterrées récemment, en 1963, et joliment muséifiées à notre intention. Quelle surprise, dites donc : un bon nombre de ces statues représentaient des personnages féminins !
Sans pousser jusqu'aux excès de l'Iran et de l'Afghanistan, force est de constater que les religions ont un problème avec les femmes. Si quelqu'un du reste pouvait m'expliquer en quoi des messieurs restés célibataires ont à se mêler d’histoires de sexe, qu'il se garde bien de le faire ! J'ai décidé récemment, pareil en cela à Jeanne d'Arc, de ne plus écouter que mes voix intérieures et de laisser les fous à leurs folies. "Je ne discute pas avec les cons, disait Audiard, ça les instruit !".
Si je reviens, pour essayer de faire court, à la photo d'église en ruines qui doit nous inspirer de l’écriture cette semaine, je dois avouer que j'entre dans les édifices religieux, bien souvent, pour pratiquer mes dévotions au Dieu Soleil ! Râ ! Apollon ! Here comes the sun ! Quand ses rayons traversent les vitraux colorés et déposent sur les bancs de bois brut et la pierre des allées des pellicules de lumière enchanteresse, je biche ! Je communie ! J'oublie que le monde est peuplé d'un nombre incroyable d'incroyants qui le 15 août, jour férié, jour de l'Assomption de la Vierge Marie, déambulent en foule dès le petit matin dans la rue du général De Gaulle à SGXV *1, mangent des glaces, promènent leur ennui vacancier, lorgnent sur les menus des restaurants tous ouverts, farfouillent dans les produits passe-partout et "made in China" des boutiques de fringues identiques à celles de chez eux et délaissent les petites rues parallèles si typiques de l'éternel vendéen, si belles avec leurs maisons blanches à toit de tuile orange.
Oui, elle va bien vers sa chute, son déclin, sa fin, la "civilisation judéo-chrétienne". La végétation envahissante, le lierre, la mousse sur les pierres, les vitraux cassés ou disparus, c'est pour bientôt. Une religion chasse l'autre. Le nouvel idéal sacro-saint a pour nom "Société de consommation". Sa sainte Trinité s'appelle "Bidoche, Bière et Trucs inutiles". A cette religion-là et à toutes les autres, à leur décrépitude en cours ou à venir, je lève mon verre de limonade ! *2
*1 SGXV = Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée)
*2 Je n'en bois qu'en été, de préférence sur une terrasse au soleil. Elle me fait le même effet que le champagne à Noël. Il y a du reste dans ces deux boissons les seules bulles papales que je puisse tolérer !
De Charly à Johnny (Kate)
De Charlie à Johnny
- Mais Simon, elle est ratée
cette photo !
- Chérie non, c'est parfait,
il me la faut !
- En vrai ?
- Oui, pas pour de faux,
pour mon cours sur la photo...
- Non, je crois rêver !
- Mais si,
Valérie chérie !
- Enfin pourquoi ?
Explique-moi !
- Tu veux un cours ?
- Oui, mais fais court !
- C'est parti, allez !
Au premier plan, bien cadré
on voit un petit chien courant...
- Et haletant !
- C'est lui le point central,
le focus.
- Et au fond à gauche, ce gus ?
- Attends la suite, Val !
Je reprends :
le chien en mouvement
c'est Charlie,
il est relié à sa maîtresse...
- En survêt gris ?
- Oui...
par une sorte de laisse...
- Mais quel intérêt ?
- Tu vas voir ça...
- Mais au fond, c'est ton père, là !
- Oui, il est accroupi
- Comme s'il voulait photographier
Charlie...
mais qui est déjà parti !
- Eh oui !
- Il semble pourtant guetter
mais tu l'as mal cadré...
- On le voit bien assez !
- Et cette double barre, qu'est-ce que c'est ?
- Ça laisse croire que Charlie a sauté.
- Mais c'est pas possible !
- Non, comme tu le sais,
personne sensée et sensible,
ce n'est pas un poney...
- Ni un double poney !
- C'est un petit chien.
- Qui court après quelqu'un ?
- Sans doute un autre chien,
ce petit malin ?
Donc photo réussie :
tous les éléments sont réunis,
on croit qu'elle est ratée
et en réalité
non,
c'est bon,
elle raconte une histoire,
à nous de la voir...
- Et le héros c'est Charlie ?
- Ben oui, c'est lui !
- Pourquoi ce nom ?
- Mais à cause d'une chanson !
- Ah bon !
Tu m'épates, Simon !
Et ces photos-là ?
- C'est pour le prochain thème :
"Les mots
la mer
la lumière
les animaux"
- Alors là,
j'aime !
- Allez, tous en piste,
J'ai revu avec mon père...
- Complice
de son fils,
et pas peu fier...
- La playlist !