J’ai descendu dans mon jardin, pour y cueillir du romarin et tralala et tralala …
Non, pas pour le romarin, mais pour les œufs que Brunette, Blondinette et Roussette m’offrent chaque jour.
L’escalier un peu raide m’y amène directement.
Ça alors, Roussette a disparue !
Comment, pourquoi ? C’est un mystère.
Affolée, je vais contacter mes voisins, tout d’abord l’acariâtre, c’est le plus proche, et je crains le pire, qu’elle ne se soit envolée chez ce grincheux !
Je recherche le téléphone sur les pages jaunes, et l’appelle.
Je tombe sur Madame, qui offensée du dérangement, me répond sèchement que
« Oui elle est là sur mon terrain, votre volaille !»
Je m’aplatis en excuses lui disant que j’arrive pour la récupérer.
Elle en profite pour me tancer hargneusement
« Ça ne vous dérange pas le bruit qu’elles font, et les odeurs non plus, ni la saleté ?...
Il ne manquait plus que cela !
En réfléchissant, je pense que Roussette a été chassée par le bruit que je faisais en coupant les branches de cyprès avec l’élagueur électrique.
Elles ont la particularité d’être sauvages ces trois poules.
Lorsque je les ai installées, il y a deux ans dans ce jardin vaste, avec une jolie maisonnette, je pensais qu’avec tous les soins bienveillants que je leur apportais, elles seraient heureuses de me voir arriver.
Il n’en ai rien,. J’ai beau leur fournir des lombrics, des mures, et d’autres réjouissances, elles n’en ont aucune reconnaissance. Cependant elles me font régulièrement un œuf chaque jour, je n’ose pas trop me plaindre.
Aussi, me voici muni d’une panière en osier pour aller récupérer ma poule….
J’arrive, pas d’accueil, mais je sens des regards malveillants dernière les volets entrecroisés, personne, ni ma poule : elle n’est plus chez eux !
Je n’ose aller m’enquérir du sort qui lui a été réservé !
Alea jacta est !
Je renonce.
Je me résous à faire le deuil de ma poularde, mais, hélas pas à la mode de Paul Bocuse avec sa fameuse recette « Poularde de demi-deuil » !
Je reviens penaude à la maison.
Les deux autres poules sont là, toujours aussi farouches.
Je crois qu’elles vont passer à la casserole, celles- ci. Elles son trop stupides.
Ah j’aimerai bien avoir des poules comme celles qu’Annie Duperrey élève dans sa Creuse profonde !
Mais je dois me désillusionner, et ne rien attendre des miennes.
Bon, les œufs frais me consolent un peu, mais j’aimerais tant qu’elles accourent lorsque j’arrive au lieu d’aller se cacher dans les buissons !
J’attends d’être complètement résolue pour leur faire un sort aux deux restantes.
Mais en serais-je capable ?
Tous, nous lorgnons du coté poulailler toutes les heures de la journée pour voir si par quelques moyens de son invention elle aurait regagné d’elle-même le gite… et le couvert.
Sœur Anne, ma sœur Anne, nous ne voyons rien venir !
Nous cessons nos larmes, renonçons définitivement.
Le surlendemain, quelle surprise, Roussette est là !
Mais par quel moyen ?
J’inspecte le grillage, rien ne semble propice à son passage !
Je me perds en conjoncture, je dois me rendre à l’évidence : elle a regagné elle-même ses pénates !
Finalement pas si bête la poule.
De loin je l’inspecte, il lui manque quelques plumes, mais elle picore avec allégresse, les menus riens délicieux que j’avais mis pour ses consœurs.
Le sourire me revient aux lèvres
Bah, ce n’est pas pour cette foi qu’elles seront proscrites
Et sait-on jamais, ce petit voyage lui aura peut-être apporté un peu de savoir vivre ?
Le chat, lui, les contemple depuis le toit de leur maison, les pattes pendantes, la queue se balançant en mesure.
Les toutous à l’écart, semblent heureux d’avoir retrouvé le clan au complet, de celles qu’ils convoitent de loin.
Tout est bien qui finit bien.
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