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Le défi du samedi
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22 février 2014

Défi #287

 

La pirogue glissait rapidement sur l'eau. Ils entrèrent dans un canal qui débouchait de l'autre côté de la rivière. Il était très étroit et l'embarcation y passait de justesse. Ils pointèrent la pirogue vers le canal. Ils avançaient lentement, tête baissée, à cause des branches qui pendaient au-dessus de l'eau. Après avoir fait une centaine de mètres, ils aperçurent .......

A vous de continuer à votre façon ce texte d'Antonieta Dias de Moraes intitulé :

"Trois garçons en Amazonie"

Pirogue et enfants

Bon voyage et belles découvertes !

Nous attendons vos récits à

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

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22 février 2014

Ont franchi la porte dans la forêt

22 février 2014

Participation de Fairywen

Défi 286 du 15 février 2014

 

J’aime lire. Depuis que j’ai appris à déchiffrer ces mystérieux signes écrits sur le papier et compris qu’ils racontent des histoires, j’aime lire. Beaucoup, souvent, dès que je peux, des tas et des tas de livres. Mais j’aime aussi les arbres. Beaucoup. Or pour faire un livre, il faut des arbres (non, je n’aime pas les e-books ! Je veux un livre que je peux toucher, manipuler, avec des mots écrits sur du papier). Alors j’ai décidé que pour chaque livre lu, je planterais une graine. D’arbre, d’arbuste, de fleur, d’herbe (aromatique… Ah, une bonne omelette à la ciboulette !!). Du coup, j’ai un très beau jardin.

Un jour, en ouvrant un livre, j’ai trouvé une drôle de petite graine. Une graine dorée et argentée. Je l’ai plantée, arrosée, soignée, et un matin de printemps, j’ai vu un arbre là où j’avais enterré la graine. Un arbre magnifique, un arbre comme je n’en avais jamais vu, avec un tronc argenté, des feuilles vertes et dorées et des fleurs roses qui sentaient merveilleusement bon. Mes chats étaient déjà installés sur les branches pour y faire la sieste.

Je n’ai rien dit à personne. Je ne voulais pas qu’on me prenne mon bel arbre pour l’étudier dans un laboratoire froid et aseptisé. J’ai vite remarqué qu’en plus des chats, il attirait les oiseaux, les papillons, les écureuils et autres petites bêtes. Des moins petites, aussi, comme des renards, des cerfs, des biches, des chevreuils… Peu importait que je sois là ou pas, d’ailleurs. Tous les jours, j’allais lire sous mon arbre, même quand il pleuvait, car le sol sous ses frondaisons n’était jamais mouillé.

Puis l’automne est venu. Les fleurs ont disparu, et les feuilles ont commencé à jaunir. Un matin où le premier givre faisait son apparition, je les ai vues s’envoler au moment où j’ouvrais la fenêtre du salon. Elles étaient devenues des papillons, qui ont passé l’hiver au chaud, chez moi. Au printemps, ils sont retournés sur leur arbre et sont redevenus des feuilles vertes et dorées.

Depuis, en hiver, j’ai des papillons dans ma maison, et au printemps et en été, un arbre enchanté avec des fleurs roses dans mon jardin. Je continue à lire, beaucoup, et à planter une graine par livre lu. Et à chaque nouveau livre que j’ouvre, j’espère trouver une autre graine du pays des fées…

 

Défi 286 du samedi 15 février 2014 : le vol des feuilles en automne

22 février 2014

LA PORTE DE LA FORET (Lorraine)

Elle habitait à la porte de la forêt et ne rencontrait jamais personne. Qui aurait l’idée, à part elle, de s’enfoncer sous les arbres seulement pour le plaisir des sens ? Elle écoutait les paroles du vent et le chant des oiseaux ; elle sentait l’odeur frissonnante du printemps quand une pluie douce pénétrait l’humus et libérait d’impondérables parfums ; elle connaissait le goût de l’averse d’été, parfumée comme une fruit d’Orient ; elle effleurait de ses paumes ouvertes les jeunes rameaux comme les branches centenaires ; et elle voyait défiler les saisons en leurs différents habits pour le plus grand bonheur de ses yeux.

Nul ne passait. Elle allait parfois à la ville en sa carriole à capote, qu’elle relevait ou abaissait selon le temps. Elle était heureuse.

Du moins, elle le croyait. Jusqu’au jour où, sur la place du marché, elle le vit. Lui, un inconnu, choisissant d’un œil connaisseur sur l’étal d’été les cerises et les framboises, qu’il déposait avec précaution dans les mains de la commerçante . Ses cheveux blonds encadraient un visage à la fois viril et doux. Il ne la vit pas ; elle s’était arrêtée, saisie, près de la fontaine, étonnée d’être soudain si faible. Il partait dans l’autre sens ses achats dans un panier et prit place dans une carriole assez semblable à la sienne. Puis disparut.

Dès lors, elle se languit. La forêt chantait moins, hurlait davantage. Les nuits d’orage craquaient derrière les volets, et soufflaient un vent pernicieux.  Les branches drues écorchaient ses doigts fins.. Elle sortit moins, elle rêva plus. L’automne était doré et par la porte ouverte un matin d’octobre s’engouffrèrent les premières feuilles rousses.  Elle quittait sa chaise pour la refermer quand un bruit decarriole l’arrêta : qui se hasardait jusqu’en ce lieu perdu ?

-         Je me suis égaré, Mademoiselle, sans doute devrais-je faire demi-tour…
-          

Ils se regardèrent ; elle le reconnut ,il la découvrit. Ils sourirent en même temps.

 Peut-être ne me croirez-vous pas. . Peut-être direz-vous que j’invente. Il ne fallait pas m’emmener à la porte de la forêt ! C’est un endroit où tout peut arriver : le murmure du printemps, la berceuse des nuits fraîches, l’envol d’un oiseau bleu, le chantonnement d’une abeille, une source, un petit pont, une maison isolée. Et l’amour, bien entendu…

 

LORRAINE

*

22 février 2014

Matin de papier (petitmoulin)

Vêtus de la blancheur fragile

D'un matin de papier

Les arbres feuilletaient l'hiver

Comme on tourne les pages

De la mémoire réinventée

Le silence se laissait enfermer

Dans le secret

De l'infinie métamorphose

La porte restait close

Sur la parole muette

Du tourment

Jusqu'au premier éclat

De la saison nouvelle.

 

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22 février 2014

Mes racines (EVP)

Le taillis premier, c’était les mots danger.
Les mots violents le pas qui coupe et déchire,
Pas désiré, pas aimé, alors pas exister ?
Tu as vu l’herbe des phrases qui si fort respirent.

D’arbustes en bosquets, tu cherches le velours,
La sente enivrante, la bruyère et la mousse,
La forêt t’enseigne une autre joie du jour.
Enfin, c’est l’arbre entier à l’écorce si douce.

Tu te perds ensuite dans l’amazone de tes livres,
Poucet sans cailloux ni miettes, es-tu perdu ?
Cet humus n’est pas le tien, il te faut vivre.
 Prend cette allée ombreuse, ne l’as-tu pas vu ?

Une porte s’entrouvre au fond de la trouée
Tu caresses encore les pages des ramures.
Ramasse tes racines, il te faudra sauter.
Tu plonges, tu suffoques, à toi-même fêlure.

Et si quelques épines encore te déchirent,
Tu retournes aux frondaisons apaisantes,
Dostoïevski, Cervantès ou bien Shakespeare,
Racines en éventail, dans la source chuchotante.

22 février 2014

Le prince (Stella No.)

Texte qui fait suite au défi 283 : http://samedidefi.canalblog.com/archives/2014/02/01/29040194.html#c60244538

 

Pour la deuxième fois, Stella tentait de fuir à travers la forêt recouverte de neige. Dès qu’elle avait vu le second message inscrit sur le parchemin, la boule s’était de nouveau éclairée et l’avait projetée face au vieux bonhomme. Tout en courant, elle se remémorait la scène.

-          Peut-être nous ferez-vous l’honneur de rester un peu plus longtemps cette fois, Enchanteresse ?, déclara-t-il.

Pour toute réponse, Stella poussa un cri d’effroi et se jeta sur le vieux sorcier. Ce dernier fut soufflé par la force de la jeune femme et dut prendre quelques instants pour respirer. Lorsqu’il se redressa péniblement, Stella avait disparu dans la tourelle. Il pénétra à son tour dans le château et se rendit à son cabinet. Attrapant quelques potions sur une étagère, il prépara une drôle de mixture dans un petit chaudron. Quelques instants plus tard, il positionna ses mains au-dessus du récipient et murmura : Ostende mihi. Une image de Stella apparut alors à la surface et le sorcier put ainsi suivre sa course effrénée à travers le château. Elle suivit sans le savoir le chemin qu’il avait balisé pour elle. Compte-tenu de sa vive réaction lors de sa précédente visite, le vieux sage avait organisé un trajet qui semblerait sécurisant pour Stella. Il avait prévu ses réactions et s’amusait de la trouver si prévisible. Elle, l’enchanteresse qui était censée les protéger ! Quoiqu’il en soit, le plan fonctionnait à merveille et si cela continuait ainsi, l’enchanteresse resterait.

Stella s’était facilement retrouvée à l’extérieur du château, les gardes devaient être occupés ailleurs car cela avait été bien plus rapide que la première fois. Elle avait décidé d’éviter la grande route car les habitants l’avaient dévisagée avec curiosité et elle avait eu peur qu’ils ne l’arrêtent dans sa fuite. Cette fois, elle se cacha derrière le seul bosquet encore fleuri malgré le froid, patienta quelques instants et escalada une petite pente qui lui permettrait de prendre un peu d’altitude. Elle ignorait comment repartir de cet endroit étrange et prévoyait de se cacher plutôt que d’être aux prises avec l’homme en robe noire. Du haut de la petite colline, elle eut une vue splendide sur la ville, le port et le château. Si elle n’avait pas eu aussi peur, elle aurait été émerveillée par ce monde médiéval qu’elle découvrait. Très haut dans le ciel, un dragon volait d’une drôle de manière. Etonnamment elle ne craignait pas cet animal et reporta distraitement son attention sur la forêt qui s’étalait à ses pieds. La neige lui permettait de distinguer clairement les chemins très fréquentés et les allées délaissées. Elle pouvait apercevoir des habitations dont s’échappaient des volutes de fumée et une autre qui semblait vide. Une seule habitation abandonnée. Stella s’interrogea quelques instants sur la possibilité d’un piège mais elle entendit crier des gardes non loin d’elle. Bravant le froid – quelle idée de la transporter dans ce monde sans chaussures et sans manteau ! – Stella courut en direction de la cabane abandonnée. Ses pieds s’enfonçaient jusqu’aux chevilles dans la neige et très vite, elle commença à ressentir des picotements très douloureux dans ses orteils et dans ses doigts. Ses poumons semblaient prendre feu et elle avait l’impression que chaque ahanement s’entendait à des kilomètres à la ronde. Alors qu’elle hésitait à traverser une clairière qui l’aurait laissée à découvert, Stella crut apercevoir de drôles d’animaux en pierre. Elle secoua la tête en se morigénant et s’élançant franchement. Elle cessa de respirer jusqu’à ce qu’elle fut de nouveau à l’abri des arbres. Elle ne devait plus être très loin de la maisonnette à présent mais elle entendait toujours les gardes et s’inquiétait des animaux qu’elle pourrait croiser. Tout semblait si étrange dans ce monde. Elle aperçut enfin le perron salvateur et s’immobilisa. Il n’y avait aucune fumée s’échappant de la cheminée, pas de traces de pas dans la neige et aucun mouvement à travers les vitres. Stella avança lentement vers la maison tout en essuyant ses empreintes dans la neige à l’aide d’une branche d’arbre. La porte de la maison n’était pas fermée, elle n’émit qu’un petit grincement en s’ouvrant. Stella s’adossa à la porte en soupirant et ferma les yeux quelques instants. C’est alors qu’elle entendit un petit craquement suivie d’une bouffé de chaleur. Son cœur eut un soubresaut mais elle ouvrit les yeux. Elle ne pouvait plus fuir. Aveuglée par la lumière du feu dans la cheminée, elle mit quelques instants à percevoir la silhouette accoudée au manteau de la cheminée. Stella se précipita pour ouvrir la porte mais se trouva face à une dizaine de gardes royaux. Poussant un bref cri de surprise, elle referma le battant et se prépara mentalement à affronter ce qui se passait à l’intérieur de la maisonnette. Cette dernière était d’ailleurs étrangement bien arrangée. L’unique pièce était agréable et bien rangée. Il était fort probable que cette cabane ne fut pas abandonnée tout compte fait. Stella posa enfin son regard sur l’homme face à elle. Plutôt bel homme, brun et grand, il souriait doucement et semblait attendre qu’elle prenne la parole.

-          Qu’est-ce que vous me voulez ?, demanda-t-elle avec hargne.

-          Peut-être pourrai-je commencer par me présenter ?, suggéra-t-il.

Ils commencent tous leurs phrases par « peut-être » ici ou quoi ?, pensa Stella avec mesquinerie. Puis elle acquiesça lentement.

-          Je suis le Prince Heren de Teraliel et j’ai besoin de vous.

-          De moi ?

-          Comment vous appelez-vous ?

-          Ah, heu oui… Heu, je m’appelle Stella No de… heu… France.

-          Stella No. de France, c’est un plaisir de vous trouver enfin. Garenel vous a longtemps cherché.

-          Garenel ?

-          Le sorcier que vous avez molesté.

-          Je ne… Je ne comprends pas ce qui se passe ici ! Je veux rentrer chez moi.

Le prince regarda longuement le brasier avant de tourner vers elle un visage ravagé par l’angoisse.

-          Mon peuple est en danger. L’oracle a dit que vous pouviez nous aider. Je vous demande de considérer ma proposition.

-          Quelle proposition ?

-          S’il vous plait, restez ici quelques jours. Garenel vous expliquera notre monde et notre culture. Il vous parlera de l’Empereur Noir, notre ennemi. Si tout ceci parvient à vous convaincre de vous joindre à nous, vous pourrez nous montrer votre magie.

-          Je n’ai pas de magie !

Le prince en fut stupéfait.

-          L’oracle ne se trompe jamais. Se peut-il que vous n’ayez jamais utilisé la magie ?

-          Dans mon monde, la magie n’est qu’un conte.

-          Un conte ? Quelle hérésie ! La magie vit dans le cœur de chaque homme !

-          Chez vous peut-être !

-          Alors comment explique-t-on ce qui vient de vous arriver, dans votre monde ?

-          Un cauchemar !, s’insurgea Stella.

Le Prince partit d’un éclat de rire qui fit trembler la masure. Stella se sentit happée par une étrange vibration qui semblait provenir de son propre cœur. Spontanément, elle reprit la parole :

-          J’accepte de rester deux jours.

Elle fut si surprise qu’elle plaqua les deux mains sur sa bouche en écarquillant les yeux. Le Prince interrompit son hilarité et lui asséna très sérieusement :

-          Voyez, Stella No. de France, il y a de la magie dans votre cœur. Je suis ravi de faire de vous mon invitée pour les deux prochains jours.

Se déplaçant avec agilité vers la jeune femme, il lui attrapa la main gauche encore posée sur ses lèvres et la lui baisa délicatement.

-          Bienvenue à Teraliel, Enchanteresse. Le dragon nous attend pour rentrer au château.

 

22 février 2014

je fuis tes mots (par joye)

je fuis tes mots

22 février 2014

Pour Alice de la part de Lewis (Joe Krapov)

DDS 286 Su Blackwell Jardin secret

Je ne sais pas ce que raconte cette forêt de signes.

Je ne sais pas ce que dit l’arbre à son voisin.


Je ne sais pas ce qu’il y a derrière la porte.


Je ne sais pas pourquoi on abat l’arbre afin de faire du papier.


Je ne sais pas si ce qu’on écrit sur le papier mérite qu’on abatte des arbres.

Je sais que c’est ton jardin secret et que tu as toutes les réponses à mes questions
Puisque tu es la réponse.

Je sais que mon manuel d’arboriculture était un incunable qui valait une fortune
Mais je te pardonne car ce que tu en as fait est très beau.

Tu voulais peut-être savoir de quel bois je me chauffe ?

La réponse est classique autant que décevante :
Je me réchauffe le cœur à la guitare de Georges.

 

22 février 2014

Les Arbres à Lire (Vegas sur sarthe)

Quand furent racornies telles peaux de chagrin
marges et couvertures et feuillets à gros-grain,
ils se sont réveillés, tordus ou estropiés
ceux qu'on anéantit pour faire du papier.
Le sorbier des oiseaux, le séquoia géant
couverts de mots ardents aux senteurs végétales,
le chêne chevelu au verbe croustillant
ont battu le rappel des essences vitales.
Leurs branches effilées portaient des mots aimables
qui de Chateaubriand qui de Victor Hugo,
des bouquets enivrants balancés à la diable
et qui vous asphyxient à tire-larigot.
Quittant les pauvres pages où ils étaient couchés
les écrits insurgés sortaient de leur silence
et j'entendis soudain des pages arrachées
l'appel des écrivains dans toute sa violence.
Ne soyez pas surpris si un jour, d'aventure
entr'ouvrant d'un bouquin la mince couverture
vous êtes assaillis par quelques Arbres à Lire
Laissez de la magie la grâce s'accomplir.
22 février 2014

Participation de Venise

On atteint ici le dépouillement absolu là où le langage bascule dans le blanc ;

Proche du haïku japonais ces arbres de papier attestent que la vie quelque part pulse encore et que la poésie est l’ultime recours contre la mort.

Où alors on est passé dans le degré zéro de la détresse

 Elle s’est réveillée sous une fine bruine, le temps lui faisait la barbe

Elle trottinait sans hâte vers la vielle ABBAYE, personne pour lui prêter un vélo ou lui permettre de téléphoner.

Pourtant nous n’étions pas aux siècles derniers et un Smartphone aurait pu être à sa portée.

Mais le pivot de la sensibilité enfantine de l’auteur ne pouvait offrir à la malheureuse qu’un plat de champignons.

Si boiteuse que soit cette histoire je ne pouvais empêcher qu’elle soit cuite et recuite

J’eu le désir de voir la jeune fille mettre trois ans pour sortir de ce conte.

Et de transformer le foret en véritable ménagerie. Je me suis installée là au bord de la feuille et je l’ai  attendue !!!!!

L’émerveillement que j’ai éprouvé dans cette attente était doublé par les plantes hallucinogènes que le conteur m’avait procurées.

Et la neige s’est mise à tomber sur les arbres.

 

22 février 2014

Suite pour EVP (Sergio)

Je m’étais levé tôt ce matin .Le soir j’avais préparé minutieusement mon matériel, ma canne Orvis (neuf pieds pour soie de cinq) mon moulinet favori, un Vivarelli une soie neuve et un bas de ligne tressé, ma casquette, quelques biscuits, un coca & mon gilet multipoches, jamais lavé contenant tout un tas de fils, boites à mouches, pinces, ciseaux etc. Tout un fourbi plus ou moins utile mais qui a valeur de talisman. Comme tous les pêcheurs, depuis des temps immémoriaux j’exécutais un rite immuable. Départ sous cycle lunaire, adoration matinale du soleil, sacralisation du matériel et port de gri-gri s’imposaient. Sans cela je ne serai pas accepté par la rivière & la pêche serait mauvaise.

J’aimais cet instant ou la nature se réveille ou la lumière revient & nous rassure. A ce moment précis j’étais entré dans la rivière. Dans ce calme paisible  qui fait suite à des passages nerveux, chaotiques où les eaux se chahutent & se bousculent. Dans cette partie plane je faisais le héron, attendant dans une bienheureuse quiétude que l’ensemble m’accepte, non plus comme un pêcheur, un prédateur mais comme une pièce du puzzle & là dans la douce attente, dans le jour naissant j’étais immobile. J’avais toujours fait cela. Je pensais « je suis là depuis un million d’années » Cette pensée me rassurait.

Un craquement, faible mais incongrue en cet instant me fit tourner la tête vers la berge. Il était là. Dans sa tenue camouflage je n’aurai pu le voir. Des éclairs de dysharmonie troublèrent le lieu. Soudain j’eu peur. Personne ne m’avait entendu partir de la maison & je tenais ce lieu secret. Tant d’histoire circulaient sur le fils Borne, additionnées de nos affabulations. Il me sourit & passa son chemin. Je remarquai que lui aussi avait une canne-fouet et marchait avec des waders. Cela me rassura. Je pêchai calmement une partie de la matinée relâchant consciencieusement les belles imprudentes. Je les trouve plus belle dans le courant.

Vers dix heure je sorti de la rivière & me dirigeait vers une petite clairière où un rocher ombragé faisait une halte idéale. Sur de mon territoire j’arrivais sans le remarquer. Il était là, sur mon banc .Je m’arrêtais mais il me fit signe d’approcher, se leva et me tendant la main me dit «  tu ne serais pas Sergio le fils d’Antone L… »J’étais sans voie& bafouillait un OUI haché & peu audible. Il se rassit m’invitant d’un geste à partager ce banc naturel si bien placé. Une longue minute silencieuse s’écoulât.

  • OUI j’en étais sûr. tu ressembles à ton père, comme deux gouttes d’eau.
  • Comme deux gouttes d’eau, on nous le dit souvent.
  • Tu viens souvent ici ?
  • Dès que je peux, le plus souvent possible. J’aime beaucoup cette vallée calme & oubliée.
  • Ah, c’est drôle. J’étais comme toi, à ton âge mais nous pêchions au toc & nous avions un matériel plus rustique. Tu es bien équipé, dis donc ! et tu pêches à la mouche. C’est nouveau dans la vallée.
  • Environ dix ou quinze ans, dès que les usines ont fermé et que la station d’épuration a été mise en service des truites ont été réinstallées & la communauté de communes a pris en charge le nettoyage des cours d’eau. C’est comme cela, avec l’école que j’ai participé à cette tache & ai découvert ces endroits puis la pêche à la mouche. Mon instituteur m’a refilé ce virus. Ma mère dit que je suis piqué. Et vous ?
  • D’abord pas VOUS mais TU. Nous sommes presque voisins & même si l’ambiance n’est pas des plus amicales. Mais c’est un peu de ma faute, je suis renfermé et j’ai appris à être silencieux.
  • Tout le monde se demande pourquoi vous OH pourquoi tu es revenu ?
  • C’est une longue histoire. je suis simplement revenu pêcher chez moi. je ne fais plus que cela. Quand je pars, tu as du le remarquer, comme tous les autres …………………..je pêche. Je prends mon barda, quelques vivres, mon hamac & je remonte une rivière, une gorge seul pendant deux, trois, cinq jours, le temps nécessaire. Il faut peu de choses pour vivre. Le soir, un hamac, un bon livre, une frontale & sous la voie lactée j’ai les plus belles soirées du monde.
  • Pensée « j’aimerai bien mais il faudra convaincre les parents … et ???
  • Je suis surtout revenu à cause d’un gamin, comme toi, même âge mais plus frêle que j’ai croisé par hasard.

C’était il y a six ans dans une très belle vallée, la vallée d’Uzbin en Afghanistan. Une belle vallée comme tu aimerais, sauvage, éloignée dans les montagnes, oubliée avec une belle rivière claire & tempétueuse   qui serpente dans des gorges magnifiques. Quelques habitants, quelques hameaux ou vivent des paysans. Le tout surplombé par des montagnes gigantesques, rocheuses, poussiéreuses, écrasées de soleil ou de froid. Mais dans cette vallée s’était invitée la folie des hommes & avec elle la barbarie & la mort.

Nous étions cette fin d’après-midi au bout de la piste empruntable par nos VAB, juste après un petit village ocre gris écrasé de lumière que l’on aurait jugé désert. Là, seul au bord de la piste étroite & enclavée j’ai vu un gamin pied nu qui me souriait. Il tenait dans ses mains un drôle de petit théâtre de marionnette  qu’il avait dû fabriquer. Dans ce théâtre de poche, un décor sinistre fait d’arbustes gris, figés, pétrifiés. Ce garçon, seul être vivant que nous avions rencontré me souriait et ses yeux gris bleu s’illuminaient. Je lui rendis son sourire & lui fit un salut amical. Il détala à toutes jambes.

Toute la nuit, jouant au chat & à la souris, après une marche éprouvante nous étions arrivés près d’un groupe de masures couleur muraille que des drones espion avaient identifié comme étant un poste de commandement & un dépôt de munition de talibans. Nous étions huit en position, deux guetteurs excentrés, deux en appuis, tireur d’élite et arme lourde d’appuis équipée d’un M16 beowulf échangé à des ricains contre une demi palette de Viognier Gangloff 2006 comme quoi même les ricains ont de vrais valeurs  (dans un accrochage le beowulf tire du calibre 50 BMG anglais, autrement dit du 12.7x99 mm Même un fanatique baisse la tête et tente d’entrer dans le boitier de sa montre.) Et enfin deux binômes chargés de la pose au plus près des désignateurs laser. Ces sources qui n’opèrent pas dans le spectre visible pour l’homme illuminent la cible pour un missile de type AS 30. La pose effectuée, j’étais en poste à environ cinq cent metres et envoyait le signal codé. Dans ma lunette je vis la porte d’entrée de la ferme fortifiée et qu’elle ne fut ma stupeur quand je vis le petit garçon sur le pas de porte comme me regardant de son regard enfantin. Il n’était pas possible qu’il m’est vu, aussi loin et enterré mais ce fut l’impression troublante que je ressenti, d’autant qu’il regardait vers le soleil levant. Il ne vit ni n’entendit le missile largué par un avion une dizaine de kilomètres avant .Celui-ci se ruait vers sa cible, croisant à trente metres du sol à une vitesse de quatre cent cinquante metres par seconde. Il était plus rapide que le son. De fait on ne pouvait l’entendre arriver. Au moment le plus beau de la journée dans ce petit jour naissant, dans cette lumière pure, dans ce calme absolu du  petit matin une boule de feu accompagné d’un hurlement cataclysmique déchira, en un instant la petite vallée. Une minute après il ne restait plus rien qu’un amas dévasté & fumant .le petit garçon n’était plus. Son image était restée imprimée sur mes rétines. J’envoyais le signal crypté de la mission réussie. Nous restâmes toute la journée enterré dans nos trous individuels, que nous avions pris soin de creuser la nuit précédente, silencieux, écrasés par le soleil. Toute la journée je vis ce petit garçon. Nous nous repliâmes de nuit.

De retour le lendemain, je me présentais au commandant de compagnie, posait mon FAMAS, mes grades et ma plaquette d’identification et lui dit sans commentaires que, jamais je ne retournerai au combat. Apres une tentative que je n’écoutais pas je fus mis aux arrêts, puis transféré dans un hôpital ou des psys bavards déclarèrent doctement que j’étais victime d’un BURN-OUT. Je ne leur parlais pas du garçonnet avec son petit théâtre d’enfant. Que peuvent comprendre des militaires à cela .Je fus démobilisés au vue de mes états de service & pensionnés. J’ai mis six années à revenir, à pouvoir regarder un enfant et à pouvoir supporter le bruit d’une cour d’école.

Tu es le premier à qui je reparle.

ser01

22 février 2014

Participation de Flo

flo

Cela me rappelle l’œuvre qui me tient particulièrement à cœur où je vous dévoilais l’histoire du livre vivant. Vous rappelez-vous ?

« Ce n’était pas Olivier qui sortait prendre l’air. C’était moi, Flo, cette autre moi-même, de chair et d’os qui dessine à reflets son ombre et son ciré, d’or et d’argent la vie qui défile, égayée du regard de la toile miroitée, signée et torsadée par ces lignes qui se sait ». Vous souvenez-vous ?

Là, le fil n’est pas rouge, il est vert.

Pourtant Olivier qui trouvait le temps long se retrouvait bien loin éloigné de son ban parce que au-delà des douze piliers d’une certaine forêt car encore plus loin que celle où l’homme avait déjà planté des glands.

Cette œuvre me fait sortir du carrefour dans lequel j’étais emprisonné. Vous avez créé la porte. Je l’avais évoquée. Vous l’avez dessinée. Elle l’a façonnée ! La porte s’ouvre. Grâce à ce livre vert de couverture, la porte est dorénavant ouverte. Mister so blanco se colore. Que se passe-t-il ?

Je change de sexe. Je suis aveuglé par tant de luminosité. Je n’ai plus besoin de mes lunettes de soleil parce que je vois double. Je vois en tant qu’homme. Je vois en tant que femme. Finalement je vois avec et sans sexe. Je me plonge dans ce récit sans fin, dans cette inspiration si fertile, dans cet amour de m’imaginer à paginer et pianote les hymnes à la vie pour ne pas dire l’ode à la joie.

Oh, merci les amis de me permettre de me retrouver dans l’explosion des sens et l’exposition du sens sans sexe ! Vous avez brisé le sortilège dans lequel j’étais emprisonné. Je ne pouvais que contempler comme organiser vos vies par divers sortilèges derrière ce lorgnon. D’ailleurs, j’ai donné à l’un/e d’entre vous pendant son rêve une boule de Cristal avec de la neige éternelle. Je vous remercie car c’était un vrai calvaire à seulement vous scruter comme divinement vous enfumer par de multiples évaporations de l’essence.

Maintenant mortel, je vis ! OUF !!!

 

22 février 2014

Le livre vert (Epamine)

 

Le livre vert

♦♦♦

Il était assez moche le vieux bouquin! Enfin, moche, plus très beau, quoi!

Il avait été beau un jour, assurément, mais ça, c'était avant! Il y a longtemps, dans la pâle lueur d'un matin d'hiver, au milieu des odeurs de cuir et de colle, de papier et d'encre, de ficelle et de carton, on l'avait relié puis habillé, non pas d'une peau de chagrin (il n'était pas un triste livre!) mais d'une élégante toile d'un joli vert mordoré. Pour finir, on avait illuminé sa couvrure par le nom de l'auteur et le titre au fer à dorer.

C'est vrai qu'il était beau!

♦♦♦

Hélas, la toile avait jauni et le bord des pages, mille et mille fois feuilletées, avait un peu bruni (sans être Carla quand même!) depuis qu'on l'avait remisé au grenier, dans un carton, avec d'autres vieux pots et potes d'étagère dont certains étaient couleur vert-de-gris!

Mais par un bel après-midi d'avril, le carton fané fut ouvert! Le livre tout vert mais fermé fut de nouveau dans la lumière, dans le fragile rai de lumière douce et poussiéreuse que lançait l’œil-de-bœuf du grenier.

♦♦♦

Après de nombreux et chaotiques déplacements en caisse à porteurs, de mornes heures vides et sombres, longues comme de vilains jours sans vélin, le livre vert se retrouva enfin dans une grande caisse verte, Quai Voltaire, éclairé par le soleil d'été, sous le ciel de Paris.

Longtemps, hélas, il resta là, las...

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Septembre ou peut-être octobre. Un dimanche. Elle s'arrête devant la grosse boîte verte du vieux bouquiniste. De ses mains douces mais déterminées, elle choisit le petit volume vert, feuillette délicatement le vieil ouvrage, observe certaines pages, sourit en caressant une illustration, referme le livre avec émotion, tend quelques pièces jaunes au vieux camelot et, le visage toujours éclairé d’un discret sourire, elle emporte le vieux livre vert qui n'est plus vraiment vert d'ailleurs mais un peu vermoulu...

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De l’autre côté de la Manche, at the tea-time, sous la lumière forte, aiguë, acérée d'une lampe d'atelier, commence la gracieuse sarabande des doigts de la fée du papier.

A côté d'une tasse de thé vert, les pages du vieux livre sont mesurées, incisées, triturées, découpées, creusées, percées, roulées, collées, badigeonnées, colorées, dentelées, courbées, redressées, élevées...

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Comme par magie, l'un après l'autre, des arbres en feuilles aux branches sans feuilles, des arbres à mots, des poémiers d'automne, poussent sur les pages ouvertes du vieux livre vert.

Et sortant d'outre-page, éclairée par une luciole, une fillette d'un autre âge s'apprête à descendre du livre pour ouvrir sans bruit la petite porte secrète de son rêve de papier!

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22 février 2014

Les arbres de papier (KatyL)

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22 février 2014

L'Arbre et le Livre (JAK)

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22 février 2014

Participation de Prudence Petitpas

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22 février 2014

Elle (Célestine)

 

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Ça a débuté comme ça.

Un matin de fin d’hiver tout gris. Le petit chat est mort.  Dans sa chemise de soie pâle, Elle est sortie dans l’air glacé, sans même penser à s’habiller. Elle a couru dans le bosquet à moitié nue, le givre perlait à sa bouche. Son chagrin ne sortait pas. Aucun cri. Aucune larme.

« Couvrez ce sein que je ne saurais voir ! a dit la mère supérieure d’un ton sévère. Mais que sait-elle, la vieille,  de son jardin secret ? Ne sait-elle pas que pour Elle, depuis toujours, l’enfer c’est les autres ? Murée dans son autisme, Elle parcourt la vie avec des ailes de géant échoué sur le sol. Etre ou ne pas être, est-ce vraiment la question ? Pour elle rien d’autre n’existait que cette boule de poils. Mais que diable est-il allé faire dans cette galère ?  Hélas ! Il a vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un matin…

Les arbres menaçants tendent leurs doigts de griffons vers le ciel. La terre est bleue comme une orange.

«  Il faut cultiver notre jardin, dit Sœur Eliette. Car là, tout n’est qu’ordre et beauté.

-Jardin?...Dessine-moi un mouton, dit Elle.

-Pour remplacer ton chat ? Tu es folle, bien sûr, mais va, je ne te hais point. »

Les bouleaux se penchent vers Elle, comme des bras. Elle voudrait dormir pour toujours, dans les draps soyeux de la neige de mars.

 

 

Amusez-vous à retrouver les 12 citations qui se cachent dans le texte...

 

22 février 2014

Renaissance (MAP)

livre-foret

Pages blanches ou imprimées

-Senteur de bois et doux feuillages-

vous formez un si bel ouvrage

-lettres et mots disséminés-

 

Voici qu'au fond de votre coeur

-âmes des arbres égarées-

renaît la forêt oubliée

instant de fugace bonheur !

22 février 2014

J'ai tout vu ! (Walrus)

De ce terreau nourricier qu'était l'œuvre de l'immense auteur français surgissait  à présent une profonde forêt, image de ce qu'avait coûté à la nature l'édition toujours renouvelée, en d'innombrables formats et collections diverses, de ses élucubrations aristoguignolesques, fléau qui n'avait eu de comparable à ce jour que la déforestation massive de la planète par les planteurs d'Elaeis guineensis Jacq attirés par les bénéfices tout à la fois honteux et plantureux des pirates de l'industrie agroalimentaire, ceux-là même dont on raconte qu'ils ne sont guère à cheval sur le respect du bœuf, fût-il sur le toit.

Mais je m'égare ! Un peu à l'image d'Albertine (prénom obtenu en associant intimement Alice et libertine) perdue dans la forêt dont question ci-dessus et la parcourant en tous sens autant que pédestrement depuis que son cheval s'était emplafonné sur un arbre en bois dur, transformant la fière et fringante amazone que fut sa cavalière en sauvageonne coureuse de bois.

Son huit-reflets élégamment drapé d'un vaporeux voile de soie était irrémédiablement perdu, lui qui avait à l'instar des carrosseries déformables de nos modernes automobiles encaissé la majorité du choc protégeant ainsi la cervelle d'oiseau (voir défi précédent) de la charmante écuyère.

Elle avait donc abandonné la chose auprès de la dépouille de l'animal qui, contrairement au casoar, était dépourvu de casque autant que de haut-de-forme protecteur et n'avait donc pas survécu à cette rencontre inopinée avec le géant de la forêt qui s'était subitement dressé devant lui dans sa course effrénée.

Depuis le temps qu'elle errait à travers la futaie, elle commençait à se trouver peu futée elle-même de n'avoir cédé à cette pulsion libératoire qui l'avait fait se précipiter au triple galop dans la forêt pour échapper à son geôlier que pour s'y retrouver tout aussi irrémédiablement prisonnière que dans la sombre demeure de son bourreau.

C'est en ressassant ces funestes pensées qu'elle se trouva soudain nez à nez avec un mur lequel lui sembla de papier. Elle tendit la main, palpa la matière, aucun doute !

"Oh, une maison japonaise !" s'écria-t-elle tout en ajoutant immédiatement, car elle  était auvergnate, "Ch'est gai cha !" Et elle poussa la porte.

Mal lui en prit, car comme les portes des maisons japonaises traditionnelles se glissent mais ne se poussent pas, elle défonça le panneau de papier pour tomber à genoux devant un jacuzzi où macérait un vrai, un dur, un tatoué de chez tatoué, en un mot : un yakuza !

- Sabre de bois! s'écria ce dernier, fervent adepte du kendo, Vous être défoncée, parole ! Pas parce que vous vautrer vous sur tapis persans avec copain en marcel que vous devoir aussi fumer moquette, même si persane qualité supérieure est, vous contenter plutôt vous de cigare à moustaches d'ami à vous, Baronne !

- Je ne suis pas Baronne, même si j'ai noble allure, je m'appelle Simonet !

- Baronne Simone est, je savoir source sûre !  lui répondit le baigneur tatoué.

- Simone l'est peut-être, mais moi je suis Albertine, la libertine...

- Ahah ! Vous être sorte Geisha ? Vous jouer Shamisen ?

- C'est parce que vous marinez que vous me parlez de misaine ? Seriez-vous capitaine au long cours ?

- Longs, courts, falloir choisir, vous pas pouvoir avoir deux, mais peut-être moi pouvoir trancher en biais , shah ! Grand coup katana, lames japonaises parfaites pour tailler cheveux belles dames...

- Mais, cet animal veut saquer ma coiffure !

- Saké ? Femme pas boire saké, plutôt faire thé matcha...

- "Femme faire thé matcha..."  Non mais tu t'entends ? Je vais te faire infuser,moi, gros macho !

Et elle plongea dans le bain à bulles.

Ce qu'il advint par la suite nous restera à jamais inconnu, la diligente domesticité japonaise s'étant précipitée pour réparer le panneau à grand renfort de papier de riz (wagami).

 

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Le défi du samedi
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