En flag (Kate)
L'ours de La Rochelle (petitmoulin)
Tu peux me dire que tu as vu
Un canon chalouper
Dans les rues d'Édimbourg
Un soir chaud de l'été
Un cheval blanc racé
Lire La Jument Verte
À l'insu du jockey
Les 101 dalmatiens
Se gaver à la table
D'un ossuaire étoilé
Un faussaire bohème
Plier mille cocottes
Avec ses faux billets
Mais l'ours goguenard
Qui claquerait des ailes
Sur un rythme ragtime
Au port de La Rochelle
Alors ça
Je ne le crois pas !
O comme Ours (Adrienne)
Si on est un homme à dix-huit ans,
Si la femme est un homme comme les autres,
Alors oui, nous avons la réponse à la question :
Vous l'avez vu, vous,
l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours ?
- Qu’est-ce que ça fait ici, tous ces ours ? demande Monsieur Neveu quand il rencontre le trentième à peu près au bout de deux jours.
- L’ours est le symbole de la ville, répond l’Adrienne.
Au terme de la semaine berlinoise, ce choix symbolique n’étonne plus Monsieur Neveu.
Stop ! (Walrus)
Pas la peine de vous précipiter dans l'Aunis
Je lui ai fait peur, l'oiseau s'est envolé !
Paris-nord par bongopinot
Des passants des riverains
Approchant la gare du nord
Peuvent sans même un effort
Admirer cet alliage de cuivre et d’étain
Posé sur un socle majestueux
Cette statue monumentale
Représente un drôle d’animal
Qui semble vraiment furieux
Gueule ouverte rouge de rage
C’est un ours ailé
Venu nous avertir d’un danger
Ainsi il délivre son message
Notre planète se réchauffe
Il nous faut trouver des solutions
Animaux en voie d’extinction
La banquise s’évapore vite on étouffe
Histoires d'ours (Venise)
Voici l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours.
Hé moi aussi j’ai vu l’homme qui a vu l’ours
Allo oui , l’homme qui a vu l’ours attend son courrier , j’arrive !!
On ne vend pas la peau de l’ours avant que l’homme qui a vu l’homme jure sur la bible d’avoir vu l’ours !!
Voici l’homme qui a vu l’homme qui a vu le cheval je sais je suis hors sujet mais c’est comme ça !!
Voici l’homme qui a vu l’homme et qui a pris un pied au cul !!
Bonne vacances à tous de la part de Monsieur hulot.
Sur la pierre (petitmoulin)
Une oreille
Sur la pierre
Vibrante encore
Des rages du canon
Une main
Sur la pierre
Brûlante encore
Du sang de son histoire
Le visage
Sur le silence
Il parle d'été
De l'odeur du jasmin
Des fruits mûrs au verger
Il dit les nuits froides
Et la faim et la peur
Dans les yeux d'un enfant
Il dit l'oiseau blanc
Dans un ciel de tourmente
La lueur accrochée
Au-dessus d'un puits d'ombre
Les champs de fleurs sauvages
Et les champs de bataille
Debout
Sur leur parcelle d'utopie
Des mots voudraient crier
Sans armes mes amis !
Sans armes !
Qui les entendrait ?
En force (Kate)
Déploiement de tant de force
Pierre et feu
Pour montrer les dents
Et se défendre
Et si cette écorce
Epaisse n'était qu'un jeu
Où passerait le vent
Et ferait l'armure se fendre
Il n'est muraille
Dans laquelle brèche
Ne puisse être ouverte
Chaque fenêtre se fait entaille
Qui dit canon dit mèche
Qui conduira à sa perte
Avignon, Palais des Papes, "Métamorphoses méditerranéennes", rétrospective Stefan Szczesny, juillet 2014 (photo de l'auteur)
Pour paraphraser Emma (Walrus)
LES CANONS DE NAVARONE (Venise)
Pour cet été , je vous propose un jeu.
L’idée/
Trouvez dans le film LES CANONS de NAVARONE les clichés, les répliques qui résonnent avec situation grecque actuelle.
EX :en 1943 les allemands tiennent la Mer EGEE. Vous voyez où je veux en venir.
Sur Karos le point de ralliement est le Monastère de saint ALEXIS .
Moi j’ai trouvé 11 coïncidences
A vous de jouer.
Entre nous cet été revoir les gueules de :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gregory_Peck
https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Niven
La batterie de longues sur mer par bongopinot
Le canon tourné vers le soleil levant
Sur ces hauteurs souffle le vent
La batterie de longues-sur-mer
Admire le sable dans la lumière
Tous ces canons alignés
Pour ne jamais oublier
L’horreur de la guerre
Face à la beauté de la mer
Une visite du site du débarquement
Entouré d’enfants et d’adolescents
Dans un silence imposant et solennel
Sous un bel arc-en-ciel
La pluie est venue voir le soleil
Normandie met mon cœur en éveil
Dans une chaleur humide
Dans cet endroit qui intimide
Cette eau lave les esprits
La chaleur guérit les cœurs aigris
Un murmure sort des canons
Pour ne pas oublier leurs morts et leurs noms
Ma Marseillaise (Minuitdixhuit)
On était cinq, en ligne.
Je ne sais pas pourquoi j’étais là, sans doute parce que Maîtresse avait pensé que je chantais bien et que Monsieur l’Inspecteur d’Académie aimait être accueilli par des chœurs patriotiques.
Samira chantait bien. Ah ça oui, elle chantait bien. Avez-vous entendu le grelot de sa voix ? Il termine par une arabesque qui me tire des larmes. Maîtresse :
— Tu arrêtes de pleurer ! T’es pas un homme ?
Non, je ne savais pas à l’époque que j’étais un homme et qu’un homme, ça ne chougne pas… Samira me regardait du coin de son œil. Elle me murmurait avec son cœur en forme de coin d’œil :
— T’es un homme.
Je n’ai compris que plus tard qu’elle me disait :
— T’es mon homme.
Et qu’elle était amoureuse, autant que moi, mais le temps de la guerre était venu et ce n’était plus possible d’aimer. Non. Possible, peut-être. Mais interdit.
On était cinq en ligne.
Je ne sais pas pourquoi j’étais là, sans doute parce que Maîtresse avait pensé que je chantais bien. Maîtresse, c’était ma mère. Ça explique peut-être pourquoi j’étais là au lieu de payer la bonne à me garder à la maison.
Ben Chetrit était mon meilleur copain et il chantait en levant sa tête de gros lard Juif et j’essayais de l’imiter en ouvrant large la bouche. C’est sans doute ça qui m’a perdu.
Il y avait aussi Marie-Louise, une Maltaise maigrichonne, et Albertino un Sicilien dont la mère confectionnait les meilleurs beignets du monde.
Je sais qu’à présent ça me choquerait qu’on définisse les gens par leur origine, mais c’était comme ça qu’on m’avait appris.
La mère de Ben Chetrit nous bénissait dans une langue venue d’outre-tombe en tricotant éternellement des camisoles à rayures bleues et blanches que je n’ai jamais vu portées par personne. Sauf à la télé, mais le noir et blanc des documentaires sur des fantômes en cage ne mettaient pas bien en valeur les ouvrages de Madame Ben Chetrit.
Celle de Marie-Louise nous filait des sucreries écœurantes en forme de Jésus crucifié qui ont cauchemardé mes nuits, comme encore elles le font quand je me réveille en sueur, la tête atrophiée d’un Christ mou collée à mon palais et tentant de m’étouffer pour tous mes péchés inconfessés, ses pieds décloués battants comme ceux d’une grenouille à moitié dévorée par le serpent infernal que je suis devenu.
— Mange, tu viens gros.
C’est tout ce dont je me souviens de son Français et de cette Eucharistie de guimauve.
Celle d’Albertino me réjouissait. Avec son martinet à la ceinture, elle nous courait après, finissait par nous attraper et, dans les effluves troublants de lingerie fraîche, en nous paralysant entre ses énormes mamelles, nous faisait ingurgiter un beignet de plus. Je sais pourquoi à présent les seins des filles ont toujours eu pour moi un goût risqué de course-poursuite, un enivrant parfum de fleur d’oranger et une douceur violente en bouche.
La maman de Samira posait son doigt sur nos fronts avec un air triste :
— Vous êtes tous mes enfants.
Les Arabes, à cette époque, étaient tristes. Je retourne en Algérie, j’y vais pour tenir la main de la vieille Fafa, la maman de Samira, qui n’aura jamais eu le temps de ne pas être triste, parce qu’elle a perdu sa fillette juste à la fin de la guerre.
Elle me dit avec l’air de faire semblant d’être heureuse :
— Vous êtes tous mes enfants.
L’air perplexe, Maîtresse passait et repassait devant nous alignés, nos bouches grandes ouvertes sur l’hymne qu’elle nous inoculait comme on inocule un vaccin, ou un virus, pour faire de nous de parfaits Français.
À ses allers-retours suspicieux, on avait compris qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas dans la chorale. Elle nous avait demandé de chanter seul, chacun notre tour.
D’abord Ben Chetrit avec sa voix qui dépassait le mur du son. « Allons Enfants… »
Le tour d’Albertino. « … de la Patrie, hi heu… » Il goualait comme son père le dimanche après-midi dans son costume blanc, les yeux fermés et la main sur le cœur, dodelinant de la tête. Ça nous a donné le fou-rire et provoqué l’agacement de Maîtresse.
Marie-Louise avec ses grands yeux qui priaient éternellement un Dieu en sucre d’orge. « … Le jour de Gloire… »
Puis, Samira, « … est arrivé ! » mais j’ai ravalé mon émotion de l’entendre, je suis un homme. Non ?
Et mon tour. On allait voir ce qu’on allait voir, comprendre qui j’étais malgré ma timidité maladive. Samira m’encourageait du regard et Ben Chetrit me faisait signe de bien ouvrir la bouche :
— « Contre nous dans la tirelire, les têtards sans dents élevés… »
Au regard furibond de ma mère, j’ai compris que c’était moi qui clochais dans ce chœur patriotique.