Pour un simple regard (Walrus)
Ne pas regarder... surtout ne pas regarder !
Voir d’accord, mais surtout ne pas regarder.
Sinon, vous savez ce qu’il advient.
Aussi ce matin fixais-je obstinément mes pieds : tant que je ne regarde que moi, je le reste.
Je progressais mécaniquement, évitant de trop prendre conscience de ce monde qui m’entourait... et c’est là que je l’ai pris en pleine tronche.
Sous le choc, j’ai reculé de quelques pas et je l’ai vu :
Et non seulement je l’ai vu, mais son aspect inhabituel m’a fait... le regarder !
Bah, j’aurais pu plus mal tomber.
D’ailleurs, je n’étais pas tombé, j’avais simplement vacillé sous le choc.
Mais bon, je l'avais regardé...
Dans ma peau d’acier de réverbère, je me sentais comme un preux chevalier en armure.
Inébranlable.
La force tranquille (j’ai pas déjà entendu ça quelque part ?)
Tel un phare face à l’océan, solidement enraciné dans le sol, la tête dressée vers le ciel.
Prêt, à la nuit tombante, à remplacer le soleil.
Un peu comme cette statue de Bartholdi : la liberté éclairant le monde.
Ah ! Toiser, dominer de toute ma hauteur ces créatures à la démarche incertaine et s’écartant prudemment de moi, saisis d’une crainte respectueuse : les hommes.
Quel exaltation !
J’en avais des bouffées d’orgueil.
Ma puissance me faisait tourner la tête...
C’est alors que j’ai vu s’approcher ce chien...