Histoire disparue (Cavalier)
Je suis
La vie tissée au cordeau
Au travers des pays sages
En rage
Au couteau gainé et pris dans les rochers
À la brise qu’emportent les cigognes
Borgnes
Voilà, je suis
Au miroir sans tain
À la traversée sans bris de glace
Comme un lac empli de foules étranges
Comme une terre tassée de mille nuées ardentes
Je suis le chemin
Du soir au matin, je crie à la nuit
Et je patauge dans les rêves circulaires des mortels
Des monstres du mensonge
Aux images muettes qui hurlent à mes oreilles
Qui me font perdre le souffle de mes jours
Et m'étouffent chaque nuit…
Trac (Anémone)
Le front et les mains moites,
Amor vincit omnia (joye)
Il était une fois deux feux d’artifice qui voulaient se marier.
Tout le monde était contre :
Enfin, pas tout le monde.
Les feux de gauche d’artifice comprenaient.
Les feux de droite d’artifice étaient un peu contre, pour la plupart,
seulement à cause de l’argent, mais quant aux raisons morales d’artifice, ils s’en fichaient un peu.
Mais les feux de l’Église d’artifice étaient contre.
Ils citaient la Bible d’artifice qui défendait l’amour entre deux feux d’artifice – enfin, la vieille partie - bien que cette même Bible – enfin, la nouvelle partie - disait que tous les feux d’artifice était des égaux devant les yeux du Seigneur d’artifice, et aussi que ce qu’on faisait au moindre feu d’artifice, on faisait aussi au Seigneur d’artifice.
Beaucoup de temps d’artifice a passé - il y a eu des étincelles -
mais enfin, on a compris que l’important d’artifice, c’est qu’on s’aime, les uns les autres et sans artifice.
C’était alors enfin feu vert.
Et donc les deux feux d’artifice se sont mariés et ils ont fait beaucoup de jolis petits enfants d’artifice.
Et la foule, épatée, a crié :
« QUE C'EST BEAU, DEUX FEUX D'ARTIFICE QUI S'AIMENT!
HOURRAH ! »
Le rapport du détective (Joe Krapov)
Si la photo est ratée
C’est la faute à Erato :
Zeus est protégé par elle
Et j’n’ai pas l’bon appareil ;
J’ai juste une antiquité
Un Olympus tout mité !
Transformiste de génie
Il s’est fait mite au logis ;
Pour séduire une pucelle
Le voilà pluie d’étincelles.
Au juge des délits flagrants
Ca n’paraîtra pas probant :
Avec mon vieux sténopé,
Sûr, ma photo est loupée !
Pour coincer cet adultère
Il n’y a pas de mystère ;
C’qu’il nous faudrait, dame Héra,
Ben, c’est une caméra !
Participation de Droufn
Reflet (Vanina)
Je m’appelle Trèfle. A ma naissance, on m’a cru mort. Est-ce pour cela qu’aussi loin que je me souvienne, je suis captivé par les portes, les seuils, et autres passages ?
Il me revient parfois en mémoire, que pour m’endormir le soir, j’aimais la douce voix de Maman qui me lisait le roman de Lewis Carroll « De l’autre côté du miroir ». Encore enfant, je fus fasciné par le film de Jean Cocteau, « Le testament d’Orphée ».
Une nuit, endormi dans mon lit, j’ai rêvé que je passais, moi aussi, de l’autre côté du miroir de ma chambre.
Je n’ai jamais pu revenir.
C’est de là que je vois le mobile, fait de diodes électroluminescentes de différentes couleurs, qui illumine ma chambre de mille étoiles colorées dans une danse ondoyante. Cette silhouette que j’aperçois dans l’embrasure de la porte, il me semble bien que c’est Maman… Je tends les bras vers elle, mais elle ne me voit pas. Pleure-t-elle ?
De l’autre côté du miroir tout est flou…
Depuis quand suis-je là ?
Lorsqu’on n’est plus que le reflet de soi-même les choses ne sont plus si claires.
Je sors de ma poche un crayon et un petit carnet et je commence à écrire le livre de ma vie. Pour le moins, ce dont je me souviens. Mais dès qu’il passe de l’autre côté du miroir, les lettres s’effacent petit à petit, ne laissant à sa place qu’une image : cet instant figé où j’ai pris la décision de l’écrire.
Je m’appelle Trèfle. A ma naissance, …
Lumières du Monde (Lise)
Voici que de multiples visages
S'éclairent à l'infini et vibrent à la Vie
Superposant le noir et blanc rectilige
Dressé comme une vigie dans le clair-obscur.
Tel Saint Denis sur sa montagne
Prenant la tête dans leurs mains
Pour continuer à marcher
Ils bousculent, en Amour, l'adversité.
Les temps sont au discours transversal
L'humanité toute entière est en marche
Vers une résonance de l'Être.
Les lumières (EVP)
Il voyait toutes ces merveilleuses lumières et il lui sembla entendre :
« Entre ici, Jean Moulin – Oui, il s’appelait Jean Moulin, mais lui, il ne résistait pas à grand-chose et surtout pas au whisky ! – Entre dans ma lumière éternelle. »
Il croyait apercevoir un grand barbu qui l’appelait depuis l’autre côté… Ça fichait drôlement la trouille quand même !!
Il secoua la tête, s’accrocha au comptoir et balbutia :
« Garçon ! Un café…Double ! Siouplaît ! »
Le garçon s’approcha avec la tasse :
« N’est-ce pas qu’elle est jolie ma guirlande lumineuse derrière les verres, ça fait des reflets magnifiques, hein ? ».
Rassuré Jean soupira : « OH ! Chouette, oui ! Alors…Un petit cognac pour faire passer le café !! »
Course à la vie (Vegas sur sarthe)
Le voyage... (Venise)
Nous avions pourtant les yeux bien ouverts.
Des flots de lumières nous envahissaient et clignotaient à la fois. Cependant, nous nous sentions plus à l’aise ici au milieu de cette chaleur communicative.
Ainsi nous nous étions liés à ces êtres de lumière.
Ils étaient entourés d’auréoles ovales de rond de verre, et marchaient sur une vapeur bleue qui était peut être un nuage.
La clarté et les ténèbres sont devenues deux chambres qui glissaient l’une sur l’autre
Puis ce fut le silence. C’est à ce moment-là que nous vîmes les étoiles s’accrocher dans la nuit et toutes les lumières de la terre s’allumèrent pour confondre l’obscurité.
À partir de ce moment là nous fûmes envahis d’une émotion intense et les cosmonautes que nous étions aiguisèrent leurs facultés pour déceler l’extraordinaire de ces instants fugaces.
Nous nous sentions supérieurs aux autres hommes.
Que notre nom passera à la postérité cela nous était bien plus indifférent que de vivre heureux ici au centre de la galaxie.
La poussière de l’univers déteignait sur la cabine .,au loin on pouvait voir le soleil éclataient et s’éparpiller après un dur labeur.
On avait quitté nos rues et notre ciel s’était refermé derrière nous comme un oiseau noir de mauvais augure.
Il y avait dans l’air frais des étoiles que j’aimais.
Je me penchais vers la lune qui déjà regardait de l’autre côté du monde.
La lumière allait loin, et entre nos mains tremblantes,
Trop pleine de rayons gamma l’univers ridé éclatait d’un rire sonore.
Le jour tombé à plat sur la terre on pouvait voir d’ici tous les astres morts qui pris dans une toile pleuraient autour d’elle.
Défi #232
Cette photo fait partie d'un livre
mais l'histoire qu'elle illustrait a malheureusement
disparu !
A vous de la retrouver !
Nous attendons avec grand plaisir vos réponses à
A tout bientôt !
Ont été pris sur le fait
Le voleur de bicyclette. (Mamido)
C’est l’été. La canicule. La fin de l’après-midi voit la chaleur baisser d’intensité jusqu’à en devenir presque supportable. Tout au long de la journée elle a chauffé à blanc les murs de pierre de la vieille maison et les dalles de la terrasse et c’est tout juste si on commence à pouvoir y poser les pieds.
On autorise enfin les garçons à sortir. On les a maintenu enfermé à grand’ peine toute la journée dans la grande salle maintenue fraîche grâce aux volets fermés.
Les petits apprécient de pouvoir gambader dehors. Ils retrouvent leurs tricycles avec lesquels ils n’ont pas pu jouer de la journée. Celui d’Alexandre, dix-huit mois est tout simple avec juste une petite remorque à l’arrière. Celui de son cousin Louis, de cinq mois son cadet est plus sophistiqué : des flots de rubans au guidon, une sonnette deux tons et à l’arrière un petit coffre qui ferme avec un couvercle et où l’on peut transporter ses trésors les plus chers.
Alexandre envie le tricycle de Louis mais celui-ci ne lui permet pas de s’en servir. Il pousse des cris déchirants qui alertent toute la famille et montre même les dents dès qu’Alexandre fait mine de s’en approcher. A treize mois, on n’est guère prêteur !
Alors Alexandre ruse… Il s’empare du doudou chéri de Louis et l’emmène avec lui. Louis abandonne aussitôt le tricycle. Doudou est bien plus précieux. Alexandre jette Doudou loin, au fond du jardin. Et pendant que Louis court, court, éperdu à la recherche de son ami perdu, Alexandre s’empare de son vélo. Il jubile de son astuce. Son visage rayonne de satisfaction du tour qu’il vient de jouer à Louis.
Lorsque Louis va se plaindre, Alexandre déclare aux parents médusés : « Mais Louis veut plus vélo, Louis veut Doudou !... »
Alexandre est un fieffé coquin.
Racket (MAP)
Je l’aimais bien cette bague que tu m’avais offerte et voilà qu’en voulant la remettre à l’endroit car elle avait tendance à se retourner … PLOFFF … elle est tombée, lors de ma randonnée en raquettes dans les Vosges !!!
La neige était épaisse à cet endroit !
J’ai bien vu le trou que la bague avait fait en tombant mais je ne fus pas la seule à le voir !
Oh la rapidité avec laquelle je fus « rackettée » !!!
Je n’en suis pas encore tout à fait remise !!!
Tu aurais vu le tableau !!!
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J'ai comme qui dirait été "pie et geai"
mais il n'y avait que la pie ce jour-là !
Lettre ouverte à mon voleur (Célestine)
Cher voleur,
Hier soir, en sortant du restaurant végétarien-zen où une amie m'avait gentiment conviée, je n'ai plus trouvé mon vélo.
Je ne peux te décrire les sentiments confus qui m'ont agitée en cette brève minute où il a fallu que je me rende à l'évidence.
Incrédulité, refus, incompréhension, colère, révolte, dépit, acceptation, résignation, relativisation...Toute la palette.
La soirée avait pourtant fort bien commencé, le cadre était idyllique, et j'avais décidé de m'y rendre à bicyclette afin de profiter de la douceur du soir et de contribuer modestement à la protection de la couche atmosphérique en ne rajoutant pas de céodeux inutile...
Repas léger, bulles de connivence, on se raconte nos vie, on échange, à la lueur des lampions qui donnent un joli teint et un air un peu mystérieux. On parle d'enfants, de yoga, de boulot, de lectures, d'avenir. On est bien. L'air est tout empreint de ce bien-être.
Et là, paf! coup de théâtre, coup de grisou. Là, sur la digestion, me faire ça! Plus de vélo, un sentiment de grand vide et le poteau auquel je l'avais attaché, pourtant solidement, qui semble me dire d'un air penaud "Je n'ai rien pu faire, tout est allé si vite..."
J'espère au moins que tu vas bien le traiter. J'ose penser que tu en avais vraiment besoin pour te déplacer. Que tu es un adepte de l'écologie, et que j'ai fait un heureux.
Parce que si tu l'as volé pour le revendre, je te préviens, tu n'en tireras rien, c'est un biclou qui ne vaut plus un clou.
Si je le retrouve au hasard d'un "marché du vélo d'occasion" ou d'un vide-grenier, je le reconnaîtrai entre mille. Il clignotera de tous ses feux et me dira: "Reprends-moi!" Moi seule connais ses blessures secrètes.
Tu ne pourras rien faire pour m'en empêcher. Tu ne sais pas de quoi je suis capable pour un ami.
Tu ne sais pas l'amitié profonde que j'avais pour mon vélo.
Avec lui, j'aimais sentir le vent voleter dans mes cheveux, j'aimais sentir mon corps bouger, mes jambes dorer, ma robe se soulever un peu, la griserie des chemins de noisettes où il aimait m'emporter. Lui et moi, on s'entendait à merveille.
C'était bien plus qu'un tas de ferraille. C'était un art de vivre.
Je ne te salue pas.