- Vu que je suis né la même année que François Fillon, le plus rigolo des clowns blancs de la Sarthe, j’ai grandi dans les années 60. Le jour où on n’allait pas à l’école était le jeudi. La veille au soir mes condisciples s’étaient fait peur en regardant « Belphégor » à la télé. Les postes diffusaient en noir et blanc. Il n’y avait peut-être bien qu’une seule chaîne. Le soir gros Nounours souhaitait bonne nuit à Nicolas et Pimprenelle. Quand il n’y avait pas assez de programmes, on voyait le petit train Interlude avec ses rébus. Le dimanche après-midi Steve MacQueen interprétait Josh Randall dans « Au nom de la loi ». Sur le coup de 19 heures 30 il y avait Thierry La Fronde avec ses compagnons dont je sais les prénoms par cœur : Jehan, Pierre, Judas, Bertrand, Martin, Boucicault et Isabelle. A la maison on lisait « Vaillant le journal de Pif » mais les enfants du boulanger étaient eux abonnés au « Journal de Mickey ». D’autres feuilletaient « Tintin » ou « Spirou ». Les voitures en plastique étaient de marque Norev, celles en métal étaient des Dinky toys. J’ai eu un circuit de voitures de courses Jouef (je l’ai toujours). D’autres, plus fortunés, jouaient les Michel Vaillant sur Circuit 24 ou sur Scalextric. J’ai mangé des pommes, des poires et tressé les premiers scoubidous avec Sacha Distel. J’ai connu l’explosion des yéyés : Johnny Hallyday, Sheila, Sylvie Vartan, Françoise Hardy mais j’aimais plutôt les marrants : Jacques Dutronc, Antoine, les Charlots, Michel Polnareff et j’ai même été fan de Claude François. J’ai honte quand j’y pense… et puis j’oublie. Au cinéma mes parents nous emmenaient voir les films avec Jerry Lewis et Dean Martin. Sinon c’était Darry Cowl, Bourvil, De Funès, Belmondo dans « Les Tribulations d’un Chinois en Chine »et puis la grande claque de Mary Poppins. J’ai eu une collection de porte-clés quand cela a été la mode. J’ai vu sortir en librairie les premiers albums d’Astérix et lu chez le fils du coiffeur les aventures de Tintin. La trouille avec Rascar Capac ! On avait le choix aussi entre Michel, Langelot, Alice, les Trois Mousquetaires, le Club des cinq, les Six compagnons et le Clan des sept ! A la radio on écoutait « La famille Duraton », « L’homme à la voiture rouge » « Quitte ou double ». Fernand Raynaud appelait le 22 à Asnières. Raymond Devos démontait la mer à Caen et Jacques Baudoin donnait des leçons d’anglais à Philibert. Henri Tisot imitait le général de Gaulle et Anquetil et Poulidor animaient le Tour de France. Puis sont arrivés James Bond, les Beatles, Bob Morane, Le Prisonnier et mai 68. Bref j’ai grandi dans les années 60, Joe Krapov.


- Tout ça ne me dit pas grand-chose, P’pa ! Pourquoi me parles-tu de cette époque révolue ?

- Parce que j’ai de plus en plus l’impression, vu le mal que j’ai maintenant à aller gagner ma vie dans ce monde de malhonnêtes, que ce sera mieux hier. Et depuis que mon hébergeur a fait disparaître dans les limbes les commentaires de mon blog, je sens que tout un pan de mon passé n’existe plus que dans ma seule mémoire plus très vive. En gros, j’ai envie de crier comme Harpagon : Au voleur ! Au voleur ! A l’assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné ; on m’a coupé la gorge : on m’a dérobé mon passé. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête ! On m’a volé mon enfance, Joe Krapov !


- Une chose est sûre, P’pa ! Ce n’est pas moi qui ai fait le coup ! Moi je suis né en 1989, j’ai joué à Zelda sur une Game boy, j’ai commencé l’informatique sur un Amstrad CPC 464... Bref, j’ai grandi dans les années 90 ! Et ce que je peux te dire aussi c’est que ta surconsigne du jour, si tu ne l’as pas volée à Kyan Khojandi, je veux bien être pape !


- Volée, volée ! Tout de suite les grands mots ! Disons que c’est un hommage ou à la limite un plagiat !


- Ok alors chantons : Vamos à la plagiat oh oh oh oh oh Vamos à la plagiat…