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Le défi du samedi

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6 février 2016

Sans glace ! (Laura)

Je ne suis pas trop « glace. »
Le whisky, je le préfère sans glace, ni coca, ni eau, ni rien d’autre ; sec, dit-on ou « dry » si l’on veut se  donner un « style » ou si on va dans un pays où c’est nécessaire de le dire ainsi. Bien-sûr, ça m’est arrivé de boire un « baby-coca » en boîte ou dans un lieu où le whisky n’est pas forcément aussi bon qu’il est cher.
Quand j'ai eu(tard et rarement) l'autorisation d'aller en boîte et/ou que j'avais un rendez-vous galant, je montais à l'étage où vivait ma grand-mère paternelle et je me pomponnais devant sa glace à elle sous sa lumière . Souvent, elle chantait de vieilles chansons que j'ai apprises grâce à elle, . Quand je me maquillais les yeux grâce à son miroir, elle me disait que j'avais « des yeux à faire sauter les boutons de braguette, »
Si je n'ai pas encore brisé la glace(comme le préconise la consigne), c'est parce que j'ai laissé un jour un membre de famille le faire en y jetant (sur la glace de l'armoire à pharmacie de la salle de bain le flacon(en verre) de l'eau de toilette que je venais de lui offrir . Les mots qui accompagnèrent le geste furent plus coupants et blessants que les morceaux de verre brisé. Depuis cet incident, j'abandonne bien souvent rapidement toute velléité d'offrir un cadeau à cette personne . Car même si je cassais ma tirelire comme je l'avais fait cette fois-là, rien ne lui a jamais paru assez bien... venant de moi .
Une deuxième fois, il a brisé la glace en ma présence . C'était après qu'il ait ri alors que- croyant mettre mon pied dans la barque de mon grand-père- j'avais en fait enfoncé mon chausson de petite fille dans quelques centimètres d'eau boueuse. Il riait aussi lorsque je prenais un ballon prisonnier dans le nez et que ce dernier se mettait à saigner,
Pendant l'hiver de l'année 1985, il fit jusqu'à moins vingt-cinq degrés et ce pendant plusieurs semaines, Un incendie avait éclaté au centre-ville et les lances des pompiers gelaient, Les photos de « notre hiver » eurent les honneurs de la presse nationale. Le bief (comme le canal de la Seine d'ailleurs entre autres) de la maison de campagne gela. Cependant, la glace ne résista pas à cette personne de ma famille qui se retrouva dans quelques centimètres d'eau très froide, Je ne ris pas à l'époque car j'étais trop gentille...
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6 février 2016

La grande gueule (Vegas sur sarthe)


En dépit de sa grande gueule de bourguignon nous savions tous que notre Oncle Hubert avait toujours été timide avec les femmes et le récit qu'il nous faisait souvent de sa rencontre avec sa polonaise Anastazia ne le démentait pas.
Il avait pour l'occasion préparé une sorte d'antisèche, une petite liste de commentaires et de questions qui devaient lui assurer le succès de son entreprise.
Ainsi donc il fit ce qu'on appelle le premier pas pour s'approcher du buffet qui avait été dressé pour l'occasion et poussa la jeune femme du coude en disant d'une voix mal assurée :“Il a l'air bon ce buffet”.
Il ignorait à cet instant qu'elle était polonaise et qu'elle préférait de loin le bortsch aux gateaux secs et la wodka à notre kir national... aussi ne répondit-elle qu'un petit “oui” de politesse.
La seconde phrase aurait peut-être plus de succès alors - réprimant cette gêne qui paralyse les timides - il s'enhardit :“J'ai trouvé cette réunion constructive, et vous?”
Elle se retourna tout à fait, surprise  :”Oh vous savez, les enterrements... quand on en a vu un”.
La question d'Oncle Hubert était peut être mal appropriée à la situation mais elle avait eu le mérite de surprendre la jeune femme.
Il est vrai qu'on trouve difficilement quelque chose de constructif à assister aux funérailles d'un quidam.
Anastazia avait cette opulence des femmes slaves qui savent profiter des bonnes choses; il lui trouva le mollet humide et l'oeil galbé ou le contraire. Il ne savait plus.
Il lui fallait enchaîner rapidement de peur que le soufflé ne retombe.

Donc Anastazia venait de sa Pologne natale pour la saison des vendanges et logeait chez la mère Jacotot derrière la mairie.
Contrairement à l'assistance endeuillée elle portait avec grâce le costume traditionnel - bustier, jupe et tablier fleuri - et aussi un nom en ski. Notre oncle crut comprendre que les noms polonais finissent souvent en ski à cause de leur rigoureux climat hivernal.
“J'adore votre chemisier” bredouilla t-il en tripotant son antisèche en attendant mieux.
Il en était déjà à sa troisième citation et l'affaire ne progressait guère.
Pourquoi était-il si difficile de briser la glace même quand on est fort, bien fait de sa personne et beau parleur?
“C'est un corselet de la région de Cracovie” rectifia Anastazia en exhibant le costume d'où dégaîllait une poitrine particulièrement généreuse.
L'Oncle transpirait abondamment et s'empressa de servir deux grands verres :“C'est un Ruchottes-Chambertin 2003. Est-ce que vous l'aimez?”
Anastazia y trempa ses lèvres si joliment charnues qu'on eut dit de grosses framboises.
“Je préfère notre wodka à l'herbe de bison” dit-elle avec une moue ravissante.
En d'autres circonstances, l'Oncle se serait offusqué d'une telle offense à son terroir mais entre eux la glace se craquelait et semblait prète à fondre, alors il lâcha le dernier commentaire de son antisèche comme on lancerait une bouée de sauvetage à un naufragé, en dernier recours :"J'ai l'impression qu'il y a moins de monde que la fois passée”

Elle le dévisagea, encore plus surprise :”C'est la première fois que je viens ici, Hubert”
Elle l'avait appelé par son prénom!
C'était LE signe, la preuve indiscutable qu'il avait harponné sa proie sur une banquise qui fondait à vue d'oeil et se dérobait sous ses pieds.
Comment conclure quand on a épuisé son questionnaire? Improviser au risque de tout gâcher?
Pourquoi souriait-elle alors qu'il allait périr noyé?
Au fond de sa poche il rencontra une clé, la clé de la Juvaquatre du grand-père.
Alors sans savoir pourquoi il parla de la Juvaquatre, une treue à quatre portes avec freins hydrauliques, 3 vitesses, une marche arrière et un coffre accessible de l'extérieur! Un bolide qui tapait le 95 kilomètres à l'heure et même parfois pendant une heure... et Anastazia était aux anges.
Elle prit Oncle Hubert par la main :”Hubert, on va l'essayer?”

30 janvier 2016

Défi #388

Briser la glace !

lebriseglaceAmundsen

Nous fondons d'impatience

en attendant vos participations

à

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

30 janvier 2016

Ont sorti leur livre du sommeil

30 janvier 2016

Les livres retrouvés (Marco Québec)

 

Retrouvé dans une librairie
Un livre qui nie
Que l’exploration pétrolière
Menace l’avenir planétaire
Cas très clair
D’aveuglement volontaire

Vu dans Internet
La réédition critique
Du livre Mon combat
Écrit par Hitler
Tout ce que je souhaite
C’est que personne n’y pique
Un quelconque mantra
Pour nourrir une guerre
mq01

 

Remis la main
Sur La voleuse de livres
Édition de poche
Œuvre de Zusak
Me revient en mémoire
Tout le plaisir que j’ai trouvé
Dans ce scénario
Fabuleux destin
D’une enfant qui s’accroche
En des temps plus noirs
À la puissance des mots
Et de l’amitié
Qui lui donneront la force de vivre
Dans un pays mis à sac
mq02

 

Cette bande dessinée
Que j’avais égarée
Vient de resurgir
Quel beau souvenir
Paul à Québec
Raconte simplement
La maladie et la mort
De son grand-parent
Histoire d’un départ
Dont on ne sort
Pas les yeux secs
mq03

 

Au fond d’une vieille malle
Le petit prince
De Saint-Éxupéry
Oeuvre essentielle
Sûrement immortelle
Un aviateur et un enfant
Qui deviennent amis
Et parlent de la vie
Propos pas banals
D’une profondeur intense
mq04

 

 

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30 janvier 2016

RETROUVER LE LIVRE EN PAPIER (Alain André)

 

Il sera une fois, dans un avenir proche, incertain….

Depuis des lustres, le livre en papier a complètement disparu ! Plus de bibliothèque, plus de libraire, plus de Bernard Pivot ! Tout virtuel ! Que c’est triste !

Comme chaque jour au lever, je fais ma prière :

 « Mon Dieu, faites qu’on retrouve les  livres !

Les vrais, en papier !

J’ai  beaucoup de mal avec tous ces E-Books !

Internet, c’est de plus en plus compliqué !

Donnez-moi s’il vous plait mon bouquin quotidien.

Et préservez-moi du mail ! »

Un livre, ça pèse en moyenne une livre, (cinq cent grammes). Mais c’est lourd dans la main comme un concentré de pensées, de savoir, ça pèse une vie et même, parfois, mille rêves, aussi ! C’est lourd, un livre, c’est dense, ça pense !

Et l’odeur, ou plutôt, le parfum ! Le parfum de l’encre, du papier, le toucher, aussi, la rugosité inégale du bois dans la feuille, le grain du vélin velouté, somptueux. Même bas de gamme, le papier est noble ! Fi  donc, de ces livres et journaux informatiques, fi  de ces tablettes et liseuses pleines de puces, émettant des  gloups,  des drings et des sifflements intempestifs, qui te donnent des crampes au pouce droit si tu les lis au lit !

Vous me direz, je pense que c’est le contenu qui est important ? Que le fond et la forme de l’écrit valent mieux que le support ? En somme, me direz –vous, « peu importe le flacon, pourvu… »

Et bien, non ! Le papier donne aux mots écrits une chaleur palpable, une dimension tactile, un rassurant contact sensuel que vous ne trouvez pas ici, par exemple !

Ce jour là, sortant de chez moi en pestant de la sorte dans mon for intérieur, je vis un attroupement, une queue humaine plutôt, devant la Fnac , une pancarte annonçait : « Présentation en avant première du nouveau livre d’Alain ANDRE »       -Bah ! Me dis-je, encore un e-book de ce crétin sans talent ! Je m’approchais tout de même, vous savez comme nous sommes curieux et badauds à notre âge, n’est-ce pas? Et, la, dans le hall, sur des tables …Une pile de livres ! De bons vieux livres en papier ! Je frémis, les nasaux humides et dilatés… Je me contorsionne, me faufile, j’arrive en tête de gondole, essayant de voir l’ouvrage… Ah ! Voila le titre :

 «  RETROUVER LE LIVRE  EN PAPIER »   Alain ANDRE.

Dédicacé par l’auteur en chair et en os !

30 janvier 2016

Le petit livre rouge par bongopinot

 

bo01

 

Tu le gardais toujours près de ton lit,

Ton petit livre à la couverture rouge

Où tu écrivais tes moments de vie

En me disant qu’un jour j’y puiserais mon courage

 

À l’époque je ne comprenais rien à tes mots

Et la vie passa tranquillement comme le vent

Et un jour tu disparus, tu t’envolas là-bas si haut

Me laissant là avec un vide dans mon cœur d’enfant

 

Puis mes joies, mes rires, mes jeux reprirent

Et les années passèrent au rythme des secondes

Et je pris gentiment mon envol pour me construire

Un travail, un mariage, des enfants mis au monde

 

Et un jour froid et humide de janvier

Dans un grenier poussiéreux et glacial

Des objets, des bibelots me semblant familiers

Et là, une malle, je l'ouvre, déballe tout sous la lumière pâle

 

Et tout à coup, je le vis enveloppé de poussière

En tremblant je le pris pour l’épousseter

C’était bien lui que j’avais vu dans les mains de grand-père

Son âme, toute sa vie, son petit livre rouge de chevet

 

Et là, je me suis mise à feuilleter les pages

Qu’il avait mis des années à écrire, à noircir

Une larme perla au coin de mon œil et coula sur mon visage

J’étais submergée par l'émotion et par ce que j’allais découvrir

 

Je l’avais retrouvé à un tournant de ma vie

Je l’ai depuis lu et j’y ai trouvé l’amour et l’espoir

Et j’y ai puisé le courage, et bien sûr j’ai énormément appris :

Sur des moments de partage d’une famille ordinaire sur...

MON HISTOIRE

 

30 janvier 2016

LE LIVRE RETROUVE (Lorraine)

 

        Il est là, serré entre mes mains, Je l’ai retrouvé, ce livre perdu , ce bonheur palpable égaré lors d’un déménagement. Certes, j’aurais pu le remplacer, aller simplement à la librairie du  Midi. Mas je n’ai pas voulu.

            Un livre, c’est aussi  le premier émoi  de la première page. Et toutes les émotions qui se pressent au fil de la lecture, se bousculent un peu, sourient, pleurent quelquefois.  Des émotions  attachées pour toujours à notre imaginaire, qui complète si bien les non-dits de l’auteur ; on pressent, on devine, on découvre, on aime.  Neuf, le livre me semblerait une redite, une copie sur papier glacé.

            Je l’ai retrouvé ! Il s’était blotti dans le dossier d’un vieux fauteuil,  celui où j’aimais lire, et qui trouva sa place au grenier.
J’y suis montée tantôt et m’y suis assise. Ma main a effleuré les coussins, s’est machinalement glissée sous le dossier…

            Je l’ai retrouvé. Edité en 1904 « Le Visage émerveillé » de la comtesse Anna de Noailles fait soudain rejaillir la magie. L’instant est parfait.  Et je suis, faut-il le dire, moi aussi, « émerveillée ».

 

30 janvier 2016

La source retrouvée (Vegas sur sarthe)

 

Très tôt j'ai pris le chemin de la lecture... oh pas pour de grands voyages d'explorateurs, juste des sauts de puce dans le monde merveilleux des contes, à courir derrière un lapin farceur ou quelque poucet facétieux.
Et puis j'ai découvert Marcel... pas Dassault mais Pagnol.

Pour moi qui ne quittais la banlieue parisienne que pour nos vignes bourguignonnes à l'occasion des grandes vacances, je découvrais soudain qu'Aubagne n'est pas un pénitencier - bien au contraire - et qu'en dessous de mes chères Côtes de Nuit existait une terre promise, un paradis peuplé de cigales “aux rumeurs cuivrées”, planté d'éclatants genêts et de lavandes aux parfums capiteux.
A haute voix je me délectais de tous ces noms aussi étranges que garrigue, bastide ou bartavelle en m'efforçant d'imiter cet accent chantant qu'auraient eu les petits santons de notre crèche familiale s'ils avaient su parler.
Je tentais de poser - heureusement sans succès - ces pièges à oiseaux qui n'avaient aucun secret pour Lili des Bellons.
Je retrouvais en Augustine - timide couturière brune et rougissante - cette mère douce et fragile qui me manque tant aujourd'hui.
Si les interminables joutes politiques de Joseph et de l'oncle Jules m'ennuyaient au plus haut point, je m'échappais bien vite de la Bastide Neuve aux trousses d'un Marcel auquel je ressemblais chaque jour davantage, tant par nos coiffures de plumes comanches que par notre connaissance de la règle de trois et du lac Titicaca.

Aujourd'hui quand le cafard me prend j'ouvre sans bruit ce livre de mon enfance - de peur d'en effrayer les rares biquettes qui broutent encore le Garlaban - et je plonge avec délice en ce lieu plus précieux que bien d'autres.

Je bois à sa source retrouvée...

 

30 janvier 2016

Participation de Fairywen

Le temps de la renaissance

 

Si j’avais été autre chose qu’un livre, on aurait pu dire que ce jour-là je m’éveillais en sursaut, mais n’étant qu’un livre, je ne peux que dire que, sans savoir pourquoi, je sus que ce jour-là serait différent des autres. Comme un frémissement dans l’air, ou plutôt sous terre, puisque j’étais toujours enterré et protégé par le charme de la dernière magicienne à m’avoir tenu entre ses mains. Le sortilège s’était subtilement modifié autour de moi et je le sentais appeler. Appeler qui, ça, par contre, je n’en avais pas la moindre idée...

 

Là-haut, en surface, un jeune couple explorait la demeure qu’il venait d’acheter. Une demeure ancienne, avec bien des réparations à faire, mais qui les avait conquis dès le premier regard. Ils avaient déjà exploré le rez-de-chaussée et l’étage, constatant que, moyennant un peu de camping, la maison était habitable de suite, et définissant un ordre dans les travaux. Ils admirèrent longuement la spacieuse chambre de maître, s’extasièrent devant la cuisine et son immense cheminée, puis, comme attirés par un aimant, descendirent dans la cave fraîche. Ils ne parlaient plus. Sans s’en rendre compte, ils avançaient tous les deux dans la même direction, sans prêter attention à ce qu’ils voyaient, vers la plus profonde des caves. Sans un mot, ils se mirent à creuser. Ni l’un ni l’autre ne se rappelaient avoir pris une pelle, et pourtant, tour à tour, ils enfonçaient leur outil dans le sol étrangement meuble. Le charme de la magicienne glissait autour d’eux, complice et protecteur.

 

Non, je ne rêvais pas, c’était bien des coups de pelle qui retentissaient au-dessus de moi. Par réflexe, je me concentrais sur le sortilège de protection, et je m’aperçus qu’il se modifiait peu à peu. Dans un premier temps, il s’attacha à rendre la terre plus facile à creuser, puis il me protégea du coup de pelle qui faillit me couper en deux. Enfin, pour la première fois depuis des siècles, j’entendis des voix humaines, et des mains me saisirent pour me sortir de ma cache de terre.

— Ça alors ! s’exclama une voix masculine, un livre ?!

— Mais comment peut-il être en aussi bon état alors qu’il était dans la terre ?

— Il a l’air très ancien...

— Il est très beau... On le remonte pour mieux le voir ?

— Dis, tu n’as pas une drôle d’impression ?

— Comment ça ?

— Comme si on n’était pas seul ici.

— Si... Mais c’est une présence rassurante, complice.

— Comme si on nous disait merci ?

— Oui, comme si on nous disait merci... Merci de l’avoir trouvé.

— Nous en prendrons bien soin, c’est promis. 

Ni l’un ni l’autre ne semblaient trouver la situation étrange, comme s’ils trouvaient tous les jours des livres anciens parfaitement préservés enterrés dans une cave. En tout cas je me sentais bien avec eux. Ils dégageaient la même aura que ceux qui m’avaient confié leurs secrets au cours des temps.

 

Nos ennemis avaient échoué. La lignée de ceux qui savaient avait survécu, et aujourd’hui, j’étais à nouveau entre leurs mains.

 

Ils s’installèrent dans la chambre, côte à côte sur le vieux lit à baldaquin et commencèrent à me feuilleter. Le fait de n’avoir aucune difficulté pour lire ce qui était écrit sur mes pages ne les surprit pas, trop occupés qu’ils étaient à s’extasier sur ce qu’ils découvraient. Les heures passaient sans qu’ils s’en aperçoivent. Ils ne remarquèrent pas non plus que la magie dissimulée dans les pages, les ayant reconnus comme dignes héritiers de ceux qui les avaient noircies au fil du temps, les imprégnait peu à peu et leur rendait ce savoir perdu depuis si longtemps.

 

Lorsqu’ils atteignirent la dernière page, bien longtemps après la tombée de la nuit, ce fut comme si le fantôme de la jeune fille qui avait sacrifié sa vie pour moi sortait des pages pour leur parler directement et leur expliquer que maintenant, c’était à eux de prendre la suite et de continuer l’œuvre pour laquelle j’avais été créé.

 

— Tant de savoirs..., soupira-t-elle en caressant tendrement ma couverture.

— Oui, approuva-t-il, des potions, des sortilèges... C’est fascinant...

— Comment allons-nous faire ? Je veux dire... Pour continuer le livre.

— Nous trouverons. Il nous aidera. 

 

Oui, j’allais les aider, et bientôt, d’autres les rejoindraient, et recommenceraient à écrire sur mes pages encore vierges, et à nouveau les connaissances s’accumuleraient, pour le plus grand bien de qui en auraient besoin.

 

Le temps de la renaissance était arrivé...

Le début de l'histoire est ici

Défi 387 du samedi 23 janvier 2016

30 janvier 2016

LE MANUSCRIT PERDU (EnlumériA)

Ce dimanche là, alors que je déambulais aux puces de Saint-Ouen, quelle ne fut pas ma surprise de reconnaitre Lord au détour d’une ruelle encombrée d’antiquités douteuses et de curiosités venues tout droits des trente glorieuses, formica et meubles styles design. Cet affreux ne m’avait pas informé qu’il était à Paris.

Il se tenait à l’entrée d’une échoppe sombre et lugubre et semblait fort intrigué et fort occupé à regarder quelque chose qui semblait lui susciter un vif intérêt. Un gros homme solidement charpenté et à la moustache touffue s’approcha de lui. Le personnage semblait tout droit sorti d’un livre de Lewis Carroll.

Camouflé par la foule dominicale, je m’approchais également. Bientôt, je ne fus plus qu’à quelques mètres. Malgré le brouhaha et les lointains bruits de la circulation, je parvenais à entendre ce que disait le morse à forme humaine.

— N’insistez pas, monsieur. Je vous le dis et je vous le répète, ces broches ne sont pas à vendre.

Lord poussa un profond soupir. Était-ce du dépit ou de l’exaspération ?

Piqué par la curiosité, je fis quelques pas et lui tapai sur l’épaule. Il se retourna et grommela un « ah ! Quand même ! » de mauvais aloi.

Voyant ma surprise, il m’expliqua qu’il m’avait repéré depuis au moins cinq minutes en précisant que j’étais aussi discret qu’un chien fou à la queue casserolée dans une cathédrale.

— Qu’est-ce que tu cherches, exactement ? demandai-je. T’aurais pu me dire que t’étais à Paris.

Le mafflu s’était éclipsé aussi discrètement qu’une ballerine.

Lord me pris par le bras et m’entraina dans son sillage. Il était subitement question d’aller boire un verre. Il avisa un bar d’où s’échapper un swing électro-manouche déjanté. Il dénicha deux places au fond de la salle, juste à côté des trois musiciens. Il commanda deux bières, il fallait beugler pour s’entendre.

— As-tu entendu parler de la Pavane pour une Infante défunte de…

— Ravel.

— Je te parle du roman de Milos Rothman.

Je haussai les épaules, décontenancé. De quel roman parlait-il ? Je connaissais le morceau de Ravel, à part ça, je ne voyais pas.

— La Pavane pour une Infante Défunte* est un roman publié à compte d’auteur à la fin des années 70. L’auteur est mort fou à lier après avoir fichu le feu à sa maison. L’imprimeur s’est suicidé. Le libraire qui avait accepté de prendre le livre en dépôt a tué toute sa famille. Quand à ceux, assez rares, Dieu merci, qui ont lu le bouquin et survécu, ils ont développé une phobie des araignées proche de la panique. Voire du burn-out.

— Et alors ? dis-je après avoir sifflé la moitié de mon verre. Il faisait une chaleur à crever dans ce bouge. Le coup de l’œuvre maudite, c’est un peu éculé, non. Quel rapport avec l’éléphant de mer qui vend sa quincaille. Il a le bouquin ?

— Non, mais il a les broches.

— Je ne comprends rien à ton sabir. Tu cherches un bouquin ou des bijoux ? Ah ! oui. Tu veux t’agrafer un bouquin sur la chemise pour faire style je sais lire.

Je ne pus retenir un ricanement.

— Arrête, s’il te plaît, de te foutre de moi. Je parle sérieux, là. Le bouquin, comme tu dis, n’a jamais été réédité. Pire, il a carrément disparu de la circulation. Dans certains milieux, on raconte que le manuscrit se trouve encore quelque part ; qu’il n’a pas brûlé dans l’incendie. Mais pour ça, il faut d’abord retrouver les broches. C’est sérieux je te dis.

— Sérieux ? Toi ? Mais, t’es le mec le plus déjanté qui ait jamais vécu depuis l’inventeur du moulinet à rondelles. Qu’est-ce que tu veux en faire de ces broches ? Tu collectionnes les bijoux maintenant ?

Lord se gratta un sourcil avec un je-ne-sais-quoi de lassitude. Une sorte de mutisme venait de le frapper. Son regard scrutait quelque chose d’indécelable au commun des mortels. Au bout de quelques secondes interminables, il rompit son silence en commandant une seconde tournée. Le groupe attaquait une chanson de Caravan Palace. Le rire cristallin d’une femme éclata derrière moi. La vie continuait.

— Pour ce que j’en sais, dit enfin Lord, les trois broches renferme chacune un code, ou un message, je ne sais pas trop, permettant de retrouver le manuscrit original.

La serveuse déposa les deux bocks sur la table en m’adressant le plus charmant sourire qu’il m’ait été donné de voir. Mais l’heure n’était pas à faire du zérossisme**. Je me promis de revenir plus tard. Seul.

— Mouais. En attendant Big Moustache veut pas vendre. Il semble avoir été explicite. Peut-être qu’il en sait plus qu’il veut en avoir l’air.

— S’il en savait quoi que ce soit, il ne les exposerait pas dans une vitrine au fond de son boui-boui.

Lord me fixait avec ce regard inquiétant que je n’aimais pas. Un regard qui annonçait assez souvent quelque soudaine catastrophe ou lubie déraisonnable. Au bout de tant d’années, je connaissais le bonhomme. Il se leva, posa un billet sur la table et m’invita à le suivre en m’expliquant d’une voix blanche que tout à un prix. Même un brocanteur. Surtout un brocanteur.

Le morse nous lança un regard mauvais derrière ses petites lunettes. Tapi derrière une sorte de comptoir encombré de revues poussiéreuses, il tapotait sur une tablette. Un anachronisme dans cet univers d’antiquailles et de scories temporelles. Ça sentait le moisi et le tabac froid. Dans la pénombre, derrière le brocanteur, je vis l’objet du litige. Une petite vitrine accrochée au mur entre deux croûtes néo-impressionnistes. À l’intérieur, il y avait trois araignées finement ouvragées. Or, argent et vermeil. Du travail d’orfèvre. Les fameuses broches.

Lord recommença son palabre. L’autre ne bronchait pas, mais je voyais à sa lippe que mon ami commençait sérieusement à l’importuner. Lord énonçait des chiffres. Plus le morse se fermait, plus le chiffre augmentait. Je pris Lord par l’épaule et l’intimai de lâcher l’affaire. Le mafflu ne voulait rien entendre. À quoi bon user sa salive. C’est à ce moment que Lord sortit son arme. Une liasse de billets de 200 euros roulée avec un élastique. Comme dans les films. Une liasse moitié aussi grosse qu’un rouleau de papier toilette. Il la posa sous le nez du type. Stupéfaction. Son mégot lui tomba sur le paletot. Il jeta sa tablette sur les revues et s’empara du rouleau.

— Je connais le truc, marmonna-t-il. Un ou deux billets enroulés sur des morceaux papiers journal. On ne me la fait pas à moi, garçon.

— Comptez ! ordonna Lord.

L’instant d’après, nous sortions de la boutique. Lord tenait son trophée fermement serré dans ses bras croisés, bien emballé et scotché dans un sac en plastique.

Je n’eus des nouvelles de Lord que trois semaines plus tard. Il était de retour à Londres. Il téléphona sur le coup de deux heures du matin. Il tenait des propos incohérents. J’eus toutes les peines du monde à le calmer. Il se tut enfin et je n’entendais plus que sa respiration oppressée. Je m’impatientais.

— Eh ! Lord ! T’as vu l’heure ? Le décalage horaire entre Londres et Paris sans doute ? Tu me la copieras. Bon, alors ?

— J’ai retrouvé le manuscrit.

Sa voix tremblait.

— C’est super ! Et alors ? Ça raconte quoi ?

— C’est terrifiant. Il faut que tu viennes dès demain. Je ne supporterai pas de rester seul une nuit de plus. Demain. Je t’en supplie.

Sa phrase se termina dans un sanglot. C’est à ce moment là que la vie de Lord partit en vrille.

 

* Pavane pour une infante défunte

** Draguer en demandant le 06 de quelqu’un.

 

30 janvier 2016

A quoi bon? (Clémence)


C'était un petit village tout endormi au coeur des Ardennes. Prêt à tomber dans l'oubli. Le glas sonnait plus souvent que le carillon. Et pourtant, un événement  allait le sortir de sa torpeur.  Le projet d'un amoureux fou de livres.

Le village se réveilla et s'ébroua. Les habitants ouvrirent les portes des granges et des appentis.
Les livres entrèrent dans la danse par milliers, surgissant  des cartons et s'étalant sur d'antiques étagères et des tréteaux.
Je me rendis au village et partis à la conquête des librairies. Je fus vite prise d'un étrange tournis littéraire. Tous les genres  étaient mêlés ! Je tentai une dernière visite. Quelques panneaux de carton incitaient le visiteur à serpenter d'une pièce à l'autre. J'obtempérai puis regagnai la sortie. Sur le comptoir  bancal, un livre attira mon regard.
Couverture beige, titre en lettres rouges, un prix dérisoire sur la première page. Je sortis mon porte-monnaie et fourrai le livre dans mon sac.

Le soir même, je commençai la lecture . Je savourais, je me régalais, je dévorais. A l'instar du héros, parvenu à l'avant dernière ligne, je murmurai : « A quoi bon ? »

Je pris mon crayon et écrivis  rapidement sur la première page: « Je le veux au féminin ». Je ponctuai de trois traits horizontaux, sans réplique.

Trois mois plus tard, j'entrai dans la vie active. Une quinzaine d'années de fonctionnariat en province. Et puis, par le plus grand des hasards, je fus prise dans le tourbillon des missions à l'étranger auquel s'ajoutèrent de grands chambardements sentimentaux.
Ce mode de vie m'amena à réduire mon bagage, à ne garder que l'essentiel. Essentiel dont faisait partie ce livre. Il m'accompagna et réalisa l'exploit d'un tour du monde.
Jusqu'au jour où, ayant atteint le seuil de ma retraite, je l'abandonnai lâchement.

Le temps était venu pour moi de faire ce que je voulais, comme je le voulais, si je le voulais. Je me posai  dans le Midi et fis quelques brocantes pour meubler sobrement le vieux mas.
Le jardin devint une passion dévorante.
Jusqu'au jour où je répondis à l'invitation d'une ancienne connaissance. Une semaine à Porto.

Mon ultime promenade passa par la Rua das Carmelitas où la Livrario Lello ouvrait ses portes et offrait ses splendeurs et curiosités.
Poussé par la mienne, j'y entrai et pris plaisir à muser dans les allées, à me faufiler d'une salle à l'autre, à plonger dans l'atmosphère du haut de l'escalier majestueux. Dans une encoignure, une table minuscule. En équilibre instable, au sommet d'une tour de livres  il attira mon attention. Je m'en saisis : couverture beige, écornée, traversée d'un titre en lettre rouges.

Je l'ouvris et lus sur la première page : « Je le veux au féminin »

Une  autre main compléta, d'une écriture hachée :  « Une folie »

Clémence.


L'Homme pressé – Paul MORAND – Gallimard  38° édition - 1941.

30 janvier 2016

Participation de Rêves de plume

A force de naviguer entre deux résidences, elle finissait par s'emmêler les repères.
La semoule qu'elle avait cherchée en Picardie, se retrouvait dans la maison du Pont.
Même le courrier, de réexpédition en arrêt, semblait se balader sans cesse, désertant la boîte aux lettres.

A chaque arrivée, un ménage à fond s'imposait.
Et là, entre le gros livre rouge, prix scolaire d'une autre époque, " Le roi des montagnes" et le missel débordant d'images pieuses de Grand'mère, il l'attendait.
Sous la couverture cartonnée, craquelées, élimée ( non par le temps , mais par une manipulation répétée ), quelques pages cornées témoignaient d'une jeunesse irrespectueuse.
Puis étaient venues les caresses du doigt tournant délicatement la page, une lente lecture pour profiter du parfum des mots.

Premier livre lu de bout en bout, sans zapper les longues descriptions.
Premier livre où tout fut perçu comme essentiel, où tous  les sens bousculés, chahutés prirent leur part.


L'histoire s'était reposée, prête à reprendre son envol, pages de velours, froissements de soie..
 "Au bonheur des dames "...
Merci Monsieur Zola !

30 janvier 2016

Le livre retrouvé (par joye)

funny

30 janvier 2016

Va donc éh garé ! (Walrus)

 

- Chérie, t'as pas vu mon Vargas ?

- Lequel ? (à question idiote, réponse idiote, je les possède tous)

- Le petit !

- Ah, y en a un petit ?

- Ouais, y en a un petit, mais c'est bon, je vais continuer à le chercher...

Faut dire que chez moi, retrouver un livre, c'est pas de la tarte ! Et l'inquiétude augmente en proportion inverse de l'épaisseur de l'opuscule. Et celui que je cherchais n'était pas bien épais, vous voyez l'angoisse.

Sans vouloir faire le mauvais esprit, s'il y a bien un adage qui s'applique au livre, c'est celui qu'on utilise en général pour les amours déçus : "Un de perdu, dix de retrouvés". Même qu'à force de contempler ces anciens amis dont on avait oublié jusqu'à l'existence, on en vient vite à oublier celui qu'on cherchait. Mais ça n'empêche pas de continuer.

Vous angoissez pas, j'ai fini par le retrouver. Je l'avais glissé sous l'avant de l'imprimante, ce qui évite qu'elle crache dans l'enthousiasme du travail accompli ses documents sur le sol.

Et pourquoi donc cherchais-je ce livre enfin retrouvé me demanderez-vous ?

Parce que Fred Vargas est une chercheuse (en archéologie de surcroît) et que je savais pouvoir compter sur elle lorsqu'il s'agit d'évoquer le désespoir de la perte et le bonheur des retrouvailles.

Un petit extrait ?

vargas001

"Critique de l'anxiété pure", ça s'appelle.

 

30 janvier 2016

Dans un petit carton blanc (Laura)

Dans un petit carton blanc,
J’ai mis un jour les disques
De mon chanteur préféré.
 
Dans un petit carton blanc,
J’ai calé les Œuvres Complètes
De mon écrivain tant étudié :
 
Trois jolies Pléiade
Et leur album : un quatuor magique,
Surtout bien protégé.
 
Dans un petit carton blanc,
J’ai glissé Baudelaire
Et ses « Œuvres » si décortiquées.
 
J’ai fermé le petit carton blanc
Et pour un jour que j’espérais proche,
Je l’ai mis de côté.
 
Puis nous avons pesé nos valises noires,
Pas plus de  vingt kilos à emporter,
Un choix cornélien :
 
Ma plaquette de pilule en cours
Et autres traitements ;
Des vêtements chauds
 
Pour le pays d’arrivée.
Mon livre en cours
Et quelques autres d’avance
 
Pour ne pas manquer.
On a compté les petites cuillères
Puis fermé la porte.
 
Nous avons déjeuné dehors,
Il faisait vingt degrés sous les palmiers.
Une journée sous le signe du vingt.
 
A l’arrivée, on nous attendait
Avec  de l’amour et des critiques.
Il avait bien gelé.
A mon coucher
Dans un nouveau lit
J’ai retrouvé mon livre en cours.
 
Comme à chaque nouveau paysage
Un livre est toujours là
Changeant mais rituel inchangé
 
Quant au petit carton blanc
Il resta là-bas seul
Plus longtemps qu’on l’aurait imaginé.
 
Trois ans après
Après maintes péripéties
Et moult avanies.
 
J’ai retrouvé mes Œuvres complètes
De Baudelaire et Nerval
Inchangées mais toujours changeant
 
Ma vie.

 

23 janvier 2016

Défi #387

Le livre retrouvé

 

Livre ancien

Donnez-nous de ses nouvelles

à samedidefi@gmail.com

Merci à vous et

A tout bientôt !

 

23 janvier 2016

Nous ont fait part de leur rêve inaccompli

23 janvier 2016

Participation d'Emma

voulu[3]

23 janvier 2016

Jamais trop tard ! (MAP)

J'aurais bien aimé être CLOWN !!!

......................

Ma foi ....

je peux peut-être encore essayer !!!

Hein ..... 

qui m'en empêche !!!

Eh bien voilà !

Qu'en pensez-vous !!!

 

MAP en clown

*

 

Chats rieurs

 

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Le défi du samedi
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