Hiéroglyphes du 3e millénaire (Marco Québec)
Nous ne disons pas « Allô »
Mais nous « likons » nos photos
Nous ne nous chuchotons pas « Je t’aime »
Mais tout au long du jour, nous cliquons « J’aime »
Nous nous fermons à la tendresse
Mais nous nous envoyons des SMS
Nous ne touchons plus au réel
Nos vies sont virtuelles
Nous sommes tout seuls ensemble
Il faudrait, il me semble
Pour retrouver notre chemin
Rendre la liberté à nos mains
Vive les hiéroglyphes (Laura)
Participation de Venise
C'est si beau ce qui revient du passé ,
quelques mots sur des briques, comme une porte ouverte sur le temps.
il n'a pas été longtemps épais ce silence des lettres.
Un noisetier l'avait bien compris , ces yeux ouverts dans la nuit il a lu tous ces poèmes empêchés.
Ces tablettes ondulaient sous mes yeux et je ne peux toujours pas me résoudre à n'y voir que vos yeux vides momifiés par le temps .
J'arrive à presque tourner la porte secrète des mots qui nous séparent alors qu'en écrivant vous pensiez à vos bêtes sans doute et à l'eau qu'il fallait aller chercher.
C'est ici je crois que j'échoue à vous traduire , car derrière le paravent de mes techniques de déchiffrage reste le paravent des gouttes d'eau qui freine ma lecture comme la main d'un enfant qui ne voudrait pas de moi dans sa chambre.
CHAMPOLLION .
HIEROGLYPHES (Lorraine)
Le serpent gris rampe dans la nuit, long et sinueux. Personne ne l’entend. Il s’en vient rejoindre le serpent rouge aux aguets. Non, ne me dites pas que l’oiseau nocturne s’étourdit à chanter : il module l’appel du désert qu’écoutent les momies et les tombeaux, les cercueils d’encens et les ombres perdues.
Un sourire invisible flotte dans l’air, un peu triste, un peu joyeux, tandis que le goéland qui s’est trompé de chemin, cherche en vain l’étendue de l’océan. Le soleil rouge du matin le dirigera vers la fontaine pure où il étanchera sa soif de paradis.
Un œil impitoyable regarde le monde. L’araignée s’enfuit à travers les dunes, fuyant la botte humaine qui marche lourdement dans le sable mouvant. L’homme suit obstinément la flèche qui indique « Europe ». Un vol d’étourneaux piaille au-dessus de lui. L’air est plus frais. Et, dévastatrices, désespérées, des gouttes de sang lui montrent le chemin…
Les hiéroglyphes pour les Nuls (Vegas sur sarthe)
Le mot hyérogliphe hiéroglyphe est en soi une énigme puisqu'il a été imaginé en lisant une bande dessinée composée de: abri en roseaux-avant bras-roseau fleuri-ficelle-lion-roseau fleuri-roseau fleuri- abri en roseaux-avant bras... à moins que ça ne soit l'inverse.
En effet le yérogliffe hiéroglyphe est une sacrée écriture!
On dit aussi une écriture sacrée puisqu'on peut écrire et lire dans les deux sens; certains disent même qu'elle n'a pas de sens et d'autres disent que c'est de l'hébreu.
On sait maintenant qu'il ne s'agit pas d'hébreu mais d'égyptien puisqu'on retrouve un 'y' (prononcer i grec) dans égyptien comme dans hiéroglyphe.
Le i grec vient de l'alphabet grec qu'adopteront plus tard les égyptiens en abandonnant leurs hiéroglyphes... mais justement revenons-y.
Avant l'apparition des hiéroglyphes en couleur on utilisait non pas le noir et blanc mais le rouge et noir appelé aussi “gravé-pas gravé”: Noir pour un coup de burin dans la pierre et rouge pour un coup de marteau sur les doigts.
Les petits malins écrivaient les hiéroglyphes sur du papier russe ou papyrus moscovite avec un roseau pensant trempé dans l'Encre-de-tézieux ou encre Cabrel.
Pour compter, les égyptiens utilisaient leurs doigts restants car les chiffres se notaient tétard, corde enroulée ou plant de lotus, ce qui était très chiant pour remplir proprement sa déclaration d'impôts à cause des traces de tétard.
Mais plus ils avaient de tétards et plus le nombre de parts augmentait, tout comme de nos jours sauf qu'en Egypte il s'agissait de montants pharaoniques.
Pour les lettres ça n'était guère mieux. Essayez de coller un accent circonflexe sur un vautour percnoptère pour faire un 'â'... et vous comprendrez comme c'était chiant; d'autant plus que dans chiant, le Ch est représenté par un ventre de vache.
Les égyptiens appelaient la vache à tort ou Hator; on sait aujourd'hui que ça ne sert à rien d'appeler une vache, elle vient toute seule ou elle ne vient pas.
Il serait fastidieux d'énoncer les 170 animaux représentés sur les hiéroglyphes, aussi ne citera t on pour mémoire que le Héron petipatapon, les poussins jumeaux de caille (et non pas les coussin jumeaux de paille) et le mille-pattes.
Pour faire simple, les égyptiens - au grand dam de Vivaldi - se contentaient de trois saisons: inondation, décrue et chaleur; ainsi la saison des inondations s'écrivait: Fourré de papyrus-Placenta-Pain-Disque solaire... Essayez de faire cuire au soleil un pain de placenta dans un fourré de papyrus pendant une inondation et vous comprendrez toute la complexité des hiéroglyphes.
Les Défiants du Samedi seront stupéfaits d'apprendre que Défi s'écrit : main-roseau-vipère cornue-roseau... un sacré défi pour ce Champollion - traduire Chapeau Lion - qui déchiffra la bande dessinée en 1822 c'est à dire en plant de lotus, huit cordes enroulées, deux carcans de bétail et deux traits !
C'est en déchiffrant un dictionnaire en trois langues et vieux de 2 000 ans - la pierre de Rosette - gravé dans un bloc de granit que Champollion s'écriera “Je tiens l'affaire, Rosette!” avant de s'évanouir pendant 5 jours.
On dit Rosette pour faire village français mais le nom arabe est bien Rachid à 50 kms d'Alexandrie-Alexandra Ah Aaah psalmodiée par Cloclo.
Se farcir un dictionnaire qui pèse plus de 700 kilogrammes et quelques cryptogrammes n'est pas de tout repos aussi Champollion mourra t il de surmenage à 42 ans dans la fleur de l'âge c'est à dire après quatre carcans de bétail, deux traits et un soupir.
Peu de gens savent qu'il est enterré au cimetière du Père-Lachaise dans la 18ème division - soit un carcan de bétail et huit traits - non loin de Monge et Raspail qui possèdent eux leur propre station de métro (pour aller de Monge à Raspail, changer à Place d'Italie).
Prochainement: L'enluminure érotique médiévale pour les Nuls
Ben dis donc... (Walrus)
Exhiber des cartouches, par les temps qui courent ?
T'es gonflée, MAP !
Participation de Fairywen
Sous le soleil de Râ
Le chat noir s’étira en bâillant, tourna sur lui-même puis se rallongea à l’ombre du surplomb rocheux. Ses prunelles d’or liquide observaient avec dédain l’agitation sur le chantier de fouilles. Ce que les humains étaient idiots à s’agiter comme ça alors que Râ écrasait la terre de ses rayons les plus brûlants… Dans les temps anciens, tout le monde aurait été en train de se reposer à l’abri du soleil de plomb qui accablait la Terre d’Égypte en ces mois d’été. Le travail n’aurait repris que lorsque l’astre du jour aurait doucement commencé son voyage vers la nuit.
Mais les humains modernes étaient fous. Et le plus fou de tous était sans doute ce jeune homme agenouillé dans son carré de fouilles, couvert de sable collé par la sueur sur son torse nu. Le chapeau censé le protéger du soleil avait glissé sur sa nuque, ce qui ne semblait guère le préoccuper. Immobile, il focalisait son attention sur le petit morceau de pierre qu’il avait exhumé plusieurs minutes auparavant et sur lequel deux cartouches se touchaient. Il avait l’air fasciné par ce qu’il voyait, et son regard brillait tandis qu’il suivait doucement du doigt les signes gravés des millénaires plus tôt, inconscient des yeux félins qui ne le quittaient plus.
L’ombre du chat grandit et se modifia avant de se dédoubler. Dans le sable se détachait à présent la silhouette d’une panthère noire à côté de laquelle se tenait celle d’une jeune femme aux longs cheveux porteuse d’un diadème en forme de cobra dressé…
Défi #379
Ont mis le prix pour s'acheter le bouquin
Souvenir par bongopinot
Un porte livre dans la salle
Pour y poser un livre élégant
D'une colection familliale
Au récit coloré et intriguant
Et dès la nuit tombée
Quelques heures avant le coucher
On attendait l'histoire tant aimée.
Une lecture animée et bien menée
Lue par les grands-parents
Qui bien assis sur un divan
Lisaient un épisode captivant
Pour leurs petits chenapans
Et les petits comme les grands
Se retrouvaient à cette vieillée
Pour un moment vraiment charmant
Tout près du poêle ou de la cheminée
c'était un plaisir pour toute la famille
Avec cet ouvrage pour réunir
Un vrai succès, une soirée qui brille
Et je garderai en moi tous ces beaux souvenirs.
Participation de Venise
J’aimais bien les livres de la bibliothèque de grand -père.
Ils étaient comme une vielle boîte à musique, et je m’allongeais souvent sur le sofa
Bercée par ces textes écrits à l’encre bleue , ritournelles de quatre sous remplies de gros chagrins de l’enfance.
Un soir j’ai retiré de l’étagère du haut le livre "Terrible énigme" de Jeanne Coulomb, ma grand mère maternelle.
J’ai longtemps ignoré la limpidité de son écriture et j’ai longtemps crû ne pas être de sa lignée.
Dans ce livre j’ai découvert, une école, un souffle d’encre, une ardoise d’or où accrocher ma solitude.
Puis j’ai écrit à mon tour comme elle, en chuchotant d’un coin du préau.
« Terrible énigme » reste à mes yeux le grand voyage de mon écriture celui qui vous déporte vous décentre de vous même pour aller vers un ailleurs.
Alors j’ai écrit comme on vit sa vie, j’ai mêlé, le sable et la pluie, le jour et la nuit, vos absences et vos présences au monde.
Mon écriture est devenue l’énigme terrible d’être au monde, insouciante et tourmentée.
Grand-mère plane encore aujourd’hui comme un épervier sur mes lectures.
Participation de JAK
Chez l'oncle Louis, Le Mari de Nadalette, connue comme l'éloquence de la vertu, tenait La Jambe de M. Le Tourzec, Le Musicien mystérieux, accompagné par Le Chat musicien, son éternel soliste, tous deux bien connus des salons d‘initiés.
Ils étaient en grande discussion, observés par La Dame aux oiseaux, Les Lèvres closes, les écoutant deviser de La Pierre philosophale.
Par les fenêtres ouvertes de La Villa des sphinx, on pouvait entendre Le Vent des cimes souffler telle La Brume sur l'étoile, envahissant tout , puis s’activant sur Le Chemin de ronde démasquant les nuages errants sur sa majesté Soleil , le faisant ainsi apparaitre comme La Croix lumineuse, un réel Sceptre d'or..
On devinait L'Invisible Main, à L'Épreuve du feu avec L'Irrésistible Force qui la caractérisait
Les Yeux éblouis on admirait Les Feux sur l'horizon.
Mais quelles arguties pouvaient-ils énoncer pour se tenir tous trois face à face, Ferme(s) comme roc, ; l’un d’eux conservait dans sa main La Page arrachée d’un vieux manuscrit de Pythagore, où le soit disant secret, la Terrible Énigme, était enfin révélée…..
(Nb : J’ai l’avantage certain de posséder la page en question, mais je ne vous la communiquerais pas de peur que vous n’en fassiez mauvais usage en l’interprétant d’une manière peu orthodoxe, comme il est souvent coutume de nos jours….)
Mais laissons L'Ombre du passé, abordons plus prosaïquement Le Choc de la vie, Son vrai visage, pour constater qu’au siècle dernier, une romancière ultra chimérique, aux Héroïne(s) nombreuses, a fait le bonheur des midinettes avec ses romans feuilletons dans les Veillées des chaumières, le Petit Echo de la Mode et autres…
….et ma bonne fortune aujourd’hui, grâce aux titres de ses romans *
Voici que 100 ans plus tard, je me pose la question de savoir si ses titres seraient toujours d’actualité ?
En quelques-uns ci-dessous, j’y apporte quelques rectifications pour certains
Rançon d'âme serait rançon d’âme damnée
Fumées de gloire serait Fumées d’ignominie,
On aurait
Épreuve du feu
&
Dans l'engrenage,
Mais
Les Ailes ouvertes, Justicière(s) sauraient faire Le Court-circuit, et L'Irrésistible Force ferait naitre Les Ensoleillés de La Cité de la Paix.
*les Titres sont en rouge dans le texte
*et la Liste des romans de Jeanne de Coulomb vus sur
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_de_Coulomb
Ah si j'avais trois francs cinquante ! (Walrus)
Car enfin, la terrible énigme se situe bien à ce niveau : que cache le prix du livre de l'auteure bordelaise dont le parcours littéraire vous est brillamment retracé par JAK en son billet du jour ?
Vous le savez ?
Non ?
Moi oui !
Un traitement opéré par mes doigts délicats de chimiste m'a permis d'en décoller l'étiquette
... et de découvrir le pot aux roses !
Comment ? Vous ne distinguez pas très bien ?
Allez, gros plan (nantais) !
Ça va mieux, maintenant ?
Participation de Fairywen
Terrible addiction
Je ne sais plus trop quand j’ai commencé à développer cette terrible addiction. C’est loin, bien trop loin pour que je m’en souvienne. Depuis toujours, d’après mes parents. Ils doivent s’en rappeler mieux que moi !
Ce qui est sûr, c’est qu’elle s’est aggravée lorsque je suis entrée à l’école et que j’ai appris à lire. Très vite je n’ai plus eu besoin de personne pour dévorer toutes ces merveilleuses histoires contenues dans tous ces jolis livres à la couverture alléchante et au résumé tentateur. Déjà enfant, une préférence pour les romans policiers, les histoires fantastiques, les romans d’aventures – cape et épée, pirates… –, les histoires d’animaux et bien sûr les histoires d’amour qui finissent bien. L’un après l’autre, dévorés, rangés avec amour – interdiction de toucher à ma bibliothèque sous peine de foudres divines et mortelles ! –, parfois lus et relus, les records de relecture étant pour « Croc-Blanc » de Jack London et « Le Seigneur des Anneaux » de J.R.R. Tolkien.
Et puis un jour – quand ? Je l’ignore –, cela n’a plus suffi. Il y a avait toujours quelque chose qui n’allait pas, un détail de l’histoire que je voulais changer, un personnage que je voulais sauver de la mort, enfin bref, un truc. Alors j’ai commencé à réécrire les histoires, d’abord dans ma tête, puis sur le papier.
Jusqu’au jour où j’ai commencé à inventer les miennes, d’abord juste pour moi, et enfin un jour pour les autres.
Ma terrible addiction était devenue mon métier. À presque 50 ans, je réalisais enfin mon rêve de toujours : être écrivain.
Le livre de David (EnlumériA)
Depuis combien de temps était-il enfermé dans ce réduit ? David avait renoncé à compter les jours. Les jours ? David haussa les épaules dans l’obscurité. Les jours, les nuits, quelle importance. Ses geôliers le maintenaient dans le noir. La seule lumière que David voyait, c’était deux fois par jour, quand un géant noir de poil lui apportait ses repas. Il fallait bien que ce rustaud ouvrît la porte. À cet instant-là, David apercevait un mur grisâtre baigné dans un clair-obscur blême. Le rustaud n’était pas une brute. Il déposait la gamelle et la carafe d’eau sur la petite table d’écolier juste à côté de sa couche. Avec une sorte de délicatesse brouillonne.
Une fois par semaine, on le sortait dans ce qu’il croyait être une cour. Il ne savait pas, on lui bandait les yeux. Personne ne lui parlait. On le guidait en lui posant une main sur l’épaule et une autre au bas des reins. C’était tout.
Un soir, mais était-ce un soir, le rustaud s’était attardé pour l’observer d’un air étrange. L’espace d’une seconde, David crut discerner dans son regard une lueur de compassion. Puis, l’homme avait murmuré quelques mots incompréhensibles et s’en était allé.
C’est à cet instant-là que David avait entraperçu le livre. Après quelques minutes interminables de tâtonnements sur le sol poussiéreux, il avait réussi à mettre la main dessus. Il l’avait alors pressé contre son front puis contre son cœur. Son cœur qui battait à tout rompre. Une bouffée d’espoir l’avait alors submergé. Là on l’on trouve un livre, on trouve une raison de vivre.
Depuis, David ne cessait de le feuilleter, de le caresser dans l’obscurité. Quelques paroles d’un ancien catéchisme lui revinrent à la mémoire. Quelques mots qu’il prononça une fois, deux fois, puis comme un mantra. Ce bouquin corné qui sentait le moisi devint son livre saint, sa Bible personnelle, son Coran particulier. Une fois, il se dit qu’il était fort probable qu’il devienne aussi son Livre des Morts.
Le temps s’écoula encore un peu, à la manière d’un fleuve de lave sur un volcan.
Et puis un jour, la porte s’ouvrit toute grande sur le couloir éclairé d’une vive lumière jaune. Le rustaud l’observa quelques secondes. Il semblait chercher ses mots et enfin dans un français approximatif, il dit à David que c’était fini, qu’il pouvait partir. Qu’il était libre.
Dehors, aveuglé par le soleil de l’aube, David put lire enfin le titre de son dérisoire livre saint.
« TERRIBLE ENIGME » Jeanne de Coulomb. Collection Familia. Gautier et Languereau Éditeurs. 3 frs 50.
Évreux, 27 novembre 2015
Vengeance (par joye)
Je promets souvent à mes étudiants qu’un jour, je vais construire une machine à remonter le temps pour aller chercher le mec responsable pour toutes les variations bizarres qui existent entre l’anglais et le français.
Par exemple, pourquoi est-ce que nous les anglophones avons retenu les formes féminines de certains adjectifs, comme active et comprehensive et même, tiens, adjective ? Là, c’est facile, mais qui est le criminel qui aurait pris un joli ciel francophone pour le convertir en notre ceiling ? Ou bien le myope rigolo qui nous a donné mansion pour maison ? Oui ! Qui est ce sadique dysléxique, ce frère devenu friar en anglais à cause de sa plume fautive ?
Oui, je sais, repartir dans le passé pour retrouver ce grand malfrat ne serait pas facile même si je connaissais vraiment son identité. Mais là, face au mot énigme, j’ai enfin une piste.
Voyez-vous : le mot énigme en anglais est enigma. C’est super bizarre cet e au lieu de a, surtout parce que, n’en déplaise à ceux qui y perdent leur latin, le mot en latin est aenigma, que les Romans ont eu du grec ainigma quand ils y sont allés pour se faire voir chez eux. Bien.
C'est curieux ! Pourquoi se fait-il que presque chaque langue ait gardé le a au lieu de le changer en e comme en français ? Comment ? Vous ne me croyez pas ? Eh bien, regardez :
- catalan : enigma
- espagnol : enigma
- anglais : enigma
Après tout, même les Wallons disent « cwacwa » !
Oui, non, vous avez raison, les Allemands, eux, disent das Rätsel, mais bon, ce sont des Allemands qui, historiquement, n’ont jamais été très raisonnables, eux. Par exemple, leur mot pour damsel, pardon, demoiselle, n'est pas du genre féminin, mais neutre. C'est dire.
Bon, revenons à nos muttons...euh, pardon, moutons... J’ai enfin trouvé le qui du pourquoi du comment !
Dans l’étymologie du mot français, on cite un certain Geofroy Tory, qui, en 1529, aurait rendu sa copie avec l’erroné énigme. Wiki m’en a tout balancé, que c’était lui ce Tory, habitant à Bourges (hein ? Sale Bourges, dit-il ?), typographe qui a aussi eu l’idée et le culot d’ajouter des accents aux lettres en français ! OH, quel bastard bâtard !
Alors, c'est décidé : quand j’aurai terminé mon chronogyre, je mettrai le chronomètre pour 1500, j’irai retrouver ce grand petit rigolo et quand mon sac sera enfin vidé à ses pieds, vous les francophones direz tous « ah » pour les jeux d’esprit, au lieu de murmurer « euh » à la fin.
Non, non, ne me remerciez pas. Ce sera la moindre des choses, je vous assure ! Apprendre le français tel qu’il existe maintenant est bien plus difficile que ça pour nous, les pitoyables anglophones.
Participation de Laura
Je lis des polars depuis mon adolescence, il y a vingt-ans donc environ: à cette époque, ce penchant était incompris et mis de côté par ma famille. J'empruntais des polars à la bibliothèque municipale et j'en achetais presque en cachette chez le bouquiniste. A l'époque, j'ai lu tous les grands classiques américains(Hammet,Goodis,
Trans-e (Marco Québec)
Le garçon racontait
Que d’aussi loin qu’il se souvenait
Il avait toujours voulu être une fille
Et que ce petit bout de chair
Dont les mâles sont tellement fiers
Lui paraissait bien inutile
La fille racontait
Qu’en ce qui la concernait
Elle avait toujours détesté
Le corps dans lequel elle était enfermée
Elle enviait la stature des garçons
La force de ces fanfarons
Tous les deux avaient opté
Pour retrouver l’harmonie
Que leurs corps et leurs pensées
Puissent devenir des amis
Il s’en trouvera pour penser
Que tout cela est insensé
Mais au-dedans de moi-même
Je me dis que c’est une énigme
Et d’ailleurs le mot « énigme »
A eu son propre dilemme
Mot féminin de nos jours
Ne l’a pas été toujours
A pris le genre masculin
Dans certains alexandrins
Corneille fit dire à Œdipe
« Et l’énigme du sphinx fut moins obscur pour moi »
Ce n’était pas une erreur type
Ce mot n’avait alors toujours pas fait son choix