Participation de Venise
J’aimais bien les livres de la bibliothèque de grand -père.
Ils étaient comme une vielle boîte à musique, et je m’allongeais souvent sur le sofa
Bercée par ces textes écrits à l’encre bleue , ritournelles de quatre sous remplies de gros chagrins de l’enfance.
Un soir j’ai retiré de l’étagère du haut le livre "Terrible énigme" de Jeanne Coulomb, ma grand mère maternelle.
J’ai longtemps ignoré la limpidité de son écriture et j’ai longtemps crû ne pas être de sa lignée.
Dans ce livre j’ai découvert, une école, un souffle d’encre, une ardoise d’or où accrocher ma solitude.
Puis j’ai écrit à mon tour comme elle, en chuchotant d’un coin du préau.
« Terrible énigme » reste à mes yeux le grand voyage de mon écriture celui qui vous déporte vous décentre de vous même pour aller vers un ailleurs.
Alors j’ai écrit comme on vit sa vie, j’ai mêlé, le sable et la pluie, le jour et la nuit, vos absences et vos présences au monde.
Mon écriture est devenue l’énigme terrible d’être au monde, insouciante et tourmentée.
Grand-mère plane encore aujourd’hui comme un épervier sur mes lectures.