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Le défi du samedi

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2 septembre 2017

Des vacances à la campagne, mieux qu’à la mer (JAK)

 

J'ai déjà parlé de  lui  C’était Jean.  Il avait pour surnom Carnéra.

Aimant avec ses petits-enfants, mais sans démonstrations intempestives, il nous passait la main dans les cheveux en marmottant  « ça pousse, ça pousse. »

Nous avions 7-8ans.

 Parlait-il de nos crinières hirsutes ou des centimètres que nous avions atteints. (Peut-être, tout bonnement, faisait-il le constat que notre avancée en âge, le poussait vers la sortie)

Chez nos grands-parents, les repas étaient toujours sources de réjouissances.

Nous étions tous réunis autour d’une immense table (qui s’est avérée à mon âge adulte d’une dimension tout à fait normale)

Contrairement à notre aïeul  paternel, chez qui nous n’avions pas l’autorisation  de parler à table, ici c’était l’envol  de caquetage, qui n’avait rien à envier avec celui des Chanteclerc….. Ces poules d’un blanc si pur, que nous pourchassions pour dénicher leurs œufs, au grand dam de mémé ramassant souvent ceux ci  en omelette pré-préparée sur le paillis

Nous étions  heureux de jouer, escalader, explorer dès potron-minet, libres comme le vent dans cet espace de verdure.

Puis  bourdonnait  à midi- juste, actionnée avec force par  mémé, la  sonnaille  de Bravounette, la charolaise –souvenir de l’enfance de pépé dans « son » pays des sucs.

Alors c’était  le plaisir de la table...  Celui des  bonnes recettes de grand-mère.

 Ah ! Son fameux pâté chaud au foie de volaille

Je vous en donne ici la recette -plus sophistiquée, mais certainement pas aussi savoureuse que celle de ma mémoire. ( – Marcel et sa madeleine oblige-)

Ces repas, n’avaient rien d’une dinette, la bonne chère y régnait en maitresse, dans la simplicité mais avec une saveur incontournable.

Durant ces agapes, mes cousins taquinaient gentiment grand père, pour le faire tourner en bourrique.

Je me souviens d’une fameuse facétie. Pépé avait  voulu montrer son courroux, et surtout asseoir son autorité, en tapant du  poing sur la table, afin de  les inciter au silence.

Une scène inouïe s’en est suivie : lorsqu’il a abaissé sa main, le tranchant de sa paume s’est rabattu sur l’assiette, celle-ci s’est envolée, un beau  parcours dans les airs, sans se casser, et elle  a coiffé, en retombant   le beefsteak, qui lui, était resté sur place.

Hilarité générale et surtout de notre grand-père que son agacement avait dû …agacer. -Il était bon joueur-

Sourire en coin de mémé qui devait jubiler.

Mémé, femme menue, était plus sévère.

Ses capacités de cuisinière ravissaient nos papilles

Mais elle avait en plus, d’autres cordes à son arc. Entres autres, sa propension à nous acheter des livres formateurs qui n’avaient pas toujours bonne presse à nos yeux  et cela nous irritait un peu :   Trop sérieux, instructifs, nous leur préférions des Lisettes ou des Tintin, alors que ceux qu’elle  nous  achetait nous laissaient parfaitement indifférents.

Mais il n’empêche que tous ces bouquins, nous les  avons lus  et relus, mais surtout,  devenus tout fripés,  conservés depuis plus de  70 ans.

De mes grand parents me reste une nostalgie agréable, ils vivent bien présents, ce ne sont pas des fantômes.

 

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2 septembre 2017

Ecrire à Rimbaud ? 6, Grand-père (Joe Krapov)

Monsieur Arthur Rimbaud
B.P. 01 au vieux cimetière
08000 Charleville-Mézières

Mon cher Arthur

« C’est pour toi que je joue, Grand père, c’est pour toi
Tous les autres m’écoutent mais toi tu m’entends »”»

Georges Moustaki 

Cette semaine on me demande de raconter des histoires de grand-père. J’étais justement en train de me demander si la biographie peut expliquer mieux que l’astrologie la personnalité de gens tels que toi.

Est-ce que c’est important pour les lecteurs de ton œuvre météoritique de connaître la vie de tes parents, le capitaine Frédéric Rimbaud et la paysanne Vitalie Cuif ? Peut-on établir un lien entre ta fin tragique et le fait que ce couple fut boiteux ? Que le militaire fasse campagne et laisse son épouse dans la sienne, soit. Qu’il lui fabrique un enfant chaque année et se barre définitivement après sept ans et demie de ce drôle de ménage-manège en lui laissant quatre mômes sur les bras, quelle influence cela a-t-il sur le cours de ta vie et sur ta littérature ?

Est-ce que c’est important de n’avoir pas de père ou d’avoir un père absent ? Et n’avoir pas de grand-père ? Aucun biographe ne mentionne l’existence des grands-parents Cuif ou Rimbaud. Au secours les généalogistes ! Mais c’est vrai qu’on décédait plus jeune qu’aujourd’hui à cette époque. 

DDS 470 081228 157

Astrologie, disais-je ? Mon grand père maternel à moi, celui dont je parlais la semaine dernière, était ainsi que toi natif du signe de la balance. Lui avait cinq ans quand son père est mort sur le front, en 1915, lors de la grande boucherie qui sévissait alors et qui porte le nom de première guerre mondiale. Le portrait de cet arrière-grand-père à moustache avait trôné longtemps sur un buffet de sa cuisine.

Avant de devenir espion pour le compte d’une puissance étrangère, - je suis désolé, mais quand on me demande de raconter des histoires, je raconte des histoires et pas l’Histoire ! - avant même de devenir mon grand-père, il avait été un jeune coq plutôt petit et mince, nourri de religion au point d’avoir été enfant de chœur, puis apprenti-boulanger, athlète vosgien (il avait gagné, paraît-il, le «Tour de Charmes» à la fin des années 20 après s’être entraîné à courir derrière la motocyclette de son parrain), apprenti boulanger, mineur de fond, syndicaliste, membre du Bureau International du Travail, décoré de l’ordre national du Mérite, maire de sa petite commune…

Il n’a jamais demandé, ainsi que tu le fis pour ton propre passé littéraire, qu’on brûlât les poèmes qu’il avait écrits dans sa jeunesse pour celle qui devint ma grand-mère. Par contre il n’a pas laissé d’écrits sur sa vie professionnelle et personnelle et pourtant il a connu la guerre, la prison, les combats syndicaux et politiques, a eu ses moments de gloriole, a voyagé énormément : Chypre, le Chili, la Mongolie, la Hongrie…

Simplement, quand il est mort, tout a disparu avec lui ! Ses livres, sa collection de minéraux, ses papiers qu’il couvrait d’une écriture presque illisible, les poèmes d’adolescence aussi, ainsi même que le portrait du grand père à moustache et également ma propre collection de timbres restée dans un tiroir de son incroyable bureau. Qui a pu embarquer tout ça ? Qu’ont-ils bien pu faire des œuvres de Kim Il Sung qu’il recevait Dieu seul sait pourquoi et comment et Il s’en fout bien, Dieu, ça n’était pas ses affaires, ces histoires de chicore et de chicorée, Nord contre Sud, Est contre Ouest, entre les Yankees et les Soviets, entre les Joe et les Krapov, les Fischer et les Spassky. Qui a vidé la maison ? Qui a joué le rôle des rois de la récupe ? Quelles peurs et quels appétits rôdent autour du brasier quand la bibliothèque ou le Parlement de Bretagne brûlent ? Pourquoi se fichait-il de transmettre ou pas quelque chose après lui ? Faut-il rêver ou pas de transmission, la préparer ou juste goûter tant qu’on peut au sel éperdu de la vie ? Et le jeu d’échecs pliant dont je me souviens d’un seul coup, où est-il passé ? 

DDS 470 jeu d'échecs

J’ai encore l’air de me plaindre mais non, je ne suis en manque de rien, sauf de son regard bienveillant. Mon grand-père m’a toujours couvert de cadeaux très étranges voire étrangers : une guitare polonaise, des jeux d’échecs aux pièces bizarres en provenance d’autres pays de l’Est, des disques importés de Tchécoslovaquie – mon frère disait «Tchévavaquie» ! – des livres d’Aragon ou d’Alexis Tolstoï. C’est lui qui m’a poussé à apprendre le russe au collège.

En retour il a toujours été admiratif devant mes choix, parcours et lubies. Que je lusse autant, que j’écrivisse des poèmes dès l’âge de quinze ans, que je maîtrisasse le subjonctif passé le comblait de fierté. Mon frère et moi jouions de la musique, je travaillais dans une grande institution culturelle, j’avais choisi de vivre ailleurs, d’épouser une étrangère, de faire des enfants, de voyager avec elle sur ses propres traces… Il avait, comme toi, à la fois ce rêve d’un autre monde et cet attachement quasi clanique à la famille.

Nous étions, lui et moi, malgré les années et nos différences, dans un genre de total respect, amusés et surtout enrichis l’un de l’autre. C’est aussi ce lien-là que je ressens vis-à-vis de toi et je ne serais pas moi-même sans une pirouette finale qui consiste à te livrer des extraits de ton portrait lus sur «Astrothème.fr» qui m’ont bien fait rire.

DDS 470 carte du ciel de Rimbaud

Vive la communication et la mobilité, Arthur Rimbaud ! La prédominance des signes d'Air dans votre thème favorise et amplifie votre goût pour les relations avec autrui et les déplacements de toutes sortes, qu'ils soient réels - voyages - ou symboliques - idées nouvelles, évasion par l'esprit. Vous gagnez en souplesse et en adaptabilité ce qui peut vous manquer éventuellement en affirmation ou en sens du concret.

Le mode Cardinal prédomine chez vous, Arthur Rimbaud, et indique une prédisposition à l'action, et plus exactement à l'impulsion et à la capacité d'entreprendre : vous avez à cœur d'initier les projets que vous avez en tête, de démarrer les choses, de les créer. C'est pour vous la partie la plus importante qui vous donne enthousiasme et adrénaline, sans lesquels vous pouvez rapidement vous lasser.

Les maisons cadentes – le groupe des maisons 3, 6, 9 et 12 – sont les plus importantes dans votre thème natal, Arthur Rimbaud :vous savez vous sortir de tous les mauvais pas grâce à votre mobilité et à votre légèreté, dans le bon sens du terme. (Fastoche, la légèreté, quand on a des semelles de vent !).

Vous avez un côté artiste et vous ne négligez jamais dans vos actes et dans votre façon de communiquer des concepts très clairs, bien que subjectifs : le plaisir et la beauté, voire aussi la sensualité, tout cela parfois au détriment de l'efficacité, de la durée, de la logique, et... du détachement.

Votre vulnérabilité de Solarien peut quelquefois venir du péché d'orgueil ou encore d'une autorité un peu trop prononcée. La frontière entre l'orgueil et la vanité est ténue : à vous de ne pas la franchir et de garder en vous cette noblesse de cœur qui fait une bonne partie de votre charme.

Comme tout bon Jupitérien, vous êtes chaleureux, ouvert, liant, consensuel et actif : optimiste, vous savez utiliser votre confiance en vous pour convaincre, gommer les différences d'opinions et laisser aux spécialistes le soin d'analyser et de parfaire les choses. (Ils ne confondent pas un peu avec Macron, là ?)

Forcément, vous trouverez toujours des mécontents qui vous reprocheront votre manque d'authenticité ou votre tiédeur voire votre manque de courage, mais pour vous, la victoire, c'est de vous faire aimer, et sur ce terrain, vous serez sans doute le champion toutes catégories ! (Pas autant que Justin Bieber mais pas loin !)

Le Cancer est un des signes dominants de votre thème de naissance et vous apporte une imagination et une sensibilité d'une finesse extraordinaire. Bien que méfiant au premier abord – et même au second... - dès que l'on vous connaît et que l'on a gagné votre confiance, on devine chez vous un cœur d'or malgré votre discrétion et votre important désir de sécurité qui vous fait rentrer dans votre coquille à la moindre alerte ! Vous êtes en réalité un poète (Oh ?) et si parfois on peut vous reprocher un peu de nostalgie ou de paresse, c'est en réalité parce que pendant ce temps, votre vie intérieure, elle, fonctionne à plein régime.

Votre domaine pourra être celui de l'action dans l'ombre, des causes humanitaires, de l'aide aux défavorisés ou à autrui d'une façon générale, du travail dans des endroits calmes et retirés (Vous prendrez bien un petit désert, par exemple ?) et dans beaucoup de cas, vous pourrez obtenir des domaines cachés autant de trésors que ceux qui ont des destinées publiques.


Bon allez j’arrête là les boniments de Madame Soleil !

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C’est marrant : j’aurais surtout voulu te parler, aujourd’hui, dans cette lettre, du lien entre le jeu d’échecs et le voyage des idées et des gens dans le monde, de la Sicilienne, de la Scandinave, de Kasparov et de Bobby Fischer mais ça ne s’est pas présenté ou très peu. Comme toujours Grand père a confisqué l’histoire pour la réécrire ! Mais ça n’est pas grave, ça reste assez drôle au fond. L’essentiel, comme disait Pierre Desproges, c’est de vivre heureux en attendant la mort. Et je préconise pour ma part de rigoler un max’ en posant qu’elle n’existe pas.

C’est pour cela que je lève mon verre de vodka à votre santé, Messieurs de la balance !


P.S. Les généalogistes me disent que ton grand-père Didier Rimbaud est mort deux ans avant ta naissance et que ton grand-père maternel, Jean-Nicolas Cuif est décédé quand tu avais quatre ans.
T’as vraiment pas eu de bol, Arthur !

P.S. Sur le capitaine Rimbaud, on peut lire aussi ceci.

2 septembre 2017

Autant en emporte le plat : Épisode Sweet A. Fan (joye)

L’histoire jusqu’ici http://samedidefi.canalblog.com/archives/joye/index.html

Alors, notre glorieuse bande de cinq (Hammour, Garceline, Fanfan, l’ex-Vonceralet, et la délicieuse Princesse-fée Émilie) chassa le petit chien blanc jusqu’aux bords de la forêt magique, et puis s’arrêta.

Hammour avala dur. Il n’avait jamais franchi les bords de son royaume des gitans. Il n’avait aucune idée de ce qui pouvait se trouver à l’autre côté.

Garceline, qui ne courait déjà pas mal pour une femme qui n’avait qu’une seule jambe, avouons-le, hésitait. Franchement, elle avait un peu marre de toujours suivre les autres.

Fanfan ne voulait pas quitter la forêt magique parce qu’il avait entendu que les gens qui vivaient dehors étaient cruels et qu’ils se moquaient méchamment de ceux qui étaient différents. Ils n’allaient jamais accepter un homme fait de bois, sauf peut-être comme président des États-Unis, et, franchement, Fanfan n’avait aucune envie d’aller y vivre, même pas en Iowa où se trouvaient les plus intelligents des Américains.

L’ex-Vonceralet s’arrêta surtout pour reprendre son souffle et aussi afin de trouver le moment pour vous dire qu’il était vraiment. Il contempla son ancienne vie de nain grincheux et se demandait s’il pouvait se faire rembourser pour les six épisodes qui ne montraient pas son bon côté, et qui étaient un tantinet ex-nain, à son humble avis.

Et la délicieuse Princesse-fée Émilie s’arrêta à cause de sa classe infinie. Elle n’allait pas laisser ces pauvres malheureux tous seuls au bord de la forêt magique !

Et le chien ? Eh bien, le chien, lui, avait à faire dans le vrai monde – un chien n’est jamais rien sinon pragmatique  et alors disparut dans la cohue du monde ordinaire mais infiniment préférable à cette forêt stupide où chaque semaine il arrivait des choses insolites et sottes, et où on ne pouvait même pas faire pipi sans se faire engueuler par un druide quelconque.

Hammour, Garceline, Fanfan, l’ex-Vonceralet et la merveilleuse Princesse-fée Émilie se regardèrent.

- Eh ben, on s’en va ? murmura l’ex-Vonceralet à la princesse. C’est l’heure du goûter et ta poupée a certainement faim.

- Je veux bien, mon adorable Papy ! lui sourit-elle, mettant sa main dans la sienne.

- Et nous ? crièrent Hammour, Garceline, et Fanfan. On vient aussi, nous ?

- Non, non, répondit l’ex-Vonceralet. Vous resterez ici.

- Mais pourquoi ?? demanda Fanfan.  Hammour et Garceline ne dirent rien, ils ne faisaient même plus attention, s’embrassant fougueusement. Courir dans la forêt magique avait renouvelé les flammes de leur inoubliable passion, cruellement oubliée depuis le premier épisode…

- Eh bien, Fanfan, tu sais bien que c’est la fin de l’histoire, expliqua l’ex-nain.

- Mais…ne puis-je pas venir avec vous à votre maison ? Je pourrais peut-être servir.

- Tiens, pourquoi pas ? répondit l’ex-Vonceralet, qui eut une idée…

Et c’est ainsi que se produisit la scène finale de cette saga estivale, avec des soupirs et des sourires et tiens, ça tombe à pic des cure-dents pour tout le monde !

 

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2 septembre 2017

Merci Walrus par bongopinot

Jette, décembre 2004


Elle a un sourire qui éclaire
Un sourire des grands jours
Elle pose a côté de son grand-père
Un homme plein d'humour

Ce grand-père et cette petite fille
S'entendent et s'amusent gaiement
La petite à les yeux qui brillent
Devant son papy si touchant

Cette photo me rappelle la connivence
Que j'avais avec mon grand-père
Et tous les moments heureux de l'enfance
Lui qui pour les autres semblait austère

C’est l’histoire d'un gentil grand-père
Un peu distrait un peu artiste
Qui passait des journées entières
À peindre à sculpter avec l'œil un peu triste

Mais, pendant toutes les vacances
On se retrouvait enfin tous les deux
Je lui racontais l'école et mon ignorance
Il comprenait mes jours malheureux

Il me disait l'importance de la différence
Me parlait de poésie, me contait des histoires
Et m'assurait qu'un jour j'aurais ma place
Et tous ces mots me reviennent en mémoire

C’est drôle cette photo qui ne m’appartient pas
M’a fait revivre quelques jolis moments
D'un passé que j’ai remonté pas à pas
Pour un instant tout à fait charmant

2 septembre 2017

Cosaque-choc (Vegas sur sarthe)

 

Nos grand-pères croyaient avoir échappé au pire en revenant de la grande guerre sur leurs deux jambes, mais Pépé ignorait que cent ans plus tôt en 1814 les cosaques de la garde impériale russe - non contents d'avoir fait valser Napoléon - nous avaient laissé un cadeau empoisonné, le "cosaque-choc", un truc aussi compliqué à prononcer qu'à faire mais qui semblait amuser nos charmants envahisseurs et gratteurs de mandoline.
Si nos grand-pères avaient cru épouser leur mémé pour le meilleur, en ce qui concerne Pépé c'était sans compter sur cette folie qu'elle eut de vouloir lui apprendre à danser ce qu'on appelait selon Pépé le "
cosaque-choc" et selon d'autres kozachok, kazatchok ou encore Vertpeny Kozackok pour les plus érudits.
Le principe en était sournois pour ne pas dire peu orthodoxe pour l'époque puisque Mémé menait la danse tout en tapant des mains pour indiquer les changements de figure à l'homme qui tentait de l'imiter, en l'occurrence mon Pépé.

Si le mouvement paraissait aussi élémentaire et linéaire que marcher au pas, il n'en était pas moins rapide dès le départ et sur un tempo en constante accélération qui imitait - juste avant l'inévitable chute - le franchissement des tranchées et déclenchait chez le pauvre homme ce fameux cri: "
Tous aux abris". 
Après quelques atterrissages musclés Pépé courut bien vite chercher ses bandes molletières dont la mise en place lui garantissait une bonne demi-heure de répit avant ce qu'il nommait les grandes manoeuvres.
Il aurait bien ajouté le casque lourd si Mémé ne l'avait pas avantageusement recyclé en pot à géraniums.

Au fil des assauts quotidiens et à mesure que montait sa haine envers les ukrainiens, Pépé en venait à regretter que Napoléon n'ait pas fait la guerre aux argentins ou aux tahitiens, enfin à quelque peuple aux moeurs moins tordues.
Il disait que quand on possède une mer noire et qu'on pêche au harpon on ne peut pas être tout à fait normal...
Perfectionniste, Mémé multipliait les variantes, alternant le kuban-kazachok connu de quelques initiés russes du Sud et le ter-kazachok du Nord Caucase dont les différences selon l'expression de Pépé étaient 'frappantes'!

Mais la ténacité légendaire de Mémé allait donner un tournant particulier à l'apprentissage du "
cosaque-choc" lorsqu'elle décida de remiser le phonographe pour faire venir des musiciens plus couleur locale, des joueuses de cithare et de bandura.
Les "
Poupées cosaques du Vertep" ainsi nommées - traduction fidèle de kazatchok - étaient trois vraies blondes à la fois plantureuses et callipyges dont les attraits surdimensionnés eurent tôt fait de faire perdre la tête et les molletières à Pépé.
Après quelques vocalises, roucoulades, échanges d'oeillades complices et frémissements de moustache, Pépé fut sommé de retourner sur le champ "aux abris" c'est à dire au fond de son potager, les poupées retournèrent à leur Dniepr natal (si tant est qu'il le fut), Mémé à ses confitures de mirabelle et on n'entendit plus jamais parler du
cosaque-choc.

On était en 50 et depuis cet épisode le sempiternel entremets franco-russe qui ponctuait nos repas du dimanche n'eut plus jamais le même goût.

 

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2 septembre 2017

Paysages avec hérons et couleuvres (Laura)


Ce n'est pas de la roupie de sansonnet,
Ce sonnet de Nerval, cet épitaphe
Où il se compare  tantôt au sombre Clitandre
Quand il n'est pas "gai comme un sansonnet"

Je ne prétendrais jamais faire aussi bien
En parlant des corbeaux que mon grand-père imitait
Ou des serins à nos fenêtres, qu'on enfermait
Que dire de l'ombre du héron près du grand bassin?

Comment ne pas évoquer Le chardonneret
De Carel Fabritius, rendu célèbre par Donna Tartt
Dans un poème qui se désire comme un sonnet?

Pour revenir aux corbeaux de Van Gogh
Et à l'ombre des héron des fables de la Fontaine
Comme  la mort  de mon grand-père et de l'artiste

Comment reconnaître une couleuvre
D'une vipère: cette question me fait déborder du sonnet
Pour parler de "L'homme et de la couleuvre", fable
Qui n'évoque ma grand-mère tueuse de vipères

Ni ma mère qui attrapait les orvets, inoffensifs
Reptiles comme les belles couleuvres
Qui sifflent sur nos têtes de Gorgone du Caravage?

26 août 2017

Défi #470

Jette, décembre 2004

Une petite histoire de grand-père,
peut-être ?

La semaine prochaine, nous repartirons sur les mots.
Nous en étions restés au C de Clepsydre.

 

26 août 2017

Ont démasqué le fantôme

26 août 2017

Participation de Venise

 

N’attendez pas de moi des souvenirs d’enfance avec les fantômes

Je n’en ai pas . Voilà ça c’est fait!!!

De quoi les fantômes sont-ils  alors les ancêtres ?

Surement pas du plombier du second qui vient de rendre l’âme .

Les fantômes sont d’une extraction noble et ne supportent  que les demeures princières .

Et pour leur rendre justice ils n’ont pas besoin de moi une roturière !!

Bien je vous l’accorde je ne crois en plus rien

C’est ici d’ailleurs que je sors du bois!!

Ecoutez plutôt cette charmante histoire médiévale tout  droit sortie de mon imagination.

Le fantôme est une survivance échevelée  de la grâce qu’il nous faut à aimer .

Et comme un vieux diable pleurant sur un quai le fantôme de nos amours

Sort rincé de la vie  pour s’élancer vers les ombres que nous sommes  et emporte avec  lui les  couleurs de notre  âme .

Rends-moi le bleu  de mes saisons, le rouge de mes joues, le rose pâle de ma main

Et dans la trainée  de brouillard où il se cache , il nous apprend  à rester présents à nos vies.

Source: Externe

Détourne toi de lui , mais pas trop !!

Entame quand tu le pourras un ballet improvisé avec lui

Sort le de ta boite optique où tu l’entrevois

Où il se meut dans une marelle spatiale

Ce qui me vient à l’esprit à ce moment là

C’est / son regard ne t’a  t-il pas cloué au sol ?

Où es tu simplement un demeuré?

Face à l’hypothèse désormais tout à fait fondée que les fantôme n’ont aucune existence je répondrai/

prêtons leur une âme .

Tentons de faite bouger les frontières .

 

26 août 2017

Fantôme (JAK)

jak

26 août 2017

Tout château a son fantôme (Walrus)


Autour du lac Trasimène, la moindre colline porte sa ville, son village, son château, tous ceints d'imposantes et rébarbatives murailles. Quel passé belliqueux ont-ils connu ces endroits aujourd'hui si paisibles dès qu'on en franchit les portes ?

Castiglione-0033


C'est sans doute de ces temps troublés que datait le fantôme que j'ai aperçu à l'intéreur du mur reliant le palais ducal à la forteresse de Castiglione del Lago.

Castiglione-0025


Peur, moi ? Mais non, je m'y attendais un peu : l'Ombrie n'est-elle pas le royaume des ombres ?

 

 

26 août 2017

Mes fantômes par bongopinot


Chez moi il y a des spectres
Ils me guident à leur manière
Avec de jolis petits morceaux de lumière
Doucement ils ont appris à me connaître

C’est pour ça que depuis que je suis petite
J'abrite tous ces fantômes
Bienvenus dans mon royaume
Ou les revenants s'agitent

Cela peut vous paraître étrange
Toute ces apparitions ces visions
Réalité ou illusion
D’esprits qui se dérangent

Y croire ou ne pas y croire
C'est une bonne question
À chacun ses déductions
À vous de mieux y voir

Mais ici du dimanche au samedi
Ils accompagnent mes jours et mes nuits
Et les moments importants de ma vie
Mais surtout ne prenez pas peur les amis

Ils ne sont pas méchants voyez vous
Seulement malins et joueurs
De gentils fantômes avec du cœur
Et aussi réconfortant qu’un doudou

26 août 2017

Monsieur Martin (Pascal)


Quand je m’apprête à faire une bêtise, couper trop court un bout de tuyau d’arrosage, bidouiller une prise de courant sous tension ou me relever avec une porte de placard ouverte, j’ai l’impression qu’il m’épie un peu plus avec un poids tel, que je m’arrête comme si j’étais obligé de réfléchir à deux fois avant de m’engager dans la périlleuse entreprise... C’est un sauveur…

Je l’entends distinctement dans les courants d’air. Selon la manière brutale ou feutrée des portes ou des fenêtres quand elles claquent, il m’explique, avec le vent entremetteur, comment profiter de cette clandestine aération sans faire tout chavirer et sans réveiller le quartier... C’est un bienfaiteur…

Il a laissé des explications post mortem dans quelques coins de sa maison.
Dans le petit tableau électrique de la chaufferie, sur un bout de papier jauni, il y a toutes ses explications, des utiles annotations détaillées quant au bon fonctionnement de son appareillage. On dirait qu’il défend à tout le monde de toucher les endroits qui, potentiellement, sont dangereux !... C’est un protecteur…

Ici, il n’y a rien d’inutile. C’est plein de petites astuces, de petites finesses qu’on ne voit pas du premier coup d’œil : aussi, je ne touche à rien avant de laisser passer une année.

J’ai toujours l’impression habituelle d’être chez lui et cela ne me dérange pas vraiment. Sa présence invisible est ma compagnie. Les murs sont remplis de gais murmures, les planchers grincent et la cuisine exhale encore des parfums suaves de repas de l’ancien temps. La poussière confetti ne m’appartient pas, de même que les traces de doigts, ses empreintes, qui se promènent sur les portes, le long du couloir et sur la rampe d’escaliers. Les antiques interrupteurs sont noircis, d’une longévité extraordinaire de vie d’éclairage nuiteuse... Les plinthes plantées au parquet se plaignent à force d’espérer une nouvelle peinture avant le printemps suivant, les poignées des portes sont avachies de trop de mouvements, les étagères des placards se gondolent de leurs pots de confiture envolés, les vitres opaques ont des reflets de ce qui n’est plus dans le jardin comme si elles regardaient des paysages que je ne peux pas voir. Les blancheurs carrées ou rectangulaires sur la tapisserie fleurie de la salle de séjour laissent entrevoir des portraits disparus. Les volets grincent de concert, les rideaux « s’accordéonnent », ils se gonflent de vent, à intervalles réguliers, comme si une respiration de présence tranquille se reposait dans l’ombre. C’est un conservateur…

Il est omniprésent. Je sens sa présence silencieuse comme les puissantes fragrances de son après-rasage qui passent et repassent encore dans les pièces.

Quand je me couche, il vérifie si ses volets sont bien fermés, si le gaz est bien coupé et que les robinets ne fuient pas. J’entends des bruits de buffet, des tintements de vaisselle, des glissements de chaise, des craquements de boiserie, des chuchotements discrets… Je voudrais aller voir mais c’est toujours l’endormissement qui prend le dessus. C’est un chaperon…

Et puis, il est encore un peu chez lui, après tout…  

Sa présence est plus forte du côté de la cave comme s’il vivait plus souvent en bas que dans l’appartement. Il devait aligner les cépages dans des arrangements prévus par son imagination d’organisation et je suis sûr qu’il devait s’évader en regardant les étiquettes racoleuses des bouteilles, de château en château, de coteau en coteau, de chais en chais. Il se baladait dans notre France en admirant les couleurs de son vin. C’est un pilier…

Mais c’est dans le jardin que l’effet est encore plus flagrant :
Il surveille, il constate, il s’intéresse aux moindres de mes gestes dans sa verdure !...
Il m’interpelle. Il réclame de l’eau pour les tomates, un coup de piochon du côté des pommes de terre, le ramassage des haricots verts ! Et le liseron, il prolifère !... Il m’envoie ses ordres ! Et j’obéis… Je ratisse, je bêche, je cueille… C’est un tuteur…

Quand je perce, quand je scie, quand je taraude, il est par-dessus mon épaule ! Il certifie, il contrôle, il prend ses mesures ! Il me donne des conseils et… je l’écoute !!...  

Quand j’accroche un tableau, il le regarde avec circonspection, avec le souci du détail, avec une infinie attention, pour voir s’il s’accorde en couleurs agréables dans l’ambiance.
C’est un support…

Il devait l’aimer, sa maison…

Il doit la regretter avec tous les souvenirs d’une vie heureuse qu’il a laissés entre ses murs et maintenant à l’indélicatesse, à l’outrage, à l’invasion du nouveau propriétaire que je suis. J’ai l’impression d’être dans sa vie mais en décalé de peu de temps. C’est moi le voyeur, le fantôme…

On dirait, qu’avant de s’en aller définitivement, il prend la tension de celui qui a investi ses murs, pour voir s’il en est digne, pour s’assurer de la sérénité des lieux, pour que la continuité se fasse sans qu’il  garde une amère arrière-pensée dans l’Eternité reposante.

J’enlève toujours ma casquette quand je monte à l’étage. Je lui porte une sorte de respect d’outre-tombe. Je suis sûr qu’il était rempli d’altruisme, de gentillesse et qu’il baignait sur son visage une grande sympathie contagieuse. C’est un père…

Petit à petit, sa présence se fait moins fréquente. Il doit s’habituer dans ses nouveaux appartements dynastiques en grave granit gravé, auréolés de fleurs plastique ou bien, je prends vraiment la dimension durable de ce qui dorénavant m’appartient.

Il me délaisse, je me sens un peu seul. Il est l’aîné, le bon exemple mais il me cède définitivement sa place. J’aurais bien aimé lui serrer la main et lui dire bonjour ou au revoir…  Je l’aurais rassuré avec les clés de sa maison dans ma poche. Il m’aurait fait visiter…

Il peut reposer en paix maintenant, je prends soin de… notre maison…

26 août 2017

Le fantôme du paysage (Laura)


Il des lieux qui ne sont pas des paysages car on ne les regarde pas
Il est des paysages qui redeviennent seulement des lieux car on ne les regarde plus
Il est des lieux entre vie et mort, des lieux hantés où règne le fantôme du paysage
Ce sont des villes où l'on est né, où l'on a marché pour la première fois
Ce sont des rues où on est allé à l'école, où l'on a pédalé, marché, aimé
Ce sont des rues où on a pleuré, souri, sauté dans les flaques, couru
Ce sont des rues où on a posé pour un peintre, embrassé, bu, fait l'amour
Ce sont des rues où on a enterré sa grand-mère, parlé avec son meilleur ami
C'est une ville où on a lu, été heureux, crié, souffert, été soi-même et parfois un autre
C'est une maison où on a lu ses premiers livres puis sous les draps avec une lampe
C'est un lieu où on a dansé avec sa grand-mère avant de sortir en boîte
C'est une ville dont on a connu l'histoire, le nom des rues, la place des statues
Ce sont des rues qu'on a parcouru en tout sens avant de partir ailleurs
C'est une ville où on est revenu le vendredi, parce qu'on y chérissait des personnes
C'est une ville qu'on défend parce qu'elle est belle et riche de passé et de possibles
C'est une ville où on a vécu et où on ne vit plus, où on ne voudrait plus vivre
Mais c'est une maison où on a écrit pour donner des nouvelles, faire un signe
C'est une maison qui a reçu des cartes de  tous les coins de France où on a pensé à elle
C'est une maison qu'on aimait pour ses racines de coeur, les personnes qu'on y aime
C'est comme l'arbre dont on coupe une branche et qui pleure sa sève blanche
C'est comme si j'étais cette branche sans tronc dans un paysage sans âme.
C'est une maison, une ville où plane des souvenirs qu'on jette aux oubliettes
D'un grenier poussiéreux, c'est une maison qui bafoue son passé en le glorifiant
C'est un paysage où ne reste plus qu'un fantôme d'amours qu'on nie sans vergogne.

26 août 2017

ECRIRE A RIMBAUD ? 5, Fantôme (Joe Krapov)

Monsieur Arthur Rimbaud
B.P. 01 au vieux cimetière
08000 Charleville-Mézières

Mon cher Arthur

« And is this that you want,
to live in a house that is haunted 
by the ghost of you and me ?”»

Leonard Cohen encore !

 

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 Cette semaine on me demande si je crois aux fantômes. Sans doute que la réponse est oui. Sinon que serais-je allé faire dans la «Maison des ailleurs», cette demeure où tu habitas, en plein Charleville, sur le bord de la Meuse, face au moulin et le dos tourné à la place ducale cent mètres derrière.

Il y régnait une atmosphère fantomatique, liée aux éclairages choisis, aux plans des villes que tu as visitées dessinés à même le parquet et surtout aux étranges vidéos conçues par des plasticiens contemporains.

 

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Je suis actuellement coincé par la pluie dans un camping tout près de Dieppe. J'y termine la lecture du «Temps des assassins», un livre consacré à toi par Henry Miller, un écrivain priapique de l’admirant-idole. Je déduis de ses phrases que chacun de nous à son Arthur Rimbaud ou son fantôme d’Arthur qui le hante à jamais. Mon projet n’étant pas de dévoiler le mien – ça ferait bien suaire mes lecteurs et lectrices, je pense – je vais plutôt te parler ce jour d’Arthur le fantôme. Ca me permettra d’évoquer mes propres limbes et de vagabonder en icelles.

Arthur le fantôme ! Il s’agit d’une bande dessinée, d’un récit en images si tu préfères, dont la publication a commencé en 1953 dans un hebdomadaire destiné à la jeunesse et intitulé « Vaillant, le journal le plus captivant ». Le créateur de la série «Arthur le fantôme justicier» s’appelait Jean Cézard.

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Arthur est un ectoplasme aux formes arrondies, enfin pas trop au début, qui n’a que deux boulets de charbon à la place des yeux dans le visage, qui a une houppette en guise de cheveux et, à la place des jambes, une espèce de queue. Oui, un peu comme Henry Miller. Ou comme toi, Arthur, à la fin de ta vie : un fantôme sans jambes.

Arthur, à ses débuts, est doté d’un papa et d’une maman ! Il habite avec eux un château moyenâgeux à l’abandon dans une sombre forêt - les Ardennes ? -. Histoire de coller encore plus la frousse – «les miquettes» comme dit Alexandre Astier qui joue le rôle du roi Arthur dans «Kaamelott» – aux gamins, Cézard leur apprend le mot «oubliettes» en en dessinant à l'occasion. Il leur faudra attendre la leçon d’histoire sur les cages de Louis XI pour découvrir  que le pouvoir rend cruel et con celui qui le possède. Mais ne nous égarons pas dans le labyrinthe, nous risquerions d’y rencontrer le Minotaure, çui-là qui tord les minots et leur dit «Thésée vous ou sinon vous allez perdre le fil de la fusée Ariane et du récit d'oncle Krapov».

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A part le premier gag en une planche, les aventures d’Arthur dans le journal Vaillant constituent un long récit de 366 pages qui paraît à raison d’une page par semaine. Chaque planche contient une douzaine d’images, en noir et blanc au départ, en couleurs ensuite.

Chaque semaine Cézard a livré son épisode à la rédaction et dans le même temps il dessinait d’autres histoires pour d’autres journaux (Billy Bonbon, Kiwi). Tu imagines le boulot ! Inventer des aventures à Arthur le fantôme chaque semaine que Dieu fait ! Avec mission d’être drôle à chaque fois. Comme dit l’autre «impaussible n’est pas français» ! 

Je ne sais plus si Jean Cézard me faisait vraiment rire. Sur ce plan-là, René Goscinny, Charles M. Schulz et Marcel Gotlib sont les premiers sur mon podium. Mais j’étais scotché par son dessin, ses châteaux branlants, ses vieux tacots, ses bateaux de corsaires, son Far-West avec des trognes de cow-boys pas possibles. La série s’est enrichie de personnages secondaires attachants (ou attachés, comme Verlaine le fut pour toi ?) : le professeur Mathanstock a amené sa machine sphérique avec laquelle Arthur a voyagé dans le temps.

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Lorsque Vaillant est devenu « Vaillant le journal de Pif » les aventures d'Arthur, toujours à suivre, ont adopté le format album classique, autour de 48 pages par récit, et ont été publiées à raison de quatre planches par semaine. En 1969 le journal devient « Pif gadget » et publie des aventures complètes de sept pages du fantôme justicier.  Le faire-valoir du héros est alors un magicien diplômé qui s’appelle le père Passe-Passe. Au cours d’un de ses voyages Arthur rencontre les Rigolus et les Tristus qui vivront ensuite leur vie dans une série indépendante. Les rouges contre les verts, les gais contre les tristes. Inutile de te dire quel camp j’avais choisi !

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Oui, celui des Rigolus. Et pourtant ça me désole de n’avoir pu localiser sur les cartes de Monsieur Google la maison de Bonneuil-sur-Marne où mes grands-parents nous emmenaient, mon frère et moi, à l’époque où nous avions ces lectures-là. La voisine s’appelait Madame Bidart, elle avait un superbe jardin et un chat – comme toutes les voisines de cette époque-là -. Nostalgie ! Nostalgie !

Je me souviens aussi d’un appartement prêté au grand-père par un de ses collègues, un nommé Achille, dont le fils, prénommé Serge, avait conservé une bonne collection de recueils de «Vaillant». J’avais lu là-dedans «La Grande descente», une aventure de Richard et Charlie par Tabary et j’y avais découvert Vlugubu, un personnage miniature avec une flamme sur la tête. L’histoire était un décalque du « Voyage au centre de la terre » de Jules Verne, une sorte de « Saison en Enfer » mais en beaucoup plus drôle.

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Accessoirement, nous avions été quelque peu choqués de découvrir, chez ce jeune lecteur de publications "communardes" comme nous, des véhicules militaires Dinky toys en pagaille (et en métal). Ce fut une bonne leçon. Le prosaïsme de la réalité a toujours vite fait de détruire la poésie de Norev. Normal, c’est du plastique ! Du plastoc, disions-nous.

Mais je ne t’ennuie pas plus. A relire Miller, je retrouve un autre fantôme : ce jeune homme que j’ai été, qui fréquentait les bibliothèques municipale et universitaires de Lille, qui dévorait Rimbaud, Kérouac, Miller, Scott Fitzgerald et des tas d’autres disparus plus ou moins notoires. De ce lecteur-là, je n’ai plus rien à dire, sinon que lui ne s’est pas arrêté d’écrire.

Je reparlerais bien par contre du même bonhomme un poil plus âgé qui a redécouvert hier à Dieppe, en spectateur, l’ambiance des tournois d’échecs. Une autre tranche de vie, ailleurs. 

Comment ne pas croire aux fantômes pour peu qu’on ait une mémoire affective, voire affectueuse ? Nous en promenons tous avec nous, à commencer par celui de nous-mêmes !

Salut à toi et à bientôt, camarade Arthur, ami poète, mon très cher roi de cœur « sans cœur » !

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26 août 2017

Le gant Mapa (Vegas sur sarthe)


Pour mon 469ème défi j'avais décidé de rencontrer un revenant ou une revenante.
Je n'étais pas difficile et puis les revenants ont-ils vraiment un sexe? Ceux qui en ont approchés ont-ils eu la curiosité d'aller voir jusque là?
Tant qu'à en voir un, je préférais que ça en soit une alors j'ai fait les petites annonces et j'ai filé rancard à une dame blanche un samedi soir après 20 heures car elle bossait comme dame pipi à l'abbatiale Saint Paul de la Couture.

La dame blanche habitait dans le vieux Mans – si tant est qu'un revenant puisse habiter quelque part – dans la cité Plantagenêt là où un certain Geoffroy plantait du genêt dans sa coiffure pour aller à la chasse.
Dire que la cité aurait pu s'appeler Plantaforsythia... les manceaux l'ont échappé belle, bref.
La White Lady comme on lit dans les dépliants en angliche s'appelait en fait Reine – Reine Blanchard née Bérangère – comme gravé sur sa plaque à côté de celle d'un courtier en assurances, un dénommé Richard Queurdelion dont il me sembla avoir déjà entendu parler, bref.

Ma Reine avait des milliers d'heures de vol et cachait ses mains ridées sous des gants en plastique.
"Je terminais ma vaisselle" dit-elle en refermant la porte... parfaitement, ma revenante ouvrait et fermait les portes et faisait la vaisselle comme vous et moi, enfin comme vous pour la vaisselle.
Je la suivis dans une pièce étrange qu'on nomme cuisine.
C'est vrai qu'elle était blanche, pas la cuisine mais ma Reine – la légende ne disait pas que des bêtises – elle était même livide, cadavéreuse, déterrée, éteinte, enfin vous choisirez.
"Vous seriez pas malade?" osai-je en restant à distance respectable.
"Non" dit-elle d'une voix blanche "je suis toujours comme ça après 20 heures".
Alors elle se sentit obligée de me raconter sa vie, son enfance chez les Navarro – pas les indiens mais les basques de Pampelune –  une soeur qui s'appelait Blanche pour entretenir la confusion, puis une belle-doche autoritaire et par dessus le marché un mari aux amitiés particulières devenu courtier en assurances et qui n'avait même pas été capable de lui fabriquer un moutard.
"Vous avez dû voir sa plaque sur la porte, c'est tout ce qu'il en reste" dit-elle en tendant le bras.
J'avais reculé instinctivement, évitant le gant Mapa.
"Ca tache pas" dit-elle avec un sourire édenté "c'est du Paic citron... j'utilise que du Paic citron et du savon de Marseille pour la lessive... ça lave plus blanc"
J'allais lui faire remarquer que son Paic citron contient des tensioactifs, véritables saletés pour l'environnement mais je n'étais pas venu pour parler écologie.
Je tentai une question :"Et ça fait quoi de revenir quand on est partie depuis si longtemps?"
Elle parut étonnée :"Longtemps? C'est quoi longtemps? Mon queutard de mari n'est mort qu'en 1199"
Je bredouillai :"Excusez-moi madame... euh... Blanchard mais on est au XXIème siècle"
"Appelle-moi Reine" dit-elle en me forçant à m'asseoir contre elle.
Elle était froide, blanche et froide comme un roti de porc oublié au frigo avec une abominable odeur citronnée.
On était là tous les deux, loin des Navarre, des croisades à la con et d'Alienor sa belle-doche acariâtre qui aimait les troubadours et les angliches qui roulent à gauche.
"Le mariage, c'est une belle connerie" soupira t-elle en me prenant par l'épaule "c'était bien la peine de m'emmener à Chypre pour se faire dessouder 8 ans plus tard... "
Je profitai de ses points de suspension pour m'écarter tout à fait.
Elle soupira encore :"On vous fait si peur que ça, nous autres les revenants pour que vous vous écartiez toujours ainsi?"
Elle avait encore blanchi, elle était presque transparente au point que je ne voyais plus que ses gants à vaisselle.
Je ne sais pas pourquoi j'ai eu envie de lui serrer la main... elle était molle et collante et le gant m'est resté dans la main. On a beau faire attention, on a toujours peur de casser quelque chose en touchant un revenant.
Elle comprit que j'allais partir :"Reviens quand tu veux"
Je ne sus que répondre :"Euh... d'habitude c'est vous qui revenez"
Elle eut un pauvre sourire comme je repassais la porte, on avait dû lui faire la blague un peu trop souvent.
Dehors la plaque de Richard Queurdelion brillait de mille feux et je me sentais finalement assez fier de mon 469ème défi.
Vous y croyez vous, aux fantômes? Moi j'y crois. C'est pas donné à tout le monde de possèder un gant Mapa du 12ème siècle.

26 août 2017

Autant en emporte le plat : Épisode Sept [embre arrivera la semaine prochaine] (joye)

L’histoire jusqu’ici :  http://samedidefi.canalblog.com/archives/joye/index.html

Après le poum-alakazoum de la superbe princesse-fée, Émilie, Hammour, Garceline, et Fanfan se frottèrent les yeux.

Devant eux, ce n’était plus Vonceralet, le pauvre nain grincheux et généralement méprisé, mais plutôt la silhouette bien agréable d’un homme charmant et spirituel, accompagnée d’un petit chien blanc.

- Mais ! qui êtes-vous ? s’écria Garceline, pas pour la première fois dans cette saga. Vous n’aurez pas loupé, cet été, si vous avez tout lu, que cette prétendue héroïne manque sévèrement d’originalité, ce qui est souvent le propre des héroïnes dans les romances, mais passons, parce que sinon, on n’arrivera jamais à la fin de cet épisode, et puisqu’il n’y en aura plus qu’un seul pour tout terminer avant le deux septembre, alors, bon, en voiture, Simone !

- Oui, qui êtes-vous ? s’écria Hammour, qui lui aussi, souffrait du même manque d’originalité que Garceline, mais lui, au moins, et à son crédit, était musclé et masculin.

Fanfan, la marionnette – au cas où vous l’avez oublié  ne dit rien. Lui aussi se fatiguait de cette histoire, et il ne croyait pas que l’auteure allait le restaurer à sa forme humaine, avant la fin, elle n’est pas quand même Oualte Diznée, alors, il se tut.

- Eh bien, rit l’homme, avant que je ne vous dise qui je suis, il faut répondre à cette question : Croyez-vous aux fantômes ?

- Non ! répondirent Hammour et Garceline d’une seule voix. Fanfan hocha sa tête avec raideur. Que voulez-vous, c’était une marionnette faite de bois, il hocha sa tête alors avec raideur. Noméo, il y a comme des pinailleurs dans le monde littéraire, franchement.

L'exquise fée-princesse rit gaiement. Il ne faut pas oublier qu’elle figura elle aussi dans ce chapitre, même si elle n’eut pas de répliques.

- Très bien, dit l’ex-Vonceralet devant eux. Je suis…

Mais avant qu’il ne pouvait terminer sa phrase, le petit chien blanc s’échappa de sa laisse et partit au courant.

- Yipyipyipyipyiiiiiiiiiiiiiiiiiip !  aboya le chien.  Fanfan se fâcha. Même le chien eut plus de répliques que lui cette semaine.

- Oh mince ! cria l’homme dont vous ne connaissez pas encore l’identité. Le chien ! Suivez-le !

~ À suivre pour la fine fin de la saga à samedi prochain ~

26 août 2017

Papa (Thérèse)


À sa sortie de l'hôpital, il avait été décidé pour Papa qu'une aide serait nécessaire pour son retour à la maison. C'est ainsi que chaque matin, quelqu'un venait pour l'aider à faire sa toilette.
Malgré tout, je continuais à y aller régulièrement, n'hésitant pas à dormir là-bas certaines nuits pour veiller sur mes parents.
Bon an, mal an, les années continuaient à passer et j'aidais du mieux que je pouvais Maman qui commençait à fatiguer. Papa m'appelait très souvent dans la journée quand il avait des soucis ; il savait qu'il pouvait compter sur moi et il me faisait entièrement confiance : je l'aidais alors à se changer quand il avait ces accidents récurrents. Parfois il se mettait à pleurer en me disant "Je ne suis plus bon à rien" : il ne supportait plus cet état de dépendance. Il m'expliquait aussi des choses intimes qu'il n'aurait pas dit à Maman : il savait qu'elle se mettrait en colère pour une raison ou pour une autre. Le soir, il fallait l'aider à enfiler son pyjama et à se coucher. Et chaque fois il me disait merci, des larmes dans la voix.

Puis vint ce funeste samedi matin... Il tomba sans un mot pour ne plus jamais se relever. Les pompiers appelés à la rescousse ne purent rien faire. Son dernier vœu était exaucé : il avait dit, la veille au soir, à maman "Quand est-ce que je vais m'en aller là-bas !?", ce qui avait d'ailleurs déclenché une dispute, maman ayant très mal réagi.
Tandis que ma sœur était venue de Paris pour assister notre mère à son tour, j'étais repartie chez moi car je devais me rendre au travail le lendemain matin.

Ce jour-là devait rester gravé dans ma mémoire. A 7h, je me réveillai en sursaut : j'avais entendu très distinctement la voix de papa qui m'appelait, comme à son habitude quand il avait un souci. Mais cette fois, c'était beaucoup plus fort, plus impérieux. Je me levai, complètement sonnée, et  partis au travail avec un sentiment de malaise profond. Malgré tout, ce fut plus fort que moi : j'envoyai un message à ma sœur pour lui expliquer mon réveil subit et cet appel qui résonnait encore à mes oreilles. C'est alors qu'elle m'expliqua ce qui s'était passé : Maman, ce matin-là, avait explosé de rage, de douleur. Son chagrin s'était transformé en colère. Désemparée, elle était entrée dans la pièce en furie, là où Papa reposait, et s'était mise à l'invectiver avec de grands cris. "Pourquoi tu es parti ? Pourquoi tu m'as abandonnée ? Qu'est-ce que je vais faire maintenant ?" Ceci se passait à l'heure exacte de l'appel de Papa qui m'avait réveillé. C'est ensuite que Michèle s'est rendu compte qu'il avait bougé. Ses bras, auparavant croisés sur sa poitrine, s'étaient dénoués. Elle a cherché à les replacer mais sans succès probant.
Plus tard, l'après-midi s'acheva avec la mise en bière.

Papa, où que tu sois, j'espère que tu es bien et que tu as enfin trouvé la paix.

 

19 août 2017

Défi #469

Castiglione del Lago, mai 2008

Vous y croyez, vous,
aux fantômes ?

 

19 août 2017

Sont tout sourire

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Le défi du samedi
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