Des vacances à la campagne, mieux qu’à la mer (JAK)
J'ai déjà parlé de lui C’était Jean. Il avait pour surnom Carnéra.
Aimant avec ses petits-enfants, mais sans démonstrations intempestives, il nous passait la main dans les cheveux en marmottant « ça pousse, ça pousse. »
Nous avions 7-8ans.
Parlait-il de nos crinières hirsutes ou des centimètres que nous avions atteints. (Peut-être, tout bonnement, faisait-il le constat que notre avancée en âge, le poussait vers la sortie)
Chez nos grands-parents, les repas étaient toujours sources de réjouissances.
Nous étions tous réunis autour d’une immense table (qui s’est avérée à mon âge adulte d’une dimension tout à fait normale)
Contrairement à notre aïeul paternel, chez qui nous n’avions pas l’autorisation de parler à table, ici c’était l’envol de caquetage, qui n’avait rien à envier avec celui des Chanteclerc….. Ces poules d’un blanc si pur, que nous pourchassions pour dénicher leurs œufs, au grand dam de mémé ramassant souvent ceux ci en omelette pré-préparée sur le paillis
Nous étions heureux de jouer, escalader, explorer dès potron-minet, libres comme le vent dans cet espace de verdure.
Puis bourdonnait à midi- juste, actionnée avec force par mémé, la sonnaille de Bravounette, la charolaise –souvenir de l’enfance de pépé dans « son » pays des sucs.
Alors c’était le plaisir de la table... Celui des bonnes recettes de grand-mère.
Ah ! Son fameux pâté chaud au foie de volaille
Je vous en donne ici la recette -plus sophistiquée, mais certainement pas aussi savoureuse que celle de ma mémoire. ( – Marcel et sa madeleine oblige-)
Ces repas, n’avaient rien d’une dinette, la bonne chère y régnait en maitresse, dans la simplicité mais avec une saveur incontournable.
Durant ces agapes, mes cousins taquinaient gentiment grand père, pour le faire tourner en bourrique.
Je me souviens d’une fameuse facétie. Pépé avait voulu montrer son courroux, et surtout asseoir son autorité, en tapant du poing sur la table, afin de les inciter au silence.
Une scène inouïe s’en est suivie : lorsqu’il a abaissé sa main, le tranchant de sa paume s’est rabattu sur l’assiette, celle-ci s’est envolée, un beau parcours dans les airs, sans se casser, et elle a coiffé, en retombant le beefsteak, qui lui, était resté sur place.
Hilarité générale et surtout de notre grand-père que son agacement avait dû …agacer. -Il était bon joueur-
Sourire en coin de mémé qui devait jubiler.
Mémé, femme menue, était plus sévère.
Ses capacités de cuisinière ravissaient nos papilles
Mais elle avait en plus, d’autres cordes à son arc. Entres autres, sa propension à nous acheter des livres formateurs qui n’avaient pas toujours bonne presse à nos yeux et cela nous irritait un peu : Trop sérieux, instructifs, nous leur préférions des Lisettes ou des Tintin, alors que ceux qu’elle nous achetait nous laissaient parfaitement indifférents.
Mais il n’empêche que tous ces bouquins, nous les avons lus et relus, mais surtout, devenus tout fripés, conservés depuis plus de 70 ans.
De mes grand parents me reste une nostalgie agréable, ils vivent bien présents, ce ne sont pas des fantômes.