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Le défi du samedi

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14 novembre 2015

Poste d’entretien (Pascal)

A quai, pendant un poste d’entretien, j’avais été affecté à la remise en peinture de la tranche de l’étrave. Pour atteindre ce difficile réduit, le long d’une échelle verticale, il fallait descendre des paliers confinés jusqu’aux soutes les plus exiguës. L’étroit compartiment de la proue était scindé en petites alvéoles renforcées et je devais m’employer pour atteindre chacune des plus petites surfaces à peindre. On avait placé des ventilateurs en forme de coquilles d’escargot pour aérer le local ; ses manches à air me gênaient en empêchant mes contorsions de coloriage, les fils des baladeuses se coinçaient sous mes genoux et je trimballais mon pot de minium dans cet entrelacs inextricable. 
Avec maintes reptations, je devais franchir des tranches de plus en plus étroites ; ensuite, assidûment, je peignais les parois de l’intérieur de l’étrave, l’endroit le plus effilé du navire. Le plus souvent à plat ventre, je m’appliquais à cette œuvre de réfection comme si je le caressais dans le sens de sa tôle. Au-dessous du niveau de la mer, je n’osais pas gratter des points de rouille naissants ; aussi, en échange secourable, j’y appliquais généreusement ma peinture pansement pour soigner ces petites plaies boursouflées…  

En y repensant, je crois que c’était une des corvées les plus pénibles du début de mon embarquement, mais j’aimais bien cette intimité d’étrave, cette collusion fortuite entre les ombres curieuses et les lumières falotes des ampoules faiblardes.
Toujours aussi copieusement, j’étalais ma peinture sur tout ce qui pouvait la recevoir. Je ne peignais plus, je décorais. A la lumière blafarde, l’endroit devenait une véritable mine d’argent ; chaque pépite d’une goutte de peinture brillait intensément. Là, dans l’intimité des profondeurs, c’était une véritable caverne de richesse. J’avais une grande fierté d’accomplir cette responsabilité ingrate et je m’employais à cette pénible astreinte carcérale avec un zèle de jeune matelot convaincu.

Entre nous, je crois que je fayotais avec mon bateau, dans ce sens hypocrite : « Vois-tu comme je prends soin de toi ?... As-tu remarqué comme je m’applique à la tâche précieuse d’embellir tes moindres détails ?...  Et toi ?... En échange, me ramèneras-tu toujours à bon port ?... Sauras-tu pourfendre les pires vagues des tempêtes ?... » On discutait ensemble et s’il ne me répondait pas, les ombres dansantes, courant derrière ma baladeuse, avaient des traductions optimistes dans mon entendement rassuré.

Moi-même, j’étais décoré de peinture ; avec des pâtés, des traits, des panachures, j’étais galonné du grade d’embellisseur d’intérieur d’étrave et cela conférait à mon esprit embrumé un réconfort optimiste. Comment dire ? Elle et moi, on se partageait l’argent de cette pénombre heureuse. Cette face cachée d’étrave, c’était ma réelle confidente ; nous n’étions plus qu’un, maquillés à la même euphorie panoramique. Je crois que je la soudoyais avec tout mon argent de pot de peinture ; c’était mon obole, ma contribution à la réussite d’une future mission de mer. Si j’avais pu la peindre avec de l’or, je l’aurais naturellement badigeonnée avec excès… « Dis, tu m’emmèneras loin ?... Dis, tu me ramèneras ?... » Le ronronnement du ventilateur était ses seules réponses dans le vent.

Loin du monde et de ses turbulences, par l’effet d’échos sous-marins, j’entendais des bruits contre la coque. C’était amusant d’essayer de deviner tous ces chuchotements de clapotis, ces heurts liquides, ces gargouillis de bulles accrochés contre la coque. Bien sûr, malgré les ventilos, ça puait le minium mais c’était enivrant, cette sensation de parfum obsédant. Je m’y étais habitué et je le respirais avec une forme d’exaltation entêtante. Pendant la pause, je tirais même sur ma clope en oubliant les vapeurs dangereuses de cette peinture tellement volatile.

Tout à coup, l’ampoule s’éteignit, le ventilo s’arrêta ; j’étais prisonnier dans le noir total. Accroché à mon pinceau, je cherchais une quelconque issue à cette pénible situation. Sans la voir, omniprésente, je ressentais l’étrave devant moi. Elle semblait encore briller de toute sa peinture fraîche.

J’avais allumé mon briquet et je m’étais retrouvé dans le ventre de la baleine ; les différents étais métalliques se perdant dans la pénombre étaient ses côtes, les manches à air et les rallonges électriques étaient ses entrailles, les grondements alentour étaient ses borborygmes…
C’est pendant ces secondes de claustration que j’ai réalisé que mon bateau était vivant. Jonas, je palpitais d’inquiétude, lui, il respirait lentement, rompu à tous les imprévus de son bord ; j’écarquillais les yeux, lui, il se tenait immobile, feignant l’indifférence de l’ordinaire ; j’appréhendais un rapide et heureux dénouement d’éclairage, lui, il jouait de son élégance d’étrave comme avec un estoc découpant habilement le noir…
Que pouvait-il bien m’arriver au sein de ce fier navire ? Là, dans l’isolement emprisonnant  des ténèbres, j’étais à l’aise comme peut l’être un adolescent dans sa chambre. Protecteur, il m’avait admis dans l’intimité de son antre ; je le ressentais au plus profond de mon être.

J’ai vécu cette étrange osmose pendant tout mon embarquement. Au gré des tempêtes, quand il gémissait sous les déferlantes, j’avais mal à l’âme ; quand il se redressait, fier, à l’amont d’une énorme vague, j’étais avec lui pour crier à l’éphémère victoire ; quand il glissait sur la mer, à toute vapeur, j’admirais inlassablement son sillage et j’entassais toutes ses belles couleurs dans mes mémoires de voyage. En fin de vie, quand on l’a coulé, c’est un peu de moi qui suis parti mourir dans les grands fonds.

Oui, la lumière était revenue, le ventilo s’était remis en route ; le côté pile de l’étrave était plus que flamboyant…

 

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14 novembre 2015

Le bout du tunnel (EnlumériA)

Le premier Transitarium ouvrit ses portes à Genève le 12 octobre 2027 dans l’indifférence générale.

***

Martial, qui jusqu’à ce que commence notre histoire, portait assez bien son nom, commençait à en avoir plus qu’assez de cette vie de loser généralisée. Ras le bol des : « Il ne faut pas baisser les bras » et des : « Bientôt tu verras le bout du tunnel ».

Les racines du mal venaient en partie d’un certain dimanche de novembre 1999. Noélie, son épouse, avait demandé le divorce. Elle se tenait assise sur le bord du lit, droite comme un I, les bras croisés. Sur son visage, une sévérité de dame patronnesse. Martial, à peine réveillé, ne comprit par vraiment les raisons de cette décision abrupte. Il était question de chômage, de précarité insupportable et de quotidien grisâtre. Elle termina sa diatribe par l’inénarrable : « Je ne m’inquiète pas pour toi. Tu retrouveras quelqu’un rapidement. Et du travail aussi. Tu es brillant, intelligent. Bientôt, tu verras le bout du tunnel. »

***

Il ne fallut que quelques mois, cependant, pour que les Transitariums ouvrent un peu partout en Europe, puis aux USA et en Asie. Seule l’Afrique et une partie de l’Amérique du Sud échappèrent à cette tendance. L’Histoire retiendra qu’ils avaient utilisé des moyens plus conventionnels pour régler le problème.

***

En 2005, Martial n’avait toujours pas retrouvé de travail ; ni de compagne. Qui s’intéresse à un loser sans emploi abonné aux minima sociaux. Ce n’était pas faute de chercher. À chaque fois les réponses étaient les mêmes : « Vous ne correspondez pas au profil recherché. Mais au vu de votre CV, vous n’allez pas tarder à rebondir. » Ce qui était une manière polie de dire que Martial était sans emploi depuis trop longtemps, qu’il était trop vieux, bref ! Qu’il était un has-been. Un jour, un agent de Pôle-Emploi lui assura que bientôt il verrait le bout du tunnel. Pour une raison dont Martial ne se souvenait pas, ce jour-là, il ne cracha à la gueule de ce con.

***

2015 ! Le monde partait à la dérive et pourtant les politiciens s’obstinaient à prêcher le retour de la croissance. La croissance infinie dans un monde fini. Quelle absurdité ! Des publicitaires sans scrupules persévéraient dans la promotion d’une multitude de produits inutiles destinés à des consommateurs au pouvoir d’achat de plus en plus exsangue. Des opportunistes rusés et autoproclamés coaches en développement personnel vendaient leurs méthodes miraculeuses comme des petits pains. Leur leitmotiv : « Si vous êtes seul, dans la misère et malade, c’est parce que vous ne maîtrisez pas la pensée positive ! Comment ? Vous avez acheté mon livre est vous êtes toujours dans le besoin ? C’est parce que vous n’y croyez pas assez. Achetez donc mon nouveau livre qui révèle tous mes secrets pour réussir ». En gros, c’était de votre faute.

Un jour, alors qu’il patientait encore à Pôle-Emploi pour des nèfles, Martial entendit une formule qui lui mit la rage au cœur : « Et quand Ils nous auront tous mis au chômage, à qui Ils les vendront leurs produits de consommation pourris ? » Celui qui avait hurlé son désespoir fut expulsé comme un malpropre par des vigiles zélés. La sécurité ? Un secteur prospère.

2025 ! Les gouvernements étaient aux abois. L’Europe comptait un taux de chômeurs officiel de 42 %. Des réfugiés arrivaient de toutes parts, fuyant la guerre, les catastrophes écologiques et la famine ; de pauvres bougres hagards croyant en un Eldorado mort depuis longtemps. Les populations locales paniquaient, créaient des milices, se barricadaient tant bien que mal dans l’illusion d’un monde qui ne reviendrait jamais. Les politiciens tenaient des propos lénifiants, affirmaient que la reprise était pour demain. Bientôt, nous verrons le bout du tunnel. Encore un peu de patience.

***

Malgré ce climat de déshérence et des rumeurs alarmantes, l’industrie des Transitariums prospérait de manière exponentielle.

***

En 2029, le taux de chômage dégringola à 27 %. L’année d’après, on ne comptait plus que 12 % de personnes sans emplois et pourtant pratiquement plus aucune entreprises ne tournaient correctement. Excepté les Transitariums qui fonctionnaient à plein rendement grâce à une publicité efficace et un bouche à oreille performant.

***

Martial pris sa décision un certain dimanche de novembre. Il n’avait toujours pas de travail, ne touchait les minima sociaux que sporadiquement et il venait enfin de comprendre qu’il finirait sa vie dans une solitude de clébard. Las de cette angoisse larvée qui pourrissait ces nuits d’insomnie et ses journées noyées dans le mauvais vin, il prit le chemin du Transitarium le plus proche.

***

Une aimable hôtesse l’accueillit avec un sourire factice. Que pouvait-on attendre d’un androïde ? On le fit patienter quelques temps dans une salle d’attente bondée. Une multitude de visages graves, accablés, emprunts d’une extrême lassitude. Enfin, une voix synthétique appela son numéro. Il pénétra dans un bureau aseptisé et glacial. Un homme en costume trois-pièces l’accueillit en lui serrant chaleureusement la main. Il se présenta comme le docteur Martin. Il s’était composé la figure rassurante de l’antique médecin de famille. Son regard bienveillant scrutait Martial sans répit. Après quelques paroles de circonstance, le bon docteur lui proposa un verre d’un liquide bleu chatoyant. Un tranquillisant léger. Puis l’accompagna vers le sas.

C’est avec insoucience que Martial pénétra dans le tunnel noir parsemé d’étoiles qui allait le mener à la libération. Allez ! Encore quelques pas et il verrait enfin le bout du tunnel. Sa dernière sensation fut un grand flash suivi d’une brève odeur de viande grillée.

***

2037 ! La crise était terminée. La population mondiale s’était réduite à quelques dizaines de millions d’individus. On manquait de main-d’œuvre un peu partout, mais dans l’ensemble, le système fonctionnait de nouveau. Les politiciens triomphaient. La croissance était de retour.

***

À Oakland, le dernier Transitarium ferma ses portes dans l’indifférence générale ; faute d’usagers.

14 novembre 2015

Participation de Laura

Où est le bout du tunnel ?
Serais-je un jour comme avant ?
Gaie et insouciante ?
La vie me paraîtra t-elle à nouveau simple et excitante ?
Comment cesser d’avoir peur ?
Comment arrêter le moulin à angoisses ?
Quand aurais-je à nouveau envie d’ouvrir les yeux le matin ?
Et de ne pas les fermer le soir ?
Pour contempler ce monde offert à mes yeux émerveillés ?
Retrouverais-je un lieu où je me sente chez moi ?
Quand cesserai-je de me sentir étrangère où que je sois ?
Reverrais-je mon pays ?
Il doit bien y avoir quelqu'un quelque part qui sait ça.
 
14 novembre 2015

Le métro parisien pour les Nuls. Aujourd'hui : la station Réaumur-Sébastopol (Vegas sur sarthe)


Cette station a toujours suscité une polémique: Qui de Réaumur ou de Sébastopol fit débaptiser la station qui s'appelait à l'origine Rue Saint Denis.
C'était quand même plus simple avant car l'usager savait parfaitement pourquoi il descendait là et les “traditionnelles” en fourreau panthère qui lui disaient “Tu montes?” le savaient aussi.

Si vous y descendez, c'est forcément pour en sortir et voici quelques conseils:

Pour sortir côté Sébastopol il suffit de se diriger à l'oreille sur cet air d'autrefois mais bien connu diffusé dans les haut-parleurs, “Mon Sébasto” chanté par Léo Ferré dans les années 60 et aux paroles intello-cérébrales:
Quand l' flic est en vue...
C' qu'on fait avec ell's, y faut le fair' vite
Et pas s' attarder mêm' si ça vous plaît
Moi ça m'est égal, je n'ai plus qu'un rite
C'est le cornet d' frites
Et le Beaujolais

Plus sérieusement Sébastopol est l'anagramme de Lopotsabès qui ne signifie rien et n'a ni synonyme ni antonyme.
Finalement rattachée à la Russie par une ficelle appelée référendum, cette ville est assez célèbre pour porter à la fois le nom d'une station de métro parisien et le nom d'un boulevard.
Universellement connu pour son confort, le siège de Sébastopol inspira au général Mac Mahon la fameuse citation “J'y suis, j'y reste”.
Cette citation deviendra la devise du 3è régiment de zouaves (descendre à Alma, ligne 9).
Ne pas confondre avec la citation du père Lachaise “Repose en paix” située 5 stations plus loin.

C'est une chance que les deux voies qui se croisent aux sorties de la station s'appellent rue Réaumur et boulevard Sébastopol car on a échappé entre autres à l'appellation Deux Boules-Brisemiche.

Pour sortir côté Réaumur il suffit de suivre les panneaux indicateurs “René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757)” qu'on a simplifié en Réaumur.
Contrairement à Sébastopol, Réaumur n'a donné lieu à aucune citation qui mérite l'attention sinon “C'est à la Réaumur qu'on reconnait le maçon”.
Une plaque commémorative rappelle que René-Antoine inventa le thermomètre et l'échelle qui porte son nom, échelle dont on trouve une réplique réservée au personnel d'entretien et interdite aux usagers sous peine d'amende.
De même il est interdit de consommer l'alcool contenu dans le thermomètre géant illustrant l'invention de ce génie qui est le seul à ce jour à avoir fait bouillir de l'eau à 80°.

Dans le long couloir qui mène à la sortie Réaumur, on trouve des raies aux murs et au plafond, des motifs psychédéliques qui brouillent la vue et peuvent donnent envie de gerber.
On est prié d'utiliser les sacs en papier recyclable prévus à cet effet.
Afin de différencier l'entrée de la sortie, puisque toutes deux empruntent le même couloir, un ingénieux système de raies noires sur fond blanc dans un sens et de raies blanches sur fond noir dans l'autre sens renseignent l'usager désorienté.
Beaucoup ignorent qu'en courant à la vitesse d'un cheval au galop - à l'instar d'un promeneur piégé dans la baie du Mont-Saint-Michel - les murs apparaissent uniformément gris et donnent alors l'illusion d'entrer par la sortie et vice-versa.
Notons qu'il n'existe pas de station Mont-Saint-Michel afin d'éviter tout amalgame à marée montante c'est à dire aux heures de pointe.

A suivre une prochaine fois : saint Lazare porte maillot  (y'a pas de honte)

14 novembre 2015

Participation de Fairywen

Le retour du Chasseur

 

Les hommes étaient nerveux. Personne n’aimait venir dans un camp disciplinaire, même si ce n’était que pour venir y chercher un prisonnier. Une telle visite ne leur rappelait que trop ce qu’ils risquaient en cas de manquement. Et pour couronner le tout, ils ne venaient pas chercher n’importe qui.

 

Ils étaient là pour le Chasseur.

Le meilleur de toutes les unités, celui que personne n’aurait jamais pensé voir dans un endroit pareil.

 

Jusqu’à ce qu’il soit mis sur la piste de l’Ombre, la tueuse à gages, celle qui les ridiculisait tous.

Et qui l’avait ridiculisé lui aussi.

 

Le Chasseur avait craqué, le bar où il était en avait fait les frais, et lui s’était retrouvé devant la commission de discipline. À présent, sa peine purgée, ils étaient chargés de le ramener. Facile en théorie, sauf que…

Qui pouvait savoir de quelle humeur allait être le Chasseur après avoir dû courber l’échine pendant tous ces mois ?

— Le voilà, murmura l’un des hommes.

Il arrivait, en effet, le visage fermé. Ils virent tous qu’il était menotté, ce qui les conduisit à échanger des regards inquiets. On menottait rarement un prisonnier qui allait être libéré…

— Euh… il n’est pas censé être relâché ? s’enquit le chef du détachement.

— C’est la nouvelle procédure, répondit le commandant du camp en jetant un regard peu amène au captif impassible. Menottes jusqu’à ce que le prisonnier soit à bord du vaisseau de retour.

— Nouvelle depuis quand ?

— Depuis qu’il est là ! Je vous souhaite bien du plaisir, les gars !

Sans rien ajouter, l’homme fit demi-tour, abandonnant le petit groupe.

— Très bien, allons-y, se résigna le responsable de la mission. Plus vite on en aura fini, mieux ça vaudra. Ne déconne pas, toi, OK ?

Les derniers mots s’adressaient au Chasseur, qui se contenta de lui adresser un sourire glacial.

— Je sens que le retour va être long, long, vraiment très long… soupira l’homme en prenant la tête du détachement.

Le Chasseur quitta donc le camp sous bonne escorte. Dès qu’il fut à bord, on lui retira les menottes.

— Ne faites pas cette tête-là, je ne vais mordre personne.

La voix du Chasseur fit sursauter tout le monde. Il eut un rire moqueur.

— Je suis un représentant des forces de l’ordre, pas un criminel.

— Désolé de te dire ça, mon vieux, mais tes récents exploits ne plaident pas en ta faveur, et il paraît que tu n’as pas été un détenu modèle.

— Les on-dit…

Le Chasseur eut un rire sardonique.

— Ne vous en faites pas, je n’ai pas l’intention de faire d’esclandre. J’ai un compte à régler. Si ça peut vous rassurer, je resterai dans ma cabine en dehors des repas.

Le Chasseur suivit le commandant le long des coursives du vaisseau, indifférent aux rayures noires et blanches constituant l’étrange décor des parois, puis entra dans les quartiers qui lui avaient été dévolus et referma la porte. Une fois seul, il plongea la main dans sa poche et en sortit un papier froissé d’avoir été lu mille fois.

 

Tu es bientôt libre, Chasseur. Je t’attends avec impatience.

L’Ombre

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14 novembre 2015

Participation de Venise



Vous avez traversé le couloir qui renforce l'extension indéfinie de la vie .

Vous voulez dire que je vais vivre éternellement?

Et  que ma fontaine de jouvence va procréer plus de mille ans!!!!

Mais ça changera rien cria une petite voix à l'autre bout du tunnel
On sera touours aussi cons mais plus longtemps .
Les nullités de notre espece ne méritent  pas l'immortalité .

Moi j'ai jeté mon hinalateur , en pensant que ce couloir avait aussi reglé son compte à mon asthme chronique et à mon exces de glucides.

Au bout du tunnel je suis passée devant un scan , j'étais éclairée comme une ampoule

quequ'un m'a tapé sur l'épaule et m'a demandé de jeté le receuil de nouvelles  de tchekhov que j'a avais glissé dans la poche de mon manteau.
Puis le vigile a rajouté :"ton truc schlingle plus qu'une paire de chausettes humides
J'avais sous les yeux le prix que je devais à l'immortalité
Il était en core temps de rebrousser chemin à travers ce  couloir de la mort .
'ai dévalé la passerelle la main solidement plaquée sur les nouvelles de tchekhov, pendant que des mortels m'adressaiient  des paroles de réconfort;

sans me laisier le temps de somber dans la mélancolie la petite voix me cria

C'est le matin du premier jour de ta vraie vie !!!

7 novembre 2015

Défi #376

Que vous inspire cette photo ?

Tunnel

Nous accueillerons vos commentaires à

samedidefi@gmail.com

Merci à vous et

à tout bientôt !

7 novembre 2015

L'ont hélas entendu

7 novembre 2015

Peut-être par bongopinot

bo01

 

Petite déjà je les détestais 

Pourquoi deux petits mots 

Que je ne trouvais pas rigolos 

Pouvaient autant m’énerver 

 

Je ne supportais pas il faut l’admettre 

Lorsque je posais une simple question 

M'attendant à ce que l’on me dise oui ou non 

Je récoltais un malheureux peut-être 

 

 

Pourtant un non ou un oui 

C’est trois petites lettres 

Peut importe les unes ou les autres 

Cela m’aurait de suite réjouie 

 

Mais non systématiquement  

J’avais droit à peut-être 

Une certitude ou son contraire 

Ce n’était pas du tout amusant 

 

Aujourd’hui c’est un pareil 

je préfère une réponse franche 

Avec des explications en avalanche 

Qui, tout de suite me réveille 

 

7 novembre 2015

Participation de JAK

ja01

 

 

Je suis mauvais coucheur, Excusez du peu ! J’ai un défaut majeur je n’accepte pas que l’on dise de moi, elle a l’âge de Mathusalem, c’est une vielle baderne. Vraiment ils  ne manquent pas d’air ces jeunes benêts !

Mais, à tout faire, je ne suis pas la seule à être pointilleuse.

Tenez  ma coiffeuse,  l’Angèle  à  horreur de   friser le ridicule. Pourtant  quand elle m’annonce, sans coup férir, qu’elle travaille sur le fil du rasoir, j’en ai la berlue, les bras m'en tombent,   je ne supporte pas, car à voir le résultat de ses coupes …. Mais   j’y vais  régulièrement, on bavarde, ça me distrait

Mon  charcutier Marcel, un homme de l’art, ne supporte pas d’être à couteau tiré avec son  épouse. Cependant tout le monde sait qu’elle a la jambe légère, si bien que  lorsqu’on demande  à Marcel de prendre le taureau par les cornes, il exècre,   et son  masque  d’homme affable perd la face

Dans mon quartier y a un gars sympa. On le surnomme le Poinçonneur Des Lilas, et bien,  il  abhorre quand ça se bouscule au portillon, et  ainsi il n’a pas peur d’expédier  les voyageurs pressés sur les chapeaux de roues ! Mais  quand un  unijambiste   arrive en grandes pompes,  il répugne    lui faire prendre ses jambes à son cou.

Et le fin du fin,

La goutte d'eau qui fait déborder mon vase,

C’est quand on me susurre  qu’un jour ou l’autre il faut tirer sa révérence, non mais des fois, je n’ai pas envie de jeter l’éponge !  Alors  là,  je péte les plombs !

 

7 novembre 2015

Participation de Fairywen

Mais ce n’est qu’un animal !

 

La phrase que je ne supporte pas ? « Mais ce n’est qu’un animal ! » Oui, et alors ? Ça veut dire quoi ? Que parce que c’est un animal, il n’a pas de sentiments ? Qu’il ne souffre pas, n’aime pas, ne ressent pas la joie ou la tristesse ? Faut être particulièrement débile – je dirais même humain ! – pour penser ça ! Moi j’ai vu la tristesse dans les yeux d’une maman à quatre pattes qui avait perdu ses petits, j’ai vu la confiance dans les yeux du chaton perdu venu vers moi pour un peu d’amour et de tendresse – il n’est jamais reparti, ceci dit –, j’ai entendu la joie de mon cheval qui m’appelait un jour de grande balade où je l’avais laissé dans une écurie inconnue pour boire un café chez des amis cavaliers et où il a cru, cet idiot, que je l’abandonnais – il avait pourtant son copain avec lui ! –, j’ai entendu l’amour du chat qui vient ronronner sur mes genoux quand je m’installe pour lire.

Et toi, pauvre crétin, tu me dis « Mais pourquoi tu pleures ? Ce n’est qu’un animal ! ». Non, ce n’est pas qu’un animal ! C’est une partie de mon cœur qui est parti avec mon petit chat qui m’a quittée pour s’en aller au paradis, c’est mon cœur qui se déchire parce que je ne peux pas sauver tous les animaux qui souffrent alors que je lis la peine dans leurs yeux, c’est mon cœur qui saigne alors que l’hiver arrive et que je sais que beaucoup d’animaux abandonnés durant l’été par de gros connards dans ton genre vont souffrir, mourir, avec au cœur l’éternel espoir que l’ingrat qui les a abandonnés reviennent les chercher, eux qui ne demandent qu’à l’aimer, eux qui ne trahissent jamais.

 

Et puis si on y réfléchit, t’es quoi, toi ? Un primate pas très intelligent apparu une seconde avant minuit pour pourrir la vie du reste de la planète. Ouais, minuit, l’heure du crime, ça te va bien ! Parce que si on compte tous ceux que tu as commis… Oui, t’es un primate, et un primate c’est quoi ? Un primate, c’est un animal ! Alors tu vois, moi, si j’étais la planète, j’irais t’abandonner dans le premier trou noir venu !

 

Parce que tu sais quoi ? Si tu disparaissais de la surface de la Terre, en dix ans, toute trace de ton passage serait effacée, et ouais, mon pote ! Par contre si à force d’insecticides tu tues les petites abeilles, t’y survivras pas, bonhomme ! Ouais, moi, si j’étais la Terre, je te ferais ta fête…

 

Méfie-toi qu’un jour ça n’arrive pas, primate sans poils… La planète pourrait bien avoir un sursaut de conscience et décider de se débarrasser de toi avant que tu la fasses sauter avec tes inventions débiles. Si elle est de bonne humeur, elle pourrait décider de sauver ceux qui n’ont jamais dit « Mais ce n’est qu’un animal ! ». Dommage pour toi et tant mieux pour nous, les gens comme toi n’en feront pas partie…

Défi 375 du samedi 31 octobre 2015

7 novembre 2015

Mythomanie (Joe Krapov)

Je n’aime pas que l’on me dise
Mes quatre vérités. Sans vantardise,
C’est réducteur.


Des vérités, j’en ai des tonnes,
Une par personne.


Faites la somme :
Aux dernières nouvelles nous sommes
Sept milliards de boni-menteurs.

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 Photo prise au carnaval de Nantes le 18 avril 2010

7 novembre 2015

Habemus tempum (par joye)

La phrase que je ne supporte pas, c'est « Je n'ai pas le temps de [insérer le mot qui va]. »

Tout d'abord, tic toc, personne n'a plus de temps qu'une autre. Tout le monde a 24 heures par jour, pas plus et pas moins. Quand vous dites que vous n'avez pas le temps de faire quelque chose, tic toc, c'est simplement que vous ne voulez pas le faire. Il vaut mieux dire « Je n'ai pas envie de prendre le temps de faire cela », parce que c'est moins mensonger. Tic toc.

Toutefois, j'avoue que, tic toc, cela me fait hurler de rire quand les gens prennent le temps de dire qu'ils n'ont pas le temps. Le temps qu'il faut pour dire cela aurait pu servir à faire quelque chose, n'est-ce pas ? Non, soyons honnêtes, tic toc, et appelons un chat un chat. Prendre le temps de dire « Je n'ai pas le temps » est l'équivalent d'écrire « Je vous aurais envoyé l'argent que je vous dois, mais j'ai déjà scellé cette envelope ! »

Ce week-end, par exemple, tic toc, j'ai des invités, et la semaine prochaine, ce sont les examens du trimestre. J'ai des copies à corriger, et des examens à écrire, tic toc, des notes à calculer et publier, des cours à préparer pour la semaine prochaine, tic toc, des documents à mettre en ligne pour les cours, en addition à ma routine normale - ferme, jardin, maison, famille, amis, et j'en passe. Tic. Toc.  C'est une des raisons pour laquelle que je n'écris un sonnet (et puis d'ailleurs, je suis nulle en sonnets), mais je prends quand même le temps d'écrire cecu et aussi de lire des participations des autres, tic toc, et d'y laisser des commentaires, tic toc, surtout parce que j'ai autant de temps que n'importe qui d'autre.

Pas plus, mais certainement, tic toc, pas moins.

Merci donc d'avoir eu envie de prendre le temps de lire ce que j'ai  pris le temps d'écrire.

Tic toc.

7 novembre 2015

La phrase détestée d'Enlumeria

« Je préfère qu’on reste amis ! »

Non, mais franchement.

Qui aurait envie de ce genre d’amitié ?

Et surtout de souffrir le martyre en voyant

la personne aimée se faire dorloter par quelqu’un d’autre ?

Franchement.

7 novembre 2015

Participation de Venise

 

Alors qu'il se renseignait sur les projets de vacances dans une nation islamique instable ,il se retourna vers moi genre 'LAUWRENCE d'arabie dans le désert et me dit

 

Tu me l'as déjà dit !!!!

cette phrase était comme une porte claquée au nez !!
 Comme une divinité débarassée de mes déguisements, et alors que jamais personne ne s'était préocupée que je ne change jamais d'avis

il s'était permis la phrase qui tue !!
S' il avait été une iguane je l'aurais écrasé sous ma semelle, mais c'était mon époux, une sorte d'émission télé sans fois regardée.
Je voulais aller à Las Vegas mais ça je l'avais déjà dit !

J'ai fini par me rendre compte que ce qui comptait le plus pour moi c'était  de découvrir des langues étrangères alors regarder passer les fourmis et les moustiques c'était pas pour moi.
Il me regardait  d'un air haineux qui voulait dire :
"on n'est pas de la même tribu , je suis bien trop cool n'essaie même pas de me parler !"

Puis il a fait une grimace en prenant deux billet pour le YEMEN

je lui ai alors demandé s'il savait dire libellule en yéménite !!

incrédule il me foudroya de son regard bleu métal

EST-ce qu'il y a le réseau internet au Yemen me suis  entendu crier  dans l'aéroport ?

Les gens vont nous détester  hurlai-je!!!

j''ai posé  la valise et j'ai dit non merci et ça je l'avais jamais dit !!!

 

7 novembre 2015

Tu n’es pas raisonnable (Pascal)

A tous mes essors, mes premiers vols hors du nid familial, mes expériences qui brûlent les doigts, mes parents me serinaient avec cette sempiternelle phrase : « Tu n’es pas raisonnable… » Je ne rentrais pas dans le carcan emprisonnant, cette bienséance veule qui admet les choses sans les comprendre comme sont l’éducation, l’école, l’apprentissage, les devoirs, la politesse, etc. J’étais un inculte passionné…

« Fais-toi une raison, rends-toi à l’évidence, écoute la voix de la… »

« Non, je ne veux rien entendre ! Je resterai sourd à toutes vos hypocrites chansons de sirènes, aveugle à tous vos miroirs aux alouettes, imperméable à toutes vos potions magiques !... »

Alors, ils m’ont envoyé dans l’armée pour que je retrouve la raison…  

« Ils te mettront du plomb dans la cervelle !... (un comble) Ils finiront ton dressage !... »

Mais ils ne sont pas raisonnables du tout, les militaires ! Dans des pays qu’ils ne connaissent pas, ils vont se faire dézinguer pour des intérêts qu’ils ne comprennent pas ! Dans la Marine, c’est pire ! Ils ne vont naviguer sur les flots que quand la mer est monstrueuse !...

« Tu n’es pas raisonnable… »

Mes oreilles commencent à siffler… On devrait brûler nos modèles pour ne pas retomber dans les mêmes travers… La Raison, c’est pire que le cancer ; c’est insidieux, c’est rampant, c’est machiavélique, et ça vient se coller sur toutes les perceptions jusqu’à annihiler les moindres sentiments. Elle mesure, soupèse, tergiverse, temporise, endort, enterre, délaye les réalités et les éblouissements. Elle tue les élans et tait les mots d’Amour. Un jour, plus pesant qu’un autre, on s’aperçoit qu’on a définitivement perdu ses sens ; ils se sont atrophiés à force de n’être pas utilisés. On ne sait plus rire, plus pleurer, plus chanter, et si on a des frissons, c’est à cause de cet hiver qui n’en finit plus. Survivre avec raison ou mourir avec Passion, telle est la vraie question, le dilemme sans solution…

Il n’y a plus que dans les asiles de fous qu’on trouve des gens normaux ! Regardez ! Ils marchent dans toutes les directions parce que leur vie n’en a plus aucune ! Même dans le coma, ils sont enfin libres ! Finis, le sens du vent, le sens moral, le sens des affaires, le bon sens, le sens obligatoire, etc. Même abrutis de sédatifs, hallucinés et hagards, ils ont l’air plus humains que tous les zombies du dehors ! Vive les originaux, les phénomènes, les extravagants, les dompteurs de chimères, les authentiques, ceux qui se cachent pour être heureux, ceux qui regardent les étoiles par la télé de leur fenêtre !...

« Tu n’es pas raisonnable… »

« Honnis soient les raisonnables !... »

Ceux-là, ces affairistes de mascarade, on dirait de la limaille de fer attirée par les aimants de l’ambition, du pouvoir, de la mode et de l’argent. Ils ont vendu leur âme à l’Apparence, ces pleutres. Jamais un pet de travers, jamais une incartade, jamais une démesure, jamais un reniflement, jamais une larme ! Non, ils sont dans l’alignement rigoureux des gens ordinaires. Ils prennent quinze jours de vacances par an, une liqueur tous les dimanches, le soleil par erreur et les infos de Poivre d’Arvor. Année après année, ils paient leurs impôts, leurs crédits, leurs factures, mais ils épargnent, là où est l’Ecureuil…  

Les raisonnables sont naturellement égocentriques. Cachés dans leur lotissement, le monde tourne autour de leur maison et quand tout va mal, ils ferment leurs volets. Ils consultent leur horoscope et laissent au hasard le choix de leur aventure. Ils s’aiment, enfin, ils copulent, c’est hygiénique, le samedi soir parce que le lendemain leurs bureaux sont fermés. L’uniformité est leur credo, l’indifférence est leur religion. Ils élèvent leurs gosses avec des certitudes, leurs chiens avec quelques coups de pied, la voix quand personne ne les écoute. Ils baignent dans l’unisson sécurisant… 
Pour officialiser leur normalité raisonnable, ils s’invitent entre eux et ils visitent leurs cuisines, même s’ils ne savent pas faire à bouffer, leurs voitures, même s’ils conduisent comme des manches, leurs salons IKEA, en bois d’arbre véritable, même s’il faut se mettre en chaussettes pour traverser leurs maisons. Leurs chasses d’eau, c’est un litre pour la pisse et trois litres pour le reste ; leurs cumulus, c’est deux cents litres, leurs chambres, c’est dix mètres carrés ; leurs ordinateurs, c’est plein de bits ; leurs lave-vaisselle, c’est Darty, garantis cinq ans, et le must du must, c’est leurs vélos électriques à douze vitesses. Ils sont pleins de confort… mité…
Ils n’ont pas d’avis, pas d’avenir, pas de souvenir, mais ils ont une carte d’électeur pour espérer changer leur destin ; ils sont incolores à force d’être transparents. On ne pourrait même pas en faire de bons soldats tant ils iraient se faire occire en croyant aux utopiques causes tricolores balancées dans leurs oreilles de grégaires. Les raisonnables sont des moutons !... 
Leurs rêves sont tarifés, ils ont l’imagination des autres ; quand ils vont au cinéma, c’est pour admirer le héros qu’ils ne seront jamais ; quand ils lisent un livre, c’est pour s’évader de l’unanimité bêlante ; quand ils s’éclatent, c’est sur un jeu de foire et quand ils meurent, on ne fait pas la différence entre avant et maintenant…  

« Tu n’es pas raisonnable… »

« A cause de vous, je suis un passionné contrarié !...  »

Je vous le demande : quand on pleure pendant une belle musique, est-ce qu’on a besoin de connaître le solfège de la partition ?... On m’a inculqué la bête raison alors que tout en moi tendait vers la Passion. Entre les deux battements de cils de cette courte existence, si je n’avais pas été ce raisonnable halluciné, j’aurais vécu d’excès, de turpitudes, d’incartades, d’emportements, d’impossibles ! Je serais parti à la recherche de Sensationnel, d’Impressionnant, de Fabuleux, d’Exceptionnel ! A corps perdu, j’aurais goûté à tout, mordu dans toutes les chairs, avalé bien des couleuvres… J’aurais placé tous mes courages à la banque des futilités et tout mon honneur à de vagues besognes !... 
Mille fois j’aurais risqué ma vie pour lui trouver son véritable sens ! J’aurais aimé avec la fièvre au front, avec le Feu dans les veines, avec un tambour emballé à la place du cœur, mais je n’aurais jamais épousé qu’une grande cause !
Je n’aurais accompli que des exploits qui ne servent à rien ! J’aurais grimpé sur l’Everest, descendu dans les abysses les plus profonds ! J’aurais battu plein de records inutiles !  Je me serais brûlé à tous les abus, à toutes les prouesses, à tous les défis (même celui du samedi) ; j’aurais bouffé ma vie par les deux bouts, j’aurais eu les palmes de la luxure, des décorations de bacchanale, des galons d’enivrement !... J’aurais été riche de toute ma déchéance… J’aurais été l’exemple à ne pas suivre, l’ami qu’il faut délaisser, l’amant qu’il faut oublier…  

« Tu n’es pas raisonnable… »

« Et gna, gna, gna !... »

Au diable la modération et tous ses effets anesthésiants ! Au diable la demi-mesure, le moitié plein, le moitié vide, les « je sais pas », les « on verra demain », les « à chaque jour suffit sa peine… » ! Au diable la pondération, son ministère de Sagesse et son tribunal de Sobriété !... A chaque instant de notre vie si courte, on ne devrait soupirer qu’avec des sentiments de volcans en éruption !...    

« Tu mets un ou deux sucres dans ton café ?... » « Je mets deux sucres…» « Tu devrais faire attention à ton diabète… » « Je t’emmerde ! Demande aux quarante-cinq millions de morts de la seule seconde guerre mondiale si deux sucres, c’est trop dans leur café !... »

Il y a deux jours, on a enterré une p’tite dame, soixante ans, une conscrite, aux fleurs de cette année. Elle n’a jamais fumé, jamais bu, ni commis la moindre exagération susceptible de mettre sa vie en danger. Elle fréquentait même un peu l’église de son petit village pour tenir son âme en conformité avec le Seigneur. C’était, pour ainsi dire, une sainte modérée. La maladie n’a que faire de la raison. Par tous les pores de sa chair, elle est morte d’un excès de zèle du cancer…  

« Tu n’es pas raisonnable… »

« M’en fous !... »

Etre raisonnable, avec une boule de feu bouillonnante sous les pieds, des milliards de météorites dangereuses au-dessus de la tête avec, entre les deux, la terre, l’eau et l’air pollués, des maladies, des tsunamis, des guerres, des bombes atomiques, des tyrans pour s’en servir, et pour couronner le tout, quelques dieux en compétition : avouez que c’est une putain de gageure que d’être encore équilibré à cette heure ! Il faut avoir une sacrée dose de poudre dans les yeux ou avoir la tête bien enfoncée dans le sable pour ne rien voir du tout ! Comme des autruches, on survit en ignorant le chaos…  

Etre raisonnable, c’est devenir vieux en mimant à ses petits-enfants des restes de dignité pour que la magie du Spectacle de la Vie continue coûte que coûte. Aujourd’hui, je meurs d’ennui ; je meurs de n’avoir pas succombé à mes Passions…

 

7 novembre 2015

Elle me dit (Laura)


Elle me dit :
« Tu n’es pas normale
C’est contre nature
De ne pas vouloir être mère ! »

Elle me dit :
« T’aimes pas la campagne
T u préfères la ville
C’est le contraire des autres »

Elle me dit
« Tu ne fais que lire
A quoi ça te seras utile
Quand tu seras sous terre »

Elle me dit :
« Tu aimes le sexe
D’habitude ce sont les hommes
Mais c’est vrai, tu n’es pas une femme »

Elle me dit :
« Ton mari a eu deux femmes
C’est un chaud lapin, ma fille
Tu seras malheureuse. »

Elle me dit :
« Ton mari aime la cuisine et le ménage
C’est pas normal pour un homme
Ca doit être une femme. »

Elle me dit :
« Ton mari sera comme ton père
Pas un foudre de guerre,
Avec un vieux, t’as rien à faire. »

7 novembre 2015

Ce que je ne supporte pas que l'on me dise ? (Walrus)

Facile !

Mes quatre vérités !

Mais n'espérez pas me voir vous les révéler pour autant.

 

Bien essayé, MAP !

Mais faudrait pas me prendre pour un  Belge  con !

Comment ça, ça en fait déjà une ?

 

7 novembre 2015

Qui c'est cette Caroline? (Vegas sur sarthe)

Voilà ce que j'entends à longueur de temps: “Tu files un mauvais coton”.
Peut-être un jour mon entourage réalisera t il qu'il n'y aucun risque à vouloir écrire une thèse à 68 ans sur le déclin de la culture du cotonnier Ashmouni en Basse Egypte et l'éradication du ver Prodenia litura sans insecticides arsenicaux...

Ta thèse, c'est coton!” ricane souvent mon ami Roger qui a autant d'esprit qu'un doryphore!
Un soir où - au bar du Macumba - je lui parlais de la mafia russe et de ce qu'on appela “l'affaire du coton ouzbèque” en Asie Centrale, il a osé me demander si en Ouzbékistan le coton se tend plus qu'il ne se détend?
Et quand ce même Roger confond culture arable et culture arabe, j'ai envie de lui dire poliment - car c'est un ami - qu'il ferait mieux de fermer sa boîte.
Je suis désolé mais de toutes les matières qu'on puisse étudier c'est celle que je préfère et puis c'est facile de se moquer quand on n'y connait rien.
Je ne sais pas qui est cette Caroline Loeb que Roger cite en chantonnant mais ça devient lourdingue!

Beaucoup ignorent que le ver de la feuille et le ver de la capsule sont deux vers différents et qui s'en soucie, à part moi?
On croit que la grande dépression de 1920 aux Etats-Unis était due à la déflation et au chômage alors que le fautif était ce charançon du cotonnier, une bestiole de 5mm de long capable de traverser le Mississippi de la Louisiane jusqu'en Caroline du Sud... et tout le monde s'en fout.
Roger qui semble bien connaître Caroline Loeb a même insisté pour savoir qui était cette autre Caroline du sud.
Comment voulez-vous que je ne sois pas aigri?

Si tous ceux qui le matin devant leur glace s'écouvillonnent les pavillons avec un bâtonnet ouaté pouvaient avoir une petite pensée pour le cotonnier, on s'entendrait mieux dans le monde.
Si tous les cotonculteurs de la planète pouvaient se donner la main, russes, américains, mexicains, ivoiriens, syriens, égyptiens et même les ouzbèques, tiens!!
Rien que d'y penser ça me rend malade, d'ailleurs je suis tombé malade.
Voilà ce que j'entends à mon chevet depuis un mois: “Toi, tu files un mauvais coton”.
Savez-vous que Roger et ses potes m'ont offert du linge de lit en coton froissé! C'est vintage parait-il et on n'a pas besoin de repasser.
Justement, pour les cadeaux qui font mouche, vous repasserez les amis.

Hier je me sentais mieux et j'emballais des vieux bouquins quand ma nouvelle copine - Caroline du Nord, enfin de Roubaix - m'a dit un truc bizarre: “Biloute, tu filmes un mauvais carton”.
J'ai rien compris mais ça m'a fait un bien immense à tel point que je lui ai demandé s'il n'était pas trop tard pour que j'entreprenne une formation d'ingénieur-packaging?
Elle m'a répondu simplement: “En mettant le paquet, tu peux y arriver”...

C'est consternant.

 

 

7 novembre 2015

Une belle personne (Marco Québec)

Toi et moi
Ça ne collera pas
T’es une belle personne
Mais côté physique
J’ai besoin que ça clique

Toi et moi
Faut oublier ça
T’es une belle personne
Mais je travaille dans un restaurant
Toi dans l’enseignement

Toi et moi
Il n’y a pas d’avenir là
T’es une belle personne
Mais en ce moment
Je ne veux pas d’engagement

Toi et moi
J’aurais aimé ça
T’es une belle personne
Mais il y a mon ex
Vraiment trop complexe

Toi et moi
Ça ne se peut pas
T’es une belle personne
Mais j’ai choisi Dieu
Plutôt ennuyeux

Toi et moi
Ça n’arrivera pas
T’es une belle personne
Mais il y a ma carrière        
Et bien sûr ma mère

Toi et moi
Je ne vois vraiment pas
T’es une belle personne
Mais tu t’es fait des idées
Ne viens pas me blâmer

Toi et moi
N’en fais pas un plat
T’es une belle personne
Mais je suis trop fragile
Ma vie ne tient qu’à un fil

Les mots dont vous vous servez
Pour vous protéger
T’es une belle personne
J’en ai la nausée
Que vous le répétiez

 

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Le défi du samedi
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