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Le défi du samedi

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19 septembre 2015

Vocation (Walrus)

Sur la rive droite de la Loire (à la limite de l'Afrique donc),

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dans un petit bourg calme,

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il était guide au chäteau.

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Il l'était depuis bien des années, si bien qu'en ces lieux, plus rien n'avait de secret pour lui.

Il connaissait le moindre détail sur tout :

tapisseries,

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peintures,

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statues,

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meubles,

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carrelages,

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conduits de cheminées,

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escaliers dérobés ou non,

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ruines au fond du parc,

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Rien ne lui échappait, rien !

Ni la profondeur jusqu'à laquelle plongeait le tuyau de la pompe,

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ni même le nombre des mailles du treillis qui empêchait de se pencher aux meurtrières des tours.

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Avec les années, sa réputation avait grandi au point qu'on le citait dans les brochures touristiques et qu'on venait d'un peu partout pour assister à ses visites. Même Walrus, pourtant branché kilomètres et moyenne horaire, avait fait un crochet sur sa route vers l'Algarve pour venir voir ça, c'est vous dire !

Puis, un beau jour, comme pour beaucoup de stars, le succès lui est monté à la tête, que dis-je, au turban !

On l'a retrouvé accroché à la décoration faîtière de la grosse tour ronde,

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il criait à la foule ébahie "Je suis le guide suprême, l'Ayatollah des châteaux de la Loire !"

Les pompiers étant impuissants en raison de la hauteur, il a fallu que la brigade spéciale d'intervention le neutralise, l'hélitreuille et le ramène au sol.

PICT0125

 

Après cet exploit, il a été interné mais a réussi à s'enfuir. Aux dernières nouvelles, il sévirait dans une mosquée clandestine de Molenbeek-Saint-Jean.

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19 septembre 2015

Participation de Venise

 

Notez que j’avais eu de la chance dés mon arrivée et de tomber sur un guide.

J’ai pensé tout d’abord qu’il s’agissait d’un enfant, mais son visage vous détrompe immédiatement.

Je devais le suivre immédiatement m’avait il dit. sa moto pétaradait  dans les rues de la ville jusqu’à l’entrée du safari des buffles.

Mon guide avait un accent qui n’appartenait à aucun pays sur terre et quand il me vantait la merveilleuse faune de son pays je ne résistais pas à son baratin mi irlandais mis éthiopien.

C’est le prix de la visite qui a fini par me convaincre. il représentait à peine le prix de pippermint qu’il buvait par jour.

On ne va pas voyager là-dessus protestai–je ?

T’en fais pas  répondit-il patiemment en  enfourchant son cheval d’acier

Je commençai à devenir morose et à vouloir faire demi tour et abandonner le projet.

Mais je souffre  d’une réserve qui passe pour de la  politesse !!

Je savais que je courrais à ma perte à cet énergumène invincible !!

J’ignorais encore que pour découvrir ce paradis endémique il me fallait être livré aux furieux guerriers armés jusqu’aux dents.

 

Écoute me dit mon guide : "Tu fais tout un plat pour rien du tout».

C’est quand je me suis retrouvé nez à nez avec un buffle qui me fusillait du regard

Que je compris que toutes les lois de la physique se confirment tôt ou tard.

Mon guide n’était qu’un crétin plein de pippermint

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19 septembre 2015

N'oubliez pas le guide, s'il vous plait (Emma)


- Nous arrivons dans la partie la plus moderne du château  Braunschild. Attention à la marche. Pas de photo s'il vous plait.

La salle Karlsberg, dite aussi "la salle ronde", a été la pièce à boire au 16e siècle, puis le boudoir des plaisirs de la comtesse Marguerite, plus connue sous le nom de "Margot la sanglante".
Entièrement restaurée il y a quelques années par Caroline de Braunschild, actuelle propriétaire du château, et  épouse du précédent ministre de la culture,  elle est dédiée cet été  à l'exposition des œuvres de son neveu Charles Markus Emmanuel von Karlsberg, qui signe "Aegnor".
Aegnor  est  un artiste météore, qui voua seulement quatre  mois de sa vie à la peinture, avant de fonder le  groupe  de rap tubulaire  "glauque néant".
On se prend à rêver aux œuvres picturales  qu'il aurait pu encore donner à l'humanité, si une cure de désintoxication n'avait tué dans l'œuf son inspiration.
Hélas, il laisse seulement quatre tableaux.
Mais quels tableaux !!!!

- En effet, Monsieur, on ne voit rien.
- Comment Madame, vous êtes claustrophobe ? Laissez-moi vous guider vers la sortie.
Non Madame, je ne profite pas de l'obscurité.

-Marcel, c'est quand tu veux pour le  projo !

Je perçois votre surprise : le mur est nu, et noir. Conformément au vœu de l'artiste, les  œuvres sont accrochées au plafond, vous pouvez donc vous installer dans les transats que je désigne avec ma torche.
Tout le monde est allongé ? Bien.
Cette scénographie voulue par Karlsberg symbolise l'art planant au-dessus du vide de nos existences.
Ce n'est pas la seule originalité de l'artiste : de même que la salle est ronde, vous pouvez constater qu'aucun de ces tableaux n'est rectangulaire, Karlsberg haïssait les angles.
Au centre, l'œuvre majeure de l'artiste : "la petite baigneuse". Il s'agit d'un anneau d'un diamètre de 2 mètres, entièrement vert sombre, le célèbre "vert Karlsberg".
Entièrement vert sombre croyez- vous ?  Regardez bien, il y a un tout petit point blanc.

- Marcel, plus haut, le projo !

Il s'agit d'une amibe. La petite baigneuse est en fait notre ancêtre, la petite baigneuse des origines de la vie, qui flotte dans l'océan primordial dont la forme en anneau figure le temps, d'un temps qui n'aurait  ni début ni fin. Notons qu'à l'époque l'artiste se proclamait "seigneur des anneaux".
D'une toute autre facture est le tableau qui fait suite au précédent dans la chronologie de l'œuvre. Il s'agit de "la fugue du violon" que vous avez peut-être du mal à distinguer, il est évident qu'un  violon qui a  fugué n'est de facto plus visible.
 Ne reste que son étui que vous ne pouvez pas voir non plus, puisqu'il se trouve au fond du puits où il s'est jeté par désespoir ;  mais le puits est nettement évoqué par sa margelle.

- Marcel, redresse !

Ce petit cercle argenté d'environ dix centimètres est en effet la margelle du puits où repose pour l'éternité l'étui du violon.
Les plus grands psychanalystes se sont penchés sur cette œuvre dérangeante. Dans le numéro spécial de "Gala" consacré aux artistes à particule, Gérard Miller croit en trouver la racine dans l'horreur que Charles Markus Emmanuel conçut enfant pour  la décoration de sa chambre. Il s'agissait de tableaux de Chagall dont les  violonistes hantèrent longtemps ses cauchemars.
"Ecarlate", que le projecteur illumine maintenant, est encore plus énigmatique. Les replis de ce gigantesque boudin rouge peuvent tout aussi bien évoquer une flaque de sang, ou des boyaux, qu'un fantasme de bouche siliconée.
Hélas, Gérard Miller n'est pas encore parvenu à  la période rouge de Karlsberg.
Le dernier tableau exprime toute la violence de  la fin de la courte carrière de l'artiste : JAMAIS PLUS. Il s'agit d'une page de son agenda écrite au crayon bille bleu, marouflée sur assiette en bois de la forêt noire. L'émotion à l'état pur.

Je vous laisse savourer encore quelques minutes avant de rallumer la lumière ; après  quoi vous pourrez parcourir librement la  roseraie et le jardin de simples.
N'oubliez pas le guide s'il vous plait."

19 septembre 2015

J'avais que ça en tête (par joye)

Messieurs-Dames, bienvenue à la visite de Mon Cerveau. Je serai votre guide pour la visite. Faites attention lors de la visite. Je vous préviens que certains passages seront glissants et d'autres gluants. Nous commencerons par montant la moelle épinière et puis nous ferons le tour du lieu. Et, s'il vous plaît, pas de flash qui peut  provoquer la migraine. Croyez-moi, vous ne voulez pas être là, s’il en arrive une. Êtes-vous prêts ? Très bien, suivez-moi…

…Nous voici au  bulbe rachidien, qui s’appelle aussi le medulla oblongata. Non, madame, ce n’est pas une allusion à Rachida Dati, non. Vous noterez ici beaucoup de petits noyaux impliqués dans un grand nombre de fonctions motrices.  Eh oui, monsieur, certains ressemblent plus à des cacahuètes que des noyaux. Excellente observation qui vaut bien son pesant, monsieur…

Passons ensuite dans le diencéphale. Oui, là-bas, c’est l'hypothalamus. Vous voyez encore beaucoup de petites cacahuètes…euh, pardon…noyaux. Chaque noyau contrôle une fonction essentielle, comme l’éveil, le sommeil, la faim…Oui, c’est vrai, mademoiselle, ces deux dernières parties sont bien plus grandes que les autres ici, sans doute parce qu’il est presque quatre heures de l’après-midi… C’est ici aussi que les hormones sont libérées. Ah, non, monsieur, ce n’est pas comme la libération des ôtages par l’Isil, non, pas exactement. Ah oui, violent parfois, c’est vrai, surtout dans l’adolescence…

Là, c’est le thalamus qui fonctionne de coordinateur des relais entre les deux hémisphères, et au-dessous de nous, se trouve la zona incerta, qui semble jouer un rôle dans plusieurs comportements élémentaires comme la faim, la soif, la défécation et la copulationOh, tu veux savoir ce que sont la défécation et la copulation, ma petite ? Eh bien, après la visite, tu peux demander à ta mamy – oh, ce n’est pas ta mamy, c’est ta maman ? Ah, pardon…Eh bien, oui, madame…je vous en prie, madame…le numéro de mon supérieur ? Oui, oui, je peux vous le fournir à la fin de la visite…Mais je vous en prie, Madame…

Allez, en avançant, vous voyez le cervelet joue un rôle majeur dans les mouvements. Faites bien attention de ne pas vous approcher trop, car l’aire du tectum dirige le mouvement des yeux. Vous risquez de vous faire bousculer très fort si la maîtresse de ces lieux est en train de regarder un match de ping-pong.

Nous allons maintenant nous diriger vers l'hippocampe, lieu encore mal compris en termes de fonction. Pardon ? Non, non, tu ne vois pas d’hippopotame parce que…non, les hippopotames ne font pas de camping et surtout pas au cer…ah, mais là, attention ! Où elle est allée, ta maman ?  Hein ? Elle t’a dit qu’elle allait libérer des hormones avec ton papa et donc, ils sont retournés au zona ?  Oh…non, rien…juste un petit mal au cerveau…Un incident ? Non, non, monsieur, tout ira bien, non, je sais que ton gamin ne donne pas de coups de pied dans le tibia exprès, ah ? c'est un tic nerveux ? Ouille !...non, non, juste un petit bleu, c’est rien du tout…non, pas nécessaire que vous examiniez ma jambe, non, monsieur, non, j'y tiens...

Messieurs-Dames, je suis désolée de devoir vous dire que nous devrons couper à court notre visite.  Merci infiniment de m’avoir suivie, mais je suis obligée de vous demander de retrouver la sortie vous-mêmes. Je tiens à remercier mon copain Wiki qui m'a aidée ave cette présentations, et ..exceptionnellement, je vous prie…non, je vous en supplie… d'oublier le guide. Au revoir et bonne journée !

19 septembre 2015

Quand c'est flou c'est qu'il y a un loup (Joe Krapov)

 

DDS 368 IMG_1271331028913

Je ne suis pas carrée d’épaules,
Ni Nord, ni Sud, ni magnétiques
Mais je n’ai cure des boussoles
Dans les mondes labyrinthiques.

Je ne suis pas comme la marquise
Chez qui tout brille, tout étincelle,
Qui sort de chez elle à cinq heures
Ni comme le petit Marcel.
Ca me laisse comme la banquise
Qu’ il se couche ou pas de bonne heure.

DDS 368 1532828-7

A l’insomnie seul dans sa turne,
Aux sympathies pour le dais vil
Dont je ne suis que peu friande
Je préfère la vie nocturne,
Le dédale des rues des villes
La marche des guides gourmandes.

Rennes a été mon territoire
Et d’avoir été la première
A explorer ses décalages
Ne me rend pas pour ça plus fière ;
Cela n’a rien de méritoire :
J’ai toujours aimé les voyages.

DDS 368 Théodore_Chassériau_003

Si je ne suis pas Parisienne
Est-ce que cela gêne ? Ou peine ?
Car j’ai au Louvre deux conseurs
- Nous sommes, en vérité, cousines,
Chère Adèle et très douce Aline ! -
Et j’ai travaillé des années
Dans un musée dont je connais
Les coins et les recoins par cœur.

Il faut une tenue spéciale ?
Je n’ suis pas la femme aux bijoux
Mais j’aime assez à en porter.
J’adore le camée ovale,
Le rose est un atout en tout
Et j'apprécie fort l’églantier.

DDS 368 Yin Xin -chasseriau_les deux seours , 2002, (130x97cm) - copie

J’ai même voyagé dans le Temps,
Traversé des siècles d’histoire
Quand j’étais universitaire
Pour aller…

***

- Je vous arrête tout de suite, Mademoiselle Chassériau. J’ai l’impression que nous avons un malentendu sur le sens du mot « visite ».
- Vous ne cherchez pas une guide touristique ?
- Pas vraiment. Il s’agit en fait de faire une livraison de galettes et de pots de beurre à une dame qui habite une maison abandonnée à l’autre bout de la forêt. Une ancienne fée en fauteuil roulant. Si cette situation vous intéresse, il faudra que vous endossiez le costume rouge de notre compagnie. Le job consiste à rendre visite à une mère-grand.

DDS 368 clindoeil - Copie

Isaure Chassériau a été tellement estomaquée par ce quiproquo qu’elle est retournée vivre dans son tableau d’où, peut-être, elle n’aurait jamais dû sortir.

DDS 368 isauredisparait2 - Copie

 

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19 septembre 2015

Participation de JAK

Curriculum vitæ

 de 

 Jak Jarjille

Rue des égarées

st Jean de Kukulle

 

http://melimelojarjille.canalblog.com/

 

 

Objectifs

 En dire plus qu’il n’en faut sur ce que vous ne devez surtout pas savoir

Cursus

Parcours du combattant autodidacte

 Tellement de choses que vous en seriez époustouflés  inénarrables sur le net

Expérience

Presque nulle, surtout rêveuse  et procrastinée

Compétences

 Plein en surabondance   j’ai fait le plein de la plénitude

 

--------------

 

 

 

Ma lettre de motivation  

---------------

 

 

St jean de Kukule  18 9 2015

à

Mossieur  le dirlo  Walrus

De chez sam’défi

 

Je vous adresse ma candidature pour le poste que vous recherchez, car je pense que je vous deviendrai vite indispensable.

J’ai mis ci-dessus tout ce qui me concerne, et je tiens à vous signaler que j’ai en sus une belle casquette, cela vous évitera des frais supplémentaires pour fournitures à votre personnel.

J’ose espérer que vous me  lirez  avec toute l’attention bienveillante   qui vous est coutumière, et que vous aurez l’aimable amabilité de me prendre à l’essai.

Votre future dévouée guide de la visite

J@k

 

19 septembre 2015

Participation d'Électre

- Un guide pour la visite ? Oui, c'est bien ici... Vous voulez le poste ? Dites-moi quelles sont vos compétences. Sérieux - oui, enfin, non, est-ce vraiment une qualité ? Vous voyez, pour une visite de ce genre, ce n'est pas sûr que... enfin nous verrons bien, je note, continuez. ... Vous parlez ? Oui, nous l'espérons, encore que... Bien ? C'est encore mieux, mais qu'entendez-vous par bien ? Ah, je vois... oui, c'est une vision des choses... poursuivons, si vous le voulez bien, nous verrons. ... Vous mettez les gens à l'aise. Oui, pourquoi pas. Mais vous savez, étant donné le genre de visite... ce n'est pas nécessaire de... enfin, pas trop, un peu naturellement, mais pas excessivement, c'est comme le sérieux, point trop n'en faut... vous avez des références, dites-vous ? Oui, c'est intéressant... ah, c'est original... dites-donc, on voit que vous avez de l'expérience... mais l'expérience n'est pas, enfin, voyez-vous, pas ce que nous recherchons en priorité, même si naturellement... point trop n'en faut... naturellement si vous étiez sans aucune expérience... encore que... la fraîcheur, parfois... trop d'expérience, surtout si vous me dites que vous êtes sérieux... oui, j'entends, pas sérieux-sérieux, mais enfin sérieux tout de même... oui... vous viendriez étudier le bâtiment toute une semaine ? Vous savez, nous avons de la documentation, on ne vous demande pas de... vous ne voudriez tout de même pas... non, je n'insinue rien, mais voyez-vous... non, je n'ai pas peur que vous veniez, mais c'est-à-dire, vous ne pourriez pas non plus... mais si vous y tenez, et à condition que cela soit fait en dehors de vos heures de travail... oui, nous avons un historien, votre rôle à vous serait un peu différent, voyez-vous... une semaine, de toute façon, ça ne sera pas possible, nous avons besoin d'un guide avant... écoutez, je ne pense pas que vous fassiez l'affaire... mais si vous insistez, venez demain pour un essai... comment ? comme vous le seriez le jour dit. Si, c'est important, ils ne sont pas aveugles tout de même ! Non, vous ne serez pas le seul... nous choisirons la personne qui nous convaincra lors de l'essai... à demain. L'employé raccrocha le téléphone et soupira à destination de son collègue du bureau d'à côté: - Mais pourquoi ne lisent-ils jamais l'annonce jusqu'au bout ? - Peut-être que c'est écrit trop petit ? - Oui, je sais, mais ça me permet de vérifier qu'en plus ils ne soient pas aveugles... et puis, au moins, ils téléphonent... - Tu es sûr que tu n'aurais pas des réponses plus pertinentes s'ils le savaient déjà ? - C'est que je n'ose pas... je ne voudrais pas que mes collègues se moquent... - Oui mais ça t'éviterait les coups de téléphones de ce genre, comme la scoute de l'autre jour... - Guide, pas scoute, guide, c'est le féminin. - Oui, enfin tu me comprends: on a quand même besoin de quelqu'un pour dimanche... tu sais bien que tôt ou tard la fille va le laisser s'enfuir, s'il n'est plus là, que fait-on ? C'est qu'il faudra attendre au moins une semaine ou deux qu'il en rentre un autre... - On devrait peut-être changer la fille ? - Tu rigoles, c'est la fille du patron ! Tu penses s'il serait d'accord ! - C'est quand même tous les mois pareil... le bourreau ne sait plus quoi faire de ses cordes, il en avait commandé pour toute l'année et la petite lui sape le boulot... - Eh, qu'est-ce que tu veux, son père lui passe tout... et puis ils promettent, tous, alors le père se dit qu'il y en a un qui finira par revenir... elle s'attache si facilement... elle ne veut entendre parler de personne d'autre... et son père, que veux-tu, il voudrait faire son bonheur, c'est bien normal après tout... - Y a bien le Jeannot qui soupire après... - On dit qu'il va finir par se faire attraper rien que pour qu'elle le regarde... mais c'est qu'il faut quand même faire quelque chose de gros, alors ça pèse sur la conscience... - Oh, de gros, voler des pommes ou du pain ça suffit presque, tout dépend de l'entregent du commerçant... si le Jeannot s'arrangeait avec le père... - Oui, mais c'est risqué, s'il ne lui plaît pas ? J'aimerais pas trop laisser mon cou entre les cordes à Jojo, surtout qu'il chôme depuis un moment que ça doit lui démanger... - Enfin, c'est encore pas celui-là qui conviendra. Drôle de job quand même, hein ? Mais depuis que les bâtiments nationaux doivent proposer des visites ludiques pour le grand public adaptées aux handicapés... - Eh, que veux-tu, c'est bien normal, non ? - Oui, je sais, mais on aurait pu faire plusieurs visites différentes, plutôt que de tout regrouper en une seule... - Ah ça, le patron... Les deux employés se replongèrent dans leurs dossiers. Sur le bureau du premier on pouvait lire le papillon de l'annonce, qui comportait en grosses lettres la mention

RECHERCHE GUIDE

suivie de la précision

S'ADRESSER AU BUREAU DE LA PRISON DE NANTES

en plissant les yeux, on pouvait lire tout en bas de la feuille, en caractères assez petits

VISITE TRAGI-COMIQUE DANSÉE À DESTINATION DES SOURDS-MUETS
19 septembre 2015

Le Musée de la Chaussure (Pascal)


« Entrez, entrez, mesdames et messieurs ! Merci d’essuyer vos pieds !... Venez visiter le musée de la Chaussure de Romans ! Venez découvrir les ustensiles d’antan, les parfums de peausserie, les formes, les plans ! Dans nos rivières, la Martinette, la Savasse, sans relâche, on tannait le cuir pour alimenter nos grandes usines de godasses !

Mesdames et messieurs, je suis la bonne pointure pour vous guider dans ce glorieux passé et, de moi, vous ne pourrez plus vous lasser !... De la semelle jusqu’aux œillets, de l’empeigne jusqu’au talon, de la trépointe jusqu’aux coutures, vous saurez tout de nos chaussures ! Hé oui, madame ; tel que vous me voyez, j’ai passé quarante ans comme ouvrier chez Jourdan. Si j’avais porté toutes les chaussures qui sont passées entre mes mains… Devant nos établis, on languissait tous la fin de la semelle, non… la fin de la semaine. Excusez, déformation professionnelle…

Mesdames et messieurs, admirez les outils ! Les alênes, les cardes, les marteaux à battre ! Appréciez cet assortiment de brosses à reluire ainsi que sa palette de boîtes de cirage ! Ici, nous avons les sabots d’Hélène, encore tout crottés ; on dit qu’elle est passée par la Lorraine. Là, regardez sur cette étagère ! Une paire de bottes de sept lieues commandée par Charles Perrault lui-même ! Ici, des escarpins jusqu’aux souliers vernis : c’est la commande d’un cul de jatte qui nous est restée sur les bras. A la grande époque, nous avons même chaussé tous les enfants des colonies de vacances de la région ! Encore aujourd’hui, si vous passez par Sainte-Eulalie, les échos des grands goulets du Vercors vous raconteront joyeusement leurs : « Un kilomètre à pied, ça use, ça use, un kilomètre à pied, ça use nos souliers… Deux kilomètres à pied… » C’était nos petits essayeurs !...

Ne vous bousculez pas ! Tout le monde trouvera chaussure à son pied ! Ici, nous avons toute une collection de trous dans les chaussures et, de ce côté, c’est la symphonie des semelles en bois ! Vous pouvez admirer, pêle-mêle, la mule du pape Pie VI, une chaussure de verre, les baskets de Noah quand il a gagné Rolland Garros, les Moon boots de Killy, les sandales de l’Abbé Pierre, les chaussures à crampons de Jean-Pierre Rives, les talons aiguilles de Marilyn quand elle a chanté : « Happy Birthday, my président » à Kennedy. Le musée de Westminster nous a prêté la paire de chaussures du prince Charles, celle d’apparat, quand il reçoit en grande pompe. Là, nous avons des chaussons de Brad Pitt, des souliers bicolores signés Coco Chanel, une ballerine de danseur étoile, oui, Noureev. Ici, tout un stock de semelles qu’on pensait ne pas mettre à l’étalage, des Converse concaves, des Clark convexes, les santiags de Clint Eastwood, les terriblement usagées chaussures de sport de Forrest Gump, les espadrilles en couleur de BB quand elle a joué : « Et Dieu créa la femme ». Et là, voyez les babouches d’Aladin, les tongs du Dalaï Lama, les claquettes de Fred Astaire, les mocassins du dernier des Mohicans, les galoches de Gavroche, les spartiates de Ben-Hur, les John Lobb de James Bond !...

Ici, nous avons des souliers de héros, des groles de pénitent, des brodequins de soldat, des chaussures à bascule, des petits souliers de timide, des squelettes de plage, des croquenots de croque-notes, des ribouis de bandit. Là, des chaussures d’enterrement ; on les appelle aussi des pompes funèbres… Ho, mais aux gargouillis de vos ventres, je sens que vous avez l’estomac dans les talons ! Allez donc déjeuner, en face, chez l’Ami Tatane ! Sa femme est charentaise ! Je vous recommande ses pâtes au gaz, ses pieds paquets et ses chaussons aux pommes ! Bon appétit !...

19 septembre 2015

Le fil d'Ariane (Vegas sur sarthe)


L'autre jour je décide d'aller visiter les Catacombes dont l'entrée était signalée par un panneau “Visite guidée”, le dépliant promettait un voyage hors du temps et justement j'en avais à revendre.
J'avise un préposé - légitimement le cul préposé sur un tabouret - et lui demande où se trouve le guide.
Il me répond “Cest moi”.
Je lui demande à quelle heure est la prochaine visite et il me répond “C'est commencé”.
Je m'excuse de l'interrompre, je lui demande s'il compte faire la visite assis et il me répond: “Je reste assis parce que j'ai été formé au Père Lachaise... mais vous pouvez utiliser un audioguide”.
Je lui demande ce qu'est un audioguide, il me montre un truc en disant “Voilà c'est ça, c'est un baladeur”.
Je lui répond que je ne veux pas me balader mais vraiment visiter, il me tend malgré tout le baladeur et ajoute: “Surtout, mettez bien le casque!”
Je réalise que les plafonds doivent être très bas et lui demande s'ils sont assurés en cas d'accident, il se contente de me tendre une carte.
Je lui demande si c'est l'attestation d'assurance, il me répond: “Non, c'est une carte de visite attestant que je fais des visites”.
En effet, sur la carte de visite il est écrit : Eugène Duroutard, guide-conférencier, spécialiste outre-tombe.

Ainsi c'est lui, le fameux guide Duroutard?
Je m'équipe du baladeur et du casque mais rien ne se passe, ce que je fais remarquer à celui que j'appellerai Eugène - les Catacombes créent une étonnante intimité - et il me répond: “Il faut vous brancher sur un fil”
En effet, de longs fils relient les baladeurs de mes voisins qui s'éloignent dans la galerie comme une toile d'araignée géante...
Incrédule je branche le mien, Eugène me dit, goguenard:”Vous connaissez le fil d'Ariane? Et ben c'est pareil, vous êtes filoguidé. Personne ne se perd si personne ne perd le fil de la visite”
J'hésite à demander si le fil est assez long mais voilà que ça cause dans mon casque... en italien!
Je signale à Eugène que je ne connais guère que è pericoloso sporgersi et O sole mio, il me répond:”Ca ne va pas vous aider ici, faites donc la visite radioguidée... sans fil”
Je ne demande pas mieux pourvu que ça parle français. On est quand même chez Louis XVI!
Il me présente l'engin et dit, très fier:” C'est le dernier cri... celui qui est équipé d'un GPS”
L'expression “dernier cri” ne me rassure pas, surtout dans ce lieu macabre mais j'applaudis à l'idée d'être géolocalisable par GPS.
Il me répond:”Le GPS c'est pour Guide Person Search, ça permet juste au visiteur de localiser le guide”
Je lui fais remarquer que je sais parfaitement que le guide est sur un tabouret et qu'il n'en bougera pas mais il répond que j'aurai un autre discours quand je serai perdu au fond d'un boyau.

Je lui rend son machin dernier cri et lui demande à tout hasard s'il y a quelque chose de mieux que le radioguidage.
Eugène a un sourire radieux et me désigne une sorte d'engin volant qui stationne au-dessus de nos têtes :”Ca c'est le dronoguide, la visite guidée par drone!”
Je demande si c'est fiable et il me répond, indigné:”Si ça a marché au Kosovo, pourquoi ça ne marcherait pas ici?” et il ajoute “à cent euros la demi-heure, y a pas mieux”.

J'ai visité les Catacombes sur le site officiel de la Ville de Paris, j'ai parcouru les deux kilomètres en trois minutes et deux clics de souris... et j'ai oublié le guide, s'il vous plait!

19 septembre 2015

Participation de Fairywen

Renaissance

Cela avait commencé de façon très insidieuse. Un passage rapide, un peu de poussière brillante qui accrochait les rayons du soleil, quelques trottinements de petits pieds sur les vieux planchers, des rires étouffés. Puis plus rien, le silence, la vieille maison rendue à ses habitants à ailes et à pattes, qui se demandaient qui avait bien pu venir leur rendre visite ainsi.

 

Cela avait commencé de façon très insidieuse. Une étoffe drapée ici, un coussin posé là, un endroit qui soudain restait propre. Et toujours des rires, de la poussière brillante et des petits pieds rapides et légers. Intrigués, les habitants à ailes et à plumes observaient ces menus changements, cherchant à en identifier les auteurs.

 

Cela avait commencé de façon très insidieuse. Des guirlandes de fleurs accrochées au lierre. Une odeur de forêt dans les pièces abandonnées. De la lumière qui se glissait dans les recoins. Des rires plus fréquents, des petits pieds plus nombreux. Les habitants à ailes et à plumes s’interrogeaient : qui donc venait ainsi envahir leur domicile ?

 

Cela avait commencé de façon très insidieuse. Une petite silhouette ailée suivie d’une autre, et d’une autre encore. Des silhouettes qui virevoltaient, accrochant des voilages d’étoiles devant les fenêtres soudain réparées, semant des coussins brillants sur les sols propres et fleurant bon les bois. D’autres silhouettes affairées, qui rangeaient des sacs de provisions dans des garde-mangers tout neufs et des ustensiles de cuisine à proximité de solides foyers. Et toujours des rires, de la joie et des petits pieds qui couraient. Toujours curieux, les chatons furent les premiers à aller voir de près ce qui se passait.

 

Cela avait commencé par un premier face-à-face étonné : chatons surpris face aux fées et aux lutins qui investissaient doucement la maison abandonnée.

Cela avait continué par des jeux endiablés, des courses et des cavalcades, des bagarres pour rire et des siestes pour se reposer.

Et cela ne s’était jamais terminé. Les sortilèges tissés par les fées et les lutins avaient fait de la maison abandonnée un palais merveilleux, tout de tendresse et de chaleur, bien protégé des hommes et des éléments, un endroit où les animaux venaient se réfugier, pour jouer, dormir ou être à l’abri des intempéries, un endroit où l’oiseau jouait avec le chat et le chat avec le renard. Un endroit où, lorsque la neige tombait et que le blizzard soufflait dehors, les fées et les lutins se blottissaient sous les plumes ou dans les fourrures pour avoir chaud.

 

Finalement, la vieille maison ne regrettait pas d’avoir été abandonnée par les hommes…

 

Défi 368 du samedi 12 septembre 2015

 

12 septembre 2015

Défi #368

Nous avons besoin

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12 septembre 2015

Ont pénétré le mystère de la maison abandonnée

12 septembre 2015

Non Retour (JAK)

 

20 ans !

20 ans déjà qu’il est parti. Mais dans son cœur, son corps, son âme, elle est toujours  là … elle a toujours été là

Il  a hâte de la  retrouver.

Dans le tortillard  qui le ramène enfin chez lui, il a tout son temps pour repasser les moments merveilleux vécus ensemble

Il la revoit coquette, embaumant le chèvrefeuille, ses grands yeux  aux paupières bleues ouverts sur son entour semblant surveiller avec une bienveillante  indulgence tout ce qui s’approchait d’elle.

Il se souvient  de l’impression calmante et reposante qui émanait d’elle.  Il lui semble l’entendre gémir  aux soubresauts de l’escalier en bois lorsqu’il  grimpait en toute hâte les marches pour mieux se couler en elle, là,  dans la pénombre. Il était si bien lové en son sein comme un chat au creux d’un coussin en plumes d’oie.

 

Il revoit les étincelles qui s’allumaient dans ses quinquets, lui  confirmant   qu’il était attendu.

Sur le quai déserté, maintenant le voici parvenu …

Terminus.

Quelques pas las et hésitants  sur les cailloux,  et  il l’aperçoit au détour du chemin bordé de ronces.

 

Elle l’attend.

 

Son amour pour elle lui a fait oublier que déjà, il  y a   20 ans  elle était  bien  chancelante, et le temps  passé loin d’elle a abouti son œuvre, présentement elle est vieille, très vieille, roide, vermoulue

Mais il n’est pas déçu, il sait que c’est le cheminement  inexorable de la vie.

Tout à une fin.

Maintenant, il va pouvoir, ici,  s’abandonner, abandonner son corps usé, lui aussi chancelant, perclus

Céans il va enfin  s’enfoncer dans le repos éternel, ici,  dans sa  chère vieille maison retrouvée.

Il referme  avec un reste de nostalgie toutes les fenêtres brinquebalantes,   aux volets d’un  bleu maintenant délavé, et ouvre sa trousse de non-survie.

 

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12 septembre 2015

Une maison abandonnée par bongopinot

 

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Une maison abandonnée

Par ceux qui se sont tant aimé

Partis sur des chemins effacés

Un jour d’automne effeuillé

 

 Cette bâtisse avant inondée

De rires d’enfants ébouriffés

De musiques de chants amusés

De cris d’oiseaux de la forêt d’à côté

 

 Cette maison toujours ensoleillée

Debout comme par magie depuis une éternité

Cet endroit semble maintenant oublié

Devenu un lieu mystérieux et bien gardé

 

Car derrière cette ruine au toit délabré

Aux murs fissurés et fenêtres cassées

Se dissimule un endroit étrange et enchanté

Des bruits bizarres sont entendus depuis des années

 

Et c'est lorsque la nuit, doucement se met à tomber

Que ce lieu se met tranquillement à s'éclairer

A scintiller et à briller sous un ciel étoilé

On entend également les murs pleurer et appeler

 

 Dans l'espoir de faire revenir ses hôtes écartés

Pour revivre des jours heureux en toute amitié

C'est pourquoi tous les soirs cette maison abandonnée

Hurle au vent sans relâche sa complainte à ses égarés

 

12 septembre 2015

Participation de Venise

 

Je frappais timidement à la porte

Ouvrez donc s’il vous plait !!!!

La fenêtre était recouverte d’un affreux rideau  de mousse

Encore tout humide des pleurs de la rosée.

Comme un bijou caché dans son écrin de verdure, la maison ne se livrait pas au premier passant.

J’ai alors senti comme un mouvement dans les feuilles du grand tilleul et

Des frémissements  dans les tuiles bien  peignées. La maison semblait me dire

Te revoilà enfin après tant d’années !!!

La façade toute blanche rougissait sous les éclats du coucher de soleil

Mon cœur faisait des bonds comme s’il cherchait à sortir de ma poitrine.

Et cette porte qui ne s’ouvrait pas.

J’avais pris d’autres chemins ces années passées trop vite loin d’elle.

Quelqu’un voudrait bien me dire où se cache la clef ?

La maison a eu comme un soupir et les fenêtres se sont ouvertes et trois gouttes d’eau pendues aux gouttières ont atterri sur mon front.

C’est mon rire qu’elle a reconnu immédiatement et la porte s’ouvrit comme un miracle.

Mes yeux se sont fermés et d’anciens bruits de pas montèrent dans les combles.

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Comme une clef mon rire avait fait parler la maison.

Les yeux à peine ouverts vous ne devinerez jamais

Ce que le souffle de la  lampe m’appris.

La maison lourde de souvenirs dort maintenant.

Dans les jardins deux arbres s’étreignent comme des amants.

Hier  les petits enfants sont arrivés au  matin,

Nos mains déçues croient ne plus rien attraper

Sauf la conviction d’être arrivée et d’avoir pris le bon chemin.

 

12 septembre 2015

LA VIEILLE MAISON (Lorraine)


Cette vieille maison dans ce haut paysage
Isolée et meurtrie comme d’un abandon
Cache son désarroi quadrillé de branchages
Et se souvient des gens, des mois et des saisons

La mémoire des murs a gardé le silence
Les portes éventrées gémissent sous le vent
Qui dévale vainqueur et dans sa véhémence
S’engouffre dans l’ajour du toit resté béant

Le coteau la soutient comme on aide une vieille
A se tenir debout le temps que Dieu voudra
Harponnée au versant parfois elle sommeille
Puis s’éveille en sursaut croyant entendre un pas

Serait-ce la Julie qui tant riait parfois
Ou le berger rentré dans son bruit de sonnailles ?
Non c’est la nuit qui vient et dit dans son patois
Qu’un jour on l’abattra et qu’on fera ripaille…

Alors de ses yeux clos la maison qui s’endort
Fait signe que c’est bien en attendant la mort

12 septembre 2015

Consuelo (par joye)

On dit que la maison est abandonnée, tout en oubliant que l’essentiel est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu’avec le cœur.

Car où les yeux voient les dommages, le cœur voit des souvenirs.

Où les yeux voient des lézardes, le cœur voit les espaces par où l’air, la joie, et le soleil peuvent facilement passer pour nous rafraîchir.

Où les yeux voient les mauvaises herbes épineuses, le coeur peut voir une rose qui se défend.

On dit que la maison est abandonnée. C’est pour cela que toi et moi sommes retrouvés ici, avec notre chat, afin de vivre ensemble pour l’éternité, et rire des gens qui passent devant sans nous voir, parce qu'ils ne regardent qu'avec les yeux.

le couple

 

12 septembre 2015

La drénaline (Vegas sur sarthe)


C'était la dernière bâtisse du village qu'on appelait «le moulin», flanquée d'un panneau Fouzy-sur-la-Tronche copieusement criblé par nos savants tirs de caillasse.
On passait toujours devant à fond la caisse - au moins du dix à l'heure - sur la mob bleue d'Oncle Hubert mais jamais on ne s'y serait arrêté.
Etait-ce parce que le maire du village y avait régné en maître ou parce que la Tronche à cet endroit grondait sauvagement contre les pales pourries d'une vieille roue à aubes immobile et noire comme un loup garou?
Tout dans ce lieu semblait chargé d'un lourd secret.
Le «moulin» gardé d'une étrange cheminée de briques disjointes ne moulasse plus rien depuis belle lurette, en tout cas je n'avais jamais entendu dire qu'on y ait moudré ou moudu - ça sert à quoi de nous faire copier cent fois ces foutus verbes du troisième type - le moindre boisseau de blé ou d'orge.
Pourtant à chaque fois qu'on rebeuillait dans le coin avec les potes, ça viaunait comme une odeur de mystère qui me donnait la nausée et m'attirait en même temps.

Alors quand le Bébert a proposé d'y aller voir cette nuit-là à cause que c'était nuit de pleine lune, j'ai ressenti ce machin que les grands appellent la drénaline et qui m'occasionna aussitôt une drouille carabinée !
Pendant que je soulageais mes arrières aux cagouinces, Bébert préparait le matos en grand secret: échelle de corde, sac à dos et la fameuse lanterne de cheminot Wonder qui s'use même quand on s'en sert pas.
On a jarté sans se retourner - en chaussettes pour pas alerter Rex, le câgne du voisin qui aboyait au moindre bruit - et plus vite que prévu à cause d'une forte rabasse qui nous a gaugés avant même d'avoir passé le pont de la Tronche!

Vindiou! On était pas beaux à voir quand on est passés au travers d'une borgnotte restée entr'ouverte. Heureusement y avait personne pour nous voir.
J'appris plus tard que nononque - Oncle Hubert - y était passé bien avant nous pour aller dévierger celle qu'on appelait aujourd'hui Madame le Maire, mais c'est une autre histoire.
Bref, la borgnotte était si étroite que j'y ai déniapé ma belle chemisette - celle avec l'écusson brodé L'Héritier-Guyot “Buvez du cassis” -  mais on était déjà en mode aventurier genre Lawrence d'Arabie et j'ai même pas pensé à la tisane que j'allais prendre au retour.
Dans le « moulin » c'était tout noir avec un escalier tout noir et des murs tout noirs aussi.
Faut dire que la lanterne Wonder faisait du noir à cause que nononque en avait marre de changer les piles.
Alors en tâtonnant, chacun a compté les marches de l'escalier - en espérant se rappeler qu'y en aurait autant en redescendant - mais j'ai pas trouvé pareil que le Bébert: c'était mauvais signe, tout ça sentait le mystère à plein nez et la poussière aussi.

Soudain j'ai buté sur un gros ventre mou, un peu comme celui du maire ou comme celui du sergent Garcia, le gros beusenot où Zorro s'amusait à dessiner des grands Z en noir et blanc chaque mercredi dans la télé des voisins...
C'est Bébert qui m'a retenu avant que je redescende l'escalier cul par dessus tête.
Par une croisée de l'étage, la pleine lune semblait franchement se foutre de notre gueule.
Faut dire qu'on était blancs comme les Francini de la piste aux étoiles tellement qu'on s'était frottés aux sacs qui traînaient partout.
Cette âcre odeur de mystère viaunait de plus en plus à m'en filer le virot à moins que ce ne soit la drouille qui rappliquait à nouveau...   
“T'es tout pâle” m'a soufflé Bébert qui était aussi blanc que moi.
J'ai cherché un endroit pour m'isoler derrière une vieille machinerie faite de poutrelles, de poulies et de courroies de cuir reliées par d'énormes toiles d'araignées.
C'est quand j'ai baissé mon froc que j'ai entendu un grand bruit de chute puis un cri étouffé!
Je me suis traîné dans leur direction.
Le Bébert et la lanterne Wonder venaient de tomber dans la trémie, un grand entonnoir de bois dont ne sortaient guère plus que ses chaussettes et un râle de mort-vivant.
Alors j'ai tiré sur les pieds de toutes mes forces jusqu'à l'entendre gueuler plus fort.
Il était bien esquinté, les genoux couronnés, la tronche rouge et blanche avec une belle beugne sur le front et débordant de reconnaissance: “Tu m'as sauvé la vie” chouina t il en se collant à moi.
Bizarrement il s'était mis à faire grand jour - surement la fameuse drénaline dont parlaient les grands - mais en haut de l'escalier clairait une grosse lampe tempête.

Derrière la lampe, une p'tiote nous observait d'un oeil curieux, vu que l'autre était caché par ladite lampe.
Quand je dis la p'tiote, tout le monde au village l'appelait la Marcelle et elle avait toutes les raisons d'être là à c't'heure puisqu'elle était la fille du maire et d'ailleurs elle y est encore... pas dans l'escalier mais fille du maire, enfin de l'ancien maire puisqu'il ne l'est plus et qu'ils n'habitent plus ici, bref.
C'est avec elle qu'on allait autrefois nadouiller au lavoir à chaque vacance et le fait d'avoir mouillé nos culottes ensemble me disait qu'on allait pouvoir s'arranger pour qu'elle dise rien à sa mère et à son maire, enfin à ses vieux.
Je lui ai refilé deux carambars avec les blagues à Toto qui vont avec et un roudoudou à la fraise qui fondait dans ma poche et puis on a déguerpi sur nos chaussettes, la gueule enfarinée, Bébert avec sa beugne et moi avec ma chemisette déniapée, laissant derrière nous le «moulin» et son secret.
On avait paumé la lanterne d'Oncle Hubert, ce qui nous garantissait une double tisane mais c'est le prix à payer - dit-on - pour la drénaline.

La p'tiote n'a jamais cafté, du moins pas encore à ce jour...  on n'a jamais su ce qu'elle foutait là en pleine nuit et si on avait un lien de parenté avec elle, Oncle Hubert a emporté le secret dans sa tombe.


Lexique du patois bourguignon:

beugne : bosse
beusenot : idiot
borgnotte : petite fenêtre
chouiner: pleurnicher
déniapé : déchiré
drouille : diarrhée
esquinté : abîmé
gaugé, tripé: mouillé
jarter : renverser, marcher très vite
nadouiller : jouer, éclabousser avec de l'eau
nononque : Oncle
p'tiote : gamine
rabasse : averse
rebeuiller : fouiller
tisane ou frottée : dérouillée
viauner : sentir mauvais
virot: nausée

12 septembre 2015

Conte de fée (Joe Krapov)

Une bonne fée s’est penchée sur mon berceau. Elle a dit à Maman et Papa que je serais un être chétif, contemplatif et maladif. Maman et Papa ont commencé à faire la gueule et à regarder la bonne fée d’un sale œil. Ils se sont demandé ce qu’elle fichait là, cette non-invitée à mon non-baptême qui, plutôt qu’à une sorcière en robe rose et chapeau pointu avec une baguette ridicule, ressemblait à l’Amélie Nothomb qui du reste n’était même pas encore née.

La bonne fée s’est empressée d’ajouter « …Mais que… ». Donc, « que je serais un être maladif, contemplatif et maladif mais que, étant natif du cancer et ayant l’ascendant en scorpion, j’étais assimilable à un saturnien et que donc je me réaliserais très tard.

- Qu’est-ce que ça veut dire, en clair ?, a demandé Papa.
- Ca veut dire qu’il va chercher, toute sa vie durant, une maison abandonnée dans laquelle il y a un trésor.

Papa et Maman ont oublié de me raconter cette scène ou ils me l’ont racontée autrement mais dès qu’ils ont su que je serais un jour propriétaire d’un trésor, ils se sont un peu plus intéressés à moi. Et moi, je n’aime pas trop qu’on me regarde comme ça.

Pour la première partie du diagnostic, la bonne fée a eu raison tout de suite ! Je ne sais si c’est d’avoir atterri là entre Papa et Maman, je ne sais si c’est parce que je suis un saturnien sans les anneaux mais pratiquement dès ma venue au monde j’ai asthma-tiqué.

jpi jpa au bassin de la bourboule

Du coup on a passé toutes nos vacances à La Bourboule. La Bourboule, en Auvergne, bien des citoyens n’en ont cure mais moi si. Tous les matins. Bains de vapeur, inhalations, et pour finir tu bois un grand verre d’eau chaude et dégueulasse, on te met une écharpe autour du nez alors qu’il fait 32° dehors, tu remontes dans la voiture surchauffée et tu es balloté pendant vingt kilomètres sur la route en virages pour rejoindre toute la famille qui fait du camping sauvage dans une prairie à vaches.

Après la sieste obligatoire, on fait des excursions en noir et blanc, la tournée des lacs en noir et blanc, on se photographie devant la maison abandonnée en noir et blanc… Oui, parce qu’à cette époque-là, mes enfants, au siècle dernier, la vie était encore en noir et blanc. La tour Eiffel en noir et blanc, le château de Val en noir et blanc…

Je ne sais pas où est passée la photo de la vieille maison auvergnate à l’abandon. Y avait-il un trésor dedans ? 

jojo mémé jpa jpi et vieille maison

Bon, je ne suis pas là pour vous raconter ma vie. Mais c’est vrai que plus j’avance en âge et plus j’ai l’impression de me réaliser. J’ai été guéri de mon asthme assez vite et je suis monté à Paris où j’ai commencé à chercher le trésor promis par la fée.

Au début, comme j’étais un peu niais, j’ai cru que je l’avais trouvé. C’est vrai, quoi ! J’avais un boulot, je n’avais plus Papa et Maman sur le dos, je gagnais un peu d’argent et j’habitais à Paris où il y avait plein de cinémas, de salles de spectacle, de librairies et de disquaires. Alors, comme être riche se dit parfois « avoir de la galette », j’ai commencé à les collectionner. A l’époque les galettes étaient des objets ronds et noirs, d’un diamètre de trente centimètres, percés d’un trou en leur milieu, garnis d’une étiquette, emballés dans une enveloppe de papier blanc ou de cellophane et mis dans une pochette en carton illustrée de photos ou de dessins plus ou moins psychédéliques. Pour jouir de ces trésors-là il fallait disposer d’un tourne-disque ou d’une chaîne hi-fi.

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Comme l’obsolescence programmée n’avait pas encore été inventée, je possède toujours cette chaîne hi-fi d’il y a un siècle et comme je suis un saturnien soigneux et conservateur, j’ai gardé aussi en très bon état tous mes disques vinyles et mes nombreux livres. Par contre j’ai perdu tous les amis auxquels j’ai fait appel pour m’aider à déménager. Je ne sais pas si vous avez déjà eu à porter les œuvres complètes de certains écrivains ou l’intégrale de Vivaldi mais je peux vous dire que quatre saisons et quatre cent concertos, même si c’est toujours le même, comme disait Stravinsky, ça pèse.

Le problème dans ma vie, c’est que je n’ai pas déménagé qu’une fois.

J’ai eu le bonheur d’épouser une femme-bélier. C’est très bien une femme-bélier. La femme-bélier est à elle toute seule un trésor incommensurable, incomMarsurable, même. L’ennui, c’est que ça bouge tout le temps et que ça a toujours une longueur d’avance dans le calendrier, une femme-bélier. Quand vous n’avez pas de téléphone portable, elle vous appelle sur le téléphone de votre copine pendant que vous êtes à l’atelier d’écriture pour vous faire dire que vous avez oublié ce soir d’aller au Conseil d’administration de l’association R. et C. alors que celui-ci n’a lieu que la semaine suivante.

La femme-bélier décroche aussi des armoires du mur pour accrocher une nouvelle armoire plus grande et plus lourde et elle vous demande de la décrocher le lendemain parce qu’elle a l’impression que c’est mal accroché et en fait on s’aperçoit que c’est inaccrochable et donc on raccroche les anciennes armoires et on revend la nouvelle sur le Bon Coin.
Bref, si vous comptez épouser une femme-bélier ces jours-ci, sachez qu’elle changera la palce de la poubelle tous les mois et qu’elle vous fera déménager tous les cinq ans.

Heureusement, un jour, j’ai fait preuve d’autorité. Oui, je sais, un jour dans toute une vie, ce n’est pas beaucoup. J’ai dit : « OK. T’as voulu voir Vesoul et on a vu Vesoul, tu as voulu qu’on vive à Rennes et on y est. Mais maintenant qu’on est tombés sur la case « appartement au deuxième étage avec jardin et garage qu’on n’a même pas besoin de monter la voiture dans l’escalier » alors maintenant, ça suffit, on ne bouge plus ! ».

J’ai obtenu gain de cause. En partie.


Jacques Brel - Vesoul par Wazoo

 Parce que ma femme-bélier est toujours partie par monts et par vaux et parce que tous les étés, pour les vacances, c’est transhumance. Je me demande même si Maman ne lui a pas raconté l’histoire du trésor dans la maison abandonnée, à ma Dulcinée à cornes ! Peut-être qu’elle la cherche sans me le dire et que c’est pour ça qu’on bat la campagne ? C’est bien simple, on a six boîtes pleines de cartes d’état-major et des topo-guides à ne plus savoir qu’en faire.

150807 N 011

Cet été on a marché du lac de Guéry à la Banne d’Ordanche, d’Annoville-sur-Mer à Hauteville-sur-Mer-Plage, de Saint-Martin de Bréhal à Granville, on a fait le grand tour du lac Pavin, celui du lac Chauvet, on a longé les cascades de Chiloza,, on a pris le bateau pour aller aux îles Chausey, on a longé le lac de Paladru, on a visité le château de Chantilly et son parc immense, on a tourné dans Chambéry, Vendôme, Rouen, Lille et Rennes et j’en oublie et j’en oublie. On est passés à Foupoule, à Village Chou, à Bogros-les-Chiens, à Besse-Saint-Anastaise, à Domessin, à Pont-de-Beauvoisin, à Aiguebelette…

Moi j’ai ramassé des coquillages et pris des photos de tous ces endroits. C’est ma chasse au trésor qui continue. Je suis très heureux comme ça. Pas besoin de plus. Je ne cherche plus vraiment pour ma part la maison abandonnée.

Mais cette nuit, peut-être parce que c’est dur de reprendre un boulot sédentaire après des vacances aussi mouvementées, peut-être parce que je me couche trop tard le soir, j’ai fait un drôle de rêve. Il y avait une maison abandonnée et pour une fois j’entrais dedans. Au milieu des gravats, il y avait une vieille femme dans un fauteuil roulant. Je l’ai reconnue tout de suite. C’était la bonne fée qui s’était penchée sur mon berceau mais elle avait beaucoup vieilli. Elle aussi m’a reconnu. Elle m’a dit :

- Alors, lou ravi de la crèche ? As-tu trouvé ton trésor, finalement ?
- Je pense que oui, Madame, mais je ne sais pas ce que c’est.
- J’ai trois réponses à te donner. Laquelle veux-tu entendre ?
- Les trois ?
- Va pour les trois ! La maison abandonnée, c’est celle de tes parents et le trésor, c’est ton enfance. La maison abandonnée, c’est le monde, et le trésor, ce sont tes jambes. La maison abandonnée, c’est ton cerveau à la capacité limitée et le trésor, c’est ton seul et unique neurone.

Ca m’a bien plu, ce rêve, alors du coup, je me suis réveillé et pour une fois, je suis allé travailler gaiement !

12 septembre 2015

Pour vivre heureux... (Walrus)

Il était très satisfait de cette fausse façade délabrée, de ce chemin de terre boueux et de l'écran des arbres, parce que derrière ce décor lamentable, tout n'était que luxe, calme et volupté...

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