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Le défi du samedi

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26 décembre 2015

L’Ancien des Nuits (EnlumériA)

 

La scène était récurrente. L’homme se tenait toujours assis, les jambes légèrement écartées, les pieds bien à plat sur le sol. Ses mains aussi étaient posées sur ses cuisses. Des mains de cogneur, épaisses et courtes. C’était un homme corpulent, brun légèrement dégarni. Une grosse moustache couvrait presque sa bouche inexpressive. Son visage bouffi affichait l’impassibilité de celui qui attend avec patience, de celui qui sait que, de toute façon, son attente prendra fin ; d’une manière ou d’une autre. Son regard ne regardait plus rien ou alors quelque chose de si lointain, de si inconcevable, que c’eût été stupide de s’y intéresser.

Il attendait là, hiératique, le plus souvent vêtu seulement d’un pyjama. À vrai dire, il ne semblait même pas s’intéresser à moi. Comme si ma présence n’avait aucune importance.

Il n’en était pas de même pour moi. Une sourde inquiétude m’habitait. Je sentais un lointain souvenir s’éveiller lentement, encore engourdi par une éternité d’oubli.

Et puis, je réalisais qui était cet homme. Je me rappelais soudain les années de souffrances, de violence et d’humiliation. Revenaient brutalement l’ivrognerie et la haine de celui dont j’avais souhaité la mort un millier de fois. Celui que j’avais imaginé tuer à coups de marteau dans l’obscurité de la cave à l’âge de quatorze ans. Cette brute qui attendait je ne sais quoi.

J’ai fait ce rêve pendant quelques années. Peu à peu, ma rage s’est changée en colère puis en rancune. Jusqu’au jour, où je me suis rendu compte que je ne ressentais plus qu’un grand calme. Et le rêve a cessé. Ce type était mort depuis des années, à quoi bon alimenter la rancœur. Certains appellent ça la résilience.

À la fin, j’ai compris. Ce type n’apparaissait plus dans mes rêves depuis que je l’avais pardonné et probablement libéré de son enfer personnel.

Cet homme assis, qui attendait mon pardon avec une infinie patience, c’était mon père.

 

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26 décembre 2015

Mais d'où viennent ces personnages qui hantent nos rêves ? (par joye)

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 Lui, il vient de Belgique.

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Elle, elle vient de France.

 

26 décembre 2015

Djali et le chou blanc (Vegas sur sarthe)


J'aime bien parler avec Djali... enfin quand je dis parler, c'est plutôt un monologue car elle n'est pas diserte.
Elle s'exprime en tapant du sabot contre le bois de mon lit ce qui n'est pas très pratique mais aussi par des bêlements, des plus légers aux plus profonds selon la tournure que je donne à mon rêve...
On dit que les personnages des rêves sont idiots et ne sont faits que pour être maltraités  mais je crois que Djali est intelligente et qu'elle éprouve quelque sentiment à mon égard même si j'ai parfois envie de la tuer.
Je sais que je le ferai un jour - même si j'ai horreur du ragoût de mouton et des caprins en général - c'est pourquoi je ne fais que des rêves lucides, ceux qui me permettent de garder la maîtrise des évènements.
Les rares fois où elle me parle, je m'empresse de me réveiller pour noter ses paroles mais le rêve s'interrompt, forcément, et je fais chou blanc à chaque fois...
Je l'avais trouvée au détour d'un rêve cauchemardesque, l'oeil triste, le sabot terreux et le poil souillé de sang sêché; un morceau de corde usée pendait encore à son maigre cou.
A force de questionnement j'ai pu reconstituer son histoire et celle de sa défunte maîtresse, une rom dénommée Emeraude, Esméralda ou quelque chose comme ça, une danseuse d'origine douteuse maquée à un certain Ismaël Omar Phœbus.
Quant au chou blanc il est là aussi dans le rêve, un gros chou hollandais d'où sort un garçon chaque nuit mais jamais de fille.
On dit que les filles sortent des roses mais il n'y a jamais de roses dans mes rêves.
Des sabots d'or de Djali et des ses cornes d'or il ne reste rien qu'une odeur tenace au petit matin et tout plein de petites crottes noires et rondes que je conserve sur le tas de fumier du jardin.
Il parait que les crottes de chèvre bouillies dans du vinaigre soignent les morsures de serpent, alors je les garde précieusement au cas où un serpent venimeux s'inviterait dans mon rêve...
Pour mon prochain rêve - entre Noël et l'Epiphanie -  Djali a insisté pour m'emmener à la Fête des Fous, une fête bizarre, bruyante et déjantée où les maîtres deviennent domestiques et vice-versa.
C'est le vice-versa qui me gêne... ça sent le cauchemar.
Depuis le temps que je balance entre la chèvre et le chou je crois que le moment est venu de tuer Djali, quitte à tuer le rêve qui va avec.

26 décembre 2015

De quoi sont faits mes rêves? (Marco Québec)

 

Il y a les rêves où il ne se passe rien
Sinon les gestes du quotidien
Tout à fait banal
D’une personne à peu près normale

Il y a les rêves récurrents
Où il fait mauvais temps
Reviennent les passages difficiles
D’un personnage malhabile
Les blessures de l’enfance
Qui sortent de leur silence
Et les trop vieux conflits
Qui ne seront jamais finis
Ma vie qui règle ses comptes
Avec un père qui me fait honte
Ou bien je fais la guerre
À mes jeunes tortionnaires

Il y a les rêves des fantasmes inassouvis
Qui habitent certaines nuits
Film court-circuité
Par le corps et sa mauvaise idée
De quitter le sommeil
À un moment pareil

Il y a les rêves obsédants
Qui se pointent de temps en temps
La course effrénée
Où je ne fais que tomber
La chute dans le vide
Qui me laisse livide

Il y a les rêves qui ont la propriété
De tout mélanger
Les morts et les vivants
Le passé, le présent
Le public, le privé
Dans des situations insensées

 

26 décembre 2015

Participation de Fairywen

Rêve ou réalité ?

 

Elle sourit en prenant le diadème, qu’elle posa sur la masse luxuriante de ses cheveux.

— Merci d’être venu.

— Tout le plaisir est pour moi. Je…

Les mots que s’apprêtait à prononcer Chad s’étranglèrent dans sa gorge lorsqu’il vit le chat. Enfin, le chat… Le petit félin avait grandi, et à sa place se tenait une panthère au noir pelage et aux yeux d’or.

— Je sais. Je me suis endormi, je suis dans le monde des rêves et mon subconscient invente des chats qui deviennent des panthères… murmura-t-il.

— Tu sais bien que non.

Chad ne répondit pas. Ses yeux erraient autour de lui, détaillant un décor qu’il trouvait étrangement familier. Il finit par regarder à nouveau la jeune femme.

— Alors pourquoi ai-je l’impression de me retrouver en terrain familier ?

— Le cartouche t’a envoyé des images de mon monde.

— Alors tous ces rêves que j’ai faits lorsque je me suis endormi, en début d’après-midi…

—… n’étaient pas vraiment des rêves.

— Et donc la porte au bout du souterrain…

—… est celle derrière laquelle est enfermé mon frère.

— Comment allons-nous y entrer ? Dans mon… rêve, il était plutôt bien défendu, ce souterrain.

— Il faudra se battre. Cela t’effraie ?

— Non !

Un éclair amusé pétilla dans les prunelles de Taanit devant la visible indignation manifestée par Chad.

— On y va, alors ?

— On y va.

Chad prit la main que lui tendait la princesse et à nouveau son environnement disparut…

Rêve ou réalité ?

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19 décembre 2015

Défi #382

Mais d'où viennent ces personnages

qui hantent nos rêves ?

Rêve

Vos réponses seront les bienvenues à

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt ! 

19 décembre 2015

Se sont montrés patients

19 décembre 2015

Le temps (MAP)

Petits bouts de temps

En ronde sur le cadran

Manège obsédant !

Réveil encadré

suivi du portrait d'une demi-heure :

 

Une demi-heure

 

N.B. Aucun réveil n'a subi de mauvais traitements

lors de la réalisation de cette mise en scène !

Bon jour chez vous !

 

 

19 décembre 2015

Et passent les années par bongopinot

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Ils s’étaient connus au foyer de l’enfance

Elle était dans la souffrance

Lui dans la délinquance

Ils devinrent vite amis et complices

 

La vie les sépara quel dommage

Il dut partir faire un apprentissage

Elle étudia avec courage

Espérant la fin des noirs nuages

 

Pendant que les étés s'égrainent

Ils s'écrivent chaque semaine.

Et passent, les années par dizaine

Sans peine et sans haine

 

Un jour qu'il était en vacance

Elle, se rendait à une conférance

Dans sa région son petit coin de France

Ils prirent cela comme un signe une chance

 

Ils décidèrent alors de se revoir

Il l'attendait sur le quai de la gare

Quand, une demi-heure plus tard

Dans la brume et le brouillard

 

Le train arriva enfin

A dix heures treize du matin

Dès qu'elle l'aperçut elle oublia tout ses chagrins

Lui pensa de suite qu'elle allait changer son destin

 

Elle était loin leur enfance

Mais il avait gardé sa belle assurance

Et elle sa beauté son élégance

Aujourd'hui sur ce quai de gare leur vie, enfin commence.

 

19 décembre 2015

Participation de Venise

Une demie heure plus tard , j’ai ralenti ma marche et milles pensées m’assaillirent ;

J’ai jeté un long et triste regard sur le temps qui venait de s’écouler sans retour.

J’avais été incapable de détour ,de trahison;et ce mot d’adieu murmuré au creux de mon oreille sifflait encore comme une craie sur un tableau noir .

Ma cruelle infortune se lisait sur mon visage quand je fus tirée de mes sombres réflexions par le gazouillement d’une grive perchée sur la plus haute branche d’un bouleau.

Mon grand malheur se résumait dans cette question puis-je aimé à nouveau ?

j’étais sombre et je me suis juré de ne plus parler d’amour et ni d’enseigner qu’on trouve toujours de soi dans l’autre .

Je n’oublierai jamais ce réveil brutal ,sous ce ciel d’été d’un bleu sombre .

C’était fini pour moi je ne serai jamais la SANTA MARIA DELLA VITTORIA , évanouie d’amour , les yeux mis clos de bonheur et d’extase.

Des milliers de demies heures plus tard ,je n’ai plus été touchée jusqu’aux larmes ,

et dans les lambeaux de mes journées, je me suis fermée comme un livre .

Le pavé devait être moins dur que le cœur des hommes !!.

je venais de rejoindre Mme de CLEVES qui jugeait tous les hommes indignes de son amour .Et puis me défendre d’aimer devint peu à peu épuisant .

Mon cœur qui avait eu un penchant maladif pour la prudence s’ouvrait à nouveau à la gaîté folâtre de la présence de l’aimé .

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19 décembre 2015

GUI AMUSANT EN AMORCE (par joye)

vingt minutes après

19 décembre 2015

Retard (Marco Québec)

-          Bonjour monsieur.
-
          Bonjour, votre nom s’il-vous-plaît.
-
          Où suis-je?
-
          Vous êtes au ciel.
-
          Est-ce que je suis mort?
-
          Je suis désolé de vous l’apprendre, mais c’est bien le cas.
-
          Oh!
-
          Et votre nom, s’il-vous-plaît.
-
          Émile Larivière.
-
          Alors voyons cela. Larivière, Émile, Montréal, accident d’automobile, heure du décès : 16h02.
-
          Oh!
-
          Il est 16h32. Vous arrivez donc au ciel avec une demi-heure de retard, ce qui n’est pas du tout dans les normes, monsieur Larivière. Je vais devoir en référer à mon supérieur.
-
          Est-ce que votre supérieur, c’est Dieu?
-
          Vous blaguez, monsieur. Avec toute la bureaucratie qu’il y a ici, vous n’imaginez tout de même pas que Dieu soit mon patron. D’ailleurs, entre vous et moi, je n’ai pas encore rencontré Dieu.
-
          Oh!
-
          Avez-vous votre formulaire?
-
          Quel formulaire?
-
          Le Si-L.
-
          Je n’ai aucun formulaire.
-
          Non, mais ce n’est pas possible. Une demi-heure de retard et pas de formulaire.
-
          Je suis désolé, monsieur…
-
          Monsieur Lange.
-
          Oh!
-
          Attendez un instant. J’appelle mon supérieur… Pas de réponse évidemment. Depuis qu’ils leur ont installé des afficheurs, je les soupçonne de filtrer les appels.
-
          Monsieur Lange, est-ce que je peux aller à la salle de bain?
-
          Pourquoi donc?
-
          Bien, j’ai un peu envie.
-
          Non, mais je n’en crois pas mes oreilles. Vous voulez dire que vous n’avez pas eu la mise à jour préalable à votre entrée au ciel.
-
          Si vous le dites.
-
          Non, mais on se demande ce qu’ils font les fonctionnaires à l’accueil.
-
          Et pour la salle de bain?
-
          Vous allez devoir attendre.
-
          Oh!
Monsieur Lange appelle donc la secrétaire à l’accueil.
-
          Bonjour madame Marie-Ange. Ici Lange, au ciel. J’ai un type, un dénommé Larivière, qui nous est arrivé avec une demi-heure de retard. Il n’a pas son formulaire et on ne lui a pas fait la mise à niveau préalable. En plus, il croit que mon patron, c’est Dieu. Vous pouvez me dire ce qui se passe à l’accueil aujourd’hui.
-
          Vous n’êtes pas au courant?
-
          Au courant de quoi?
-
          Tout le personnel est en rencontre pour le lancement de la nouvelle planification stratégique. Vous n’êtes pas sans savoir que celle-ci revoit de fond en comble nos procédures et fixe nos nouvelles cibles de performance.
-
          Je n’ai jamais entendu parler de cela.
-
          Je peux les informer de cette faille dans leur plan de communication.
-
          Et qu’est-ce que je fais avec Larivière?
-
          La section des refoulés est déjà complète. Je ne vois pas d’autre solution que de le retourner sur terre. D’où vient-il?
-
          De Montréal.
-
          Laissez-moi vérifier. Pour Montréal, nous n’avons pas encore atteint notre quota de retour. Vous pouvez le retourner sans aucun problème.
-
          Je vous remercie, madame Marie-Ange.

-       Monsieur Larivière, les services d’accueil tiennent aujourd’hui une activité de formation de la plus haute importance. Voilà ce qui a occasionné tous vos petits ennuis.
-
          Oh!
-
          Nous allons devoir vous retourner à votre vie à Montréal.
-
          Mais il n’en est pas question, monsieur Lange. Je suis mort et je veux le rester.
-
          Que tout cela est embêtant!
-
          Moi je n’ai rien demandé. À vos services de trouver une solution.
-
          Qu’est-ce que vous faisiez comme travail à Montréal?
-
          J’étais consultant en gestion, en réingénérie des processus d’affaires, etc.
-
          Ah! Je vois. Je crois que j’ai une solution pour vous.

 

19 décembre 2015

A quoi ça sert que le fou d'uchronie se décarcasse ? (Joe Krapov)

louis-16-a-varennesUne demi-heure plus tard, on arriva dans un petit village appelé Varennes. Personne n’y reconnut le roi tant son déguisement de valet simple d’esprit, d’homme qui avait perdu la tête, était excellent.

Une demi-heure plus tard, le feu n’ayant pas pris sur le bûcher de Jeanne, on la libéra de ses liens et on lui promit la vie sauve contre la promesse qu’elle rentrât chez elle à Domrémy afin d’y garder ses brebis. « Il n’y a pas de raison que les générations futures vous fassent la fête le premier mai. Ce jour-là, c’est la fête du travail et vous, tout ce que vous avez décroché jusqu’à présent, c’est un CDD de porteuse d’armure. Retournez faire vos preuves sur le terrain, revenez à vos moutons et on en reparlera ensuite. Et arrêtez de jouer avec ce téléphone portable ! Dites-vous qu’il n’a pas encore été inventé à notre époque ! Ce doit être un patrouilleur du Temps qui l’aura égaré !» conclut le capitaine Anderson en la menant aux portes de Rouen.

Une demi-heure plus tard, on attendait Grouchy et ce fut lui qui arriva. « Il n’y avait pas de raisons que ce fût Blücher, surtout en période de soldes » commenta l’Empereur.

Une demi-heure plus tard, un nommé Ravaillac qui passait rue de la Ferronnerie glissa sur une merde de chien et s’étala de tout son long. Pour une raison inconnue de tous il avait à la main un énorme poignard sur lequel, dans sa chute malencontreuse, il s’empala. L’homme ignorait sans doute la chanson que le poète anglais Kevin Ayers interpréta jadis à l’Elysée Montmartre :

" La ville de Paris est très belle
Champs-Elysées, Tour Eiffel
Mais sur les trottoirs de Paris
Y’a quelque chose de pas joli :
Caca, caca, partout caca ! "

Une demi-heure plus tard, la Bastille était prise. La populace hurlait : « Libérez nos camarades ! » mais il s’avéra qu’à l’exception d’un aristocrate enfermé là en raison de ses écrits licencieux, lequel ne désira même pas sortir de sa cellule, la prison était vide d’occupants.
- Tout ça pour ça ? se demanda le peuple. Et pour que l’on construise ici un opéra très moche ? Non merci !
Et ils retournèrent tous prendre la diligence de 8 h 47 pour Domrémy. Là-bas ils s’y firent engager comme bouchers-dépeceurs dans la fabrique de gigots de moutons de la famille Darc.

Une demi-heure plus tard, l’empereur avait pris sa décision. Plus question de se faire sacrer ni d’enquiquiner les mômes avec cette idée folle d’inventer l’école. Il se planta des fleurs dans la barbe et partit élever des chèvres au Larzac. Peu lui importait désormais d’unifier l’Europe des Goths, des Wisigoths, des Ostrogoths et des ophtalmos joueurs de go. « Bien entendu, se justifia-t-il, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant "l'Europe !", "l'Europe !", "l'Europe !", mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien. Et puis d’ailleurs, cabri, c’est fini ! ».

Une demi-heure plus tard, l’archiduc décida subrepticement d’annuler sa visite à Sarajevo et de venir chez moi pour fêter mon anniversaire.

Une demi-heure plus tard je tournai la dernière page de mon livre d’"Histoire de la France parallèle et par Toutatis". Je songeai que si j’en recopiais quelques passages piochés de ci de là, mon Défi du samedi serait vite écrit. Cela aurait pu sembler malhonnête mais j’eus l’idée d’entreprendre des recherches.

 

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Une demi-heure plus tard, j’étais complètement rassuré. J’avais découvert sur Internet qu’avec Gilles Debinche et Mick D. Bill, Toutatis était un autre de mes pseudonymes ! L’honneur était sauf.

Une demi-heure plus tard le royal carrosse s’enlisait dans la vase à Soissons. Pendant le désembourbonnage, un dénommé Clovis Trouille identifia une des passagères comme étant la reine Marie-Antoinette. Ce n’était pas malin non plus, en ces temps de disette, de s’empiffrer goulument de brioche sous le nez et la barbe des prolétaires.

 

Adieux de Fontainebleau

Une demi-heure plus tard, on annonça que tous les vols à destination de Sainte-Hélène étaient annulés. L’Empereur tenta alors d’échapper à ses gardiens. Il y laissa sa chemise mais parvint à s’enfuir et à regagner Fontainebleau.

Une demi-heure plus tard, Laure Manaudou exultait encore. C’est qu’on n’arrête pas aussi facilement qu’on ne le croit un orgasme familial et olympique.

Une demi-heure plus tard, le canard était toujours vivant.

19 décembre 2015

Blond vénitien (EnlumériA)

 

Le matin même, elle m’a dit comme ça : « J’ai une réunion ce soir. Il faudra que tu ailles chercher la petite à l’école. Et sois à l’heure. Ils ferment sans attendre. De nos jours, tu sais ce que c’est ! »

Ma journée s’est plutôt bien passée. Un collègue a organisé un pot. Pour la naissance de son fils. Un beau garçon de 3 kilos 7. Ah ! Qu’est-ce qu’on a rigolé. Le jeune papa, pour tout dire, il était un peu pompette. Il a pas fait grand-chose de l’après-midi. Moi non plus d’ailleurs. Vers 16 heures 30, je me suis préparé pour aller chercher Annie. Annie, c’est ma fille. Elle vient d’avoir huit ans. Une blondeur, comme sa mère. Blond vénitien ça s’appelle. Ça tire un peu sur le roux, enfin un genre de nuance, quoi.

Je suis parti en même que Fredo. C’est un chouette copain, Fredo. Ma femme l’aime pas trop. Elle dit qu’il a une mauvaise influence sur moi. Mais elle a jamais cherché à le connaître non plus.

Alors, Fredo, il m’a dit comme ça : « Allez quoi, viens prendre une bière, te fais pas prier.

Oui, mais moi, il fallait que j’aille chercher Annie. C’est ma fille Annie. Si vous saviez comme elle est blonde. Blond vénitien.

Et puis, Fredo, il a insisté : « Allez, viens boire un coup quoi. T’as bien cinq minutes. Une bière, juste une. Fais pas chier ! »

Au bout de la troisième tournée, je me suis rappelé d’Annie, à l’école. Annie, c’est ma fille, blonde comme sa mère. Et j’avais une demi-heure de retard. Putain ! Que je me suis dis. Je vais me faire engueuler. M’enfin, une demi-heure de retard, c’est pas la mort du petit cheval.

En même temps, une demi-heure, ça suffit pour qu’un chauffard, un alcoolo, perde le contrôle de sa caisse et percute Annie.

Annie, c’était ma fille. Une belle blonde vénitienne, comme sa mère. Avec une grosse araignée écarlate dans sa chevelure blonde.

Blond vénitien. Je vous l’ai déjà dit ?

19 décembre 2015

Pauvre Mathilde (Lilou)

la voiture s’enfonça lentement dans l’eau…

 

Une demi heure avant :

 

La journée avait mal commencé ; d’abord le réveil avait pris la liberté de sonner avec une heure de retard et il avait atterri en morceaux sur la carpette. Puis Mathilde avait dû se contenter d’avaler un breuvage  brun, froid et amer, qui portait par erreur le nom de café, accompagné d’un vilain quignon de pain rassis. Evidemment du liquide, la moitié fut renversée sur le courrier qu’elle n’avait pas pris le temps d’ouvrir. Depuis quand n’avait-elle pas eu une vraie nuit de sommeil…une vraie avec un oreiller douillet sous sa tête ? Elle avait enchaîné garde sur garde puis encore des gardes ; manque d’effectifs ! Son téléphone de service la sortit de son humeur chagrine et elle répondit mollement à son collègue Guillaume. Elle grimaça ; elle devait se rendre dare-dare au château du Comte Jérôme La Trémouille du Schmoll, victime dans la nuit d’un important cambriolage.

Machinalement, elle attrapa les clefs de la Citroën 007 de service et maudissant  le GPS qui bien sûr ne fonctionnait pas elle démarra en cahotant. Après des errements et quelques erreurs d’itinéraires, elle rejoignit Guillaume, qui sur place depuis deux heures, inventoriait les objets volés. Outre quelques diamants et émeraudes, on comptait des tableaux célèbres : deux Picasso, un Dali, un Pollock, un Manet, un Renoir et même une tenture ancienne au point compté. Mathilde, étouffa un bâillement en pensant  que c’étaient beaucoup d’histoires et de billevesées pour des petits cailloux brillants et  de vulgaires copies. Un café, un vrai, aurait été le bienvenu. Soudain  elle sursauta : une tenture ! Non une tapisserie de la reine Mathilde, un ouvrage prêté par le musée de Bayeux ! Un cadeau de la Reine à son mari Guillaume le Conquérant, une valeur inestimable…

Porter le prénom d’une reine valait bien un effort ! Elle oublia le café et se concentra  sur l’enquête, rassembla les témoignages et  ne négligea aucune piste. Au bout d’une heure,  laissant la police scientifique finir son examen, les deux collègues montèrent chacun dans leur Citroën  de service. Mathilde, partie la première, s’engagea sur la route qui longeait le lac. Elle récapitulait tous les éléments de cette nouvelle enquête quand, d’un petit chemin de terre, déboucha un coupé cabriolet rutilant. Au volant, Arsène Lupin lui fit un petit signe amical ; trop fort c’était trop fort !  Elle avait le coupable à portée de main. Alors sans tenir compte du danger, elle fit un demi tour digne de Fangio mais hélas elle dérapa, fit une embardée et…

Mais ça c’était hier, fallait-il y voir un signe du destin ?

se disait Mathilde engoncée dans les plumes de sa couette fleurie de petites violettes. Elle éternua plusieurs  fois et  toussa fortement ; une main douce, Guillaume ou Olivier ?,  lui tendit un mouchoir parfumé à l’eucalyptus et lui fit boire une cuillerée de sirop pour calmer ses quintes de toux. Peu à peu, Mathilde sombra dans un sommeil léger puis fut emportée dans ses souvenirs.

 

19 décembre 2015

Une demi-heure plus tard (Laura)


J’aime quitter un lieu
Marcher vers une gare
Me retourner vers ce lieu
Ou ne plus lui jeter un regard

Voir le pont de la gare se dessiner
Passer dessus ou dessous les voies
Sentir vibrer le sol sous mes pieds
Ou prendre le souterrain en émoi

Rentrer dans le hall de gare
Petit et banal ou grand et artistique
Inconnu ou mille fois vu, une habitude
C’est toujours magique

Consulter le tableau des départs
Ou attendre que s’affiche une arrivée
Rester dans le hall à l'écart
Ou se ruer sur le quai pour s'aérer

Attendre en lisant ou écouter
« Les grosses têtes », rire seule
Regarder le paysage, humer et rêver
L'arrivée du train enfin annoncé

Grimper dans le train, s'installer
Voir le quai s'éloigner, le paysage
Défile, une ou plusieurs gares à passer
Avant de retrouver celle de mon port d'attache

Quand il n'y a pas grève
Ni de problème technique ou de personnel
Se laisser bercer par le tangage
Du train et une demi-heure

Plus tard
Arriver à bon port
Une heure au hasard
De l'imaginaire à bord

19 décembre 2015

Une demi-heure avant de mourir, la norme ISO 10664 a fait un mort (Vegas sur sarthe)

 

J'ai plus une seconde à perdre. Pourquoi faire cadeau d'une seconde à cette Vie qui n'veut plus d'moi?
C'est facile, je prends l'minuteur que j'règle sur 30 minutes, non plutôt 29 car je sais qu'il a toujours pris des libertés avec les minutes, même avec des piles neuves.
Chez moi la liberté du minuteur se mesure à la noirceur des pizzas et à la dureté des œufs coque.
Par prudence j'vais lui remplacer ses piles avec celles que j'conserve dans l'troisième tiroir du meuble de la cuisine, a milieu des cure-dents, des fèves en porcelaine des galettes des rois, des échantillons d'parquet stratifié et de toutes les p'tites bougies d'anniversaire.
C'est ballot, j'allais avoir 98 ans demain... non 99, quelle importance ? J'aurais jamais eu assez de bougies.
Euh... comment ça quelle importance? J'essaie d'mettre toutes les chances de mon côté pour vivre au mieux ces 29 dernières minutes et j'efface 12 mois d'ma vie, une bévue de 365,24 jours! J'espère que celui qui gravera la date sur ma tombe ne fera pas d'erreur sinon j'pourrais bien revenir lui parler du pays!
Où ai-je mis ces foutues piles? Si j'dis foutues piles pour les piles neuves c'est pour ne pas les confondre avec les piles foutues que j'garde aussi précieusement qu'inutilement.

Finalement j'vais prendre celles du réveil-radio que je n'mets jamais en marche puisqu'il y a bien longtemps que j'me soucie plus ni d'l'heure du réveil ni des infos.
Forcément la trappe des piles du réveil-radio résiste mais il en faut plus à un vieux singe qui ne s'fera pas baiser une dernière fois par une trappe avec des vis à tête Torx.
Rien qu'à prononcer le mot Torx - j'voudrais vous y voir avec un dentier du siècle dernier - on sent toute la fourberie qu'a mis son inventeur à créer cette tête de noeud pour clé hexalobulaire interne!
Rien à foutre de leur norme ISO 10664! J'attrape mon fidèle couteau d'cuisine, un Office de 9 cm qui coupe trop bien, le même que celui des champions de Master Chef et qui m'sert surtout à dévisser les vis Torx.
Je sais qu'ça peut finir comme ça: dans 30 secondes y'aura des taches rouges sur le carrelage jusqu'à l'armoire à pharmacie - 2ème tiroir à droite, celui qui coince - où s'trouve en principe la boîte qui contient entre 30 et aucun p'tits pansements extensibles et hypoallergéniques si difficiles à déplier et qui vous font saigner encore plus.
Quand j'étais gamin, le spectacle du cochon qu'on saigne, ficelé sur une échelle et gueulant comme si on l'égorgeait m'a toujours horrifié, mais le vieillard aguerri que j'suis saigne en silence, serre les dents - pas trop fort à cause du dentier du siècle dernier - et contemple son raisin* qui devrait encore couler, voyons voir... pendant 28 minutes selon mon facétieux minuteur.

J'ai toujours eu du mal à coaguler, pour cause d'hémostase en déroute et d'un jeu d'plaquettes à faire mourir de rire les techniciens d'chez Midas. On m'a souvent dit qu'j'avais une thrombine pas comme les autres et qu'j'aurais pu être second rôle dans un film de Dracula.
Du coup j'aimerais bien savoir si j'serai vide avant 28 minutes? Tant pis, j'm'offre le luxe de perdre 30 secondes à faire le calcul.
Putain! Ça pisse pas mal: si j'ai toujours mes 7 litres de sang dans l'corps, à raison de 2 gouttes à la seconde et 15 gouttes au millilitre, j'serai vide dans 15 heures donc bien après ma mort!
Mais alors j'vois pas l'intérêt d'une hémorragie post-mortem et risquer d'me blesser avec ce couteau en ouvrant la trappe du réveil-matin pour y prendre ses piles, ni de changer celles du minuteur, ni même de le régler sur... combien déjà?
27 minutes.
J'commence à trouver l'temps long.

C'est toujours pareil quand on s'fixe une échéance et j'ai toujours eu horreur des échéances: le dernier jour de déclaration des impôts, la veille du jour de ramassage des poubelles, le jour du passage à l'heure d'hiver, le jour de la fête des pères, des mères, des grand-mères, le jour de la fête des voisins, celui de la fête des morts.
Au fait, y doivent m'attendre impatiemment là-haut.
Et dire que bientôt on me souhaitera ma fête à la Toussaint - le même jour que tante Anastazia et pépé Marcel - ça fait quand même quelque chose !

(*) le mien, c'est du Gevrey-Chambertin 100% Pinot noir, s'you plait

 

 

19 décembre 2015

UNE DEMI-HEURE PLUS TARD… (Lorraine)

            Une demi-heure plus tard, elle sanglotait, pliée en deux sur le lit défait où il venait de la dépuceler. Sans un mot, sans un baiser, juste un aller et retour saccadé, bourru, presque furieux.  Comme un chien en rut. Puis, satisfait, il avait remonté son jean, bouclé la ceinture, mâchonné un sourire :

            - Je file, on m’attend. A plus’…

            A plus !.. Non, ce n’était pas un viol. Oui, elle était consentante. Il travaillait à  deux pas de chez elle, à la grande brasserie,  il venait presque quotidiennement acheter un sandwiche, elle le trouvait gentil et s’arrangeait pour le servir ; il la regardait avec un sourire en coin, comme s’il appréciait d’être le favori parmi la clientèle quotidienne qui sortait de l’usine à midi pile et retournait bosser à midi et demi. Grand, blond, une mèche lui retombant sur le front, elle fut d’abord attendrie, puis troublée par l’insistance d’un regard amusé et connaisseur, qui la détaillait plus que nécessaire.

             « Est-ce que je lui plais vraiment ? » se demanda-t-elle un soir devant la glace. Le lendemain, elle enfila sa robe moulante, largement décolletée sur des seins libres qui bougeaient à chaque mouvement.  C’est alors qu’il s’enhardit.

            - C’est la fête dimanche sur la place. Tu ne viendrais pas danser avec moi ?

            Elle triompha. Elle ne s’était pas trompée, il l’aimait. Il l’aimait comme elle l’aimait, ils n’avaient pas besoin de mots, ils s’étaient compris. Les yeux suffisent quand on s’aime. Elle en avait repoussé d’autres, mais lui, il serait le premier, le seul. Elle s’était toujours juré de ne céder qu’à l’amour. Pas aux flirts un peu trop poussés, pas pour « l’expérience » comme son amie Gilda, pas parce qu’elle avait 17 ans et que sa cousine de 16 ans (qui n’était plus pucelle depuis longtemps) se moquait d’elle. Non, uniquement par amour…

            Sur la place, les derniers flonflons de la fête s’éteignaient un à un…

19 décembre 2015

Participation de Fairywen

Le temps d’un battement de cœur...

 

Le cartouche que tu as découvert est la pièce manquante de la porte de la prison où est enfermé mon frère. La malédiction qui a été jetée sur sa geôle implique que seule la personne qui trouve ce morceau de pierre peut le remettre à sa place pour faire jouer la serrure et ouvrir la porte.

Incrédule, Chad se pinça afin d’être sûr de ne pas rêver. Un rire cristallin retentit autour de lui.

Je t’assure que tu ne rêves pas.

— D’accord, mais qui me dit que je peux te faire confiance ?

Rien du tout.

La réponse lapidaire surprit le jeune homme, qui s’attendait à de véhémentes protestations assorties d’un long discours. Il ne chercha pas à retenir le sourire qui lui vint aux lèvres.

— Voilà qui est clair, au moins.

J’ai l’habitude d’aller droit au but.

— Tout à l’heure, tu as dit « ton monde »…

Je viens d’un autre univers que le tien.

— Et comment suis-je censé le rejoindre ?

Prends le diadème. Il t’amènera à moi.

Chad hésita le temps d’un battement de cœur, mais il avait trop envie de savoir. Sa main se posa sur le cobra dressé et soudain, sa tente si familière disparut, pour être remplacée par une autre tente, plus grande, plus exotique. Ce fut à peine s’il sentit le félin noir s’enrouler en ronronnant autour de ses chevilles. Il n’avait d’yeux que pour la silhouette qui lui faisait face. Sans comprendre comment, il savait que c’était celle de la jeune fille dont l’ombre avait remplacé celle du chat. Ses longs cheveux noirs cascadaient dans son dos, et ses yeux verts le fixaient avec amusement. Sa peau hâlée par le soleil du désert luisait doucement à la lueur des lampes à huile, faisant ressortir le blanc éclatant de sa tunique en lin, serrée à la taille par une ceinture de fils d’or tressés.

— Je crois que ceci t’appartient, articula Chad en lui tendant le diadème.

 

Moins d’une demi-heure s’était écoulée depuis qu’il avait quitté le chantier de fouille, et il savait déjà que sa vie ne serait plus jamais la même…

Le temps d'un battement de coeur

 

 

 

12 décembre 2015

Défi #381

Une demi-heure plus tard .....

horloge

Nous attendons en temps et heures

vos participations à l'adresse bien connue :

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

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