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Le défi du samedi

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20 février 2021

Blanche-Neige (maryline18)


Je suis sûre que ça peut marcher, il suffit de le vouloir très, très fort ; Maman me l'a assez rabacher : < Quand on veut, on peut !> Je tourne pour la énième fois le bouton de ma télévision magique, il faut que j'y soit avant que les Sept Nains ne rentrent du travail. Allez, je ferme les yeux et j'me concentre,  <Abracadabra, je quitte le sol et je m'envole !>
...
" Eh oh ! Eh oh ! On rentre du boulot !"
...
Ouille ! Aie ! Eh, toi là haut, doucement ! Le sol est dur ! Enfin, j'ai réussi ! C'est pas trop tôt !
-"Siffler en travaillant...La la la la la la... !"
Ah ! Bonjour Blanche-Neige ! Je visite toute les maisons de Walt Disney pour aider les héroïnes.
_  Mais qui es-tu ?
_ Je suis la "Fille qui tombe à pic", une sorte d'assistante spatiale au service des exploitées !
_ Oh mais j'adore me rendre utile et j...
_ Taratata ! Tes septs petits mecs se fichent de toi à plein nez, tu vas arrêter de laver leurs chaussettes et de ranger leur bazar ! Tu feras une formation s'il le faut mais je ne veux plus que tu te fatigues au ménage ! tant que tu ne quitteras pas cette maison, tu ne t'en sortiras pas ! Que veux-tu tirer de ces rigolos : un pseudo intello, un coincé, un flémard, un raleur, un idiot, un enrhumé qui éternue tout le temps et un autre qui s'marre sans savoir pourquoi...!
...
< Eh oh, Eh oh, on rentre du boubot !>
...
_ " Vite ! Viens avec moi, on va se trouver un p'tit coin tranquille pour envisager ton avenir !
-Premièrement, pour trouver du boulot, il faut que tu changes de look !
-Deuxièmement on va taper ton CV, t'as un ordi ?
_" Mon quoi ?"
_" ben, ton CV, ton Curriculum Vitae quoi ! Oh la la ...j'ai bien fait d'venir ! Bon, tu faisais quoi avant d'atterrir ici ?
_"Je soignais mon père qui est mort..."
_Oui ben, des fois ça vaut mieux...
_Quoi ??
_Non, laisse tomber...J'ai pas l'temps de t'expliquer !
_Bon, qu'attends-tu de la vie ?
_L'Amour !
_Concentre toi Blanche-Neige ! Ne me répond pas N'IMPORTE QUOI, s'il te plaît !
...
_ La voilà qui pleure maintenant ! Bon, on reprend...Dans l'idéal, tu préfèrerais travailler en plein air, ou dans une chocolaterie ? Vivre dans un château où dans le ventre d'une baleine ? Vendre des allumettes ou refuser de grandir ? Glisser magestueusement sur un lac ou claquer du bec dans une mare ? Te perdre dans une forêt ou être changée en grenouille ?
_ Mais je sais pas moi...
_Ben dis c'que tu veux, il faut juste que je coche, t'as aucune chance de t'en sortir si tu ne rentres pas dans une case ! Oh et puis flûte ! Viens on va voir les nains...Je les aime bien moi aussi !  Pardon, j'ai été méchante...j'adore ta coiffure !
 

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20 février 2021

Le curriculum vitae, "déroulement de la vie[1]" ou la fuite du temps. (Laura)

 

Je ne suis pas la seule, je pense à ne pas bien me souvenir de mes premières années d'où mon émotion en revoyant et entendant mes proches et moi dans une vidéo exhumée par une cousine. Revoir mes disparus, surtout, est surprenant car la représentation  que j'en avais dans mes souvenirs est différente.
J'ai étudié "La fuite du temps" au lycée, à une période de ma vie où je voulais, au contraire que le temps passe plus vite, être plus âgée, pour faire ceci ou cela. Si "Le lac" de Lamartine [2]me plaisait, je me sentais plus proche de Baudelaire et de son Ennui[3] ou spleen.
Pourtant, je ne m'ennuie pas comme les collégiens que je côtoie dans mes CDI de professeure-documentaliste. A ceux qui m'écoutent, je leur réponds que j'aimerais bien m'ennuyer comme eux. Je n'envie pas leur ennui en fait mais le temps qui leur reste pour faire toutes ces choses dont j'ai envie ou pour revivre les instants passés dont j'ai l'impression de ne pas avoir assez profité et je me souviens de:

 

"Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ![4]"

 

et de notre séjour sur les traces de Lamartine.

Les vanités[5] sont les symboles picturaux de cette fuite du temps inéluctable.
Je ne suis pas seule, je pense à ressentir, après la perte de l'être aimé qui nous était le plus proche(pour moi, mon mari) , l'urgence absolue de vivre puisque la mort nous a frôlé de près en nous obligeant vis à vis de celui qui est mort à vivre pour deux:

« Trois mille six cents fois par heure, la seconde chuchote : souviens-toi ! »
Vers 9 et 10 de L’horloge dans les Fleurs du mal
Charles Baudelaire

et je me souviens du thème étudié au lycée notamment à travers Ronsard:

« Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. »

reprise du Carpe  diem" d'Horace.

13 février 2021

Défi #651

 
Initialement, j'avais opté pour Colostrum
mais L'homme parenthèse m'a coupé l'herbe sous le pied
Pour rester dans le C...um, je choisis donc...

Curriculum

6511

 

13 février 2021

Ont purgé leurs ballasts

13 février 2021

Vous connaissez Henry ? (Walrus)

 
Non, c'est pas un prénom, c'est le nom de famille de Joseph,  le pape de l'inductance...

Quoi ? Non, c'est pas une insulte, c'est la valeur mesurant l'induction magnétique, un phénomène électromagnétique se passant, entr'autres, dans les bobines, unité dans le Système International :  ... le Henry !

Quoi ? Qu'est-ce qu'elle a ma bobine ? Restez polis hein !

Où je veux en venir ?

Ben au ballast ! What else ? (comme disait l'intoxiqué à la caféine, tremblotant comme la lumière d'un tube fluorescent un peu borderline).

Vous ne pouvez pas imaginer ce qu'il faut faire pour allumer et maintenir allumé un tube fluorescent et lui faire produire un éclairage régulier !

Et qui se charge de ce boulot difficile, je vous le donne en mille ?

Le ballast !

6502

Non, celui-ci n'a pas de starter, je vois que vous avez l'œil, il est d'une génération un peu plus évoluée que les premiers. Aujourd'hui, bien sûr, ils sont électroniques et miniaturisés puisqu'ils tiennent dans le culot des ampoules économiques (à ne pas confondre avec les LEDs, encore plus économiques et encore plus chères).

Mais bon, je ne vais pas vous expliquer leur fonctionnement dans le détail : je crains que ça ne dépasse les limites de votre entendement (et surtout celles du mien).

De toute façon, vous savez ce qu'il vous reste à faire si j'avais, par impossible, éveillé votre intérêt pour la chose : un petit coup de wikisaitout et c'est vous qui saurez enfin tout !

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13 février 2021

Participation de TOKYO

 

Je fonçais tombeau ouvert, le ballast explosait sous mes pneus.

v1

 J’étais dans une mauvaise passe.

 On dit de moi que je ne changerai jamais, que partout où je passe je sème le Waï.

v2

 

 Oui j’ai toujours mouillé le maillot ce n’est pas comme tous ce qui font de l’huile derrière leurs fenêtres.

 J’avais quitté tôt ce matin les studios. Hollywood était encore enveloppée dans sa brume

 

 A ce stade A l’est de l’Eden crèverait l’écran à n’en pas douter. J’avais tout donné   pour ce film.

 Mon happening fichait la trouille au metteur en scène, je conduisais comme un dératé le ballast explosait maintenant   sur la route en construction.

 Y avait un malaise palpable dans les rues les gens me regardaient passer .

 Je sais ma conduite frisait la procédure disciplinaire mais j’étais James Dean

 J’avais une colère enfouie. Ce gouffre aspirait mes espoirs c’était mon carburant.

Ce soir je pilotais un bolide qui carburait au whisky.

 Ne valait mieux pas que je pilote un porte avion nucléaire.

Dans les studios j’entendais souvent :il faut l’accompagner désamorcer ses sautes d’humeur.

 

 On me traitait comme un puceau.

 A l’est de je ne sais DE quel EDEN mon destin m’attendait.

Le ballast peut être  ………..

v3

 

13 février 2021

Le transcailladou (Yvanne)


Aujourd'hui ma balade s'effectue à Uzerche, dite la perle du Limousin. Elle est intitulée « sur les pas de Simone de Beauvoir. » L'écrivaine passait, enfant, ses vacances en Corrèze chez son grand-père, tout près de la fière petite ville accrochée à ses rochers surplombant la Vézère.  Elle écrit dans  Les mémoires d'une jeune fille rangée : « le foisonnement des couleurs, des odeurs m'exaltait. Partout, dans l'eau verte des pêcheries, dans la houle des prairies, sous les fougères qui coupent, au creux des taillis se cachaient des trésors que je brûlais de découvrir .» Personne n'a su narrer mieux qu'elle tout ce qui fait le charme de la cité et de ses abords.

A mon tour de partir à la découverte de ces richesses dont la nature est prodigue. Et aussi – et surtout - sur la trace de mes souvenirs.
Je commence ma promenade depuis la toute petite gare abandonnée  pour emprunter l'ancien tracé d'un chemin de fer à voie métrique reliant Uzerche à Tulle. Madame de Beauvoir a-t-elle pris elle-même le tacot ? Peut être. Pour ma part, je l'ai utilisé durant tout un été, juste avant qu'il ne s'arrête définitivement. J'avais 19 ans.

La Vézère, gonflée des eaux de pluie qui ne cesse de tomber depuis quelques mois, gronde juste au-dessous du chemin. Je marche sur le ballast depuis longtemps recouvert d'un tapis d 'herbe. Plus de rails. Plus aucune trace du petit train si pittoresque qui désenclavait le cœur du département et rendait tellement service à ses habitants. Cette ligne mise en service en 1904 a cessé de fonctionner en 1968. Un grand dommage : elle serait aujourd'hui un atout précieux pour la Corrèze résolument tournée vers le tourisme vert.

Quel bonheur ce petit train que je prenais le samedi matin pour rejoindre la maison familiale !
Et quel contraste entre lui et son grand frère qui me conduisait de Limoges à la « grande » gare d'Uzerche d'où une navette emmenait les voyageurs jusqu'à la petite gare du tacot !
Dans l'un, personne ne se parlait. Personne ne se regardait. Chacun vaquait à ses affaires tranquillement : lecture, mots croisés, contemplation du paysage,  rêverie..... Non. Pas encore ces horreurs de téléphones portables qui déshumanisent totalement et importunent. Il existait alors un respect mutuel entre les passagers. Dans l'autre, il en allait tout autrement.

Je n'oublierai jamais l'atmosphère bon enfant qui régnait dans le transcailladou. Pas confortable du tout. Ça non ! Des banquettes de bois où s'installaient les fermières des villages alentours en se bousculant sans vergogne pour avoir une place.  Elles se comportaient en maîtresses des lieux et c'était comique de les voir s'apostropher. Cela faisait partie du folklore local et personne n'y trouvait à redire. On s'arrangeait toujours pour avoir un petit coin où s'asseoir. C'était mon cas. Ma valise sous les pieds, je prenais plaisir à observer, amusée,  mes payses.

Elles se connaissaient et faisaient l'inventaire – non dépourvu d'une certaine rivalité -  de tout ce qu'elles allaient vendre sur le marché de la place de la cathédrale à Tulle. L'une ouvrait un cabas où des lapins remuaient leur nez dans le foin, l'autre rabrouait vertement un canard tentant de s'échapper, une troisième renouait précipitamment  les liens  autour des pattes d'un poulet qui ne demandait qu'à sortir de son carton pour prendre l'air.
Dans des caissettes s'entassaient les légumes frais : poireaux, carottes, salades qu'elles avaient juste ramassé le matin très tôt dans les jardins ou les champs. Et des fraises, des framboises, des cassis...
Puis venait le moment où dans un soudain silence religieux, les paysannes, vêtues proprement pour l'occasion d'un tablier noir pour les plus âgées et fleuri pour les autres, soulevaient avec précaution le torchon blanc abritant leurs merveilles. Fièrement, elles exposaient aux yeux de tous des montagnes de tourtous (galette de sarrasin) des beignets largement saupoudrés de sucre, des mottes de beurre au dessus joliment décoré de fleurs grâce aux dessins des moules en bois, des douzaines d'œufs...Et des caillades ! Ah les caillades ! Ces fromages de vache, ronds et crémeux,  au parfum puissant que les bourgeoises de la ville se disputaient. Certaines paysannes en fabriquaient des tartes appétissantes. Et les plus généreuses sortaient un couteau de leur poche pour en couper une part  offerte aux copines.  Les caillades avaient, en quelque sorte, donné leur nom au petit train que l'on appelait familièrement le transcailladou. Mais le summum, c'était lors de poussées de cèpes. Les chanceuses avaient disposé avec amour les têtes brunes dans des paniers d'osier, sur un lit de fougères et lorgnaient d'un œil satisfait les envieuses. L'odeur suave de sous bois des champignons dominait toutes les autres.  

Puis, bien vite reprenaient les conversations animées. On riait, on blaguait, on caquetait mieux que la volaille et le vacarme couvrait jusqu'aux sifflements stridents de la locomotive. A chaque petite gare desservie prenaient place d'autres commères et le manège recommençait. On se parlait en occitan et comme je le comprenais et le parlais aussi, je pouvais suivre les conversations sans que l'on s'en doute. Et je m'amusais follement de tous ces échanges pendant la trentaine de kilomètres parcourus. Je savourais les couleurs, les odeurs, les rires. Que tout cela était vivant et sain !

Vaillant petit transcailladou, tu as dû manquer beaucoup aux villageoises qui n'avaient que toi bien souvent pour les sortir de leurs hameaux et leur faire goûter l'air de la ville. Il ne subsiste plus rien de toi ici et je foule ton ancien ballast en regrettant la truculence et le naturel des gens de la terre il y a une cinquantaine d'années.

13 février 2021

Tagadam Tagadam (Vegas sur sarthe)

 

Au pénitencier où j'ai la malchance de séjourner nous n'avons pas un grand choix d'activités sportives, en fait il n'y a qu'un choix possible : la fabrication de masques jetables ou le concassage de pierres pour le chemin de fer.
Alors j'ai choisi le grand air plutôt que le confinement, je dirais que j'ai enfin trouvé ma voie, une voie ferrée comme moi mais lesté d'un boulet de trois ans.
Jusqu'alors j'avais rêvé d'embrasser une carrière de baveux ou d'avocat mais à la vue de celle qui se dresse devant moi – un mur de calcaire siliceux de cinquante mètres de haut – je réalise que je suis à tout jamais passé dans l'autre camp.
La ballastière ça n'est pas une matonne qui surveille les taulards, c'est juste un rocher qu'il s'agit de hacher menu ; l'ingénieur appelle ça concasser et c'est bien vrai qu'on a l'air de cons cassant la roche en petits morceaux de trois à cinq centimètres.
L'ingénieur appelle ça la granulométrie, moi j'appelle ça du foutage de gueule ! Manquerait plus que ça qu'il nous oblige à les mesurer quand on sait à quoi ça va servir au bout du compte !
On dit que le ballast ça sert à caler les traverses des rails pour que ça fasse un bruit envoûtant genre tagadam tagadam qui plaît tant aux gonzesses des trains de nuit qu'ont du vague à l'âme et aux gonzes qu'ont une seule envie … les sauter !
C'est pas ça qui me donne du coeur à l'ouvrage ; avec ou sans tagadam j'ai envie de sauter toute la rame jusqu'au conducteur, c'est vous dire à quel point Germaine me manque.
Si elle me voyait cassant du caillou alors que je ne sortais même pas la caisse du greffier, elle ne reconnaîtrait pas son mec.

Aujourd'hui j'ai eu une promo, j'ai été muté au compactage.
Le compactage c'est pas des cons qui font des paquetages.
J'explique : Faut pas croire qu'on balance le ballast comme ça sous les rails sans compacter et que ça va durer à perpète ; pour compacter on enfourche une bourreuse.
Allez pas vous imaginer des trucs salaces, la bourreuse c'est juste une grosse machine à bourrer le ballast, un engin vibreur qui vous refile un Parkinson et qui vous fait perdre vos ratiches si vous fermez pas votre clapoir.
L'ingénieur dit que c'est normal et que 42 Hertz c'est la fréquence idéale pour vibrer le ballast mais lui et moi on n'est pas sur la même longueur d'onde et j'ai toujours pensé que Hertz c'était juste un loueur de bagnoles.
Dieu seul sait pourquoi j'ai commencé à m'intéresser aux fréquences et surtout à celles qui font du bien. C'est devenu une passion.
J'adore en particulier le 432 Hertz qui était le LA de Beethoven, Bach, Mozart et quelques autres ; c'est la fréquence la plus chaude pour se connecter à ses émotions, bien loin de celle de la bourreuse, alors faut pas s' étonner que ça vous remue les tripes au point d'en chialer.
J'aime aussi le 741 Hertz – c'est un SOL – qui vous flingue les vilaines toxines du corps et puis le 963 Hertz – c'est ainsi et c'est un SI – qui vous … pourquoi je vous bassine avec tout ça ?
Ça vous intéresserait ?
Alors j'en causerai peut-être si je descends un jour de cette bourreuse.

 

 

13 février 2021

« Ballastonporc »! (Ilonat)


Ballast ballast ballast ballast…
Si tu fermes les yeux et que tu le répètes plusieurs fois
Ça fait un peu comme le bruit des roues du tortillard
Qui va de Santa Fé jusqu’à Dallas
Ballast ballast ballast balast…basta !

Pas facile de trouver des mots qui riment avec ballast,
C’est comme avec Ducros, faut qu’on se décarcasse.
A part gymnaste et cinéaste, pédéraste,
Sans être iconoclaste, t’en trouve pas des masses…
Alors on va pêcher à la ramasse sans vous mettre en pétard
Avec des rimes de jobard et sans chercher le carré d’as

Moi, j’suis un vrai routard du cinéma américain
Hit the road man ! Et poursuis ton chemin
Un vrai héros du road movie! Pas un toquard…
Après moult avatars et mille traquenards
Ils m’ont foutu en taule et collé au mitard

On m’a forcé à travailler comme un bagnard
Quarante et un degrés sous le cagnard
Avec un garde chiourme, un vrai crevard
Qui nous menait à la cravache
A charrier des cailloux pour changer le ballast
Sur la deuxième voie du Santa Fé Dallas(t)

Un gueulard, un vrai porc, un véritable salopard
Qui venait nous mater sous la douche, le soir, comme un vieux  vicelard
« Ballast ton porc »  que j’me suis dit,  comme on dira beaucoup plus tard
J’ai pas attendu les mitoos,  je lui ai fait faire sa fête à ce gros lard.

Un jour qu’il me tournait le dos sur le trimard  J’lui ai foutu un coup vachard
Sur sa sale tronche de lavasse…Il est resté KO sur la caillasse.

Moi j’ai sauté sur l’tortillard qui s’amenait sur l’autre voie
Et me voilà peinard et heureux comme un roi
Dans l’train qui va de Santa Fé jusqu’à Dallas
A écouter le bruit des roues sur le ballast
Et rêver de ma blonde qui m’attend tout là bas
Dans son saloon « Au Carré d’As »…

Ballast ballast ballast ballast ballast…il se fait tard, à demain soir.

13 février 2021

Il fait -19°C chez moi, ta gueule, merde ! (joye)

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image trouvée sur Google Images

13 février 2021

Sûr ! Là, je t'ai... en cinq ! (tiniak)

 

Bon anniversaire, tu parles !
Ah, ça ! le repas, les cadeaux, les bons mots y étaient, mais c’est la promenade, en cette fin d’après-midi de samedi, qui a tout foutu à plat. On avait marché, en famille, jusqu’au pont du Coudray, édifice en pierre enjambant, devant Caen, le plus petit fleuve de France : l’Orne.
Au centre, s’étaient installés des gars qui proposaient du saut à l’élastique. Les miens s’étaient cotisés pour m’en payer un, les cons. Et moi, couillon, j’ai accepté, le ventre de peur, de défi et de rage mêlé. Il faut dire ici qu’en matière de défi du samedi, je pratiquais tout autre chose…

Mais bon, je m’équipe du harnais, on me soutient pour m'avancer sur la planche et là, ils se sont tous mis à crier en chœur : allez, vas-y, lâche-toi !! Wouhou !!!
J’ai sauté.
Maintenant, à la surface de l’Orne, je dois avoir l’air d’un œuf sur le plat.
Merci, hein ?

***

Attendant le dénouement de la finale d’échecs entre Thor (le dieu, oui) et Bételgeuse (oui, l’étoile), l’Allumeur de Réverbères (oui, vous savez qui) n’ayant rien de mieux à faire depuis la désertion de tous les lieux de lecture à cause d’une contrainte sanitaire, le pauvre vieux boulottait un bâton de réglisse en buvant de la bière.
Il glissa dans le sommeil sans s’en apercevoir, fit des rêves improbables d’accolades enjouées, de roulages de pelle en plein cœur du marché, d’étreintes fraternelles lors d’un pot de départ du collègue dont tout le monde se foutait jusqu’alors…
Il se réveilla en sursaut croyant étreindre la petite Alice (du Pays des Merveilles, oui oui).
A l’écran, le commentateur fébrile était extatique.
Il dit : mesdames et messieurs, chers amis, c’est incroyable ! Vous le voyez comme moi, n’est-ce pas ? Dans deux coups, le dieu Thor bât l’astre !

***

Lillian jeta son sac à main sur la table du salon, y préleva le courrier du jour où figuraient les résultats de son concours d’entrée à l’Institut des Langues et Civilisations Saxonnes. Marceau, son compagnon, avachi dans le canapé, lui adressa un regard interrogateur et un geste empressé qui signifiait : alors, quelle place ?
Lillian, dépitée répondit : “ - Bah, last!”
Philosophe muet (mais pas que...), Marceau lui mima cette parole d'Évangile : “Les derniers seront les premiers.

***

“- Le comble pour un psychothérapeute de la Médecine du Travail, cest quoi pour toi… ?
Nan, tu vois pas… ?
…c’est d’avoir pour patient un électricien et de lui dire de lâcher prise.”

***

Association à but non-lucratif des
Sous-mariniers en chômage technique
Tentant de se remettre à flot

521

tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Défi du samedi #650.

13 février 2021

Hash Tag 650" (comme on glisse sur les BALLAluSTradEs) L'homme parenthèse


Je mets mon casque
La visière est encore levée
Il fait doux
Je pourrai me passer de mon ensemble cuir (Mercury goosecraft)
Rouler (plus) légér
Mais
...
J'ai prévu d'ouvrir les vannes (ce soir)
...

C'est la nuit, l'extérieur est calme, le silence m'acclame
Les lampadaires contiennent la lumière
La route contient les failles
La circulation s'auto contient, se confine même

UN
Je suis sur le projet Voyage Lynchéen
Objectif ligne droite sur ligne blanche, slalom sur pointillé
Je roule dos à l'étoile qui Mord la poussière

DEUX
Fumer le réservoir
Faire le vide
Compléte expiration des cylindres
Au bout du bout, émousser chaque recoin du réservoir
Jusqu'à la dernière goutte, prosit

Puis Voir...sentir, goûter qu'est ce que ça fait d'être loin, seul, Ballaster

Ma Honda CBR 650 Sportive m'attend docilement
Le garage est ouvert (comme toujours)
Je couine jusqu'à elle (ambiance cuir)
Je soulève mon mollet droit et les parties qui le juxtapose
Sans y toucher, je malaxe mes roubignolles pour éviter toutes soufrances inutiles
Tout est en place
Le chien du voisin renifle derrière notre palissade commune
Il s'appelle Stupide

10
9
8
7
Je craque l'alumette dans le combustible (à la Bukowski amateur lui de Kawazaki)
5
J'accélère (deux doigts sur l'embrayage), rien ne bouge (même pas mon mono sourcil Frida Kalo)
3
Bang
1
Bang


 L'homme parenthaise (burning man)

13 février 2021

Rêverie solitaire (Pascal)


Gare de Toulon. « Les voyageurs en direction de Grenoble et Genève attention au départ !... Prenez garde à la fermeture automatique des portières… »  

Ha, les voyages en train, ces départs en perm… Du fond de ma banquette, secoué par les aiguillages incessants, comateux et frileux, je regarde l’éphémère paysage qui passe ; il confond le temps avec des subterfuges de lumières éblouissantes, si bien que les minutes et les heures sont des champs, des prés, des bocages, des forêts, des villes enfumées, des ponts verdoyants et des montagnes suspendues…
Derrière la fenêtre et le « Pericoloso sporgersi », le long de la voie, intermittentes du spectacle, il y a ces petites fleurs casanières ; pourtant, on dirait des fragiles spectatrices regardant passer les voyageurs entassés dans les compartiments. Ces roseaux d’allégeance, ces dociles enracinées, je les regarde avec la suffisance d’un jeune chêne que rien ne peut empêcher de grandir. Grégaires, rampantes, graciles, sauvages, sous le joug des trains, elles tremblent et s’agitent, se penchent et se renversent en révérences vassales sous leurs souffles puissants. Elles ont le parfum des traverses graisseuses brunies par le soleil, la couleur délavée des jours d’orage, la délicatesse de la fragilité solitaire. Panneaux d’indication de mes divagations rêveuses du moment, la nature les a plantées là pour que je les peigne avec mes impressions d’aventurier sans terre…  

Avez-vous remarqué ? Il y a quelque chose d’inquiétant quand on regarde ces ballasts jusqu’à perte de voie ; on dirait des tombes fleuries par ces improbables chimères batifolant le long de l’horizon brûlant. Qui est enterré sous ces tas de caillasses ? Et si c’était nous, pauvres voyageurs empressés d’ignorance, fonçant désespérément après notre destin ?... La nuit, dans l’éclairement des voitures, on peut voir nos fantômes équilibristes courir sur les ballasts ! Entre les pierres entassées, ombres et lumières, ils nous font des signes ! Ils nous appellent ! Ils nous attendent ! Ils nous suivent ! Ils nous poursuivent ! Ils sont le reflet obstiné de notre fuite en avant, et les petites vivaces applaudissent !...

« Billets !... S’il vous plaît !... »
 
Même concassé, même réduit au calibre de l’utilité précaire d’un remblai, il y a des fois où je voudrais être un simple caillou de ballast pour être caressé par une de ces fleurs farouches ; enfin reposé, je vivrais sous l’ombre gracieuse de ses pétales, mon hymne serait ses parfums délicats. En permission de vieux mataf, je vois déjà mon épitaphe… « Au cimetière de la voie, ci-gît feu Pierre Granite, né dans une ballastière au siècle dernier… » J’aurais pour elle des conversations d’amant, celles qui parlent du feu et de la flamme dans le même foyer, des chansons de promenade aux paysages musicaux, à perte de vue. De la pluie, dans le creux de ma pierre, je garderais son eau ; dans la galerie de ses racines, je maintiendrais des courants d’air. Au désordre des trains, je la retiendrais sur sa tige comme un tuteur souterrain.
Au bord du rail, on aurait des amis lézards, des collègues escargots, des oiseaux mélomanes pour compagnie et, accompagnateurs, des troupes d’insectes butineurs et autres rampants voyageurs. Et les crépitements des essieux, le tambourinement des bogies ; les bluettes de ferraille seraient nos feux d’artifice ; et les journées sans soleil seraient comme des amusements de tableau noir où l’on mélangerait nos inventions en couleur de passion ; et pendant l’hiver glacial, toute irisée de cristaux de froid, je saurais la réchauffer aux étincelles de mon silex ; et dans le silence de la nuit, petits bouts de ballasts sidéraux, on regarderait filer les étoiles dans les voies du ciel…

« Valence !... Valence !... Quatre minutes d’arrêt !... »

On peut faire le tour du monde en ballasts ; il suffit de fermer les yeux et on voit Rome, Bruxelles, Istanbul, Madrid, Vienne !... On saura tout des horaires du Irun-Berlin, du Catalan, de l’Orient-Express, du Mistral ! Et si elle se penche assez sur ma joue la plus lisse, on ira visiter les oncles d’Amérique, on rencontrera les cousins soviétiques, on empruntera le tunnel sous la Manche ! On saluera les britanniques ! Chemins de prières, on peut même ballaster les voies du Seigneur !...

Ha, ha !... Et si on inversait les rôles ?... Et si tous les voyageurs prenaient la place des ballasts ?... Ces cailloux rouillés, à force de chemin de fer, seraient-ils plus lourds à supporter que ces humains, toujours en partance à la guerre ?...  Le vrai voyage, c’est celui de l’intérieur ; chacune des pierres du ballast est une impression, une couleur, un parfum, un sentiment, un clin d’œil, un baiser, une caresse, un frisson, une émotion. La petite fleur, l’enjôleuse, la capricieuse, la moqueuse, c’est la cerise sur le bateau, dans le perpétuel roulis des changements de voies.
Bien en vue, même roussâtre, même usée, même friable, on devrait tous avoir une petite pierre de ballast sur une étagère, sur le rebord de la cheminée. Rêverie solitaire, elle serait comme une amulette, une échappatoire, une issue de secours, un billet de sortie à la factualité maussade. Souvenir d’un fabuleux tour du monde ou première pierre du chemin de l’évasion, elle nous réchaufferait les mains ; elle aurait quelques brillances mystérieuses, elle porterait en elle… un univers extraordinaire…  

« Romans !... Romans !... Une minute d’arrêt… »


13 février 2021

Locomotives (Lecrilibriste)

 

La petite gare désaffectée

où nul train plus ne passait

était le rendez-vous notoire

d’après-midi jubilatoires

où notre grand-mère l’été

parce qu’on la suppliait

emmenait nos sept ans

et deux gamins  du quartier

l’après-midi pour jouer

 

Là, on partait à l’aventure

avec des règles à la mesure

de nos délires de démesure

Fallait sauter sur les traverses

sans sur le sol poser un pied

le ballast était prohibé

Attention, fallait pas rater

Sinon, tout pouvait arriver !

Nos locomotives lancées

vers un ailleurs on s’évadait

dans des pays inexplorés

en Papouasie, au Zimbabwe

ces mots qui nous faisaient rêver

en sautant sur la voie ferrée

 

Entre les rails un peu rouillés

sur le ballast tout enherbé

les traverses imprégnées encore

de l’ineffaçable odeur

d’effluves incrustées de goudron

qui se mêlait obstinément

aux haies du sureau entêtant

proliférant en rangs serrés

le long de la voie ferrée

Gaiement les rails reprenaient vie

quand nos locomotives à vapeur

carburaient à 100 à l’heure

dans cet été des beaux jeudis

 

13 février 2021

Un temps de vie (Vanina)

 

C’est l’âge, à ne pas douter, qui la fait plonger dans ses souvenirs d’enfance, comme si c’était hier. Un bruit, une odeur, tout est objet de mémoire. Elle se plaît à espérer que sa jeunesse ayant été merveilleuse, ce retour à l’enfance, que l’on observe chez les anciens, sera heureux. Elle y pense parfois, inquiète, lorsqu’elle revoit son père, sur son dernier lit, revivre sa douloureuse jeunesse : le camp d’affamement où il fut interné.

Ce soir-là, en ouvrant un tiroir à fouillis, elle retrouve un caillou oublié, du granite aux éclats brillants, évadé du ballast, trouvé sur un quai de gare lorsqu’elle était enfant.
Paris-Montparnasse/Les Sables d’Olonne: elle se revoit dans le train qui la menait en vacances au bord de la mer, avec ses parents, ses cinq frères et sœurs, le chat et le perroquet. Comme ils étaient nombreux, ils avaient pour eux seuls tout un compartiment. Une fois la porte fermée, chat et perroquet étaient sortis de leur cage, remis en liberté. Cinq heures de train -avec changement à Nantes- pour rejoindre l’océan : livres, chansons, jeux divers, sandwich, tout était bon pour faire passer le temps.
Elle est debout, dans le couloir, le front collé à la vitre, bercée par les vibrations au rythme des traverses : toudoum-toudoum, toudoum-toudoum, toudoum-toudoum, ... Le paysage qui défile a un effet hypnotique.
Cette rêverie la détend, elle entre dans une douce torpeur. Ce voyage ferroviaire a un charme bien particulier qui lui fait oublier le temps.

Est-ce l’âge qui fait que le temps passe plus vite aujourd’hui qu’hier ?

 

13 février 2021

Sarah raille (Kate)

 

Ma chère Marianne,

Un rêve ! Tu vis un rêve, un homme en or, ce Nestor !

Il te fait la cour, comme on disait il y a bien longtemps. Tu ne le vois pas ?

S'il n'est pas allé jusqu'à préparer une flambée dans la cheminée pour te faire transpirer et succomber comme par magie sur la peau de bête préposée à cet effet, comme J.J. le vétérinaire contrôlé par le fisc affublé non pas d'un expert-comptable, comme il le croyait, mais d'un "expert en comptabilité", c'est plutôt une bonne chose pour lui ! Comme on avait pu rire ! Vois sur quels terrains tu m'amènes...

Plus sérieusement, il sait mettre tous tes sens en éveil sinon en émoi : la vue (livre, coquillage, fumée...), le goût (thé au jasmin), l'odorat (jasmin, encens), le toucher (livre, tasse), l'ouïe (bossa, silence...) et l'esprit aussi, allez avoue ! La bonne idée de t'avoir emmenée passer cette journée dans la nature.

Tu n'es pas convaincue ou plutôt tu es prudente, de plus en plus, je le comprends. Tous les débuts ne sont pas des débuts, tous les débuts sont différents, ouais. Il faut faire connaissance, établir un lien, une confiance, réfléchir, avoir envie, etc... et tomber amoureuse ! Cela fait beaucoup et trop vite mais cette belle journée sans fausse note t'appartient, elle est à toi. On sait bien que rien ne presse jamais et c'est moi qui me suis toujours précipitée qui te dis ça, qui à la moindre palpitation, n'écoutant que mon envie de plaire, élaborait déjà tout un scénario qui ne marchait pas, bien sûr... C'est moi qui te dis ça, avec quelques années de plus, ma natte jusqu'aux fesses en moins (elle m'encombrait plus qu'autre chose et ne me rajeunissait pas franchement, mais j'ai fini par comprendre) !

Pour l'heure je reviens d'une semaine de travail à Paris et comme je ne pouvais pas y aller en moto, j'ai pris le train. Surprise, je me suis retrouvée à l'aller assise non loin de Damien, le frère de Pacôme (enfin, Côme de son vrai nom, tu sais bien). C'est lui qui m'a reconnue et nous avons lié conversation, enfin lui, plutôt. Il est pharmacien, comme son père l'avait espéré pour ses jumeaux prénommés Damien et Côme (mais Pacôme est avocat comme son père Yves et non médecin). Damien se rendait à Paris pour quelques jours et m'a aimablement fait la conversation, enfin il a parlé :  en effet, je n'ai pu lire mais tout le trajet ferroviaire (et au-delà) m'a été dûment expliqué dans les moindres détails par un spécialiste non seulement de ce parcours mais par un passionné de "La Vie du Rail" dont il est d'ailleurs un grand contributeur, tant au niveau photographique que technique (sic).

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Le moindre signal, le plus anodin croisement, la plus banale bifurcation... Il connaît tout, de chaque horaire à chaque numéro de train. Il s'est même dépêché à sa montée, juste après le passage du contrôleur qu'il avait guetté, d'aller ouvrir un boîtier dans le couloir pour relever je ne sais quel numéro sur son carnet, ce qui est, bien sûr, rigoureusement interdit ! Je l'ai vu faire et j'en ai eu le souffle coupé d'autant plus que le contrôleur revenait justement vers nous.

Tout, tout, tout... vous saurez tout sur les trains non seulement de France mais d'Europe et lors d'un précédent voyage il a pu, en compagnie d'autres passionnés absolus, voir des merveilles ferroviaires de Moscou à Pékin avec son sac à dos rempli d'appareils photos... J'ai évoqué un train touristique des Alpes et il m'en a déroulé tout le parcours, l'historique, les péripéties : toute l'histoire du train et même tout ce qui touche aux travaux l'intéresse, que dis-je, le passionne ! Même la construction du tramway de Clermont n'a aucun secret pour lui, il l'a suivie de bout en bout (et ça a été long, tu t'en souviens !) et auparavant il se rendait régulièrement à Lyon pour voir les travaux du tram (quels beaux week ends !). J'ai tenté de le rejoindre sur ce terrain car la construction du tramway de Lyon a permis des découvertes archéologiques... mais il dévié tout de suite, si j'ose dire !

Il m'a expliqué qu'il habite un immeuble qui surplombe une gare (non, tu n'hallucines pas !), ce qui lui permet de voir en permanence ce qui s'y passe... Pour ma part, c'est plutôt le problème des retards incessants, de plus en plus longs et de plus en plus inexplicables sur la ligne de Paris qui me dérangent et même m'inquiètent mais, tu t'en doutes, pas Damien ! Les retards ? Oui, ça arrive a été sa seule réponse accompagnée d'un sourire.

Par bonheur, j'ai eu quelques moments de répit quand il est parti photographier je ne sais quel poteau ou panneau et j'ai juste fermé les yeux... M'est apparu l'immense Jean Gabin dans "La Bête humaine" et l'instant d'après se superposait la scène où Jean Poiret explique à Michel Serrault comment il doit tenir sa biscotte en prenant exemple sur ce cheminot descendant de sa loco pour aller boire son thé à la cantine... 

J'ai souri et je m'apprêtais à sortir enfin un livre de mon sac ("Le roman de Bergen") quand il est revenu vers moi avec son appareil photo : "Tu ne devineras pas ce que j'ai vu sur le ballast juste après Nevers !"

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Il m'a montré cette photo numérique et malgré toutes ses explications, mon esprit divaguant ailleurs, je ne te dirai pas quelle particularité géniale a été capturée, tu ne m'en voudras pas...

Voilà un trajet avec une heure de retard seulement mais en inoubliable compagnie !

Bises à toi,

Ta cousine Sarah

13 février 2021

Le Fou de Bergerac (Joe Krapov)

Tintin Macron

Heureusement, à l’endroit où Emmanuel est tombé du train, le ballast est du genre sablonneux. Il s’est quand même chopé des égratignures et de vilaines écorchures mais apparemment, quand il se relève et se tâte les côtes, nulle douleur ne le lance. Il voit juste un peu de sang sur ses mains et sur son pyjama.

Maintenant, pour juger de son état, il n’est pas le mieux placé. Pour lutter contre ses insomnies et ses angoisses il avait pris la veille un médoc appelé Elpénor. Géant ! Il s’était endormi d’un coup mais deux heures après il s’est réveillé dans le wagon surchauffé avec une sensation d’étouffement et des vertiges inimaginables. Il n’a trouvé ni la lumière ni la porte alors il s’est dirigé vers ce carré plus lumineux. A tâtons il a trouvé deux poignées qu’il a abaissées. L’air frais de la nuit s’est engouffré. Il s’est penché au dehors car il n’était pas en état de se souvenir des recommandations de son docteur, Bernard Hinaus-Le Nen.

- Méfiez-vous des nuit d’orages et de la foudre de Jupiter !

Boum ! Boum ! Badaboum ! Bonjour M. Ballast dur ! Eh, le train je vous demande de vous arrêter !

Emmanuel, une fois relevé, a retrouvé un peu de ses esprits.

Le voilà en pyjama, le long d’une voie ferrée française, dans les bois, quelque part dans le Sud-Ouest, sans téléphone portable pour joindre son chef de cabinet resté à bord de Rail-Force One.

Pour le discours d’inauguration de la place des Chrysanthèmes à Biarritz et l’hommage à Jean Borotra, c’est bien évidemment râpé. Il ne reste plus qu’à se mettre en route vers un monde plus civilisé que cette forêt inquiétante traversée par des rails.

Casting Tintin 02Un kilomètre à pied, ça use les souliers et encore plus la plante des pieds nus. Deux kilomètres à pied… Un point de lumière apparaît. Il presse le pas, appelle.

- Monsieur ! Monsieur ! Mon cher compatriote !

En arrivant près du chantier il a un mouvement de recul. Le travailleur de nuit porte un gilet jaune !

- Qu’est-ce qui vous arrive ? demande l’homme, un barbu à casquette à l’air méfiant. Qu’est-ce que vous foutez-là en pyjama ? Et puis d’abord qui êtes-vous ?

- Je suis Emmanuel Macron, le président de la République. Je suis tombé du train deux kilomètres plus haut !

- C’est celaaaaa, oui ! Je veux bien vous croire vu que moi-même je suis le pape ! Mais peu importe il faut soigner vos blessures. La maison de la garde-barrière est juste après le virage. Suivez-moi, on va s’occuper de votre cas !

- Vous n’avez pas un téléphone portable ? Il faut que je prévienne mon chef de cabinet.

- Un téléphone portable ? Vous êtes vraiment tombé sur la tête, mon pauvre garçon !

***

Casting Tintin 17La garde barrière ressemble à cette cantatrice dont Emmanuel, dans son état pitoyable, n’arrive pas à se rappeler le nom. Le rossignol dylanesque ou quelque chose comme ça, enfin ça c’est son surnom.

Elle a désinfecté à la hussarde les écorchures et Manu a hurlé :

- Ça pique !

- Vous pouvez gueuler tout ce que vous pouvez ! Faut que ça se fasse ! Moi je suis vaccinée ! J’étais infirmière pendant la guerre. J’en ai entendu des malades qui hurlaient et ils avaient autre chose que vos petits bobos. Voilà c’est terminé. Vous allez finir la nuit dans mon lit. J’ai changé les draps mais ne rêvez pas que je vous y rejoigne ! Bas les pattes ! Je dormirai dans la pièce à côté. C’est un grand honneur pour moi d’héberger le président de la République mais je ne voudrais pas abuser de la situation !

Le cheminot à gilet jaune et la garde-gestes-barrières se marrent comme des brochets maousses vu qu’on ne trouve pas vraiment de baleines dans la Dordogne.

***

Une fois que l’homme a été remis au lit Clémentine a fermé la porte de la chambre à clé. Elle a servi un coup de rouge à Méluchon. Celui-ci lui a dit :

- Garde ton fusil à proximité. Il a l’air inoffensif mais c’est peut-être lui l’assassin. Je vais prévenir les gendarmes. D’ici une heure ils viendront le capturer pour l’emmener à Bergerac.

***

Casting Tintin 13- Mais puisque je vous dis que je suis le président de la République ! Emmanuel Macron ! Vous me reconnaissez, quand même ? Mon portrait est dans toutes les mairies !

- Mais oui, mais oui ! Vous aussi vous êtes sorti de la cuisse de Jupiter ! Macron ? Inconnu au bataillon ! Si vous êtes le président de la République, moi je suis Napoléon !

Le commissaire Siraneau jubile. Mettre la main sur un coupable ce n’est rien, il est habitué. Mais surtout faire la nique à ce commissaire Maigret qui est venu de Paris, qui enquête depuis son lit où il est allongé après blessure dans l’hôtel d’Angleterre, et qui sème la pagaille dans toutes la ville en soudoyant les administrés pour qu’ils viennent témoigner contre les notables, ça restera un des grand plaisirs de sa vie !

Nul doute que la confrontation entre Maigret et Macron - les « tombés du train » comme il les surnomme en son for intérieur - mettra un terme à l’affaire du « fou de Bergerac ».

***

- Commissaire Maigret, cet homme ressemble-t-il à celui que vous avez suivi il y a une semaine en vous jetant en marche du train de Bordeaux ? Dans la couchette au-dessus de la vôtre il soupirait, toussait et vous empêchait de dormir puis il s’est levé, est allé au bout du couloir et, à un endroit où le train ralentissait, il a sauté. Vous avez sauté vous aussi à sa suite et l’homme mystérieux, se voyant filé, vous a tiré dessus. Eh bien figurez-vous qu’il vient de récidiver exactement au même endroit. Un signe, non ?

- Je suis le président de la République, merde ! Enlevez-moi ces menottes !

- Je ne peux pas l’affirmer vraiment, commissaire Siraneau. Il faudrait qu’il cesse de fulminer et qu’il tousse un peu à la place.

- Je suis le président de la République ! Vous allez le payer cher, votre cirque ! Je vais vous faire traverser la rue vite fait, bande de mariolles ! Gaulois réfractaires !

- Docteur Rivaud, faites tousser l’inculpé !

Pendant que les gendarmes maintiennent vigoureusement Emmanuel le docteur lui enfonce un bâton d’esquimau bien profond dans la cavité buccale. Macron tousse.

- Je pense que c’est bien lui, affirme Maigret. Fais les valises, Liliane ! On va rentrer à Paris, l’affaire est close.

- Je suis le président de la République !

Emmanuel s’effondre en larmes, complètement épuisé.

Siraneau conclut l’affaire avec ce qu’il croit être une marque de panache :

- Monsieur, nous sommes en 1920. Le président de la République s’appelle Paul Deschanel. Jamais il ne serait assez stupide pour tomber d’un train de nuit en pyjama ! Vous imaginez le ridicule de la situation ? Et le bonheur, en apprenant cela, des plumitifs de tout poil ?
 



N.B. Les illustrations "Tintinesques" sont l'oeuvre de Ludo D. Rodriguez.
Merci à L'Adrienne de me les avoir fait découvrir.

Les paroles, la musique et l'interprétation de
"Le pyjama présidentiel" sont signées de Lucien Boyer.

13 février 2021

Toi qui aimais tant les trains (Laura)

 

Toi qui aimais tant les trains

Tu es parti en train

Pour ton dernier voyage

Et je t’ai rejoint en train

Pour te dire adieu : ton train

Miniature t’a accueilli et ma main

Ne touche plus qu’un froid écrin.

 

Tu m'as donné cette passion

Du ballast, qui est aussi un recueil[1]

De poésie, poésie que je t'ai fait découvrir

Echange de passions

Vocabulaire du chemin de fer

Chemin de vie

Paysages de gares

 

Toi qui aimais tant les trains

Ta mort a fait dérailler mon quotidien

Qui ne tourne plus autour de tes reins

Mais de ton absence, en vain

Je te cherche dans ton train

D’où tu m’as  quitté un matin

 


[1] http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Poesie-Gallimard/Ballast

6 février 2021

Défi #650

 

 

Non, ne me jetez pas la pierre !

 

Ballast

 

6501

 

6 février 2021

Se sont montrés "attendrissants"

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Le défi du samedi
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