De bouche à oreille (Vanina)
Il était une fois aux confins des océans et de la terre, là où le son entre en vibration, l’histoire d’une fillette. Une petite citadine qui était revenue de ses vacances en famille, à la mer, avec un beau et gros coquillage : un pourpre ou bouche de sang lui avait dit ses parents. Dans son petit appartement, entourée, parfois étouffée par ses parents et ses frères et sœurs, lorsque la nostalgie de grands espaces, de liberté, lui montait à la tête, elle portait cette bouche à son oreille et écoutait le bruit de la mer... Souvenir de jours ensoleillés, de bains de mer, de cris de joie, de courses au bord des flots : le coquillage amplifiait le son de la douce vie à l’air iodé.
Elle s’intéressa aux coquillages, et apprit à les reconnaître.
Puis, le jour vint d’un départ en colonie de vacances, un nouveau voyage pour le bord de la mer. D’abord ravie, la fillette eu du mal à s’adapter à cette vie de groupe toujours rythmée et organisée, où il n’y avait jamais de temps réservé à la rêverie. Alors, dès qu’elle pouvait profiter d’un moment seule au bord de l’eau, elle ramassait des coquillages : Saint-Jacques, berniques, couteaux, coques, etc. Un jour, elle trouva un haliotis (ou abalone en anglais), une grosse coquille vide, elle le porta à ses lèvres et lui murmura sa vie, lui confiant les bruits de la ville et de la vie de famille qui lui manquait tant.
Depuis ce jour-là, les haliotis sont appelés oreilles de mer.