Sarah rencontre Côme (Kate)
Chère Marianne,
La cave, toi aussi ! Une seule idée au sortir de cette expé souterraine, rentrer prendre une douche. Et comme nul verre en vue (non) et nulle étoile à qui dire bonsoir (non plus), je suis juste descendue faire un tour à la librairie, à deux pas.
Vitrine attrayante, comme il se doit, à contempler, à lire voire à méditer (non, j'exagère un peu).
Quel homme s'approche de moi ? Non, tu ne devineras pas : Côme. Oui, Côme, on n'en connaît qu'un, celui qu'on appelait Pacôme parce qu'il n'était pas comme tout le monde, celui qui portait toujours une besace pleine de livres et autres... Celui qui avait littéralement "bousillé" les affiches de La Semaine de la Poésie (du jamais vu), l'évènement de mars qu'on préparait depuis une année.
- Pâcome ! donc
- Sarah ! Oh, ma jolie Sarah !(grand sourire)
"Merci pour ton effort"... de mémoire, aurais-je dû répliquer, mais sous le coup de la surprise, j'ai ri en le voyant et en superposant en une fraction de seconde le grand barbu en kaki qu'il était à l'homme en blouson de cuir, cheveux très courts, face à moi. Plus de musette débordante de tout mais un gros cartable noir, quelques cheveux blancs (bon, je m'égare)...
- Qui a volé ta grosse natte ?
- Et ta grosse barbe et tout ton barda ? Et dans ton cartable, des livres de droit à la place des araignées, fourmis, bombes de peinture, marqueurs indélébiles, peaux de bananes, poil à gratter ?
- Je te montre : le programme télé avec la photo de notre ami, tu te rends compte !
- Oui, formidable, le Goncourt pour un Papou, je cours l'acheter. Regarde, je viens de retomber sur le marque-page avec un extrait de "Zindien" qu'on avait choisi et diffusé.
- "Zindien", ce Z m'avait inspiré et j'en avais rajouté sur pas mal d'affiches de la Semaine de la Poésie !
- Partout on pouvait lire "Semaine de la PoésieZI", jusque dans le hall de l'IUFM où on t'avait croisé bombe de peinture en main...
- En flag de chez flag et Hervé m'avait appelé Lurti : "Mais c'est Lurti !"
- C'est vrai, Lurti, alors que tu t'appelles Pacôme, enfin "Côme pas comme tout le monde" comme tu disais... Tu avais même répliqué tout de go : "Bonjour les Zindiens et les Zindiennes, je ne suis pas Lurti", quel aplomb ! Et il t'avait lancé : "Mais si, Monsieur, vous êtes Lurti, l'Urticant, enchanté de faire votre connaissance, vous prendrez bien un café avec nous ?"
- Je n'en menais pas large et je me suis excusé. "L'Urticant", c'était bien ça, d'ailleurs, regarde :
Et il ouvre son cartable dans lequel il a le livre d'Hervé "Je m'attache très facilement" et il a finement souligné au crayon le mot "urticant"...
Oui, j'ai acheté "L'anomalie", oui, ensuite nous sommes allés boire un verre... oui, moi aussi "Je m'attache (très) facilement" !
Bises de ta cousine,
Sarah