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Le défi du samedi
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6 février 2021

La mer n'est plus...(maryline18)

 

m18

 

Je me souviens de ses éclaboussures rieuses quand elle me poursuivait. Sa mousse lactescente se répendait sur mon infortune et alors, il faisait beau, si beau !

Patiente, elle me surveillait de ses mille yeux pétillants d'amour. Je me souviens de ses coups de langue qui m'aidaient à me relever, toute fière d'avoir cet bel équilibre... Elle se montrait aussi attentive à moi qu'une lionne aurait pu l'être avec ses lionceaux. Ses vagues me lavaient l'âme de toutes ces couches d'incompréhension qui recouvraient ma confiance, jusqu'à l'asphyxier. Elle devait être complice avec le soleil pour travailler à un programme urgent de desquamation accélérée !

Protectrice, elle m'entourait de ses grondements, au combien nécessaires ! En effet, il aurait suffit d'un seul de ces : "t'es pas cap !" de mon frère, pour que devant ses yeux d'éberlué, je porte des bateaux et leur équipage à bout de bras, que je touche le ciel juste en allongeant les doigts, que je cours sur l'eau jusqu'à toucher l'horizon, ou encore que je me laisse flotter jusqu'en Angleterre afin d'y déguster quelques abalones.

La retrouver me mettait le coeur en fête ! Moi aussi je lui manquais, je le sais parce que dès mon arrivée, à peine mon maillot de bain enfilé, elle me tendait les bras et m'embrassait si goulûment que le sel de ses baisers m'assaisonnait la peau jusqu'à me redonner l'appétit à la vie... Elle m'accueillait comme une de ses grand-mères idéales qu'ont toujours les enfants dans les contes et elle me berçait, longtemps, doucement. Ainsi réinvestie, à chaque belle saison, par une insouciance lumineuse et heureuse, mon petit corps se laissait balotter des heures pendant que mon coeur chavirait en de merveilleux nauvrages.

Parfois, fatiguée de nos jeux, je m'alongeais près d'elle, sur la grande serviette. Je fermais les yeux et elle me racontait ses histoires de mer...J'aimais son intonation apaisante. Oh, bien sûr, c'était toujours les mêmes récits qu'elle me déroulait alors, espiègle, je n'attendais jamais leurs fins pour les lui faire ravaler à grands seaux d'eau et je riais, je riais, de tout mon bonheur !

Non, la mer n'est plus...

 

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Commentaires
M
Un grand merci à tous pour vos commentaires
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T
Plus de dix vagues et c'est l'amertume ?
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J
Très belle évocation ! Mais c'est peut-être nous qui ne sommes plus ... que l'ombre de ce que nous devrions être vis-à-vis d'elle !
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Y
Quelle complicité entre la mer et toi pendant ton enfance ! Que s'est-il passé pour que tu ne la retrouves plus ? Les années nous font porter d'autres regards sur ce qui nous a enchanté naguère. Et quelquefois ils sont amers.
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V
Comme je comprends, je l'ai vécu différemment, mais tout aussi profondément ce rapport à l'océan. Un très beau texte. Sourire
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L
Comme c'est joli et poétique .... <br /> <br /> Et que ne ferait-on pas pour relever le défi des "tes pas cap"
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V
Qui l'a démontée ? Nul ne le sait
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A
la mer me manque aussi :-)
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K
Elle n'est plus là ou alors on nous l'a changée... ou notre vision d'elle n'est plus la même, peut-être ? Non, plus du tout la même... Texte magnifique, Maryline !
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P
Superbe, touchant et poétique ! Cette mer a des attentions de mère...
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W
Hélas, remplacée par du fuel lourd ?
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