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Le défi du samedi

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11 septembre 2010

Romarin (Vegas sur sarthe)

Un soudain coup de vent venu d'un ciel d'encre aux étoiles éteintes ouvrit brusquement le gros dictionnaire rescapé du cataclysme.
Hugo souffla sur la relique aux pages noircies de cendres et lut au hasard:

Pa...tri...moine : Ensemble des biens hérités des parents, des biens d'une communauté, d'une collectivité.
Il avait eu du mal à lire après le mot parents, sans doute à cause de cette larme suspendue aux cils et qui brouillait tout. Alors le vent l'avait séchée avant de tomber, laissant place à ce calme pesant auquel il s'était pourtant habitué; bien protégé sous un cône de papier translucide, le petit pot de terre n'avait pas souffert de la risée et il n'osait regarder de trop près son brin aux feuilles verdâtres qu'il avait baptisé Romarin, de peur qu'il ne s'étiole rien qu'en l'observant.
Il l'avait cueilli entre deux grosses pierres de lave comme on recueille un trésor inestimable dont le parfum entêtant lui faisait oublier l'odeur acide des vieilles conserves.
Il avait fait le plein des gourdes et calculé qu'il y en aurait assez pour Persil et lui pendant leur long périple.
Du haut de ses sept ans il contempla l'horizon obscurci, ferma la lourde porte de bois derrière lui et chargé de son précieux chargement, il prit la route.
"En route Romarin, on a du boulot"    

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11 septembre 2010

Patrimoine ni trisomique mais presque (Poupoune)

Il avait le cheveu rare et d’une couleur indéfinissable. Les quelques mèches éparses qui ornaient le dessus de son crâne étaient d’un genre de blond-roux pâlichon. Les longs poils raides qui lui chatouillaient la nuque étaient plutôt bruns, mais tiraient sur quelque chose d’un peu verdâtre selon l’éclairage.

Il avait les yeux vairons : le gauche était marron et le droit était de verre. Et vert. Parce qu’il était aussi daltonien. Le regard bicolore peut dégager parfois un charme troublant, mais rarement quand s’y ajoutent un strabisme aigu et des lunettes à foyers multiples, posées sur une excroissance nasale croche et disproportionnée.

Sa bouche aux lèvres trop minces s’étirait bizarrement sur toute la largeur de son visage, comme pour souligner l’incongruité disharmonieuse de l’ensemble. Son menton sur lequel poussait une verrue à trois poils se perdait dans un cou trop large posé sur des épaules trop étroites et de guingois.

Il avait la poitrine glabre et le dos velu. Ses bras étaient d’une longueur totale normale à eux deux, mais le gauche était trop court et le droit trop long. Tous deux en revanche se terminaient par une main épaisse aux doigts boudinés. Ses jambes étaient arquées et il avait un pied-bot.

Par chance la nature l’avait également doté d’un esprit simple et il n’avait commencé à prendre conscience de sa disgrâce et à en souffrir que tardivement. Ce n’est qu’à l’approche de la trentaine qu’il commença à se sentir un peu seul et se mit en quête de compagnie. Et c’est tout naturellement qu’après cinq ans d’échecs et de déceptions il décida d’avoir recours aux petites annonces et sites de rencontres.

Hélas, les rares femmes qui ne lui avaient pas demandé de photo et n’avaient pas été rebutées par sa bêtise singulière avaient fait semblant de ne pas le reconnaître avant de fuir le lieu du rendez-vous qu’elles avaient par mégarde accepté. Il sentait poindre le désespoir et commençait à envisager l’adoption d’un animal de compagnie quand il était enfin tombé sur LA petite annonce faite pour lui. Il était sûr d’être exactement l’homme de la situation et avait apporté un soin tout particulier à la rédaction de sa réponse : il n’était pas question de rater cette occasion. Et il ne l’avait pas ratée. Il avait obtenu un rendez-vous deux jours plus tard.

Quand elle était entrée dans le bar, il avait tout de suite senti que c’était elle et son ventre s’était noué à l’idée de la voir détourner le regard et prendre ses jambes à son cou sitôt qu’elle l’aurait reconnu, mais elle n’en fit rien. Au contraire son visage s’éclaira dès qu’elle le vit. Il se dit que quelles que soient les motivations de cette femme, il était heureux d’avoir bien précisé dans sa lettre « très gros patrimoine ». La généticienne était radieuse en s’asseyant à sa table.


11 septembre 2010

Patrimoine (Sebarjo)

Le Beaubourg des enfants

Partie moindre du Patrimoine ?

Beaubourg_fontaine_recadre




Dans le hall du centre Georges Pompidou, si vous tournez tourner à gauche,vous trouverez une zone qui se cache dans l’ombre et qui a été oubliée par le fléchage alentour. On peut la repérer, si l’on a l’ouïe fine, grâce à des cris d’enfants qui éclatent de joie ou de pleurs. C’est le Beaubourg des enfants, un endroit dans lequel sont conçues des expositions rien que pour eux. Les parents ne sont plus dès lors que de simples accompagnateurs et ne participent aux activités proposées que s’ils ont gardé en eux, une part d’enfance suffisante. Je me souviens qu'on pouvait y voir et toucher quelque chose qui résonnait comme un écho ludique à la grande rétrospective comparative Matisse-Picasso.

Un dimanche, nous avons parcouru cette ludothèque de Musée, avec notre fils alors âgé de seize mois. Dans la première partie, des enfants plus grands essayaient de croquer des éléments picturaux figurant dans différentes toiles de Matisse ou Beaubourg_serpent_recadrePicasso. Mais le meilleur venait après. Il s’agissait de ce renfoncement au plancher en pente, où les plus petits pouvaient se trouver à leur aise. Mon fils s’en donna à cœur joie. En cette antre éduco-culturelle, il fallait composer son propre tableau, en déposant sur une surface en peinture métallique, des aimants représentant des motifs figuratifs extirpés des œuvres des deux artistes. Arthur allait et venait, de la réserve d’images magiques à son cadre en construction, et plaçait des éléments en les superposant. L’ensemble finit par avoir l’allure d’un collage cubiste. Toutefois, ce qui lui plut le plus furent ces miroirs situés aux extrémités de cette salle, derrière les choses tactiles et visibles. Il ne se lassait pas de s’y mirer, s’admirant et approchant de son reflet jusqu’à effleurer le tain, pour finalement l’embrasser avec contentement. Un petit Narcisse rieur naissait au pays de l’art. Ce qu’il ne savait pas c’est qu’il n’en avait pas fini avec le jeu des transparences et des rutilances plus ou moins intenses.

En effet, après être sorti de ce salon d’exposition, il déambula dans le hall, et après avoir effectué des zigzags aléatoires et ondulatoires, il courut comme pour en sortir. Il fonça droit dans une vitre trop propre qui donnait sur ce grand espace piétonnier et souvent animé, faisant front à Beaubourg et à sa gigantesqueBeaubourg_elephant_recadre tuyauterie, qui est comme une plage pavée au cœur de Paris. Il tomba à la renverse, pleurant à cause d’un mal certain, d’une surprise entraînant la peur et de l’incompréhension d’un tel phénomène. Il y avait pourtant un point jaune peint sur cette large baie vitrée pour indiquer aux distraits que, là n’était pas la sortie. Hélas ce soleil opaque et naïf, surgissant de l’invisible, était dessiné trop en hauteur pour notre petit bonhomme de soixante-dix-huit centimètres. Mon fils avait une lèvre qui saignait mais après avoir subi un rinçage à l’eau froide de cette labiale rougie, il se consola bien vite en suçotant des quartiers de mandarines. Il s’était bien amusé malgré cette chute malheureuse. En rentrant, il put contempler avec nous, une une envolée de pigeons sous le soleil couchant et le ciel flamboyant sur la tour Saint-Jacques. Une mélodie poétique chantait dans nos cœurs, chassant l’orage d’une musique vrombissante et à la rythmique sourde.


11 septembre 2010

PATRIMOINE (Lorraine)

J’ai reçu en héritage
Un ruban pour mes cheveux
Pas d’argent, pas d’avantages
Mais un petit cœur joyeux 

J’ai reçu en héritage
De la gaîté quand il pleut
La tête dans les nuages
Et de très beaux rêves bleus 

J’ai reçu en héritage
Un crayon, oui c’est très peu
Mais écrire des jambages
Mène très loin si on veut

J’ai reçu en héritage
La promesse de tes yeux
Le bonheur en mariage
Le désespoir de l’adieu 

Il me reste l’ héritage
De souvenirs douloureux
Et parfois, comme un voyage
Je nous revois tous les deux


11 septembre 2010

Une bâtisse idoine au patrimoine (trainmusical)

Dans un champ d’avoine

Avec des pivoines

Et des aigremoines

Butinées par des cétoines

Se dresse un couvent de chanoines

Une bâtisse idoine

Au patrimoine.

 

Les murs sont ornés de stramoines

Avec des meubles en Amboine

Décorés de calcédoine

Une gravure sur sardoine.

 

Dans les jardins tenus par les moines

On y trouve aussi de la bétoine

Toutefois pas d’antimoine.

 

Dégustons de la Tête de Moine,

Ça appartient autant au patrimoine.


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11 septembre 2010

JE M’ETRANGLE ! QU’A-T-ON FAIT DE MON PATRIMOINE ? (Cédille)

 Il n’est pire eau que l’eau qui dort, et je sens que les festivités sont ouvertes pensa Roselita en entendant un crissement de freins devant le perron. Elle avait reconnu le bruit incomparable de la Bugatti de Mademoiselle Anne-Charlotte, le modèle Type 101 sorti en 1951 mais si beau dans sa carrosserie rouge cramoisi ! Lorsque Mademoiselle Anne-Charlotte arrivait Roselita savait qu'elle bouleverserait l'ordinaire !

Elle se précipita pour l’accueillir, en bonne gouvernante qu’elle était. C’est que, dame, Mademoiselle Anne-Charlotte était la seule à se montrer généreuse et elle ne comptait pas ses largesses envers la gouvernante qui faisait aussi office de femme de chambre et de cuisinière au château. Grâce à Anne-Charlotte, Roselita pouvait se pavaner lorsque, profitant d’une journée de congé, elle se rendait en ville. Quelquefois malgré tout elle avait hésité avant de mettre telle ou telle robe, des vêtements de prix certes mais qui ne cachaient quasiment rien de ce qu’ils étaient censés cacher …

Précédée, suivie, enveloppée d’effluves d’un parfum capiteux (Roselita avait reconnu Chouchou de Cherlin) Anne-Charlotte avait éparpillé ses nombreuses valises dans le grand hall, jeté ses gants sur la bergère Louis XV et s’était affalée sans élégance sur la Chaise de la Reine, judicieuse petite merveille d’époque percée d’un trou circulaire sous lequel, à l’origine, était placé un seau très utilitaire ! Cette chaise faisait l’objet d’une dévotion particulière de toute la famille : La reine Marie-Antoinette y avait paraît-il posé son séant !

Anne-Charlotte n’eut pas le temps de se détendre. Une voix à l’accent pointu avait retenti :

- Aaaahhh ! Vous voilà enfin ma fille !... Mais, ne vous jetez donc pas ainsi sur LA chaise !

Anne-Charlotte soupira et se dit que les amabilités étaient lancées !

- Bonjour Mère s’entendit-elle répondre la tête ailleurs. Comment  vont vos jambes ?

- Vous vous faites si rare ma chère, ne me dites pas que vous vous en souciez ! Ma sciatique résiste à tous les traitements  et le docteur MEUSIER est au-dessous de tout, d’ailleurs je l’ai remercié et j’ai changé de médecin !

En geignant elle donna quelques ordres à Roselita qui ne perdait pas une miette de la joute qu’elle sentait naître, puis le silence se fit. Mère et fille n’avaient déjà plus rien à se dire même si elles ne s’étaient pas vues depuis presque une année.

Anne-Charlotte sortit une Gauloise sans filtre de son étui en or et lui ajouta un chewing-gum Hollywood qu’elle se mit à mâcher bruyamment et avec toute la conscience dont elle était capable. Madame Mère haussa les sourcils puis hoqueta. Ses yeux avaient pris une teinte d’orage !

- Mais !... Vous n’y pensez pas ma fille !  Votre comportement laisse de plus en plus à désirer ! Non seulement vous vous affalez cuisses ouvertes sur la chaise de la reine mais voilà que vous fumez, vous mâchez ! C’est d’un commun ! De la tenue que diable ! Franchement ma chère, vous faites  peuple !

- C’est mieux que d’se payer une bonne bourre répondit Anne-Charlotte s’oubliant totalement ! C’est moi qui banque, pas besoin de gueuler comme un chabannais. Si ça démarre comme ça je mets les bouts,  je me casse à Chicoutimi ou à Dunkerque ! Peuple ? Vous avez dit Peuple ? ! Mais qu’est-ce que j’en ai à battre moi, que ça fasse peuple ! J'ai quand même le droit de me payer une bouiffe et je sais encore que mon derrière m’appartient, non mais des fois… !

Madame Mère, au bord de l’étranglement, et à la limite extrême de la crise de nerfs, s’effondra en pleurs  non sans avoir montré d’un doigt impérial, la porte à Anne-Charlotte !

- Mais où avez-vous donc appris ce langage ? Vous parlez comme une charretière… Que dis-je… une fille à soldats ! Qu’ai-je fait pour mériter une chose pareille ? Vous avez été éduquée comme il se doit, j’en connais encore le prix gémit elle, oubliant que dans la noblesse parler d’argent est inconvenant ! Je parie que vous ne savez même plus comment se mangent les asperges !

Anne-Charlotte failli briser ses dents et eut un hoquet. Manquerait plus qu’ça pensa-t-elle. La vieille se douterait-elle de quelque chose, sinon pourquoi aurait-elle parlé d’asperges ?

- Dans l’aristocratie on ne parie pas non plus rétorqua Anne-Charlotte, puis elle se dirigea vers les jardins après avoir calmé ses nerfs sur la superbe porte d’entrée dont les vitres volèrent en éclat ! Cet effondrement fracassant acheva Madame Mère !

- Je l’avais prédit, pleurnichait Roselita, et elle s’apprêtait à remettre les choses en état lorsqu’un cri de stupéfaction se fit entendre !

- Le bassin à la française ! Qu’a-t-on fait du bassin à la française ? Roselita, viens ici, explique !

Devant Anne-Charlotte ce qui avait été un bassin dessiné par LE NÔTRE n’était plus qu’un vulgaire trou d’eau boueuse.  Amas de terre et tuyauteries en tous genres s’étalaient sur les rosiers et un plongeoir dormait sur la petite haie de buis !

- Calmez-vous ! Mais calmez-vous donc Mademoiselle supplia Roselita… C’est que votre mère a décidé de transformer le bassin en piscine… Un coup d’jeune qu’elle a dit. D’ailleurs, vous le verrez, tout ou presque a été transformé ici. Autant que vous le sachiez les haras servent à présent de salle à manger,  Madame a exigé un bar  (chic et de bonne tenue cela va sans dire) et il y aura des douches dans les communs.

- J’ai plus qu’à me foutre une cartouche dans la cafetière hurla Anne-Charlotte ! Et dire que je m’encagasse sans arrêt avec ce domaine ! J'turbine moi, pour payer les factures ! C'est la mort de mon patrimoine historique ! C’est la fin des haricots !... Gaffe se dit-elle, je m’oublie, ici je suis Anne-Charlotte DE L---, je sens que je vais devoir être sur mes gardes…

-… Et attendez… C’est pas tout dit Roselita ravie de voir se déliter la Mademoiselle !... Le château… Ben c’est plus vraiment un château, mais moi j’dis rien hein ! D’ailleurs j’sais presque rien sauf que les grandes chambres de l’étage ont été divisées pour faire plein de petites. Madame a fait mettre aussi des bougeoirs en bronze sur toute la longueur de l’escalier d’honneur, elle dit que c’est pour impressionner les clients !

- Les clients ? Mais quels clients ? Les clients de qui ?

- Ben, mais les clients de l’hôtel Mademoiselle ! C’est un hôtel maintenant, depuis une saison déjà ! D’ailleurs voici l’un de nos meilleurs pensionnaires ! Bonjour Monsieur BERNARD minauda t-elle ! Bonne promenade ?

Devant Anne-Charlotte se tenait un costaud au regard de braise,  large sourire, dents  carnassières en or, borsalino  voilant la braise des yeux. Un air de « me touche pas de trop près ou je t’en colle une ». Un gourmand de première classe, ça se voyait à l’œil nu ! L’odeur d’un cigare enveloppait le tout comme un paquet cadeau.

- ça c’est un Cohiba pensa Anne-Charlotte…. Et celui qui mord le cigare c’est… Oh my God, mais c’est… ! Se fut sa dernière pensée, ses yeux roulèrent et elle eut l’impression fugitive des nuages qui fondaient sur elle plus vite que le son… Elle venait de perdre connaissance.

Cris de Madame Mère, gémissements de Roselita, lorsque Anne-Charlotte revint à elle, elle vit ces deux-là, inquiètes au-dessus d’elle, comme des poules en recherche de couvée. Mais il y avait aussi Monsieur BERNARD !  On le vit sourire de tout l’or de ses dents et avaler en un baiser goulu les lèvres d'Anne-Charlotte ! Surprises, ces lèvres-là n’hésitèrent pas longtemps entre bienséance et gourmandise. Monsieur BERNARD fut dégusté comme une fraise juteuse !

Au bout d’un temps qui avait laissé Mère et gouvernante à l’état de statues de sel, Monsieur BERNARD se redressa et l’on entendit sa voix de basse murmurer :

- Alors comme ça Gina on prend des vacances chez les Aristos ? J’suis bien content de te retrouver ici. La cambrousse ça ne me va qu’un temps mais j’ai dû me mettre au vert et décambuter de Paname quelques temps ; j’ai esbigné comme dirait ton Marcel (Madame Mère n’en perdait pas une !)…Ah tu sais (soupirs) j’en ai payé des douloureuses, j’ai fait le con, j’ai trop éclusé… Finalement je me suis fait coincer par GARLON (c’est un commissaire, ajouta BERNARD à l’intention de Madame Mère). Deux ans au trou, j’ai supporté mais j’ai voulu voir du pays alors j’ai monté une affaire à Caracas… J’étais pas à plaindre là-bas, y a des filles autant que t’en veux, question nibards c’était chouette… Mais pas tant qu’toi  Gina ! Question santé ça va, j'me maintiens, même si j'ai eu un temps la panique... J'ai eu peur d'avoir attrapé la chtrouille, ça m'a emberlingué longtemps, j'avais des fraises pas tagada sur mon ensemble trois pièces mais t'inquiète pas, ça brille comme avant et c'est tout neuf ! Oh puis tiens, j'ai comme un besoin là, urgent qu'il est Pépette, un tite bourrée exotique d'une heure pour pas cher, ça te dirait ?

Madame Mère était au bord de l’apoplexie !

- Dis ! T’as pas augmenté tes tarifs quand même ! Pour moi ce sera les mêmes gourmandises qu’autrefois ! Je m’en souviens comme tu les faisais bien !

Se redressant comme une paonne javanaise, Anne-Charlotte alias Gina, retrouvant comme par miracle son accent des faubourgs, lança à sa comtesse de mère :

- Eh bien voui ! Voyez-vous mère, je suis comme qui dirait dans les asperges ! Autrement dit je suis une fille, une vraie, une rabatteuse, une qu’a pas peur des heures sup ! Au turbin j'suis Gina ! Vous faut-il un dessin ou ça va comme ça ? Pas la peine de faire votre tête de Gauloise, c'est tel que j'vous l'dis, j'prends cher, pas moins de 400,00 euros la moitié d'une heure, j'ai un statut et j'y tiens, pas question de mandaver ! Et j'entretiens tout ça croyez-le bien mère, j'ai une bien belle minche (que je tiens de vous d'ailleurs) et je la soigne ! Traduis Roselita et dit à la patronne, pour faire simple, que sa fille racole !

… Et c’est ainsi que Madame Eléonore DE L---, comtesse de son état, découvrit que sa chère fille Anne-Charlotte, celle en qui elle mettait il y a peu tous ses espoirs, vivait de ses charmes (qu’elle avait nombreux) sur les boulevards mal famés de la capitale !


Madame Mère se dégonfla et s'effondra comme un soufflé  raté…  On a la noblesse qu’on peut !

   

11 septembre 2010

Du Dictionnaire loufouque de la frange lancée (Joye)

patrimoine1

4 septembre 2010

Défi #114

Après ces semaines d'été

enrichies de vos nombreuses participations

laissées à votre choix

-et ce fut un vrai plaisir de les recevoir et de les lire -

nous revenons à présent

au cours normal de nos défis du samedi.

Pour ce défi #114 un mot vous est proposé ...

A vous d'en tirer la "substantifique moelle" ...

Ce mot est :

PATRIMOINE

Vaste programme ! Vous nous enverrez vos trouvailles

à l'adresse habituelle

samedidefi@hotmail.fr

A très bientôt donc ...

4 septembre 2010

« Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages... »

Chers camarades du samedi,


Vos serviteurs soussignés ont décidé de s'éloigner du poste de pilotage des défis.
Nos amis MAP et Walrus tiennent ferme la barre du vaisseau amiral ; les croisières hebdomadaires se poursuivent : amusez-vous bien !

Valérie, Papistache.

4 septembre 2010

Nous ont déjà lancé leur défi de l'été N° 9 :

4 septembre 2010

Défi 17 : la petite boite à bonheur….. (Rsylvie)

Ma petite boite à bonheur est taillée dans le chêne. De ce bois noble et chaud, qu’est celui de nos forêts.  Elle n’est pas bien grande. Cela n’est pas grave, je ne suis pas gourmande, juste friante d’un joli capitonnage en cellulose, pour m’y glisser doucement. Et cela quelque soit l’heure, mon appétit est sans limite.

Ma caissette n’est pas toute jeune, c’est pour cela que je l’aime. Elle a traversé les ans. Et par tous temps ! même humide, elle me plait. J’aime passer ma langue le long de ses fibres.

Ce petit coffre est une authentique œuvre d’art, sculpté de part en part des morsures de dents d’étalon trop z’ailé lors de la parade nuptiale.

En fait, c’est mon petit garde-manger secret ! Dedans je collectionne copeaux, miettes pareilles à celles du taille crayon, sciure et autres poudres ambrées. j’ai souvenir de camarades soldats et ouvriers qui vivaient dans les arbres ou arbustes sur pied, jaloux et prèts à tout pour acquérir un tel trésor. Mais bec et ongles,  je saurais le défendre!

Cercueil

signé « petite termite rouge »

4 septembre 2010

Deux en un -défi #88 et défi #109- (MAP)

VERT

4 septembre 2010

Défi 18 (32Octobre)

Défi #18
32_11

En 2018, j’aurais, si je n’ai pas oublié de me réveiller avant, tant que cela… recomptons… 132 ans… La science aura-t-elle fait autant de progrès que cela pour me maintenir en vie si longtemps. Si, vous croyez… Donc admettons, que je sois toujours là et que je puisse vous raconter 2018 et avant.

 

Donc nous sommes le 32 octobre 2018 et nous devisons, assis sur cet évadé d’un parc anglais.

 

En 2018, assis sous un arbre, nous bavardons entre amis, si on peut dire car je pense qu’à part moi, les autres ont quelques petites pertes de mémoire certainement. Je vous assure je ne fais pas mes 132 ans et je me porte comme un charme. D’ailleurs, que personne ne vienne me prendre ma place sur cette assise qui est à peine confortable mais sur laquelle je viens poser mon séant depuis plus de cinquante ans maintenant. Plus facile que j’habite dans cette maison dite pour super-seniors que de rester à la charge de mon fils par exemple qui a atteint péniblement ses 100 ans, la semaine dernière mais qui a du mal à se déplacer sans ses deux cannes. Alors que moi, regarder, capable de vous faire les pas de danse de Gene Kelly sous la pluie.

 

En 2018, cela fait déjà de nombreuses années que je fréquente ce parc. La couleur des banquettes en bois a changé au cours des années. Toujours peints en vert mais pas toujours le même. Il y a eu l’époque vert menthe, vert anis, vert de gris, vert printemps même vert kaki même celui que j’ai préféré vert pomme. En ce moment, ils sont verts citron.

 

En 2018, j’adore quand mon arrière-arrière-arrière petite fille vient me voir. Son prénom est le plus beau que je connaisse, Doli, l’oiseau bleu en culture amérindienne. Elle vient me voir tous les jeudis et c’est notre après-midi cadeau. Nous nous asseyons toujours au même endroit et elle me raconte sa semaine passée. Elle me fait rire.

 

En 2018, j’en ai encore des souvenirs à vous raconter mais cela va être l’heure de mon whisky journalier. Chut, ne relevez pas mon secret de jouvence…

 

@ bientôt

 

4 septembre 2010

Le songe fabrique l'enfance (Venise)

Couverture de livre pour enfants de 5 à 9  ans

venise2

4ème de couverture

Les jours de fête, quand le songe s’installe, le visage ne sourit plus trop préoccuper à ne rien négliger du rêve qui avance. « Il ne faut rien négliger de ce qui aide à vivre », dit le chien, gardien des rêves de l’enfance. La musique est intense et Mozart lui même en personne s’est dérangé pour l’orchestration de cette joyeuse sieste.

Précipité dans ce sommeil diurne, l’enfant ne peut deviner la voix ensoleillée du père qui veille. Même une puce sortie tout droit de sa chemise se serait bien gardée d’éveiller le repos du songeur.

A quoi donc rêve-t-il ? Qu’importe ! La connivence entre lui et son ami est parfaite. Il avait déjà en partage la confiance et la fidélité de l’animal. Le sommeil cicatrise toutes les peines. Le sommeil a cette faculté de transformer la douleur en courage

Cet après-midi l’enfant voit toutes les manières de sentir le monde. « Elles sont toutes bonnes », dit son ami sur son épaule.

Le ciel n’est pas encore assez bas pour entendre bruisser les anges.

 

L’auteure

 

Venise, auteure pour petits… et grands

 

Son cinquième livre dans notre collection « Yeux grands ouverts »

Elle s’y adresse plus aux parents en leur disant que le sommeil de l'enfance est l'affaire des grands. Mais ils partageront ce livre pour faire faire de beaux rêves à celles et ceux à qui ils feront la lecture…

4 septembre 2010

Voyage en Lorraine été 2010 (KatyL)

défi 63

J'ai aimé tant cette Lorraine d'été 2010 , je vais vous dire mes découvertes..

la balade au val d'Ajol
RDV avec un ami qui nous offre le resto!! hum! "la résidence du Val d'Ajol" c'est un *** logis de France
il mérite une étoile, de plus sa cuisine , son accueil, le service, le cadre.. quel souvenir inoubliable  et gustatif!!

le coucher de soleil sur les étangs des cygnes
rien de plus beau!! les cygnes blancs glissent sur l'eau avec leurs petits et vont se coucher comme le soleil s'apprête à le faire et nous sommes là, à prendre cet instant d'éternité en photo ...

les chats des rues
Il y en a partout sur les murs sous les porches , sur les maisons, sous les fleurs, certains se baladent flemmards d'autres s'étirent, enfin quelques uns se font des câlins .. c'est l'heure du soir où tous les chats sortent et vivent
en toute liberté ....

les copines
repas avec les copines de travail avant les vacances on ne va pas se quitter comme ça ... on rigole comme des gosses
on dit des bêtises, comme ça fait du bien!! on se promet des cartes postales, on s'embrasse .. allez RDV en septembre!!
repas avec une  copine retrouvée, tu parles Elisabeth cela fait 15 ans que l'on s'est perdues de vue elle et moi !! !Alors ça va y aller la  vie à refaire en arrière .. et toi ? et toi ????on s'est quittée la veille en fait, le même plaisir de se parler, de rire, la même osmose, ah! le bon repas et alors les hommes ont eu les oreilles qui sifflent!! Ah les  filles entre  elles .. c'est pour rire...

les brocantes
on adore ADOOOOOOOOooooore les brocantes , les vendeurs, les acheteurs, la faune ...et les odeurs de frites
saucisses , les trucs incroyables que l'on trouve affreux et même que l'on se demande comment ces choses là existent et qui les a achetées ??? puis tous les trucs des pauvres gosses!! des montagnes de jouets et fringues !!! sans compter la vaisselle ébréchée qui tient avec de la colle et recolle mais ça ne se voit pas pense le vendeur (pièce rare )
heureusement il y en a quelques pièces vraiment  rares et là enfin on marchande , en souriant et ça marche !!!

les personnages dans les rues
Là j'avoue que je savoure, j'ai un petit calepin avec moi, ou un papier et crayon, parfois l'appareil photo prêt, et lorsque je vois un "personnage" amusant dans la rue je crayonne , j'ai un classeur et une collection amusante, ( sans méchanceté) mais ce sont des gens qui s'habillent de façon "extrême" ou bariolée, ou comme déguisés, ou coiffure colorée ou "spéc" comme dirait mon fils , démarche pittoresque , mimiques qui pour moi sont amusantes , alors je croque ...

Hattonchâtel les arts et artisans

Belle expo en plein air, belle journée de soleil quelques jolies toiles, je discute beaucoup avec les peintres et artisan d'art, je prends des cartes de visite que je met dans mon cahier de contact.. on va manger la fameuse frite saucisse comme il se doit et bal en plein air.. ben on y va !! les gamins courent au milieu, certains dansent comme des "pros" au milieu des badauds hagards , je rie , je danse , je suis heureuse....après visite du château de Hattonchâtel et la brocante/bistrot des amis que je connais depuis longtemps , elle fait de super tartes !! ha ! la ! la !!
Puis le musée Louise COTTIN peintre féminin qui a eu le prix de ROME je le souligne ....j'adore ses bouquets de fleurs si tendres à voir ..
et la vue de là haut!! le pied !! la nature, les jardins, belle journée....

la musique à Toul et ailleurs Lunéville

Aller écouter des groupes de musiciens, je suis devenue "fan" des frères DELFOLIE des guitaristes hors pair
des génies de la guitare, j'en frémis , puis par hasard à Nancy ou bien un groupe blues à Lunéville, alors on reste
on boit un verre, occasion de manger une glace, et surtout de chanter.. je resterai des heures à les écouter..

la découverte des petites cabanes au bord de l'eau
Alors les balades à pied pour garder la forme , on peut dire qu'on avale les km, et on déniche toujours des coins merveilleux, à GONDREVILLE c'est plein d'étangs , des coins sauvages , des coins oiseaux...67 couples de cygnes répertoriés, et des grues, et des canards, et des hérons, des oiseaux dont je ne sais pas le nom, je prends TOUT  en photo , je parle aux canards qui ne se gênent pas pour me faire "coin coin et venir renifler mes godasses...
Puis en poussant un peu, on a découvert un lieu magique avec plein de cabanes ( comme aimerait MAP) elle adorerait le côté sauvage et paisible , il faut prendre des chemins interdits..... et là , j'aime ça...

les bébés cygnes grandissent

on suit avec intérêt un couple de cygne qui a fait 3 petits , dès que nous sommes à Gondreville le soir avant que le soleil ne se couche on va voir la famille et on les voit avec un plaisir non dissimulé , grandir, suivre leurs parents ...

mes bouquets

partout dans la campagne ce ne sont que des fleurs , c'est fou le nombre de sortes de fleurs, j'en fais des bleus et jaunes, des roses, des amusants branches en travers, des couverts de mousse, des enfouis sous les cailloux, de généreux et luxuriants, des grandioses, selon les fleurs, selon l'humeur et l'imaginaire qui ne me fait pas défaut.

les cornichons et confiture , la cueillette des fruits et légumes
A côté de chez nous a eu l'excellente idée de s'installer un cultivateur Bio et alors mes amis quels légumes, les tomates des vraies au goût parfumé, on peut cueillir soi-même les fraises ou carottes, les choux, les salades, il a de  tout,
alors j'ai fait des confitures et de cornichons en bocaux ....bon j'en avais prévu 50 et je me retrouve avec 80 pots de confiture et 15 de cornichons, pas mal !! mon copain a du enlever les noyaux , le pauvre !! mais il a mangé les fruits et les tartes....
Puis on va "grappiller " les fruits des vergers abandonnés et là ça ne manque pas, de quoi remplir les pots d'une caserne....j'en fais en tarte et j'en congèle aussi ...

les amis à la maison , les tables et les repas entre amis chez eux

J'ai des super amis et des voisins amis, les amis des amis./... alors j'ai mis pour quelques uns les petits plats dans les grands et d'autres ont eu le soleil et repas au jardin, mais décor maison , avec végétaux et fleurs.....
Que de bons moments , parfois je fais trop cuire , je parle trop de poésies avec des amis poètes .../... là je devrais faire buffet froid, ils sont si intéressants et ce qu'ils écrivent est si beau, que je ne peux plus déloger de ma chaise....
clin d'œil à mes poètes préférés qui se reconnaîtront.
Puis un soir, j'ai fait "

la Perette

et le pot au lait" à d'autres amis chez qui nous sommes allés dîner, le panier à valsé au milieu de leur salle à manger et des yeux ébahis m'ont regardée ....ces amis là ont demandé à mon compagnon :
"si je lui faisais souvent cela" ," il a dit oui et qu'il en était ravi "...ils sont gentils , mais j'aime beaucoup jouer de surprise et faire ce que l'on attends pas de moi...
En invitations extérieures on a été gâtés aussi, soirée son et lumière à Nancy toujours avec mes poètes et là on s'est payé le luxe de prendre le TRAM..... j'étais aux anges !! je ne l'avais pas pris depuis son installation à Nancy, je me suis revue à Paris ma ville natale...je les ai pris tous en photo ( nos amis) , on a discuté avec un jeune , qui devait nous trouver bien exubérants...mais bon, on a chanté un peu dans la rue .. à notre âge !!
Nous sommes allés chez d'autres amis , reçus aux petits oignons, les maitresses de maison sont d'excellentes cuisinières qui n'oublient pas elles,  leur saumon sur le feu....

la visite des grands enfants ( Madine- Liverdun- Villey et le pédalo)

Mon fils étudiant en Biologie est venu avec sa petite fiancée passer 2 jours à la maison, c'est la fête!!!!
alors après les repas trop copieux, j'ai emmené tout mon monde en balade
Lac de Madine on a pédalé à quatre dans un engin à 4 places ( belle réserve d'oiseaux sauvages )....
à Liverdun on tout fait à pied et photos à l'appui.. quel merveilleux endroit, je conseille à tous ceux qui ne connaissent pas

la Lorraine

d'aller au moins voir ce vieux village perché , il devrait être classé pour moi.. puis nous sommes allés à Villey aux flots bleus faire du pédalo et course de pédalo, mon fils a gagné.. il y avait beaucoup d'algues.. elles se prenaient dans le mécanisme!! amusant!
puis il est reparti mon coeur a saigné, mais il a sa petite chérie pour le dorloter, et elle est adorable ....

Verdun et les morts 14-18
Je connaissais Verdun pour y être allée maintes et maintes fois, mais je n'ai fais que passer sans aller vraiment aux monuments aux morts, sans doute suis je trop sensible ?? mais là mon compagnon a voulu me montrer l'ensemble du monument, de l'ossuaire, on a  tout visité, on a vu les ossements entassés, les films , les photos, les villages anéantis , je suis sortie bouleversée et je suis allée prier sur une tombe inconnue... Mon dieu!
Verdun aussi a de super restos, et un port, quelques boutiques géniales, je pense à un de mes amis qui vit en Italie à Venise et qui était Directeur culturel de cette ville, je vole acheter une carte de "son coin ", pour lui envoyer à Venise,
lui c'est aussi un poète et un auteur compositeur interprète, un motard et un grand baroudeur....
Verdun est à visiter aussi ....vous ne pouvez pas faire autrement...
là au moment où je vous parle il est soit sur sa Harley D soit sur son bateau à remonter la lagune .....

la lorraine alsacienne les maisons les vieux magasins , les monuments, les rues, les habitants , les fleurs, les resto et les boutiques
Alors là , qui ne connaît pas les Vosges alsaciennes , non sans blague et la route des vins....c'est sans commentaires , tout est beau, tout est un bonheur , et la cuisine!! on s'est gênés tiens! un resto à BERHEIM à côté de Ste Hyppolite
ça les Alsaciens ils vous en mettent dans l'assiette et pour un prix raisonnable, bon après il faut faire deux jours de
marche , on l'a fait!

Gélaucourt et Vaudémont ( Sion)

Gélaucourt est le village le plus fleuri de Lorraine, c'est MAGNIFIQUE , du Monet, du jardin anglais, des fleurs et des fleurs .../...  j'y suis allée peindre avec mes élèves et moi seule aussi ...... mais là il y avait des musiciens jazz, trop super les mecs je retourne les écouter à Liverdun en septembre , évidemment j'ai discuté et sympathisé avec eux ....sans compter l'artisanat d'art, verre, cuir , poterie et j'en asse....Super après midi !! que de photos!!
Vaudémont, est  un village en hauteur tout près de Sion , il est très beau car village ancien Lorrain le mieux conservé sous cet aspect anciens, vieilles fermes et bâtisses...resto Bio et un autre Lorrain....là je discute avec les gens du cru , et je repars avec de fleurs à repiquer....je me suis fait une copine de 85 ans et j'ai des conseils pour mes fleurs..

le tout finira en album pour la peinture

Alors si vous venez en Lorraine et s'il vous faut un guide
demandez Katy

4 septembre 2010

Chapitre 9 (Epilogue) - Défi n°113, Où vont ces enfants... suite et fin.

Jules et Juliette se couchèrent tôt ce soir là. Pas qu'ils aient eu à l'esprit, comme ils l'avaient envisagés le matin sur le chemin du retour, de favoriser une nuit plus longue pour finir leur rêve respectif, mais tout simplement parce qu'ils n'en pouvaient plus. Leurs jambes ne les portaient plus et leurs yeux piquaient comme s'ils étaient pleins de savon.

Ils firent leur toilette, embrassèrent leurs parents avec toute l'énergie qui leur restait et allèrent se coucher à huit heures sans demander leur reste. Le marchand de sable ne fut pas long à passer et lorsque leur père alla les border environ une demi-heure plus tard, c'est une respiration lourde et profonde qui l'accueillit dans chacune des deux chambres contiguës.

Il ferma les deux portes et descendit l'escalier en silence pour aller rejoindre sa femme dans la cuisine dont il ferma la porte derrière lui. La soirée était chaude en cette fin du mois d'août et il n'était nul besoin de laisser monter dans les chambres la chaleur de la cuisinière, bien au contraire, il ouvrit même la petite fenêtre pour créer un léger courant d'air.

 - Tu as vu comme leurs yeux pétillaient quand ils parlaient de leur week-end !

 - Oui.

 - Je n'ai pas put un placer une depuis que je suis rentré tellement ils parlaient sans arrêt.

 - Et encore tu n'es arrivé qu'à sept heures, imagines moi, toute la journée avec eux, et la tyrolienne par ci et le feu de camp par là, pas une minute de répit.

 - On va peut-être devoir manger des patates gralées pendant une semaine pour passer la rentrée mais ça vaut largement le coup quand on les voit aussi heureux tu ne crois pas ?

 - C'est sûr. Et puis ça ne changera pas beaucoup de toute façon.

Ils éclatèrent de rire ensemble et la chienne se mit à aboyer de concert.

A peine endormis, les deux enfants sombrèrent dans un sommeil profond, aussitôt envahi par les rêves. C'est Jules qui le premier fut emporté par les bras de Morphée...

Le lieutenant Roste arriva au commissariat avec une mine dépitée et les traits creusés. Il avait passé la nuit dans sa voiture devant le siège de la BNG à surveiller d'éventuels allers et venues jusqu'à six heures, jusqu'à ce qu'une deuxième équipe de policiers en civil viennent le relever. La nuit avait été longue, pas un mouvement à signaler, pas une voiture n'était entrée ni sortie du parking et aucun piéton n'avait franchit les grandes portes vitrées automatique de l'immeuble. Le gardien avait fait ses rondes habituelles sans que rien ne vienne le perturber, un vrai métronome s'était dit le lieutenant.

 - Bonjour Durand.

 - Bonjour Lieutenant, bien dormi ?

 - Très drôle Durand, t'as fait l'école du rire en plus de celle de gardien de la paix ?

 - Oh vous fâchez pas Lieutenant, c'était pas méchant, un café ? Il y en a du tout frais !

 - Excuses moi Durand, la nuit a été courte et il ne s'est rien passé, juste une sensation bizarre. Je veux bien ouais.

 - J'vous amène ça.

Le lieutenant s'installa à son bureau, consulta rapidement les notes d'appels manqués et appela la patrouille en planque devant la BNG. Rien, toujours rien. Il était un peu plus de huit heures, les premiers occupants de l'immeuble n'arriveraient pas avant une heure.

  - C'est ça les bureaucrates, se lamenta-t-il.

 - Voilà vôt' café Lieutenant.

 - Merci Durand.

 - Vous avez parlé d'un truc bizarre tout à l'heure, c'était quoi ?

 - Il ne s'est absolument rien passé cette nuit, que dalle, du coup j'ai pas arrêté de cogiter et plus je pensais à cette affaire plus j'avais la sensation de connaître notre ex disparue.

 - Comment ça ? On sait son nom maintenant, soit vous la connaissez, soit vous la connaissez pas.

 - Je sais Durand, je t'ai dit que c'était bizarre. Par moment c'était comme si... c'est difficile à expliquer.

Le lieutenant sembla se perdre dans ses pensées, Durand le laissa seul.

Juliette se retourna dans son lit, tira la petite couverture rose sur son oreille et ne bougea plus.

Max Eloie avait fini par passer la nuit chez son psy. Celui-ci refusait catégoriquement de la laisser rentrer seule dans son appartement, trop dangereux d'après lui. Il avait réussi à la convaincre de rester dîner et dormir chez lui en lui faisant miroiter un carpaccio de thon, des linguine del mare et un tiramisu au pain d'épices, le tout accompagné d'un merveilleux Chianti d’après lui, sans oublier la promesse de l'aider dès le lendemain matin à confondre ses employeurs.

 - Vous avez bien dormi ?

 - Très bien je vous remercie. C’est vraiment très gentil à vous de m’avoir hébergé cette nuit, en plus de l’excellent dîner. C’était la première fois que je dormais sur un futon, c’est remarquablement confortable et les estampes aux murs sont très comment dire... « gay ». Le psychothérapeute rougit légèrement.

 - C’est bien normal et ce n’était vraiment pas grand-chose.

 - Je ne crois malheureusement pas que tout le monde pense comme vous Jean François.

 - Thé, toasts, marmelade ?

 - S’il vous plaît, ce sera parfait.

Pendant qu’il préparait le thé et les toasts, la jeune femme ne dit pas un mot, des bribes du rêve qu’elle avait fait cette nuit lui revenaient.

 - Voilà, lait, sucre ?

 - S’il vous plaît, oui.

 - Vous sembliez bien loin.

 - Oui, je repensais au rêve que j’ai fait cette nuit, très étrange.

 - Racontez moi ça, j’adore interpréter les rêves !

 - Je ne m’en souviens pas vraiment, mais dans les grandes lignes, j’étais allé voir la police et je suis tombé sur quelqu’un que je croyais connaître et cette impression persiste. Je n’arrive pas à voir son visage mais il me semble que nous avons une histoire commune. Pourtant je ne connais personne dans la police j’en suis sûre.

 - Nous verrons ça plus tard. Quel est le programme pour ce matin ?

 - Moi je vais à la BNG reprendre mon boulot comme si rien ne s’était passé et surtout sans faire allusion à VOYELLE, je fouille dans l’ordinateur et je les laisse venir. Vous, vous vous occupez de vos patients qui ont bien de la chance de vous avoir comme psy.

 - Au moindre pépin vous m’appelez et ce soir je veux un rapport circonstancié dés que vous rentrez, c’est bien compris ?

 - Chef ! Oui ! Chef !

 - Très drôle... promettez le moi.

 - Promis.

 - Dans le dressing de votre chambre vous trouverez quelques vêtements qui devraient vous aller, ce sont comment dire, des déguisements... Il rougit à nouveau.

Ils finirent leur petit déjeuner en parlant de tout et de rien. Maxime trouva effectivement de très beau vêtements de femme, à peu près à sa taille. Après avoir chaleureusement embrassé son hôte, elle chercha une entrée de métro, s’y engouffra et quelques minutes plus tard, elle était debout, face à l’immeuble de la BNG.

La porte automatique, un rapide bonjour au gardien, l’ascenseur, la porte vitrée et la voix si naturelle et pourtant si artificielle.

 - Docteur Eloie ? Veuillez regardez l’objectif en face de vous pour l’identification rétinienne s’il vous plaît.

 - ...

 - Un instant je vous prie Docteur Eloie.

 - Un problème Saxo ?

 - Pas du tout Docteur mais n’ayant pas été informé de la date exacte de votre retour, il me faut quelques minutes pour réactiver vos accès. Veuillez m’en excuser Docteur.

 - Cela ne fait rien Saxo, je ne suis pas si pressé de reprendre, on finit par prendre goût aux vacances en fait, quand on en prend.

Quelques minutes passèrent effectivement avant que Saxo n’ouvre le sas. Le docteur Eloie soupçonna fortement l’intelligence artificielle d’avoir profité de ce laps de temps pour avertir les membres du conseil d’administration et surtout son cher patron.

Lorsqu’elle entra dans son labo elle ne remarqua quasiment aucun changement. Il ne faisait pas de doute que si elle n’avait pas recouvré la mémoire la veille, rien ne l’aurait choqué en revenant travailler. Tout ce qui pouvait de près ou de loin permettre de faire un lien avec une quelconque méthode pour produire de l’électricité avait disparu.

Elle alluma son ordinateur. Tous les répertoires ayant trait à Uwe Schröder ou aux bactéries qu’il avait étudié avait été supprimés, ne restaient que la partie traitement des déchets. Elle se demanda si VOYELLE se trouvait toujours dans le parking, mais impossible d’aller voir sans attirer immédiatement l’attention.

La porte s’ouvrit sans avertissement préalable. Il n’y avait pas cinquante personnes que Saxo aurait laissé entrer sans demander d’abord la permission au titulaire du labo, une seule en fait, Philippe Estrosi.

 - Max ! Ma chérie. Tu aurais dû m’appeler, je serais passé te prendre ou j’aurais envoyé mon chauffeur. Comment te sens-tu ? Je vais appeler le docteur Thibaud, c’est lui qui s’est occupé de toi après ton malaise, je te conduirai à son cabinet dès qu’il m’aura fixé un rendez-vous. Il vaudrait mieux que tu rentres en attendant.

 - Non, ça va, j’ai besoin de travailler, tourner en rond dans mon appartement ça me met les nerfs en pelote, tu me connais...

 - Bien sûr, je comprends. Je passerai te prendre plus tard. Il déposa un baiser sur la joue de la jeune femme qui retint de justesse un frisson.

Le Président de la BNG sortit.

Elle passa le reste de la matinée à chercher les traces des autres immeubles que la fondation pouvait posséder ou d'anciennes recherches qui auraient été étouffées. Elle naviguait de répertoire en répertoire, de programme en programme, d'identifiants en mot de passe quand la voix de Saxo retentit dans le labo.

 - Désolé Docteur Eloie, vous n'avez pas accès à cette partie de ma mémoire.

 - Qui y a accès Saxo ?

 - Désolé Docteur Eloie, je ne suis pas autorisée à vous communiquez cette information.

 - Peux-tu me dire qui travaille ou a travaillé sur les nano-technologies alors ?

 - Désolé Docteur Eloie mais ces informations ne sont pas en rapport avec vos recherches actuelles, je ne suis pas autorisée à vous les communiquer. Vous devez en faire la demande auprès du conseil d'administration.

La jeune femme sentait bien que des barrières avaient été établies pour garantir l'accès à tout ce qui pouvait raviver sa mémoire. Malgré ses connaissances en informatiques elle était certaine de ne pas pouvoir les franchir. Elle tenta le tout pour le tout.

 - Et les oiseaux de nuit Saxo, cela te dit quelque chose ?

 - ...

 - Tu m'entends Saxo ?

 - Les oiseaux de nuit font référence à un tableau de Edward Hopper Docteur Eloie, ainsi qu'à un épisode de la série télévisée Dead like me, le numéro douze pour être précise. Ces renseignements vous aident-ils Docteur ?

 - C'est parfait Saxo, je te remercie.

Il y avait certainement un système d'alerte sur certains accès ou mots clés, elle n'allait pas tarder à voir débarquer son cher et tendre ou un de ses sbires. Il était temps de prévenir la police pour assurer ses arrières. Elle téléphona à Jean François pour lui demander de venir la chercher pour l'accompagner au commissariat. Elle avait besoin d'un soutien pour raconter son histoire et éviter qu'on ne la prenne immédiatement pour une folle, ce qui risquait malgré tout d'arriver faute d'éléments avérés.

Moins d'une demi-heure plus tard la porte de son labo s'ouvrait à nouveau sans préambule...

Le sommeil de Jules était plus agité, il se tournait et se retournait dans son lit en marmonnant des phrases inintelligibles.

Le lieutenant Roste était maintenant dans sa voiture à l'angle d'une rue qui le laissait dissimulé mais lui permettait de voir l'entrée du parking souterrain de l'immeuble de la BNG. Il était certain que si quelque chose se passait, c'est forcément par là que des personnes cherchant la discrétion passeraient. Il avait malgré tout laissé la deuxième équipe en planque devant la porte principale.

Quelques heures plus tôt, les deux policiers en civil, dissimulés dans une fourgonnette banalisée devant la BNG l'avaient appelé pour lui signalé que Estrosi venait d'arriver dans une grande voiture noire. C'était peut-être le début de la panique tant attendue dans la fourmilière. Il avait alors ordonné à l'un des deux hommes de se mettre en faction devant l'accès au parking. Celui-ci venait de l'appeler pour lui signaler le retour de Estrosi, accompagné de son chauffeur et d'un inconnu "musclé".

Juliette eut un sursaut dans son lit.

 - Qu'on ne nous dérange pas Saxo.

Le président de la BNG venait d'entrée dans le laboratoire de Maxime Eloie, accompagné d'un homme grand, à l'allure très sportive, vêtu d'un costume sombre et dont le visage n'exprimait aucune émotion.

 - Pourquoi ne m'as-tu rien dit ce matin Max ?

 - A quel sujet Philippe ?

 - Arrêtes ce jeu stupide Max, c'est puéril et insultant pour toi comme pour moi. Tu savais très bien que Saxo me transmettrait tes requêtes sur des sujets protégés. De quoi te souviens-tu ? Quand est-ce que ta mémoire est revenue ? A qui as-tu parlé, est-ce que tu as appelé la police ?

 - Holà doucement... C'est vrai, mais je n'avais pas le choix, il me fallait quelques éléments avant d'aller voir la police, sinon ils m'auraient pris pour une folle bipolaire ou je ne sais quoi d'autre. Non, je n'ai encore parlé à personne.

 - Comment ta mémoire est-elle revenue ?

 - Je ne sais pas, peut-être que tes larbins ont mal fait leur boulot, peut-être que mon cerveau torturé à mieux résisté au lavage que d'autres. Il paraît que les cerveaux des chercheurs sont un peu comme ceux des fous, vous avez peut-être mal visé ! J'ai commencé à avoir des bribes de souvenir qui revenaient, puis j'ai consulté un psy parce que j'avais l'impression de devenir folle avec ces souvenirs en double et au fur et à mesure que je comprenais que je n'étais pas folle, les souvenirs fabriqués disparaissaient.

  - C'est qui ce psy ? Son nom ?

 - Ne t'inquiètes pas, il m'a juste aidé à ne pas sombrer dans la schizophrénie, il ne sait rien de ce qui m'est arrivé.

 - On verra... Suis-moi sans faire d'histoire s'il te plaît et il ne t'arrivera rien.

 - Non, vous allez juste me lobotomiser.

 - Ne soit pas ridicule, tu sais très bien que je ne te ferai jamais de mal, ils vont juste remettre de l'ordre et ta vie, notre vie, recommencera sans plus aucun soucis.

Jules s'agita de plus belle.

La limousine aux vitres teintées venait de sortir au pas du parking, bien trop lentement, comme si le chauffeur faisait tout pour ne surtout pas attirer l'attention.

Au même moment Jean François sortait en courant de l'immeuble. Les deux agents en civil l'interceptèrent, ils l'avaient vu se garer en catastrophe sur une place pour handicapés, sortir de sa voiture et se précipiter dans l'immeuble et maintenant ça, un bien étrange comportement surtout dans les circonstances actuelles.

 - Police nationale Monsieur, vos papiers s'il vous plaît. Le policier venait de sortir sa carte tricolore et la tenait à hauteur des yeux du psy.

 - On a enlevé mon amie ! Il faut absolument que vous lanciez un appel !

 - Calmez-vous Monsieur, qui a été enlevé ?

 - Maxime Eloie, elle travaille ici pour la BNG et ils l'ont enlevé !

 - Qui l'a enlevé ?

 - Son patron ! Elle vient de m'appeler pour que je vienne la chercher pour aller au commissariat, elle savait qu'ils allaient venir. Vite s'il vous plaît il faut prévenir vos collègues, qu'ils la recherchent, ils vont la tuer !

 - Suivez nous je vous prie.

L'agent sortit son téléphone et appela le lieutenant Roste.

 - Lieutenant c'est Martin. On a quelqu'un qui sort de l'immeuble et qui dit que Madame Eloie vient d'être enlevée.

 - Embarquez le et venez me rejoindre, je suis derrière la bagnole de son boss. Je roule sur l'avenue de la République... je prends la rue Weurt en direction du boulevard du Massacre. Attendez nous au rond point de la Légion, je demande des renforts.

 - Compris, on arrive. Fais le grimper Roland on décolle !

La camionnette s'intercala entre la limousine et la voiture du lieutenant comme prévu au rond point de la Légion. Pendant presque une demi-heure les deux véhicules qui filaient la limousine inversèrent leurs positions pour ne pas éveiller les soupçons du chauffeur. Ils passèrent devant un café au style un peu vieillot, chez Phillies et enfin la limousine entra dans le parking d'un immeuble vieux et délabré qui semblait n'attendre que la démolition.

Le lieutenant et ses deux collègues allèrent se garer dans des rues perpendiculaires.

 - Lieutenant Roste à Central, je demande du renfort pour une prise d'otage supposée. Je suis au cent douze de la rue Barbe, j'ai déjà les agents Martin et Arthur avec moi.

 - Central, je transmets votre demande.

 - ...

 - Central, un groupe du GIPN va être envoyé sur place.

 - OK bien reçu, nous allons essayer de récupérer des infos sur les lieux. Terminé.

 - Central, bien compris, je transmets. Terminé.

 - Martin ?

 - Non c'est Arthur Lieutenant.

 - Les renforts vont arriver, une équipe du GIPN. En attendant il faudrait récupérer des infos sur l'immeuble. Que l'un de vous deux aille faire le tour des commerces, des cafés.

 - Entendu Lieutenant.

Juliette émit un gémissement puis un long soupir.

Une fois garés au sous-sol de l'immeuble, on conduisit Maxime Eloie jusqu'à l'ascenseur dont elle avait un vague souvenir. La porte s'ouvrit sur un pallier totalement délabré qui donnait l'impression que plus personne n'habitait là depuis au moins cinquante ans. Une petite dizaine de portes étaient toutes fermées. Ils se dirigèrent vers la plus crasseuse, jamais la jeune femme n'aurait osé toucher la poignée pour l'ouvrir mais personne n'eut à le faire, trois rayons laser rouges effectuèrent un balayage complet de leurs quatre personnes et la porte s'ouvrit automatiquement.

 - Analyse biométrique de masse !

 - Cette technologie devrait bientôt être fournie aux militaires pour la surveillance du territoire, les aéroports notamment. Comme tu le vois nous ne gardons pas tout pour nous.

 - J'imagine qu'une startup est entrain de finaliser un produit basé sur la même technique et vous allez prendre le marché et la couler en même temps.

 - ...

 - Vous êtes vraiment des salops.

La porte se referma derrière eux. Ils se retrouvaient dans un sas. Aussitôt, des jets de gaz entrèrent en action. Une odeur âcre leur piqua les narines mais le temps de s'en rendre compte, un souffle d'air puissant les balaya de haut en bas pendant que le gaz était aspiré dans des grilles situées au ras du sol et qui n'étaient pas présentes à leur entrée. La porte devant eux s'ouvrit sur une sorte d'openspace. Une sorte car il s'agissait d'une grande pièce, en fait cela devait même être tout l'étage et peut être même les autres, ou chacun pouvait voir ce que faisaient les autres, mais au travers d'épaisses cloisons en une matière qui ressemblait au verre mais que la chercheuse imaginait plutôt comme devant être un polymère ultra résistant et totalement étanche au bruit, aux gaz et sans doute même la lumière était-elle filtrée.

Ils traversèrent tout l'étage pour arriver devant la seule pièce dont l'intérieur était dissimulé. Quand la porte s'ouvrit elle reconnut le fauteuil des oiseaux de nuit. Elle se débattit pour la forme mais la poigne du chauffeur et de l'athlète ne lui laissait guère d'espoir. Ils la plaquèrent contre le coussin, elle gémit, puis ils la sanglèrent et elle laissa échapper un long soupir...

Jules respirait maintenant très doucement, il avait les sourcils froncés.

L'équipe du GIPN était arrivée, six hommes avec du matériel digne de Mission Impossible. Accompagnés du lieutenant ils avançaient lentement vers l'immeuble, les deux agents de police restant à l'extérieur pour garder le psy et surveiller le parking.

Le lieutenant avait briefé le chef de groupe.

 - Ces gars là font dans la haute technologie, il se pourrait bien que l'endroit soit truffé de caméras, de micros et de détecteurs en tous genres.

 - Pas de problème, nous aussi on fait dans le hightech, on a des jouets sympatoches pour les repérer. Vous avez récupéré des infos sur l'immeuble ?

 - Rien, tout le monde dans le quartier l'a toujours connu dans cet état avec toutes les ouvertures... fermées.

 - Nous sommes en liaison avec le QG, au fur et à mesure que l'on progressera ils feront une reconstruction en trois D grâce aux scanners qui équipent nos casques. Ils pourront rapidement se faire une idée de la topologie et nous guider.

Un des commandos ausculta le hall derrière la lourde porte, RAS. Un autre aspergea copieusement les gonds avec ce qui ressemblait à du dégrippant pendant qu'un troisième crochetait la serrure. La porte s'ouvrit sans résistance et sans un bruit. Le hall était désert. Devant les sept hommes, une vieille cage d'escalier et une porte d'ascenseur.

Ils se mirent en file indienne et gravirent en silence les marches en marbre du premier niveau. A l'aide d'une longue perche télescopique, ils s'assurèrent du pallier du premier étage, RAS. Ils procédèrent ainsi, étage par étage, pallier par pallier, jusqu'au sixième. Là leur équipement détecta de l'électronique.

Au bout de quelques minutes, le QG leur envoya un plan virtuel de l'étage et du pallier avec une solution d'approche de La porte sans normalement entrer dans le champ de détection repéré.

Le chef de groupe indiqua rapidement au lieutenant sur un mini écran plat incrusté dans sa manche le chemin à suivre. Il lui montra également le plan supposé de l'étage, les personnes que les scanners radio avaient reconnu et la salle "aveugle". C'est notre objectif avait-il écrit sur son écran tactile. Le lieutenant acquiesça d'un hochement de tête, arma son Sig Sauer et se tint prêt.

Le front de Juliette perlait de sueur, sa respiration était haletante, sa tête balançait à droite puis à gauche.

Une silhouette blanche sans visage venait d’entrer dans la petite pièce. Tous les autres étaient sortis. L’inconnu s’activait au dessus d’un plateau recouvert d’un champ opératoire sur lequel se trouvait une petite boîte métallique, des cartouches d’air comprimé comme celles que l’on utilise dans les syphons en cuisine, une pince et une sorte de seringue munie d’une poignée.

Une des cartouches trouva sa place dans la crosse de la seringue, puis la silhouette ouvrit la boîte, saisit un flacon transparent et operculé qui trouva également sa place dans ce qui était maintenant un pistolet hypodermique à air comprimé.

Max tentait de toutes ses forces de se défaire des sangles mais rien n’y faisait, elle ne parvenait qu’à se blesser à cause du frottement avec le cuir.

Jules cria dans son sommeil.

Un des hommes du GIPN venait de terminer la pause de charges d’explosif sur la porte. Ils reculèrent tous dans un angle mort du souffle de l’explosion.

Le chef de groupe décompta de cinq à zéro sur les doigts de sa main gauche. Le plastique fit voler la porte en éclat ainsi que le sas armé qu’elle dissimulait.

 - GO ! GO ! GO !

Tout le groupe entra en se criant des infos sur ce qu’ils voyaient. La plupart des occupants du laboratoire se couchèrent après la déflagration, d’autres restèrent debout et mirent les mains en l’air.

Le chauffeur et le garde du corps qui montaient la garde devant la salle des oiseaux de nuit sortirent leurs armes et commencèrent à tirer sur les policiers. Deux rafales sifflèrent dans leur direction et ils s’écroulèrent.

Un message d’alerte retentit dans le casque des hommes du GIPN mais avant que l’un d’eux n’ait eu le temps de se tourner dans la direction indiquée, Estrosi qui venait d’apparaître fit feu à plusieurs reprises en direction du petit groupe.

Le lieutenant, sans casque sur les oreilles, qui avait entendu du bruit, s’était retourné plus vite, mais pas assez. Une des balles d’Estrosi atteignit un commando sous le bras et Roste à l’épaule avant que ce dernier n’est pressé la détente de son automatique ce qu’il fit malgré tout, vidant quasiment son chargeur de quinze balles dans la direction du tireur. Trois finirent par l’atteindre mortellement.

La respiration de Juliette était redevenue calme, elle semblait enfin reposée. Celle de Jules était hoquetante, à la limite de l’apnée.

Le lieutenant Roste se réveilla dans une chambre d’hôpital. Il était nauséeux, une vive douleur le lançait au niveau de l’épaule et il sentait une aiguille dans son bras gauche.

Il sentait une présence mais ne distinguait personne autour de lui, sa vision était encore trouble. Il entendait une respiration maintenant venant de la gauche. Il tourna doucement la tête et aperçut une femme allongée sur le lit à côté du sien.

 - Ca y est, tu te réveilles enfin.

 - Excusez-moi, on se connaît ?

 - Un peu qu’on s’connaît, c’est mon sang qui coule dans tes veines.

 - Pardon ?

 - Je m’appelle Maxime Eloie.

Le lieutenant essaya de faire la mise au point sur ce visage mais ses yeux refusaient toujours de lui donner autre chose qu’un flou artistique.

 - Vous allez bien ?

 - Très bien, vous êtes arrivés juste à temps, cinq minutes de plus et je me retrouvais avec le QI d’une salamandre. Elle se mit à rire de bon cœur. T’imagines ça, une frangine amphibienne ?

 - J’ai un peu de mal à vous suivre, désolé.

 - Tu t’es fait tirer dessus par l’autre pourrit de Estrosi. Les gars du GIPN ont appelé une ambulance et m’ont sortit du bocal. J’ai été amené ici en même temps que toi, tu perdais beaucoup de sang. En arrivant à l’hôpital ils t’ont emmené tout de suite au bloc pour retirer la balle mais tu continuais à perdre du sang. Les chirurgiens ont continué l’opération et ont finit par arrêter l’hémorragie mais tu étais vraiment faible, du plasma ça fait pas tout.

 - Pourquoi ne pas m’avoir transfusé avec du sang ?

 - T’as pas le pot comme on dit, tu es AB négatif et ouais, il y a pas une personne sur cent qui peut te filer son sang.

 - Qu’est-ce qu’on m’a fait alors ?

 - Il se trouve que moi aussi je suis AB négatif et moi je le sais alors quand je les ai entendu en parler je leur ai dit et ils m’ont fait un prélèvement pour contrôler la compatibilité.

 - Je comprends, nous sommes frères de sang alors. Doucement sa vue s’éclaircissait.

 - Tu crois pas si bien dire frérot. Les analyses ont montré des caractéristiques étonnamment proches. Alors je leur ai parlé de mon rêve bizarre et ton collègue du commissariat...

 - Durand ? Durand est venu me voir ?

 - Oui c’est ça, Durand, gentil comme garçon. Eh bien il a parlé d’un truc étrange, que tu lui avais dit que tu me connaissais alors que tu ne m’avais jamais vu. Du coup ils ont fait des analyses un peu plus poussées et devines quoi ?

 - Avec mon bol on a la même maladie orpheline ?

 - Non mais tu chauffes. T’es orphelin ?

 - Oui ?

 - J’ai appelé mes parents et ils m’ont avoué que lorsque ma mère avait dix sept ans, elle est tombée enceinte, mais ils étaient trop jeunes pour assurer les besoins d’un enfant alors elle a accouché sous X...

Il voyait clairement le visage de la femme allongée sur le lit à côté du sien maintenant et ce qu’il voyait le stupéfiait, il aurait put être devant son miroir, les yeux, le nez, le menton, les tâches de rousseur, tout lui rappelait ses propres traits...

 - Tu veux dire qu’on est frère et sœur ?

 - Affirmatif frangin.

 - C’est incroyable. C’est un rêve et je vais me réveiller.

 - Alors réveilles toi tout de suite.

 - Allez debout ! Debout fainéant c’est l’heure !

 - Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

 - Allez Jules, petit déjeuner !

 - Oh arrêtes de me secouer comme ça Juliette...

 

4 septembre 2010

Le porteur n'est pas commode, il préfère le bonheur-du-jour (Défi#3) (Joe Krapov)

7 h : 7 heures ? Oser me réveiller à 7 heures du mat’ un dimanche de vacances ? Ca va pas, non ?

8 h : Rasé de frais, l’esprit un peu plus clair, le Dimanche-Ouest-France dans le sac à dos et le croissant au beurre rendu au bout des orteils, j’admets qu’on l’avait bien prévue, cette équipée sauvage dans Nantes.

8 h 05 : La petite Peugeot est pleine à craquer. Assis à la place du mort bien qu'ignorant tout du bridge over troubled water, je suis même obligé de poser mes pieds sur un carton plat. J’espère que ce n’est pas un truc fragile, à l’intérieur !

1008229_0329 h 30 : La cliente, Mlle Fifille, est chez elle, rue Dumoulin, en compagnie de M. Fiston, venu prêter main forte. Il arbore un tee-shirt de geek qui lui va bien au teint.

9 h 45 : Evidemment, dans la rue des Kébabs, il n’y a pas de place pour stationner ! Heureusement, à gauche un peu plus loin on en trouve une dans la rue du Gus maffieux.

10 h : On a fini de crapahuter là-haut le premier chargement. 4 étages sans ascenseur ! On retourne rue Dumoulin en laissant des tréteaux sur la place de stationnement « pour ne pas qu’on nous la pique » dixit Madame Epouse. Moi je crains plutôt qu’on ne nous embarque les tréteaux !

100418_641B

10 h 15 : Mais c’est quoi ces cartons ? Elle a jamais déménagé ou quoi l'étudiante ? La mini-chaîne avec ses deux baffles dans un carton même pas scotché au fond, elle a vraiment pas peur ! Faiche, comme on dit chez Claire Bretécher ! (Madame Wiki m’apprendra plus tard que cette native du bélier est née… à Nantes !).

10 h 30 : 1er étage : 10 marches, un coude, 10 marches ; 2e étage : 13 marches, un coude, 11 marches ; 3e étage : 6 marches, un coude, 7 marches ; 4e étage : 6 marches, un coude, 9 marches plus étroites et plus raides que les autres ! Ils ont vraiment tout fait pour qu’on se casse la gueule, les architectes nantais ! Mais les Rennais résistent !

11 h : Comme il n’y a que deux places dans la voiture, je laisse madame Epouse et M. Fiston faire la navette en caisse ( !) et je marche du studio à l’ex-piaule. Sur mon chemin, je trouve moyen de repérer une voiture décorée d’un fer à cheval et une boutique de coiffure qui s’appelle « Je reviens de suite » !

11 h 30 : Arrêt des hostilités pour cause d’estomac dans les talons. Les clients m’emmènent dans un « Routiers » où on avait bien tortoré la dernière fois qu’on avait fait du transbordement à Nantes.

12 h : En général les Routiers sont sympas mais plus celui-ci ! Le Gasthaus a changé de nom, de cuistot, de carte et de tarifs ! Je n’ai pas retrouvé ma pizza « Pescatore » et la « Rosa » tiédasse avec ses feuilles d’épinards crus décorées de trois gouttes de crème fraîche, c’est limite du foutage de gueule bobo, non ?

13 h : C’est aussi une drôle d’idée que d’installer la terrasse entre la piste cyclable et les rails du tramway : chaque fois que le bestiau passe, on n’entend plus ce qu’on mange !

13 h 30 : Le café gourmand est très bien ! A 6,50 euros, il peut ! Si je reviens ici, je ne commanderai que1008229_034 ça et un verre d’eau du robico parce que la carafe de rosé de Provence de 50 cl à 16 euros, ça donne envie d’aller faire bouffer au bistrotier sa baisse de TVA à 5,5% non répercutée au client !

13 h 45 : Comment ça, « L'addition est pour toi » ? Elle se paie ma tronche, la cliente, ou quoi ? Madame Epouse me fait valoir que le Bon Dieu me le rendra. Je me vois, tiens, en train de demander des comptes ou des contes à Ludivine ! Soit disant que Mlle Fifille et moi on serait parents à la mode de Bretagne ! Mais à ce tarif-là, on deviendra jamais riches non plus ! Déjà qu’on paie le loyer !

1008229_035bis14 h : On retourne au turbin, ce malgré l’ambiance « Millionnaires du dimanche ». En route on croise le Maneken pis, des bateaux sur l’Erdre, des orchestres qui font leur balance. Car non seulement on bosse un dimanche mais en plus on rate la Fête de la musique locale ! Consolons-nous : Favet Neptunus Eunti ! Neptune favorise ceux qui marchent !

15 h : Un transporteur au prénom espagnol est venu renforcer l’équipe avec sa Citroën Saxo. Il ne reste plus que le canapé, heureusement démonté, et le futon en trois morceaux. 2 voyages seront suffisants.

16 h : C’est fini. Après un peu de nettoyage dans l’ancien gourbi, on rentre à Rennes sous ce soleil radieux qui vient toujours narguer le monde l’avant-veille du retour au boulot !

17 h 30 : Je vide une demi-bouteille de limonade !

18 h : Pourquoi j’ai une soudaine envie de m’endormir dans mon bain, moi ?

19 h 30 : Pour le dîner, une bière blanche me suffit. Je suis encore en train de digérer la pizza et le verre de rosé bio de luxe ! (Le lendemain, je retrouverai dans ma poche de veste le ticket de la brasserie Paul à Rouen où la même prestation nous a été facturée 7,80 €, soit moitié moins cher !)

21 h : Bonheur-du-jour ! Seul devant mon ordinateur, j’ai enfin réfuté le coup. 6… f5 dans le gambit Morra de la défense sicilienne ! Je le savais que c’était un coup foireux  mais je me cassais les dents depuis vendredi sur cette partie d’échecs au niveau 6. Je vous donne la solution, elle vaut le jus, je trouve !

dds_2010_ete_9_gambit_morra1. e4  c5 2. d4  cxd4 3. c3  dxc3 4. Nxc3  e6 5. Bc4  f5 6. exf5  exf5 7. Qb3  Nf6 8. Bf7+  Ke7 9. Nf3  Nc6 10. o-o  d6 11. Re1+  Kd7 12. Nb5  Qb6 13. Be3  Qa6 14. Bc5  Na5 15. Qe6+  Kd8 16. Qe2  Ne4 17. Rad1  Nc6 18. Bc4  Qa4 19. Bxd6  Bxd6 20. Nxd6  Nxd6 21. Rxd6+  Kc7 22. Bb5  Qxa2 23. Red1  f4 24. Qc2  Kb8 25. Bxc6  bxc6 26. Ne5  Bb7 27. Nxc6+  Bxc6 28. Qxc6  Qa5 29. R6d5  Qb6 30. Rb5  Qxb5 31. Qxb5+  Kc7 32. Rd7+  Kc8 33. Qb7+

Comment ? Ca ne parle à personne, ici, ce charabia ? Même pas le sacrifice de fou au 14e coup ? Tant pis, je jubile quand même !


22 h : Finalement j’ai bien fait de poser le lundi 30 comme jour de congé avant de reprendre le travail mardi. Peut-être, par un coup de chance insoupçonné m’arrivera-t-il demain une espèce de miracle qui me fera sortir de la catégorie « Fous contemplaintifs de la 44e D.B.D.B.* » ?

*dds_2010_ete_9_dbdb

4 septembre 2010

Défi #108 (Jo Centrifuge)

Ce soir là, Max gratta une allumette en se disant qu'il n'était qu'une petite ordure de traitre, et cela le fit sourire. Il éprouvait cette curieuse jubilation sans joie qui le rongeait depuis une année maintenant.

Retenant son souffle, il porta la flamme à une petite bougie. Une douce lueur vacillante vint peindre doucement des ombres et des lumières sur ses mains et son visage, laissant dans l'ombre la salle déserte du service R&D. Il attendait l'ultime agent P, et lorsque ce dernier viendrait, il changerait de vie.

C'est vrai, les premiers mois, on l'avait fait chanter. On avait pris ces photos et menacé de les divulguer à sa femme s'il n'obtempérait pas. La peste ou le choléra : sa famille et son boulot c'était ses raisons d'exister. Il en fit une dépression qu'il s'appliqua, en vain, à cacher à l'un comme à l'autre.

-Vous voulez m'en parler mon vieux?

-Je t'en pris, chéri, parles moi !

Max grimaça un sourire. Parler de quoi ? A toi que je vais vendre tous les secrets de la boîte et que vous pointerez bientôt tous au chômage ? Et à toi ? Que je t'ai trompé avec des putes pendant que tu me préparais de bons petits dîners ?

Non. Son seul confident, c'était son bourreau : l'homme au manteau noir. Ces menaces qu'il croassait se changèrent bientôt en miel avec la promesse d'une rente confortable pour tribut de 365 journées de mensonges. Il convint Max de la médiocrité de son quotidien et de ceux qui le peuplaient. Il le persuada que l'argent qu'il offrait était une chance unique de rebâtir une existence à la hauteur de ses qualités. Max n'eut désormais plus besoin d'être menacé.

Un bruissement délicat chuchotant du fin fond des ténèbres interrompit le fil de ses pensées. Il fixa son regard sur la flamme. Une petite boule de feu vint tomber fulgurante à côté de la bougie. L'agent P était arrivé.

Qui se souciait d'un insecte de nuit dans une entreprise high-tech? Pour les portiques et les caméras ça n'était qu'une incongruité, une anomalie que l'on ignorait et qu'on laissait vaquer dans les services les plus sensibles. Avec de grandes précautions Max porta le papillon blanc dans la paume de sa main. Il y agita un instant les débris de ses ailes brûlées avant de s'immobiliser, résigné. Son abdomen déformé par des boîtiers d'électronique miniaturisée, transpercé d'antennes et de capteurs, frémissait alors qu'il agonisait. On avait retiré son système digestif pour le remplacer par tout un fatras technologique, lui laissant 24 heures de vie, bien assez pour recueillir de précieuses informations.

Max détestait les voir crever. Comme à son habitude, il glissa le papillon dans un sachet plastique avant d'en aspirer l'air et de le dissimuler dans la poche intérieure de sa veste.

Alors qu'il partait livrer le dernier agent P, il eut un accès de conscience et se figura la vision d'un ange déchu, seul, dans les décombres d'une ville détruite. Mais qu'importait, il était riche.


4 septembre 2010

Coup(l)e (Sebarjo) -défi 111-

coup_l_eÇa y est. Cette fois-ci, tout est là. Dans sa petite cabane aux murs enduits de chaux et ornés de spirales ocrées, dans son sanctuaire à la toiture de tôle ondulée fraîchement repeinte, il a déposé ses derniers cartons. Et, sur le rebord de la fenêtre aux encadrements de bois bleu de mer, il avait laissé un morceau d’ardoise brute sur laquelle il avait écrit à la craie blanche et volubile merci de respecter ce lieu de paix. Le pas de la porte était un demi-cercle, une voûte céleste dessinée de galets et de coquilles de berniques polies, de moules indigo et d’amandes effilées, imbriqués dans la terre comme un soleil couchant sur les flots de l’océan. Ce sera certainement son ultime déménagement. Il est au bout du chemin méandreux de sa vie, au faîte d'un long périple. Il venait de quitter son atelier et ses deux pièces qui le jouxtaient, haut perché sur un ilôt de vieilles maisons en pierre, coeur granitique d'une cité médiévale. Il l'avait quitté comme on quitte le nid duveteux de sa mère, pour retrouver la terre. Car ici, ni appartement ni maison. Simplement quatre murs. Le rectangle d'une étroite bicoque planté au milieu d'un agréable lopin de terre arboré de pruniers, de pêchers, de cerisiers en fleurs, de pommiers, de noisetiers le long d'un sentier serpentant et de chênes séculaires. Délimitant son nouveau domaine, l'eau claire et limpide d'un ruisselet coule paisiblement le long des champs agricoles avoisinants. C'était là son nouveau royaume, à quelques lieues à peine de la légendaire forêt de Brocéliande, quelque part entre Guer et Pacé.

Tout est là. Il n'a pas gardé grand-chose. Deux tours de voiture archi-comble auront suffi. Quelques cartons et des boîtes solidement ficelées s'empilent près des blocs de glaise qu'il aime travailler, malaxer, façonner, sculpter, pour lui donner les formes les plus harmonieuses. Plonger les mains dans cette terre originelle est si agréable, le contact avec cette matière un peu collante si apaisant.

Puis, caché dans un recoin de la pièce, se trouve un petit four pour la cuire, à côté duquel il a déposé en énormes gerbes, des branches d'osier. Certaines atteignant au moins trois mètres de long, ont l'échine courbée comme punies de n'être pas à l'échelle de la maisonnette. Il les a conservées précieusement car il a le projet de construire un tipi, isolé comme l'étaient les chaumières d'antan, où il y fera bon vivre été comme hiver. Il mélangera la terre et l'osier pour élever son chapiteau digne du dernier mohican un peu clownesque, esseulé dans le western de la France.

Après s'être reposé quelques instants, allongé à même le sol en terre battue, il se décide enfin à déballer quelques affaires. Il va bien falloir trouver quelques casseroles et les autres ustensiles qui composent sa batterie de cuisine minimaliste, avant que le crépuscule ne chasse définitivement le soleil printanier. Pour ce soir, un peu de sarrazin bouilli arrosé de deux ou trois bolées de cidre suffiront amplement à son bonheur. En ouvrant un carton par ci une boîte par là, il retrouve avec un plaisir nué de nostalgie, ses vieux dessins protégés par de minces serpentes, monochromies au fusain ou à l'encre de Chine, quelques tirages de ses lithographies et des aquarelles intimistes encore plus lointaines... Perdu un instant dans ces songes, bercé comme un enfant par le passé trop vite passé, il sent la faim qui le tiraille doucereusement. Vite penser à chauffer sa gamelle. Allez, il faut encore déballer, plus vite, toujours déballer avant que...Tiens... mais qu'est-ce que c'est que cette vieille boîte à chaussures ? Ah oui, quelques photographies qu'il a cru bon de conserver, quelques fresques et frasques de sa vie, instantanés figés comme des natures mortes. Et cette photo, vestige oublié de son long voyage : Elle et Lui. Lui et Elle ensemble. Ou plutôt, côte à côte. Leur dernière journée. Elle et Lui : la rupture. Il avait presque oublié qu'un jour il avait été Deux, qu'il fut quelqu'un dans le monde des hommes, dans la binarité sociale, voué à se multiplier.

Il trifouille, farfouille, foire-fouille dans ses cartons à dessins, dans son bric-à-braque d'artiste allégorique, à la recherche du Dessin. Le voilà ce Dessin, torturé par la mine grasse d'un crayon à papier, la mine basse d'une pointe de carbone, que lui avait inspiré cet instant de partance, la fin de cette parenthèse duettiste. A gauche Lui, à droite Elle. Ils ont chacun la moitié du visage coupé comme si chacun voulait sortir du cadre, trop exigu pour ne pas exploser. Ils ont des petits yeux sans malice, comme vides. Deux points fixes regardant droit devant, vers un avenir non partagé. Les bouches sont beaucoup trop petites pour pouvoir s'ouvrir. Pincées, définitivement muettes l'une pour l'autre. Le fond est strié de traits épais obliques qui s'abattent sur eux comme une pluie diluvienne. Ils sont pris dans la tourmente d'un chagrin profond et non d'un simple crachin breton. L'accalmie même passagère n'est plus possible. Chaque souvenir est noirci, rageusement griffonné. Un couple aux visages coupés, les morceaux ne seront jamais recollés. Un couple qui se défait et jamais ne renaîtra. Certainement sa faute, encore une fois. La vie de couple lui avait toujours coupé les ailes. Et, lui voulait voler pour traverser la grande allée de son existence, naviguer librement d'une rive à l'autre.

Ca y est. Cette fois-ci, elle est là. Dans sa petite cabane, l'obscurité est profonde depuis que la nuit est tombée. Il avait tout oublié de ce qu'il cherchait mais il oublie déjà ce qu'il avait cru retrouver. Il fouille dans ses poches, trouve une allumette et la craque. Une fois la lampe à pétrole allumée, il s'occupe du poêle à bois. L' air est frais en ces premières soirées printanières. Sa gamelle chauffe, sa bouilloire siffle. Il siffle aussi. Il appelle son chien, son fidèle compagnon, son ami parti depuis le matin à la découverte des grands espaces. Non il n'est pas seul. Il a son chien qui le tient chaud la nuit. Avec lui, il est toujours Deux. Mais avec son chien, c'est évidemment différent. Avec lui, il est libre, il respire à plein poumons l'immensité de la nature face à laquelle, il s'enivre et flotte délicieusement, se sentant absolu sans misanthropie ni mysoginie. Il était un peu animal, un peu trop sauvage pour le sytème globalisant, non domestiqué aux pratiques mercantiles, mais il savait qu'au fond de lui-même, il était frère et soeur des hommes et des femmes.

De loin, du haut d'une colline surplombant le bocage vallonné, on peut voir, à cette heure avancée de la nuit, une légère lueur qui tremble, l'étincelle évanescente de ce drôle de couple, homme et chien, coupé du monde.


4 septembre 2010

À la croisée des chemins (Walrus)

Encore un pas et ils arriveraient au sommet du raidillon. Un pas ! Combien en avaient-ils faits depuis qu’ils avaient commencé à fuir, d’abord en courant, puis de plus en plus lentement au fur et à mesure que la fatigue leur alourdissait les jambes.

Encore un pas et il leur faudrait choisir car devant eux, par-delà la crête, le chemin se séparait en deux.

Le garçon, esprit simple, vous connaissez les mecs, se posait le problème sous forme d’alternative :

- À gauche ou à droite ?

La gamine plus subtile, comprit immédiatement qu’en dépit des apparences, il ne leur était pas offert deux solutions mais quatre : ils pouvaient aussi se séparer et retomber sur une question presque similaire : Qui à gauche ? (Qui à droite n’étant alors plus une vraie question, puisque dotée d’une solution implicite).

Elle en fit part à son frère...

- Nous séparer ? Mais tu es folle !
- Non, si nous nous séparons, ils ne rattraperont peut-être qu’un seul d’entre nous...
- Et alors ?
- Eh bien, l’autre au moins ne devra pas manger ces foutus épinards !

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