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Le défi du samedi

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20 janvier 2018

Ma petite fleur de ballast (Pascal)



« Oui, bien sûr !… C’est le meilleur restaurant du bord de mer ! Celui huppé, avec sa terrasse aux mille petites loupiotes, sa vue imprenable sur le ressac et ses fauteuils en véritable cuir d’Espagne !... »
Je suis souvent passé devant ce restaurant étoilé ; c’est horriblement cher mais tant pis ; je mangerai des boîtes de conserve jusqu’à la fin du mois ; elle n’en saura jamais rien, j’ai encore ma fierté. Le contexte est enchanteur, la carte est alléchante et les noms de ses plats sont ronflants…

« Quand ?... Hé bien, disons mardi, oui, demain… demain soir, à vingt et une heures !... »
Il faut toujours battre le fer pendant qu’il est chaud et elle peut à tout moment décliner mon offre… si elle réfléchit trop…

« Tu peux te libérer ?... Super !... Je t’embr… Alors, à demain… »

A la conclusion de notre conversation téléphonique tendue, j’ai réussi à lui arracher un rendez-vous, en l’invitant au restaurant. Ça ne se refuse pas, un bon resto, c’est son point faible et je la sais assez gourmande pour ne pas refuser l’invitation. Au moins, si elle campe sur ses positions, elle ne sera pas venue pour rien ; elle se satisfera amplement de l’exceptionnel repas. Les plaisirs de la bonne chair ont aussi leurs attraits…
C’est ma dernière chance ; je dois lui faire oublier toutes nos rancoeurs, tenter de retrouver la première place dans son cœur, redevenir charmeur, avoir pour elle toutes les attentions d’un impénitent… dragueur…

En pleine semaine, ce n’est pas la peine que je réserve ; nous aurons toute la place nécessaire pour deviser sur nos destinées et, pourquoi pas, les remettre sur les rails de la même Aventure. J’avoue, j’ai toujours été meilleur amant que mari ; dans les bras de la même femme, je m’ennuie ; j’ai l’impression d’être un oiseau en cage regardant le dehors et ses falbalas, seulement à travers des barreaux. Pour cette mésange, je veux bien retourner dans la volière ; il suffit simplement de casser mes ailes…

Comme un lieu d’intimité caché, j’espère qu’on nous installera dans une alcôve secrète du restaurant. Ce rendez-vous galant devra remettre de l’allant à notre couple en pleine dérive ; du bon pied, on va tout recommencer mais rien comme avant. Demain, je me raserai, je me ferai beau, je serai hussard, je serai Roméo, je serai princier…

Confortablement assis, pour l’impressionner, je commanderai une bonne bouteille de vin, une avec de la poussière qui justifie les ans et des armoiries de Château pour confirmer son prestige ! Quand le sommelier amènera son millésime, je me redresserai sur ma chaise, feignant d’oublier notre début de conversation ! Je le goûterai, je ferai comme les connaisseurs en mâchouillant le breuvage ! Pour une fois, ce ne sera pas une bouteille de mauvais pinard de chez Leclerc ! Je le trouverai bon et, d’un geste faussement désabusé, je dirai au caviste de servir le verre de mon invitée ! Toujours pour réparer nos dégâts, colmater nos fissures et enterrer nos dommages, je lui parlerai des étoiles filantes, du métronome des vagues bousculant une plage de sable blanc, des couchers de soleil s’embrasant, des amants de Brel, ceux qui ont vu deux fois, etc.
Pendant nos silences, on appréciera les décors luxueux pour chercher nos meilleures réponses ! Sur l’horizon, on regardera passer les ferries éclairés comme des arbres de Noël ! On sentira le parfum tiède des pins parasols ! On écoutera les vaguelettes murmurer leurs ritournelles amoureuses au sable de la plage !...
Devant nous, on aura plusieurs verres et plusieurs couverts comme si on allait boire et manger toute la nuit ! On bavardera les yeux dans les yeux ! On se chuchotera des nouveaux secrets ! En cherchant du pain dans la corbeille, nous nous effleurerons les mains !...
C’est sûr, elle aura quelques œillades débordant du cœur, j’aurai quelques sourires, en échange, pour les réceptionner près du mien ! On raccrochera nos wagons, on prendra les mêmes aiguillages ! Je serai son chef de gare ! Elle sera ma petite fleur de ballast ! Ma chimère ondoyante du bout du rail ! Et même s’il est « pericoloso sporgersi », je materai naturellement la profondeur de son décolleté !...
Tel un Cupidon émérite, dans mon carquois je n’aurai que des flèches de compliments, des louanges exaltant ses qualités, des félicitations sur sa toilette, son parfum, ses bijoux, sa coiffure, ses chaussures, son maquillage et toute sa panoplie de séductrice !…

Je ne lui parlerai encore que du beau temps, des arcs-en-ciel multicolores, du printemps et des choses qui plaisent aux femmes ! Ils mettront des bogies, non… des bougies sur notre table et des serviettes en éventail épanoui dans nos verres ! Sur son visage, les ombres dansantes se mélangeront d’élégance avec son mascara d’apparat ! Je réclamerai une douce musique, une thérapeutique, une avec des chuchotis de cascades et des trémolos d’oiseaux de paradis ! Entre deux plats, comme un nouveau baptême, on ira tremper les pieds dans l’eau ! Je l’entends rire d’ici !...

D’abord… d’abord, je lui dirai « Bon appétit », en regardant ses lèvres charnues mastiquer les belles trouvailles que sa fourchette aura piquées dans l’assiette des hors-d’œuvre ! Rien que pour elle, et d’ici demain, j’apprendrai des vers de Sully Prudhomme ! Je les lui réciterai entre « Grenouilles blondes et girolles poudrées de terre végétale de Cazette et Homard des Iles Chausey nourri de vanille, courges et châtaignes en cocotte lutée !... »
Poussant mes avantages, je déclamerai un poème de Victor Hugo au dessert ! Le fameux : « Sans toi, tout s’effeuille et tombe ; L’ombre emplit mon noir sourcil ; Une fête est une tombe, La patrie est un exil… »* Je suis sûr que son « Miel de maquis corse givré, gaufrettes croustillantes au parfum de citron et d'eucalyptus » aura un tout autre goût dans sa bouche !... Et pour l’achever, j’irai d’une stance bien sentie de Rimbaud !...

Presque vingt et une heures, je marche vite le long des trottoirs ; dans les vitrines me réfléchissant, je suis beau comme un astre en armure de jeune premier. Ma seule arme ? Un gros bouquet de roses en couleur d’Amour. Je sais tous mes poèmes sur le bout du cœur et j’ai même appris des vers de Gérard de Nerval : « Quand le soleil brille en tes yeux Plein de douceur et d’espérance, Quand le charme de l’existence embellit tes traits gracieux, Bien souvent alors je soupire… »** Ça peut toujours servir à l’emballage final…

Elle m’attend devant le porche de l’établissement. Son regard est plus noir que ce ciel de crépuscule, sa colère plus brillante que toutes ces étoiles réunies et mes espoirs tout à coup plus vains qu’un pauvre condamné devant son peloton d’exécution. Le restaurant est fermé…

 

* Je respire où tu palpites. Les Contemplations. Victor Hugo
** Mélodie. Poèmes divers. Gérard de Nerval

 

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20 janvier 2018

Participation de Nana Fafo

Episode 2 :

Vous prendrez bien un pti Grum (nana fafo)

 

grum

Muni d’un vilebrequin, Pingouinnot se rendit à la gare de Rennes,
bien décidé à retrouver ce gars aux brodequins rouges et sales.
Il demanda le premier train en partance pour Saint Michel de Maurienne.
Le Guichetier lui annonça qu’il ne restait plus que des places en wagon-lit.
Va pour le wagon-lit, ce sera toujours mieux qu’un wagon classique
où il aurait été entassé avec ses congénères. 

En se dirigeant vers sa cabine,
il croisa un Kangourou qui n’arrêtait pas de parler, avec un fort accent espagnol,
ce locace un peu fou s’appelait “Loco”,
il regardait une belle grue cendrée remonter vers l’avant du train.
Il proposa à Pingouinnot d’aller boire un verre dans le Wagon restaurant.
N’ayant pas sommeil, Pingouinnot accepta. Après tout, on ne sait jamais, ça pourrait être sympa. 

Mais…
Il se passe parfois d’étranges histoires dans les trains. 

Loco : “ Il faut que vous gouttiez ça ! 2 Grums, s’il vous plait ?”
Pingouinnot : “ Un Grum ? Quelle est cette boisson ? “
Loco : “ c’est un mélange d’agrumes, de raisin et de rhum,
une spécialité de la compagnie WILC de Bourgogne”
Pingouinnot : “ah, intéressant… Mais où allez-vous ?”
Loco : “A Saint Michel de Maurienne, pour un rendez-vous, et vous ?”
Pingouinnot : “Étrange coïncidence… moi aussi”
Loco : “Ne me dites-pas que…”
Ils sortirent tous les deux le même mot :
Rendez-vous au Mont Bréquin : 3.1  3.0
Apportez un vilebrequin 

Le serveur posa les consommations sur la table, ils commencèrent à siroter leur grum,
quand un mille-pattes, affolé et grincheux, muni d’une torpille entra dans le wagon restaurant en criant :
“ Cendrine a disparu “
Tout le monde le regarda interloqué, se demandant … mais qui est Cendrine ?
et pourquoi porte-t’il une torpille ?
Il cria à nouveau :
“ Cendrine, la grue, c’est elle qui est dans le wagon pilote “
L’inquiétude commençait à se lire dans les yeux… le pilote aurait disparu ? 

Pingouinnot habitué aux analyses rapides demanda :
“Il me semble que vous venez de l’arrière du train, Cendrine est-elle le pilote ?”
Le mille-pattes
“Mais non, bande d’ignares, Cendrine c’est l’agent des manoeuvres arrière
et moi je suis censé la protéger en dégommant ceux qui la colleraient de trop près.”
Pingouinnot affirma :
“Elle est partie en reconnaissance, on a vu passer une grue cendrée tout à l’heure”
Le mille-pattes se précipita vers l'avant du train et ne revînt pas. 

Tel Hercule relevant ses défis, Pingouinnot résolut ce petit mystère,
sans faire poireauter qui que ce soit, ni même le temps de commander une petite quiche aux poireaux. 

Après toutes ces émotions, Pingouinnot et Loco allèrent se coucher.
Qu’allaient-ils découvrir le lendemain au Mont Bréquin ? 

Quelle surprise à leur réveil de constater qu’ils étaient à la gare d’Adria en Italie,
à 100 bornes au Sud de Bologne, où Stephan les attendait.

 

 

20 janvier 2018

Wagon doré mi fa sol (Kate)

  

J'aurais dû faire rimer

Wagon

Avec charbon

Mais ça n'est plus de saison

 

J'aurais pu faire rimer

Wagon 

Avec chanson

Mais trop bidon

 

J'aurais voulu faire rimer

Wagon

Avec attention

Mais c'était trop de tension

 

J'aurais voulu faire rimer

Wagon

Avec polisson

Mais motus petits démons

 

Alors j'ai fait quelques vers de mirliton...

 

Non sans avoir tenté toutefois de raconter comment je suis arrivée à la gare de Perpignan, un soir de juillet, avec ma valise et ma raquette de tennis... Souvenirs de trente ans réactivés après mon passage en septembre dernier devant la fameuse gare, "centre du monde" pour Salvador Dalì. Tournant en rond pour sortir de la ville après la visite de la superbe expo Picasso, juste un instantané pris à l'arrêt au feu rouge.

fleurs

Non, ce n'est pas un wagon ! Mais c'est ferroviaire quand même !

P.S. : s'il faut un wagon, alors c'est un wagon doré comme dans le poème de Jacques Prévert "En sortant de l'école"...

20 janvier 2018

Lauren Bancale (Vegas sur sarthe)

 

Source: Externe


"Le roi des trains, le train des rois" disait le dépliant en papier glacé de La Compagnie des Wagons-lits que Germaine me tendit d'une main tremblante.
Alors on l'a déplié comme on déplie une carte au trésor à Kho Lanta... Vienne, Bucarest, Istambul.
À la page des tarifs on a fait marche arrière pour revenir prudemment à la page Vienne.

Germaine se pâmait déjà, elle se voyait en peignoir brodé au sceau de la Compagnie, se glissant dans des draps de soie; moi je lorgnais sur les sanitaires en argent et les couverts en marbre ou le contraire...
Elle devait m'imaginer en Sean Connerie et moi je voyais Germaine en Lauren Bancale à cause du roulis et du tangage; elle aurait la nausée – comme d'habitude – peut-être irait-elle vômir son caviar après quoi on retournerait s'empiffrer une collation trois étoiles au Michelin.

Trois jours plus tard on était sur le quai avec notre petite valise devant la locomotive mais au XXIème siècle on doit dire motrice; les gens de La Compagnie en avaient mis deux, une à chaque bout sans doute pour sécuriser l'aller-retour.
Je n'ai pas vraiment réalisé lorsqu'un technicien nous a dit qu'une "motrice de TGV ça tire à 300 km/heure"...
À peine franchi le marchepied de notre wagon-lit j'ai dû me séparer de mes baskets et louer 150 euros une paire de souliers vernis trop petits pour moi; ici La Compagnie ne plaisante pas avec le "dressing code"... par contre le décolleté plongeant de Germaine ne semblait déranger personne.
C'est fou ce qu'il y a comme petit personnel dans ces train mythiques, et que des hommes!
Germaine avait bien vite investi notre cabine et s'était balancée sur le lit en déclamant "Ah... voir Vienne et mourir !"
"On dit Venise, ma bichette... pas Vienne" fis-je remarquer.
"L'Isère n'est quand même pas très loin de l'Italie" rétorqua t-elle avant que j'explique qu'on allait à Vienne en Autriche.
Elle parut sidérée... d'autant plus qu'un stewart nous apportait deux coupes de mousseux ou de champagne qu'on siffla en même temps que la loco... motrice.
L'Orient-Express s'ébranlait et moi aussi car le mouvement si sensuellement décrit par Agatha Christie me mit aussitôt des frénésies au creux des reins.
Comme j'allais me mettre en tenue adéquate à la salle de bains, Germaine poussa un cri terrible : "Y'a pas d'wifi ! "
Non, il n'y avait pas de wifi, pas d'internet, pas d'amis ni de followers, pas de copines à qui envoyer des selfies de nos ébats sur rail !
Je tentai de la calmer : "Tu devrais aller à la salle de bains, ma bichette... c'est que du marbre comme chez Leroy-Merlin et des robinets en or avec un lavabo encastré"
En effet Germaine s'encastra comme elle put entre le lavabo encastré et la porte qu'elle finit par refermer sur elle comme une huître.
"Une motrice de TGV ça tire à 300 km/heure..." avait dit le spécialiste locomoteur; c'est vrai qu'elle tirait vite, peut-être un peu trop à mon goût.

J'avais dû dormir longtemps et c'est le stewart qui me réveilla avec deux autres coupes de mousseux ou de champagne en m'annonçant que le service de restauration touchait à sa fin.
Je tambourinai à la porte du cabinet de toilettes.
"Je suis bientôt prête ! " bougonna Germaine que j'imaginais compactée, sandwichée dans l'étroit habitacle.
Soudain, dans un éclair je crus lire "Stuttgart" par la fenêtre ! Non, ce n'était possible, pas déjà.
La porte s'ouvrit... Germaine était effectivement comprimée mais dans ce fourreau en lamé qu'elle portait pour le mariage de mon oncle Hubert au siècle dernier.
Elle avait dressé ses cheveux en choucroute avec un petit air Lady Gaga plus que Lauren Bacall, bref elle était désirable comme on peut l'être quand le dîner vous est passé sous le nez et que le train file vers Vienne à la vitesse du son...
Je la poussais déjà sur le lit quand des haut-parleurs grésillèrent dans le couloir, un grésillement d'une époque révolue – inspiration Orient-Express – suivi d'une annonce des plus actuelles : "Mesdames, Messieurs, nous arrivons à destination dans quelques instants"
Germaine me claqua un gros baiser, me laissant déconfit sur le lit :" Et voilà, je suis fin prête pour aller danser !"
"Pour aller danser où çà ?"
"Et bien à Vienne... on est bien à Vienne, non ?"
J'ai pris la valise, récupéré mes baskets; j'allais avoir l'air malin à danser les valses viennoises en baskets !
"À nous, Beau Danube bleu" lança Germaine en descendant le marchepied.

Une heure plus tard nous franchissions majestueusement la porte des urgences de l'hôpital Semmelweis-Ignaz-Frauenklinik – recommandé par le Petit Futé – moi en baskets et Germaine à cloche pied.
Comme il est compliqué de danser la valse avec une double fracture tibia-péroné, nous avons été rapatriés le lendemain en avion sanitaire.
L'avion sanitaire c'est moins raffiné qu'un "sleeping" en Orient-Express mais au moins le plateau repas est assuré et le personnel est féminin...

 

13 janvier 2018

Défi #490

 

Pour nous rappeler
l'Adrienne
dont c'est un des thèmes favoris :

Wagon (de train)

 

DSCN9220

 

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13 janvier 2018

Se sont creusé la cervelle

pas cons

vilbrequin

joye ; maryline18 ; Nana Fafo ; Vegas sur sarthe ;

Venise ; Kate ; Laura ; Walrus ; Pascal ; Joe

Krapov ; JAK ; bongopinot ;

 

13 janvier 2018

Les sept motos (Pascal)


Nous deux, ça n’allait vraiment plus ; nous avions épuisé tous les recours, tous les compromis, toutes les paix factices, toutes ces hypocrisies mielleuses, ces faux-semblants mensongers qu’on mettait sur la table pour faire bonne figure, le temps des anniversaires, des invités et des solennités. Pas dupes, nos filles sentaient bien le climat délétère qui s’était posé sur notre toit comme un nuage de pluie collant. Même les habitudes usantes, l’ordinaire poussiéreux, n’arrivaient plus à cacher notre acrimonie mutuelle. Plus que la polyarthrite qui me rongeait, t’adresser la parole m’était devenu un véritable supplice ; j’imagine facilement la réciprocité. Par tous les moyens, avec autant de prétextes, je désertais la baraque et les conflits y attenant…

Tous les dimanches matins, je fréquentais assidûment les bourses aux vieilles motos de la région ; quand il ne se passait rien, dans mon garage, vrai refuge d’évasion et de réflexion, je consacrais tout mon temps libre à la remise en état de ces deux roues. J’en avais accumulé jusqu’à sept, sans compter les moteurs d’avance ; autant dire que le mal était grand…
Du faisceau électrique au moindre boulon, de la peinture au dernier ressort, des chromes jusqu’au cadmiage minutieux des rayons, je ne laissais rien au hasard. Le démontage, le remontage, n’avaient plus de secrets pour moi. Les yeux fermés, je pouvais reconnaître et situer la plus petite pièce dans le difficile puzzle de la machine.
J’avais une attention toute particulière pour les pièces internes du moteur ; travail inutile s’il en est, je passais des heures à peaufiner la brillance des têtes de piston, des bielles et des pignons de la boîte de vitesse. J’avais besoin de l’automatisme de ces mouvements répétitifs qu’on fait quand on ne veut penser à rien…

Ha, si j’avais pu m’enfermer dans cet antre ; malheureusement, il y avait cette machine à laver et tu venais la remplir ou surveiller l’avancement de son programme en espionnant mes faits et gestes. Tes silences pesants étaient des reproches encore plus forts que s’ils avaient été des critiques…

Les ailettes du bloc cylindre, celles de la culasse, je les astiquais avec un produit lustrant jusqu’à ce que poussent des ampoules sur le bout de mes doigts. Quand j’avais mal d’une courbature, d’une coupure, je retrouvais le temps présent et les vicissitudes des choses ordinaires. Je t’entendais gueuler après les filles comme si tu ne t’en sortais pas ou, plutôt, comme si tu voulais que tout marche selon tes ordres. A l’heure de déjeuner, tu ne m’appelais même plus et quand je rentrais dans la maison, souvent, comme si tu avais pressé les gamines, vous en étiez à la fin du repas…
Quand l’Amour a déserté le foyer aux grandes flammes de jadis, il ne reste que des cendres. Il n’y avait pas besoin de souffler dessus, aucune braise rougissante ne se serait aventurée à nous réchauffer ; et puis, lequel de nous deux avait encore envie de souffler sur ces tristes escarbilles ?...

Dans mon vieux frigo, à côté de l’établi, j’avais une bouteille de whiskey et du coca. A midi, je m’en versais un grand verre, c’était mon apéro de solitaire et c’était réconfortant de sentir ma gorge et mon ventre brûler ; communiant, je buvais à mes déboires, à la chance qui viendrait me re-sourire, au prochain « rétro-moto » dans la région, à tout ce qui pouvait me sortir de ce marasme.
Pendant des week-ends entiers, j’avais donc la tête au dessus des bacs d’essence ; à moitié ensuqué par les puissantes émanations, je nettoyais méthodiquement mes pièces au pinceau…
Les mains serrées sur les poignées d’un guidon d’imagination, j’avais des rêves de chevauchée fantastique, des records de vitesse en apnée, des lauriers autour du cou. Dans les oreilles, j’avais les bruits ravageurs des pots d’échappement en fusion et tout autour de moi défilaient des paysages extraordinaires aux couleurs dantesques. J’étais obligé d’aérer à cause de l’envie impérieuse de vomir que me procurait l’essence.
Le vilebrequin baignait lui aussi dans des litres de trichlo ; avant qu’il ne s’évapore, les manetons, les têtes de bielle montées sur roulement, les contrepoids, les orifices de graissage, restaient des heures inondés dans le produit. Inhalé, les sensations du trichlo étaient différentes ; au milieu de visions d’horreur, de geysers de sang, de tourbillons de feu, de cris effroyables, j’avais des accidents d’apocalypse. Couché sur la route, démembré, je regardais l’œil de ma moto s’éteindre doucement comme si la vie s’en allait d’elle. J’avais de la peine, la même que celle qu’on a quand on porte son vieux chien au véto. Elle était toute tordue, ses chromes avaient fondu, ses roues avaient disparu, son moteur avait explosé, et tout était à refaire…

Ce no man’s land rempli d’odeurs dangereuses m’allait bien, c’était mieux que le climat exécrable de notre maison. L’après-midi, tu partais chez ta sœur pour refaire ton plein de rancœur, échafauder d’autres plans machiavéliques, préparer des vengeances, me rendre la vie plus impossible encore. Moi, j’enfilais mon casque, j’enfourchais une bécane au hasard et j’allais caracoler ici et là dans des solos de vitesse insensée.
Quand on ne voit plus dans l’autre que ses défauts, il est temps de prendre les mesures de rétorsion qui s’imposent : tu as réclamé le divorce et si j’ai mis du temps à réaliser cette finalité, je t’en remercie. Imagine combien j’aurais de motos à cette heure…

Maintenant, je vis seul ; tu m’as à jamais guéri de toute présence à mes côtés. Si tu savais comme le ciel est bleu au-dessus de ma tête ; je souhaite le tien aussi clair, aussi lumineux, aussi tranquille. La nuit, j’aperçois les étoiles, moi qui ne voyais que les soucis dans la noirceur oppressante. Aussi, je n’ai plus besoin de bêtement remonter des motos, de mettre la tête au-dessus des gamelles de produits nocifs pour rêver d’ailleurs psychédéliques, de picoler, de foncer sur des routes étroites pour me faire croire que je suis encore vivant…

 

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13 janvier 2018

Un fameux bricoleur par bongopinot


C’est le roi de la bricole
Il démonte répare tout
Il cloue il visse il colle
Appuyé sur ses genoux

Là il prépare sa mobylette
Enlève le vilebrequin
Et retentit une sonnette
Arrivent tous ses copains

Il laisse tout en plan
Va chercher des bières
Et passe le temps
Et tourne le cadran

De retour à sa passion
Il nettoie le vilebrequin
Il aime les finitions
Il s’aide de bouquins

Il remonte le tout
Sa mob il la bichonne
C’est pourtant un drôle de coucou
Mais le moteur ronronne

C’est un fameux bricoleur
Mais surtout un passionné
Après le travail à toute heure
Il descend dans son atelier

 

13 janvier 2018

LE VIEUX GUIDE AU POINT MORT (JAK)


Assis sur un antique banc en mélèze, si vieux que de nombreux postérieurs y ont emprunt la forme d’un coussinet, il médite en savourant sa bouffarde au tuyau en piston. Ses prunelles errent vers le haut de la montagne, où le soleil irise des pignons majestueux. Son visage patiné parait impavide,

Il est las et là à la fois

-Las de ses rhumatismes, de toutes ses blessures. Ses manetons, mains devenues flasques, n’obéissent plus, la roche qu’il a si souvent caressée les a tannées, usées, Elles sont aussi rognées par le gel
Et
-Là, cantonné au refuge depuis sa mise l’écart, il accueille
des touristes à la rotation continue.

A la veillée il leur conte des histoires, qu’il s’est récité à lui-même durant toute la journée.
Autrefois pisteur, vieil homme devenu, le soir près de l’âtre devant les bûches en combustion, il narre ses anciennes courses, les drames de la montagne impassible et hautaine sans pitié pour les inconscients.
Il ressasse alternativement ses cordées d’il y a…
Il y a belle lurette qu’il ne remonte plus la manivelle des clients hésitants.
Ceux-ci sont d’ailleurs devenus des spécialistes, connaissant tout de la montagne, Pour cela ils surfent sur la toile, avant même que de n’avoir vu le début d’une piste.
Maintenant, sans la force alternative qui avait fait de lui le roi des guides, il est chargé de l’allumage de la cheminée, et il s’occupe de la popote en fonte où il fait cuire la soupe à pates en y ajoutant par palier des légumes.
Il aime alors contempler tous ces ingrédients qui se fondent en mouvements alternatifs circulaires continus
Et il attend, en rêvassant, le retour des touristes.
Il y a longtemps que sa bielle Rosy l’a quitté. Ils ont formé un couple moteur réputé dans toute la vallée. Lui guide, elle hôtesse de ce chalet qui maintenant tombe en ruine.
Il est seul, sans force à l’allumage, sans force motrice.
Et lorsque le soir venu les marcheurs s'en reviennent, il contemple d’un œil désabusé leur équipement d’internautes, casques protecteurs, chaussures extrêmes, boussole GPS.
Alors il porte un regard qui en dit long sur le manteau de la cheminée
où trônent ses vilains brodequins tout usés

De viles broques* hein ??? me direz-vous

Que nenni des brodequins qui ont un noble passé



*Broque chose sans valeur


Nota sources pour la soupape de sureté : je vous signale que j’ai été pistonnée par mon garagiste, pour tous ces mots dont j’ignorais l’usage

 

13 janvier 2018

Ecrire à Rimbaud ? 13, Vilebrequin (Joe Krapov)

Monsieur Arthur Rimbaud
B.P. 01 au vieux cimetière
08000 Charleville-Mézières

Mon cher Arthur

"Et souvent, la nuit, je m'éveille
En rêvant aux monts et merveilles
Qu'annonce un frôlement coquin
Mais ce n'est qu'un vilebrequin !"

Georges Brassens – Le Bricoleur


Les lectrices-commentatrices de mon blog et mon cher oncle du Défi du samedi semblent décidément de mèche. Il et elles semblent désirer encore et encore me faire tourner en bourrique autour du cas Rimbaud. Vas-y, Joe Krapov ! Fais tourner ton vilebrequin ! Creuse nous un joli trou ! Voici de quoi le remplir !

Et dame Adrienne de me confier l’adresse du blog des libraires associés où l’on disserte de LA photo retrouvée.

J’en ai encore appris de bien bonnes sur ton compte et surtout sur le potentiel comique de mes contemporains les plus sérieux !

Rimbaud à l'hôtel de l'Univers

Je résume, pour toi et pour ceux qui ne le sauraient pas encore. En 2010 Alban Caussé et Jacques Desse, libraires parisiens, publient une photo de toi au milieu d’un groupe de personnes assises sur le perron de l’hôtel de l’Univers à Aden.

Là-dessus un certain nombre de « refuzniks » décrète que « ça ne peut pas être Rimbaud parce que ci et parce que ça, il n’a pas une tête de poète, ce jour-là il tournait en rond pour garer sa chignole, etc. Il y a de quoi perdre une infinité de temps à la simple lecture des pièces de ce procès où les libraires se font avocats de la défense de leur bout de papier jauni et de toute l’imagerie qui te représente. Autant dire que j’enfonce mon foret dans la Forêt-Noire ! Bonjour les éclaboussures de Chantilly par-delà le bien et l’Aumale, comme dirait mon oncle Friedrich Nichts.

Mireille Mathieu

Sauf que je me suis bien amusé quand même lorsque je suis tombé, dans cette guéguerre entre historiens, thésards et autres rimbaldolâtres super-sérieux sur le portrait de Mireille Mathieu. Pourquoi est-ce qu’on ramenait sa fraise dans ce bordel à la demoiselle d’Avignon ? Je n’aurais jamais fait le lien entre celle qui a perdu l’accent qu’on attrape en naissant du côté de Marseille et celui qui avait son portrait au-dessus du berceau de la fille de Renaud.



Tu vas voir que c’est on ne peut plus capilloctracté – et c’est le cas de le dire ! - car, vois-tu, il y a un certain Gabriel Ferrand qui t’aurait connu en Afrique. Tout est ici, défendu et descendu par le libraire ! Attention, ça va Bardey !

Ce Gabriel qui brûle l’épaule de M. Desse aurait été diplomate et employé dans la même firme que toi à Aden. Il aurait raconté à Paul Claudel les carabistouilles suivantes à ton propos :

[Rimbaud] était très doux, coiffé aux enfants d’Edouard, sortant nu-tête à ce terrible soleil. Accroupi, les pieds et les mains nus et teints au henné. Il riait sans bruit et la main devant sa bouche avec une espèce de petit gloussement. Sa conversation était totalement insignifiante, des queues de poires…

"Etre coiffé aux enfants d’Edouard cela signifie avoir les cheveux longs autour de la tête et coupés court en frange droite sur le front, comme un page florentin" nous explique M. Desse.

 

Rimbaud vu par Gabriel Ferrand 06

Est-ce que c’est bien raisonnable pour moi d’aller me perdre dans ce labyrinthe où M. Desse - Quand est-ce qu’il trouve le temps de vendre des livres ? - semble vouloir polémiquer à tout prix avec messieurs Ducoffre et Bienvenu ? Finalement, oui, c’est raisonnable : dans cette phrase, il y a deux personnes et un mot qui me ramènent à ce vilebrequin dont j’ai obligation de parler cette semaine :

- Le labyrinthe est une invention du sieur Dédale or, nous dit Madame Wikipe, la joyeuse drille qui fait office de Madame Jesaistout dans nos existences larguées, «Le vilebrequin passe pour être une invention de l'Athénien Dédale".

- Monsieur Ducoffre a-t-il quelque chose à voir avec le «Tango interminable des perceurs de coffres-forts» des Frères Jacques et surtout de Boris Vian ? «Arthur, où t’as mis le corps ? A l’hôtel de l’Univers ?».

- Et Monsieur Bienvenu quelque rapport avec la station de métro Montparnasse-Bienvenuë ? Ce cher Fulgence à qui nous devons, par ricochet, la ritournelle du « Poinçonneur des Lilas », de « La jeune fille du métro » ou celle du « Trou de mon quai » ?

Comme quoi j’avais l’embarras du choix et le choix de l’embarras pour terminer en chanson cette lettre sur les mandrins, les malandrins, les requins, les vilebrequins, les bave-à-la-poupe et les vent-tarières qui te suivent à la trace avec plus de componction que je n’en ai pour ma part.

Place donc au « Bricoleur » de Georges Brassens, immortalisé par Patachou. Je lui ressemble de plus en plus, sauf que chez nous, c’est Madame qui s’occupe de la caisse à outils !

Mes amitiés à Madame Vitalie !

 P.S. A propos de LA photo retrouvée, il me faudrait lire aussi le roman «Rimbaldo» de Serge Filippini qui décrit les différents personnages pendant les deux heures avant qu’elle ne soit prise. Sur Aden «Quatre saisons à l’hôtel de l’Univers» de Philippe Videlier. Alors que, dans le fond, j’ai plutôt envie de me réenvoyer «Le Club des cinq contre-attaque au vilebrequin» d’Enid Blyton ou d’attaquer «Guerre et paix» de Tolstoï !

P.S. Un jour on nous dira que les Américains n'ont jamais marché sur la Lune, que Paul MacCartney est mort en 1966 et que ce n’était pas Rimbaud sur la photo d’Aden !
- Un commentaire là-dessus, Joe Krapov ?
- Oui : Boîte à outils ! Boîte à outils !

13 janvier 2018

Petite musique de nuit (Walrus)

 

De nuit parce qu'il était quatre heures du matin et j'étais fort occupé (comme chaque semaine me direz-vous) à vouer aux gémonies le comique qui avait imaginé d'utiliser ce mot comme sujet pour le défi.

Ben oui, je suis comme ça : le joueur d'aujourd"hui oublie bien trop facilement qu'il était l'animateur d'hier.

L'échéance se rapprochait et je n'avais toujours rien imaginé. Parce que, ressassais-je in petto, en dehors des moteurs de bagnoles et des foreuses à main, les vilebrequins ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval ! 

Et c'est là que ça a fait "Tilt" !

Mais siiii !

Justement !

Comment croyez-vous qu'ils se meuvent les chevaux de bois galopant des manèges, carrousels et autres moulins de nos enfances ?

Hein ?

Leurs barres sont rattachées à des vilebrequins dissimulés dans le plafond et sous le plancher des dites attractions de foire !

J'en ai le limonaire (encore un mot qui ferait bien dans notre collection) tout retourné !

 

13 janvier 2018

VILEBREQUIN (Laura)

 

Je vais et je viens, je fais des allers-retours, entre tes reins

Tel sur un arbre à cames, un joli vilebrequin

J’explose, comme un moteur, arrivé au point

De non retour dans les plaisirs donnés par tes mains.

 

13 janvier 2018

Carnet rose rouge et noir (Kate)

 

Votre tout dévoué serviteur, Oeil-de-Lynx, a eu la joie et l'honneur d'être convié au mariage de :

- Françoise Dupont (le jour) alias Fantômette (la nuit), née à Framboisy (Saine, 75), traductrice ;

et de 

- Vilfrid Brequin (Vil pour ses amis, et il en a, le gars !), né à Bagnoles-sur-Cesse (Gare, 30), mécano.

Assistés de leurs témoins respectifs et respectables : Mesdames Boulotte et Ficelle (robes rouges en tulle) et de Messieurs Chignole et Taraud (perfectos noirs), largement ovationnés sous une pluie de confettis rouges et noirs !

Quid de leur rencontre, me direz-vous, lecteur, lectrice curieux autant qu'impatients ?

avespa

Dûe à un hasard mécanique : la Vespa ne démarrait plus. Vil a aussitôt laissé tomber sa lecture pour s'en occuper toutes affaires cessantes.

 

Il avait déjà tout compris mais faisait celui qui réfléchissait (en fait, il était encore dans l'ambiance poker, whisky, US...) !

ablock

Et puis il avait eu un éblouissement : elle. Une vacancière sûrement...

apalais

"Repassez demain soir".

Et roule !

Meilleurs voeux à eux !

Pierre Dupont (oui avec un "t", oui on a dansé "Sur le Pont...")

 

 

 

13 janvier 2018

Participation de Venise

 

Il marqua une pause, et descendit son verre de bière d’un trait en poussant un soupir mélancolique.
C’est le vilebrequin.
Foutaises criai-je en jetant le verre de bière à sa figure.
C’est juste que vous n’y comprenez rien ma p’tite dame
Foutaises bis et mon cul, je n’ai jamais vu un garagiste comme vous dénué de compassion.
La conversation aurait pu se poursuivre tard dans la nuit , dans la même veine stimulante comme c’est souvent le cas , du mauvais côté jusqu’à ce que le dénommé rebond brise le flot
Écoutez dit- il d’une voix pâteuse
« au lieu de jacasser comme ça pouvez-vous vous décider
à la fermer que j’entende le moteur .
Entendons- nous bien je ne pourrai pas encaisser une mauvaise nouvelle le vilebrequin faut oublier

Donc poursuivit-il l’origine de la panne ne vous intéresse pas.
Je sais que je suis profane en la matière, mais ça ne doit pas être sorcier de redémarrer ce Pick up.
Le ton de sa voix ,sa manière de s’exprimer , sa phraséologie et son assurance complaisante commençaient à me déprimer tout autant que les nouvelles du vilebrequin.
Je restais plantée là alors qu’il s’éloignait en me disant vous allez bien vous en sortir !!

Je l’ai jeté le vilebrequin il était encombrant dis-je d’une voix sourde .
Ne vous inquiétez pas je le raconterai à personne dit-il en souriant
Je tiens de source sûre que des gens ont été assassinés à coup de vilebrequin dans leur voyage dis-je à mon tour
Dieu seul sait combien de cadavres croupissent défoncés dans un caniveau à coup de vilebrequin dit-il en riant.
Vous avez une phobie morbide pour cet outil .
Je vous l’accorde peu de situations sont aussi déconcertantes que la mienne.
Poussez le pick ou mourrez d’insolation voilà les alternatives me dit-il
Le Pick up fait le poids d’un buffle dis-je désespérée .
Sous ses longs cheveux frisés , il avait le regard fou de l’Australien moyen .
Ses mains avaient la taille d’une poêle à frire moyenne et ses pieds étaient gigantesques.
J’avais envie de m’évanouir .
Je fis alors ce que je n’aurais jamais osé faire en des circonstances normales . j’enfonçai de toutes mes forces mon talon dans ses orteils crasseux . je ne suis pas en surpoids, mais des orteils soumis à de tels assauts se seraient douloureusement écrabouilles en un tas d’os et de chair broyés.
Mais dans ce cas précis je ressentis une douleur vive à la cheville comme si j’avais mis un coup de pied dans un vilebrequin.
Confrontée à une situation aussi insolite j’aurais dû partir en courant , malheureusement ce n’était pas toujours possible . j’étais incapable de savoir ce qui allait se passer, mais je savais que quelque chose allait foirer . Je redoutais que ma phobie empire quand je le vis revenir avec un vilebrequin dans la main .
Je souffrais manifestement d’un trouble psychique . Ça ne me dérangeait pas outre mesure jusqu’ici .
Je crois que c’est à la vue du vilebrequin que les choses ont mal tourné.
L’idée de lui demander c’est quoi ce truc que tu tiens dans la main m’a effleuré un instant l’esprit Monsieur le Commissaire je sais c’est une aberration sociale que de faire ce que j’ai fait , mais bon il s’en sort bien .

 

13 janvier 2018

Arbre à came et force centripète (Vegas sur sarthe)


J'emmenais Germaine en week-end à La Baule "for the first time" quand à peine sortis de La Garenne-Colombes j'ai entendu un bruit anormal sous le capot de ma Passat TDI Bluemotion de 1982.
J'ai levé le pied en demandant sans espérer une réponse de ma passagère : "Tu trouves pas qu'ça manque de couple ?"
Incrédule, Germaine m'a regardé et a quand même répondu : "J'sais pas... ça fait qu'une semaine qu'on est ensemble"
Visiblement ses notions de couple moteur se limitaient à des supputations conjugales aussi n'entrai-je pas dans les détails de la transformation du va-et-vient linéaire en mouvement rotatif qui nous auraient emmené sur un terrain scabreux peu productif dans l'instant présent... et susceptible de tacher ma banquette arrière en cuir à massage ventilé.
Puisqu'il y avait urgence j'ai stoppé sur la bande d'arrêt du même nom, celle qui vous garantit deux minutes trente de survie par temps clair.
"On va ménager l'arbre à came" dis-je en soupirant.
Germaine ouvrait des yeux ronds : "T'en as? J'osais pas te d'mander..."
J'ai répondu mécaniquement : "On fume pas dans ma voiture"
Cette fois c'est Germaine qui s'est mise à soupirer.
A quoi bon lui parler de l'utilité du système bielle-manivelle et de la force centripète ?
J'avais fini par parler tout haut malgré moi.
"La force centripète" a t-elle répété "c'est donc ça l'odeur ? J'osais pas te d'mander..."
Ca faisait deux fois en une semaine qu'elle n'osait pas me d'mander... et ça commençait à faire beaucoup.
Alors je me suis écrasé à propos de l'excentricité des manetons, de l'alésage des pistons et du poids des masselottes.
A quoi ça servait que le type de Passat y se décarcasse à faire une TDI Bluemotion ?
J'avais joué la sécurité en prenant un moteur en V avec une bielle "maîtresse" articulée sur le maneton, et une bielle "secondaire" articulée sur la bielle maîtresse.
Malencontreusement j'avais pensé à voix haute!
"C'est ça! T'as une maîtresse! J'aurais dû m'en douter" a t-elle explosé en labourant de ses griffes manucurées son siège en cuir à massage ventilé.

J'ai tenté de calmer le jeu : "J'ai parlé d'une bielle maîtresse, Bichette, pas d'une vieille maîtresse... et si je devais en avoir une, ça ne serait pas une vieille"
Je m'enfonçais lamentablement.
"Tu vois, t'avoues que t'as une maîtresse, mufle !" rugit-elle en attaquant l'airbag passager, la seule chose à ne pas attaquer sur une Passat TDI Bluemotion de 1982 !

J'ai réalisé que dans le cycle admission, combustion/détente, compression, échappement on était plus près de la combustion et de l'échappement que de la détente... mais quand l'airbag lui a explosé dans la tronche, le silence est revenu.
Je devais dire quelque chose à tout prix : "ça doit v'nir du vilebrequin".
Elle était furax, bien comprimée mais furax : "Bien sûr, c'est toujours la faute des autres avec toi, c'est qui ce vil Brequin... ou plus surement cette vile Brequin ?"
Je lui ai tendu un kleenex: le sang séché sur du cuir lacéré ça coûte un bras.
Germaine pleurnichait doucement alors j'ai remis le moteur en route : "Tu veux pas sortir écouter le moteur , Bichette ?"
Pas facile de sortir avec une montgolfière qui s'est invitée entre le pare-brise et le siège, alors j'ai poussé... pas Germaine mais le moteur pour entendre rugir mon vieux tigre.

Finalement Germaine est sortie au moment où passait un gros routier sympa, les gros routiers sont souvent sympa, pas les chétifs bizarrement.
Celui-là a pris Germaine, enfin je crois puisque je ne l'ai pas retrouvée.
J'ai repris la route direction La Garenne-Colombes et l'atelier de mon garagiste Mr Lapin; oui je sais, un Lapin à La Garenne ça fait rire mais j'sais pas pourquoi.
Et le verdict est tombé en même temps que ma mâchoire : "C'est l'vibrequin, M'sieur Vegas" et il a ajouté "c'est l'problème sur les moteurs en V avec une bielle maîtresse articulée sur le maneton, et une bielle secondaire articulée sur la bielle maîtresse"
J'ai répondu machinalement : "Une vieille maîtresse ça doit être plus fiable, même avec des heures de route"
Mr Lapin a ouvert des yeux ronds : "Sans vilebrequin on avance moins vite"

J'avais pas compris que c'était de l'humour, j'ai osé demander : "Vous auriez pas une voiture sans vilebrequin, des fois ?"
Il se gratta la tête, les garagistes se grattent souvent la tête, allergie à la graisse sans doute : "Pour ça faudrait passer à l'électrique, M'sieur Vegas"
"A l'électrique? Vous en avez là pour voir ?" ai-je demandé.
Il m'a tapé sur l'épaule comme si on était potes alors qu'il était juste le docteur de ma vieille Passat malade du vilebrequin.
"Essayez Zoé, elle est libre" a t-il dit avec un clin d'oeil malicieux "elle est facile, pas exigeante et surtout silencieuse"
Je m'demandais si elle serait plus silencieuse et moins exigeante que Germaine.
J'ai dit bêtement : "D'accord, si elle veut bien..."
Mr Lapin m'a regardé bizarrement : "Elle est prête, elle est là sur le trottoir"
Je sais pas c'qu'y m'a pris, j'ai déguerpi... les putes c'est pas mon truc.

 

13 janvier 2018

Tout ça c’est la faute du maillot de bain (Nana Fafo)

Source: Externe


Lorsque Pingouinnot s’est lancé dans cette histoire il était plein d’espoir.
Il avait rencontré ce gars un peu vil avec des brodequins vraiment sales et vraiment rouges.
C’était à la Ville d’ailleurs, à Rennes, au parc de Bréquigny, près de la pataugeoire.
Il donnait une conférence sur le tout dernier maillot de bain mi court, mi long, de la marque décalée Vilbeurk, inventée par son ami Ronchonchon.
Ah celui-là, il en a fait tourner des têtes, avec son côté girouette, un coup j’aime, un coup j’aime pas.
Pingouinnot était un conférencier hors pair, indépendant et très sollicité.
Alors qu’il vantait les mérites de cette superbe nouvelle matière associée au design tortueux du grand couturier néerlandais Wimmel Kijn, le gars aux brodequins remarquables lui coupa spontanément la parole :
“ Voulez-vous travailler pour moi ? “
Pingouinnot, surpris mais habitué aux pirouettes verbales, lui rétorqua :
“ ça dépend, vous voulez monter essayer un maillot et nous faire un petit défilé ? “
Au lieu d’entamer une joute verbale, qui aurait demandé au public présent de se tordre le cou, par un mouvement de rotation continue, il leva sa main très haut dans laquelle se trouvait une enveloppe qu’il déposa très bas sur sa chaise et se dirigera vers la sortie.
À la fin de sa conférence, Pingouinnot, curieux, récupéra l’enveloppe, le mot disait :


Rendez-vous au Mont Bréquin : 3.1 3.0
Apportez un vilebrequin

 

 

13 janvier 2018

L'agression (maryline18)


Le ciel continue de déverser ses seaux d'eau à qui ose mettre le nez dehors en ce lugubre dimanche d'entre deux fêtes ! Il faut pourtant que j'aille prendre l'air(question de survie !) et ainsi me rendre compte de l'intensité des rafales qui font hurler le vent qui emporte tout sur son passage : poubelles oubliées sur les trottoirs, arrosoirs et divers objets négligemment laissés dans les jardins, vieilles chaises en plastiques, ballons de foot déjà délaissés au profit des consoles de jeux vidéo. C'est vraiment un drôle d'hiver ! Bien décidée à braver les éléments, je glisse mon gilet en pure laine vierge (acheté lors de mes vacances en Ardèches), sous mon tricot en fibres cent pour cent polyester. J'enfile mon pantalon imperméable ainsi que la veste à capuche. J'ajuste mon bonnet vert pistache et mes gants noirs. Je chausse mes chaussures de randonnées et je m'éjecte aussitôt dehors avant de tomber, victime de surchauffe prévisible. C'est vraiment pas du temps à mettre un chat dehors ni quiconque d'ailleurs, mais maintenant que j'y suis, j'y reste ! J'inspire un grand coup de cet air vivifiant qui fait le grand tour, semble t-il, dans tout mon être ! je me sens revivre, LIBRE ! (sous la pluie que je fais mine d'ignorer). Quand les automobilistes arrivent à ma hauteur, ils me dévisagent, allez savoir pourquoi... Je sais qu'à cet instant précis je n'ai pas l'air d'avoir toutes mes facultés intellectuelles, mais bon...se promener comme tous le monde, par beau temps, c'est trop banal non ? J'allonge le pas et vais...de ce pas...droit devant, comme un chien errant qui viendrait de s'échapper, habitée d'une méchante envie d'ailleurs ! Ma vieille entorse me fait souffrir mais qu'à cela ne tienne, c'est encore moi qui décide, ou pas, de marcher ! le corps, on lui cède une fois, deux fois, et bientôt c'est lui qui dicte sa loi et nos limites...J'arrive déjà à l'église ( l'horloge n'est toujours pas à l'heure ), je prends à droite et trouve les maisons très moches, les trottoirs sales...Je me concentre sur le souvenir récent du vingt cinq décembre.( Le saumon aurait été meilleur avec du citron, les coeurs de palmiers n'ont pas eu de succés, cette idée aussi de manger des trucs bizarres parce que c'est Noèl !, les pommes de terre n'étaient pas assez rissolées et la viande était trop cuite. Le vin avait un arrière goût de bouchon et la crême dont j'avais fourré la bûche dégoulinait, trop liquide. Enfin tout était délicieux si je me borne à croire mes convives tous faux c...!, ou très bien élevés !). Toutes mes recettes apparemment au point toute l'année, disfonctionnent le jour où tout doit être parfait...Allez comprendre...
Sans m'en rendre compte j'ai abandonné les ruelles tristes, J'ai tourné à gauche à la boulangerie et pris à droite en direction du chemin apprécié des sportifs, celui qui longe la rivière. La pluie a cessé mais le vent balaie avec fougue, les feuilles, le long du chemin. Ma cheville est bien réchauffée, j'accélère mon allure, tout en faisant glisser ma capuche dégoulinante. Le jour décline déjà, le ciel gris souris à viré au gris très sombre en moins d'une demie heure. Alors que je replace mon bonnet sur le haut du front, je perçois un bruissement derrière moi. Je me croyais seule mais qu'importe, je ralentis pour me laisser doubler. Le pas de l'inconnu semble s'adapter à ma propre vitesse. J'ouvre grandes mes oreilles et retiens ma respiration. Sa démarche, en décalage de deux secondes avec la mienne résonne en moi comme un écho inquiétant. Je n'ai informé personne du parcours que j'allais emprunter et en plus, je n'ai pas pris mon téléphone...Je suis soudain mal à l'aise...Je passe à la vitesse supérieure et tente de me calmer alors que mon coeur s'emballe. Je prends une bonne respiration. Une suée froide descend, de ma nuque jusqu'en bas du dos. Je presse le pas encore un peu, consciente de cette réalité de l'instant : je suis seule dans un lieu, certes agréable au printemps mais absolument lugubre à dix-sept heure trente, en décembre, avec en plus quelqu'un qui me suit. J'accélère encore ma marche qui prend des allures de fuite désespérée. Je n'ose pas me retourner pour lui faire face. À sa démarche je l'imagine grand, barraqué, le cheveux épais et très noir, l'oeil hagard. Il tente de me ratrapper, avide de...de...J'ai chaud, j'ai soif, j'ai peur...Mes jambes m'entrainent presque malgrès moi, tel un épouventail sur ressorts, je me vide de toute consistance. Je cours, horrifiée, mon coeur cogne sur mes tempes trempées. J'imagine sa grosse main tenant le couteau qui lui servira à me trancher la gorge..., ou peut-être a-t-il choisi un autre instrument, pour me perforer le cou ( un tire- bouchon, un tourne- vis, un vilebrequin)! Le sang rouge vif jaillira de ma carotide par secousse, propulsé au rytme de mes pulsations. Je regarde le cours d'eau défiler dans l'autre sens, à l'allure rapide où je cours moi même et crois y apercevoir ma tête ensanglantée, encore couverte de moitié par mon bonnet vert. Je ne pourrai pas tenir ce rythme bien longtemps et je me sais perdue. Je pense à ma famille, à cette idée folle de sortir à cette heure avançée sans en avertir personne... Ma cheville me fait de nouveau mal, je suffoque, je tousse, je tombe et me relève comme soulevée par une force divine. Soudain, tel un mirage, une silhouette, au loin, se dessine et vient vers nous ; c'est un joggeur ! je suis sauvée ! je cherche son regard bien avant qu'il soit à ma hauteur. Je lui fais des yeux de démente, qui viendrait de s'échapper de l'asile le plus proche, et, le pouce pointé discrètement vers mon bourreau, je lui mime ces mots, de ma bouche déformée, d'où rien ne sort, à part la peur : _" Il veut me tuer ! il veut me tuer !"
Le jeune homme me dévisage, les yeux exorbités et poursuit son parcours. Mon sang se glace, je blêmis. Il fait presque noir maintenant, je suis perdue cette fois, il incarnait mon seul espoir de rester en vie. Je fais un effort surhumain pour retrouver une respiration qui me permette de poursuivre ma course vers l'inéluctable. Il y a bien une solution pour vivre...encore...Je me souviens des cours de self-défense, quand javais seize ans : Je vais me retourner, et quand il m'assènera le premier coup, je saisirai son bras, ferai un demi tour et utiliserai sa force pour le faire valser par dessus mon épaule. En théorie cela à l'air parfait mais s'il est très grand je n'arriverai à rien... Ah oui, je me souviens... je saisis son bras, je fais un quart de tour sur la droite, je lui déboite l'épaule tout en lui labourant l'omoplate de mon pied gauche...ah non ça ne marchera pas, j'ai trop mal à la cheville... Tant pis, je me rends, j'en peux plus...que ça se termine...Je stoppe ma course, à bout de force, et me retourne, haletante. Personne ! il n'y a personne derrière moi. Dans un état second je tente de marcher, mes jambes trembles, j'ai la nausée. Je reste donc un moment immobile, interdite, puis, dans le silence de la nuit, je me remets en route. Plus un bruit aux alentours, même le vent se tait devant l'absurdité de la scène. Je n'entends plus que le frottement de mon pantalon, à l'intérieur des cuisses , après chacun de mes pas. Ce crissement que j'ai pris pour les pas de quelqu'un d'autre ! Bonjour l'imagination ! Il y a des histoires qu'il vaut mieux ne pas raconter...C'est d'ailleurs ce que j'ai fait, en rentrant, appréciant plus que jamais le doux réconfort de la sécurité retrouvée.

 

13 janvier 2018

Oh, My! (joye)

Drin ! Drin ! Drin ! Drin !

- Allô ?

- Allô Walrus ? Ici Joye.

- Oui ? Allô ?

- C’est juste pour te dire que je ne serai pas là, cette semaine. Je pars le 9 janvier pour aller visiter San Antonio (la ville, pas l’auteur).

- Ah ?

- Voui, ah, la meau, même, et ze Riverwalk.

- Super ! Mais…

- Mais ?

- Toussa, c’est très bien, mais c’est où ton vilebrequin ?

- Ben, dans ma valise !

- Dans ta valise ? La TSA ne va jamais permettre cela à bord de l’avion !

- Non ? Pourquoi pas ?

- Parce que tu pourrais t’en servir comme une arme !

- Une arme ? Ben non, Walrus ! Tu rigoles ?

- Non ! Pourquoi ?

- Ben, tu sais bien que Vilebrequin, c’est une marque de maillot !

- Eh ben, alors, oui, hein, j’avais raison ! Tu pourras t’en servir comme une arme !

- Eum, non, Walrus, c’est gentil, mais évident que tu ne m’aies jamais vue en maillot !

my oh

6 janvier 2018

Défi #489

 

Dans la vie,
y a des hauts
et des bas...

Pareil pour le

Vilebrequin

 

Cshaft

 

 

6 janvier 2018

Sont partout à la fois

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Le défi du samedi
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