Participation de Venise
Il m’arrive de me prendre pour un arbre et de plonger les racines de mes bras dans la terre chaude de janvier.
Je viens y entendre les paroles des jardiniers , écouter le bruissements des ailes des coccinelles prises par le gel.
Je viens y braconner le reste d’espérance dans les racines des pissenlits avant que nous gifle le froid polaire.
On peut tout négocier avec la nature , on peut même lui mentir un certain temps , mais nous ne sommes pas des rois dans un désert .
Nous n’avons pas ce don d’ubiquité des sauvages du xii siècles, nous n’avons plus ce génie d’un Ronsard allant vers sa rose .
Nous sommes ces aveugles empêtres dans leur propre force inutile ne sachant plus multiplier les fenêtres sur le monde .
Il nous faut retrouver la force de papillonner dans la lumière du jour comme nos sœurs libellules.
Avant que vivre ne devienne une maladie éphémère retrouvons ce don d’ubiquité qui nous permettait de flairer une licorne dans un paysage.
Remettons d’aplomb ces visages écrasés sur des vitraux poussiéreux, ces mauvais draps dont sont faits nos lits.
Nous pourrons voir alors sans peur les rosiers sauvages de Damas et en même temps toute la bibliothèque d’Alexandrie
BONNE ANNEE. .