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Le défi du samedi
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20 février 2021

« Qui pense peu se trompe beaucoup » (Vegas sur sarthe)


« Alors, nous avons parcouru laborieusement les douze pages de votre curriculum vitae Monsieur … Monsieur … peu importe pour l'instant.
C'est très conséquent mais notre premier souci c'est qu'on n'y comprend rien, c'est un vrai torchon et même douze torchons »
« Ah … désolé, j'ai la manie des gauchers, celle d'écrire de droite à gauche mais je peux vous traduire sans difficulté »
« Ça ne sera pas la peine. Résumez-le très succinctement de vive voix mais à l'endroit s'il vous plaît »
« D'accord. Je suis donc né en Toscane et j'ai commencé à gribouiller des choses à Milan et puis à Rome, à Bologne, à Venise, à ... »
« Je vous arrête, des ritals qui croquent le marmot il y en a plein la place du Tertre à Montmartre et sur la place Saint Marc … vous avez fait quoi d'autre ?  »
« J'ai joué un peu avec des grues puis des métiers à tisser »
« Hum ... »
« De là j'ai imaginé une machine à faire les spaghetti»
« Ça coule de source … et puis ?»
« J'ai conçu des scaphandres, des roulements à bille et des machines de guerre, des sous-marins, des chars d'assaut, des hélicoptères, des mitrailleuses... »
« Des mitrailleuses, ça c'est très intéressant ! Vous êtes comme le type qui a inventé la Kalachnikov ? »
«Ce type c'est Kalachnikov »
« Que voulez-vous dire ? »
« Je dis que c'est Kalachnikov qui a créé la Kalachnikov »
« Ah bon ? »
« Oui, c'est en kalachnikovant qu'il est devenu son inventeur … tout comme c'est en sciant que Léonard devint scie, comprenez-vous ? »
« Non »
« C'est dommage car vous auriez eu une bonne image de ma personnalité» 
« En tout cas vous pourriez intégrer notre programme de recherche de Force Spatiale Opérationnelle et ... »
« Je vous demande pardon mais je suis lassé de ces engins de mort, moi ce que j'aimerais c'est peindre une femme qui sourit »
« Une femme qui quoi ? »
« Quelque chose d'iconique, d'énigmatique, une oeuvre qui suscite l'émotion »
« L'émotion ? Ça ne marche pas et ça ne rapportera jamais rien. Dites nous quand même, tous ces signes bizarres à la dernière page ça veut dire quoi ? »
« C'est juste un code »
«Comme un code secret ? Vous êtes également cryptographe ? »
« Euh … non. J'ai fait ça pour le fun sans savoir si ça servira un jour, je l'ai appelé le code De Vinci »
« Bon et bien tout ça est intéressant mais plutôt décousu et assez farfelu … Si vous pouviez réécrire votre curriculum vitae à l'endroit, on vous rappellera plus tard »
« Plus tard ? C'est que je n'ai plus beaucoup de temps car je voudrais profiter de ce parachute pyramidal doré que je viens d'inventer »
« Un parachute doré dites vous ? Attendez une petite minute Monsieur … Monsieur comment déjà ? »

(Soupir)

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20 février 2021

Le curriculum vitae, "déroulement de la vie[1]" ou la fuite du temps. (Laura)

 

Je ne suis pas la seule, je pense à ne pas bien me souvenir de mes premières années d'où mon émotion en revoyant et entendant mes proches et moi dans une vidéo exhumée par une cousine. Revoir mes disparus, surtout, est surprenant car la représentation  que j'en avais dans mes souvenirs est différente.
J'ai étudié "La fuite du temps" au lycée, à une période de ma vie où je voulais, au contraire que le temps passe plus vite, être plus âgée, pour faire ceci ou cela. Si "Le lac" de Lamartine [2]me plaisait, je me sentais plus proche de Baudelaire et de son Ennui[3] ou spleen.
Pourtant, je ne m'ennuie pas comme les collégiens que je côtoie dans mes CDI de professeure-documentaliste. A ceux qui m'écoutent, je leur réponds que j'aimerais bien m'ennuyer comme eux. Je n'envie pas leur ennui en fait mais le temps qui leur reste pour faire toutes ces choses dont j'ai envie ou pour revivre les instants passés dont j'ai l'impression de ne pas avoir assez profité et je me souviens de:

 

"Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ![4]"

 

et de notre séjour sur les traces de Lamartine.

Les vanités[5] sont les symboles picturaux de cette fuite du temps inéluctable.
Je ne suis pas seule, je pense à ressentir, après la perte de l'être aimé qui nous était le plus proche(pour moi, mon mari) , l'urgence absolue de vivre puisque la mort nous a frôlé de près en nous obligeant vis à vis de celui qui est mort à vivre pour deux:

« Trois mille six cents fois par heure, la seconde chuchote : souviens-toi ! »
Vers 9 et 10 de L’horloge dans les Fleurs du mal
Charles Baudelaire

et je me souviens du thème étudié au lycée notamment à travers Ronsard:

« Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. »

reprise du Carpe  diem" d'Horace.

20 février 2021

Blanche-Neige (maryline18)


Je suis sûre que ça peut marcher, il suffit de le vouloir très, très fort ; Maman me l'a assez rabacher : < Quand on veut, on peut !> Je tourne pour la énième fois le bouton de ma télévision magique, il faut que j'y soit avant que les Sept Nains ne rentrent du travail. Allez, je ferme les yeux et j'me concentre,  <Abracadabra, je quitte le sol et je m'envole !>
...
" Eh oh ! Eh oh ! On rentre du boulot !"
...
Ouille ! Aie ! Eh, toi là haut, doucement ! Le sol est dur ! Enfin, j'ai réussi ! C'est pas trop tôt !
-"Siffler en travaillant...La la la la la la... !"
Ah ! Bonjour Blanche-Neige ! Je visite toute les maisons de Walt Disney pour aider les héroïnes.
_  Mais qui es-tu ?
_ Je suis la "Fille qui tombe à pic", une sorte d'assistante spatiale au service des exploitées !
_ Oh mais j'adore me rendre utile et j...
_ Taratata ! Tes septs petits mecs se fichent de toi à plein nez, tu vas arrêter de laver leurs chaussettes et de ranger leur bazar ! Tu feras une formation s'il le faut mais je ne veux plus que tu te fatigues au ménage ! tant que tu ne quitteras pas cette maison, tu ne t'en sortiras pas ! Que veux-tu tirer de ces rigolos : un pseudo intello, un coincé, un flémard, un raleur, un idiot, un enrhumé qui éternue tout le temps et un autre qui s'marre sans savoir pourquoi...!
...
< Eh oh, Eh oh, on rentre du boubot !>
...
_ " Vite ! Viens avec moi, on va se trouver un p'tit coin tranquille pour envisager ton avenir !
-Premièrement, pour trouver du boulot, il faut que tu changes de look !
-Deuxièmement on va taper ton CV, t'as un ordi ?
_" Mon quoi ?"
_" ben, ton CV, ton Curriculum Vitae quoi ! Oh la la ...j'ai bien fait d'venir ! Bon, tu faisais quoi avant d'atterrir ici ?
_"Je soignais mon père qui est mort..."
_Oui ben, des fois ça vaut mieux...
_Quoi ??
_Non, laisse tomber...J'ai pas l'temps de t'expliquer !
_Bon, qu'attends-tu de la vie ?
_L'Amour !
_Concentre toi Blanche-Neige ! Ne me répond pas N'IMPORTE QUOI, s'il te plaît !
...
_ La voilà qui pleure maintenant ! Bon, on reprend...Dans l'idéal, tu préfèrerais travailler en plein air, ou dans une chocolaterie ? Vivre dans un château où dans le ventre d'une baleine ? Vendre des allumettes ou refuser de grandir ? Glisser magestueusement sur un lac ou claquer du bec dans une mare ? Te perdre dans une forêt ou être changée en grenouille ?
_ Mais je sais pas moi...
_Ben dis c'que tu veux, il faut juste que je coche, t'as aucune chance de t'en sortir si tu ne rentres pas dans une case ! Oh et puis flûte ! Viens on va voir les nains...Je les aime bien moi aussi !  Pardon, j'ai été méchante...j'adore ta coiffure !
 

20 février 2021

Ah... Les curriculums (Vanina)


Connaissez-vous l’Eugène?
C’est un vigneron, tout comme son cheval.
Une fois dit cela, c’est un peu comme si l’on avait tout dit de son curriculum.
Cependant l’Eugène aime son cheval. Comme tout bon maître de troupeau, car le cheval est un animal grégaire, il le nourrit, le protège, le soigne et si besoin le gronde! C’est que l’Eugène il l’a vu naître son compagnon. Vu qu’la jument s’appelait Jolie Dame, l’Eugène avait eut l’idée d’appeler le poulain Quel Homme. Mais lorsqu’il déclara son animal, il y eut une erreur de saisie. Le Quel Homme devint Qul Homme. Il en aurait fallu bien plus pour ennuyer l’Eugène qui préféra en rire!
Qul Homme est fort, gentil, intelligent. La grande précision de sa traction, permet à l’Eugène de traiter chaque rangée et même chaque cep de vigne. Son crottin nourrit la terre, valorise le terroir, comme y disent à la ville. L’Eugène se moque un peu des benêts de la ville, il a fait étiqueté son vin «bio», du coup le prix a flambé. L’Eugène aime son travail auquel il n’a jamais rien changé, malgré un diplôme d’ingénieur agronome (Master 2); il respecte les traditions ancestrales. Comme il le dit lui même avec un ton malicieux: «Là où y’a d’l’Eugène, y’a du plaisir!». Il est ravi de mettre quelques sous de côtés et d’pouvoir offrir à Qul Homme, d’ici que’ques années, une belle retraite. D’ailleurs ils la prendront ensemble! Pour sûr, Qul Homme est le cheval de sa vie.
Chaque jour, Qul Homme passe sur des parcelles pentues là où les tracteurs motorisés trépassent... Et chaque soir, lorsque le labeur, du labour à la vendange, est fini, l’Eugène invite son compagnon à rentrer au bercail : A l’écurie Qul Homme !


- - - Il y a de cela quelques années, j’avais écrit pour un défi, une lettre de motivation - - -
http://samedidefi.canalblog.com/archives/2008/06/07/9477529.html
 

20 février 2021

Ordinaire (Kate)

 

Toi Danny moi Brett comme une évidence

Notre amitié comme un hasard

Toi Danny qui se bat et s'élance

Moi Brett aristo en costard

J'y repense

Comme il se fait tard

Notre amitié

Dura des années

On s'identifia

À ces beaux gars

Nous des filles

Sans sombre héros

Ni mantille

Juchées sur nos vélos

 

Musique de John Barry, "britannico-américain" comme dit sa bio

(et "véritable créateur de la musique "bondienne""

et premier mari de Jane et père de Kate, mais c'est une autre histoire...).

Musique qui nous transporta 

Toi vers la folk de New York à San Francisco

Moi de Cambridge à Glasgow

Nourries de nos héros

Tels des flambeaux ardents

Nous réchauffant souvent

Surtout nous permettant

D'échapper à nos parents

Adolescentes nous sommes restées

Nourries de nos clichés

Attirées par nos vies rêvées

Adolescentes vieillissantes

Mais de ciné

Et de musiques gavées

Toi attirée par Liam

Et moi William

Quel message dans cette bouteille

Sacrée bouteille ?

Ben ordinaire

Nous étions ben ordinaires

Nous ne l'acceptions pas

De cette vie nous n'en voulions pas

Mais quand j'entendais cette chanson

Je ne l'écoutais pas

Maintenant c'est ma passion

Si tendre est Charlebois

Je ne dis pas non

Je crie qu'il a raison

Et on n'en guérit jamais

C'est ben vrai...

Hommage

À l'auteur

Et aux interprètes

Vigueur

Des poètes

Ben ordinaires ?

 

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20 février 2021

J’ai… (tiniak)

 


Cargué la voile de mon cotre
Uni Le Chien à quelqu’un d’autre
Rengorgé ma colère, toute
Rebattu les cartes du doute
Ignoré les menaces veules
Caressé à paume l’éteule
Usé le Sort à mon Festin
Lofé à l’anse du matin
Usiné ma voix sous le vent
Mûri de songes mon tourment

Voilà tout mon curriculum
Il est léger, m’en diriez-vous ?
Testez-le à l’aune d’un somme
Après ce premier rendez-vous
Et goûtez ce qui me fait homme

 

20 février 2021

Ah vraiment quel beau métier ! (Yvanne)


- Salut Michou ! Tu t'es fait chic aujourd'hui. T'es allé aux filles ?
- Pfff. Te fous pas de moi Max.
- Mais non. T'es allé en ville ?
- J'étais à la Mairie.
- Ah ! Il fallait se mettre sur son trente et un pour voir le maire ?
- Tu comprends rien. Et tu m'agaces avec tes questions. Si tu veux savoir, je suis allé me présenter pour faire l'entretien.  
- L'entretien de quoi ?
- De la commune pardi. Tu te rends compte si je suis pris ?  ( Michou se frotte les mains. Il en rêve d'être cantonnier ) A la place de ce pauvre Jeannot qui peut plus soulever un outil tellement les douleurs le bouffent.
- Tu vois ce qui t'attend... Et le Jeannot, il s'en est pas beaucoup servi de sa pelle. Ah si, le plus souvent pour s'appuyer dessus. Il a plutôt la maladie du renard oui !
- Mauvaise langue. En plus, le malheureux, il paraît qu'il a attrapé la prostate.  Et puis, tu vas pas comparer ? T'as vu comme je suis costaud.
- Et alors, c'est le maire qui t'as reçu ? Il te connaît bien et il préfère sûrement que tu te lèves le matin pour aller bosser un peu, plutôt que  te planquer sous les fenêtres de la Marie-Jo toutes les nuits. Pour essayer de la voir à poil. Tu l'auras le poste, je te le dis.
- Si tu continues à raconter des racontars de merde, je te fous mon poing dans la figure.
- Allez, te fâche pas.
- Bon. Il était pas tout seul le maire. Y avait un type qui rigolait tout le temps comme si on le chatouillait et une nana qui me regardait de travers,  une grosse qui montrait ses seins.
- T'as pas dû t'ennuyer alors !  Ils t'ont posé beaucoup de questions ? T'es embauché ou quoi  ?
- Doucement pas si vite. Faut que j'y revienne. J'avais pas fait mon spéculum vité.
- Hihihi.
- Qu'est ce que t'as à te foutre de ma gueule ? Tu te crois intelligent ?
- Te fâche pas. T'as pas bien compris je crois.  Le truc dont tu parles c'est les toubibs des femmes qui l'utilisent. Ça servirait à rien que je t 'explique puisque t'as pas de femme. Les autres, là, à la Mairie, ils veulent voir ton curriculum vitae. C'est du latin. Tu sais bien que maintenant ces gens-là peuvent pas parler comme tout le monde. Ça veut dire qu'il faut que tu écrives sur un papier tout ce que tu as fait jusqu'à présent et tout ce que tu sais faire.
- Ah bon ?  Il faut tout ça pour être cantonnier ? Tu pourras m'aider toi ?  T'es plus instruit que moi. Je te paierai un canon, tiens.
- Si tu veux. Pour ce qui est de ce que tu as fait jusqu'à présent, ça ira vite.
- Comment ça ?
- Ben dis-donc Michou, avoue quand même qu'à part glander et te balader sur ton pétarou...
- Oh ça va hein !  Mais j'y pense : ils m'ont demandé si je savais conduire une balayeuse. Tu crois pas qu'ils sont maboules ? Faut pas savoir conduire pour pousser un balai tout de même. Et puis ils veulent pas que je dise « cantonnier ». Ils parlent  d'employé de la voierie. Quelle voierie ? Ils savent même pas qu'on a depuis longtemps fait sauter les rails du transcailladou. Et ils se croient malins ces deux gougnafiers. Je parle pas du maire : bouche cousue. J'avais beau le regarder pour qu'il dise deux mots. Rien. Pourra toujours courir pour que je lui apporte des truites, et des cèpes celui-là !
- A mon avis, tu devrais bien pourtant. A la fin, c'est lui qui décide.
- Tu crois ?
- J'en suis sûr. Tu vas réfléchir pour tes compétences et  ce que tu espères comme paie. On se voit demain.
- Hé Max,  les compé...comme tu dis : pas de problème, ils peuvent compter sur moi. Pour l'argent, ils me donneront ce qu'ils voudront. Pourvu que je puisse payer mes pipes et mettre de l'essence dans ma bécane, moi, ça me va. Mais faudra pas oublier de préciser qu'il me faut mon transistor pour travailler. Et aussi ma mobylette. A demain chez la Jeanne. Tu auras ton verre de blanc servi. Même qu'on demandera la bouteille si tu veux.

Ah ! Ce brave Michou. Le cœur sur la main. Toujours prêt à rendre service. Ce travail lui conviendra j'en suis sûr.  Si on sait le prendre on en fait ce qu'on veut. Il mérite la place allez. C'est pas de sa faute si  les crapauds n'ont pas de queue tout de même !

20 février 2021

Curriculum (Pascal)

 

L’usine « Magie et Alchimie » cherche un veilleur de nuit pour surveiller ses locaux ; aussi, de ma plus belle plume, la plus ailée, j’ai aligné sur ma feuille un curriculum vitae digne des contes des… mille et une nuits…  

Origine : Fils de Aline Éha-Larousse, goûteuse chef à la Pie qui Chante, et de Petit Robert, inventeur de l’accent aigu sur Kréma (ils travaillaient dans la même usine de bonbons), je sollicite auprès de votre entreprise le poste de veilleur de nuit. Insomniaque, je pense avoir toutes les compétences nécessaires pour satisfaire aux conditions d’embauche à l’emploi que vous proposez.

Études : maternelle sup, troisième cycle, dont trottinette et cheval à roulettes, premier en balançoire et médaille d’or à chat perché, bac à sable, option château fort, math soupe de poireau pomme de terre, math spé-léologie, entre Pi et Phi, et sciences pot.  

Autodidacte, je suis l’inventeur de la camisole de farce, de l’ampoule dans la lampe à frotter, le fil à couper la peur, de la confiture d’arnica, de la cintreuse de bananes, du papier hygiénique à double face, des confettis en trois dimensions, de la baguette magique rétractable.
Je suis dresseur d’escargots de Bourgogne, dompteur de cerfs-volants, testeur de boules de cristal, confesseur de gorgones, toiletteur de licornes, promeneur de dragons ; je saurai changer l’eau des sirènes sans me laisser charmer par leurs chansons. Occasionnellement, je suis souffleur de vers au théâtre, balayeur de fausses notes au kiosque à musique. À ce jour, je suis bonimenteur, option vaisselle cassée, sur le marché du vendredi.

Emplois précédents : Douze métiers, treize mystères, j’ai été vendeur de strapontins devant le cimetière du Père-Lachaise, de parapluies à Cherbourg, de robinets à Vannes, arlequin à Tolède, calibreur de petits pois chez D’Aucy, montreur d’ours en peluche aux établissements King Jouet, videur de boîtes de conserve, gardien de plein phare chez Cibié, doublure de Rocco Siffredi dans « L’Éjaculateur Précoce » et dans « La Chatte Épilée » des films Miaou, capitaine de gondole, conducteur de trains électriques chez Jouef, accordeur de scies musicales, soldat de réserve dans l’Armée du Salut, jockey sur chevaux de bois, prêteur sans gage, essayeur de matelas chez Dunlopillo, traducteur de ragots de sorcières, matador chez Taureau Ailé, trafiquant de larmes en Afrique et de pastachuta au Surinam, gardien des vêtements dans un club de naturistes, testeur d’airbags chez Lolo Ferrari (paix à son âme), vendeur de graines de choux à la crème, coupeur de citrons à la mi-temps d’un jeu de baby-foot, Père Noël chez Mammouth, accordeur de serpents à sonnette, émondeur d’épines de roses, tasteur de vains mots, diapason pour oiseaux lyres, chauffeur nuiteux chez Lustucru avec du vermicelle de contrebande dans la remorque, tendeur d’arcs-en-ciel, distributeur de flocons de neige et d’avoine, fabricant de gants de boxe pour la traite des puces, ressemeleur de bottes de sept lieues, oreiller à mémoire de méforme pour femmes infidèles, chorégraphe pour ombres chinoises, placier en chaussures de verre, dynamiteur d’aqueducs, chers à Bashung, compteur de vagues à l’âme à marée larmoyante, réparateur de plancher des vaches, ajusteur chez Metallica, cueilleur de trèfles à quatre feuilles, excuse dans jeu de tarot en rodage, pilote des c chez Cédille Sport, traducteur de la bible en langue de bois, aiguiseur de plumes de poète, figaro pour femmes à barbe, juré aux Assises dans le cas Lembredaine, goûteur de déclin ordinaire, serveur de bières chez Roblot, semeur de fleurs en plastique et graveur d’épitaphes en lettres d’or…    

Sports pratiqués : La Game boy, option Tetris ; les yeux fermés, le tir aux pigeons avec fléchette-ventouse-salive ; les exploits inutiles en tous genres dont escalade d’immeubles de vingt étages par la face nord et par les escaliers, la conduite en état d’allégresse forcenée, le saut à l’élastique sans élastique (au pantalon) ; la peinture sur girafes au galop, la traversée du désert (en mode expert).    

Hobbies : Collectionneur de poussière d’étoiles filantes, de sable d’îles désertes, de cigarettes en chocolat, de chapeaux chinois, d’estampes d’Étampes, de petits cailloux blancs, de bouteilles de sirop typhon, de feuilles mortes de San Francisco, de cartes postales de Mars, de larmes de crocodile, de médailles en toc, de billets de trains jamais compostés et de sourires périmés…  

Rêves : Rencontrer Bob Dylan et Hattie Carroll ou Stephan Eicher, et déjeuner en paix, ressusciter Marie Laforêt pour continuer les vendanges de l’Amour, chanter a cappella chez Capello, retrouver Manureva et son skipper, tricoter les nuages en pull-over pour les miséreux, les essorer pour les assoiffés, les écarter pour les vacanciers, passerla tondeuse dans les Verts Pâturages…  

J’espère que ma candidature retiendra toute votre attention. Salutations respectueuses.

 

20 février 2021

Un ti-curry réunionnais (Ilonat)

 

Chèr missier Direktèr le « Rèstoran Zoreil »

Un « curry kylom vit’fé », kom ou l’a di o téléfone, mi koné pa

Romark ! Si ou pensé un ti curry la case, cari poulet, cari zourite ou cari
                boucané, un ti-curry vréman

Réunionnais, sa ! mi koné par kér. I fo ziste trouvé les

Ingrédians nana bezoin pou fèr la sos : tomates, zonions, é surtou les zépices

Coriandre, cumin é curcuma pou la koulèr

Un ti bout de zinzembre, un bonpé de pimans

Lé bon ! La sos pou le cari, sé le plus importan

Un vré cari réunioné i fo prandre son tan, é lésé

Mizoter, lontan, lontan….

 

Vi d’mande a moin un lètr spésial, tapé a la masine, pou travay avek zot !

Invit pluto a moin un zour dan zot kwizine

Trouve pou moin toutes les sozes nana bezoin, ek un ti-punch pou bwar ensam

Alors,  mi fèr a ou un cari du tonèr, un vré cari réunioné, m’an dira dé nouvèl !

Ek vot réspé, missier le Directèr, pas bizoin de CV

 

20 février 2021

Le CV de la revanche (TOKYO)

v1

 

 

1784 / accusé d’insurrection.

1785/ emprisonné pour cinq ans.

1787 / Accusé d’être l’instigateur d’un coup de force pour faire tomber le ROI.

1789/ libéré.

 

1790. / apprenti boulanger.

1792. Boulanger.

1793/ pris en otage par les sans culotte incendie de la boulangerie.

 

1795. Départ de paris pour la province.

1796/ ouvrier dans la savonnerie de Marseille

1797/ Peste à Marseille. .

1797/ employé à la vielle charité comme infirmier stagiaire.

1798 / entrée à l’école de médecine.

1803. interne des hôpitaux Ambroise Pare à paris.

1813 / officier de l’armée de terre médecin des armées.

1816/ médaillé de la bataille de Leipzig.

1820 : Candidat aux élections de la Mairie de Paris.

1821 : Elu Maire de paris.

1823 / publication des mémoires de guerre.

v2

1824 / Prix Nobel de la paix.

1825 /    Elu sénateur de la seine maritime.

1830/ retraite.

1832 / rencontre honoré Balzac et fonde les éditions ‘du raz de marais.’

1834 / Elu président de la république.

 

 Toute ressemblance avec un personnage existant n’est que pure coïncidence ou pas !

20 février 2021

Son chemin de vie par bongopinot

b


Il écrit sur un cahier
Son chemin de vie
L’école en dents de scie
Il doit trouver un métier

Il travaille comme jardinier
Puis sur le chalut « le sans peur »
Il est marin pêcheur
Puis il fait les marchés

Il trouve un stage pratique
Pour devenir soudeur
Il aime cette rigueur
La précision il s’applique

Il est embauché à un poste de nuit
Il met du ballast sous les voies ferrées
Il voyage pendant quelques années
Et rongé par l’ennui

Il revient en Normandie
Occasion d’aller à la pêche à pied
Sous le soleil de février
Une passion depuis tout petit

Oreille de mer ou ormeau
Pendant les grandes marrées
Abalone dans le panier
Attention à la montée des eaux

Il note sur son cahier
Les métiers et les années
Pour faire son curriculum vitae
Pour pouvoir retravailler

13 février 2021

Défi #651

 
Initialement, j'avais opté pour Colostrum
mais L'homme parenthèse m'a coupé l'herbe sous le pied
Pour rester dans le C...um, je choisis donc...

Curriculum

6511

 

13 février 2021

Ont purgé leurs ballasts

13 février 2021

« Ballastonporc »! (Ilonat)


Ballast ballast ballast ballast…
Si tu fermes les yeux et que tu le répètes plusieurs fois
Ça fait un peu comme le bruit des roues du tortillard
Qui va de Santa Fé jusqu’à Dallas
Ballast ballast ballast balast…basta !

Pas facile de trouver des mots qui riment avec ballast,
C’est comme avec Ducros, faut qu’on se décarcasse.
A part gymnaste et cinéaste, pédéraste,
Sans être iconoclaste, t’en trouve pas des masses…
Alors on va pêcher à la ramasse sans vous mettre en pétard
Avec des rimes de jobard et sans chercher le carré d’as

Moi, j’suis un vrai routard du cinéma américain
Hit the road man ! Et poursuis ton chemin
Un vrai héros du road movie! Pas un toquard…
Après moult avatars et mille traquenards
Ils m’ont foutu en taule et collé au mitard

On m’a forcé à travailler comme un bagnard
Quarante et un degrés sous le cagnard
Avec un garde chiourme, un vrai crevard
Qui nous menait à la cravache
A charrier des cailloux pour changer le ballast
Sur la deuxième voie du Santa Fé Dallas(t)

Un gueulard, un vrai porc, un véritable salopard
Qui venait nous mater sous la douche, le soir, comme un vieux  vicelard
« Ballast ton porc »  que j’me suis dit,  comme on dira beaucoup plus tard
J’ai pas attendu les mitoos,  je lui ai fait faire sa fête à ce gros lard.

Un jour qu’il me tournait le dos sur le trimard  J’lui ai foutu un coup vachard
Sur sa sale tronche de lavasse…Il est resté KO sur la caillasse.

Moi j’ai sauté sur l’tortillard qui s’amenait sur l’autre voie
Et me voilà peinard et heureux comme un roi
Dans l’train qui va de Santa Fé jusqu’à Dallas
A écouter le bruit des roues sur le ballast
Et rêver de ma blonde qui m’attend tout là bas
Dans son saloon « Au Carré d’As »…

Ballast ballast ballast ballast ballast…il se fait tard, à demain soir.

13 février 2021

Tagadam Tagadam (Vegas sur sarthe)

 

Au pénitencier où j'ai la malchance de séjourner nous n'avons pas un grand choix d'activités sportives, en fait il n'y a qu'un choix possible : la fabrication de masques jetables ou le concassage de pierres pour le chemin de fer.
Alors j'ai choisi le grand air plutôt que le confinement, je dirais que j'ai enfin trouvé ma voie, une voie ferrée comme moi mais lesté d'un boulet de trois ans.
Jusqu'alors j'avais rêvé d'embrasser une carrière de baveux ou d'avocat mais à la vue de celle qui se dresse devant moi – un mur de calcaire siliceux de cinquante mètres de haut – je réalise que je suis à tout jamais passé dans l'autre camp.
La ballastière ça n'est pas une matonne qui surveille les taulards, c'est juste un rocher qu'il s'agit de hacher menu ; l'ingénieur appelle ça concasser et c'est bien vrai qu'on a l'air de cons cassant la roche en petits morceaux de trois à cinq centimètres.
L'ingénieur appelle ça la granulométrie, moi j'appelle ça du foutage de gueule ! Manquerait plus que ça qu'il nous oblige à les mesurer quand on sait à quoi ça va servir au bout du compte !
On dit que le ballast ça sert à caler les traverses des rails pour que ça fasse un bruit envoûtant genre tagadam tagadam qui plaît tant aux gonzesses des trains de nuit qu'ont du vague à l'âme et aux gonzes qu'ont une seule envie … les sauter !
C'est pas ça qui me donne du coeur à l'ouvrage ; avec ou sans tagadam j'ai envie de sauter toute la rame jusqu'au conducteur, c'est vous dire à quel point Germaine me manque.
Si elle me voyait cassant du caillou alors que je ne sortais même pas la caisse du greffier, elle ne reconnaîtrait pas son mec.

Aujourd'hui j'ai eu une promo, j'ai été muté au compactage.
Le compactage c'est pas des cons qui font des paquetages.
J'explique : Faut pas croire qu'on balance le ballast comme ça sous les rails sans compacter et que ça va durer à perpète ; pour compacter on enfourche une bourreuse.
Allez pas vous imaginer des trucs salaces, la bourreuse c'est juste une grosse machine à bourrer le ballast, un engin vibreur qui vous refile un Parkinson et qui vous fait perdre vos ratiches si vous fermez pas votre clapoir.
L'ingénieur dit que c'est normal et que 42 Hertz c'est la fréquence idéale pour vibrer le ballast mais lui et moi on n'est pas sur la même longueur d'onde et j'ai toujours pensé que Hertz c'était juste un loueur de bagnoles.
Dieu seul sait pourquoi j'ai commencé à m'intéresser aux fréquences et surtout à celles qui font du bien. C'est devenu une passion.
J'adore en particulier le 432 Hertz qui était le LA de Beethoven, Bach, Mozart et quelques autres ; c'est la fréquence la plus chaude pour se connecter à ses émotions, bien loin de celle de la bourreuse, alors faut pas s' étonner que ça vous remue les tripes au point d'en chialer.
J'aime aussi le 741 Hertz – c'est un SOL – qui vous flingue les vilaines toxines du corps et puis le 963 Hertz – c'est ainsi et c'est un SI – qui vous … pourquoi je vous bassine avec tout ça ?
Ça vous intéresserait ?
Alors j'en causerai peut-être si je descends un jour de cette bourreuse.

 

 

13 février 2021

Le transcailladou (Yvanne)


Aujourd'hui ma balade s'effectue à Uzerche, dite la perle du Limousin. Elle est intitulée « sur les pas de Simone de Beauvoir. » L'écrivaine passait, enfant, ses vacances en Corrèze chez son grand-père, tout près de la fière petite ville accrochée à ses rochers surplombant la Vézère.  Elle écrit dans  Les mémoires d'une jeune fille rangée : « le foisonnement des couleurs, des odeurs m'exaltait. Partout, dans l'eau verte des pêcheries, dans la houle des prairies, sous les fougères qui coupent, au creux des taillis se cachaient des trésors que je brûlais de découvrir .» Personne n'a su narrer mieux qu'elle tout ce qui fait le charme de la cité et de ses abords.

A mon tour de partir à la découverte de ces richesses dont la nature est prodigue. Et aussi – et surtout - sur la trace de mes souvenirs.
Je commence ma promenade depuis la toute petite gare abandonnée  pour emprunter l'ancien tracé d'un chemin de fer à voie métrique reliant Uzerche à Tulle. Madame de Beauvoir a-t-elle pris elle-même le tacot ? Peut être. Pour ma part, je l'ai utilisé durant tout un été, juste avant qu'il ne s'arrête définitivement. J'avais 19 ans.

La Vézère, gonflée des eaux de pluie qui ne cesse de tomber depuis quelques mois, gronde juste au-dessous du chemin. Je marche sur le ballast depuis longtemps recouvert d'un tapis d 'herbe. Plus de rails. Plus aucune trace du petit train si pittoresque qui désenclavait le cœur du département et rendait tellement service à ses habitants. Cette ligne mise en service en 1904 a cessé de fonctionner en 1968. Un grand dommage : elle serait aujourd'hui un atout précieux pour la Corrèze résolument tournée vers le tourisme vert.

Quel bonheur ce petit train que je prenais le samedi matin pour rejoindre la maison familiale !
Et quel contraste entre lui et son grand frère qui me conduisait de Limoges à la « grande » gare d'Uzerche d'où une navette emmenait les voyageurs jusqu'à la petite gare du tacot !
Dans l'un, personne ne se parlait. Personne ne se regardait. Chacun vaquait à ses affaires tranquillement : lecture, mots croisés, contemplation du paysage,  rêverie..... Non. Pas encore ces horreurs de téléphones portables qui déshumanisent totalement et importunent. Il existait alors un respect mutuel entre les passagers. Dans l'autre, il en allait tout autrement.

Je n'oublierai jamais l'atmosphère bon enfant qui régnait dans le transcailladou. Pas confortable du tout. Ça non ! Des banquettes de bois où s'installaient les fermières des villages alentours en se bousculant sans vergogne pour avoir une place.  Elles se comportaient en maîtresses des lieux et c'était comique de les voir s'apostropher. Cela faisait partie du folklore local et personne n'y trouvait à redire. On s'arrangeait toujours pour avoir un petit coin où s'asseoir. C'était mon cas. Ma valise sous les pieds, je prenais plaisir à observer, amusée,  mes payses.

Elles se connaissaient et faisaient l'inventaire – non dépourvu d'une certaine rivalité -  de tout ce qu'elles allaient vendre sur le marché de la place de la cathédrale à Tulle. L'une ouvrait un cabas où des lapins remuaient leur nez dans le foin, l'autre rabrouait vertement un canard tentant de s'échapper, une troisième renouait précipitamment  les liens  autour des pattes d'un poulet qui ne demandait qu'à sortir de son carton pour prendre l'air.
Dans des caissettes s'entassaient les légumes frais : poireaux, carottes, salades qu'elles avaient juste ramassé le matin très tôt dans les jardins ou les champs. Et des fraises, des framboises, des cassis...
Puis venait le moment où dans un soudain silence religieux, les paysannes, vêtues proprement pour l'occasion d'un tablier noir pour les plus âgées et fleuri pour les autres, soulevaient avec précaution le torchon blanc abritant leurs merveilles. Fièrement, elles exposaient aux yeux de tous des montagnes de tourtous (galette de sarrasin) des beignets largement saupoudrés de sucre, des mottes de beurre au dessus joliment décoré de fleurs grâce aux dessins des moules en bois, des douzaines d'œufs...Et des caillades ! Ah les caillades ! Ces fromages de vache, ronds et crémeux,  au parfum puissant que les bourgeoises de la ville se disputaient. Certaines paysannes en fabriquaient des tartes appétissantes. Et les plus généreuses sortaient un couteau de leur poche pour en couper une part  offerte aux copines.  Les caillades avaient, en quelque sorte, donné leur nom au petit train que l'on appelait familièrement le transcailladou. Mais le summum, c'était lors de poussées de cèpes. Les chanceuses avaient disposé avec amour les têtes brunes dans des paniers d'osier, sur un lit de fougères et lorgnaient d'un œil satisfait les envieuses. L'odeur suave de sous bois des champignons dominait toutes les autres.  

Puis, bien vite reprenaient les conversations animées. On riait, on blaguait, on caquetait mieux que la volaille et le vacarme couvrait jusqu'aux sifflements stridents de la locomotive. A chaque petite gare desservie prenaient place d'autres commères et le manège recommençait. On se parlait en occitan et comme je le comprenais et le parlais aussi, je pouvais suivre les conversations sans que l'on s'en doute. Et je m'amusais follement de tous ces échanges pendant la trentaine de kilomètres parcourus. Je savourais les couleurs, les odeurs, les rires. Que tout cela était vivant et sain !

Vaillant petit transcailladou, tu as dû manquer beaucoup aux villageoises qui n'avaient que toi bien souvent pour les sortir de leurs hameaux et leur faire goûter l'air de la ville. Il ne subsiste plus rien de toi ici et je foule ton ancien ballast en regrettant la truculence et le naturel des gens de la terre il y a une cinquantaine d'années.

13 février 2021

Toi qui aimais tant les trains (Laura)

 

Toi qui aimais tant les trains

Tu es parti en train

Pour ton dernier voyage

Et je t’ai rejoint en train

Pour te dire adieu : ton train

Miniature t’a accueilli et ma main

Ne touche plus qu’un froid écrin.

 

Tu m'as donné cette passion

Du ballast, qui est aussi un recueil[1]

De poésie, poésie que je t'ai fait découvrir

Echange de passions

Vocabulaire du chemin de fer

Chemin de vie

Paysages de gares

 

Toi qui aimais tant les trains

Ta mort a fait dérailler mon quotidien

Qui ne tourne plus autour de tes reins

Mais de ton absence, en vain

Je te cherche dans ton train

D’où tu m’as  quitté un matin

 


[1] http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Poesie-Gallimard/Ballast

13 février 2021

Le Fou de Bergerac (Joe Krapov)

Tintin Macron

Heureusement, à l’endroit où Emmanuel est tombé du train, le ballast est du genre sablonneux. Il s’est quand même chopé des égratignures et de vilaines écorchures mais apparemment, quand il se relève et se tâte les côtes, nulle douleur ne le lance. Il voit juste un peu de sang sur ses mains et sur son pyjama.

Maintenant, pour juger de son état, il n’est pas le mieux placé. Pour lutter contre ses insomnies et ses angoisses il avait pris la veille un médoc appelé Elpénor. Géant ! Il s’était endormi d’un coup mais deux heures après il s’est réveillé dans le wagon surchauffé avec une sensation d’étouffement et des vertiges inimaginables. Il n’a trouvé ni la lumière ni la porte alors il s’est dirigé vers ce carré plus lumineux. A tâtons il a trouvé deux poignées qu’il a abaissées. L’air frais de la nuit s’est engouffré. Il s’est penché au dehors car il n’était pas en état de se souvenir des recommandations de son docteur, Bernard Hinaus-Le Nen.

- Méfiez-vous des nuit d’orages et de la foudre de Jupiter !

Boum ! Boum ! Badaboum ! Bonjour M. Ballast dur ! Eh, le train je vous demande de vous arrêter !

Emmanuel, une fois relevé, a retrouvé un peu de ses esprits.

Le voilà en pyjama, le long d’une voie ferrée française, dans les bois, quelque part dans le Sud-Ouest, sans téléphone portable pour joindre son chef de cabinet resté à bord de Rail-Force One.

Pour le discours d’inauguration de la place des Chrysanthèmes à Biarritz et l’hommage à Jean Borotra, c’est bien évidemment râpé. Il ne reste plus qu’à se mettre en route vers un monde plus civilisé que cette forêt inquiétante traversée par des rails.

Casting Tintin 02Un kilomètre à pied, ça use les souliers et encore plus la plante des pieds nus. Deux kilomètres à pied… Un point de lumière apparaît. Il presse le pas, appelle.

- Monsieur ! Monsieur ! Mon cher compatriote !

En arrivant près du chantier il a un mouvement de recul. Le travailleur de nuit porte un gilet jaune !

- Qu’est-ce qui vous arrive ? demande l’homme, un barbu à casquette à l’air méfiant. Qu’est-ce que vous foutez-là en pyjama ? Et puis d’abord qui êtes-vous ?

- Je suis Emmanuel Macron, le président de la République. Je suis tombé du train deux kilomètres plus haut !

- C’est celaaaaa, oui ! Je veux bien vous croire vu que moi-même je suis le pape ! Mais peu importe il faut soigner vos blessures. La maison de la garde-barrière est juste après le virage. Suivez-moi, on va s’occuper de votre cas !

- Vous n’avez pas un téléphone portable ? Il faut que je prévienne mon chef de cabinet.

- Un téléphone portable ? Vous êtes vraiment tombé sur la tête, mon pauvre garçon !

***

Casting Tintin 17La garde barrière ressemble à cette cantatrice dont Emmanuel, dans son état pitoyable, n’arrive pas à se rappeler le nom. Le rossignol dylanesque ou quelque chose comme ça, enfin ça c’est son surnom.

Elle a désinfecté à la hussarde les écorchures et Manu a hurlé :

- Ça pique !

- Vous pouvez gueuler tout ce que vous pouvez ! Faut que ça se fasse ! Moi je suis vaccinée ! J’étais infirmière pendant la guerre. J’en ai entendu des malades qui hurlaient et ils avaient autre chose que vos petits bobos. Voilà c’est terminé. Vous allez finir la nuit dans mon lit. J’ai changé les draps mais ne rêvez pas que je vous y rejoigne ! Bas les pattes ! Je dormirai dans la pièce à côté. C’est un grand honneur pour moi d’héberger le président de la République mais je ne voudrais pas abuser de la situation !

Le cheminot à gilet jaune et la garde-gestes-barrières se marrent comme des brochets maousses vu qu’on ne trouve pas vraiment de baleines dans la Dordogne.

***

Une fois que l’homme a été remis au lit Clémentine a fermé la porte de la chambre à clé. Elle a servi un coup de rouge à Méluchon. Celui-ci lui a dit :

- Garde ton fusil à proximité. Il a l’air inoffensif mais c’est peut-être lui l’assassin. Je vais prévenir les gendarmes. D’ici une heure ils viendront le capturer pour l’emmener à Bergerac.

***

Casting Tintin 13- Mais puisque je vous dis que je suis le président de la République ! Emmanuel Macron ! Vous me reconnaissez, quand même ? Mon portrait est dans toutes les mairies !

- Mais oui, mais oui ! Vous aussi vous êtes sorti de la cuisse de Jupiter ! Macron ? Inconnu au bataillon ! Si vous êtes le président de la République, moi je suis Napoléon !

Le commissaire Siraneau jubile. Mettre la main sur un coupable ce n’est rien, il est habitué. Mais surtout faire la nique à ce commissaire Maigret qui est venu de Paris, qui enquête depuis son lit où il est allongé après blessure dans l’hôtel d’Angleterre, et qui sème la pagaille dans toutes la ville en soudoyant les administrés pour qu’ils viennent témoigner contre les notables, ça restera un des grand plaisirs de sa vie !

Nul doute que la confrontation entre Maigret et Macron - les « tombés du train » comme il les surnomme en son for intérieur - mettra un terme à l’affaire du « fou de Bergerac ».

***

- Commissaire Maigret, cet homme ressemble-t-il à celui que vous avez suivi il y a une semaine en vous jetant en marche du train de Bordeaux ? Dans la couchette au-dessus de la vôtre il soupirait, toussait et vous empêchait de dormir puis il s’est levé, est allé au bout du couloir et, à un endroit où le train ralentissait, il a sauté. Vous avez sauté vous aussi à sa suite et l’homme mystérieux, se voyant filé, vous a tiré dessus. Eh bien figurez-vous qu’il vient de récidiver exactement au même endroit. Un signe, non ?

- Je suis le président de la République, merde ! Enlevez-moi ces menottes !

- Je ne peux pas l’affirmer vraiment, commissaire Siraneau. Il faudrait qu’il cesse de fulminer et qu’il tousse un peu à la place.

- Je suis le président de la République ! Vous allez le payer cher, votre cirque ! Je vais vous faire traverser la rue vite fait, bande de mariolles ! Gaulois réfractaires !

- Docteur Rivaud, faites tousser l’inculpé !

Pendant que les gendarmes maintiennent vigoureusement Emmanuel le docteur lui enfonce un bâton d’esquimau bien profond dans la cavité buccale. Macron tousse.

- Je pense que c’est bien lui, affirme Maigret. Fais les valises, Liliane ! On va rentrer à Paris, l’affaire est close.

- Je suis le président de la République !

Emmanuel s’effondre en larmes, complètement épuisé.

Siraneau conclut l’affaire avec ce qu’il croit être une marque de panache :

- Monsieur, nous sommes en 1920. Le président de la République s’appelle Paul Deschanel. Jamais il ne serait assez stupide pour tomber d’un train de nuit en pyjama ! Vous imaginez le ridicule de la situation ? Et le bonheur, en apprenant cela, des plumitifs de tout poil ?
 



N.B. Les illustrations "Tintinesques" sont l'oeuvre de Ludo D. Rodriguez.
Merci à L'Adrienne de me les avoir fait découvrir.

Les paroles, la musique et l'interprétation de
"Le pyjama présidentiel" sont signées de Lucien Boyer.

13 février 2021

Sarah raille (Kate)

 

Ma chère Marianne,

Un rêve ! Tu vis un rêve, un homme en or, ce Nestor !

Il te fait la cour, comme on disait il y a bien longtemps. Tu ne le vois pas ?

S'il n'est pas allé jusqu'à préparer une flambée dans la cheminée pour te faire transpirer et succomber comme par magie sur la peau de bête préposée à cet effet, comme J.J. le vétérinaire contrôlé par le fisc affublé non pas d'un expert-comptable, comme il le croyait, mais d'un "expert en comptabilité", c'est plutôt une bonne chose pour lui ! Comme on avait pu rire ! Vois sur quels terrains tu m'amènes...

Plus sérieusement, il sait mettre tous tes sens en éveil sinon en émoi : la vue (livre, coquillage, fumée...), le goût (thé au jasmin), l'odorat (jasmin, encens), le toucher (livre, tasse), l'ouïe (bossa, silence...) et l'esprit aussi, allez avoue ! La bonne idée de t'avoir emmenée passer cette journée dans la nature.

Tu n'es pas convaincue ou plutôt tu es prudente, de plus en plus, je le comprends. Tous les débuts ne sont pas des débuts, tous les débuts sont différents, ouais. Il faut faire connaissance, établir un lien, une confiance, réfléchir, avoir envie, etc... et tomber amoureuse ! Cela fait beaucoup et trop vite mais cette belle journée sans fausse note t'appartient, elle est à toi. On sait bien que rien ne presse jamais et c'est moi qui me suis toujours précipitée qui te dis ça, qui à la moindre palpitation, n'écoutant que mon envie de plaire, élaborait déjà tout un scénario qui ne marchait pas, bien sûr... C'est moi qui te dis ça, avec quelques années de plus, ma natte jusqu'aux fesses en moins (elle m'encombrait plus qu'autre chose et ne me rajeunissait pas franchement, mais j'ai fini par comprendre) !

Pour l'heure je reviens d'une semaine de travail à Paris et comme je ne pouvais pas y aller en moto, j'ai pris le train. Surprise, je me suis retrouvée à l'aller assise non loin de Damien, le frère de Pacôme (enfin, Côme de son vrai nom, tu sais bien). C'est lui qui m'a reconnue et nous avons lié conversation, enfin lui, plutôt. Il est pharmacien, comme son père l'avait espéré pour ses jumeaux prénommés Damien et Côme (mais Pacôme est avocat comme son père Yves et non médecin). Damien se rendait à Paris pour quelques jours et m'a aimablement fait la conversation, enfin il a parlé :  en effet, je n'ai pu lire mais tout le trajet ferroviaire (et au-delà) m'a été dûment expliqué dans les moindres détails par un spécialiste non seulement de ce parcours mais par un passionné de "La Vie du Rail" dont il est d'ailleurs un grand contributeur, tant au niveau photographique que technique (sic).

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Le moindre signal, le plus anodin croisement, la plus banale bifurcation... Il connaît tout, de chaque horaire à chaque numéro de train. Il s'est même dépêché à sa montée, juste après le passage du contrôleur qu'il avait guetté, d'aller ouvrir un boîtier dans le couloir pour relever je ne sais quel numéro sur son carnet, ce qui est, bien sûr, rigoureusement interdit ! Je l'ai vu faire et j'en ai eu le souffle coupé d'autant plus que le contrôleur revenait justement vers nous.

Tout, tout, tout... vous saurez tout sur les trains non seulement de France mais d'Europe et lors d'un précédent voyage il a pu, en compagnie d'autres passionnés absolus, voir des merveilles ferroviaires de Moscou à Pékin avec son sac à dos rempli d'appareils photos... J'ai évoqué un train touristique des Alpes et il m'en a déroulé tout le parcours, l'historique, les péripéties : toute l'histoire du train et même tout ce qui touche aux travaux l'intéresse, que dis-je, le passionne ! Même la construction du tramway de Clermont n'a aucun secret pour lui, il l'a suivie de bout en bout (et ça a été long, tu t'en souviens !) et auparavant il se rendait régulièrement à Lyon pour voir les travaux du tram (quels beaux week ends !). J'ai tenté de le rejoindre sur ce terrain car la construction du tramway de Lyon a permis des découvertes archéologiques... mais il dévié tout de suite, si j'ose dire !

Il m'a expliqué qu'il habite un immeuble qui surplombe une gare (non, tu n'hallucines pas !), ce qui lui permet de voir en permanence ce qui s'y passe... Pour ma part, c'est plutôt le problème des retards incessants, de plus en plus longs et de plus en plus inexplicables sur la ligne de Paris qui me dérangent et même m'inquiètent mais, tu t'en doutes, pas Damien ! Les retards ? Oui, ça arrive a été sa seule réponse accompagnée d'un sourire.

Par bonheur, j'ai eu quelques moments de répit quand il est parti photographier je ne sais quel poteau ou panneau et j'ai juste fermé les yeux... M'est apparu l'immense Jean Gabin dans "La Bête humaine" et l'instant d'après se superposait la scène où Jean Poiret explique à Michel Serrault comment il doit tenir sa biscotte en prenant exemple sur ce cheminot descendant de sa loco pour aller boire son thé à la cantine... 

J'ai souri et je m'apprêtais à sortir enfin un livre de mon sac ("Le roman de Bergen") quand il est revenu vers moi avec son appareil photo : "Tu ne devineras pas ce que j'ai vu sur le ballast juste après Nevers !"

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Il m'a montré cette photo numérique et malgré toutes ses explications, mon esprit divaguant ailleurs, je ne te dirai pas quelle particularité géniale a été capturée, tu ne m'en voudras pas...

Voilà un trajet avec une heure de retard seulement mais en inoubliable compagnie !

Bises à toi,

Ta cousine Sarah

13 février 2021

Un temps de vie (Vanina)

 

C’est l’âge, à ne pas douter, qui la fait plonger dans ses souvenirs d’enfance, comme si c’était hier. Un bruit, une odeur, tout est objet de mémoire. Elle se plaît à espérer que sa jeunesse ayant été merveilleuse, ce retour à l’enfance, que l’on observe chez les anciens, sera heureux. Elle y pense parfois, inquiète, lorsqu’elle revoit son père, sur son dernier lit, revivre sa douloureuse jeunesse : le camp d’affamement où il fut interné.

Ce soir-là, en ouvrant un tiroir à fouillis, elle retrouve un caillou oublié, du granite aux éclats brillants, évadé du ballast, trouvé sur un quai de gare lorsqu’elle était enfant.
Paris-Montparnasse/Les Sables d’Olonne: elle se revoit dans le train qui la menait en vacances au bord de la mer, avec ses parents, ses cinq frères et sœurs, le chat et le perroquet. Comme ils étaient nombreux, ils avaient pour eux seuls tout un compartiment. Une fois la porte fermée, chat et perroquet étaient sortis de leur cage, remis en liberté. Cinq heures de train -avec changement à Nantes- pour rejoindre l’océan : livres, chansons, jeux divers, sandwich, tout était bon pour faire passer le temps.
Elle est debout, dans le couloir, le front collé à la vitre, bercée par les vibrations au rythme des traverses : toudoum-toudoum, toudoum-toudoum, toudoum-toudoum, ... Le paysage qui défile a un effet hypnotique.
Cette rêverie la détend, elle entre dans une douce torpeur. Ce voyage ferroviaire a un charme bien particulier qui lui fait oublier le temps.

Est-ce l’âge qui fait que le temps passe plus vite aujourd’hui qu’hier ?

 

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Le défi du samedi
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