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Le défi du samedi
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18 janvier 2020

F comme fraudeurzak (Adrienne)

Fraudeurzak, vous ne trouverez le mot au dictionnaire d'aucune langue. Il est formé du néerlandais "een zak" (un sac) et de "fraudeur": le sac d'un fraudeur.

Dans la jeunesse de mon arrière-grand-père - il est né en 1878 - on passait nuitamment la frontière française pour frauder du tabac. Il paraît que ce petit commerce était fort lucratif mais que mon arrière-grand-père avait trop peur du gendarme pour s'y adonner.

Dans les annales non-écrites de la famille, on se plaît à répéter sa phrase à l'intention de son épouse, après sa première expérience avec le fraudeurzak:

- Céleste, vraag mij dat nooit meer

Ne me demande plus jamais (de faire) ça!

Il se chuchote que Céleste, celle que sur les photos on voit l'air sévère, si droite et si digne dans sa longue robe noire au col montant, s'est chargée toute seule de la besogne.

Mais bien sûr, nous n'en avons aucune preuve. 

Et chacun sait ce que valent les légendes familiales... comme les autres :-)

ad

Edmond, Céleste et leur fille, ma grand-mère Adrienne, juste avant la guerre de 14

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18 janvier 2020

Participation de JAK

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Photo  carte postale douaniers vue sur http://champ.delette.free.fr/douanes/valletd_006w.jpg

18 janvier 2020

Le gateau d'anniversaire, (maryline18)

m18

Si comme moi vous êtes "formidable", n'attendez pas que tout le monde soit servi pour vous mettre à table. Poussez les convives malotrus qui prennent un peu trop leurs aises et prenez place au banquet de la vie. Humez, dévorez des yeux les mets bien présentés, attisez votre appétit puisqu'il y a encore tant à manger !

Si comme moi vous êtes "formidable", alors je vous invite à ma table. Prenez une chaise et racontez moi des histoires du temps passé, quand la gabelle tombait dans l'escarcelle du gabelou. Ne soyez pas avare de détails surtout et rions en levant nos verres à la vie. J'aime voir vos yeux rieurs et plein d'envies. Trinquons au printemps si proche et au retour des hirondelles.

Si comme moi vous êtes "formidable", je vous réserve pour le dessert, une part de gateau, celui de l'anniversaire de la future première année du temps qu'il nous reste. Dans un an nous rirons de nos peurs passées et des hésitations qui nous encourageaient au grignotage, qui pouvait parfois prendre des allures d'anorexie. Nous mordrons à pleines dents dans la pâte fondante du bonheur de vivre et la crème débordera sur nos lèvres.

Si comme moi vous êtes formidable, n'attendez pas que la paresse des uns révèle votre courage, ni que l'esprit calculateur des autres ne mette au grand jour votre générosité. Vous qui êtes libres de toute aliénation, ne laissez aucun manipulateur vous resservir un plat froid dépourvu de goût. Un repas forcé ne peut que se révéler indigeste, aussi frugal soit-il.

Vous qui êtes formidable, vivez, riez, chantez, parce que voyez vous le temps qu'il nous reste ne peut avoir que des saveurs encore inconnues et j'ai hâte de les découvrir, pas vous ?

S'il vous plait, ne cessez jamais de vous trouver formidable !

 

18 janvier 2020

Gabelou (TOKYO)

 

La Reine ne doit pas être absente crie le grand chancelier. La parole de la reine doit circuler dans tout le royaume et ces mignons serviteurs doivent s’en faire ‘écho.

Mais voilà la Reine est loin, très loin de ses sujets il faut s’y faire. Et le chancelier a coupé les robinets de toute la cour austérité oblige.

La reine s’est claquemurée dans son château. La substantifique moelle du chancelier carbure au gabelou. Foin de la misère crasse du peuple, foin des guerres qui décimaient l’armée du royaume, foin du gabelou qui entamait les petites vies minables des sujets de la reine. Les vrais problèmes du pays sont ici entre la chambre de la reine et celle du chancelier. Sur un parchemin posé sur un coussin de velours cramoisi le nouveau gabelou celui qui sera le énième crachat à la gueule du peuple et qui va lui couter sa tête, mais ça elle l’ignore encore attends qu’elle y appose son sceau.

 Les tranchages de tête se font légion. On ne compte plus les seigneurs qui se refusent à verser le gabelou, pendant que d’autres préfèrent lécher la nuque de la reine plutôt qu’y perdre la leur.

Willy Shakespeare en son Hamlet, « Never alone did the King sigh, but with a general groan » : « Un roi soupire-t-il, c’est tout un peuple aussitôt qui gémit. Oui la reine soupire, l’état de ruine de ses finances la rend morose.

Elle voudrait se faire la belle, se tirer d’ici. Mais on ne quitte pas la firme comme ça !!!. Parce qu’il s’agit bien d’une usine à têtes couronnées.

Dans le grand couloir qui mène aux appartements de a reine rien que là 20 tableaux de feu son père, feu son arrière-grand-père . C’est qu’elle commence à peser cette couronne. En bien observant la tétanie des maxillaires de la reine on sent que le nouveau gabelou ne va rien changer.

Elle sait que si elle s’envole vers d’autres cieux elle va se prendre une volée de bois vert de toute la royauté. La reine va devoir casser son CODEVI et son plan d’Épargne il n’y a pas d’autres solutions pour sauver le royaume de sa ruine. Mais ne soyons pas bassement terre à terre avec de sordides histoires d’argent quand cette affaire relève, comme tout ce qui touche aux REINES – bibis de la reine incluse –, de l’impalpable, de l’immatériel. Avec la petite touche de ridicule qui va avec. Une reine en cavale serait d’un ridicule !!!Le gabelou et la reine sont dans un bateau…

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18 janvier 2020

Un paysage magnifique par bongopinot

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Sur le sentier des Gabelous

J’ai rencontré un clou

Planté sous mon soulier

Il m’a fait mal au pied

 

Je me suis assise sur un rocher

Pour enlever ce clou rouillé

Puis j’ai repris ma route

Je suis passée sous une voûte

 

Formée par de drôle d’ombres

Sous le frileux soleil de décembre

Et j’ai continué à suivre la piste

Et j’ai croisé quelques cyclistes

 

J’ai suivi sans arrêt mon chemin

Car le ciel devenait vilain

Un brouillard blanchâtre fait d'embruns

Aidait la mer à former son écrin

 

Un paysage merveilleux s’ouvrit à moi

J’ai stoppé malgré la pluie et le froid

Ce moment à classer au registre du sublime

Je l'écris pour que ça ne se perde pas dans l’abîme

 

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18 janvier 2020

GABELOU (Laura)

 
Je ne saurais vous dire comment se dit « gabelou » ou « douanier » en arabe ou en marocain car si j’ai eu l’intention d’apprendre cette langue (j’ai encore le livre dans ma bibliothèque qui le prouve), j’ai vite abandonné à cause de la prononciation.

Par contre, nous avons eu affaire avec les douaniers là-bas et ce fut une triste affaire qui se termina bien et qui après la mort de mon mari me paraît dérisoire.

Ceci dit, ce fut long, cher et stressant.

Je vais la raconter ou la rappeler à ceux qui disent que mon mari était speed et que c’est donc sa faute s’il est mort : heureusement qu’il a  été speed sur ce coup.

A ceux aussi qui me disent de jeter ceci ou cela, que ça n’a aucune valeur et qui ne sont pas capables de faire de la place pour loger leur fille ou à peine  pour l’urne des cendres de leur gendre.

Bref (comme disait Pépin). Avant de partir au Maroc, j’ai demandé à certaines personnes si elles pouvaient stocker des choses que je voulais garder mais qui ne nécessitaient pas de traverser l’Atlantique. Certains ont stocké pour nous ; d’autres, non. Les mêmes qui…

Je suis allée vendre en catastrophe des livres que je n’ai pas choisis. Le hasard a fait que je me suis débarrassé dans l’urgence de choses que j’ai regretté ensuite de ne plus avoir ; j’en ai racheté certaines et on me dit maintenant de balancer ça !...

Notre meilleur ami nous avait dit de presque tout acheter là-bas mais nous avons quand même fait partir un container qui est pari avant nous et arrivé après nous.

Nous sommes partis et avons passé la semaine là-bas (voire plus) avec les bagages autorisés dans l’avion.

Après trois ans de travail acharné(le Maroc travaille 40 heures par semaine et mon mari en faisait parfois bien le double, de bonheur, de belle vie, et de galères (on nous a perdu notre chat alors que nous étions parti un peu en France) dont je tairais la plupart ; nous n’avions plus notre place là-bas (comme de venir là, nous n’avions pas d’autre choix que partir) et nous avons refait un container et refait les bagages pour l’avions.  Nous sommes partis avec 25 kg de bagages chacun par 25 degrés là bas et arrivés  dans le nord alors qu’il gelait.

Pour récupérer le container, il a fallu 2 ans et demi de discussions avec les gabelous de là-bas, des allers-retours de mon mari, d’espoirs et de résignation de voir les lettres de ma grand-mère, les photos, les meubles, livres, disques, vêtements etc. perdus à jamais.

A la fin, nos affaires étaient partagées entre LE Nord où mes beaux-parents avaient stockés des meubles et nos vélos (on m’a volé le mien il y a quelques semaines et laissé celui de mon mari…), une pièce de l’usine que dirigeait mon mari en Ardèche (où nous avions stockés les affaires du Maroc enfin arrivées), notre meublé de la Drôme où nous vivions à deux et mon meublé de la Loire où je faisais un remplacement.

Quand nous avons emménagé dans l’appartement que je vais (certainement) quitter, ce fut un 4 en 1 ! Et  on me dit de bazarder ceci ou cela. Je préfère presque les gabelous aux conseilleurs  qui ne sont pas les payeurs.

 

18 janvier 2020

Gabelou toi vouloir des sous (Kate)

 

Gabelou

Petit marlou

Chelou relou

Toi y'en a vouloir des sous !

L'argent

Pourtant

Ne fait pas le bonheur

"Celui qui a dit ça est un sacré menteur !"

Fernand

Au temps du noir et blanc

Expliquait tout

Sur le gabelou

Pas bête du tout

Sur la pluie et le beau temps

Et les pauvres paysans

C'était au temps

Du petit écran

Où l'on chantait

En mai

"Ohé, ohé, Pompidou

Pompidou navigue sur nos sous !..." (*)

Dime gabelle

Octroi

Trois mamelles

Pour le roi

C'est la loi

Les maires de la ville

Edile après édile

Ont conservé

Cette empreinte

Du passé

octroi

Parfois isolée

Ou enchâssée

Celle-ci plantée

Dans le labyrinthe

D'immeubles désenchantés

Sur l'antique route Paris Perpignan

À deux pas de l'ouvrière cité

Où vivait Fernand enfant

Et qu'il n'avait jamais oubliée

Fils d'un caoutchoutier

De Clermont-Ferrand

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 (*) sur l'air d'"Il était un petit navire"

(photos de l'auteur, janvier 2020)

 

18 janvier 2020

Suzanne (Pascal)


Elle trimait dur derrière le comptoir d’un bistrot de la basse ville. Pauvre fille, elle ne comptait pas sa peine, ses heures, ni les quolibets des alcoolisés qui l’emmerdaient à longueur de nuit. « Hé, Suzanne, va te regarder dans une glace !... Ne sors pas dans la rue, tu ferais peur à une armée de zombis !... Ha, ha… » ; « Ben, c’est pas toi qui défilerais dans un cortège de mode !... » ; « Premier prix de mocheté !... » ; « Tu t’es peint la bouille avec un seau à charbon ?... Ha, ha !... ».

Malgré son maquillage et les masques changeants des ombres des faibles éclairages, c’est vrai, elle n’était pas franchement jolie, Suzanne ; la fée beauté avait dû épuiser ses enchantements de belles frimousses sur les nouveaux-nés d’avant elle, pour que la sienne soit si peu avenante.
Plus que par charité chrétienne, le patron, un arrière-petit-fils Thénardier, sans doute, s’était dit que dans les lumières tamisées du bar, tous les chats sont gris, et que pour une éventuelle augmentation, si elle venait à la réclamer, il lui rappellerait bien vite son triste physique…  

Mal fagotée dans des fringues sans relief, les choses de la séduction, ce n’était pas son fort. Les hommes, elle connaissait, oui, de loin, surtout ceux qui passaient leur cruauté sur elle. Les vagues revenantes de ces méchancetés gratuites semblaient glisser sur elle ; vaille que vaille, elle maintenait son rictus souriant sur la ligne de flottaison de son visage ; elle se disait : c’est parce qu’il est soul qu’il dit ça, pour alléger son purgatoire.
La vie, c’est une école, et jamais on ne sort de la cour de récré. Il y a toujours des grands pour taper sur les petits, des jaloux pour soupçonner et des méchants pour emmerder les gentils…  

La rumeur aidant, elle était devenue l’attraction de la rue ; certains disaient qu’elle était la fille illégitime de deux célébrités du cirque Barnum ; les autres, qu’elle avait eu un accident de poussette quand elle était nourrisson, enfin, des conneries du genre.
Avec toute cette médisance publicitaire, le patron se frottait les mains. Pour rajouter au mélo et profiter plus encore de la situation, au milieu des consommateurs, de temps en temps, tel un dresseur de gargouille, il braillait : « Suzanne !... Va nettoyer les chiottes !... Il y en a encore un qui a dégueulé à côté !... » ou bien : « Suzanne !... Remonte deux caisses de bière de la cave !... » ou bien encore : « Suzanne !... Va donc vider ces cendriers !... Suzanne !... Dépêche !... Suzanne !... Prends la commande de ces trois attablés !... Tu sortiras les poubelles et quand les éboueurs passeront, ne reste pas à côté, ils pourraient te prendre !... Ha, ha !... ».

Bien sûr, ces ragots venimeux de voie publique étaient arrivés jusqu’à nos oreilles de bambocheurs émérites ; il se disait qu’elle boitait, qu’elle avait un œil de verre, presque plus de cheveux et des verrues plein les mains ! Entraînés par les uns, persuadés par les autres, je me devais d’aller voir cette « attraction » nuiteuse.
Dans la bande, on avait un toulonnais, un costaud, façon nounours faux débonnaire ; son accent de gardien du stade Mayol, ses gros yeux, ses gros bras, ses croquenots, taillés pour recevoir du quarante-huit fillette, ça éteignait le plus souvent les débuts de bisbille.
Quand il prenait une colère, il ne fallait pas se trouver sur son chemin ; d’un seul poing, il pouvait composter son adversaire et le renvoyer jusqu’à son département de naissance.
Ceci explique cela, c’était le « vago » du bord. Ses parents bossaient à la Poste de Toulon ; sa mère était même « receveur principal », autant dire qu’elle faisait la pluie et le beau temps aux PTT. Alors, naturellement, le fils dans la marine, il était vaguemestre…  
Nous, on l’appelait Belou ou Balou, parce qu’il était un grand amateur de miel, surtout celui dans le Chouchen ; depuis qu’il avait découvert ce doux breuvage, il en faisait une consommation d’ours bien léché…

Comme si une représentation était en cours, il y avait du monde quand on est entrés  dans le bar ; mélange d’ombres et de silhouettes imprécises, c’était une foule inconsistante et disparate se mouvant aux aléas des entrées et des sorties, des coups à boire et des exclamations ponctuant des discussions. De temps en temps, on entendait un : « Va te cacher, laideron !... », et tout le monde riait en chœur, comme dans un spectacle où l’auditoire échangerait avec la scène.
Bizarrement, cela ne nous faisait pas rire ; peut-être n’étions-nous pas assez bourrés, peut-être devions-nous nous intégrer plus au contexte pour apprécier ces boutades entre la scène du comptoir et ce pseudo-public. « T’es moche comme un pou !... ». Un « ha, ha, ha » général répondit à ce brocard malveillant.
Mais non, on n’arrivait pas à se dérider d’un seul sourire ; je regardais mes potes et on avait les même grimaces qui disaient « Mais qu’est-ce qu’on fout ici ?... ». Aussi, je me disais que s’ils s’étaient moqués, eux aussi, ils n’auraient pas été mes potes ; je savais qu’ils pensaient la même chose. Très vite, comme si nous voulions connaître le dénouement de ce mauvais numéro, nous ne restâmes plus que deux, Balou et moi…

Dans un recoin de son bar, le patron, tout content de sa poule aux œufs d’or, se frottait les mains en recomptant ses billets. Enfin, nous arrivâmes à nous poser le long du zinc…
Non, elle n’était pas si désagréable que cela à regarder, Suzanne. Au contraire, ce qui pouvait paraître vilain, pour ceux qui visent le standard de la beauté, lui donnait un charme personnel, pas désagréable du tout. Allez me chercher quelqu’un qui possède l’universalité, la vérité vraie de ce qui est beau et de ce qui ne l’est pas ! On dissertera !...

Sa dégaine fatiguée, son visage renfermé, ses gestes ouvriers, cela ne venait pas d’elle mais de ceux qui la conspuaient à l’habitude. Rappelez-vous de la cour de récré. Il me semblait que son aura croûteuse était son fragile blindage. Bien sûr, des salves de lazzis assassins traversaient cette si fine carapace… « À boire, mocheté !... », « Presse-toi, la guenuche !... ». Quand ils jetaient quelques pièces sur le comptoir, en guise de pourboire, ils ne pouvaient pas s’empêcher de rajouter : « Hé, boudin !... Va te refaire une beauté !... Y a pas assez ?!... T’as qu’à économiser !... Ha, ha !... ».  
Les méchancetés qu’on lui balançait me raidissaient ; à la tension palpable à côté de moi, je sentais mon pote dans le même état de rébellion que moi. Pourtant, défenseurs de la veuve et de l’orphelin, des faibles et des opprimés, ce n’était pas indiqué sur notre étendard de sortie nocturne. Trop occupée à toutes ses tâches laborieuses, sinon avilissantes, elle ne nous remarqua même pas…

Pour me démarquer ou pour faire comme si je la connaissais, je l’appelai « Suzy » ; déjà, ça enlevait le « âne » à son prénom… J’appelai fort pour me singulariser encore plus ; comme s’il n’y avait que Balou et moi qui puissions le voir, d’un revers de manche, elle essuya ses larmes ; vaguement inquiète, elle s’approcha de nous…  
Tout à coup, gentiment, Balou lui réclama la bise du bonsoir en lui montrant sa joue ; pour ce faire, il avait plié son bras, et je me souviens que son biceps avait triplé de volume.
Quand notre Belou s’embarque dans une croisade, quand il s’investit autant, quand plus personne ne peut le raisonner, il vaut mieux s’écarter et se taire ; il est comme un taureau obnubilé par les boutades adversaires ; empathique, les railleries lui sont dorénavant adressées, les sarcasmes le percutent, les persiflages le hérissent. Si, aujourd’hui, il était tranquille, depuis gamin, il savait tout des choses de la difformité, des moqueries et des mises à l’écart…

Elle s’approcha de lui en se demandant bien à quelle sauce elle allait encore se faire dévorer. Elle s’appliqua en posant ses lèvres sur la joue de mon pote ; à cet instant, de sa petite voix, le silence général murmurait : « Ne me fais pas mal plus que je souffre déjà… ».  
Tout aussi gentiment, il réclama un Chouchen, en tournée générale, à lui et à moi… Un moment, libérée du joug de l’opprobre, ou jour de gloire, Suzy se pressa avec une gestuelle superbement aérienne, en allant récupérer la bouteille sur une étagère…

Dans un équilibre instable, l’ambiance hypocrite était trop retenue. Le calme avant la tempête : oui, c’est comme cela que j’appréhendais le moment. Les autres buveurs étaient comme des nuages d’orage hésitant à faire tomber leur rincée ; pas de la dernière pluie, la grimace en coin, le patron du boui-boui se grattait la tête en se disant que cela allait bastonner dans pas longtemps.
Pour dire comme il ne faisait pas bon, je vis même un sourire sur le visage de Suzanne ; non pas un sourire de vengeance, mais un sourire de bien-être, un sourire de grande volupté éphémère, un sourire divin, celui qu’on se rappelle toute une vie…

Coup de tonnerre !... Puisqu’il fallait que cela arrive, du fond de la salle, on entendit distinctement : « Hé, la laideur, apporte-moi une autre liqueur !... ». Pas de chance pour lui, comme il n’avait rien vu et rien entendu, il était encore dans la dynamique des autres mauvais drilles participant au grand concours de la méchanceté gratuite ! Ce fut l’étincelle allumant le baril de poudre, la goutte qui fit déborder le verre…
Dare-dare, la plupart des consommateurs s’évacuèrent par la petite porte d’entrée !... Ha, ha !... C’est fou comme il passe des gens par un minuscule espace quand ça chauffe l’enfer à leurs miches !...

Prenant une bouteille au hasard dans la vitrine, c’est Balou en personne qui alla le servir ; sans se détourner des tables et des chaises, il était comme une vague géante de tsunami dévastant tout sur son passage. Tu parles, l’autre, il ne pouvait pas s’imaginer que ces quelques mots de trop seraient la paille qui allait le relier, pendant un long moment, entre sa soupe et un coin de sa bouche ! Oui, la bouteille, si elle n’était pas de liqueur, il la prit en pleine poire…
J’ouvris le tiroir-caisse bien garni ; je ramassai tous les biftons et je regardai dans les yeux le patron blotti dans un coin. « Dédommagement ?... », lui dis-je, en levant le menton vers Suzanne. Il hocha la tête parce qu’il savait qu’il avait été trop loin…  

Sirène de flics, cris dans la rue, pétarades de semelles courant sur le goudron, il était temps qu’on décarre. « Viens, Suzy, on t’emmène !... », cria le nounours Balou !... Le ton était si impérieux, les événements si rapprochés et si tumultueux, que la fille, choquée par tout ce ramdam, nous suivit sans broncher. Une fois dehors, comme les contes de fées, ça n’existe pas, elle ne se transforma pas en princesse charmante mais, nous, cela nous fit un bien fou, cet air de liberté sans compromission.
« On t’emmène chez toi… », professa Balou tandis que je remplissais son sac à main avec la poignée de biftons. « Demain, à dix-sept heures, on ira voir mes parents ; je te présenterai, ils te trouveront bien une place au tri ou à un guichet de leur Poste !... ».
Suzy était sur un nuage ; elle n’arrêtait pas de rire et de pleurer en même temps. Elle se plaça entre nous deux, elle nous prit à chacun le bras, et nos pas étaient légers, légers, légers… Nous arrivâmes devant son vieil immeuble ; Balou oblitéra le rendez-vous du lendemain ; avec des « merci » à répétition, elle nous serra dans ses bras puis elle disparut sous le porche…  

Sur le chemin du retour, on marchait fièrement comme deux chevaliers en retour de bonnes actions. Je n’ai jamais su si c’était pour rire ou s’il était sérieux, mais il dit, avec son bel accent varois : « En tout cas, avec la langue qu’elle a, elle pourra toujours recoller les timbres… ».  Il était comme ça, le gars Belou…

18 janvier 2020

Aux gendarmes et aux voleurs (Lecrilibriste)


Avec ses compagnons dans la gargotte italienne, Mandrin sentait qu'ils étaient là, à l'affut.  Ils planaient dans les airs, les gapians, scrutant les moindres criques et les moindres remous du Guiers pour les prendre en flagrant délit, lui et sa bande. Il le savait, c'était dans sa nature, il les sentait, les gapians  dans la chair de poule de sa peau qui frémissait et il était inquiet.  Cette nuit, il fallait vraiment être aux aguets et faire très attention pour la livraison de tabac et d'indiennes.

 En effet, de l'autre côté du Guiers, en France,  le chef des gabelous de Pont de Beauvoisin le pire ennemi de Mandrin qui voulait sa peau à tout prix avait réuni ses hommes  pour préparer l'embuscade  et arrêter Mandrin
«  Mes hommes, écoutez !
Cette nuit, je serai posté sur la petite plage sableuse, en bas du séchoir à tabac. Le petit espace toujours à l’ombre près du Guiers..
Ces bandits méprisent la douane, nous ridiculisent. Ils franchissent les frontières sans vergogne et nous mettent au défi ! La prime sera belle si nous les arrêtons !
Attention ! Reprit-il … En général, ils sortent par la porte dérobée de la gargote italienne  qu'on a repérée, avec leurs cabas et leurs indiennes !
Mario, toi dont le flair est aiguisé, tu seras posté au plus près de la gargotte et tu miauleras dès que tu sentiras l’odeur des manoques  de tabac! Ils ont une tribu de chats, là-bas, personne ne remarquera !
Je sais qu’ils tendent des tyroliennes entre les maisons pour rejoindre les deux rives du Guiers et passer leur contrebande de tissus et de tabac par ballot  de l'Italie à la la France. Ils n’ont plus de limite, il faut que ça cesse ! Ce soir,  nous les aurons !
Nous les aurons, croyez-moi,  nous allons l'avoir ce Mandrin plein de haine ! Il nous en veut le gueux !  Il est dangereux et n’hésite pas à tirer ! C’est lui qui a tué Blaise ! ça ne peut plus durer !
Si mon plan réussit. Demain nous le pendrons, lui et ses compagnons et nous vengerons Blaise !

Une voix s'éleva du fond de la pièce, c'était le Gabelou qu'on appelait «  Passe-Montagne » car il n'avait pas son pareil pour franchir les cols et traquer les contrebandiers... 
Mais Mandrin était son ami d'enfance, son voisin,  fallait pas y toucher, même s'il était contrebandier et lui gabelou. Le destin est ainsi fait... On ne sait pas comment la roue tourne  … Louis d'un côté, et Passe Montagne de l'autre. Déjà  quand ils jouaient aux gendarmes et aux voleurs dans la cour de l'école, Louis Mandrin choisissait le camp des voleurs et Passe-Montagne celui des gendarmes ...  Que voulez-vous, C'était déjà écrit ! .

« Ce soir, vous irez sans moi, cria Passe-Montagne … Ce n'est pas moi qui arrêterai Mandrin... A la communale, c'était mon meilleur copain. C'est un grand cœur … et s'il a tué Blaise, c'est que Blaise a tiré le premier, dans le dos et sans sommation.
Et puis,  autant le dire tout de suite ….Parait qu’y-en a dans les gabelous qui profitent du système et… de sa contrebande !  Alors ???  
Et vous voulez le faire pendre ?
Certains des gabelous baissèrent le nez, mais le chef, était le chef, c'était son métier et sa décision était prise.
-Passe-Montagne, cette nuit, tu es aux arrêts, tu serais capable d'aller le prévenir !

Ils restèrent à l'affut toute la nuit, les gapians, mais cette nuit là, Mandrin ne sortit pas de la gargotte italienne. Avait-il entendu le miaulement du chat ?
Avait-il perçu l'avertissement de Passe-Montagne par je ne sais quelle transmission de pensée ? Nul ne le sut jamais, mais ce n'est pas cette nuit-là que les gapians arrêtèrent Louis Mandrin.

18 janvier 2020

Les gabelous de Carry le Rouet (Ilonat)

 


Pour sûr que je m’en souviens, du jour où les gabelous de Carry sont venus arrêter mon père. Quelle soirée terrible ! Papa revenait juste de la pêche et ils sont arrivés comme ça, avec leur uniforme, leur tricorne et le grand sabre qui leur battaient les bottes. Ma mère était terrorisée, moi je pleurais bien sûr, mais qu’est ce qu’on pouvait faire ?
Mon père avait beau leur expliquer qu’il n’était pas contrebandier, qu’il avait juste acheté ces deux livres de sel pour saler ses poissons, qu’il n’avait pas assez d’argent pour l’acheter à Martigues, ils n’ont rien voulu savoir et ils l’ont jeté en prison. Pour deux livres de sel !
Maman m’a expliqué plus tard. Le sel, on était obligé de l’acheter au Grenier du Roi, à un prix impossible. C’était une sorte de taxe, un impôt du Roi. Mais les Seigneurs et les gens d’Eglise n’avaient pas à le payer.
Alors il y avait des gens, des contrebandiers, qui avaient réussi à s’en procurer à la Saline, pour le revendre à des prix raisonnables,  à ceux qui en avaient besoin.
C’est un camarade de mon père, M Georges, qui avait aussi une barque de pêcheur,  qui lui  avait vendu ces deux misérables sachets. Les tortionnaires de la Gabelle ont dû lui faire subir des supplices pour qu’il avoue qui étaient ses complices ….  Après, ils l’ont envoyé aux galères et mon père s’est retrouvé en prison.
Qu’est ce que je pouvais faire moi, quand ils sont venus, petit comme j’étais.
Maintenant, j’ai douze ans, j’ai bien compris qui ils étaient, ces gabelous, et avec mon camarade André, on leur a préparé un tour, pour leur faire passer le goût du sel.
Nous n’étions pas assez grands ni assez nombreux pour nous révolter, comme on m’a dit qu’ils l’avaient fait du côté d’Arles, mais on pouvait quand même essayer quelque chose…
Alors, nous sommes allés  trouver M Bourjut, qui savait lire et écrire et qui n’aimait pas beaucoup les gens du Roi. On l’avait embêté parce qu’il était de la religion réformée…
Il nous a fait une petite lettre, à peine quelques mots, que nous avons déposée pendant la nuit devant la porte du Commis.
Il nous l’a lue, c’était écrit : « Monsieur le Commis du Roy ; je tiens à vous signaler que j’ai aperçu des individus qui ont débarqué Dimanche soir sur la plage de Saussey. Ils ont transporté de grands sacs qu’ils ont ensuite entreposés derrière la grange du Mas des Garrigues (façade Nord). Nous vous signalons respectueusement ces faits, pour que la Loi soit respectée, comme de bons et fidèles  serviteurs du Roy »
Bien sûr, ce n’était pas signé, et nous avons soigneusement préparé notre coup.
Le mas des Garrigues, c’était la maison de M Georges, l’ami de mon père, mais personne n’y habitait plus.  Depuis qu’on l’avait envoyé aux galères, toute sa famille était partie à Marseille où sa femme avait réussi à trouver du travail, comme blanchisseuse.
Avec mon copain André, nous connaissions bien les lieux car nous y allions souvent chasser des merles avec un lance pierres.
Derrière mur de la grange, du côté Nord, il y avait une grande fosse à purin,  profonde, et qui s’était remplie à ras bord depuis les dernières pluies d’Octobre. Nous avions bien failli y tomber un jour, parce que ses bords étaient cachés par un épais fouillis de ronces.
C’est la qu’on a trouvé l’idée. On est allé chercher quelques branches dans la garrigue, qu’on a recouvertes de branches plus fines, de ronces, de genets, avec une dernière couche d’herbes, d’un peu de terre et de feuilles séchées.
Et le Mardi suivant, après qu’on ait déposé la lettre, ça n’a pas manqué !
Un autre camarade de Carry nous avait avertis. On s’est postés en haut du petit tertre, en face du Mas, sous un chêne vert, et on les a vus arriver. C’étaient les mêmes qui avaient arrêté mon père, sept ans plus tôt.
Ils s’étaient  installés à Carry parce qu’on leur avait confié la charge officielle de Commis.
Ils s’avancent vers le Mas, avec leur mousqueton tout prêt, pointé sur la maison, ils appellent deux ou trois fois : Holà ! Holà ! Holà ! Personne ne répond, bien sûr. Ils font un petit tour des bâtiments, et se dirigent vers la vieille grange.
Ils savent que c’est là, dans cette encoignure du mur exposé au Mistral qu’ils vont découvrir l’objet du délit... Ils s’avancent encore, l’un d’eux désigne les grosses pierres que nous avons empilées devant l’anfractuosité. Ils s’avancent précautionneusement, car il leur semble que le sol est un peu meuble sous leurs pas, mais ils ne vont pas abandonner aussi près du but.
Et patatras, les voilà  qui basculent, agitent les bras et disparaissent  dans la fosse!
De notre observatoire, avec André, nous éclatons de rire en nous tapant sur l’épaule. Nous avons gagné !
Ils ont quand même réussi à s’en sortir…
Mais quand ils ont été obligés de traverser notre village,  couverts de boue et de purin et tout le monde riait sous cape en faisant mine de s’apitoyer :
« Hé bien,  messieurs les Commis, qu’est ce qu’il vous est arrivé ? Ce sont des contrebandiers qui vous ont arrosés ? »
Avec André nous n’étions pas peu fiers, et je raconterai tout cela  à mon père lorsqu’il reviendra. On nous a dit que ce sera pour bientôt, avant Noël.
Quand aux deux gabelous, ce n’est pas de sitôt qu’ils reviendront sévir près de chez nous….

18 janvier 2020

En roue libre, ça ne manque pas de selle non plus ! (Joe Krapov)

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Le gabelou arpente le sentier des douaniers. S’il trouve des gars chelous en bande ou contrebande il leur file une danse ou une contredanse. On appelle cela du grabuge et on le signale au gradé gras du bide et relou qui porte le nom de «Chef».

Seul le gabelou provençal joue du galoubet car les gabelous bretons sonnent de la bombarde comme tout bon barde qui se respecte mais pas les oreilles des autres.

Le gabelou se prend parfois pour Clark Gable ou Jean Gabin, plus rarement pour Greta Garbo mais tout le monde sont libres on fait tout qu’est-ce qu’on veule surtout si c’est de manière lâche.

En dehors de ses heures de service un gabelou peut chanter «Fanny de Laninon» avec les Gabiers d’Artimon ou acheter très cher aux enchères la gabardine d’Eddy Constantine.

Par contre, comme il est tenu au devoir de réserve, il n’a pas le droit de dénoncer comme étant de la gabegie le montant de la retraite d’un sénateur français : près de deux mille euros pour seulement six ans de mandat. Alors que lui obtient plus de points de côté que de points de retraite et qu'à force d'être sur les dents il voit reculer tous les jours l'âge pivot.

Tout comme Jacques Dutronc, le gabelou aime les filles. Surtout les filles bien galbées qui portent un galurin et boivent des galopins. Mais il se fiche de savoir si le prénom de Gorbatchev est Mikhaïl ou Iouri et ne se demande pas quel est le gabarit du viaduc de Garabit. Il connaît encore moins que moi les accords de «The Sheik of Araby» mais il sait que les Beatles ont chanté ça.

Le gabelou l’été monte le Galibier alors que ce chien félon de Ganelon préfère escalader le Canigou.

Quand le gabelou ne sait pas s’il préfère Linda ou Emmylou il les écoute chanter en duo.

La Grand-mère de Martine Aubry disait : «Quand il y a du gabeflou c’est qu’il y a un gabelou ou alors qu’il est temps d’aller chez Afflelou».

Pour gagner sa vie le galibot va au charbon, Gaby Morlay fait du ciné, Brigitte Lahaie des galipettes sur cent dix mètres.

Le général Gamelin ne jouait pas de la flûte pour débarrasser une ville du Nord de ses rats et de ses enfants.

Alors que la gabelle de Cadix a des camaïeux de velours on ne sait toujours pas si le «Gaby oh ! Gaby» de Bashung a été composé à Gembloux un jour qu’il était soûl mais ce n’est pas grave : tout le monde s’en fout.

Vous avez quelque chose d’autre à déclarer ? Oui : un ange Gabriel, une tapisserie des Gobelins, un maréchal Goebbels, un Arthur de Gobineau, un grand blond avec une chaussure noire, «La Gamberge» de Jean Yanne, «La Gambille» de Guy Béart, une viole de gambe d’avant #metoo, un putain de ta race de gloubi-boulga , un désert de Gobi lointain, un genre d’Henri Guybet, un grand bellâtre et un belou gay qui trafiquent du beluga, un gibbon du Gabon, une gerbille de Gambie et un raton-laveur.

Voilà, c’étaient les krapoveries de la semaine. Vous avez le droit de protester dans la zone de commentaires sur le mode «Tu nous la bailles gabelle, Joe Krapov !».

P.S. «Je ne suis pas un imbécile [puisque] je suis gabelou», ça le fait beaucoup moins que dans le sketch de Fernand Raynaud. 

18 janvier 2020

Viens, je te paie impôt (joye)

Il s’appelait Vincent, un grand gabelou, beau musclé, le genre de gars dont le souvenir de ses murmures peut vous tenir au chaud la nuit…

Nan, c’est pas mon genre. Je recommence.

Tata Tatou fut taxée de prendre le taxi détaxé…

Nan, si je continue, j’aurai certainement des ennuis de syntaxe.

Je recommence.

C’est Jean François de Nantes, ouais, ouais,

Gabier de La

mince, quel était le nom du navire ? Fringante ?  J’oublie. 

Je recommence.

Clark Gabelle…

Nan. J’arrête mon cinéma.  Je recommence.

Tiens, une inspiration d'honneur, volée ailleurs

 

Gaby le gabelou

Alla faire coucou

Au voisin banlieusard

Et devint gabeloubard

En lui piquant sa Bonne Maman

Qu’il mangea goulûment.

Hélas,

Ce dégueulasse

Fit crise, savez-vous,

Au square Ambiorix

Où, lors d’une rixe,

Il devint…gabelou-garou.

Moralité :

Celui qui pique à la cave

Sera taxé grave.

 

18 janvier 2020

La zizanie (Vegas sur sarthe)

 


A voir la mine défaite de Germaine j'ai compris qu'il était revenu mais c'est plus fort que moi, j'ai quand même posé la question : « Le prédateur est revenu, hein ? »
Germaine a confirmé « Oui, il est revenu »
« Je suppose que c'était pour la même chose ? »
« Oui, toujours la même chose »
« Et ça c'est passé pareil ? »
« Tu sais, c'est bien orchestré, ils ne dévient pas d'un poil ces types là »
Je savais comment ça se passait mais je demandais toujours : « C'était pareil comment ? »
« J'te l'ai déjà dit, il entre, j'monte sur la chaise de la cuisine pour attraper la boîte à sel en haut du buffet»
« Et tu lui donnes le sel ...»
« Non, il a dit que le sel ça vaut plus rien depuis qu'c'est produit à grande échelle »
« C'est nouveau ? Il faut une grande échelle pour récolter le sel maintenant ? Et après ce bobard, il fait quoi ? »

«Y m'regarde un peu et y repart »

J'ai haussé le ton : « Il est pas fatigué de te regarder monter sur cette chaise depuis le temps ? Je me demande s'il n'en pincerait pas pour toi et si j'vais pas le signaler à sa hiérarchie. Balance-ton-gabelou, c'est pas fait pour les chiens !»
Germaine a eu l'air surprise de cet accès de jalousie : « C'est pas utile. Y fait ça aussi chez les Martinet, chez les Trotte-Queue et même chez la mamie du 5ème »
«Il monte les 5 étages jusque chez la p'tite vieille ? Mais elle a au moins 80 ans»

« 82 ans l'mois prochain ... »
« Et il force aussi la vieille à monter sur une chaise ? »

« Non, il lui dit qu'c'est pas la peine. C'qu'il veut c'est la madeleine »
« Madeleine ? Qui s'appelle Madeleine ? »
« Non … il prend une madeleine dans sa boîte à madeleines et il s'en va »
J'en reste abasourdi : « Et chez les Martinet, c'est la même chose ? »
Germaine hésite : « J'ai essayé d'savoir mais y sont pas très causants. J'sais même pas s'ils ont les moyens d'avoir une chaise de cuisine »
« Et chez les Trotte-Queue ? Y sont pleins aux as les Trotte-Queue »

Germaine a un petit rictus : « Oh chez eux, c'est Madame qui s'empresse d'ouvrir la porte et la collecte dure un sacré moment, à croire que les chaises sont bancales ou qu'ils fabriquent des madeleines de contrebande »

«Tu vois Germaine, tu m'ôteras pas de l'idée que cette histoire de gamelle c'est juste pour arnaquer les braves gens »
« Gabelle mon chéri, pas gamelle … y disent gabelle à la T.S.F. »
« Ouais, c'est des excréments de langage tout ça, juste pour nous embrouiller ! C'est comme leur histoire de caisse de retraite départementale … tu sais à quoi elle ressemble toi la caisse de retraite départementale ? Et l'âge charnière … t'en as déjà vu des âges charnières ?»
Germaine cherche un peu : « Y'a bien une caisse avec des charnières chez la mère Delevoix, la concierge mais ... »
« Laisse tomber Germaine, tout ça c'est de l'enfumage »


Germaine s'approche de moi pour chuchoter comme si nos minces cloisons étaient sur écoute : « T'sais pas qu'le fils Troquet a fait l'concours pour devenir collecteur ? »
« Le fils Troquet ? Mais il est déjà employé à La Belle Jardinière»
« Tout juste. Parait qu'c'est nouveau, ça s'appellerait le cumul des mandales»
« Le cumul des mandales ? Justement Germaine, y'a des claques qui se perdent au gouvernement »
« T'énerves pas chéri, les Martinet disent que le régime de Vichy va mettre son grain de sel dans tout ça»
Je m'emporte (c'est rare mais après je me rapporte) : »On en reparlera de leur régime à l'eau minérale ! Tiens, sers-moi plutôt un ballon de Côtes du Rhône avant que ton obsédé ne vienne le collecter ! »
Je fronce les sourcils et j'ajoute : « Au fait, le tonnelet de Côtes du Rhône … ne le mets pas en haut du buffet de cuisine, il sera mieux par terre»


Germaine vire au rouge cramoisi, façon Bordeaux : « Qu'est-ce que t'insinues ? Que j'mets les choses en hauteur pour que ce type mate mes cuisses ? »
J'ai pas envie de Paul et Mickey comme disent les chansonniers à la T.S.F.
Je reviens à des considérations plus terre à terre : « Tu vois Germaine, tu m'ôteras pas de l'idée que cette histoire de gamelle c'est juste pour foutre la zizanie dans les couples »
« Gabelle Bon Dieu, pas gamelle »
« C'est bien ce que je disais … la zizanie »

18 janvier 2020

Plus ça va, moins ça change (Walrus)


Bien sûr,  j'aurais pu prendre le terme au sens élargi d'aujourd'hui et m'égarer sur le sentier des douaniers de la Côte de Granit Rose cher à mon neveu Joe, ça m'aurait permis de recycler quelques vieilles photos (mais j'aurais dû les retrouver dans mes archives, l'endroit le plus nébuleux de notre nébuleuse, c'est vous dire).

Je m'en tiendrai donc au sens premier, celui de ces agents de l'état (c'est moi) chargés de la perception de la taxe sur le sel : la gabelle.

Et dans quel but ?

Celui explicité par le titre : constater cette constance dans le chef de ceux qui nous gouvernent de taxer les choses de première nécessité, ce qui permet de ratisser large et profond.

Bien sûr, vous soulignerez que la gabelle n'existe plus, mais ne vous inquiétez pas, on a trouvé bien mieux : la TVA ! Un machin génial qui, sur les produits soumis à un droit d'accises, vous procure l'inégalable plaisir de payer une taxe sur la taxe ! Génial, non ?

 

11 janvier 2020

Défi #594


Une petite histoire bien salée ?

Gabelou

 

5941

 

 

11 janvier 2020

S'en sont payé une tranche

11 janvier 2020

Un far presque breton (Lecrilibriste)


Farah, petite farceuse farfelue logeait toute l'année dans un phare de Bretagne abandonné. Elle décida pour la fête des Rois, de faire un far breton comme il se doit.
 Elle voulait  pour épater Faramond,, son farouche amoureux, toujours un peu faraud,  qu'elle appelait dans l'intimité « mon joli  farlouse »  -joli petit oiseau jaune et brun vivant dans au milieu des fardoches à l'odeur de farigoule  -  ou encore « mon gentil  farfadet » nom, qu'il préferait de loin  parce que s'imaginer en farfadet le faisait fantasmer.  
Il oubliait ainsi  sa cage de Faraday.  Il avait été retenu chez les Farcs pendant une année sans pouvoir s'évader - et  trouvé le seul  métier qui le maintenait encore prisonnier....
 Toute la journée, à la Farfouille,  il fardelait des paquets qu'il posait sur un fardier pour qu'ils partent à l'expédition tarifée vers le Far-West. Ce travail farstidieux était un fardeau épuisant, mais récompensé par un salaire faramineux, fort heureusement.

Mais revenons à Farah...  Après une douce farniente  Farah, accompagnée d'une petite musique en far dièse, se mit un peu de fard sur les joues pour les rosir et commença à fariner son moule à far.  Se souvenant qu'elle devait faire un far original, elle mélangea un peu de fart à la farine, comme sur les skis fartés,  pour que ça glisse mieux . Elle farfouilla bien sa pâte et  la farcit de pruneaux cuits et sans noyaux, de farlouches  et la mouilla d'un verre de faro pour relever le goût et créer sa propre recette ofiginale de far.
Quand Faramond s'exclamerait de plaisir et de joie,  c'est sûr,  elle piquerait un phare  ! Elle n'attendait que ça !
La recette ne fut pas retenue pour le goût, mais plutôt comme faribole, car toute la nuit, ils firent la farandole pour courir aux toilettes. En effet avec le fart, les pruneaux, les farlouches et le faro, Farah ne pouvait pas savoir …. mais  ça glissait trop fart  !
Elle décida dorénavant  de faire, non pas un far presque breton, mais  la recette  bretonnante du vrai far breton.

11 janvier 2020

PIQUER UN FARD (TOKYO)

v

 

J’ai toujours su que je ne servais à rien. Cela ne m’empêche pas de faire une fixette sur ma jeunesse qui fout le camp.

Crèmes de beauté en tout genre, lifting, botox j’avais tout tenté. J’aurai pu me tourner vers Jésus notre sauveur en criant Jésus est super, il a raison pour tout et tout le temps et le reste du monde ne sert à rien. Mais de cela je n’étais pas convaincue. Cette allégeance enfantine à laquelle je me refusais n’effaçait en rien le grand n’importe quoi de ma vie.

En déployant des couches successives de maquillage, en teignant, colorant mes cheveux, je restais en équilibre à la jonction de deux mondes qui ne voulaient pas se regarder en face .J’’avais en moi une sorte  de modernité hip-hop  qui m’invitait à aller au bout de mes délires .

 Je passais mon temps à télécharger des messages subliminaux d’autres galaxies et j’avalais des pilules orange pour ralentir le vieillissement de mes cellules. J’avais l’air d’un junky qui déambulait dans les rues de New York le soir au clair de lune.

Il y avait quelque chose de brut dans ce désir de saisir le temps à la gorge et de lui faire rendre l’âme.  Ainsi du matin au soir je jouais au ping-pong avec mon reflet dans ma glace . Tantôt le compteur annonçait 25 ans, puis certains soirs une alarme me sortait du lit Attention vous vieillissiez dangereusement votre compteur affiche 75 ans  vous êtes au bord  de l’anévrisme .

 Je ne m’encombrais pas de la pureté de mon âme. Qui s’en souciait d’ailleurs. Mais un après-midi  à l’heure où tout le monde déguste un Far breton il y eut un point culminant au bord de l’horizon de ma vie une carte maitresse qui a brouillé mon destin. Il ressemblait  à un vilain petit canard comme tiré du lit  avec sa veste  râpée.

 He mon cœur ne t’emballe pas disait Brel. Mon cœur me dit-il en s’approchant de moi je voudrai pas te faire piquer un fard  me dit il mais tu bats tous les records  de longévité ma douce . On va te décerner la Légion d’honneur.

 Si tu veux jouer au petit jeu de la distribution de breloques lui rétorquais ,je pourrai  faire en sorte que ton ombre te quitte un jour espèce de petit con et quand je t’aurai fracturé la rétine  tu n’auras  plus rien à regarder . Je vois comme un livre ouvert dans ta vie dit-il sans se démonter au fait bonne année bébé, ne fais pas la boudeuse,

Nous avons tous besoin de temps me dit il en souriant toi comme moi pour aimer. Ce fut ce qui déclencha dans mon cœur une tempête niveau 9 Ouragans internautiques. Le mot banni, interdit venait d’être prononcé ‘ on a tous besoin d’amour et pas de far breton . Il y avait même des répliques du séisme dans mes reins.

 Parfois il ne faut rien dire et laisser le silence s’occuper des choses et là le silence fut à la hauteur. Il me prit par la taille mon maquillage a fondu illico j’avais l’impression d’être une moule collée à son bouchot. La poupée de cire avait fait place à la femme mure, sans artifice l’amour m’embellissait et je l’avais oublié.

 Ne pique pas un FAR me dit-il. Le simple fait de me remémorer cette conversation me fait rougir. j’ai l’impression d’être l’heureuse élue. C’était enfin la fin du grand mensonge .ET DEPUIS

v2

11 janvier 2020

Pruneaux pressants inconvenants (JAK)


Ma mémé aimait déguster les pruneaux crus ou cuits.

Avec ses mains arthrosiques elle nous confectionnait

de faramineux FARS.


C’était alors l’occasion pour elle 
D’ânonner très rapidement pour nous amuser :
« Pruneaux cuits-pruneaux crus » 
Cela la faisait bredouiller et rire comme
Des sacs de billes, nous les petits galopins.

 

 

Mon pépé, un poilu en avait 3 dans son omoplate.

 En hiver il souffrait de rhumatismes à cause de ceux-ci.

 On n’avait jamais pu les extraire.

 

Mon oncle, leur fils aîné les faisait tremper la nuit

  Pour ses besoins digestifs,

Il les engloutissait au petit matin, en trois coups de cuillère à pot

 

♫Et moi et moi♫

 

J’aime la prune d’Ente.

Et ne suis guère prudente pour en manger,

À jeun, jusqu’à satiété.

Et alors j’entre en farandole pour me rendre aux vatères.

Ce doit être une question d’hérédité.

j

Nota ma mémé♥ réussissait mieux ses Fars que moi mes aquarelles. ☺

Talent de cuisinière oblige

 

11 janvier 2020

La Demoiselle du phare (maryline18)

m18

 

la légende n'émet aucun doute sur l'endroit où se joua le destin de la demoiselle Nénuphar. Curieux prénom, me direz-vous et moins breton que Nolwenn ou que Naêlle, mais vous allez comprendre...

Le phare du Petit Minois, construit sur une base militaire et donc interdit au public, surplombe la côte du Goulet de Brest et garde ainsi intact tout son mystère. C'est au pied de la tour blanche, ancien sémaphore, se trouvant à l'avant de celui-ci, que débuta l'histoire...

Il y a bien longtemps, alors que des vagues puissantes, gonflées de toute la houle ramassée au large, venaient s'écraser au pied du phare, alors que la fatigue se lisait sur les visages des hommes chargés de surveiller la venue d'improbables ennemis, un évènement étrange se produisit. 

La mer semblait si mauvaise qu'elle aurait découragé toute embarcation de prendre le large. La brume remplissait l'espace délaissé par les eaux furieuses, après chacun de ses assauts. L'atmosphère n'était plus faite que d'une gélatine aqueuse et collante.

Soudain, tous les visages se tournèrent, incrédules, vers le ciel qui s'ouvrit. Il en jaillit, comme le feu sortant de la bouche d'un dragon, une petite boule. Celle-ci, propulsée par une force ne pouvant venir que de la colère des dieux de l'univers tout entier, (enfin, c'est ce qu'ils se dirent alors qu'ils se signèrent tous, croyants ou pas ), bondit au dessus des vagues comme une planche de surf posée sur une puce géante.  Rien ne semblait pouvoir la stopper jamais, pourtant, devant leurs yeux exorbités,  au lieu de s'écraser sur l'une des baies vitrées du sémaphore, elle remonta sur le dos d'une autre vague plus hargneuse qu' une femme délaissée et fonça se blottir dans un espace qui l'attendait, entre deux rochers. Au poste de garde, tous se bousculaient devant les jumelles ! Personne ne voudra les croire quand ils raconteront la déchirure du ciel, les vagues immenses, la boule... Pourtant, quand la relève arriva...

Au pied du sémaphore, la boule d'éponge attira leur regard. Ce n'est que lorsqu'ils furent tout près qu'ils entendirent les bruits aigus ; il pensèrent qu'un oiseau s'y était mis pour se protéger de la tempête, mais leur surprise fut grande quand ils y découvrirent un bébé !

Ils l'emmenèrent pour la réchauffer ( et oui c'était une fille ), dans les cuisines de la base militaire. Chacun redoublait d'ingéniosité pour l'habiller : une manche coupée ferait une couche ; un beau mouchoir, un bavoir; un col roulé, une brassière...Tous voulaient sacrifier un vêtement pour la petite venue, tombée du ciel et de la mer !

Il fallait la nourrir, ses cris ne laissaient aucun doute quand à la faim qui lui creusait l'estomac. Alors que le cuisinier s'affairait à la préparation d'un far, il lui réserva une louche de lait tiède qu'elle têta goulûment au bout de sa poche à crème patissière.

Il fallait la déclarer à la mairie, ils n'allaient certainement pas les croire, dans les bureaux, et pourtant ! Mais comment l'appeler ?

- Naëlle ! Dit l'un .

- Nolwenn ! Dit un autre.

- Nous l'appellerons Nénuphar ! ( trancha le gradé).

- N'est-elle pas arrivée, tout juste née, nue, au pied du phare ?

Sa peau sentait bon la vanille et ses joues étaient ronde comme deux pruneaux.  

La légende prétend qu'elle serait née de l'amour d'une sirène et d'un marin et que les dieux de la mer et du ciel auraient préféré la confier aux humains. Son âme impure était condamnée à essayer de se faire aimer. ce n'est qu'après avoir trouver l'Amour avec un grand "A" qu'elle pourrait replonger dans les eaux profondes pour se refaire une queue de poisson et vivre heureuse au milieu des siens.

Hélas, à part des promesses en l'air de marins de passage, jamais elle ne trouva l'Amour qui aurait pu lui permettre de retrouver sa mère. Une nuit de pleine lune, on raconte qu'elle plongea du pont d'un bateau et se noya.

Certain soir, la complainte d'une sirène se fait entendre des heures durant. Elle pleure son enfant et son bien aimé.  Ces nuits là, tous entendent la sirène à brume qui l'accompagne tristement et certains même, aperçoivent une jeune femme drapée d'un voile clair virevolter au dessus des flots.

 

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