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Le défi du samedi

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30 novembre 2013

Tableau (MAP)

Sur la toile blanche

l'automne s'est invité !

Tableau récolté :

 

Palette d'automne

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30 novembre 2013

Participation de Pivoine

Récolte d'automne



PREMIERE :

Impressions d'octobre...

Conversations multicolores

Le velours cramoisi se relève, les trois coups retentissent.

Trois amours en un automne

Egalent le feu la glace

Et l'arbre nu.

(Parc Solvay, La Hulpe, Brabant wallon)



***



DEUXIEME :

Comme la grippe connaît des pics de fièvre,

Des douleurs profuses et des réveils à l'eau de Cologne,

L'amour a ses décollages de fusée, ses atonies de sensations

Et ses abîmes démultipliés, comme des miroirs...



Maison d'Erasme, Anderlecht.



***



TROISIEME :

Champignon Bon pasteur Bon beurre Belles couleurs

Automne Mot menteur

Amour Et saule pleureur ...



Parc Solvay, La Hulpe, Brabant wallon



30 novembre 2013

Participation de Venise

Ve1

30 novembre 2013

Blonde heure (tiniak)

J'ouvre mes paupières
grand comme des sacs
seul au bord du lac
pour choper au vol
quelques billets de lumière
que l'automne affole

***

Trahison ! Trahison !
Ces feuilles maudites
trahissent ma fuite
loin de la maison

Canopée des canopées !
Je voulais tant m'évader...

C'est pas du jeu, ces façons
d'avoir couvert, dans la nuit
la clairière d'un tapis
d'embuches rouge et marron !

C'est la saison, diable ! diable !
C'est la saison, tour pendable !
C'est la saison Mille Feux
C'est la saison qui le veut

***

Je te vois, je te respire
comme l'humus flamboyant
de l'octobre finissant
d'étaler son frais empire

Tu chemines devant moi
dans ce bois qui se déplume
ta rousse blondeur allume
un feu au bout de tes doigts

Elle embrase jusqu'aux cieux
des nuées la course molle
et m'arrache des paroles
que réciteront tes yeux

Il est temps que je t'appelle
par le nom que je te donne
quand je rêve ta personne
où loge une heure nouvelle

Nous allons, dans le vent froid
bientôt hurler nos ivresses
les fondre en un vin de messe
et célébrer nos émois

Vous saurez nous laisser faire
esprits discrets, faune, flore
goûtant que l'on s'aimât fort
quand déjà menace Hiver

Ils chantent, déjà plus vifs
les vents du septentrion
mais notre conjugaison
ignore leur subjonctif

Elles passent près de nous
chaque année, les saisonnières
sans égaler ta crinière
ni, pour toi, mon amour fou !

ti

30 novembre 2013

Les feuilles d'Hime Chan

     Écrire. Pour tout faire sortir. Écrire. Comme un besoin vital, comme un échappatoire miraculeux. Pour me tirer de ce blues intense où je suis chaque automne. Le monde part en vrille, et moi je suis là, perdue avec les feuilles d'automne, mes feuilles d'automne à moi. Des pages et des pages remplies de lignes serrées, remplies de mots et d'images, remplie de sons et d'émotions. Ma rébellion à moi, c'est ma plume. Lorsque tout se couvre d'or et de rubis, lorsque seules les épines font face au froid qui arrive, lorsque les arbres chevauchent les vents, l'univers est sombre et glacé. Mais vaillamment, ou peut être lâchement, mon cœur résiste. Il se gorge de la beauté des gens et de la saison qui l'entoure. Il essaye de rester là. Parfois il s'en va un peu vers d'autres contrées, mais toujours il revient, et toujours il se tient près au combat. Crayon ou clavier en main, je sais comment m'en sortir. Mais si l'on m'ôtait ma flamme ?

 

     Le blues est blanc, quand le cœur broie du noir... Voilà ce qu'il chuchote près de mon âme. À quoi ressemblaient donc ses feuilles d'automne, lui qui comprend si bien ma détresse ? Comment exprimer ce que je ressens si le cri ne s'échappe jamais de ma poitrine ? Je voudrais pouvoir partir, m'envoler, mais la déprime est là, comme un poids qui m'attire vers le fond... Alors je ne sais pas si je me noie dans la lucidité ou si ce sont mes illusions qui me brouille la vue et m'étouffent de leur impossible rêve. Écrire. Juste pour oublier que tout est laid en moi et que je ne suis pas ce que j'aimerais être. S'inventer un nouveau monde pour se perdre en chemin, dans les méandres de la musique et des mots. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle... et les miennes tombent à mes pieds lorsque je hurle.

 

     Ma litanie est sans fin, rien ne pourra plus m'arrêter... Car l'amertume est là. Car je suis là. Comme un enfant qui découvre la vie, qui emmêle son corps et tombe. Je ne suis qu'un nœud de pensées confuses et désordonnées, enroulées autour de leur propre détresse. Je ne suis qu'un espoir et une douleur, une flamme tremblotante qui menace de s'éteindre. Je ne suis qu'une mélodie douce et triste qui se cherche en elle-même. Je ne suis qu'une poignée de poussière s'envolant dans le désert de sa fascination. Je suis deux yeux innocents qui se posent sur le monde et s'effraient de ce qu'ils y voient. Je ne suis qu'un tas de feuilles désespérément vivantes.

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30 novembre 2013

Participation d'Électre

Il s'agit d'une récolte de la fin octobre, pile un mois... qui sait ce qu'elles sont devenues depuis, les feuilles d'automne ? Il faudra retourner au bord de l'Arno pour savoir...

***

DSCN2299

Un arbre au vent battant des feuilles pour un instant Ajourne son envol

***

DSCN2321

Feuilles d'automne par-dessus le fleuve se parent pour la dernière saison

Feuilles d'automne se ramassant sentent l'appel du vent

Feuilles d'automne prenant leur élan tombent en tourbillonnant

On les ramassera à la pelle au râteau au soufflet On les ramassera sur les quais sur les trottoirs dans les jardins On les laissera recouvrir colchiques défleuries champignons pourris On les laissera engraisser la terre pour une prochaine année On les oubliera sans vergogne jusqu'à ce que vienne le prochain automne

Alors on se souviendra de leur robe de l'enchantement de leurs couleurs fauve cannelle caramel mordoré noisette terre de sienne aurore mandarine safran bouton d'or maïs orpiment des châtaignes enfouies de leur sournois glissement précipitant les imprudents sur un tapis d'automne.

***

DSCN2323

Amoureuses de l'été qui s'achève deux feuilles frileuses à l'appel du vent résistent, ramassées l'une sur l'autre pensant qu'en forme de nid, ou bien de chauve-souris elles sauront bien tromper le vent.

Le vent y a cru : il a tout emporté tout autour sauf elles. Il n'y a plus que l'eau eau boueuse qui par les jours de chaleur évoque un fleuve tropical.

La chaleur est bien loin et l'eau bien froide. Tenir encore un peu Tenir jusqu'à demain Tenir jusqu'au printemps prochain Sans plus de sève Sans plus d'éclat Au prochain coup de vent L'apothéose Le dernier tourbillon.

***

Deux feuilles mortes manquent à l'appel.

30 novembre 2013

argenteuil (par joye)

 

Argenteuil
sous les feuilles
à l'accueil
de mon deuil

larme à l'oeil
comme un cercueil
sur le seuil
de mon orgueil

j'entendais le pin-pon
de ce côté du petit pont
d'Argenteuil

Vingt-deux ans
c'était quand
je marchais encore devant

coeur géant
tout dedans
moitié femme, moitié enfant

Entends-tu le pin-pon
de l'autr' côté du petit pont
d'Argenteuil

Argenteuil
J'étais ta voisine
Argenteuil
On s'aimait en sourdine

Et les feuilles
d'Argenteuil
que je garde dans un recueil

larme à l'oeil
je fais mon deuil
sans vraiment que tu le veuilles

et j'entends le pin-pon
de ce côté du petit pont
d'Argenteuil

30 novembre 2013

Feuilles d’Automne (EVP)

Décembre frissonne qui déjà finit l’automne
Les feuilles sanglotent et pleurent leurs plus belles parures.
Le vent fripon les soulève, elles dansent une chaconne.
Puis tombent et éteignent doucement leurs dorures.

Sèches et brunes elles recouvrent l’allée forestière
Semblant faire édredon aux châtaignes, aux marrons.
Dans un ultime cadeau elles réchauffent la terre,
Faisant barrage au gel mauvais, au temps félon.

Sur ce tapis tu marches, promeneur solitaire,
Inconscient peut-être du sacrifice consenti
Des ornements des arbres, de leurs somptueux habits.

Tu les vois tristes en leur humilité d’hiver,
Ton écharpe couvrant ton nez déjà rougi,
Tu ne songes qu’au thé fumant et aux petits biscuits.

30 novembre 2013

C'est de Montand (Vegas sur sarthe)

“Ca y est! Elles sont tombées aussi dans l'champ du Dudule”
“Comment tu dis?”
“T'en tiens une couche! J'dis qu'elles sont tombées aussi chez l'Dudule”
“Ouais... une belle couche, forcément. On risque plus d'y voir une chanterelle ou alors avec des bonnes lunettes”
“Peut-être quelques trompettes de la mort?”
“Encore? C'est pas chez les Chambon au moins? Y z'ont déjà enterré la vieille la s'maine dernière!”
“De quoi tu parles?”
“Ben, d'la mort. Tous les ans à la même époque ça m'fait l'même truc. Quand j'vois ce tapis qu'arrête pas d'grossir et qui finira par pourrir sur place”
(Soupir)
“Moi ça m'rend gai, ça m'rappelle plutôt l'édredon d'la Toinette!”
“Ah! L'édredon d'la Toinette! Qui c'est-y qui s'en souvient pas?”
“Et surtout de c'qu'y avait dessous, Vain Diou!! C'était chaud et bien humide et ça reniflait bon, un sacré parfum de futaie. J'my revois encore, la main au panier, à farfouiller dans le buisson”
“Tu l'as dit! On avait ses aises et ça valait l'coup d' s'éreinter! Quand j'sortais d'son sous-bois, y avait la récompense au bout avec une grosse persillade, une fois bien dégorgés ça gémissait dans la poële et j'y rajoutais mêm...”
“Qu'est ce que tu radotes?”
“Je sais c'que j'dis! Et tu l'as su qu'la plus jeune des filles Carouge y a tété aussi?”
“La fille? Vain Diou! L'avait rien d'autre à s'occuper chez eux pour aller traîner dans les bas-fonds?”
“On sait qu'elle était bien copine avec la Toinette, mais quand même...”
(Soupir)
“Y en a des qui y sont tété avec une poche en plastique”
“Moi j'trouve que l'plastique ça donne un goût, c'est moins plaisant... et pis tu le jettes où le plastique après?”
“Ben dans la poubelle jaune, enfin je crois”
(Soupir)
“En tout cas j'y allais sans plastique, vers sept heures, avant tout le monde et sans faire de bruit. J'y suis même tété plusieurs fois par jour mais ça, c'était avant...”
“Pour sûr, c'était avant et pis elle a revendu à une mijaurée qui descend pas souvent d'la capitale et qu'est fermée comme qui dirait...”
“Fermée comme la cour du Lucien?”
“Tout pareil! Un grand portail de notable qui te coupe l'envie de grimper et d'aller voir ce qui y a derrière”
“Le Mathieu dit qu'elle a du chien!”
“J'lai vu comme j'te vois! Un molosse qu'a la bave aux lèvres dès qu'on s'approche un peu!”
“Mais... d'la bave comme la mère Grégoire?”
“Pas autant - c'est pas Dieu possible - mais pas loin”
“Ce matin au marché y z'étaient à vingt euros l'kilo”
“Y vendent des molosses au marché?”
“T'en tiens une couche! J'te parle des chanterelles”
“Ah... tu sais c'que j'pense des euros. Si ma bergère était de c'monde elle te dirait qu'un tas d'billets de cinquante francs ça fait un plus gros matelas et qu'on peut y dormir tranquille”
“Oui mais ça c'était avant mon vieux, c'était avant l'euro”
(Soupir)
“Hé! Tu vois pas qu'il en tomberait aussi dans l'champ du Dudule?”
“Arrête de radoter. D'abord tu saurais pas quoi en faire, et pis ça tombe jamais chez ceux qu'en ont besoin... alors qu'les feuilles ça tombe partout, surtout quand t'en as pas besoin”
“Oui mais seul'ment sous les arbres mon vieux, seul'ment sous les arbres!”
(Soupir)
“Les feuilles mortes ça s'ramasse à la pelle, les souv'nirs et les r'grets tout pareil”
“V'la l'bourdon qui t'reprend, vieux”
“Non, c'est de Jacques-pré-vert, tu sais... le poète”
“T'en tiens une couche! Tu sais pas que c'est de Montand?”
“D'mon temps, d'mon temps... j'te rappelle qu'on est conscrits, mon vieux!”
“T'en tiens une belle couche, quand même!”
“Tiens! Quand on parle du loup... r'garde qui c'est qui rentre chez l'charcutier. C'est la mijaurée!”
“Ouais... ben la Toinette, elle avait p't'être du mal à passer la porte mais c'était beau à r'garder”
(Soupir)
“C'était aussi passe qu'on y voyait mieux...”
30 novembre 2013

LES FEUILLES D’AUTOMNE (Lorraine)

Les feuilles d’automne ? Non, il m’est impossible d’en parler ! Nous nous connaissons trop bien, ensemble nous avons couru dans les allées du parc ; j’aimais sous mes petons de fillette sentir craqueler leur tapis que le vent en rafale éparpillait soudain.

Cette sensation, ce bonheur, je l’ai écrit dans mes rédactions à l’école, d’année en année, sous des titres divers. Plus tard, émue par leur ciselé, le mordoré de leurs ors ou le vermillon de tout un feuillage, je les ai mises en poèmes. Poèmes d’automne qu’enivre le parfum si particulier des feuilles sous la pluie ou chanson à lèvres closes quand le vent les fait tourbillonner comme autant de petites ailes éperdues.

Et nos promenades ! Comment vous décrire ces fugues soudaines qui me jetaient dans les bras de l’automne comme on va à un rendez-vous d’amour ! Les feuilles ensorcelantes galopaient à ma rencontre, un chat enivré se roulait avec elles dans le chemin et c’était bien.

J’ai tout donné aux feuilles d’automne, mon enfance, ma jeunesse, mes amours.

Aujourd’hui j’ai le cœur et les mains vides. Alors, je suis sûre que vous me comprenez : il m’est vraiment, mais là vraiment impossible de parler des feuilles d’automne…

23 novembre 2013

Défi #274

Les feuilles d'automne

feuille-d-automne

Envoyez votre récolte

à samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

23 novembre 2013

Ont suivi René dans l'empire des lumières

23 novembre 2013

Participation de Venise

Ve1

Ve2

Ve3

23 novembre 2013

Les âges de la vie (Célestine)

Cé

 

Baby sitter

Allez, dodo, petit gouzi gouzi , papa et maman vont bientôt rentrer, enfin, s’ils se souviennent qu’ils m’ont payée pour supporter tes vagissements, changer tes couches dégoûtantes, et éponger ton vomi sur la lampe de chevet…parce que là, quand même, ils exagèrent,  je vais leur faire le tarif de nuit, non mais qu’est-ce qu’ils foutent ? Ah enfin, j’entends marcher, ça doit être eux !

***

Terreurs nocturnes

 

Maman !!! laisse la lumière allumée, j’ai peur. Maman, pourquoi t’es pas là ? Maman ? C’est toi qui marche dehors ? Maman, t’es sûre que t’as bien fermé la porte ? J'entends des bruits bizarres! Reviens maman, s’il te plaît…Mamaaaaan ! J’ai peuuuurrr !!

-(Bon sang, ce gosse regarde trop la télé)...Tais toi et dors!!!

***

Lendemain de teuf

 

Wow !!Chuis déchiré, grave ! Chais pas pourquoi j’ai bu  hier soir, oh la la j’ai un mal de crâne…Il est pas tard !à peine quatorze heures trente du mat ! J’vais dormir encore une heure ou deux…J’entends marcher dehors, ça c’est ma daronne, elle va encore me dire que j’ai le bac à la fin du mois, et que chuis un feignant…Grounf ! J’ai mal à la tête et cette lampe qui m’explose les yeux, il est où l’interrupteur , VDM !

***

Agence immobilière

Vous allez vous plaire, dans cette maison, monsieur, madame, c'est moi qui vous le dis !

-Oh, regarde chéri, ici, là, nous ferons le salon, nous mettrons le canapé, la petite lampe rose, on va être bien…-Oui, l’endroit est très calme, remarquablement bien placé! Vous n’entendrez pas un chat marcher dehors à partir de huit heures du soir. Il vous suffira de bien fermer les doubles vitrages !

 ***

Cinq à sept

-Alors, heureuse ?

-Oh oui, bien sûr, mais tu dois partir maintenant, mon amour. Il est tard…

-Attends, encore un peu, laisse-moi te regarder, tu es si belle à la lueur de la lampe…

-Ciel, tu n’entends rien ? Oh mon dieu, des pas dans le jardin…Vite, sauve-toi, c’est lui, j’aperçois son Audi derrière les volets clos, il a un revolver, méfie-toi !

 

***

Absence

J'entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard. Ma lampe seule veille... je ne sais pas si j’aurai la force de tendre le bras pour éteindre la lampe…de toutes façons, personne ne vient jamais  me voir…Tiens la porte s’ouvre. Bonjour Madame !

-Mais papa, c’est moi, Madeleine, ta fille…

23 novembre 2013

Au temps jadis (MCL)

MCL

J’entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard. Ma lampe seule veille. Une vieille lampe à pétrole qui jusque là trônait sur le buffet de la salle à manger parmi d'autres bibelots. Quand la tornade a tout dévasté et que l’électricité a été coupée, j’ai bien apprécié de l’avoir gardée pendant tout ce temps. Dehors, tout est chaos et désolation. Chacun se terre chez soi, avec le secret espoir qu’après une bonne nuit de sommeil toute cette histoire n’aura été qu’un cauchemar. Demain, tout sera rentré dans l’ordre. Moi aussi je me suis laissé aller à espérer. Tous les soirs. Et tous les matins, je découvre que rien n’a changé. J’entrouvre les volets et je passe la tête furtivement, juste le temps de réaliser qu’il fait toujours nuit noire, ou presque. L’air est chargé de particules de poussière, une poussière épaisse qui empêche les rayons du soleil d’atteindre le sol. Depuis plus de quinze jours, c'est comme si nous subissions les effets d’une éclipse permanente. En bas, dans le jardin, tout est gris. Impossible de distinguer le vert tendre du gazon. Quoiqu’il en soit, personne ne se risque à aller dehors. L’air est devenu irrespirable. D’ailleurs, je doute qu’une tornade ait pu provoquer un tel désastre, même si ce sont les derniers mots que j’ai entendus à la radio, quand elle émettait encore. A présent, elle s’est définitivement tue, après les dernières recommandations à la population : « Restez chez vous. Calfeutrez portes et fenêtres et attendez que l’on vienne vous secourir ». Tu parles, je n’ai pas vu âme qui vive, pas le moindre animal, même pas un insecte. Pourtant, je jurerais entendre des pas à l’extérieur.

N’y tenant plus, je monte à l’étage et ouvre le volet de la chambre, juste ce qu’il faut. Des ombres semblent flotter dans la rue, mais dans cette purée de pois je ne distingue rien. Je suis trop loin. Tant pis, au point où j’en suis, je dois m’armer de courage. Je redescends les escaliers en trombe et m’approche de la porte d’entrée. Avec mille précautions, je l’entrouvre. Le moindre bruit pourrait les alerter. Mais qui sont-ils ? Un groupe d’hommes vêtus de combinaisons noires, cagoulés, déposent un paquet devant chaque maison. Il est impossible de distinguer leur visage, caché par une sorte de masque à gaz. En baissant les yeux, j’aperçois un carton à mes pieds. Les hommes en noir sont déjà loin. Je saisis le paquet et referme vite la porte. L’air vicié brûle mes poumons et je tousse violemment pour essayer de l’expulser. Le carton. Mes mains arrachent le ruban adhésif avec frénésie. C’est de la nourriture. Je ne comprends pas. S’il y a de la nourriture ailleurs, pourquoi nous laisse-t-on ici ? Pourquoi nous maintenir en vie plutôt que nous sortir de ce guêpier ? Les idées se bousculent dans ma tête quand, soudain, un son strident me vrille les tympans. Trois coups brefs.

— Franchement, pourquoi vous vous acharnez avec cette machine ?

La jeune femme me regarde avec dédain, tout en soulevant le casque qui recouvre ma tête. Je m’assoie, un peu hébété.

— L’heure est écoulée. Alors, pourquoi vous obstinez-vous à vouloir démarrer la séance au début du XXème siècle ? Visiblement, ce n’est pas ce qui vous convient, puisqu'à chaque fois, vous vous arrangez pour vous retrouver dans le futur.

C’est un comble ! Je paie pour utiliser la machine à idées et voilà que je me fais engueuler par cette pimbêche. Pourtant le prospectus annonçait des résultats époustouflants. La machine à idées avait été inventée par Imagina Corp pour les écrivains en panne d’inspiration. Ce n’est pas ma faute si je ne parviens pas à entrer dans une scène historique, si je détourne le scenario pour revenir systématiquement dans le présent ou le futur proche.

— La prochaine fois, on oublie la lampe à pétrole. Essayez de me dégoter dans votre base de données une scène qui se passe à l’extérieur. Tiens, pourquoi pas à Chicago, à l'époque de la prohibition ?

— Très bien, c’est comme vous voulez. C’est vous le client.

Je n’ai pas plutôt le dos tourné qu’elle chuchote avec sa collègue.

— De toute façon, quand on est un écrivain raté, on le reste.

J’ai très bien entendu, mais je préfère me taire. Je lui prouverai qu’elle se trompe.

23 novembre 2013

Obscure-moi (Stella No.)

J'entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard.Ma lampe seule veille le temps qui s’écoule inexorablement. La nuit est mon domaine. Tout y est perceptible. Les canalisations du voisin, le chien errant, l’adolescente babillant dans l’appartement du dessus. Je suis seule et j’ai conscience de tout ce qui m’entoure. Chaque murmure me parvient avec clarté.  Chaque battement de mon cœur martèle mes pensées. Des pensées sombres. Sombres comme la nuit. Sombres comme ma vie.

Un verre de JD à la main, plantée devant la fenêtre ouverte, le regard fixé sur la rue. J’observe le monde à ma manière. J’exhale un soupir de bien-être. L’invisible devient discernable. Je deviens le monde qui m’entoure. J’existe sans crainte et sans fureur. Je m’accomplis parmi les ténèbres. Les stimuli de la nuit m’emplissent et me rassérènent. Là où la lumière me détruit, l’obscurité me nourrit.

Pas besoin de se concentrer pour discriminer les sons. Tout est pur. Je peux isoler et définir chaque élément du monde. Je fais enfin partie de ce monde qui m’est hostile le jour.Pas besoin de se contraindre afin d’éviter des obstacles. Mon monde est solitaire. Je peux marcher dans la rue, je peux courir sans risquer de percuter un être humain trop égoïste pour s’écarter. Je suis le monde, je suis la plénitude.

 Et demain… demain m’effraie encore plus que la lumière. On me propose de quitter les ténèbres. Un médecin aurait la solution. Demain, il souhaite m’opérer. Demain, il a prévu de rendre la vue à l’aveugle que je suis. L’obscurité m’a accompagnée depuis tant d’années. On me demande de la trahir. Au nom de la famille, au nom de l’amitié, au nom de l’amour. Ils disent que ce sera mieux pour moi. Ils disent que je serai plus libre. Qu’en savent-ils, ceux du monde de la lumière ? Je ne sais pas ce que je suis, mais ce dont je suis sûre, c’est que je suis connectée à la nuit.  Alors demain… demain, je verrai bien.

 Ste

*Photo de Arif Ali (AFP/Getty Images) que j’ai légèrement retravaillée.

23 novembre 2013

J’entends marcher dehors ! (Sergio)

J’entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard.ma lampe seule veille.

Je l’éteins par prudence car marcher n’est pas l’expression exacte.

Ce qui vient vers cette porte dérobée  de ce vieux cimetière anglican ou j’attends caché, avance plutôt en claudiquant, en trainant les pieds. Cette démarche asymétrique et lourde s’accompagne d’un crissement métallique alternatif qui dans le calme crépusculaire de cette vallée oubliée, dans ces brumes sinistres à peine transpercées par une lune blafarde écorcherait le flegme du plus calme des observateurs.

Je n’aurais pas dû venir. Mon vieil ami le professeur Howard-P-L m’avait mis en garde. Il m’avait fait jurer de ne pas m’y intéresser. Des évolutions cauchemardesques m’ont forcé à un parjure.

Quelques décennies auparavant il avait essayé de comprendre. Il n’en était pas revenu indemne. Il en était revenu fragile, ne sortait plus la nuit et évitait soigneusement les vieux quartiers de la ville basse où s’étaient  retranchés tous ces êtres bizarres, secrets, toujours chaudement couverts comme s’ils étaient transis de froid. Ils étaient arrivés, petit à petit, débarquant dans le secret par le port de cargo apatride. Peu de gens avaient vu leurs visages mais ce petit nombre décrivaient, horrifiés leurs faces simiesques couvertes d’une peau de batracien gluante. Ils s’étaient installés près des eaux noires et huileuses de l’ancien port désaffecté, dans les vieux entrepôts qui avaient vu  tant de commerce avec des colonies oubliées depuis.

Ma curiosité malsaine m’avait mené dans cette nécropole et ce que je vis apparaitre par la lourde porte grinçante me fit quasiment perdre connaissance. Je me recroquevillais derrière la grille rongée par la rouille  du vieux caveau dans lequel je m’étais caché. La, terrorisé, me mordant le poing jusqu’en saigner pour ne pas hurler, je vis passer devant moi un défilé démoniaque de créatures mi-humaines, mi-animales , leurs yeux globuleux, exorbités tournés vers la lune et psalmodiant dans une langue inconnue, assemblage de cliquetis insectoïde  et de raclements de gorge glaireux. Je m’aperçus alors que ce que j’avais pris pour le bruit métallique de godillots ferrés était en fait le raclement cauchemardesque de griffes acérées pointant de leurs trois orteils nus. Le sautillement trainé, leur démarche proprement amphibienne, la bizarre mélopée et les effluves envoutantes qui s’élevaient de leurs encensoirs réalisés dans ce qu’il me sembla être un crâne humain, eurent raison de moi.

A peine la dantesque parade évanouie dans la partie la plus ancienne, la plus dégradée où seules de très vieilles stèles de basalte revêtues d’inscriptions cunéiformes à demi-effacées, s’élèvent tordues et brisées , je m’enfuyais comme poursuivi par une légion  de démons. Je fuyais vers la montagne, suivant des sentes dans des landes rases aux rares arbustes distordus. Je fuyais ce cimetière et ces créatures sorties des enfers mais surtout je fuyais mes semblables.

La vision de ces hybrides mi-humains, mi-sauriens m’avait confirmé une chose terrible, inavouable.

La même mutation était en marche sur moi. Mes pieds avaient commencé à se transformer. Je n’avais comme eux, plus que trois orteils au bout de pieds squameux et palmés. Mes ongles devenaient  des griffes, de terribles griffes. Je me voûtais et la lumière du jour m’était devenue insupportable. J’étais irrésistiblement attiré vers l’eau, une attirance atavique.

Il fallait que je m’éloigne de la ville, de ses miasmes fétides qui véhiculent  l’infection. Pendant que ma conscience me  le permettait je devais me perdre dans les bois noirs du versant sombre de la montagne,  il fallait que je m’y oublie définitivement.

Mais il est déjà trop tard. Je les sens. Ils me suivent. Je suis déjà un des leurs.

J’entends marcher derrière. Le monde est clos et il est tard.

Ma lampe seule veille sur la lande.

 

ser01

 

23 novembre 2013

Dans la brume de la nuit (MAP)

J’entends marcher dehors, tout est clos, il est tard.
Ma lampe seule veille ...

Seul moi aussi et pas très rassuré dans la maison de mon grand-père chez qui je viens passer le week-end

doucement, tout doucement je m'approche de la fenêtre

j'écarte imperceptiblement le lourd rideau

dans la brume de la nuit une forme étrange m'apparaît

un être à la tête curieusement pointue

enveloppé d'un long manteau

tenant en sa main un bâton en forme de colimaçon !!!

Il s'approche, son bâton frappant le pavé !

Il murmure des mots mais je n'en perçois pas le sens ...

Il arrive, il arrive,  droit vers la maison

Il sort une clé et ... entre !!!

Je crie ma PEUR sans pouvoir bouger !!!

...................................................

- "Allons Fiston !!! Tu ne me reconnais pas !!!"

L'homme retire son chapeau, enlève sa barbe,

pose sa crosse dorée, se défait de son long manteau  ..."

- Papy !!! Tu m'as fait une de ces peurs !!!"

- Oh j'aurais dû te prévenir que j'allais à une répétition pour le défilé de Saint Nicolas mais je pensais rentrer de bonne heure avant ton arrivée, c'est pourquoi je n'ai pas pris le temps de me changer ! Figure-toi que ma voiture est tombée en panne et que j'ai dû faire tout le chemin à pied pour rentrer !!!!

 

Grand Saint Nicolas

 

 

 

23 novembre 2013

Boum ! (Walrus)

J'entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard. Ma lampe seule veille. Elle éclaire faiblement le tableau de Magritte. C'est certainement à lui qu'en veulent mes visiteurs. Quelle idée aussi de l'avoir fait voler...  Sur sa cimaise, au musée, je l'avais trouvé sympa. Mais à force de l'avoir sous les yeux... Oh, la fascination demeure ! C'est cette ambiance... Elle me déprime de plus en plus. Au début, je n'y avais vu que la clarté du ciel. Un éblouissement ! Juste souligné par le contraste avec l'ombre. Mais aujourd'hui ! Mon regard tente de s'accrocher  encore à la lueur vacillante du réverbère. En pure perte... Mon esprit est irrémédiablement attiré vers la part la plus sombre du tableau. Là où plus rien ne se distingue. Mais où se devine l'insondable néant. Et je m'y plonge de plus en plus. Cette croûte m'aura tout pris : ma fortune, ma situation, mes amours... Et aujourd'hui, ma vie. Car ils en seront pour leur peine. J'ai entaillé en croix la tête du projectile. Mon Colt Python va transformer tout ça en lambeaux de toile, d'os, de sang et de cervelle.

 

Python

 

23 novembre 2013

La maison violée (tiniak)

La maison les yeux clos, la bouche entrebaillée
figée dans la stupeur, m'a fait lever le nez
sous la flamme accôtée à mon bras de fauteuil.
D'abord, je n'ai rien su, que la nuit qui s'effeuille
que j'étais dans l'idée - ayant fini mon deuil,
de me jeter au fond, d'aller lui déflorer
tous les bruissants recoins qu'elle m'aurait offert
comme on se connaissaît - pas tout-à-fait d'hier,
et qu'il ne pleuvait plus.

J'avançais mollement dans la gorge nouée
de la maison glacée qui ne respirait pas
ni l'air dans les cheveux défaits de la voisine
(la forêt de Perseigne avec son vin mauvais
depuis qu'on lui a tué son loup, sans grand corbeau
et le petit mulot qui lui fisait les pieds)
ni la chair de poussière aux rampes d'escalier.
Je n'étais pas inquiet, j'enfilai un manteau
une écharpe et des gants.

Quand j'entendis, soudain, qu'on marchait, là dehors
- et d'un pas sans effort dans cette obscurité ?!
Ça filait droit devant, sur la maison livide
et je distinguais bien comme ça soufflait fort.
C'est entré, sans mot dire et m'évitant de peu
J'ai entrevu ces yeux; ils étaient comme vides !
C'est allé en cuisine en grognant, tel un fauve,
un vilain sanglier fuyant devant la courre
et puis, ça disparut.

Le mur l'aurait mangé ? Avais-je eu la berlue ?
Mais non ! Dans les fourrés, ça massacrait des branches
après avoir foulé le potager couvert,
au dos de la maison qui pleurait en silence.
En emportant plus loin son étonnant vacarme,
ça ravageait l'hiver avec obstination
Je restai interdit, un moment, sans raison
caressant la maison, apaisant sa souffrance
et son cœur en alarme.

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