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Le défi du samedi
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8 mars 2014

Tout est sous contrôle (Célestine)

Bottes rouges

-Désolé, Célestine, j’ai été choisi pour le défi, mais ce n’est vraiment pas de mon fait. Je t’assure ! Tu crois que je n’aurais pas préféré courir en liberté plutôt que d’être affublé de ces bottes idiotes …

-Mais qui me parle ?

-Remarque, elles me sont bien utiles ces bottes, il fait vraiment un temps d’homme aujourd’hui! J’ai la goutte au groin et la chair de truie.

-Maîtresse, maîtresse ! Dans la cour, là ! Regardez !

-Je ne vois rien…

-Mais si, là, sous le banc …dans la flaque, regardez, maîtresse, un cochon ! Avec des bottes, rouges en plus !

Ce doit être le surmenage de fin de trimestre.  Je ne verrais même pas une aiguille dans une botte de groin…euh…de foin... Alors un cochon avec des bottes… Pourquoi pas une araignée dans un grenier ou un limaçon avec une culotte, tant qu’on y est ?

Il faudrait peut-être que je consulte…Le défi du samedi a gravement envahi ma vie depuis quelque temps. Je me retourne: mais non,  mes élèves sont sages, ils s’appliquent sur leurs copies, la langue en tire-bouchon. Sur mon bureau, mon petit Walrus en peluche clignote doucement. Mon porte-clé Map en plastique de Carrare double face est suspendu à la clé de l’armoire. Tout a l’air sous contrôle.

D'où me vient cette désagréable impression de partir en saucisse ?

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22 février 2014

Elle (Célestine)

 

cél

 

Ça a débuté comme ça.

Un matin de fin d’hiver tout gris. Le petit chat est mort.  Dans sa chemise de soie pâle, Elle est sortie dans l’air glacé, sans même penser à s’habiller. Elle a couru dans le bosquet à moitié nue, le givre perlait à sa bouche. Son chagrin ne sortait pas. Aucun cri. Aucune larme.

« Couvrez ce sein que je ne saurais voir ! a dit la mère supérieure d’un ton sévère. Mais que sait-elle, la vieille,  de son jardin secret ? Ne sait-elle pas que pour Elle, depuis toujours, l’enfer c’est les autres ? Murée dans son autisme, Elle parcourt la vie avec des ailes de géant échoué sur le sol. Etre ou ne pas être, est-ce vraiment la question ? Pour elle rien d’autre n’existait que cette boule de poils. Mais que diable est-il allé faire dans cette galère ?  Hélas ! Il a vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un matin…

Les arbres menaçants tendent leurs doigts de griffons vers le ciel. La terre est bleue comme une orange.

«  Il faut cultiver notre jardin, dit Sœur Eliette. Car là, tout n’est qu’ordre et beauté.

-Jardin?...Dessine-moi un mouton, dit Elle.

-Pour remplacer ton chat ? Tu es folle, bien sûr, mais va, je ne te hais point. »

Les bouleaux se penchent vers Elle, comme des bras. Elle voudrait dormir pour toujours, dans les draps soyeux de la neige de mars.

 

 

Amusez-vous à retrouver les 12 citations qui se cachent dans le texte...

 

15 février 2014

Le porte-plume (Célestine)

cél

Le petit garçon mâchouille son porte-plume. Un beau porte-plume bleu tout mâchouillé au bout.  Le petit garçon regarde le plafond. Les traits du plafond descendent doucement vers lui comme un filet à papillon. Il se sent comme pris au piège. La voix du maître raconte une histoire d’oiseau qui s’envole de sa cage, une histoire de cage qui s’efface, de peinture et d’arc en ciel. Le petit garçon mélange les histoires comme les couleurs de ses crayons. Il dessine un oiseau dans la marge de son cahier de brouillon, à côté des multiplications, et l’oiseau, le bel oiseau bleu porte-plumes quitte les lignes Séyès et s’envole sur le rebord de la fenêtre, il a un petit œil doré de pigeon, et un grand sac de voyage sur le dos. Et de belles plumes bleues un peu mâchouillées au bout. Et le petit garçon arrondit sa bouche et le pigeon sourit. Quelle différence y-a-t-il entre un pigeon ? Viens avec moi, viens ! dit le pigeon. Viens loin du sol, parsemer de vent les nuages, vient faire éclater tes poumons de l’air du vent. Mais le petit garçon doit encore revoir sa conjugaison. Je vais venir,  je voudrais venir,  je viendrai,  je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. Vingt culs ? dit le pigeon, peut-être pas, mais tu as la bouche en cul-de-poule, tu vas gober les moucherons !

Et le pigeon s’envole. Pourquoi faut-il toujours que tout s’envole ? se dit le petit garçon.

-As-tu fini ta rédaction ? dit le maître.

Et le petit garçon se souvient que le sujet de la rédaction était le rêve.

 

 

En hommage à Robert Doisneau, Jean Rivet, Coluche, Jacques Prévert, Maurice Druon, Selma Lagerlöf, Richard Bach, Jean Richepin, Cocteau et quelques autres grands poètes que j’aime.

8 février 2014

La sagesse des fous (Célestine)

 

Célestine

 

La mélopée était belle et simple, et la voix qui la chantait douce comme une soie.

Les rêves y tremblaient légèrement, comme on maintient le feu d'une bougie à l'abri du vent, un soir d'été, derrière une main translucide.

La chanson sentait le chanvre et le benjoin, l'ambre et le patchouli. Les fleurs dans les cheveux, les cordes de guitare.

Elle parlait de gens qui s'aimaient, et qui marchaient longtemps, enlacés, je les imaginais habillés de cotons indiens et de longues jupes transparentes, les pieds nus dans le sable poudreux d'une route infinie.

Elle parlait d'espérance et de doute, et des mille routes qui réunissent les hommes dans les plus folles utopies.Un carrefour de mille routes ? Il fallait être vagabond, poète sans patrie ni patron, pour imaginer un carrefour pareil !

Elle parlait d'étoile et de flamme, de chemin et de sourire. Et de la sagesse des fous.

Je ne cherche plus ce carrefour du cœur du monde. Je sais qu'il est en moi comme en chacun de vous.

 

Les Mille Routes by Georges Moustaki on Grooveshark','hspace':null,'vspace':null,'align':null,'bgcolor':null}">

1 février 2014

Les deux royaumes (Célestine)

cél

Il était une fois deux royaumes jumeaux, perdus au  fond d'une verte vallée. Les rois de ces deux royaumes étaient frères. Hélas, comme il advient parfois dans les meilleures familles, ces deux frères ne s'entendaient pas du tout. L'un était bon et bienveillant, l'autre méchant et hargneux.

Le roi gentil s'appelait Kipermé. Son frère se nommait Kidéfan.

Il courait les pires bruits sur le royaume de Kidéfan.

Mais ce n'étaient pas que des bruits. Là-bas, la terreur régnait, à cause du caractère innommable et irascible du souverain. Celui-ci, en effet, passait son temps à défendre, à interdire, arrosant son royaume de décrets liberticides, au gré de ses caprices, et ses sujets n'avaient plus le droit de rien faire. Défense de manger des pommes ! Défense de porter des vêtements bleus ! Défense cueillir les fleurs rouges !Obligation par ci! Interdiction par là ! Ce n'était pas une vie. Les gens se regardaient en chiens de fusil, et la suspicion et la crainte engluaient le royaume.

Dans le royaume de Kipermé, au contraire, les habitants étaient heureux et respectueux les uns des autres.

Quand le roi promulguait une loi, c'était toujours pour permettre quelque chose, pour ajouter un droit à ses sujets. Par exemple, jusque là, par une absurde tradition séculaire, seuls les marchands avaient le droit de traverser la ville de nuit. Mais c'est beau, une ville, la nuit. Le roi décida donc que tout le monde aurait ce droit, et les habitants firent une grande fête pour remercier leur généreux monarque. Quelques marchands essayèrent bien de râler contre cette loi qui leur paraissait anormale « vu que l'on avait toujours fait comme ça » et qu'ils se sentaient dépossédés d'un privilège ancestral. Ils organisèrent des défilés contre les promenades nocturnes pour tous » mais l'on fit comprendre aux rouspéteurs que cela ne leur enlèverait rien de permettre aux autres ce qui leur était déjà acquis, à eux.

« Que ceux qui veulent interdire ce droit aux autres s'en aillent au royaume d'à côté ! » dit le roi Kipermé d'une voix ferme.

Bien des années plus tard, l'on retrouva les descendants de Kipermé et de Kidéfan dans un royaume merveilleux dont j'ai oublié le nom, si ce n'est qu'il commence par F. Les premiers œuvraient toujours pour que chacun puisse se sentir reconnu malgré ses différences. Les seconds livraient toujours la même guerre aux premiers, voulant aligner tout le monde sous la même toise, reprenant même, ces derniers temps, pas mal de poil de la bête. Une bête puante et multiforme, nommée selon les moments, obscurantisme, ou intolérance, ou encore intégrisme.Et en voiture Simone, et en avant Guingamp...

Et les habitants, qui s'étaient habitués à la liberté depuis quelque générations, avaient l'impression de marcher sur la tête : car ce conte à dormir debout semblait ne jamais avoir de fin...

N'en cherchez donc pas : jusqu'à la fin des temps, les descendants du roi Kidéfan voudront imposer aux autres leur façon de penser...c'est dans leur nature.


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25 janvier 2014

Participation de Célestine

Drrring

Le téléphone a retenti. C’était Walrus.

"-Allo ? Eh ben, Célestine, mon p’tit chat, t’es où ? On t’attend sur le défi !

-Oh, boss, c’est gentil de m’appeler en personne.

-Je m’inquiétais…il est vraiment tard ! je sais que tu publies toujours à une heure indue, mais quand même, là, il est vraiment tard!  Tu viens ?

-Je ne sais pas…

-Que se passe-t-il ?

-Rien. Un peu de vague-à-l’âme, un blues passager…Une impression de lassitude.

-Ah bon ? Toi qui es si optimiste d’habitude…

-Optimiste ? Idéaliste, plutôt, presque un peu naïve. A l’image de mes petits personnages que je dessine pour passer le temps. Des princesses solaires et utopiques qui vivent dans un monde de lapins blancs et de roses apprivoisées. Et cueillent au creux de leurs mains des fragments d’étoiles. De douces et  claires âmes qui aimeraient que tout le monde s’aime … (enfin, qui croient à la poupée qui tousse, en fait) Qui ça peut intéresser, franchement…

-Dis donc, tu ne chercherais pas à m’apitoyer, par hasard ?

-Si, si,  j’avoue, je fais un peu de chleuasme. Tu connais ? C’est un mot grec.

-Bien sûr ! Tu sais bien que j’ai une culture encyclopédique ! Mais c’est un mot peu employé…j’aime bien. C’est ton côté instit, hein, faut que tu nous apprennes des mots, tu peux pas t’en empêcher…Alors, tu viens ?

-Euh…Bon, ok, je viens…tu sais bien que je ne peux pas me passer de vous!

-Tiens, tu me vouvoies, maintenant ?

-Rhôô ! Boss ! "

Il a raccroché le combiné. Moi c’est la plume que je voulais raccrocher ! J’étais en train d’écrire un billet d’adieu aux Défiants.  Et  je me suis fait retourner comme une crêpe. Il est trop fort ce boss ! Du coup, vous allez devoir me supporter encore un peu…

***

Merci à Walrus pour son infinie patience.

Cé

18 janvier 2014

Toi (Célestine)

cél

Toi qui sais m'enluminer en jouant sur ta guitare des notes qui n'existent pas, quand tu étends ton bras de nuit, les étoiles qui se décousent comme des boutons de vermeil tombent sur mes draps et mes yeux..

Toi dont le bras peut attraper sur la dernière étagère du salon la boîte à bonheur en fer-blanc que ma grand mère avait cachée pendant la guerre, c'est tout un doux parfum d'antan que tu libères de tes doigts et qui s'échappe dans le vent.

Toi qui peux m'ouvrir tes bras comme de solides branches où se blottissent les années comme de grands oiseaux sauvages, je pars de ton épaule nue avec mon petit sac à dos, de velours vert comme tes yeux, traversant les forêts salées les déserts d'or et les taïgas, les îles aux volcans enfiévrés, je m'en vais jusqu'à tes mains qui me font entrevoir le ciel.

Toi dont les bras me font un pont ...Si tu savais comme je me fiche que tu n'aies pas le bras long!

11 janvier 2014

Vladimir (Célestine)

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Vladimir Kostorikov s’exprimait dans un russe très pur. Il vivait seul, ne mangeait que de l’esturgeon et ne détestait pas aller voir, une fois par semaine, les petits rats du Bolchoï agiter leur gambettes sous leur tutus de parme et d’or.

Vladimir Kostorikov n’était pas heureux. Pour autant, il n’était pas malheureux non plus.

Il n’était ni gros, ni maigre. Ni vieux, ni jeune. D’humeur égale, aucune pensée ne l’agitait jamais.  D’aussi loin qu’il se souvenait, il n’avait jamais éprouvé aucun de ces sentiments turbides qui étreignent les hommes, comme la jalousie, la cupidité ou l’amour.

Peu à peu, son visage sans expression s’était figé, à force de ne rien exprimer.

Il ne se souvenait même plus avoir eu quelque chose d’humain, il y a très longtemps.

 

21 décembre 2013

Exercices de style (Célestine)

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Jaloux

Je me demande pourquoi elle a tant insisté pour que j’aille promener le mioche. Comme s’il avait encore l’âge de s’exhiber dans cet accoutrement ridicule !

 Elle avait l’air bizarre. De toute façon, elle a tout le temps l'air bizarre en ce moment. Je suis sûr qu’elle me trompe avec le bellâtre du bal de l'autre soir et qu’elle m’a envoyé ses copines Jeannette et Simone pour me surveiller.Elles croient que je les ai pas vues, du coin de l’œil... Vous allez voir  que dès que j’aurai le dos tourné, elle le fera pénétrer dans notre maison…et me voler ma soupe…et dormir dans mon lit...mais je ne vais pas le laisser faire, ce moule-à-gaufre ! Il va tâter de ma botte secrète, ce Cyrano à quatre pattes !

 

Surdoué

Mes parents ont cru me faire plaisir en m’offrant ce jouet mais un avion qui ne vole pas, c’est ridicule…Réfléchissons cependant…En équilibrant la masse de l’avion et la portance issue de la vitesse augmentée du carré de l’hypoténuse de la force d’attraction de la terre, l’on pourrait obtenir un maintien en vol correct de cet aéronef. Hélas, mon géniteur n’a aucune notion des lois simples de l’équilibre relatif et de l’aéronautique, je crains qu’il ne soit intéressé que par les deux créatures de sexe féminin qui nous ont emboité le pas…

 

Proust

Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce bruit, c’était celui du délicieux petit grincement subtil et délicat des roues de l’avion miniature que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour là nous n’allions pas à la messe) mon père poussait du bout de sa canne cependant que je prenais place aux commandes, m’installant tel un vrai pilote dans ce petit cockpit tout orné de fleurs que ma tante Léonie avaient cueillies pour moi dans le jardin où ma cousine Berthe m’avait délicatement embrassé du bout de ses lèvres rosées, cependant que je rougissais comme une pivoine sous la caresse de sa langue douce comme une madeleine trempée dans une gorgée de thé.

 

Interrogatif

Mais qu’est ce que c’est que cet avion ? Ça ne sortirait pas d’un film de série B, un engin pareil ? Et ce costume ? Non mais vous avez vu l’allure qu’il a ? Il s’est regardé dans une glace, le gonze ? Et le mouflet ? On lui a dit qu’il pourrait faire un procès à son père pour sévices ? A-t-on idée d’affubler un môme d’un tel couvre-chef ? Un béret de marin, c’est un truc de notre époque, ça ? Et qui nous dit que ce n’est pas un avion volé ? Quant au deux greluches, elles ont pris le type en filature, vous ne croyez pas ? Ce sont peut-être deux fliquettes ? Ou deux assistantes sociales, plutôt, non ? Ça ne vous parait pas louche, toute cette histoire ?

 

Charlélie Couture

 

Comme un avion sans aile,
j'ai chanté toute la nuit,
j'ai chanté pour celle,
qui m'a pas cru toute la nuit

Oh libellule,
toi, t'as les ailes fragiles,
moi, moi j'ai les ailes fragiles,
moi, moi j'ai la carlingue froissée
mais j'ai chanté toute la nuit.

 

Haïku

Marronniers en fleurs

Une grosse libellule

Va sur le chemin

Pagnol

Une grosse libellule ? Rhôô, Monsieur Brun, vous avez abusé du pastis, qué ? Ce serait pas plutôt maistre Panisse que vous avez vu sur la Canebière, avé le chapeau melon, qui poussait le petit de Fanny dans son avion à pédale ?

-Non , non, je vous assure, c’était comme un gros insecte…

-Allons, allons, Monsieur Brun ! quand je pense qu’on dit que les Marseillais exagèrent ! Allez, zou, galinette, jouez c’est votre tour ! ô Bonne Mère ! une libellule ! pourquoi pas un cornet à piston, tant que vous y êtes…Té, vous me fendez le cœur ! Quand vous sortirez naturellement, mettez le chapeau, hé, monsieur Brun, on n'est pas à Lyon, ici, le soleil risque de vous escagasser la calebasse ! Une libellule...

 

14 décembre 2013

Tango (Célestine)

cél

J'aime les furieux et époustouflants escarpements de la passion qui s'envole, en me faisant oublier la sagesse, juste le  temps d’un frisson. Jupon qui virevolte, lèvres rouge sang,  regard de braise, talons aiguilles,  bras en tenailles autour de la taille, la fièvre et le tourbillon qui soulèvent, enivrent et enivrent encore, jusqu'à ce que le petit jour demande grâce à la nuit...
Tu peux sourire, temps assassin, sadique mendiant qui me tend sa sébile en salivant sur tes dents jaunies! 
Tu sais bien, toi, que la saison des fleurs passe. Tu grignotes mes heures avec la patience d'une souris. Tu m’observes, avec tes yeux de saumon bouilli, dans cette lutte perdue d’avance, tu me regardes m’étourdir, m'abandonner à la danse jusqu'à l'épuisement.
Tu vois, je me fabrique des souvenirs. Pour le temps d’après. De salutaires souvenirs à conter à des petits-enfants ébahis, quand mes jambes ne me porteront plus…
C'est ma façon dérisoire mais exaltante de te tromper, maudit temps!
Ma vie est un tango argentin, un surprenant cocktail de musique sauvage en caraco de soie, de jubilation, d’effleurements et de nostalgie.
7 décembre 2013

Partout et toujours (Célestine)

cél

Je l'ai vu sur le Pont des Arts, il accrochait un cadenas au fade vent de la Seine.

Plus tard, je l'ai revu parmi les vignes blondes et rouges d'une plaine du Midi.

Il s'est glissé un jour sur une colline fauve, un soir de printemps ébloui de cyprès et de pins cembros.

Je l'ai revu plusieurs fois, encore, sur un boulevard bruissant de foule, un lendemain de fête, au fond d'une vieille abbaye, dans une arène noire écrasée de soleil.

J'espère le retrouver partout et toujours, j'ai hâte qu'il me surprenne et m'enveloppe de ses longs doigts fins, soulève ma robe comme une brise, emballe mon cœur dans de l'osier, qu'il tresse mes cheveux de fleurs jaunes.

A chaque fois, je le retrouve. Mon insolite et épantelante rencontre...

Il est toujours là quand je suis heureuse.

C'est un ange qui me suit partout.

Je lui souris.

 

Royallieu by Alexandre Desplat on Grooveshark','hspace':null,'vspace':null,'align':null,'bgcolor':null}">

30 novembre 2013

Décret Municipal (Célestine)

On savait déjà que le Maire de la petite ville de Sassent-la-Rose aimait beaucoup la propreté, mais là, vraiment, son dernier décret municipal dépasse les bornes et jette un froid sur toute la commune. Désormais, en automne, les arbres ne seront plus autorisés à laisser négligemment tomber leurs feuilles mortes sur le sol. Depuis que les platanes de ma rue, en bons citoyens, traversent la chaussée à tout bout de champ, les bras chargés de feuilles, pour aller les déverser dans les containers prévus à cet effet, la circulation est devenue difficile! Et on ne compte plus les troncs d'arbres qui percutent violemment des automobiles. Les sapins, eux, sont au bord de la crise de nerfs. Leurs aiguilles leur filent entre les doigts. Les saules n'arrêtent pas de pleurer, Le mélèze est mal à l'aise, le marronnier marronne dans son coin. «Hêtre ou ne pas hêtre? » se demande le chêne. Seul le bouleau s'y met, alors vraiment, non, trop d'amendes! Trop de prunes! Aux prochaines élections, monsieur le Maire, les électeurs vont vous montrer de quel bois ils se chauffent!

 

cél

 

23 novembre 2013

Les âges de la vie (Célestine)

Cé

 

Baby sitter

Allez, dodo, petit gouzi gouzi , papa et maman vont bientôt rentrer, enfin, s’ils se souviennent qu’ils m’ont payée pour supporter tes vagissements, changer tes couches dégoûtantes, et éponger ton vomi sur la lampe de chevet…parce que là, quand même, ils exagèrent,  je vais leur faire le tarif de nuit, non mais qu’est-ce qu’ils foutent ? Ah enfin, j’entends marcher, ça doit être eux !

***

Terreurs nocturnes

 

Maman !!! laisse la lumière allumée, j’ai peur. Maman, pourquoi t’es pas là ? Maman ? C’est toi qui marche dehors ? Maman, t’es sûre que t’as bien fermé la porte ? J'entends des bruits bizarres! Reviens maman, s’il te plaît…Mamaaaaan ! J’ai peuuuurrr !!

-(Bon sang, ce gosse regarde trop la télé)...Tais toi et dors!!!

***

Lendemain de teuf

 

Wow !!Chuis déchiré, grave ! Chais pas pourquoi j’ai bu  hier soir, oh la la j’ai un mal de crâne…Il est pas tard !à peine quatorze heures trente du mat ! J’vais dormir encore une heure ou deux…J’entends marcher dehors, ça c’est ma daronne, elle va encore me dire que j’ai le bac à la fin du mois, et que chuis un feignant…Grounf ! J’ai mal à la tête et cette lampe qui m’explose les yeux, il est où l’interrupteur , VDM !

***

Agence immobilière

Vous allez vous plaire, dans cette maison, monsieur, madame, c'est moi qui vous le dis !

-Oh, regarde chéri, ici, là, nous ferons le salon, nous mettrons le canapé, la petite lampe rose, on va être bien…-Oui, l’endroit est très calme, remarquablement bien placé! Vous n’entendrez pas un chat marcher dehors à partir de huit heures du soir. Il vous suffira de bien fermer les doubles vitrages !

 ***

Cinq à sept

-Alors, heureuse ?

-Oh oui, bien sûr, mais tu dois partir maintenant, mon amour. Il est tard…

-Attends, encore un peu, laisse-moi te regarder, tu es si belle à la lueur de la lampe…

-Ciel, tu n’entends rien ? Oh mon dieu, des pas dans le jardin…Vite, sauve-toi, c’est lui, j’aperçois son Audi derrière les volets clos, il a un revolver, méfie-toi !

 

***

Absence

J'entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard. Ma lampe seule veille... je ne sais pas si j’aurai la force de tendre le bras pour éteindre la lampe…de toutes façons, personne ne vient jamais  me voir…Tiens la porte s’ouvre. Bonjour Madame !

-Mais papa, c’est moi, Madeleine, ta fille…

16 novembre 2013

Télé Réalité (Célestine)

cél

Kevin :   Aaaah ! J’ai dormi comme un noir ! mais…Qu’est-ce que tu as, Ashley ? Tu fais une tête de six pieds et demi !

 Ashley : Oh, Kevin, tu sais quoi ? Steven me trompe avec Stéphanie.

Kevin : Ça alors, c’est la cerise sur le chapeau ! Tu es sûre ?

Ashley : j’en mettrais ma langue au chat !

Kevin : Chut ! parle moins fort, les murs ont des orteils !

Ashley : Je savais que c’était la décatombe, cette émission ! Mais là, c’est l’étincelle qui fait déborder le vase.

Kevin : C’est vrai qu’il n’y est pas allé avec le dos de la main morte !

Asley : Tu me diras que les goûts et les couleuvres...Mais, bon, qu’est-ce qu’elle a de plus que moi cette bimbo ? Elle a pas inventé le fil à couper le plomb, tout ce qu’elle cherche depuis le début de l’émission, c’est à courir le billet doux avec tous les mecs…mais c’est vieux comme mes robes, sa technique !

Kevin : Ouais, c’est connu comme le houblon. Je voyais bien qu’il y avait anguille sous cloche…

Ashley : Mais il va voir de quel doigt je me chauffe ! Il ne va pas longtemps me faire prendre des WC pour des latrines ! S’il croit que je vais attendre les calanques grecques pour réagir ! Il se fourre le doigt dans l’oreille !

Kevin : c’est vrai qu’il est fier comme un bar tabac, il faudrait lui rabattre son baquet… Quand je pense qu’il t’a juré le grand amour, il dépasse les borgnes ! Mais moi je suis là, si tu veux que je te console…

Ashley : Oh, t’es gentil, toi, Kevin…Tu vois, tu crois que tu as une amie, mais se faire des amies, ici, c’est la croix et la galère…Autant chercher une aiguille dans une meute de chiens…

Kevin : t’as raison ! Moi aussi je suis déçu par les autres. Avant qu’ils soient  réglos, les moules auront des gants !  Mais toi, Ashley, tu n’as pas la langue dans ta bouche, je te fais confiance, 

Ashley: C'est vrai, Kevin,  je suis têtue comme une moule. La vengeance est un poulet qui se mange froid.

ndlr: toute ressemblance avec des cerveaux en coquille de noix ne serait que pure coïncidence.
2 novembre 2013

Définitions (Célestine)

jeune homme

Un homme jeune marche dans la rue.

Une personne de sexe masculin, qui n'est pas âgé, se déplace en mettant un pied devant l'autre dans la voie publique aménagée entre les maisons.

 Un individu considéré en lui-même et titulaire de droits et d'obligations, qui présente certaines caractéristiques de la jeunesse, va d'un lieu à un autre en mettant la partie terminale du membre inférieur articulée avec la jambe permettant l'appui au sol dans la station debout ou la marche, devant la partie terminale de l'autre membre inférieur, le tout dans le dispositif permettant la circulation des personnes et des objets sur terre, sur l'eau et dans les airs aménagé entre les constructions individuelles abritant une famille.

 

Un spécimen vivant de l'espèce humaine considéré en lui même et titulaire de facultés d'accomplir ou d'obtenir quelque chose et aussi de contraintes imposées par la loi ou la morale, affublé d'un organe permettant aux êtres vivants de perpétuer leur espèce, propre aux individus produisant les cellules les plus petites et les plus mobiles appelées spermatozoïdes, et qui donne à voir certains caractères distinctifs propres à la période de la vie comprise entre l'enfance et l'âge mûr, va d'une partie circonscrite de l'espace à une autre partie circonscrite du même espace en posant délicatement la partie qui marque la fin du membre inférieur articulée avec la jambe permettant l'appui sur la formation superficielle meuble de l'écorce terrestre, dans la station verticale ou le déplacement pédestre, devant la partie terminale de l'autre membre inférieur, le tout dans le dispositif permettant le mouvement de tout ce qui circule c'est à dire des individus considérés en eux mêmes et titulaires de droits et d'obligations, et des choses concrètes perceptibles par la vue ou le toucher sur la surface solide de la planète, sur la partie liquide de la même planète et dans la partie gazeuse de l'atmosphère entourant la planète, dispositif transformé afin de le rendre le rendre plus pratique et apte à passer entre les bâtiments construits à l'usage d'une ou de quelques personnes par opposition aux bâtiments collectifs, abritant l'ensemble formé par le père, la mère et les enfants.

 

Je continue, ou vous avez compris qu'il faut user avec parcimonie du dictionnaire ?

définitions: Petit Larousse 2013

26 octobre 2013

Crise (Célestine)

Le samedi matin de ce fameux week-end, Félicie regarda Auguste droit dans les yeux. Au réveil. Comme ça, alors que rien ne le laissait présager la minute auparavant.

« Ecoute, mon aimé ! J’ai bien réfléchi. Nous devons absolument prendre un virebouquet à 180 degrés. Mais mon pauvre ami, tu ne vois donc pas que notre vie est en train de chier dans la barbacole ? Je dirais même qu’elle zozote sérieusement de la youfte depuis quelque temps. Mais enfin, regarde ! Il ne nous arrive plus rien ! Tiens, avec ces palplanches qui ne servent à rien et qui encombrent le jardin, ne pourrais-tu pas construire  un petit balandran, au lieu de trainasser dans les bars du matin au soir ? Imagine un peu…Nous irions sillonner toutes les mers du globe, nous vivrions d’aventure et d’amour…Ah ! Je rêve de redonner à notre couple un peu de fantaisie, et surtout, une énorme houppée d’air pur ! »

Auguste attrapa un marteau et quelques clous. Quand sa femme avait la fulgurite, il valait mieux ne pas la contrarier.

19 octobre 2013

Publicité clandestine (Célestine)

map et walrus

zigmund

venise

joye

vegas

titisoorts

evp

sebarjo

jak

katyl

tiniak

joe krapov

MCL

stella no

anémone

prudence

vegas

5 octobre 2013

Monomanie (Célestine)

Elle en a eu, tant et tant, des passe-temps, des amusements, des distractions, des divertissements, des égaiements, des loisirs,  des violons d’Ingres, des dadas, des tocades, des tics, des tocs, des lubies, des manies …

Elle a bien souvent égaré la règle du jeu.

Elle en a fait, tant et tant,  des albums, des collections, des compilations,  des amas, des amoncellements, des empilements, des assortiments, des panoplies…

Elle a bien souvent cherché la pièce manquante.

Elle en a eu, tant et tant,  des  hobbies, des coups de cœur, des penchants, des fantaisies, des coups de folie passagers, des engouements furtifs, des déraisons fugaces, de douces habitudes, de folles turpitudes, des frasques  et des écarts, des fredaines, des incartades …

Elle est bien souvent tombée dans le puits, ou retournée à la case départ sans toucher vingt mille francs.

Elle a éprouvé, tant et tant,  des emballements, des enthousiasmes, des entichements, des caprices, des extravagances, des frénésies, des fureurs, des passions, des hantises, des obsessions…

Et puis, un jour, elle est devenue monomane.

Elle sait à présent que sa seule marotte, la seule qui vaille que la vie soit vécue, la seule qui allume des étincelles dans ses yeux d’opale…

C’est l’Amour. 

 

28 septembre 2013

Damien (Célestine)

Damien écrivait mal. Son graphisme incertain s’étirait en pattes de mouche ne suivant pas forcement les lignes violettes de ses cahiers d’écolier. Des cahiers toujours pleins de taches. Sa frimousse et ses mains aussi étaient toujours pleines de taches. D’encre et de peinture. Cela se mélangeait avec les minuscules points de rousseur qui étoilaient son visage autour de ses yeux verts. Entre sa main droite et sa main gauche, il n’était pas bien fixé, ne voulant faire de peine à aucune, il les utilisait en alternance.

Damien empilait chaque jour un bric-à-brac épouvantable sur son pupitre. Quand je passais entre les rangs, j’avais toujours peur de déranger le bel ordonnancement de ses constructions hétéroclites.

Damien était un rêveur.  Son casier était un incommensurable foutoir où une vache n’aurait pas retrouvé son veau…Il échafaudait ses règles, ses stylos, ses gommes et ses crayons comme il échafaudait ses rêves. Ceux-ci se promenaient au fond des galaxies, ils poursuivaient des destructeurs atomiques à coup de réflecteurs spatio-temporels. Un autre jour, avec sa boite de couleurs et un carnet d’orthographe, il avait érigé un temple maudit au fond de la forêt amazonienne. Il bricolait avec trois fois rien les trésors de son imagination embroussaillée. Il collectionnait les bouts de ficelle, les billes, les boutons, les petites boîtes d’allumettes. Je le laissais faire avec un œil mi-amusé mi-bienveillant. Certes, les conjugaisons et les règles de mathématiques lui échappaient parfois, tout occupé qu’il était  se retrouver dans la jungle de son désordre, et ses résultats scolaires n’honoraient pas son intelligence pratique et son génie de l’invention. Mais j’avais confiance dans ses capacités. Et puis il me prouva que l’on peut écrire comme un cochon, être « bordélique »en diable, ne pas être « scolaire » et devenir pourtant artiste et professeur aux Beaux Arts de Lyon.

De nos jours, un enfant comme celui-là est "en difficulté" ; on convoque une équipe éducative, on saisit la MDPH*, on met l’enfant dans les mains de spécialistes de tout poils, ergothérapeutes, orthoptistes, on diagnostique une dyspraxie, une AVS*  assise à côté de lui,range ses affaires et copie ses leçons à sa place. A moins qu’il n’ait droit à un ordinateur. Plus de place alors pour les bricolages inventifs, ceux qui développèrent les facultés créatrices de Damien.

Oui, de nos jours, la vie est dure pour les bricoleurs en herbe aux yeux rêveurs et aux doigts sales …Je repense souvent à Damien et à sa tignasse de foin séché. Et je me demande si le progrès a toujours du bon.

cél

 

 

*MDPH Maison des Personnes Handicapées

*AVS Auxiliaire de Vie Scolaire

21 septembre 2013

Le trésor (Célestine)

Je marcherais vers toi sur un trottoir mouillé de noirs et blancs pavés, jupe de satin doux et caraco turquoise. Les mèches de mes cheveux fous porteraient à leur bout des  perles de pluie fraîches, et mes lèvres entrouvertes attendraient, frémissantes et buvant l’air aigri de cet automne froid, que tu viennes vers moi. Et le flot des Pontiacs bruisserait sur l’asphalte,je ne verrais que toi dans mes yeux d’amour flou. Je courrais, je courrais, j’attraperais la mort à courir comme ça sous la pluie de novembre, mais je n’écouterais pas la voix de la raison, et je courrais encore.

Tu serais sur le port, fier et lointain paysage, et le regard perdu dans la brume étouffée. La main serrant le bastingage d’un quelconque café, ténébreux et sauvage, tu ne regarderais pas dans ma direction, mais vers un point cruel de l’horizon blafard qui ne serait pas moi.

J’arriverais fourbue, éperdue, et perdue noyant dans tes yeux clairs le chagrin de mes yeux, serrant mes poings de peur que tu ne me repousses, et pourtant, au milieu d’une foule inconsistante et fade ignorant les tourments qui agitent mon âme, tu placerais soudain tes bras comme un rempart, tout autour de mon corps telle une forteresse, la chaleur d’un  baiser allumerait en moi un incendie hagard.

Elle regarde sa montre et remonte son col. Il est tard, elle sort dans le soir ordinaire. La pluie a allumé le trottoir de diamants.

Elle est seule, elle a froid. Elle a encore rêvé d'un improbable amant au carrefour des songes. C’est sa seule richesse, rêver, c'est son trésor. La vie l’a oubliée une nuit de janvier où ses beaux yeux sont morts. 

 

cél

 illustration:Joël Guenoun ®

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