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Le défi du samedi
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18 juin 2011

Plage déserte (Célestine)

Ce promontoire, cet oasis au milieu de nulle part, où nous allions enfants, t’en souvient-il ? Tu cueillais des oyats pour caresser mon cou de cygne, nous regardions les cormorans piquer du bec dans l’océan. C’était notre échelle de Jacob, notre haricot magique, notre vigie de galapiats. La plage abandonnée aux sels de l’automne emplissait nos poumons de chanvre et de réglisse et les pieds clapotant dans des flaques nous jetions aux orties nos rêves de conquêtes en écoutant la mer. Où es-tu désormais, mon capitaine amadoué, la frange de tes cils sauvages bat-elle encore le velours de ta joue comme autrefois, sur cette rampe de lancement où tu déclamais tes poèmes une main posée sur mon sein blanc ?

Le hasard des aigrettes frôlant de leur aile grise la frange écumeuse des ondes nous indiquait comme de mystérieux augures les caprices d’un destin que nous aurions voulu conciliant et rieur. Pourtant tu m’as quitté sur une barque sombre et je retourne parfois au promontoire sur la dune, sentir la gifle des embruns comme jadis quand tu pris ma candeur d’une volée de prince, et me laissas pantelante et extasiée au bord d’un monde humide et minéral.

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4 juin 2011

Premier bal (Célestine)

A travers les persiennes, dans l'air bleuté du jour, j'embrasse du regard la riante campagne, et les vibrations de l'été naissant . Pas un bruit hormis le chant des mésanges dans la glycine abritant le perron, et les bottes de mon père battant impatient, le pavé de l'allée. Le corset de ma robe de guipure me coupe le souffle. La percale de mon jupon sent le talc et la lavande. Des gants de fine dentelle blanche rehaussent ma toilette de soirée. Ma jeunesse éclatante me tient lieu de fard.

En cette fin d'après midi où les ombres s'allongent, je souris sous mon ombrelle, installée dans le cabriolet de mon hobereau de père . Le pas des chevaux rythme en cadence les battements de mon cœur. Nous nous rendons à la ville pour mon premier bal. J'ai seize ans. Ma mère arbore un air soucieux sous les fils d'argent de sa chevelure remontée en chignon, retenu par une broche de corindon. Mon père semble gorgé de fierté comme le jabot d'un coq.

Sous les lambris et les dorures du salon de madame de P. , ma marraine, se presse le joli monde de la Société . Ça froufroute, ça cabotine, ça jacasse, ça coule des œillades en aparté, ça se pavane, ça chuchote, ça frémit. Les femmes emplies de désirs inassouvis, le décolleté débordant de leurs générosités mammaires, lorgnent les hommes en habits de soie, aux rouflaquettes frétillantes, qui leur lancent en retour des regards lourds de convoitise. La musique légère exacerbe ces sentiments délétères si bien dissimulés sous le vernis des convenances. Un deux, pas de polka, un deux, pas de polka. L'orchestre enchaîne les airs entrainants. Des bras vigoureux m'enserrent la taille, je virevolte, le cœur enchamadé, étourdie par la vigueur de mes cavaliers d'un soir, par ces sensations nouvelles qui m'envahissent et me mettent le rose aux joues. C'est donc cela, le désir ?

-Qui est cette délicieuse enfant ? demande un homme à la prestance inouïe, le cheveu brillant de gomina et l’œil noir du séducteur impénitent.

-C'est Célestine de Troussecotte, monsieur de Maupassant, à peine seize ans, et déjà des yeux, des yeux ! Ciel, pleins de promesses...

-Ma foi, moi, je lui trousserais volontiers...quelque madrigal!

-Toujours badin, mon bel ami ! s'exclame Flaubert à quelque pas de là. Et là-bas, près des musiciens, on voit Degas, Manet, Zola et Alphonse Daudet qui s'enflamment pour cette jeune beauté , tendus comme des arcs, et cherchent à s'en faire remarquer, par un trait d'esprit ou un sourire appuyé.

Mais ces barbons de plus de quarante ans ne m'intéressent pas, tout célèbres qu'ils soient.

Je jette mon dévolu sur ce jeune homme charmant, aux joues pâles et aux mains fines. Il a dix huit ans, et répond au doux nom de Marcel. Marcel Proust. Il voudrait devenir écrivain, lui aussi. Dimanche, si mon père le veut, nous nous rendrons à Champigny pour une partie de campagne au bord de l'eau. Il portera un canotier et m'emmènera en barque pour me réciter des poèmes, sous les regards tendrement fâchés de ma chère mère . Et peut-être, à l'abri des roseaux, sur l'herbe tendre de la rive, me donnera-t-il mon tout premier baiser.

A cette pensée, je chavire. Je souffle ma lampe, et presse mon oreiller contre mon corps en feu. Mes rêves seront ardents, à n'en point douter.

21 mai 2011

Défi 150 (Célestine)

Mon ordinateur vient de m'apostropher:
-he,Célestine, tu as vu? Tu as raté le défi de la semaine!
-Ben, tant pis, petit ordinateur...Je ferai mieux la semaine prochaine!
Je n'ai vraiment pas eu le temps !
-Tu veux dire que tu es vraiment la reine des idiotes, Célestine! C'était pourtant un défi facile!
-Non mais dis donc, sois poli!

14 mai 2011

Fragile (Célestine)

 
Le_Petit_Prince_et_sa_rose

Fragile fragile ma toute petite maman avec tes yeux trop bleus délavés usés de toutes tes larmes de tes automnes de tous les émerveillements de tes trop nombreux printemps

Tes mains pétales de rose fanés oubliés

Tes petites mains d’eau de Cologne toutes racornies qui tremblent un peu en tournant ta cuillère de thé

Ta voix qui vacille, tes jambes qui flageolent tes souvenirs épars qui se font la malle parfois tes rires qui se perdent dans une quinte de toux comme une petite plainte de musaraigne à peine audible dans le soir qui descend

 

Pourtant tu étais la force pourtant tu étais la vie

Et la vie doucement te quitte par petits morceaux de mousse comme une peluche qui a un accroc…subrepticement sans qu’on s’en doute

Fragile toute fragile ma petite maman que je serre dans mes bras, pas trop fort sinon tu t’étoufferais

Tu m’as portée je te porte et nous bouclons ainsi le grand cycle de l’ouragan qui nous emporte

 

Fragile je suis si fragile soudain quand ma gorge se serre de te voir partir sans même agiter ton mouchoir quand je te vois quitter le quai dans un souffle oublier de respirer t’en aller me quitter pas à pas comme l’ombre de ce fusain qui s’allonge au soleil du soir pour embuer de nuit les carreaux de la vitre et de mes yeux

Fragiles de se retenir de pleurer

 
 
7 mai 2011

Tout va changer (Célestine)

Quand je me réveillai ce matin-là, je sentis nettement  que je n’étais plus le même homme.

Je m’observai longuement  dans le miroir.

Je vis un homme vieillissant, blanchi trop tôt sous le harnais des années à supporter sans broncher les quolibets, les railleries, le harcèlement ordinaire, et  la bêtise grivoise de ses congénères. Etait-ce de ma faute à moi, si la vie m’avait affublé de cette énormité ?

Je me remémorai en déjeunant les péripéties des derniers jours qui m’avait amené, du déclenchement de la procédure, longue et assez coûteuse,  à la décision finale.

Mon petit déjeuner eut un goût inédit, subtil,  il me sembla que le soleil brillait davantage, d’un éclat nouveau, et que le ciel ne pesait plus comme un couvercle quelle que fût sa couleur. Je me  préparai à partir au travail le cœur léger. Je me surpris même à chantonner en rangeant mes affaires dans mon vieux porte-documents élimé aux entournures.

Je descendis et rencontrai ce crétin de concierge, comme à l’habitude, qui me lança son œil torve quotidien, en frisant sa moustache avec son sempiternel regard égrillard.

-   Tout va comme vous voulez, Monsieur C…

- Ttt ! ttt ! Je vous arrête tout de suite ! l’interrompis-je brutalement, laissant l'autre comme deux ronds de serviette, son balai à la main. A partir d’aujourd’hui, jugement fait force de loi, enfoncez-vous bien ça dans la tête, je m’appelle Bonnard. Jacques BONNARD.

Je sortis dans l’air frais de la rue, et pour la première fois de ma vie, elle me parut chouette.

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23 avril 2011

Révélation (Célestine)

Le soleil éclate au zénith. L'air bruisse des chaleurs d'insectes. La branche ploie sous mon poids.
Je cherche du regard un impala, fugace silhouette de la savane, craintive et vive.
A perte de vue, la broussaille, le ciel d'un bleu de plomb, des troupeaux d'éléphants de loin en loin escortés de leurs pique-bœufs.
Mon appareil photo pend , idiot, au bout de sa bandoulière, suspendu à sa branche de baobab.
Je ne pense même plus à photographier ce qui s'offre à moi.
Un spectacle à couper le souffle.
Le premier matin du monde, dans sa nudité parfaite, où l'homme ne sert à rien, où il n'est même pas encore là. La nature vierge, intacte, inconsciente. Comme ce vol de flamants, ces acacias majestueux, ces rochers émergeant de l'immensité sauvage.
Et là, très exactement à cette minute, en un instant je saisis l'enjeu. Je deviens le messie d'un nouveau monde. Un monde à reconstruire. Un monde vrai.
Mon Nikon s'écrase  au-dessous de moi, sur la terre sèche de Tanzanie.
Et je tourne mon regard vers l'astre flamboyant. Un regard enfin vert.

 

2 avril 2011

"Pff,même pas vrai ..." (Célestine)

C_lestine143

26 mars 2011

Dernière lettre (Célestine)


Il ne me reste plus que l'encre
pour tremper mon chagrin dedans
ma plume aiguisera sa pointe
acérée comme tes yeux noirs

tes yeux de braise ont transpercé
mon cœur comme matière molle
glacé , privé de toute vie
il s'est écroulé devant toi

Tu as , en un éclat de rire
tatoué dans le vif de ma peau
avec ton encre indélébile
une blessure inguérissable

Je regarde cet encrier
et un froid intersidéral
me saisit dans son noir dessein

tous les mots que j'en sortirai
se cogneront,
sans espérer même un regard,
Au mur de ton indifférence.

Je boirais cet âcre élixir
Cet ignoble sang de vieux poulpe
J'avalerais ce choléra,
ce noir poison , cette ciguë
Si je savais que tu reviennes

 

Il ne me reste plus au fond
que cet encrier dérisoire
pour te décrire ma brûlure
avant de m'y laisser sombrer.

19 mars 2011

Défi #141 (Célestine)

-Tatie, raconte moi une histoire avant de dormir, s'il te plaît, Tatie!

-Oui mais pas trop longue alors,hein, parce que Tatie est fatiguée, si tu savais...il faut dire que cet après midi, il m'est arrivé un truc peu commun.

-Ah bon? C'est quoi, commun?

-Ca veut dire...que ça n'arrive pas à tout le monde. J'étais sur ma chaise longue, je savourais le soleil de printemps...

-C'est quoi, savourait?

-Ca veut dire que je me sentais bien, là, j'avais chaud,mais à force d'avoir chaud, eh bien, vois-tu, j'ai eu soif. Alors je me suis dit: " il doit y avoir des cannettes bien fraîches dans le réfrigérateur"...Je m'évertuais à...

-C'est quoi, évertuais?

-Bon si tu m'interromps tout le temps, aussi! Ca veut dire que je faisais très attention de ne pas réveiller Tonton qui ronflait dans le canapé. J'ai ouvert le frigo, et là, je ne sais pas comment c'est arrivé...je suis tombée dedans.

-Dedans?

-Oui, dans le bac à légumes. Les patates et les carottes m'ont regardée d'un drôle d'air. "Ca sent le pâté!" , a dit l'une. "Qu'est-ce qu'elle fait là, cette grande asperge? " A répondu l'autre.

-Et alors? Dis, Tatie...

-Alors j'ai réussi à me hisser à l'étage du dessus. Ah, ça, je n'avais plus chaud du tout! Je commençais même à me les geler sérieusement!

-Te geler quoi?

-Pfffff! C'est une expression! Bon je ne te raconte pas l'odeur, à cet étage là! J'étais tombée sur les fromages...Le Cantal m'a dit d'un ton sentimental: "que faites vous là, très chère?"

-C'est quoi, sentimental?

-C'est pour la rime...Ensuite, il a fallu que je me tape l'étage des charcuteries, et des plats cuisinés, j'en avais le coeur tout retourné. Et il faisait six au-dessous de zéro. J'ai trébuché dans un pot de yaourt entamé: celui que tu n'as pas fini à midi, mademoiselle!

-J'avais plus faim...mais dis moi, Tatie, dans les frigos, elle reste allumée alors, la lumière quand la porte est fermée?

-Ben oui, c'est bizarre, j'aurais juré le contraire. Je suis enfin arrivée tout en haut, complètement congelée, et dans le freezer...mon dieu, c'est affreux!

-Quoi? Quoi?

-Il y avait...un homme tout blanc, d'un blanc presque bleu de glacier boréal, qui m'a regardé muettement, d'un air triangulaire...

-quelle horreur! Et?

-Ton oncle a ouvert le frigo pour se prendre une bière, et je suis sortie en courant , me remettre au soleil en claquant des dents. Voilà . Tu comprendras que  cette aventure m'ait épuisée!

-Bon, d'accord, mais alors maintenant ,Tatie, raconte moi une histoire, tu as promis!


-...ENCORE!!!???

5 mars 2011

Défi #139 (Célestine)

Petit dictionnaire privé des instruments de musiques dévolus et réservés.

Triangle: instrument détestant la rectitude et aimant les hypoténuses équilatérales. Réservé et dévolu aux pharaons isocèles, aux francs maçons des Bermudes et aux professeurs d'ésotérisme.

Congas:instrument révélant la délicieuse ambivalence qui se trouve en chaque être. Dévolu et réservé aux gars aimant les cons, aux homos pas cons et au troisième sexe en général.

Vibraphone: instrument antique procurant un plaisir solitaire( s'utilise souvent de pair avec le précédent). Réservé aux amazones et autres créatures munies de cornes et de sabots traversant la forêt en poussant de petits cris.(Mais tu vibres? Ah! Faune...)

Timbale: instrument procurant instantanément une sensation apaisante de plus soif.Réservé aux amateurs de riz accompagnant un poisson en papillotte, aux bébés maladroits . Se laisse parfois décrocher par les âmes nobles au triomphe modeste.

Mailloche: instrument contondant au son mat de tête de boxeur heurtant le ring. Dévolu aux commissaires priseurs, aux carreleurs et aux épouses trompées ayant perdu leur rouleau à pâtisserie.

Maracas: instrument plein de riz  en vogue sous le Tropique de Capricorne. Réservé à Charlotte Corday (dans sa version maracas toi),  aux habitants du Vénézuela par analogie phonologique) et bien utile en cas de disette (voir timbale)

13 novembre 2010

Défi 123 (Célestine)

celestine

Eh oui! l'incroyable est arrivé!
Nous sommes heureux de vous annoncer
que nous allons convoler en justes noces, oui, nous!
Malgré la réprobation générale,
l'Amour est le plus fort.
Faisons fi des conventions!
La cérémonie aura lieu dans l'église de
Létan-Hassec, en présence de quelques
amis intimes de toujours:
l'Etoile et le Ver de Terre
le  Pot de terre et le Pot de fer
le Prince et la Bergère
le Lion et le Rat
L'eau et le Feu

Réservez votre soirée!
Tenue correcte exigée
signé: la Carpe et le Lapin

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