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Le défi du samedi

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29 mai 2010

L'ultime vœu (Virgibri)

J’allais avoir dix-huit ans. Le bel âge, celui que l’on envie peut-être en vieillissant. Je n’ai pourtant jamais trouvé, à l’instar de Paul Nizan, que la jeunesse était un cadeau.

J’allais avoir dix-huit ans, et aucune envie de les fêter. Ma mère y tenait, parce que mon père ne voulait pas me les gâcher. Il y aurait vu le signe que sa maladie m’empêchait d’être heureuse, ou quelque chose de cet ordre-là.

Mes parents –mais seule ma mère me l’a dit en leurs deux noms- allaient donc m’offrir une fête. Un repas. Je pouvais inviter qui je voulais. Comme elle travaillait en journée dans un commerce des Champs-Elysées, et en soirée dans un restaurant, tout se passerait en ce lieu : je ne voulais pas faire dépenser trop d’argent pour cet anniversaire au goût déjà amer.

Nous étions une vingtaine, je crois. Si je regarde les photos, la première pensée qui me vienne à l’esprit, c’est que plus aucun d’entre eux n’est près de moi. Tous ont disparu, pour une raison ou pour une autre. C’était pourtant ma sphère amicale, mon roc, les gens qui m’empêchaient de sombrer cette année-là dans la déprime ; ceux qui m’avaient soutenue pour passer le Bac, et m’encourageaient encore pour la Prépa. Pas un seul n’a disparu du socle de ma mémoire. Je pourrais encore pleurer d’en avoir perdu certains.

J’allais avoir dix-huit ans. Je souris sur les photos, pour faire bonne figure. Je me trouve pâle, et un peu fermée. Il paraît que j’étais jolie.

J’allais avoir dix-huit ans, un âge que l’on fête. Mon père était à quelques rues de là, dans une chambre d’hôpital.

Une photographie me rappelle qu’il y a eu un gâteau. J’en ignore la saveur. Je serais bien incapable de dire aujourd’hui à quoi il était. Mais ma mère, en l’apportant à bout de bras, retenait ses larmes. Elle aussi, elle aurait voulu qu’il fût porté à quatre mains. Cette image-là, je l’ai gravée.

J’ai vécu ce moment comme au ralenti. Tous les visages tournés vers moi, sachant tous ce qui rendait mon regard triste –pour ceux qui savaient voir.

On m’a demandé de faire un vœu, avant de souffler mes bougies.

J’y ai cru.

J’ai fait un vœu. Et j’ai soufflé, comme s’il y allait de ma vie.

 

 

 

Une semaine plus tard, jour pour jour, mon père mourait.

 

Je n’ai plus jamais voulu de bougies sur mes rares gâteaux d’anniversaire.

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29 mai 2010

Les allumettes (Katyl)

Le feu synonyme de passion peut tout dévorer sur son passage ....
Il ne faut jamais jouer avec les allumettes ....tout semble s'enflammer sur cette planète
les rapports entre les gens, les rapports dans le quotidien....
le rapport d'un pays à l'autre....
les volcans s'activent comme les hommes ....
qui a mis le feu ???
Depuis que l'homme frottait 2 silex pour avoir un peu de chaleur et de quoi griller sa viande, tant d'incendies ont ravagé les campagnes... les pays.... les idées.....
du silex à l'allumette quelques siècles ...
Mais sans le feu nous n'aurions pas fait grand chose, industrie, chauffage, cuissons diverses....
tout a été bouleversé par le feu...
Alors celui qui a pensé aux allumettes* ( au soufre) au frottement de celles-ci pour l'enflammer à fait comme le 1er homme des silex, il a pensé à tout ce qui en résulterait de positif....
Il n'a pas pensé aux feux de forêts, aux feux criminels, aux bombes .....
Il n'a pas pensé ( clin d'œil) que tout le monde penserait qu'elles sont suédoises* ! ! ( bof!)
alors de là à dire qu'il n'y a que les suédoises pour mettre le feu ! ! NON

29 mai 2010

Brûler Parler Debout (Vegas sur sarthe)

Quelqu'un m'a sorti brusquement du tiroir en tirant bêtement sur ma mèche; sagement alignées dans leur papier de soie mes soeurs n'avaient pas bougi... pardon, bougé!
J'ai expliqué que ça ne servait à rien et que j'avais cette mèche rebelle depuis tout petit mais on ne sembla pas m'écouter...
J'ai crié plus fort quand on m'a crâmé le cul à la parafine fondue pour m'asseoir sur un plat d'étain froid et poussierreux; j'ai toujours aimé la parafine mais comme la prépare maman avec un peu d'essence de lavande ou de vanille à l'heure du goûter.
Après ça s'est mis à sentir le soufre, celui d'une allumette qu'on gratte et j'ai hurlé encore plus fort. Maman dit toujours que c'est mal de jouer avec ces bâtons de la mort et qu'un jour à cause des Suédois il arrivera un grand malheur.
Je ne voyais que la petite flamme au dessus de ma tête car on avait tiré les rideaux comme le jour où la vieille était morte... et en y repensant ça me faisait frissonner du pied jusqu'à la mèche.   
Maman avait raison: la flamme ça fait mal, un mal de chien à ce que disent les chiens et j'ai senti aussitôt ma tête se ramollir pendant que ma mèche brûlait avec un petit crépitement ridicule.
"Au feu!" Instinctivement, je criais ce qu'on m'avait appris dès ma naissance mais ça avait plutôt l'air d'amuser ce crétin penché sur moi à m'observer
à travers ses lunettes double foyer comme un pauvre myope débile.
Seul et abandonné à ce pyromane irresponsable, je fondis en larmes mais mon flot de parafine n'éteignait en rien l'incendie; je crois même qu'il l'entretenait.
Que pouvait-il bien se passer dans le cerveau atrophié de mon bourreau alors que je brûlais inexorablement en m'étalant en une misérable flaque au fond de cette gamelle?
J'essayais de rester digne et bien raide en songeant à cette expression qu'employait mon père " Brûler Parler Debout!" et que j'avais du mal à comprendre.
Si encore j'avais pu me souffler dessus pour stopper le brasier qui me rapetissait de minute en minute... "Quand je serai grand je serai cierge pascal à la cathédrale saint Julien" avait prédit mon père qui voyait grand pour moi et je réalisai à cet instant que ça ne se ferait pas, et que tout ça était la faute de cet incendiaire binoclard, ce candle killer !
Nul doute que dans sa folie meurtrière il allait vider le tiroir en décimant toute une honnête famille de chandelles... plus personne pour porter le flambeau! Comme cette funeste pensée me submergeait, dans un chuintement imperceptible le dernier millimètre de ma mèche rejoignit la flaque tiède au fond du plat... et la vraie nuit tomba.


29 mai 2010

C'est toi qui vois...( Kate)

Ami lecteur, amie lectrice, "c'est toi qui vois"... répète la consigne du défi #108. Oui, tu vois et c'est bon et c'est bien. Ouvre tes yeux. Viens avec moi et mon appareil photo. Il fait beau. Virevoltons en campagne. Des flammes qui s'allument, en voilà, là, à l'instant présent. Les capter, les capturer, les garder, les offrir, les habiller de quelques mots, oh, pas trop...

IMGP2074

Ouvert ce prieuré du XIIème siècle et sur le mur inondé de soleil, de l'ombre déjà et la formule latine fameuse : carpe diem. Chaque moment compte, chaque moment est unique, fugace, exceptionnel, vivre et vive le moment présent.

IMGP2075

24 mai 2010

Réception des messages enflammés #108

DSCF2723Ont retrouvé leurs allumettes pour nous conter flammettes :

Venise bb17 ; Kate bb17 ; MAP bb17 ; Vegas sur sarthe bb17 ; Katyl bb17 ; Virgibri bb17; TataBéa bb17 ; Joe Krapov bb17 ; Adrienne  bb17  ;

Joye    bb17  ; Captaine Lili     bb17  ; Zigmund bb17; Papistache bb17; Pierreline    bb17 ; Jaqlin bb17   ; Poupoune  bb17  ;

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22 mai 2010

Défi #108


Ami(e) qui t'arrêtes :

  • procure-toi une bougie de gâteau d’anniversaire, une modeste, une petite, une bougie toute simple, pas forcément neuve ;
  • soude-là, d’une goutte de paraffine  fondue, à un support qui ne craigne pas la flamme : une assiette, une pierre, un verre retourné, une ardoise... vois ce qui est le mieux ;
  • saisis-toi d’une boite d’allumettes, d’un briquet, d’un brandon, d’un silex, vois ce qui est le mieux ;
  • s’il fait jour, tire les volets et les rideaux, éteins les lumières, interdis aux enfants d’entrer dans ton bureau, suggère à qui partage ta vie de sortir le chien, vois ce qui est le mieux ;
  • s’il fait nuit, éteins toutes les lumières ;
  • allume la bougie ;
  • regarde-la comme jamais tu ne fis ;
  • laisse-la se consumer entièrement ( à moyen terme tu devrais te retrouver dans l’obscurité ) ;
  • rallume la lumière ou s’il fait jour rouvre les volets ;
  • saisis-toi d’un crayon et d’une feuille ( ton ordinateur ? si tu le veux, fais comme bon te semble) ;
  • dis-nous les pensées qui t’ont traversé l'esprit quand fondait la bougie ;
  • expédie ton texte (s’il est manuscrit, scanne-le ou photographie-le, s’il est numérique ? tu sais faire), à samedidefi@hotmail.fr ;
  • c’est le défi #108, le relèves-tu ?

22 mai 2010

Haïku de pioche (MAP)

Témoin du passé

sorti de terre et rouillé

t'es moins du présent !

Projet0

22 mai 2010

Faut jamais contrarier les vocations (Adrienne)

-Mais qu’est-ce que tu crois, ma pauvre fille! Devenir archéologue ! Tu rêves ! Tu penses que tu pourras gagner ta croûte avec ça ? Non, non, pas question que tu fasses ces études-là. Trouve-toi un vrai métier.

Alors elle a fait une licence de lettres.
Et aujourd’hui, elle fouille les poubelles.
Que cherche-t-elle dans ce matériel qu’elle arrache au secret des entrailles du cœur des immondices ?
De quoi alimenter un petit journal qui se vendra 4,95 euro

DSCF2652
Et qui fait trembler les politiciens hollandais.

(pour ceux qui seraient curieux et désireraient les traductions des titres du journal : Ce que les poubelles dévoilent…, les liaisons secrètes, les maisons des politiciens en têtes de listes et toutes leurs hypothèques, …)

22 mai 2010

Comment j'ai tué mon arbre généalogique (Venise)

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22 mai 2010

Les millettes antiques (Val)

Sur son lit de mort, Charles pleurait. Il sentait la fin si proche…

Sa vie durant, il avait exploré chaque recoin de l’Egypte, cherché à reconstituer l’histoire avec une rage obstinée et une rigueur acharnée, dirigé de savants et minutieux travaux de décryptage, mené à bien des fouilles gigantesques.

Ses innombrables découvertes, les nombreux dégagements qu’il opéra, son acharnement d’homme passionné, avaient fait de lui un archéologue et historien de l’Egypte antique plus que reconnu. Il mourrait à l’apogée de sa renommée.

Pourtant, il mourrait insatisfait et très accablé. C’était trop tard, maintenant. Il se sentait si faible. Il ne saurait pas avant de mourir. 

Cinquante ans plus tôt, jeune archéologue, il avait tenu entre ses mains un parchemin, noirci en hiéroglyphes, trouvé lors des fouilles du temple de Thot. Le premier de toute sa carrière. Il ne l’oublierait jamais.
Le décryptant, il avait buté sur un mot : millettes.
Que pouvaient bien être des millettes, dans l’Egypte antique ?

Depuis ce jour, il n’avait eu de cesse de chercher. Tous ses travaux, toutes ses recherches pourtant fructueuses, n’avaient en fait jamais eu d’autre but que celui de découvrir ce qu’étaient ces fameuses millettes, que le scribe décrivaient petites, qui semblaient être le plat principal d’un repas frugal.

Était-ce un fruit disparu ? Une pâtisserie ? Il n’en n’avait jamais rien su, n’avait jamais remis le doigt sur la moindre piste. Pourtant, il s’en souvenait. Il avait lu « millettes ». Il en était certain. Ces millettes venaient le hanter la nuit. Il n’en trouvait pas le sommeil.

Toute son existence,  il avait couru après cette idée fixe : savoir. Obsession de toute une vie. Ses nombreuses et importantes découvertes ne l’avaient jamais consolé. Il mourrait sans avoir percé le secret de millettes.

La mort le prenait alors qu’il éprouvait ce terrible sentiment de l’inaccompli. Une vie sans avoir trouvé, c’est une vie pour rien, se disait-il. Il avait vécu pour ne pas trouver ce qu’il cherchait depuis toujours.

**************************************************************************************************************

Quelques cinq mille ans plus tôt, à la bibliothèque du temple de Thot, le jeune Mehdi, douze ans, corrige sa dictée avec le prêtre chargé de son éducation. Il serait scribe comme son père, mais d’ici là, il devrait encore travailler et s’instruire quelques années : il avait écrit « en millettes » plutôt que « en miettes ». Son erreur avait fait sourire le prêtre. Mais le parchemin était à refaire.

22 mai 2010

Mon vieux biclou (Sebarjo)


Un clou qui en vaut deux


Prelude_au_tour_2010



Mon vieux biclou est rongé par la rouille,

Ce vieux débris déniché dans une farfouille.

Son guidon a l'allure dégingandée

D'un col d'amphore brisée.


La selle au régime, dont ne ressort

Qu'un squelettique ressort,

N'a plus comme pâle éclat

Que celui du silex sans mica.


On le croirait né avec la roue

Il y a bien des millénaires,

Caché sous l'argile et la boue

Au temps de Sumer.


On le dirait assemblé

Mystérieusement

Avec des matériaux arrachés

Furieusement


Au secret des entrailles,

Du coeur de la terre,

Au pied du portail

Du temple de Lucifer.


Il a beau ne pas être beau,

Mon vélo se ballade piano

Et m'emmène partout,

Pendant le Tour, en Haïkus.


 

22 mai 2010

Archéo-bidule (Poupoune)

Une histoire de dingue.

 

J’avais à peu près tout envisagé, mais ça… Bien ma veine, tiens ! Ce con de clébard qui m’avait jamais servi à rien pendant toutes ces années, et voilà qu’à ça de crever enfin, il avait fallu qu’il fasse le premier effort de sa vie et aille déterrer cette saloperie d’os au fond du jardin ! Et tu crois qu’c’est à moi qu’il l’aurait rapporté ? Douze ans que j’le remplis d’pâtée et d’croquettes et ça a même pas la reconnaissance du ventre, ces foutues bestioles ! Il est allé direct chez l’voisin poser sa trouvaille sur son paillasson. En échange d’un sucre. Un sucre ! Douze ans d’croquettes, UN sucre. Pis il est pas allé chez l’voisin que j’suis pote avec, hein, non… il est allé chez l’nouveau, çui qui m’regarde de haut derrière ses lunettes, avec son foulard… Quand il est arrivé, avec mon pote on l’a invité au premier match de n’importe quoi qu’y a eu à la télé, pour descendre des bières et manger des pizzas, mais il est venu avec un genre de gâteau de fiotte pour le dessert et une bouteille de pinard… du blanc ! Un gâteau d’tarlouze et du jaja d’gonzesse ! Pis il est pas resté longtemps parce que soi-disant que j’sais pas quoi, mais j’crois surtout qu’il voulait pas trop s’mélanger, quoi… Alors on y a fait un peu la conversation quand même, mais surtout pour se foutre de sa gueule. Le mec, on y d’mande son métier, et v’là qu’il nous sort de l’archéo-j’sais pas quoi et qu’avant qu’on ait l’temps d’se moquer il nous balance du « comme Indiana Jones ! », comme si on savait pas c’que c’était un archéo-truc ! Alors on l’a plus invité, hein…

 

Et ce connard de clebs qu’est allé poser l’os de MON jardin sur SON paillasson ! J’ai pas eu l’temps d’réagir que l’archéo-chose avait d’jà fait main basse sur mon os. C’te poisse, quand même ! Un vrai putain d’os de dinosaure dans MON jardin, tu l’crois, ça ? De quoi plus que largement rembourser douze ans d’boîtes de ce satané clébard, et lui il a fallu qu’il aille le coller sur le paillasson d’la chochotte archéo-mon cul ! J’te raconte pas l’bordel qu’ça a été… Une colonie d’scientifiques et d’journaleux prêts à prendre mon pauvre bout d’jardin d’assaut ! J’ai dû batailler ferme pour les maintenir à l’écart le temps d’m’arranger… Pas une mince affaire ! L’a fallu faire intervenir des avocats, rapport à mon jardin qu’est à moi et que j’voulais pas qu’ils me l’mettent en vrac pour un putain d’dino mort ! Pis c’était surtout histoire de gagner du temps et de tirer un aussi bon prix que possible de mon jardinet avant d’mettre les bouts. J’ai trouvé un genre d’allumé d’la préhistoire qui m’a filé une vraie fortune et zou, je m’suis carapaté, sans c’putain d’cabot qu’était venu foutre la merde dans mon train-train.

 

La suite, je l’ai suivie de loin, depuis mon bungalow sur la plage… ça, des os, on peut dire qu’ils en ont trouvés. Pas un seul autre du soi-disant dinosaure, mon archéo-trouduc de voisin était apparemment pas un crack, mais tous les autres. Ils ont pas identifiés encore tous les corps. J’leur enverrais bien une carte pour leur dire, mais je voudrais pas risquer qu’ils me retrouvent ici… Je m’y suis bien habitué, finalement, à ma vie de glandeur de plage.

 

Le sable, c’est un peu pourri pour enterrer mes victimes, mais la mer, avec les courants qu’y a dans l’coin, c’est nickel ! J’bazarde les corps un peu au large et y en a encore pas un dont j’ai entendu reparler.

 

Des fois, j’culpabilise un peu d’avoir laissé l’clebs à l’archéo-raté, parce que finalement, tout ça, c’est quand même bien un peu grâce à lui.

22 mai 2010

Archéoenologie spatio-temporelle accidentelle (Joe Krapov)

Il existe, parmi les multitudes d’univers parallèles auxquels les imaginations fertiles des Créateurs ont donné naissance, un monde dans lequel Jésus, après avoir transformé l’eau en vin, le goûta sans Modération. Cette dernière, Modération, était partie aux lavabos se remettre un peu de rouge aux lèvres. Quand elle était revenue peu après, Jésus avait porté tellement de rouge aux siennes que l’amphore était vide.

Dans cet univers-là ce fait fut marquant et la religion prit du coup une autre tournure, un autre tournant, un autre tournis. En témoigne le calendrier ramené par les spatiocéanothes en combinaison bleue de l’Université de Rennes 3. L’équipe du professeur Chassériau s’est égarée dans cet univers-là un jour que le pilote de leur vaisseau Tornado, l’inénarrable Jurassic Park, avait pris, en état d’ébriété, le manche à balai de l’aspirateur spatio-temporel féministe.

Bien qu’il y ait un interdit total de communication de ce document, je vous en livre une partie en vous demandant de bien vouloir garder le secret absolu là-dessus.

« Les douze mois s’appellent Jasnières, Févriesling, Margaux, Arbois, Médoc, Jurançon, Juliénas, Anjou, Sauternes, Orléans, Nuit Saint-Georges, Dionysos »

A chaque jour correspond un saint. Voici les saints des six premiers mois (Cliquez sur chaque image pour l'agrandir) :

DDS107_01_jasni_res  DDS107_02_F_vriesling


DDS107_03_Margaux   DDS107_04_Arbois


DDS107_05_M_doc   DDS107_06_Juran_on

En raison de la crise économique actuelle, ce document sidérant a été mis sous scellés par M. le Président de l’Université de Rennes 3 afin que sa lecture ne donnât pas de mauvaises idées à la jeunesse de notre beau pays. Déjà que « Sopicrates accusatus est quod corrumperet juventutem » ! Lui ne voulait pas prendre de tels risques. La faille dans l’espace-temps par laquelle Isaure Chassériau et les frères Park avaient pénétré dans cet univers vinicole avait été rebouchée et on avait demandé à l’équipe de chercheurs de garder le secret.

Par la même occasion, l’hypersobre Président avait interdit que l’on servît de l’alcool aux pots de départ en retraite de ses personnels. Cela fit bien rigoler le petit personnel qui savait bien qu’il ne partirait plus jamais en retraite maintenant et que, question arrosage, il suffisait de lancer un message sur Facebook pour réussir à rassembler des milliers d’alcoolos quelque part en ville !

Quant au secret à propos du calendrier, m’est avis que Mlle Chassériau, un peu prise par le temps, va sans doute publier dans son journal « le Défi du samedi » les mois de Jasnières à Jurançon dont elle a gardé une copie par-devers elle ! Le vin délie les langues !

Pour les mois de Juliénas à Dionysos, personne ne vous empêche d'inventer vos propres saints ! Le vin stimule l'imagination ! Vive l'
archéoenologie !

22 mai 2010

Je suis archéologue. (trainmusical)

Depuis plusieurs jours, dans cette rue bordée de vieilles maisons, je dégage avec peine le bitume pour casser la pierre dans le mélange de marne et de glaise. Je continue ma recherche en profondeur, pensant trouver un fait historique de la cité.

Rien de spécial. Cependant, ce qui retient mon attention c’est des bouts de fer situés à peine sous l’asphalte. Certainement pas en relation avec l’ère romaine ; éventuellement du Moyen-âge? Je décide avec mes petits outils, à la force du poignet, de nettoyer ces gros bouts métalliques, car je suis intrigué. Impossible de les déplacer, à croire qu’ils sont fixés au noyau de la terre. Je consulte les vieux documents que j’ai emmené, toutefois aucun indice. Pourtant je suis un archéologue avec passablement d’expérience. Alors, je ne perds pas patience et je vais sûrement trouver la réponse.

Et voilà que passe une brave petite dame octogénaire du quartier, légèrement voûtée en avant, en tenant de la main droite une canne, se déplaçant avec des pas rapides et surs. Son regard se fixe sur moi et elle m'interpelle:

- Voyez-vous chêr môsieur, autrefois c'était pas meilleur qu'auzourd'hui. L'administrââtion communââle avait décidé de l’ôter, sans d'mander notre avis. Pourtant, l’était bien pratique ce truc, ze l'prenais tous les jours. Ça me larmoie rien que d'y penser.

- Je ne comprends pas…

- En plus, n'ont même pas été foutus de tout déterrer, z'ont carrément tout goudronner par dessus sans réfléchir la moindre.

- Je ne comprends toujours pas...

- Et ben ze vous parle du bon vieux tramway qu’ils ont supprimé, dont vous essayez de bouger les rails.

22 mai 2010

Petites énigmes archéologiques (zigmund)

    Cher Indi,  

 

    Quelque part en marchant vers le grand Ouest je suis tombé sur une zone qui me pose problème, et j'aurais besoin de ton avis. 

  Près d'un bâtiment à moitié écroulé, j'ai découvert une ancienne voie de communication  nommée, d'après ce que j'ai pu déchiffrer sur une stèle voisine,     "via escalata". Il s'agit d'une route pavée de bonnes intentions et à l'ancienne. P1030657

    Il faut que tu viennes voir cette glycine géante qui s'appuie sur les ruines d'un bâtiment où s'entassaient divers objets qu'on peut dater  grosso modo des deux siècles d'avant  la "grosse kata", peu après la disparition du dictateur Narko III dans un accident de vaccination  et la guerre fratricide à l'humpe  qui s'en suivit et déchira le pays.

 

Dans une pièce de la maison, sur une cheminée de tuffeau,  deux sculptures m'intriguent : un tao et  un signe lakota : que font ici  ces symboles si  éloignés de leur région  d'origine ? P1030659

P1030658

La glycine bleue monte haut dans des bouleaux, il semble que les gens qui habitaient là aimaient à voir de leur chambre les taches bleues des fleurs dans ces arbres et j'ai retrouvé les traces des liens de métal qui guidaient les branches de la glycine vers les bouleaux.   

Juste à côté,se trouve une zone cimetière : j'ai déterré des ossements de petits félins ; d'après quelques documents conservés en assez bon état près de la cheminée, ces chats seraient Wolfgang, Mia, et Zoé. Je peux comprendre que Zoé et Mia soient enterrées chacune avec une brosse(métallique bien conservée) et une peluche(en lambeaux) certains chats aiment être brossés par leurs maîtres et s'amusent avec des peluches. Par contre, j'aimerais qu'on m'explique pourquoi il y avait, près des ossements de Wolfgang, une toupie et un ouvre boite(rouillé). 

    A quelques mètres de là, j'ai extrait une pince à micro chirurgie à laquelle il manque une branche, mais pas d'ossements à proximité.(???)   

Je suis un peu perplexe et finalement je me demande si les  habitants n'ont pas semé çà et là des objets, histoire de nous faire tourner en bourrique.   

  Même si c'était le cas, tu ne regretteras pas le voyage pour m'aider,car  j'ai aussi déblayé une cave (il y en a plein dans cette région) avec quelques  bouteilles qui semblent avoir correctement supporté le voyage dans le temps.

N'écoutant que notre courage,(et aussi notre soif) mon assistante et moi avons goûté  une des bouteilles de Jasnières (sacrifice hautement scientifique bien sûr) et je peux te dire que ça vaut vraiment le déplacement.

Tu constateras par toi même, je n'en suis qu'au début de mes fouilles*  

 

ton associé et ami

    Living Stone

* je sais que tu me poseras la question :  oui, j'ai commencé à mettre le produit de mes fouilles entre deux caisses.

22 mai 2010

"Archéologie ? Vous avez dit archéologie ?" (Kate)

Moi qui souhaitais tant sortir des cabinets, désolée, mais la première idée qui m'est venue n'est pas une idée à deux balles (ou mille francs, comme le jeu d'Emile) mais à cinq cent mille euros ! Toute la ville en est tombée sur le cul derrière ! Pensez ! On démolit un quartier vétuste, certes, dans le centre (et même l'hyper-centre) et fouilles obligent, qu'est-ce qu'on trouve dans ce terrain concernant un périmètre de dix mètres sur deux ? Je vous l'donne en mille ! Ce qui pourrait être (notez ce délicieux conditionnel de prudence) la partie visible d'un "ensemble prestigieux tout en marbre sculpté", enfin et en clair : des latrines romaines !

IMGP1767

L'Institut National de Recherches Archéo-Préventives (Inrap) a présenté la facture à la ville pour les fouilles "complémentaires", la douloureuse s'élevant à cinq cent mille euros environ (la municipalité ayant déjà supporté 1,8 millions d'euros non compris les terrassements et travaux de reconstitution du parking pour les fouilles de 2009)... ça fait mal et l'on continue de parler de latrines romaines au prix fort mais pompeusement dénommées "édifice monumental de la ville antique", enfin les habitants utilisent eux un vocable un peu moins pompeux pour ces (supposées) "latrines"...

22 mai 2010

Dans le terreau des mots, ma terre (Captaine Lili)

Lorsque je creuse dans le terreau des mots, je cherche des morceaux.

Des morceaux de potier, de ciel, ou de bateaux.

Des graines d’arbrisseaux.

Lorsque je plonge mes mains dans l’argile des mots, je cherche le mystère.

Les arcanes du vent, de soi, ou des pluies.

Les secrets des échos.

Lorsque je perce la roche des mots, je cherche l’au-delà du silence.

L’au-delà du figé, des faux airs, ou des bouches cousues.

Le pot-aux-roses.

Lorsque je sonde les eaux des mots, je cherche des îles.

Des langues de taire, de glaise, ou de feu.

Des atolls de sensations.

Lorsque je froisse le son des mots, je cherche des fées.

Des ailes de phénix, de cœur, ou de papier.

Des légèretés corsaires.

Je fouille l’écriture, ligne après ligne,

Je bâtis le puzzle,

Je cherche ma terre, qui est un peu la vôtre, peut-être.

22 mai 2010

La pote rit mais l'os ment (Vegas-sur-Sarthe)

Déjà tout petit je ramassais tout ce qui trainait et comme le moindre chewing-gum ou bout de ficelle était un bonheur, je décidai que je passerais ma vie à quatre pattes.

Malgré la honte de mes parents qui auraient souhaité pour moi une situation plus verticale, j'entrepris des études d'archéologie.
"Un jour tu tomberas sur un os" râlait mon père tandis que ma mère rétorquait
"Ce n'est pas un métier où l'on s'en met plein les fouilles".

A l'époque, tout à mes études je dormais peu et j'avais une tête de déterré aussi décidai-je d'investir dans une binette, ce qui est très utile aux découvreurs... enfin, aux inventeurs car bizarrement on dit inventeur en parlant de ceux qui découvrent sans rien inventer, enfin bref c'est comme ça.

Mon diplôme en poche, je partis pour la Grèce, la tête farcie comme une amphore de précieux conseils.
"Méfie-toi, la pote rit mais l'os ment" m'avait enseigné mon professeur indien Jones.
J'étais persuadé que la Grèce m'offrirait ce que je cherchais; là où les Athéniens s'atteignirent, j'atteindrais mon but!

Bien plus tard j'allais découvrir que si l'os ment la poterie sert à Mick mais cela ne m'était pas d'une grande utilité car je ne connaissais aucun Mick dans le métier.

Ma première invention fut un vase de nuit ayant appartenu à une certaine Mado Inchina et l'idée que cette Madeleine y ait posé son fondement bien avant Jesus-Christ m'excitait terriblement jusqu'à ce que je finisse par découvrir que l'inscription réelle était Made in China.

Aujourd'hui, je suis spécialisé dans l'explosion et je creuse un trou grec, un immense trou qu'on appelle déficit public et qui commence à faire un bel effet dans la presse internationale.
Je sais que vous en avez tous entendu parler et je suis sûr que mes parents sont enfin fiers de moi.
Je vais rencontrer un certain Papaconstantinou, je me dis qu'avec un tel nom ce doit être un type sympa et qu'il pourrait financer mon projet.

22 mai 2010

L’Alpha et l’Omega (Papistache)

Amédée-Fulbert de Saint-Alix jouissait d’une notoriété internationale ; à près de soixante-dix ans, sa présence continue sur les plus grands chantiers archéologiques des cinquante dernières années lui conférait l'estime de toute la profession.

Le célèbre archéologue dirigeait les fouilles qui consacreraient, aux yeux du grand public, le zénith de sa carrière — des années de prospection, des milliers d’heures d’étude de bribes de codex, une opiniâtreté de tous les instants et la sépulture oubliée de l’empereur aztèque Cuitlámechuac, inhumé en compagnie de mille guerriers ensevelis debout sous des tonnes d’or et d’objets précieux, se révèlerait au monde — quand son adjoint, Elspeth Johnsdaughter, lui annonça qu’il devait impérativement se rendre au chevet de sa mère, la très âgée Eugénie-Lilette de Saint-Alix-Vermaintois-Guillin ; à quatre-vingt-seize ans, la vieille dame expirait. Amédée-Fulbert de Saint-Alix ordonna de stopper les fouilles.


— « Mon fils, je dois me soulager d'un terrible secret qui…
— Mère…
— Écoutez-moi ! Quand vous êtes né, Fulbert, vous pesiez plus de neuf livres. Plus de neuf livres... J’ai cru mourir. En fait, j'ignorais... à cette époque… comprenez… enfin, je portais des jumeaux. Par un phénomène singulier — mais pas exceptionnel, m’a dévoilé le docteur Hippolyte, notre médecin — vous vous étiez nourri de la substance de votre frère… il était momifié quand le docteur m’a délivrée. J'ai caché la chose à votre père, à la famille, à tous… Le généreux Hippolyte s’est tu… Aujourd'hui, je voulais que vous sachiez. »

Amédée-Fulbert de Saint-Alix faxa, à son adjoint, Elspeth Johnsdaughter, l’ordre de reprendre les travaux de déblaiement du temple sans l’attendre et quand, six semaines plus tard, l’entrée du tombeau inviolé fut dégagée et que la lourde porte de basalte, pivotant sur ses gonds d'obsidienne, dévoila des trésors inouïs, le septuagénaire, mains croisées dans le dos, parcourait les landes bruineuses de la propriété familiale en laissant monter à ses narines l’odeur poivrée des lupins jaune et parme : une grande paix intérieure l’emplissait ; ce serait encore une journée magnifique.

22 mai 2010

Le pays de "Birīt Nārim" (Pivoine)


Il s'était tu ce vent aveuglant d'Orient
Quand je m'enivrais de silence
De caravanes  De fleuves fondateurs
D'hiéroglyphes secrets  De galeries
Bleu de cobalt et céramiques en feu

Quand je traquais  Dénombrais
entre les stèles et la pénombre des tentes
Des parchemins d'une pâleur de sable
L'arithmétique des savants antiques
Les Ecritures  Leur illusoire miel

La source des déluges et les monts asiatiques 
Les dunes vagues et les colonnes de sel
Tant de tiares de Majestés embaumées
Main dans la main des épouses fidèles

Ô mon souffle contenu qui priait
Pour que dénudé de ses toiles de soie
Sortît l'unique visage  Que j'avais tant imaginé...

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