Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Le défi du samedi

Visiteurs
Depuis la création 1 050 531
Derniers commentaires
Archives
30 août 2008

Un jour, à la caisse (Aude)

Elle choisit rapidement les quelques courses dont elle a besoin. Elle n’aime pas vraiment faire les courses. Elle s’attarde au rayon beaux-arts, plutôt bien garni dans ce magasin. Elle frôle de ses longs doigts pâles les pastels, effleure les sombres fusains, s’attarde sur les tubes de peinture. Elle en attrape un, vive, le jaune. Elle se souvient que c’est celui qui lui manque le jaune. Elle file à la caisse, contemple agacée la queue. La caisse prioritaire ? Son ventre encore trop plat et ses 20 ans empêchent les autres chalands de deviner l’enfant qui grandit en elle. Elle attend à la caisse « moins de 10 articles ». ça avance assez vite mais la file lui parait si longue.

- Pourquoi seulement du jaune, murmure une voix derrière elle.

Non ce n’est pas un murmure. C’est une voix d’homme jeune, assurée et mélodieuse. Elle se retourne : un jet bleu l’éclabousse. Il a de si beaux yeux et un joli sourire aussi.

- Moi aussi, c’est ce beurre que je préfère, continue-t-il en détaillant son panier.

Elle lui sourit à son tour.

- Alors pourquoi ce jaune ?

- Parce que j’en ai plus.

- Mais pourquoi est-ce le jaune qui te manque ?

- C’est celui que j’utilise le plus.

Elle n’ose pas lui dire qu’elle ne peint plus guère et qu’elle en est triste. C’est son tour de passer à la caisse. Elle étale ses courses sous le regard curieux de l’inconnu qui la dévisage aussi. Il la trouble. Elle trouve cela délicieux. Elle paye, s’apprête à lui dire au revoir. Il l’arrête.

- On pourrait boire un verre. J’habite à côté.

Elle s’entend, à peine étonnée accepter. Dans la rue il lui apprend qu’il s’appelle Boris, qu’il est comédien. Ils arrivent bientôt dans la cour d’un vieil immeuble, montent au deuxième étage. Il ouvre la porte.

- C’est chez ma copine en fait. Elle est en tournée.

Elle observe malgré elle les traces de la jeune femme. Il lui fait un thé chaud. Elle examine silencieuse les livres qui l’entourent, le regarde à la dérobée aussi. Le désir qui les attise les empêche de prendre des chemins détournés. Le thé ne sera pas bu, les draps seront froissés. Elle y restera exactement 24heures puis rentrera chez elle, enfouira cette histoire dans un coin inconnu et secret de sa mémoire.

Un jour, onze an plus tard, après une pièce de théâtre, le même regard la transperce à une dizaine de personnes de là. Il la rejoint, lui sourit.

- Tu as aimé la pièce ?

- Mon amoureux y joue.

Il n’y a qu’un rôle masculin.

- Oh mais je le connais alors.

Il regarde l’enfant près d’elle.

- C’est ton fils ?

- Oui.

- Il a quel âge ?

- Presque 11 ans.

Elle le sent troublé, comprend son trouble, éclate de rire, fait non de la tête. Il pousse un soupir de soulagement.

- Y’a longtemps que tu es avec Fabien ?

- Deux ans. T’es toujours comédien ?

- Oui mais c’est dur. Tu peins toujours ?

Elle sort de son sac un carton d’invitation couleur soleil, lui tend : son premier vernissage.

Publicité
30 août 2008

Chez le docteur (Brigou)

 

 

Une heure que je suis installée dans la salle d’attente du docteur. J’ai pris rendez-vous à neuf heures, espérant ainsi être la première cliente. Grave erreur, le samedi il reçoit dès huit heures pour les renouvellements d’ordonnance.

 

Me voila donc coincée dans cette pièce de cinq mètres sur quatre, sans fenêtre, au sous-sol, avec une musique de fond genre André Rieu, je sens qu’il va me falloir beaucoup de patience… Ma tension va monter et grimper allégrement et j’entends déjà le docteur me dire « vous allez l’air bien tendu madame » !!

 

Pour patienter je n’ai même pas envie de feuilleter les revues qui trainent sur la table basse de la salle. Il ne s’agit que de presse people. Les magazines sont tous défraichis et ne datent pas d’aujourd’hui ! Je ne compte pas sur la lecture pour me distraire et m’occuper l’esprit. Mon regard se pose alors sur mes voisins.

 

Face à moi un jeune adolescent, look jean et baskets, cheveux coiffés avec du gel, mp 3 sur les oreilles, essaie de ne pas se faire remarquer. Son carnet de santé est déposé sur ses genoux et il bat la mesure avec ses pieds. Il ne dit mot sauf pour saluer sobrement l’entrée de chaque nouvel arrivant.

 

A ses côtés, un monsieur bon chic bon genre et équipé du dernier livre de Daniel Picouly a tendance à snober les autres. Il n’adresse la parole à personne et il est régulièrement interrompu dans sa lecture par son téléphone portable, dernier cri. Il ne répond que par des « ouais… hummmm… en effet… d’ac… ». 

 

Le dernier client est un papy, cheveux blancs hirsutes, lunettes sur le bout du nez. Il a du mal à rester en place sur sa chaise et croise et décroise ses jambes sans arrêt. Régulièrement il toussote et renifle. Très vite il entreprend la conversation avec tout le monde.

 

Déjà quarante minutes que j’attends..... enfin la porte du cabinet s’ouvre et le docteur, sourire aux lèvres, me fait entrer.

 

30 août 2008

SALLE D'ATTENTE EN FOLIE (Martine27)


Aujourd'hui avec mon jeune homme nous sommes tombés sur de sacrés numéros.
Visite chez l'ophtalmo ce matin.
Rendez-vous à 11 h 45 en sachant bien qu'il y aurait du retard comme d'hab.
Dans la salle d'attente il y avait déjà un couple de personnes âgées, un monsieur et son bambin de 5/6 ans. Tout d'abord calme plat, mon fiston et moi nous plongeons dans nos bouquins (je l'ai contaminé à la naissance avec les livres), à côté de moi le petit feuillette gentiment son magazine.
Et tout à coup, BOUM la perturbation s'abat sur la salle tranquille et elle ne vient pas du petit bonhomme comme on pourrait s'y attendre, les gosses n'aiment pas attendre, mais non ce n'est pas lui qui se manifeste. Ce sont papy et mamy qui se lancent à voix bien haute histoire que tout le monde en profite, bon restons concentrés sur nos bouquins.
BANG les 4 saisons, tiens à son âge manifestement la dame ne sait pas qu'il est impoli de laisser son portable allumé dans une salle d'attente. C'était Kévin, ben ouais mais elle connaît pas de Kévin, ça peut pas être le vitrificateur quand même, il aurait pas annoncé Kévin, et puis il aurait pû s'excuser d'avoir fait un faux numéro le Kévin c'est vrai quoi il dérange tout le monde (tiens, c'est pas le portable qui dérange). Bref, c'était Kévin, ce qui nous fait une belle jambe à tous.
L'ophtalmo arrive et appelle le petit garçon et son papa, aïe, aïe, aïe, caramba branle-bas de combat du côté du 3ème voire 4ème âge, de quoi on était arrivé avant eux, pourquoi ils passent avant nous, Madame se lève file le train au toubib, et rebelote on était arrivé avant et gnia et gnia et gnia. Oui Madame, mais ces personnes avaient le rendez-vous précédant le vôtre. Retour salle d'attente, c'est inadmissible, sont arrivés après, donc ils sont arrivés en retard (alors que manifestement eux étaient arrivés plus qu'en avance puisque plusieurs personnes arrivées après eux étaient passées avant eux, vous me suivez là ???) donc ils auraient dû passer après et eux avant et puis même que des fois chez les toubibs eh bien il y en a qui attendent à côté de la porte pour pouvoir passer devant tout le monde, c'est pas inadmissible ça, parce que quand même là ils étaient arrivés avant les autres.
Brefffff, pendant la tirade une dame arrive avec sa fille, dans nos âges à Jérôme et à moi, voyant l'ambiance elles commencent à parler stages et études.
Pendant ce temps, je tente de rester concentrée sur mon bouquin, mais grave erreur je lève le nez et je me retrouve devant le large sourire de mon gamin qui est assis à côté de papy et mamy en face de moi, faut dire que ce gosse tient de moi un sens de l'humour un peu tordu. Nous nous regardons et tant bien que mal nous gardons notre sérieux avec des sourires en coin quand même.
Et ça continue comme ça, que Thérèse elle exagère elle profite des sorties mais elle a pas payé sa carte, que la prochaine fois eh bien la Thèrèse ils vont la prendre entre 4 zieux histoire de lui expliquer que si on profite des sorties eh bien il faut payer la carte. De plus en plus dur de garder son sérieux.
Et enfin, le docteur les appelle, alors là explosion de joie et de rires dans la salle d'attente où nous sommes 4 à nous bidonner, à mon avis je pense qu'à côté ils ont dû entendre.
Bref, nous étions tombés sur le type de retraités qui va faire ses courses aux heures d'affluence et qui râle parce qu'il n'y a pas assez de caisses d'ouvertes, qui veut absolument passer devant vous parce que, hein ils n'ont que trois articles alors que votre caddy est plein, qui profitant de leur cheveux blancs vous passent devant dans les queues. En un mot les Em....eurs avec des majuscules dans tous les coins. C'est terrible quand même ces personnes qui partant du principe qu'elles sont âgées estiment avoir le droit d'enquiquiner tout le monde. Le pire c'est que nous bonnes poires nous n'osons rien dire, la faute à qui, la faute à l'éducation. Que Dieu me préserve de virer comme ça, pourtant des cheveux blancs j'en ai déjà !!

30 août 2008

En attendant mon tour, je m'imagine à la campagne ...( MAP)

Devant_moi

la_file_d_at

28 août 2008

Déjà dans la file d'attente...

MAP, Martine27, Brigou, Aude, Val, Teb, Joye, Joe Krapov, Caro_Carito, Vanina, Janeczka, Ondine, Papistache, Walrus et Kloelle.

Publicité
24 août 2008

Défi #24

Les vacances sont presque terminées (Si, si !). Je sais, c’est un peu triste, mais c’est comme ça !

Voici donc la consigne 24… donnée le 24 :

Pour cette consigne, il vous faudra être très patients.

Cette semaine, je vous propose :

- de « faire la queue » dans une file d’attente (au supermarché, à la poissonnerie, au cinéma)

ou bien

- d’être assis dans une salle d’attente (du médecin, du marabout du quartier…) .

A quoi pensez-vous ? Comment tuez-vous le temps ? Par quoi, ou par qui est attiré votre regard ? Êtes-vous le témoin d’une scène peu banale ?

En résumé, offrez-nous tout ce que vous inspire cette situation.

Bonne semaine à tous.

Votre administratrice dévouée.

samedidefibleu

23 août 2008

Véronique (Val)

Ce samedi, grande brocante au village. Et en plus, il fait beau.

Véronique s’y rend, réjouie et bien décidée à y trouver…un siège bébé pour vélo et un aspirateur !

Elle en voudrait un sans sac, très beau et très léger, et surtout pas bruyant pour un sou.

Un jeu d’enfant à trouver, non ?

En vrai, Véronique, malgré le sourire qu’elle affiche, est contrariée. Son ancien aspirateur, elle l’aimait bien. Non seulement il était assorti à son carrelage de salle de bain, mais en plus il était ultra léger et plutôt puissant.

Malheureusement, sa belle-sœur (un personnage !) l’a utilisé pendant ses vacances à la maison et a omis de mettre un sac, à moins qu’elle ait cru qu’il s’agissait d’un aspirateur sans sac… allez savoir ?

Toujours est-il que le verdict est tombé ce matin : mort, l’aspiro ! Le mari de Véronique, médecin de petit et gros électroménager amateur (mais pratiquant !) a rendu son verdict peu avant midi . Paix à son âme !

Véronique est irritée. Non seulement elle a perdu un fidèle compagnon, mais en plus elle a du dire adieu à ses projets du samedi matin, autopsie de l’aspirateur oblige.

Elle avait prévu d’aller au magasin de sport pour acheter un siège vélo à sa petite fille, voire de passer aussi au magasin de jouets pour voir les cuisines pour son anniversaire prochain.

Point !

Véronique sait bien qu’elle ne trouvera pas l’aspiro de ses rêves dans un vide grenier. D’ailleurs, par chez elle, y’a même pas de vide grenier le samedi.

C’est à confo qu’elle ira cet après midi.

Elle aurait préféré faire une ballade à vélo en famille… mais le siège n’est toujours pas acheté.

Pourtant, Véronique sourit. Elle a même affirmé à son mari chéri qu’elle n’était pas mécontente, car elle voulait le changer, finalement, cet aspiro.

Des plaintes, ou même une moue de dépit n’auraient fait qu’attiser la petite animosité qu’éprouve déjà le chéri en ce moment envers sa sœurette.

A quoi bon ?

Je sais, je sais, c’est facile et c’est de la triche, mais je n’ai rien trouvé de mieux, et puis c’est bien connus, la réalité est souvent bien moins coquette que la fiction.

Pour me faire pardonner, une autre fois je vous raconterai la fois ou j’ai visité un village viking reconstitué dans une ville du nord de l’Angleterre.

Bon samedi à tous.

23 août 2008

Trois francs six sous (Tilu)

<p><p><p>Une montre sans aiguille</p></p></p>

A la brocante du quartier

Où je traîne de temps en temps,

Entre casque viking,

Petites passoires à thé,

Nécessaire de camping

Et autres antiquités,

J’ai dégoté quelques objets :

 

Une montre sans aiguille

pour oublier le temps

Un bocal à grenouille

pour prédire le temps

Un jeu du solitaire

Pour faire passer le temps

Un almanach Vermot

Pour rire de temps en temps

Un vieil ours en peluche

Pour remonter le temps

Un vieux vynil de Brel

Pour valser à trois temps

Mais je n’ai pas trouvé,

J’aurais aimé pourtant,

Un couteau à trois dents

ou une scie rouillée

Pour raccourcir le temps

Qui me sépare de toi….

23 août 2008

Le couffin (Brigou)

 C’est aujourd’hui le premier samedi du mois…. Jour de grande brocante au village. La « chine » est devenue l’un de mes loisirs favoris.

J’aime ce déballage de menus objets qui après de bons et loyaux services finissent sur le trottoir en espérant une nouvelle vie. Je ne suis pas attachée à la valeur pécuniaire de l’objet. C’est plutôt un coup de cœur qui va m’attirer. Même si je ne l’utilise pas, je lui trouve un petit coin dans mon intérieur et je le garde précieusement pour le plaisir.

J’hésite toujours un peu entre laisser les objets raconter leur histoire avec leur patine, leurs fissures, leurs couleurs ou bien les rénover pour leur donner une nouvelle identité.
Cet après-midi au coin d’une rue, j’ai déniché un stand où un charmant monsieur au regard d’un bleu azur et une barbe de viking vendait des articles pour bébé. Un petit couffin ancien m’a attiré. Il est bleu-grisé avec des petites roues métalliques, je le trouve très joli même avec ses craquelures et son osier un peu abîmé.

A mon retour, je me suis interrogée sur cet achat, pourquoi un couffin ? Serait-ce le désir de devenir grand-mère, de grimper dans l’arbre généalogique de la famille ? Je suis sûre que l’arrivée de petits-enfants donne un souffle nouveau et j’ai très envie de recevoir ce cadeau de la vie. Patience…

23 août 2008

A deux, c'est mieux (Papistache)

— "Petit-Époux-Au-Corps-Chaud, j’ai froid sous la couette, viens me réchauffer."
N’obtenant pas de réponse, Épouse-
Frileuse-Quand-Ça-L’arrange se leva, enfila son peignoir mirabelle et s’approcha de son vieux mari dont les yeux rougis fixaient l’écran blafard de l‘obsolète ordinateur familial.
Un court dialogue s’ensuivit duquel il  ressortit que l’inspiration fuyait les sombres méninges lasses de l’écrivaillon voûté.
— "Veux-tu que je t’aide ? lança l’épouse en dégageant, sans attendre, les paperasses éparses qui encombraient le tabouret voisin de l’ergonomique siège du patriarche amoindri.
— MAP nous a pondu une consigne d’écriture, pour nos défis du samedi, qui me paralyse :

Samedi : grande Brocante au village.
Qu'allez vous acheter ?
Pourquoi ce  (ou ces choix) ?
Glissez obligatoirement le mot "viking" dans votre participation.

— Diable, toi dans un vide-greniers ? MAP n’épargne pas ta santé ! Allez, commence, je vais t’aider."

Jean-Daniel avait accepté de suivre son épouse au vide-greniers de Saint Germain Des Petites Bosses. Il avait trop esquivé pendant ces vacances ; il avait senti, que cette fois, il devait se plier à l’invitation. Pourtant, Stéphanie ne pouvait ignorer combien ces expositions misérables le plongeaient dans une noire déprime. Il rangea sa voiture près du mur de l’ancienne fromagerie et surjoua l’enthousiasme. Son épouse frétillait.

— "C’est pas mal. Un peu trop autobiographique, mais pas mal. Là, tu pourrais placer le mot viking.
— Comment cela ?
— Tu écrirais : “surjoua l’enthousiasme, le sang viking de ses ancêtres roulait dans ses veines gonflées d’excitation...”
— Trop tôt et trop téléphoné. J’ai peut-être une autre idée.
— Vas-y ! Est-ce que ça t’embête si je passe ma main sous ton tee-shirt ?"
Sans attendre de réponse, son épouse s’exécuta,  Jean-Daniel se redressa, la main était glacée.

Toutes ces vieilleries, chargées de sombres histoires familiales avaient le don de l’agresser mentalement. Il recevait, comme autant de coups, les durs épisodes que révélaient là, une marque sur le bois d’une table basse quand un enfant de deux ans s’était ouvert  le front après que son père bourru l’eut repoussé violemment, ici, le dernier verre d’une série de douze, rescapé d’une longue succession de querelles ivrognesses  au sein d’une cuisine crasseuse et  nauséabonde.

— "Mon chéri, tu t’égares. C’est vraiment ce que tu ressens quand tu me suis aux brocantes  du coin ?
Frissonnant, le vieil homme biaisa :
— Non, tu as raison, je reprends.
— D’autant que je te vois mal parvenir à placer “viking” dans cet univers à la  Zola."

Toutes ces vieilleries, chargées de sombres histoires familiales, le déprimaient au-delà du possible. Toutefois, pour complaire à sa compagne, Jean-Daniel s’engagea, d’un pas de chineur dans l’allée cernée par les étals approximatifs. Était-il possible que quiconque ait envie d’acheter ces assiettes ébréchées, ces clous rouillés ou ces godillots hors d’âge et suppliant de toutes leurs béances un ensevelissement décent et urgentissime ?

— "Ouais ! Guère plus engageant, mais là tu places “viking” ! Humm ! Des godillots qui semblaient avoir appartenu à Rollon, le fier Viking. Non ?
— Je ne crois pas. J’attends encore un peu.
— C’est toi l’auteur. Je peux... l’autre main ?"
Heureusement, elle n’en avait que deux !

Jean-Daniel eut un haut-le-cœur. Un relent âcre de barbecue alimenté à la graisse de porc lui sauta aux narines. Une musique qui sentait les frites accompagnait le nuage agressif : “Et, viva España !”
Sept à huit adultes braillaient le refrain dans une cacophonie insupportable.

— "Là, là, place viking. Tu sais, les banquets pantagruéliques après les batailles.
— Ce n’étaient pas plutôt les Gaulois ?
— On n’est pas à l’école ! C’est toi l’auteur !"
Les yeux du pauvre homme lentement réfrigéré par sa moitié faillirent lui sortir des orbites. Comment pouvait-elle réussir ce coup-là ? Tout en se collant à lui, elle avait glissé son pied droit dans la jambe de son pantalon et en appuyait la plante sur son mollet glabre. Sa température chuta comme sous l’effet d’un anticyclone brutal. Néanmoins, il reprit son écriture.

Étourdi par la vison cauchemardesque qui venait de s’imposer à lui, Jean-Daniel allait passer le stand horrifique quand il aperçut, à peine plus haute que la planche chargée d’hétéroclites ordures en sursis, une magnifique tête auréolée de blondes tresses vikings. Une petite fille, de huit ans  pas plus. De grands yeux bleus tristes, comme s’excusant d’appartenir à la lignée brutale qui se trémoussait en arrière plan, tout en s’arrosant les lèvres de graisse porcine, le fixaient. Le choc le cloua sur place. Il ne pouvait se détacher du regard de la fillette. Un ange. Un ange, né au sein d’un tribu primitive du nord ouest de la France. La souffrance de devoir partager l’existence de ces braillards avinés se lisait  dans la pupille de l’apparition. Jean-Daniel plongea la main dans  la poche  de son pantalon. Qu’importe ce qu’il achèterait, il fallait qu’un sourire naisse au coin de ces yeux. Il tendait son billet de vingt euros vers la  petite marchande quand son épouse le tira par le coude :
— "Oh ! Des rideaux en filet. Viens avec moi !"
Entraîné par le bras ferme de Stéphanie, Jean-Daniel se sentit arraché à sa contemplation. Tournant la tête, il vit une dernière fois les tresses dorées et les yeux clairs de l’enfant avant qu’une matrone en robe à fleurs ne les lui cachent. Son billet était tombé sur un cendrier publicitaire  recollé, avec force bavures, à l’Araldilte jaune. Vingt euros ! Vingt euros l’apparition d’un ange. Ce n’était vraiment pas cher payé !

— "Eh, tu vois, à deux, c’est mieux !"
L’écrivaillon fatigué éteignit son ordinateur, déplia sa carcasse et  comme aux jours fastes de leur vie commune prit son épouse dans ses bras et la porta vers le lit. Cinq mètres... c’était encore du domaine du possible. Les yeux aigue-marine de l’amour de sa vie ne luisaient-ils pas d’une promesse familière ?

23 août 2008

Brocante (Joye)

Samedi, à la brocante, j’achetai une belle tocante. Dimanche, encore, je revins, pour trouver un magot aux confins. Lundi, dans le grand parking, j’acquis un bateau de Viking. Mardi, je continuai, et trouvai un beau porte-balai. Mercredi, pas de brocante, je fis donc un tour chez ma tante. Jeudi, fauchée comme du blé, je filoutai une bague en doublé. Vendredi, le temps de m’éprendre, c’était donc encore mieux pour me rendre samedi, à la brocante…

23 août 2008

Mystere... - Janeczka

Je reviens de mon trekking au Bhoutan (fort depaysant mais incroyablement ereintant) et decouvre qu'une brocante a lieu ce samedi.
Amatrice de bric-a-brac et de bonnes affaires, je decide de m'y rendre.
La place du marche est recouverte d'etals divers et colores. Les petites rues pavees ont ete fermees pour l'occasion. C'est une belle journee - une raison de plus pour me lever tot.

Apres avoir achete quelques babioles (mugs et cartes postales anciennes, surtout), je tombe sur une reproduction miniature d'un bateau de Vikings.
Elle est extremement detaillee et vraiment plaisante a regarder. Il me la faut. Je m'enquiers du prix. La vendeuse me regarde d'un air morne et me repond d'un ton monocorde que cet objet ne lui appartient pas. Mais alors a qui...? haussement d'epaules. Je peux le prendre alors? vague geste de la main qui veut dire oui (je suppose).
Bon, c'est decide, je l'emmene. Et hop! sous le bras. Quelle bonne affaire! une beaute pareille, gratuite! il faudrait etre fou... la vendeuse n'a pas su en voir le potentiel. Tant pis pour elle!

Arrivee chez moi, je prend mon temps pour etudier cette quasi-oeuvre d'art. Un travail d'orfevre a ete effectue. Moi qui suis passionnee par tout ce qui est d'origine Celtique, Nordique de surcroit, je reste sans voix.
Je n'ai aucun mal a imaginer l'equipage de ce drakkar, affrontant mille dangers, sur une mer incertaine, pour finalement atteindre la cote, avant de repartir pour d'autres aventures.
Il me semble que je peux meme les entendre: ho hisse! souquez ferme! Les clameurs se melent au chant du vent et au langage des vagues. Le bateau entre les mains, je ferme les yeux et me laisse aller a revasser.

Lorsque je me reveille, le drakkar a disparu. Je regarde mes mains vides, interloquee. Je cherche partout dans l'appartement; aucune trace. Mes autres achats sont bien la, eux. Aucune trace d'effraction... Aurais-je tout invente?
Peut-etre ce mysterieux objet reapparaitra-t-il de la meme facon dont il s'est evanoui...?

23 août 2008

L’esprit de l’escalier - Joe Krapov

- Eh Petitprince, tu dis comment, toi ? Rag-nar le Viking ou Raniar le Viking ?

- Je note : un dictionnaire de suédois en kit, Lemouton.

- En kit ? Un dictionnaire ? Un dictionnaire en kit, Petitprince ?

- Les dictionnaires de suédois, c’est comme les meubles, c’est en kit, Lemouton. Tout ce qui vient de Suède est en kit.

- Même les Suédoises ?

- Mêmes les Suédoises. Il faut que tu les montes toi-même sinon c’est un autre qui en profitera.

- Oh moi, les Suédoises, de toute façon… Je préfère les Suédois !

- Tu peux en avoir des tout assemblés, mais c’est plus cher.

- Des Suédois ?

- Non, des dictionnaires.

- Et tu es sûr que ça va nous donner la prononciation exacte de Ragnar le Viking ? D’ailleurs, Viking, est-ce que ça ne serait pas plutôt Norvégien ?

- Dans ce cas, je note : « Norwegian wood » sur l’album « Rubber soul » des Beatles paru en 1965.

- Pourquoi, tu ne l’as pas ?

- Non. Moi j’ai tout ce qu’ils ont fait depuis « Revolver » qui date de 1966. Avant je les connais moins.

- Mais cet album-là, il ne va pas nous dire quelle est la pronociation exacte de Ragnar le Viking ?

- Pourquoi c’est si important pour toi de savoir ça ?

- Parce que je ne veux plus avoir l’air con !

- Houla ! Mais y’a du boulot alors ! Je note : « Bon pour une chirurgie esthétique du visage ». Je ne sais pas si je vais trouver ça. Je me demande si de te faire refaire le nez ça ne va pas te coûter les yeux de la tête !

- Tant que c’est pas la peau du cul ! Parce que le chirurgien esthétique est Suédois ? Norvégien ? Scandinave, même peut-être ?

- Pourquoi tu veux pas avoir l’air con ?

- Parce que je l’ai déjà été suffisammeent comme ça avec Uriah Heep. Je veux dire avec Iouraïa Heep.

- Uriah Heep ?

- J’ai toujours dit Uriah Heep parce que je ne parle pas l’anglais mais en fait en anglais on dit Iouraïa Heep.

- Ah oui ! Iouraïa Heep ! Je note : David Copperfield de Charles Dickens. C’est de là qu’il vient le nom de ce groupe de rock. Tu le savais, j’espère ?

- Parce que toi, Petitprince, tu as toujours dit « Iouraïa Heep » ?

- Mais moi je connais l’anglais, Lemouton ! Et puis il faut évoluer ! Comment tu appelles un courrier électronique ? Un email ou un émail ?

- J’appelle ça un courriel, pourquoi ?

- Si nous revenions à nos moutons, Lemouton, hein ? C’est quoi ton problème avec Ragnar ? (Il prononce Rag-nar)

- Moi je dis Raniar, mais tu fais comme tu veux. Eh bien voilà : si j’en crois la liste que m’a donnée Camille dans les n°s 1143 et 1178 du journal « Vaillant » il y a deux aventures complètes de Ragnar qu’il n’a pas. Et si je lui trouve le n° 1211 ça lui permet de compléter l’histoire du chaudron d’or.

- Alors ça, des numéros du journal « Vaillant », ça m’étonnerait que j’en trouve ! Ou alors ce sera encore plus cher que la chirurgie esthétique. C’est marrant que Camille ait conservé çà. Plus personne ne lit les aventures de ces héros-là aujourd’hui. Nasdine Hodja, Les Pionniers de l’Espérance, Teddy Ted. Ca relève de la nostalgie, voire de l’Ostalgie, c’est politiquement très incorrect !

- Glénat en a ressorti dans sa collection « Patrimoine BD ». Dos toilé, présentation luxueuse mais j’ai peur qu’il s’agisse des mêmes épisodes que ceux édités jadis par les Editions du Fromage.

- Tu ferais mieux de lui offrir le « Live in Europe 1979 » d’Iouraïa Heep. Je sais qu’il ne l’a pas.

- Mais je ne vais jamais trouver ça non plus !

- Mais si ! Dimanche c’est la braderie du canal Saint-Martin à Rennes. La deuxième plus grande braderie de France après celle de Lille. A chaque fois que j’y suis allé en quête de quelque chose de précis, je l’ai trouvé ! C’est dingue, non ? « Hôtel du Nord » d’Eugène Dabit, les musiques des films de Jacques Tati, « Le premier de la classe » de Font et Val.

- Alors, tout ce que tu as noté sur ton papier, c’est pour ça ? Tu vas trouver tout ça là-bas ?

- Mouaipe, Lemouton !

- Quel bol tu as ! Bon, ben si c’est comme ça, je viendrai avec toi alors ! Tu peux noter ce que je souhaite trouver pour moi ?

- OK. De quoi as-tu besoin ?

- D’un parapluie arc-en-ciel. A cause de Camille !

- Ah oui, à toi aussi, il te fait la réflexion !

- « Sortez couverts, mes bichons » ! Il nous dit ça même quand il fait beau, et tout le monde éclate de rire dans son bistrot. Il y a des jours, je ne comprends rien à son humour !

- Moi je sais pourquoi. C’est à cause de ce proverbe idiot : « En Bretagne il ne pleut que sur les cons » !

- Ah c’est pour ça ? Quel enfoiré alors ! Bon ben tu peux les rayer sur ta liste, ses numéros de Vaillant et son dictionnaire de Suédois et le Uriah Heep…

- Iouraïa Heep !

- Je le garderai pour moi, si on le trouve ! Je ne l’ai pas non plus, celui-là.

- Je laisse quand même la chirurgie esthétique. On ne sait jamais. Avec un peu de bol on en trouvera une à pas cher ! 

 

23 août 2008

Houpert-Brone - Martine27

Demain, c'est brocante au village.

Je vais encore me laisser aller, c'est sûr.

Il faut dire que ça fait tellement de temps que je cherche un Houpert-brone qu'il va bien falloir un jour où l'autre que je le trouve.

Pardon, qu'est-ce qu'un Houpert-brone ?

Si je le savais je me ferais un plaisir de vous le dire.

Là gît le problème.

Je suis tombée un jour sur ce nom dans un livre et il était dit que cet objet extraordinaire pouvait exaucer un vœu.

L'ennui c'est que dès que j'ai vu ce mot, j'ai été comme ensorcelée.

IL FALLAIT que je trouve un Houpert-brone et ça fait maintenant 20 ans que j'écume les brocantes et foires à tout, la galère je vous le dis, et le gouffre financier.

Au début, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un récipient. Vous savez qu'on trouve beaucoup de génie dans les bouteilles.

J'ai donc commencé à acheter des bols, des bouteilles, des lampes à huile ou à pétrole, des vases, des théières et vas-y que je te les frotte, encore que le mode d'emploi n'était pas donné dans le livre.

Bref, il y a chez moi une sacrée collection de contenants en tous genres et super astiqués je vous le dit. J'ai même, c'est vous dire, un crâne dans lequel les vikings buvaient leur boisson sacrée (je me demande si je ne me suis pas fait avoir quand même, il m'a semblé voir gravé en dessous Made in quelque chose, pas sûre que ce soit du viking ça).

Bon, bref.

Ensuite j'ai enchaîné sur l'achat de toutes les choses qui me paraissaient de bonnes candidates pour être un Houpert-brone. Des livres, des porte-clés, des assiettes, des miroirs, des casseroles, des réveils, des vieilles fringues, des godasses déglinguées, des pots de chambre, des miniatures, des poupées et même, même un raton laveur empaillé. Rien à faire j'ai beau multiplier les achats, essayer un tas de rituels aussi bizarres que variés du style danser à poil sous la lune avec le dernier objet en date, ou me rouler dans la rosée avec lui. Rien à faire, si ce n'est me taper des crèves mémorables quand on est en plein hiver.

Je commence à me décourager et il serait bien que je le trouve ce fichu bidule, parce que si au début je n'avais pas trop d'idées sur le vœu à formuler, voyez le genre être riche, être célèbre, vivre longtemps en bonne santé, maintenant je n'ai plus qu'un seul vœu en tête, vous voulez savoir lequel ?

Simple, si je mets la main sur un Houpert-brone je lui demande de me débarrasser de tout le bric-à-brac qui encombre ma maison, faut dire que c'est tout juste si je peux encore y entrer sans me faire écraser par tout ce qui y est empilé !

PS – Au fait Houpert-brone, vous avez deviné le mot qui se cache derrière ?

 

23 août 2008

A la brocante - Fabeli

A la brocante,
Toujours partante
Je me ballade
En promenade

Trois vieux rideaux pour mon bateau
Six verres à vin pour le cousin

A la brocante,
Toujours contente
Je fais des tours
Et des détours
Un lampadaire pour ma grand-mère
Trois grands torchons lins et coton 

A la brocante,
Bien hésitante
Je réfléchis
C’est non, c’est oui

 Ce tapis vert ou ces couverts ?
Le grand panier ou le damier ?

 A la brocante
Toujours patiente
Dans les allées
Je viens, je vais

Un tel achat c’est du tracas
Drakkar Viking ou vase Ming ?

De la brocante
Jamais perdante
Je pars ravie
De mes acquis

Les bras chargés de beaux objets
A mon grenier vais les poser

A la brocante
Pour la revente
Dans quelques mois
J’irai, ma foi
Les bras chargés de beaux objets
Que du grenier j’ai retiré !

23 août 2008

Brocante, sponsor et vieilles flanelles - MAP

10 août 2008

Défi #23 le 23 !

Chers jouteurs du samedi,

cette semaine, Janezcka organise un trekking au Bhoutan pour la reine d'Angleterre,
Val initie Jean-Jacques Goldman au macramé sur une ile où pousse le raphia sauvage
et Papistache arrache des pommes de terre à un sol ingrat qui refuse de les lâcher sans une taxe de vingt litres de sueur à l'hectare.

Aussi, l'échéance du défi #23 est-elle fixée au samedi 23 août.

Défi #23 le 23 !

Cette fois-ci, c'est MAP qui nous lance son défi !


Samedi : grande Brocante au village.
Qu'allez vous acheter ?
Pourquoi ce  (ou ces choix) ?
Obligatoirement glissez le mot "viking"
dans votre participation.

samedidefi@hotmail.fr


Deja dans le panier: MAP ; Fabeli ; Martine27 ; Joe Krapov ; Janeczka ; Joye ; Papistache ; Brigou, Tilu...

9 août 2008

Cours Lola cours… à la plage (Cartoonita)

Le soleil darde ses rayons. La plage de West Strand est noire de monde.
Je tartine tendrement de crème solaire le dos de mon Manni. Soudain, HORREUR ...
Je sens la peau de Manni se désagréger sous mes doigts. Des trous verdâtres qui m’hypnotisent. Tandis que j’entends se rapprocher de moi des voix d’outre-tombe. Ne pas se retourner. Ne pas se retourner. Ne pas se retourner. On me tape sur l’épaule…
« Eh Madame, votre chapeau. Eh, je vous cause. » Mon sombrero qui s’était envolé. Un petit minet avec des lunettes Gucci qui me le ramène. C’était ça. Ouf, ça va pas mieux moi, j’arrête pas de psychoter. Pas de plaies purulentes, ni de zombies grouillants d’asticots et ce qui est entortillé autour de mes poignets, c’est les bracelets que Manni m’a offerts. Un clodo lui avait refilés dans le métro, tu parles d’un cadeau.

 

Je chope le tube de crème solaire et commence vraiment cette fois-ci à tartiner Manni. En chantonnant s’il vous plait. Et là, l’horreur. Mes doigts restent collés. Manni ! Il fond !!! Je crie.
Manni se retourne. « Qu’est-ce t’as Lola ? Pourquoi tu tripotes le Zwiebelkuchen ? T’as de drôles de façons de manger Lola, ma louloutte… ». Je me reprends, encore un trip, je devrais arrêter ces cochonneries, ça me réussit pas.

 

Je retourne à mon tartinage d’anti-UVA et UVB. Indice 30. Avec ça, il risque pas se transformer en écrevisse… Je souris en faisant naviguer mes mains sur son dos. Des grognements m’arrêtent. Manni se retourne brusquement. Son visage est déformé par la haine. Il me lance à la gueule des mots durs, crachés. Avec violence me jette à terre, sur le ventre. Je sens son souffle chaud contre mon cou, prêt à me mordre au sang. Il me murmure quelque chose.
« Eh Lola relève toi. C’est qu’un sale gosse déguisé en loup garou qui t’a bousculé. Ça va ?! »

 

 

Je me remets difficilement à la lourde tâche que ma confiée mon chéri : lui protéger le dos des coups de soleil. C’est alors que j’entends quelque chose siffler. On aurait dit un rapace. Bizarre. Mais ? Manni ? Sa tête roule sur le sable. Tranchée nette. Je tremble.

 

Non c’est un ballon. Des gosses qui jouent au volley. Et Manni qui s’était penché pour prendre quelque chose dans le sac. Je me secoue et respire lentement pour faire passer l’hallucination.

 

 

Le tube de crème à la main, j’essaie de rester calme. Mais ma vision se trouble. On m’attrape par les bras. Des hommes. Je les entends parler. Ils sont énervés « Putain, elle fait chier la vioque, encore dans le couloir en train de caresser le poster de Moritz Bleibtreu. » « Allez, Madame Färberböck, vous allez gentiment retourner avec les autres. Ils regardent le film. Ce soir c’est Swing Heil, il est très bien vous verrez. » « De toute façon, y’a que ça. » J’ai l’impression qu’on m’emmène quelque part. Tout est trouble.

 

« Oui, c’est une insolation. Il faut la réhydrater d’urgence. Appelez le 110. J’essaie de la réanimer. »

plage

9 août 2008

Strangulation (Val)

Mélanie était étendue sur son drap de bain, sur le ventre, la tête posée sur ses bras croisés. Le soleil lui chauffait le haut du dos et le derrière des cuisses. Elle était bien. Elle fermait les yeux, pour oublier la foule et s’imaginer qu’ils étaient seuls sur une plage déserte.

Paul était assis sur elle ou presque. Bien sur, ses genoux posés sur le sable, de chaque coté des hanches de sa compagne empêchaient que les reins de Mél supportent le poids de son corps. Il était dans la position idéale pour lui masser le dos et l’enduire de crème solaire. Et elle aimait ça. Les mouvements lents et circulaires de son amant sur sa nuque et ses épaules la plongeaient dans une langueur plus qu’agréable.

Elle était sur le point de s’endormir quand soudain le massage devint bien moins agréable. Paul s’attardait de plus en plus sur sa nuque, et ses mains se faisaient lourdes. Les pressions qu’elles exerçaient sur son cou, puis sur sa trachée devinrent vite insupportables. Elle n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche pour lui demander d’arrêter, qu’un bâillon lui enserra les lèvres, puis toute la partie inférieure de son visage.

Interdite, elle tenta de se tourner mais les mains de son fiancé lui maintenaient les épaules fermement. Elle se débattait du mieux qu’elle pouvait, mais bientôt il se posa sur elle de tout son poids. Elle gémissait tant bien que mal, pensant que sur cette plage noire de monde quelqu’un finirait par être alerté. De même, elle scrutait des yeux ses voisins de serviette. Rien n’y faisait. Personne ne semblait avoir remarqué ni entendu quoi que ce soit d’anormal.

Elle était affolée. La panique, le bâillon, le poids du corps de son compagnon sur ses côtes rendaient sa respiration de plus en plus difficile. Elle ne put plus respirer du tout quand les mains de Paul vinrent lui enserrer le cou violemment.

Quand il lui susurra à l’oreille un petit : « Adieu, chérie » suivi d’un rire étrange, elle sut qu’elle allait mourir là, sur cette plage noire de monde, sans que personne ne le remarque, et des mêmes mains qui l’avaient milles fois caressée, et qu’elle aimait sentir se balader sur elle.

Elle pensait que tout était fini pour elle, quand soudain  plus aucune pression ne retint sa respiration. Elle prit une grande inspiration et trouva la force de se retourner, faisant basculer Paul sur un coté. Déséquilibré,  il tenta de se rattraper à son bras pour éviter la chute. Elle le frappa violemment pour qu’il lâche prise et s’enfuit en courant sans qu’il ait le temps de réagir.

Interloqué, il prononça, comme pour lui-même :

« Si j’avais su que ça la contrarierait à ce point, je ne l’aurais pas laissée dormir. Mais son sommeil semblait si serein … ». 

9 août 2008

Ca jette un froid! - Janeczka

Il fait chaud. Le soleil tape. La plage est noire de monde.

Elle, blonde, yeux bleus, poitrine et levres pulpeuses, bikini jaune et rouge a petits pois, se prepare a appliquer de la creme solaire sur le dos de son compagnon.

Lui, brun, elance, est allonge sur le ventre et porte un maillot bleu fort seyant.

La jeune femme sort un tube de creme de son sac et commencer a en etaler sur le dos de son partenaire. Celui-ci se met quasiment immediatement a hurler. Sa peau emet un gresillement et une odeur de bacon s'eleve dans l'air. Les bambins lachent leurs cones et se mettent a brailler. A cette vue, les autres vacanciers se mettent eux aussi a hurler et prennent leurs jambes a leur cou, y compris la jeune preposee a la creme solaire qui s'essuye frenetiquement les mains a sa serviette de bain.

Arret sur image.
Une voix off annonce:
'Cet ete, si vous voulez proteger votre peau du soleil, choisissez Soleil Exquis, indice 15.'

Fondu enchaine sur le couple, grand sourire Ultra-Brite sur le visage, en pleine seance d'application de la dite creme solaire.

Publicité
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité