Chez le docteur (Brigou)
Une
heure que je suis installée dans la salle d’attente du docteur. J’ai
pris rendez-vous à neuf heures, espérant ainsi être la première
cliente. Grave erreur, le samedi il reçoit dès huit heures pour les
renouvellements d’ordonnance. Me
voila donc coincée dans cette pièce de cinq mètres sur quatre, sans
fenêtre, au sous-sol, avec une musique de fond genre André Rieu, je
sens qu’il va me falloir beaucoup de patience… Ma tension va monter et
grimper allégrement et j’entends déjà le docteur me dire « vous allez
l’air bien tendu madame » !! Pour
patienter je n’ai même pas envie de feuilleter les revues qui trainent
sur la table basse de la salle. Il ne s’agit que de presse people. Les
magazines sont tous défraichis et ne datent pas d’aujourd’hui ! Je ne compte pas sur la lecture pour me distraire et m’occuper l’esprit. Mon regard se pose alors sur mes voisins. Face
à moi un jeune adolescent, look jean et baskets, cheveux coiffés avec
du gel, mp 3 sur les oreilles, essaie de ne pas se faire remarquer. Son
carnet de santé est déposé sur ses genoux et il bat la mesure avec ses
pieds. Il ne dit mot sauf pour saluer sobrement l’entrée de chaque
nouvel arrivant. A
ses côtés, un monsieur bon chic bon genre et équipé du dernier livre de
Daniel Picouly a tendance à snober les autres. Il n’adresse la parole à
personne et il est régulièrement interrompu dans sa lecture par son
téléphone portable, dernier cri. Il ne répond que par des « ouais…
hummmm… en effet… d’ac… ». Le
dernier client est un papy, cheveux blancs hirsutes, lunettes sur le
bout du nez. Il a du mal à rester en place sur sa chaise et croise et
décroise ses jambes sans arrêt. Régulièrement il toussote et renifle.
Très vite il entreprend la conversation avec tout le monde. Déjà quarante minutes que j’attends..... enfin la porte du cabinet s’ouvre et le docteur, sourire aux lèvres, me fait entrer.