Cours Lola cours… à la plage (Cartoonita)
Le
soleil darde ses rayons. La plage de West Strand est noire de monde.
Je tartine tendrement de crème solaire
le dos de mon Manni. Soudain, HORREUR ...
Je sens la peau de Manni se
désagréger sous mes doigts. Des trous verdâtres qui m’hypnotisent. Tandis que
j’entends se rapprocher de moi des voix d’outre-tombe. Ne pas se retourner. Ne
pas se retourner. Ne pas se retourner. On me tape sur l’épaule…
« Eh Madame, votre chapeau. Eh, je
vous cause. » Mon sombrero qui s’était envolé. Un petit minet avec des lunettes
Gucci qui me le ramène. C’était ça. Ouf, ça va pas mieux moi, j’arrête pas de
psychoter. Pas de plaies purulentes, ni de zombies grouillants d’asticots et ce
qui est entortillé autour de mes poignets, c’est les bracelets que Manni m’a
offerts. Un clodo lui avait refilés dans le métro, tu parles d’un cadeau.
Je chope le tube de crème solaire et commence vraiment cette fois-ci à tartiner Manni.
En chantonnant s’il vous plait. Et là, l’horreur. Mes doigts restent collés. Manni !
Il fond !!! Je crie.
Manni se retourne. « Qu’est-ce t’as
Lola ? Pourquoi tu tripotes le Zwiebelkuchen ? T’as de drôles de
façons de manger Lola, ma louloutte… ». Je me reprends, encore un trip, je
devrais arrêter ces cochonneries, ça me réussit pas.
Je retourne à mon tartinage d’anti-UVA et UVB. Indice 30.
Avec ça, il risque pas se transformer en écrevisse… Je souris en faisant
naviguer mes mains sur son dos. Des grognements m’arrêtent. Manni se retourne
brusquement. Son visage est déformé par la haine. Il me lance à la gueule des
mots durs, crachés. Avec violence me jette à terre, sur le ventre. Je sens son
souffle chaud contre mon cou, prêt à me mordre au sang. Il me murmure quelque
chose.
« Eh Lola relève toi. C’est qu’un
sale gosse déguisé en loup garou qui t’a bousculé. Ça va ?! »
Je me remets difficilement à la lourde tâche que ma confiée mon chéri : lui protéger le dos des coups de soleil. C’est alors que j’entends quelque chose siffler. On aurait dit un rapace. Bizarre. Mais ? Manni ? Sa tête roule sur le sable. Tranchée nette. Je tremble.
Non c’est un ballon.
Des gosses qui jouent au volley. Et Manni qui s’était penché pour prendre
quelque chose dans le sac. Je me secoue et respire lentement pour faire passer
l’hallucination.
Le tube de crème à la main, j’essaie de rester calme. Mais ma vision se trouble. On m’attrape par les bras. Des hommes. Je les entends parler. Ils sont énervés « Putain, elle fait chier la vioque, encore dans le couloir en train de caresser le poster de Moritz Bleibtreu. » « Allez, Madame Färberböck, vous allez gentiment retourner avec les autres. Ils regardent le film. Ce soir c’est Swing Heil, il est très bien vous verrez. » « De toute façon, y’a que ça. » J’ai l’impression qu’on m’emmène quelque part. Tout est trouble.
« Oui, c’est une insolation. Il faut la réhydrater d’urgence. Appelez le 110. J’essaie de la réanimer. »