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Le défi du samedi

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9 août 2008

Abbey road. 10, Humour noir (Joe Krapov)


(Merci de lire auparavant : « Abbey road. 9, L’Horreur » contribution dont ce texte-ci est la suite et la fin)

Le maître-nageur l’avait fait poireauter un quart d’heure, sans rien lui dire, sans rien faire d’autre que donner un coup de fil, enfin un coup de téléphone sans fil, à la gendarmerie de Lannion. Et maintenant, après avoir franchi la clôture élevée qui entourait celle-ci – la gendarmerie de Lannion avait subi, il y a quelques années, le siège très agressif d’une bande d’alcooliques venus libérer un des leurs et elle s’était pour ainsi dire barricadée depuis derrière un haut grillage -, il était assis face à un type à tête de bon père de famille qui ne prenait même pas soin d’engager des feuilles dans sa machine à écrire pour prendre sa déposition. Pire, il regardait l’écran d’une télé tout en lui causant et en tapotant sur un clavier plat, ce qui avait le don d’exaspérer Camille.

- Comprenez-moi, monsieur Cinq-Sens. Nous sommes en 2008, pas en 1966. Je ne peux pas vous expliquer comment cela marche matériellement mais on vous a extirpé de votre époque et de votre univers en raison d’ordres venus de plus haut. Vous n’êtes pas le seul à être concerné. Tous les personnages de fiction sont dans votre cas. Nous allons opérer un tri parmi vous : on ne lit plus de romans de nos jours. Les gens ont besoin de réalité : des magazines sur la vie des stars, les hommes politiques, les sportifs. Il leur faut de la télé, de la réalité, de la télé-réalité, du pain et des jeux uniquement. Du coup certains personnages de fiction sont rappelés pour… Appelons ça une mise à l’écart si vous voulez. Quelques uns de vos soi-disant héros sont de très mauvais exemple pour la jeunesse de notre pays.

- Je ne suis pas un héros ! s’emporta Camille. Mes faux pas me collent à la peau ! Et puis qu’est-ce que c’est que cette histoire de personnage de fiction et de moralité. Je suis un honnête vendeur de limonade, moi. Je suis aussi vivant que vous. Tenez, touchez ici. C’est pas du réel, ça ?

Camille lui avait tendu le bras et le brigadier lui avait appliqué une grande claque sur le dessus.

- Eh ! Oh ! Ca va pas ? Mes coups de soleil, tout de même !

- C’est pour que vous compreniez bien laquelle, des deux réalités, est plus forte que l’autre. Votre bistrot de la rue de Dinan à Rennes, c’est vrai, je vous le concède, il existe. Mais en 2008, vous n’en êtes plus le propriétaire. Vous n’en avez jamais été le propriétaire d’ailleurs. Vous n’appartenez pas au genre biographie. D’après les premiers renseignements que nous avons recueillis, vous seriez même plutôt du genre littérature de série Z. Ou de quatrième zone. Vous ne voulez toujours pas nous livrer le nom de votre créateur ?

- Puisque je vous dis que je n’ai aucune religion !

- Il n’y a pas de majuscule à « créateur ».

- Je n’ai aucune religion là-dessus. C’est une histoire de fous !

- Ne vous énervez pas. Nous allons forcément trouver. Vous êtes obligatoirement fiché quelque part. Notre système ne peut pas commettre d’erreur. Pourqu’on soit aller vous repêcher dans la spirale du temps, c’est qu’il y a bien une raison. Voyons, un patron de bistrot à Rennes en 1966. C’est donc trop tôt pour avoir fait mai 68. C’est la première fois que j’ai un personnage dans votre genre. Vous faisiez du trafic de quelque chose ? C’était un bar louche ?

- Dites, brigadier, faudrait voir à pas exagérer quand même ! Je viens signaler une disparition et non seulement vous me racontez des histoires à dormir debout mais ensuite vous me cuisinez comme un vulgaire truand. Je n’ai rien fait moi, je suis venu en vacances chez vous, je me suis juste baladé dans vos paysages, c’est un crime ? 

- Ah voilà l’agent Loreille qui revient. Nous allons enfin savoir.

L’agent Loreille était un petit maigrichon au visage mince et aux oreille décollées. C’était là son vrai nom !

- J’ai trouvé, chef ! J’ai mis du temps parce que ses aventures ne sont pas publiées sur papier. L’auteur est un dénommé Joe Krapov. Il y a deux pièces de théâtre au catalogue de la Bibliothèque Nationale de France mais elles n’ont apparemment pas été jouées. Et puis monsieur Cinq-Sens ne vient pas de là. Il y a aussi sur Amazon.fr deux brochures satiriques dont une s’intitule « Joe Krapov écrit aux z’élus de Sablé et à plein d’autres gens ». Ca date de 1996. Ca ne vous dit rien Sablé, chef ?

- C’est la ville de l’ancien premier ministre ? Quel rapport ?

- Par Saint-Brice, vous êtes incollable, brigadier ! Pour le rapport, aucun. Celui-ci…

L’agent Loreille fixa Camille et eut la même grimace dégoûtée que tous ceux qui l’avaient considéré jusqu’à présent.

- Cette sueur orange qui leur coule sur le front et ces yeux vides, franchement, je trouve ça vraiment affreux !

- C’est le passage par les volutes du temps, agent Loreille. Un phénomène physiologique auquel nous ne pouvons rien mais qui nous permet de les repérer lors de leur rematérialisation. Continuez, mon vieux.

- Alors voilà. Camille Cinq-Sens. Une incursion dans un roman de San Antonio.

- On s’est déjà débarrassés de l’affreux Bérurier.

- Et surtout… Vous ne devinez pas où je l’ai retrouvé ?

- Non.

- Sur des sites Internet censurés : Les Impromptus littéraires, le Défi du samedi et surtout Kaléidoplumes. C’est sur ce dernier qu’on l’a repêché. Une histoire d’île déserte en plusieurs épisodes.

- Okkkaaaayyye ! Je comprends mieux !

Il fit venir Loreille près de lui et lui dit à voix basse :

- Appelle-moi ton compère Lardu. Vous allez l’embarquer. Je téléphone pour savoir où il y a de la place. »

Loreille sortit puis revint escorté d’ un gros gendarme à l’air bourru.

- Vous allez patienter en cellule, monsieur Cinq-Sens. J’ai un coup de téléphone ou deux à donner et ensuite votre affaire sera réglée rapidement, je vous le promets. »

Bien évidemment Camille opposa ce qui lui restait de résistance physique à cette incarcération arbitraire. Mais que vouliez vous qu’il fît contre deux gendarmes et leurs renforts ?

***

Il ne restait plus de place au centre de rétention de Saint-Jack-de-la-Lande près de Rennes. C’est pour cette raison que Camille Cinq-Sens fut envoyé dans celui de Sablé-sur-Sarthe. Tout comme les prisons, les mouroirs, et les logements des pauvres qu’on appelait des ghettos, ce centre avait été construit à l’écart de la ville, plus précisément même dans la commune voisine. Il n’avait du reste pas été bâti puisqu’on s’était contenté de réaménager un grand bâtiment haut et sinistre situé dans le centre du bourg, comprenant des cellules avec d’étroites fenêtres donnant sur la rivière. C’est ainsi qu’on perdit toute trace de Camille Cinq-Sens le jour il entra comme « retenu »… à l’abbaye de Solesmes.

_d_fi

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9 août 2008

Abbey road. 9, L’horreur (Joe Krapov)


C’est si bon de se réconcilier ! De se réconcilier sur l’oreiller. De se réconcilier sur la plage de l’île Renote à Trégastel. Le soleil y darde ses rayons en ce jour béni du 13 juillet 1966, le temps est superbe et la plage est noire de monde. Un immense rocher en forme de dé à jouer est posé sur une pointe à gauche et y défie la mer comme un phare à l’entrée d’un port.

Ce n’est pas que Camille Cinq-Sens et son épouse Agathe étaient fâchés, du reste, mais au début de ces vacances, « l’oncle » Camille était en crise, saisi d’une envie soudaine d’envoyer paître tout et tout le monde, de changer de vie, de passer de son statut de patron du bistrot « Le Vieux saint-Etienne » situé dans une rue populaire de Rennes à celui de moine bénédictin à l’abbaye de Solesmes dans la Sarthe. Drôle d’idée !

Dans ce monde où tout est possible et où tout est réalisable évoluer professionnellement a toujours été très bien vu mais les engagements sentimentaux et surtout maritaux ne peuvent être balayés d’un revers de la main. Agathe avait fait tout ce qu’elle avait pu pour s’opposer au départ de son mari. C’est qu’elle l’aimait, son gros Camille, la jolie Colombienne !

Elle lui avait donc offert ces deux semaines de vacances en solitaire dans la maison de son amie Anita, absente, afin qu’il s’habituât à la vie monastique et se rendit compte effectivement de ce qu’était un séjour dans une île déserte. Bien sûr, avant même la fin des quinze jours, il l’avait appelée en catastrophe pour qu’elle revienne le chercher. Cette fine mouche d’Agata qu’on appelait « tante Agathe » en référence à une chanson de Rika Zaraï avait encore su y faire – les jolies femems ont toujours raison ! – et avait gagné le retour de l’enfant prodigue au bercail.

Avant de s’en retourner sur Rennes ils s’étaient offert une dernière sieste crapuleuse dans la masion d’Anita puis, après avoir tout fermé, ils avaient décidé de prendre un dernier bain de mer. Ils avaient choisi pour cela l’île Renote qui n’est en fait qu’une presqu’île bordée de rochers roses et de plages de sable fin.

- Camille, tu veux bien me passer de la crème solaire sur le dos ? »

- Bien sûr, mon amour ! »

Il pressa sur le tube de la main gauche et le petit bruit « ploutch » expulsa par un minuscule trou dans le couvercle orange une petite crotte de pommade blanche sur le bout de son index et de son majeur droits. Il appliqua l’écran total et songea à tout le cinéma qu’on se faisait autour de ça autrefois. C’était alors quasiment un prétexte à préliminaires amoureux et le jeune Jean-Paul Binoclard était tout émoustillé quand Simone Lecastor le sollicitait pour qu’il l’enduisît ainsi. Il ne manquait plus qu’une danse accordée au jeune bigleux – Binoclard portait bien son nom ! – le soir du bal aux lampions du 14 juillet pour qu’il sorte de son huis clos de limbes et se mette à regarder la vie d’un autre œil que celui d’un migraineux à nausées.

Puis passent les années, arrive l’âge de raison et alors les jeux sont faits : ce même petit geste, Camille en était bien conscient tout en massant le dos parfait de son Agathe, ne vous laissait plus que la sensation d’avoir les mains sales. Mais bon, sans doute les femmes étaient-elles ainsi faites qu’elles étaient moins « triste animal» après le « coïtum » et que ce petit geste postfacier semblait, elles, les emplir d’aise, comme si elles se rappelaient avec bonheur de ces préliminaires anciens.

C’est alors que l’horreur absolue se produisit. Sous le contact de la main droite de Camille qui tartinait largement et mollement la chair tout en se laissant aller à ses pensées existentialistes à deux balles, il n’y eut soudain plus rien. En un éclair de flash, le corps d’Agata avait disparu.

Mais ce n’était pas tout. Dans le moment du basculement, à part la mer et les rochers qui n’avaient pas changé, leurs plus proches voisins et tous les occupants de la plage s’étaient métamorphosés. Dans son champ de vision immédiat, la famille Duraton qui jouait à la pétanque avec des boules en bois avait été remplacée par deux jeunes filles aux seins nus qui se lançaient à tour de rôle un rond de plastique rose fluorescent. A sa droite un quadragénaire à cheveux frisés et lunettes d’écailles parlait dans un rectangle de plastique noir doté d’un écran de télé lumineux et minuscule.

- Allô ? Ici Schmutz ! T’es où là ? Oui, il faut vendre, mon vieux ! »

Un téléphone ? Sans fil ? Sur la plage ? Et à sa gauche, ce journal sur le visage de la dame allongée, ce n’était ni France-Soir, ni Paris-Jour, ni Ouest-France. C’était, d’après ce qu’il lisait, Direct Soir. Un titre dont il n’avait jamais entendu parler.

Il se leva, secoua sa serviette. Celle d’Agathe avait disparu en même temps que le corps superbe de la jolie Colombienne, ses vêtements et son sac itou. Avait-il eu un étourdissement ? S’était-il endormi ? Il lui semblait bien que non. Sa main n’avait plus rencontré soudain que le vide et il avait même failli en perdre l’équilibre.

Il commença à paniquer puis il se dit que ce n’était pas possible. Elle était forcément retournée se baigner ou avait dû aller chercher quelque chose dans la voiture. Il se rhabilla, ramassa le sac à dos auquel il devait ce fabuleux bronzage de randonneur – deux bandes verticales blanches de chaque côté de son poitrail rouge -, et, gardant ses sandales à la main à cause du sable, il parcourut toute la plage. Aucun transistor ne hurlait et personne ne semblait s’intéresser à l’arrivée de l’étape du jour du tour de France. Pourquoi se fichaient-ils tous du duel Aimar-Poulidor dans cette édition qui avait d’abord été marquée par la domination de Rudi Altig ? Et pourquoi tout le monde en le voyant avait-il un mouvement de saisissement, un geste de recul, une lueur d’effroi dans le regard ?

En retournant au parking il fut abordé par trois jeunes gens qui lui proposèrent des tongs de l’U.M.P. mais avant qu’il n’ait pu leur demander ce que signifiait ce sigle, ils avaient pris la fuite, visiblement effrayés.

Leur Deux chevaux Citroën n’était plus à sa place. D’autres véhicules inconnus de lui, plus ronds, plus massifs, avaient pris la place des Simca 1000, des P60, des 203 et même de la superbe DS 19 à côté de laquelle ils s’étaient garés. Ils portaient des noms ou des numéros étranges : Peugeot 206, Toyota, Renault Twingo, Espace et il fut étonné de lire le nom de Picasso sur l’une d’entre elles.

- Il y a un poste de secours sur l’autre plage » songea-t-il et, malgré le caractère incommode de ses sandales pour ce genre de sport, il se mit à courir le long du sentier sableux en surplomb de la plage. Il laissa bientôt sur sa gauche une suite de cafés, de restaurants et de boutiques de souvenirs bretons qu’il appelait « biniouseries », il contourna la grande terrasse du Forum de la mer et longea les cabines pour arriver sous le drapeau vert du poste du surveillant de baignade.

Un jeune C.R.S. en slip de bain rouge fronça les sourcils et eut une grimace dégoûtée en le voyant débouler. Camille reprit sa respiration et lui dit d’un jet :

- Je voudrais vous signaler deux disparitions : celle de mon épouse Agathe et celle de Titine, notre voiture. C’est une Deudeuche. Et puis je voudrais bien comprendre…

ddde

Si vous aussi désirez comprendre pourquoi Camille Cinq Sens ressemble à cela désormais, rendez-vous sur « Abbey road 10, Humour noir »  pour lire la fin de cette histoire.

9 août 2008

Fais-moi peur (Joye)

Le soleil dardait ses rayons. La plage était noire de monde. Delphine oignit tendrement de crème solaire le corps de son tendre partenaire, Rufus.

-- Dis, Rufus, tu pèses combien ?

-- Ah non, tu ne vas pas recommencer !

-- S’il te plaît, mon nounours, dis-le-moi, combien de kilos ?

-- 110, je pense.

-- Kilos ?

-- Bah oui !

-- Et tu fais combien de mètres ?

-- 1,70.

Rufus fit un petit gémissement d’ennui. Depuis qu’il connut cette fille, elle ne faisait que lui poser ces deux questions, encore et encore et encore. Mais bon, les mains que lui massaient les deltoïdes lui firent oublier sa petite colère. Cette femme était une trouvaille ! Elle cuisinait comme un rêve, elle ne se plaignait jamais de son ventre qui, chaque jour, débordait de en plus le haut de son jean. Qui plus est, elle ne demandait jamais qu’il bouge trop, elle lui apportait ses repas, elle cherchait la télécommande, elle aimait bien qu’il s’endorme devant la télé après deux ou trois bières…ah oui, se dit-il, juste avant de rendormir, cette Delphine était une perle !

Delphine sentit que Rufus se rendormait, mais elle sourit. Elle reprit de la crème solaire, afin de pouvoir continuer son massage voluptueux.

-- Ouais, lui murmura-t-elle. Tu es parfait, tu as juste la proportion parfaite, mon amour !

Car en massant, elle le voyait déjà, sa chair marbrée et tendre, le jus qui ferait une sauce impeccable, les rôtis, les steaks et les escalopes, les deux jambons énormes, et tout le bacon qu’on ferait de sa grosse bedaine – la partie la plus demandée au marché noir – une fois de retour sur sa planète natale.

9 août 2008

C'est extra (Martine27)

Le soleil dardait ses rayons.
La plage était noire de monde.
J’étais en train d’oindre de crème solaire mon ami étalé là telle une amibe géante.
Quand soudain, une ombre immense recouvrit la plage.
Une voix synthétique s’éleva :

« Terriens ? si vous ne bougez pas aucun mal ne vous sera fait »

Bien sûr, ce qu’il ne fallait pas dire. Vous avez remarqué n’est-ce pas ? Les extra-terrestres ne savent jamais dire ce qu’il faut pour que les indigènes bornés de la planète envahie se tiennent tranquilles.

Bref, ce fut la débandade sur la plage.
Hurlant, la plupart des touristes en train de se faire frire la couenne se levèrent et filèrent ventre à terre, mon ami y compris me laissant seule les mains dégoulinantes de cette saleté de crème solaire, moi qui reste toujours prudemment à l’ombre du parasol.

Bon d’accord, je ne faisais pas vraiment preuve de courage, j’étais juste tétanisée.

Evidemment, ils (les étrangers) n’attendaient que ça, et zip, un rayon de la mort par ici, un rayon de la mort par là et la plage était nettement moins noire de monde je vous le dis. En plus, drôlement propre le rayon de la mort, écologique et tout, un coup de zip et plus rien qu’un peu de vapeur, non vraiment très propre.

Après, qu’ont-ils fait des survivants dont j’étais une des bien involontaires représentants (encore que je préférais nettement faire partie des survivants que des zappés, comme on dit mieux vaut un lâche vivant qu’un héros mort). Eh bien, mollement étalée sur la serviette laissée par mon défunt ami (il a d’ailleurs fait un très beau zap) je me laisse oindre avec délectation de crème solaire par quelques unes des 8 tentacules de mon nouvel ami.

Voulez-vous que je vous dise, rien ne vaut les tentacules pour étaler la crème, ça vous enveloppe, ça vous caresse, ça vous masse, hmmmm, un vrai plaisir, j’en redemande.

Pardon ? Pourquoi je pactise avec les envahisseurs plutôt que de lutter jusqu’à la mort pour les renvoyer dans leur galaxie ? Je ne vois vraiment pas pourquoi je renverrais chez eux ces charmants touristes (bien qu’un peu bizarres physiquement, je veux bien le reconnaître) ils demandaient simplement qu’on leur laisse un peu de place sur la plage (bien sûr la formulation de leur demande laissait un peu à désirer, nous sommes d’accord).

Est-ce ma faute à moi si sur notre planète leur rayon transporteur se transforme en rayon de la mort ? Non, n’est-ce pas ? Alors laissez-moi déguster tranquillement ce divin moment d’entente intergalactique !

9 août 2008

L'amour à la plage (Papistache)



“Jessica rejeta ses longs cheveux blonds en arrière d’un élégant mouvement de la main. Elle aimait le soleil et il le lui rendait bien. Cette petite plage à l’écart de la cohue des grandes cités balnéaires de la côte atlantique les avait séduits. Une journée à lézarder, sans se prendre le chou, comme aimait à répéter le bel éphèbe qui paressait à ses côtés, allongé sur une serviette d’un rose fuchsia assorti au vernis à ongles de la superbe femme dont la cinquantaine radieuse aimantait tous les regards masculins  en cette matinée resplendissante.

Une voix chaude et caverneuse émergea des bras croisés sur lesquels reposait la tête brune et bouclée de David.
— Darling ! Tu me passes de la crème ; tu fais ça si bien !
Jessica sourit. Elle aimait qu’il l’appelle Darling. Elle dévissa le capuchon du tube, acheté la veille au drugstore, et déposa de petites meringues de pâte odorante sur le dos bronzé de son amant.
Le jeune homme gémit :
— Hummmm !
Jessica s’appliqua à faire pénétrer le produit dans l’épiderme souple. Ses ongles traçaient de nombreuses volutes compliquées qu’elle imaginait comme autant d’arabesques de plaisir. David jouissait du moment en forçant un peu ses feulements. Sa compagne irradiait. Elle ferma les yeux et poursuivit son lent massage. Sa main droite descendit vers les reins du garçon quand, soudain, la colonne vertébrale  fléchit sous la caresse. Déséquilibrée, la pulpeuse quinquagénaire tenta de se redresser en appuyant son coude droit sur les fesses musclées qu’enserrait un maillot de bain de couturier. Son bras s’enfonça sans rencontrer plus de résistance que s’il avait plongé dans un  flan aux œufs. Elle ouvrit les yeux et lança sa main gauche vers les omoplates du garçon pour enrayer sa chute. Sa main disparut dans le corps couleur miel de châtaignier. Elle tomba le buste en avant. Affolée, elle battit des bras, cherchant vainement une prise ferme à laquelle se retenir. Elle pataugeait dans une mélasse chaude. Ses épaules, sa tête s’enfouirent dans le magma. Elle retint sa respiration. Il lui semblait qu’un marécage putride l’engloutissait sans qu’elle ne puisse rien faire pour arrêter l’aspiration. Deux mains rugueuses se posèrent brutalement sur ses fesses, contractant ses abdominaux elle essaya de se redresser. L’inconnu qui l’avait saisie aux hanches la maintenait dans son humiliante prosternation. Elle imagina sa croupe rebondie offerte à tous les regards. Ses bras continuaient à brasser dans le corps de son amant. D’un coup sec, les mains étrangères lui arrachèrent son maillot. Jessica hurla. Sa bouche, sa gorge et sa trachée s’emplirent d‘une bouillie infecte et grouillante, une vive douleur lui ...”

— Mais qu’est-ce que c’est que ce bouquin que tu m’as pris ? C’est répugnant !

Sébastien se redressa sur les coudes. Bien qu’il ne soit encore que dix heures du matin, il transpirait abondamment sous le parasol prêté par Belle-Maman. La petite boutique au bord de la plage n’offrait pas un grand choix littéraire, il avait pensé que Monique aimerait ce livre à la couverture noire et rose. Un titre prometteur “ L'amour à la plage” dans la collection Frissons et Gargouillis.

Monique, d’un geste exaspéré, jeta le livre de poche qui acheva sa course entre un os de seiche et une pelote de posidonies. Sa mère avait acheté un petit appartement sur la Côte d’Azur et le partageait avec eux chaque été. Sébastien et elle venaient s’allonger sur la plage étroite, tous les jours, du 14 juillet au 15 août. Au moins, au retour des vacances, le bronzage de la standardiste lui permettait-il de soutenir la comparaison avec celui de Déborah, la secrétaire de direction : “Ah ! les Seychelles, Monique, c’est divin !”

La jeune femme se retourna sur le ventre. Sébastien, lui, détestait le soleil qui le lui rendait bien. “Mais, Chéri, tu peux faire un effort, un mois l’été, pour Maman !” Chéri consentait à tout, aux allergies au soleil, aux brûlures, aux mycoses, aux moqueries des collègues sur son nez rutilant, ses oreilles pelées, tout ...

— Moune, je cuis, tu me passerais de l’écran total ?
— ...
— S’il te plaît, Monique !

Monique détestait qu’il l’appelle Moune, elle se redressa et entreprit de tartiner le dos luisant et flasque de son mari. Il avait beaucoup grossi à l’approche de la quarantaine. Par malignité, elle évita soigneusement de protéger le bas des reins du  malheureux. “La brûlure calmera ses ardeurs. Avec cette chaleur, je ne supporte plus le contact de sa peau !”  Fugitive, l’image d’un morse albinos échoué sur une plage de sable fin lui provoqua un rictus de dégoût quand, soudain, au bout de la plage se profila une silhouette de rêve. Déborah ? Déborah, ici, à la Potinière ? Elle se dirigeait vers eux. Vite, il fallait trouver une solution. A l’agence, Monique s’était toujours présentée comme célibataire. Déborah ne devait pas rencontrer Sébastien. Trop tard pour l’enterrer ou l’envoyer se baigner. D’ailleurs, il ne savait même pas nager ! Une idée ! Une idée !
— Sébastien, viens sur moi !
— ... ?
— Si tu ne fais pas ce que je te dis, tu ne me toucheras plus jamais. Jamais !

Sébastien avait reconnu les intonations de son épouse, celles qui indiquaient qu’il devait se plier immédiatement et sans réfléchir au moindre désir. La dernière fois, elle avait dit : “Six mois sans me toucher !” et elle avait tenu six mois ! Alors, aujourd’hui ...

En soufflant, le garçon s’allongea sur le corps de son épouse.
— C’est Déborah ! Elle ne doit pas me reconnaître. Enlace-moi ! Ne bouge pas tant qu’elle est sur la plage.


Déborah, au bras d’un homme d’âge mûr à la peau cuivrée et aux cheveux argentés lança :
— Darling ! Regarde ces deux-là ! C’est d’un drôle ! Attends je vais les photographier.

Sous la masse de son époux, Monique frissonna. Ses cheveux ! Pourvu qu’elle ne reconnaisse pas sa couleur. Elle pensa qu’elle aurait dû en faire une nouvelle pour les vacances. Sébastien pesait une tonne.
— Appuie-toi sur tes coudes ! lui souffla-t-elle, tu m’écrases !
— Chutt ! chuinta-t-il.

Déborah déroula sa natte de plage à dix mètres du couple enlacé. La cata !
— Cache-moi, expira la standardiste avec difficulté.
Sébastien était ravi. Il avait toujours rêvé de faire l’amour sur la plage. Bon, là, c’était un simulacre mais...
— Arrête ... Obsédé ... Pense à autre chose ... haleta la prisonnière des cent-deux kilogrammes.
Penser à autre chose, elle avait de bonnes, elle. Sébastien essaya de visualiser ses collègues de travail l’accueillant avec les habituelles moqueries de rentrée mais, difficile d’oublier qu’il tenait sous lui le corps souple et chaud de son épouse. Son bassin esquissa une lente rotation. Monique lui tordit le gras du ventre. Il hurla. Déborah et son ami pouffèrent.
— Séb ... tu me...  le... paie... ras !
Penser à autre chose. Penser à autre chose. Penser au travail. Au travail, il parvenait sans peine à s’endormir. Son corps se fit plus lourd. Monique respirait mal. Elle tenta :
— Séb... soulèv... Séb... je ...

Sébastien dormait depuis deux heures quand Belle-Maman vint les rejoindre avec Moumoune, son caniche blanc et arthritique.  Le dos du garçon était écarlate. La vieille dame lui toucha l’épaule du bout d’un  livre de poche qu’elle venait de ramasser entre un os de seiche et une pelote de posidonies :
— Sébastien ? Où est ma fille ? Elle se baigne ?

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9 août 2008

Horreur sur la plage (MAP)

Projet_Plage

3 août 2008

Défi #22

Le défi #22
celui qui glace les sangs
des plus blasés
d’entre tous les blasés !

"Le soleil darde ses rayons.
La plage est noire de monde.
Il (ou elle) oint tendrement
de crème solaire le corps de sa (son) tendre partenaire. Soudain, HORREUR ..."

moins_de_18_noir Pour ce défi estival, vous devrez aller puiser au fond du fond de vos fantasmes les plus effrayants et vous devrez nouer les tripes de vos lecteurs.  Humour toléré, mais noir de noir.

La publication des textes  sera soumise à accord parental.moins_de_18


samedi

Ont obtenu le blanc-seing de leurs parents (ce qui évite la censure) : MAP, Papistache, Martine27, Joye, Joe Krapov, Janeczka, Val...

2 août 2008

Le gardien de phare (Tiphaine)

Il n’avait encore jamais osé monter tout là-haut, il croyait qu’il n’en serait pas capable.

Peut-être bien qu’il aurait le vertige

Peut-être bien qu’il n’aurait pas la force

Peut-être bien que le voyage était trop long

Peut-être bien que tout est automatisé et que…

Entre le ciel et l’océan,

Le phare apparaît soudain.

Il descend du bateau et pose le pied sur le rocher.

Surtout, ne pas tomber.

Il s’agrippe au parapet.

Il se retourne, le bateau s’éloigne.

Tout petit point à l’horizon.

Puis plus rien.

Il ouvre la porte en fer.

C’est sombre.

C’est humide.

Peut-être bien que les vagues peuvent l’atteindre

Peut-être bien que le vent se lève

Peut-être bien que la tempête arrive…

Il monte l’escalier de pierres

Marche après marche

Le jour là haut l’attire

Il ne pense plus qu’à ça

Arriver tout en haut

Voir le ciel

Il monte l’escalier d’os

Os après Os

Il remonte la colonne vertébrale

Là haut, enfin, le sommet…

Il sort à l’air libre

Serait-ce déjà la nuit ?

L’obscurité partout…

Il allume le faisceau dans la lanterne

Et la lumière est

Et la lumière se fait dans son crâne

Il voit.

Devant lui, loin devant, une terre peuplée de chiffres et d’habitudes

Des hommes en costume, des immeubles géants et des arbres sans feuilles.

Qu’est ce que c’est que…

Soudain, le mouvement de rotation s’enclenche

La petite fée jaillit

Et le flux lumineux danse autour de lui

La nuit s’éclaire, elle prend vie

Un monde inconnu apparaît soudain

Les enfants qui rient, le bruit d’une cascade, le bleu du ciel, les nuages, la brise de l'aube, les mouettes, une femme rêveuse, le chant des grillons et des cigales, des moustiques insolents, l'eau des torrents, le calme des lacs, le silence des églises, les ours, les baleines et les ptérodactyles…

Il pleure…

Il est là-haut, là où il n’avait jamais osé monter, là où il pensait que tout était automatisé…

Il pleure enfin.

Dans le ciel, les étoiles chantent

Il les écoute avec bonheur

Il sait que sa place est désormais là

Dans son monde plein d’essence

Dans son monde sans essence.

Le gardien de phare embrasse la petite fée

En un baiser lucide.

2 août 2008

Essentiel - Janeczka

2 aout 20**.
9 heures.
La radio m'annonce que 'en France, on a pas de petrole... mais ailleurs non plus'.
Encore une promo pour les velos. Depuis la crise du petrole de 2008, les velos ont la cote... certains sont meme hors de prix sur les marches noirs. C'est ridicule. Qui aurait cru possible un monde sans essence?...

Je soupire, finis ma cigarette, avale mon fond de the. Je n'ai pas envie d'aller bosser aujourd'hui. Pourtant j'aime mon travail. Mais aujourd'hui, l'inspiration, l'etincelle est eteinte. D'ailleurs, je n'ai envie de rien. Meme pas de dormir, meme pas de creer, meme pas de lire... meme pas de continuer.
Qui aurait cru possible qu'un jour je perde mon essence?

2 août 2008

Loreille et Lardu pénuriegologogues - Joe Krapov

Les deux célèbres farfelus malgré eux, Stanislas Loreille et Olivier Lardu, tiennent une conférence publique sur le thème « un futur sans essence » .

 

- Un monde sans essence, bien sûr qu’on survivra !

- Tout le monde sait bien qu’en France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées. On s’adaptera !

- Un monde sans essence, ce sera un monde sans effervescence, un monde où cessera l’absence de sens qui nous fait courir en tous sens. On arrêtera tout, on réfléchira.

- Car en fait, ça induit quoi, l’absence d’essence ?

- Ce sera la fin des pompistes dans les stations-service.

- Mais il n’y en a déjà plus !

- La fin de la guerre en Irak

- Mais euh… C’était pas à cause des armes de destruction massive, ça ?

- T’as pas tout compris, là encore, toi, hein ?

- La fin de la Françafrique !

- Mais il n’y en a déjà plus… J’ai rien dit, je sors.

- Plus d’essence pour les voitures, ça veut dire : marcher, courir, pédaler.

- Le retour des diligences, des carrioles, des pousse-pousse, des omnibus, du train de 8 h 47, de la longue marche, du facteur Cheval !

- Nous referons l’éloge de la bicyclette bleue, du grand bi, du fardier de Cugnot.

- Et du théâtre boulefardier de Gérard Cugnot !

- On raccourcira les distances entre le domicile et le lieu de travail.

- Vivre et travailler au pays ! Gardarem lou Larzac !

- Plus d’essence ce sera un grand malheur pour les poupées Barbie !

- Ah bon ? Pourquoi ?

- Plus de kérosène = zéro Ken !

- Ce sera la fin du briquet qui tangue dans les concerts de Francis Cabrel et des autres néo-babas !

- Ou alors le retour de la pierre à briquet en silex !

- De Lapierre et Collins ! Des Pierrafeu !

- Terminées les agences de voyage ! Visitez votre ville plutôt que d’aller à l’étranger embêter les autochtones !

- Sans compter qu’on embête aussi les gens qui habitent là !

- Je ne sais pas pourquoi on y va, d’ailleurs, à l’étranger. Je ne sais pas si tu as remarqué mais les gens ne parlent jamais la même langue que nous, là-bas !

- Ils sont bien plus pauvres aussi ! A Santorin, en Grèce, on chemine à dos d’âne plutôt qu’en quatre-quatre dans les escaliers.

- A Venise, pas une seule voiture ! Rien que des barcasses toutes noires ! Et pourtant le barcassier chante et rit tout le temps !

- Pourquoi eusses-tu voulu qu’il ne se gondolât point ? Vu le prix qu’il fait payer pour la course !

- On mettra des bateaux pop pop géants partout !

- Des pédalos ! Des bateaux mouches !

- Des hommes grenouilles !

- A force de se dépenser, les femmes auront des tailles de guêpes.

- Et nous des poignées d’amour et le bourdon en prime !

- Mais non, on courra aussi ! Surtout ce sera la fin des gros culs sur les autoroutes !

- Ah oui, ça c’est bien ! Les routiers sont sympas mais j’aime pas leurs camions !

- Quel bonheur pour les hérissons ! Traverser les routes la nuit sans risque de se faire écraser !

- On reviendra aux romans fleuves : on fera transporter les marchandises sur des canaux par des péniches, comme autrefois.

- Les chemins de halage serviront à autre chose qu’à la bronzette !

- Je comprends pas là ?

- Halage ! Creuse, un peu ! Et l’éclusier éclusera autant que Maigret dans les romans de Simenon !

- Ce sera Paris-Plage sur toute la longueur de la Seine !

- La voie expresse rive droite réservée aux lézards et aux escargots !

- L’Eloge de la lenteur sera une lecture obligatoire au programme de toutes les écoles.

- Ah oui, ce sera bien, un monde sans essence !

 – Dis, Stan , tu veux bien continuer sans moi et m’excuser, j’ai une course urgente à faire !

 – Oh, c’était pas prévu ! Où tu vas comme ça ?

- Le prix du baril vient encore de chuter et ça a été répercuté à la pompe. Je vais faire le plein de ma bagnole et de ma baignoire avant qu’il ne se mette à remonter.

 

Il sort. Stanislas reste seul face au public, le gratifie d’un large sourire un peu niais puis conclut, fort désappointé :

 

- Ce qui ne risque jamais d’arriver, malgré tout, c’est bien ceci : un monde sans indécence !

 

2 août 2008

Trop de la chance - Pandora

-      - Salut maman.

       - Bonjour Philaster, tu rentres déjà ?

        - Ouaip.

        - Tu ne vois pas Ambrelune ce soir ?

   - Non.       

        Je le regarde qui se sert un verre de lait de soja (le lait de vache est hors de prix depuis que la majeure partie des récoltes sert à fabriquer le bioéthanol plutôt que de la nourriture) comme quand il avait 10 ans…

        - Vous vous êtes disputés ?

  - Non maman, on n’est plus ensemble, c’est tout.

      - Plus ensemble ! Ces deux là étaient collés l’un à l’autre plus étroitement que saturne et ses anneaux, ce n’était tout simplement pas possible.

       - Mais hier encore, vous étiez là à rire ensemble…

  - Hier, c’était hier !

       Dans le genre réponse laconique, Philaster tient incontestablement de son père…

        - Mais que s’est-il donc passé de si grave ?   

       - On a vu qu’on n’était pas faits l’un pour l’autre, c’est tout.

       - Mais vous êtes tellement complices… enfin bon je sais que je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas.

        Philaster se ressert un verre en me regardant d’un air goguenard :

       - Tu t’occupes TOUJOURS de ce qui ne te regarde pas maman…   

  - Ce n’est absolument pas vrai. Mais là vraiment, je ne comprends pas…

        Il me regarde en hésitant, peut-être va-t-il enfin me la cracher, sa valda. Allez fiston, dis-tout à ta mère …   

       - … C’est parce qu’elle va déménager à l’autre bout de la ville….

       - Et ?

     - Alors, elle sera beaucoup trop loin de chez nous. Maman, si vous aviez les moyens de me payer un éthylo-scooter, nous pourrions rester ensemble, mais là, ça n’est pas possible.

      - Un éthylo-scooter ? Pourquoi pas un jerrican d’essence tant que tu y es ?  Tu sais bien que nous n’en avons pas les moyens même si nous aimerions te l’offrir. Ce genre de chose est devenu hors de prix depuis la grande crise pétrolière de 2018. Et de toute façon, tu sais combien coûte le litre de bioéthanol ? Comment te le paieras-tu ?

      - Je sais bien maman… Mais c’est à plus de deux heures en électro tramway et je ne pourrai pas faire tout ce trajet à roto-mollette pour aller la voir. Elle encore moins. Notre histoire n’a pas d’avenir. Il vaut mieux que nous nous séparions avant de trop nous attacher l’un à l’autre. Quand je pense que quand tu as rencontré papa, il venait te chercher en voiture. Une vraie voiture à essence. Vous aviez vraiment trop de la chance…

    Il me lance un dernier regard et sort de la pièce d’un air désolé.

    Trop de la chance ? Oui. Peut-être…

    Nous n’en avions simplement pas conscience.

 

2 août 2008

2058. Gaby et sa fille. (Val)

- Tes grands-parents sont d'accord, ma fille! Toi et ton mari pourrez vous marier dans la peugeot 206 qu'ils avaient quand ton vieux père était petit.
- Oh! Chouette! Une voiture qui roule à l'essence!
-  Presque! Un diesel, ma fille.
-  Elle va faire sensation...
-  Oui! Tes grands-parents ont bien fait de la garder. Elles ont toutes été détruites ou presque quand le pétrole a été interdit. Ton grand-père garde tout...
-  Mais...ou va-ton trouver du carburant? Le pétrole n'existe plus. Si?
-  T'en fais pas! Ton arrière grand-père en avait mis quatre bidons de coté, à l'époque. Pour marier ses petits enfants. Ta tante Elisa ne s'est jamais mariée. Il en reste un, et il est pour toi.
- Pourquoi ne s'est-elle jamais mariée? Elles auraient pu, elle et Pimprenelle?
- C'est que... quand nous nous sommes mariés, ta mère et moi, seuls les mariages entre un homme et une femme étaient autorisés.
- Incroyable! Tu plaisantes? Comment les gens ont-ils pu vivre aussi longtemps sans pouvoir épouser qui ils voulaient? Et... quand la loi est passée, elles auraient pu, non?
-  Tu sais, tes arrières grands-parents n'etaient pas très chauds. Faut les comprendre, à lepoque c'etait tout nouveau... Alors tes tatas ont laissé tomber. ça ne les a pas empeché d'avoir tes deux cousins.
-  Hum! Dis? Papa? Tu te souviens, de quand tu montais dans des autos à essence?
-  Comme si c'était hier! Tu sais, il y a 50 ans, il n'y avait que ça, quasiment...
-  Ah bon? ça devait pas rouler bien vite!
- Tu l'as dit! Il nous fallait quatre heures pour gagner le Perche!
- Quatre heures? Tu rigoles? Et pas de mariages homos? Et puis quoi, encore? Me dis pas qu'on mourait encore du cancer! Si? Quand t'etais petit, c'etait vraiment la pré-histoire!


2 août 2008

Un autre futur (re-MAP)

RRrrrrrr

2 août 2008

Un futur sans essence (Joye)

Futur sans essence :

Absence.

Sans bang,

Sans bing,

Sans broum, broum, broum…

Ni pif,

Ni paf,

Ni vroum, vroum, vroum…

Pin-pon,

Cheuf-cheuf,

Disparus. Badaboum !

Futur sans essence :

Silence


2 août 2008

Un avenir sans essence (Aude)

C’est en préparant mon petit déjeuner que je m’en aperçois. L’essence épicée de mon thé ne me chatouille plus les narines comme à l’ordinaire. Je rapproche mon nez de la boite, le thé se serait-il éventé en une seule journée ? Je ne sens plus non plus la réconfortante senteur du pain qui grille. Je ne suis pourtant pas enrhumée. C’est sans plaisir que j’avale mon petit déjeuner, je ne lui trouve aucun gout.

 

Dans la salle de bains, je renifle avec efforts les flacons de shampoing et autres savons. Mon shampoing au miel ne sent plus le miel… Ma crème de jour ne sent plus non plus. C’est comme si je ne me passais que de l’eau partout sur le corps. Je n’essaye même pas le flacon de parfum aux essences ambrées.

 

Dans la chambre, je me penche vers le lit, enfouis ma tête au creux du cou de l’homme qui y est allongé. Rien, je ne sens rien. L’homme m’embrasse : je ne ressens rien. A défaut de sentir ses phéromones, je sens l’angoisse monter. Pas le temps de m’appesantir. Je file au travail.

 

Je salue mes collègues. Madame Beaujour ne sent pas mauvais ce matin. Non pas qu’elle sente bon, elle est inodore. D’habitude, dès le matin, elle nous inonde de ses généreux effluves malodorants. Je m’assieds à mon bureau face à Nat ma collègue. Elle adore manger de l’ail et quand elle me parle, j’évite de respirer en général. Et bien là, rien du tout. Nat ne sent pas l’ail. Non pas que je regrette ces odeurs nauséabondes mais cela m’inquiète. Je vais tenter un test à 10h30. Tous les matins à 10h15 M Torlecou va aux toilettes, il en sort à 10h20. Après, nous évitons tous les toilettes pendant au moins trente bonnes minutes. Là, j’y vais juste après. Et bien rien, je ne sens toujours rien.

 

En repartant, réflexe idiot, je ne peux m’empêcher de me pencher sur une rose rouge qui me cligne de l’œil. Je ne sens rien encore une fois.

 

Mon repas du midi est fade et pâle sans aucun arôme.

 

Je téléphone à mon médecin. J’en passe des batteries d’examen. Le verdict est cruel : anosmie ou perte totale de l’odorat.

Il va falloir vous habituer à un avenir sans essence, m'annonce-t-il. 

2 août 2008

Le MLV (Martine27)

Un jour cela devait bien arriver, depuis le temps que cela pendait au nez des hommes.

 

Plus une goutte de pétrole.

 

Bon, certes on s’y attendait un peu quand même, si, si, un peu quand même !

 

Bien sûr au début ça a été dur, il a fallu se décider à trouver et à développer des énergies parallèles, le vent, l’eau, le soleil, la traction animale.

 

Forcément, il y a eu des paniques, des révoltes, des émeutes, des famines, rien que de très normal n’est-ce pas ?

 

Ensuite, la race humaine étant cabocharde, elle a repris pied et a fait face. Le génie humain a pu se laisser aller sans rien craindre des menaces des grandes compagnies pétrolières qui ne voulaient pas, dans les temps reculés, que de nouvelles énergies voient le jour.

 

Et un monde sans essence est né, la couche d’ozone n’en a pas cru ses trous, les mers la légèreté rendue à ses vagues, l’homme en a un peu plus bavé forcément, les poumons humains ont du muter pour supporter tout cet oxygène, il y a d’ailleurs eu beaucoup de décès à cause de ce nouveau mode de vie. En plus, le rythme de vie s’est ralenti, les hommes ont du réapprendre aussi à prendre leur temps, l’horreur pour certains.

 

Mais les hommes étant des hommes, ils ont fait au plus simple et ont décidé de tout miser sur le vent, allez savoir pourquoi le vent ? Bon c’est vrai que le soleil il n’y en a pas partout. Le vent est un peu plus répandu d’accord. Donc, banco, tout sur le vent, en plus ce n’était pas trop cher, bref tout allait bien.

 

Et ce qui devait advenir, advint, forcément.

 

Un jour, il y eu du remue-ménage sur une petite île perdue au milieu de nulle part.

 

Et un communiqué fut diffusé sur toutes les ondes.

 

« Ici, le MLV, Mouvement de Libération des Vents. Ils n’ont pas à travailler comme des malades pour vous sans rémunération décente. Nous avons donc décidé de prendre les intérêts de Monsieur Eole et de ses enfants, Aquilon, Zéphyr, Sirocco, Brise, Bise, Tornade, Typhon, Mistral, Tramontane et apparentés en main. A partir de maintenant, ils ne souffleront plus que contre rétribution de votre part. Cette rétribution s’élèvera à la moitié de vos salaires. Inutile d’essayer de nous déloger de force, l’Ile des vents est piégée. »

 

Eh oui, que voulez-vous, l’homme est incorrigible, dès qu’il y a possibilité d’amasser des bénéfices sans trop se fatiguer et de préférence sur le dos des autres, il n’hésite pas.

 

Désolé, population terrestre, il va vous falloir trouver une autre source d’énergie pour remplacer le vent. Essayez de faire dans le diversifié cette fois. Souvenez-vous vos ancêtres, ceux qui avaient du pétrole et quelques idées le disaient « Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier ».

 
2 août 2008

Le futur sans essence de MAP

TRACTADADA

2 août 2008

Solution alternative (Papistache)

La vieille dame appuya son vélo à un platane. Elle sortit du panier, fixé au guidon, une longue chaîne dont elle entortilla bicyclette et arbre avec un luxe de tours et de détours. Un gros cadenas de laiton  scella le sort du végétal  à celui de la vieille bécane qui avait dû dans les années 70 — 1970 ! — être bleu ciel.

C’était une femme à la peau parcheminée qui devait compter plus de quatre-vingts ans. Menue, mais vive encore, elle déplia le bas de son jean qu’elle avait roulé pour éviter de le tacher avec le pédalier copieusement huilé. Un œil observateur aurait pu la voir pédaler avec régularité, de bon matin, sur la route départementale qui l’avait conduite ici, depuis son village  caché derrière un repli de colline entre la rivière et le long plateau tout entier dédié aux cultures de Céréales Équivalant Pétrole.

Quarante-cinq kilomètres ! Elle en avait vu d’autres dans sa jeunesse, même si, à l’époque, c’étaient  les loisirs qui commandaient les sorties dominicales avec Robert, son époux. Robert ! L’objet de son déplacement au chef-lieu de canton en cette matinée fraîche d’octobre. La vieille femme poussa la porte de l’officine à la devanture de marbre. Ses yeux clairs mirent quelques secondes à s’habituer à la pénombre qui régnait dans la pièce. Un employé, jeune, le visage hâve et la mine de circonstance s’adressa à elle et la fit venir au fait de sa visite.

— Mon mari est décédé hier, dans la matinée, et je voudrais qu’il soit incinéré. C’était son vœu.

L’employé retint un sourire et après avoir présenté ses condoléances d’usage se lança dans de longues explications. La veuve comprit que depuis la Grande Pénurie de 2012 les incinérations étaient  interdites. Restrictions ! Mais l’ordonnateur des Pompes Funèbres connaissait son métier :

—  Cependant, Chère Madame, nous avons des solutions alternatives à vous proposer.

Solutions alternatives ? Le couple avait vécu en autarcie depuis cette profonde régression des années 10 — 2010 et suivantes — sortant peu, survivant grâce au potager familial et aux quelques volailles achetées, fort intelligemment par Robert peu avant la crise, la vieille dame ignorait tout du génie funéraire de ses semblables. Elle écouta.

—  Chère Madame, sur nos coteaux, vous ne l’ignorez pas, croissent des milliers de pommiers à cidre, et nous pouvons vous offrir, moyennant la somme de trente mille euros — nouveaux, bien sûr —, de confire votre défunt dans la berluche*. C’est un moyen légal, et de plus en plus répandu, de subventionner la filière alcoolique et cette solution offre l’avantage de garder votre époux à votre domicile. Nos urnes en verre sont d’une transparence sans égale et, je vous assure que ...

La veuve lui coupa,  aimablement mais fermement
, la parole :
— Mon mari ne buvait jamais d’alcool, je ne peux lui offrir le repos éternel dans un aquarium de vinaigre.

L’employé ne se démonta pas. Il connaissait son métier.

— Peut-être, alors, chère Madame, choisirez-vous notre proposition dite de Mortagne, pour moins de quarante mille euros.  En association avec les charcutiers fumeurs d’andouilles, nous proposons de fumer, à la sciure noble, chêne rouvre exclusivement, les défunts qui nous sont confiés. Ainsi boucané le corps se conserve indéfiniment. Ciré à l’encaustique d’abeille vous pouvez en faire un bel ornement de salon. On peut, selon votre souhait , le monter en liseuse ou en porte-manteaux.  L’évêché de N*** nous a commandé un lutrin du plus bel effet avec le corps de Monseigneur l’Evêque voici cinq ans. L’objet, consacré par son successeur, est visible à la cathédrale.

La vieille dame reprit son argument initial :

— Je voudrais répandre les cendres de mon mari sous son  arbre favori.

Un lueur s’éclaira dans l’œil de son interlocuteur.

— Vous êtes propriétaire d’un domaine ?
— Un jardinet et un petit verger, de quelques ares, précisa la vieille dame.
— Alors, chère Madame, nous avons la solution qui vous convient. J’aurais dû y songer plus tôt. De plus cette solution est nettement moins onéreuse que les précédentes. Dix mille euros, transport à votre charge. lomLe compostage ! Vous nous livrez le corps de votre mari et nous le soumettons à l’action de nos lombrics funéris funéris et, sous trois mois, vous venez chercher deux à trois sacs — selon le poids du défunt — d’un terreau exceptionnel. C’est la solution qui me semble la plus appropriée aux souhaits de feu monsieur votre époux.

La vieille dame marqua un temps d’hésitation :
— Vous me garantissez que ce seront bien les restes de mon époux et pas ceux d’un inconnu.

— Madame, chez nous, les bacs à compostage sont numérotés et individuels. Vous pouvez également fournir des effets personnels bio-dégradables, photographies, journal intime, sous vêtements de coton, etc ... Vous scellez vous-même le Roto-Corpo-Funéraris™ et nous vous invitons à le desceller, de vos propres mains, une fois le compostage achevé.

Le choix de la veuve était fait, elle s’enquit de précisions  logistiques :
— Mais comment vais-je transporter le corps jusqu’à chez vous ?

L’employé ouvrit un tiroir et sortit un document bleuâtre, imprimé au dos d'une profession de foi d'un ancien candidat à la députation — cf. la loi sur le recyclage des documents administratifs et asssimilés — qu’il tamponna délicatement :
— C’est un permis spécial pour l’Hippo-Bus qui assure la navette entre les différentes communes du canton. Votre secteur est desservi tous les jeudis. Voyez avec votre mairie pour acquitter l’octroi.

La vieille dame libéra son vélo et entreprit de rentrer avant la nuit. Elle éprouvait une grande satisfaction.  Les pêches seraient savoureuses en septembre, à n’en pas douter.

* Berluche : appellation donnée dans le Perche à ce que les Normands nomment calva.

27 juillet 2008

Defi #21

Ouh la la...
Que d'emotions apres hier!!!! un defi 'hors normes' qui a recu enormement de reponses, toutes aussi belles les unes que les autres...

Un grand merci encore a toutes et a tous. *sourire*

Voici donc une petite consigne pour se remettre de nos emotions:


'Decrivez un futur sans essence'.


Comme toujours, une seule adresse: samedidefi@hotmail.fr


Déjà dans le réservoir : Papistache, MAP, Martine 27, Aude, Joye, re-MAP, Val, Pandora, Joe Krapov, Janeczka...

26 juillet 2008

Le défi nuptial

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Le défi du samedi
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